HISTOIRE

LA PROPORTIONNELLE DE TOUS LES DANGERS.

Proportionnelle 3

 

Le  vieux serpent de  mer des décadents refait surface : le temps presse. La loi oblige à voter la réforme du mode de scrutin avant juin 2021, après ça ne sera plus possible, à moins d’un an des élections législatives de 2022.  Si les études d’opinion  montrent qu’une majorité des Français y est favorable, peut-être à cause de ce que Macron a fait de l’Assemblée nationale avec sa majorité introuvable, ça n’est pas une raison suffisante pour rendre ce mode de représentation utile au bon fonctionnement de notre démocratie. D’autant plus que la situation actuelle dans le pays est suffisamment compliquée pour ne pas y rajouter encore la déstabilisation inévitable de la gouvernance politique qu’elle provoquerait s’il était institué.  Encore faut-il savoir de quelle proportionnelle il s’agirait.

Le mauvais souvenir de la IVème République.

Il n’y a guère que les vieux qui peuvent encore témoigner des désagréments du scrutin proportionnel intégral , des tripatouillages de ce qu’on appelait les « apparentements », et de l’instabilité  gouvernementale qui faisait que les groupes charnières de quelques députés exerçaient un chantage à la majorité inversement proportionnel à leur influence réelle dans le pays. Tout le monde se souvient d’un gouvernement Félix Gaillard investi un matin et mit en minorité le soir même. Cela n’a  pas empêché la République de survivre de 1946 à 1958, mais c’est de là qu’est venue la tradition de la haute fonction publique : les gouvernements passent,  les fonctionnaires restent…  Notre technocratie déjà omnipotente n’a guère besoin du renfort supplémentaire d’un parlement affaibli qui sortirait immanquablement d’un scrutin à la proportionnelle dans une France divisée comme jamais, même avec le scrutin majoritaire actuel.  Le fait est que, à ce jour, jamais l’Assemblée nationale n’a connu autant de groupes parlementaires, et jamais autant de transfuges d’un groupe à l’autre en cours de  mandat.

La dose de proportionnelle.

L’idée est déjà ancienne. Sarkozy l’avait envisagée, Hollande l’avait promise, Macron l’avait inscrite à son programme. Les conseils municipaux des villes moyennes et grandes, les conseils régionaux sont élus selon un mode de scrutin panaché, majoritaire avec une part de proportionnelle qui permet aux oppositions d’être mieux représentées. Le Sénat lui-même est soumis aux deux modes d’élection selon les départements. Alors  pourquoi pas l’Assemblée nationale ?   Mitterrand s’y était risqué, au prix d’une augmentation du nombre des députés passés de 465 à 577. La droite, dès son retour au pouvoir rétablit le scrutin majoritaire en redécoupant les circonscriptions pour garder le même nombre de députés afin de ne pas renvoyer chez eux nombre de ses propres élus. L’avènement du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral  avec les législatives dans la foulée de l’élection présidentielle  ont faussé le résultat de ce  mode de scrutin qui provoque inévitablement le renforcement du fait majoritaire dont l’élection de 2017 a été la caricature. Cette anomalie plaide  pour un rééquilibrage. Par contre, la  transformation du paysage électoral avec une extrême-droite autour de 30% exige la plus grande prudence. Notre démocratie n’a rien à gagner à se retrouver  avec une Assemblée nationale où le Rassemblement national  serait le groupe le plus important. D’où la prudence de Macron qui envisageait l’introduction d’une dose de 25%  de proportionnelle,  avec une réduction du nombre des élus. Pour y parvenir, le  temps manque désormais.

Le projet dans les tiroirs.

Convenons-en : le scrutin proportionnel intégral donne la représentation la plus juste. Son inconvénient majeur, c’est la fragmentation politique spécifique à la France et l’impossibilité de majorités stables pour soutenir le gouvernement. Le second défaut, c’est le scrutin de listes concocté par les états-majors politiques  qui font des députés « hors sol ». C’est pourquoi, le Général De Gaulle avait préféré instaurer le scrutin uninominal majoritaire à deux tours qui avait l’avantage  d’inscrire l’élection dans les territoires avec des députés de circonscriptions. Au premier tour on choisit, au second on élimine. Un système mixte pourrait donc faire l’affaire, pour peu qu’on calibre correctement la part de proportionnelle afin de ne pas empêcher l’émergence de majorités stables. Mais là est la difficulté. Car désormais le temps est compté pour élaborer un projet de loi viable  et respecter  toutes les procédures de concertation.

Dans le premier  projet  de loi présenté en 2018, l’exécutif prévoyait d’élire  15% des députés  sur une liste nationale pour une assemblée dont l’effectif global aurait été réduit de 30%. L’affaire Benalla avait obligé à suspendre les travaux. L’année suivante, Il  avait relevé  le seuil à 20%  pour un nombre total d’élus réduit de 25%, mais le processus parlementaire avait  été une nouvelle fois interrompu par le « grand débat ». Le problème, c’est qu’avec une dose nationale de proportionnelle et le maintien de circonscriptions territoriales partout, ces projets envisagés nécessitaient  un redécoupage de toutes  les  circonscriptions, travail colossal qui n’a pas été fait et impossible à réaliser d’ici juin. Reste la possibilité de calquer le système sénatorial : la proportionnelle dans les départements peuplés, le scrutin majoritaire dans les autres. Avec le seuil équivalent à celui du Sénat, un département sur deux voterait à la proportionnelle, ce qui conduirait à désigner trois députés sur quatre  élus selon ce mode de scrutin,  l’inverse de la proportion souhaitée.  Le « seuil Bayrou »  de 25% correspondrait aux neuf départements élisant douze députés et plus. Mais aux dernières  nouvelles, Bayrou, conscient que le temps est compté, préconise une loi électorale simple, proportionnelle, départementale, avec un seuil de 5% pour l’éligibilité (on n’a pas fini de voir les listes « Théodule » apparaître). Emiettement garanti au palais Bourbon. Avec un referendum à la clé pour que les Français donnent leur avis. Retour à la IVème République dont le parti centriste a toujours été nostalgique. Mais où caser un tel referendum dans le calendrier électoral déjà bien chargé. Il y a déjà celui sur le climat à organiser.

L’opportunité politique.

Proposer une telle  modification du mode de scrutin,  en tant de crise sanitaire, s’avère hautement risqué, surtout après l’annonce de l’augmentation que les parlementaires se seraient votés. Difficile, mais pas impossible. Néanmoins,  on peut s’interroger sur la subite pression que le Modem met sur le chef de l’Etat, alors qu’il n’a même pas utilisé sa niche parlementaire, il y a une dizaine de jours, pour inscrire la proportionnelle à l’ordre du jour,  préférant la gestion du service des eaux en Guadeloupe ou l’indemnisation des catastrophes naturelles. Comme l’Elysée fait le dos rond, les  centristes se rabattent sur l’agitation politicienne, en rameutant la carpe et le lapin : le RN, les Verts, la France insoumise … à leur cause. Ils ont réussi à faire sortir du bois Darmanin et Legendre. L’union des déclinistes et des démolisseurs de la Vème République. On n’aura pas de mal, le télescopage avec les inquiétudes liées au Covid aidant, à faire le procès au gouvernement de gâcher un temps précieux pour « tripatouiller » un mode de scrutin par seule peur d’une défaite en 2022, surtout si les départementales et régionales signifient une nouvelle déroute de LREM. Il n’échappe à personne que le changement de règle  électorale favoriserait le mouvement de Bayrou. Mais celui-ci se trompe quand il imagine redonner à notre vie publique, par ce moyen, davantage d’ouverture et de possibilités de rassemblement. Ce sera, à n’en pas douter, davantage de dispersion et de confusion, de négociations d’arrières-cuisines, avec des accords qui se font en général sur le dos des électeurs, une fois les élections passées.  Si les citoyens peuvent avoir des raisons d’être  mécontents d’une assemblée où une majorité d’entre eux n’est pas représentée, leur offrir le système qui permet le plus les « tripatouillages » post-électoraux n’est peut-être pas le meilleur moyen de les réconcilier avec la démocratie représentative, qui en sortira affaiblie encore un peu plus.

Les technocrates se frottent les  mains !

 


EMPLOI, FINANCES, Où EST LA REALITE ?

Dette publique

En ces temps de  crise, il est bien difficile aux Français de se faire une idée de l’état réel dans lequel se trouve notre pays. On sait que l’activité économique s’est effondrée de 9% sur l’ensemble de l’année 2020 et qu’elle reste à l’étiage. Des moyens financiers hors-normes sont mobilisés pour lutter contre les conséquences économiques de la crise sanitaire, mais qui peut affirmer avec certitude qu’on dit toute la vérité à nos compatriotes ? Les statistiques habituelles sont faussées par l’enchevêtrement des aides de l’Etat et ce qu’elles mesurent ne veut plus dire grand-chose.

La situation de l’emploi.

Ainsi, il est bien difficile de dire quelle est la réalité du chômage et son ampleur. Le recul du PIB nous permet d’imaginer la violence du choc sur l’emploi.  Les données de base sont connues : notre population active compte 29,2 millions de personnes, dont environ 6 millions dans la fonction publique. Bercy, puis l’Insee  ont évalué les destructions nettes d’emplois autour de 700 à 800 000 pour l’année 2020,  mais paradoxalement, la courbe du chômage n’a guère bougé.  En tout cas, pas  pour le moment. La pléthore des statistiques n’empêche pas que nous soyons dans le brouillard,  tant la frontière entre le travail et l’absence d’activité est devenue floue. La difficulté provient de « l’activité partielle » largement soutenue par les dispositifs d’aide qui permettent de maintenir les salariés au sein de l’entreprise. 

A la Dares, au Ministère du Travail, on recensait 2,6 millions de salariés concernés, en novembre  2020.  Cette nationalisation déguisée des salaires empêche de mesurer les dégâts réels en terme de  réductions d’emplois par une « rétention de main d’œuvre » comme l’indique l’Insee avec cette jolie expression. La facture en est salée pour les finances publiques : 30 milliards d’euros en 2020 (1,5% du PIB). Les enquêtes  de notre institut national établissaient au 3ème trimestre 2020 un taux de chômage de 9% à quoi il fallait ajouter un « halo » de 1,7 millions de gens au statut pas  vraiment défini, entre chômeur et employé.  Le calcul selon les  normes du BIT avait même mesuré un recul du chômage, c’est dire : les gens confinés étaient dans l’impossibilité matérielle de chercher un emploi. Dans le « halo », il n’est pas certain qu’on trouve  les intermittents, les CDD, les intérimaires, les saisonniers, les autoentrepreneurs qui sortent pour la plupart des radars. Une certitude : l’addition des 6 millions de demandeurs d’emplois inscrits à Pôle Emploi et des 2,6 millions d’actifs en « chômage partiel » équivaut  à la moitié des salariés du secteur privé,  en approchant des 9 millions. Il n’est pas difficile d’imaginer ce qu’il en sera au moment de la reprise d’activité. C’est là qu’on mesurera vraiment les dégâts, quand les entreprises zombies maintenues artificiellement en vie déposeront le bilan.

La face cachée de la dette.

Mille milliards… aurait crié le capitaine Haddock. Le « quoi qu’il en coûte » présidentiel y ressemble :  les milliards semblent tomber du ciel, sans fin, créant l’illusion d’une richesse inépuisable.  Sauf que celle-ci n’existe pas. La réalité c’est qu’en 2020, la France a emprunté des sommes gigantesques : 1 milliard par jour, ou 700 000 euros par minute. L’argent coule à flots,  comme par magie, mais il n’est pas gratuit. La  vérité, c’est que la dette française détenue par le système financier, les épargnants et la BCE, explose et constitue une véritable bombe  à retardement. Nos finances publiques sont entrées dans une zone rouge, dans un contexte compliqué, avec une société à cran, les fermetures administratives  et le chômage qui remonte, car évidemment, on commence à voir s’aligner les chiffres  des suppressions d’emplois dans les secteurs impactés par la crise.  Il faut bien savoir qu’en vingt ans, le poids de la dette dans la richesse nationale a doublé. Elle représentait 60% du PIB dans les années 2 000, elle atteint aujourd’hui les 120%. Mais en réalité,  en valeur, son poids a triplé, passant de 1 050 milliards d’euros à  environ 2 800 milliards aujourd’hui et, très vraisemblablement 3 000 milliards en 2022. Il faut y ajouter la dette invisible,  celle qui n’est pas prise en compte dans les mesures selon Maastricht.  Il faut ajouter 4 000 milliards de dettes hors bilan supplémentaires, qui correspondent aux engagements de l’Etat.

L’argent coule à flots, mais au moins on voudrait penser qu’il est bien utilisé. Tout le problème c’est qu’il est largement gaspillé dans les tuyauteries ministérielles. Pendant le confinement, environ 40% des effectifs de  la fonction publique d’Etat étaient payés  100%  tout en restant chez eux sans travailler. Nos administrations ont montré leur manque d’agilité. Ce qui est frappant c’est le contraste entre les sommes dépensées et les résultats calamiteux. Pour prendre un exemple concret, le statut des agents publics hospitaliers ajouté à la suradministration de l’hôpital ont eu pour conséquence l’arrêt beaucoup plus important de notre économie par rapport à  nos voisins allemands… nous avons un nombre d’agents au ministère de la Santé supérieur (plus de 11 000) à tous les pays comparables et  nous n’arrivons pas à gérer la logistique en interne.  L’argent va à des emplois administratifs au lieu de s’investir dans l’amélioration des services sous-dimensionnés. Bref, notre suradministration nous coûte 84 milliards d’euros par an selon l’IFRAP. Encore faudrait-il évoquer le cloisonnement qui fait que les préfets, les maires, les ministres, les présidents de région, les départements, les  ARS ne se parlent pas vraiment, ajoutant à la lourdeur, les cafouillages bien connus ( les masques, les tests, et aujourd’hui la vaccination).

La question du remboursement.

La dette détenue par la Banque Centrale européenne ne pourra pas être effacée d’un trait de plume. Et il est dangereux et irresponsable de laisser penser que ce pourrait être le cas. Car  la  valeur de la signature de la France repose sur la confiance et celle-ci est volatile. Nous dépendons financièrement presque totalement de la BCE, de ses engagements et des votes du Conseil des gouverneurs. Si la banque européenne est intervenue massivement, c’est pour éviter une crise des dettes souveraines : en mars 2020, les taux d’emprunts divergeaient rapidement entre l’Allemagne et l’Italie… et la  France. Il fallait voler au secours des états les plus fragiles. Le soutien de la BCE ne sera pas éternel et inévitablement les vannes vont se refermer progressivement. Il nous faudra donc revenir aux règles de bonne gestion quand les pays européens les plus vertueux vont dire stop aux politiques de taux négatifs et de rachat de dettes publiques. La question est de savoir combien de temps ils vont laisser à la France devenue désormais un des maillons faibles de l’Union. Le temps nous est compté.  L’argent magique et gratuit n’existe pas.  On finit toujours par payer la note.

Conforter la confiance dans la signature de la France est fondamental alors que l’Etat va encore emprunter plus de 260 milliards d’euros en 2021, et les besoins seront du même ordre les années suivantes. Il faut donc faire la démonstration de la volonté de la France de réduire son endettement, si l’on veut que les non-résidents qui détiennent la moitié de notre dette ne se détournent de notre pays. Il faudra mettre en œuvre rapidement un plan pour ramener la dette à 100% du PIB. Un sujet pour les candidats à la présidentielle !

 


NOTRE CULTURE PREND L’EAU DE TOUTES PARTS !

Académie française

Au moment où le  Royaume-Uni quitte l’Europe, les 27 pays de l’Union, en toute logique, devraient abandonner  la langue anglaise comme langue de communication, et, pourquoi pas, permettre au  français de prendre le relais. Mais le « globish » anglo-maniaque n’a jamais été aussi fleurissant et s’est imposé comme une soi-disant évidence dans les échanges intra-européens parce qu’il serait plus pratique. Que s’est-il  donc passé chez nous depuis  une vingtaine d’années pour que nous arrivions à un avachissement généralisé qui nous conduit tout droit à la relégation intellectuelle, alors que la France a longtemps pu, à juste titre, s’enorgueillir de sa langue et de sa culture ? Sans prétendre retrouver le XVIIIe siècle, époque où notre langue était celle des cours européennes , et même de la cour russe, on peut s’étonner de ce que la langue anglaise, dans sa version la plus pauvre, ait définitivement pris le pouvoir dans une Europe qui avait pour ambition de réunir les peuples et non de céder à cet impérialisme linguistique. En octobre dernier, encore, le parquet européen a ainsi choisi d’adopter l’anglais comme unique langue de travail,  un comble !

La furie féministe sape le génie de la langue.

Le français a aussi ses ennemis de l’intérieur. Depuis son apparition, l’écriture inclusive qui se  manifeste  par l’usage du point médian et la mention systématique du genre féminin, a tendance à se répandre en dépit des interdictions officielles, notamment  dans nos universités. Cette pratique est une insulte au génie de notre langue et conduit directement à un appauvrissement intellectuel.  Elle rend l’oralité de la langue impossible. Essayez de lire à haute voix : « Cher.e.s étudiant.e.s vous êtes convoqué.e.s  pour venir rencontrer vos interlocuteur.trices … ». Faut-il « oraliser » les  points ? On mesure le ridicule. Mais c’est une véritable oppression qui s’est mise en place pour imposer ce langage stupide. Dans certains cas, ce sont les professeurs qui l’imposent à leurs étudiants dans leurs devoirs ou dans leur messagerie, sous peine de ne pas corriger ou répondre, ce sont les organisations syndicales qui l’imposent aux administrations, quand ce sont les administrations elles-mêmes…  Les opposants à cette nouvelle forme d’écriture sont alors qualifiés de réactionnaires ou de conservateurs,  ce qui est pour moi un compliment.  Certains enseignants ont vu leur conférence annulée quand le thème était jugé « inapproprié » tel Jean Szlamowicz, auteur du livre « le sexe et la langue » (qui ne parle pas du cunnilingus), qui devait exposer dans le cadre d’un séminaire linguistique, « l’écriture inclusive à l’épreuve de la grammaire ». Ses collègues avaient fait pression sur le doyen pour empêcher la conférence d’avoir lieu. Et le cas n’est pas isolé. 

Voilà l’université française qui pratique l’ostracisme. Le résultat est préoccupant, car la réflexion scientifique est étouffée par l’idéologie. L’Académie française y a vu un « péril mortel ». Cette pratique est un bras d’honneur aux instituions gardiennes de la langue française. L’écriture inclusive part d’une idée fausse qui voudrait que le masculin dans la langue «  invisibilise » (admirez le néologisme) les femmes. C’est une croyance qui ne repose sur aucun fondement sérieux : faire du masculin un genre qui ne prend pas en compte le féminin, c’est faire comme si les mots n’étaient jamais utilisés dans un contexte qui en éclaire le sens : ainsi, quand je parle des « habitants de ma ville», je pars du principe que c’est un ensemble qui comprend des hommes et des femmes. Il est urgent que l’usage de cette écriture soit réellement proscrit à l’école, elle est un danger pour l’apprentissage de notre langue car elle génère de l’insécurité  linguistique en rendant le français moins accessible, elle éloigne les gens qui ont des difficultés avec la langue. Un député s’est saisi du problème et prépare une proposition de loi allant dans ce sens. Espérons qu’il soit suivi.

Nous fabriquons des infirmes de la jouissance littéraire !

Un autre mal ronge notre culture : la  castration littéraire.  C’est un inquiétant symptôme de ce nivellement généralisé qui, dans le sillage de ce qu’on appelle la « culture de l’effacement » ou «cancel culture», est en train de bâillonner l’imaginaire en éteignant la saveur des mots. Désormais, il faut éviter  toute complexité et renoncer à la richesse de la langue dans les textes à destination des jeunes. Ainsi un éditeur transforme, lors d’une réédition, une phrase telle que «Le soleil disparut dans un flamboiement d’incendie et le lac refléta de merveilleux tons de pourpre et d’or» en la phrase amaigrie «Le soleil disparaît derrière les sommets alpins et le lac prend des reflets dorés». C’est ce qu’a fait Casterman en rééditant « Le Club des cinq et le Cirque de l’étoile ». De la même façon on  renonce au passé simple au profit d’un présent aplati, ce qui supprime la différenciation féconde  que nous faisions entre l’action factuelle intervenue à un  moment précis du passé et celle qui a une durée, exprimée par le passé simple ou l’imparfait. Pour Alain Duault, on prive nos enfants « de la pulsation gourmande d’une langue riche et charnue pour en faire une sorte de prose végane ». 

Le désapprentissage de la langue dans son épaisseur et sa complexité se fait au profit de sa seule valeur d’échange. L’argument de la simplification induit donc la réduction : il faut aplatir les textes destinés aux enfants, pour les préparer à « être en phase avec leur époque », ainsi que le dit la directrice de Casterman jeunesse. Un seul chemin : l’utile, le pratique, ou l’échangeable, voire le jetable. La poésie ne leur est plus nécessaire, pas plus que la musique ou que la peinture, pas plus que tout ce qui crée un langage propre à élever l’esprit, à questionner le monde, à en révéler la beauté et la multiplicité.  Bientôt on simplifiera Chateaubriand qui fait des  phrases trop  longues, si on l’étudie encore, et on « allégera » la neuvième de Beethoven aux orchestrations trop capiteuses. Bah,  le rap est bien plus accessible et il n’est pas produit par des « vieillards blancs, hétérosexuels, suppôts du patriarcat ». Ne cédons pas à tous ces alignements devant le politiquement correct de soi-disant progressistes, qui fait réécrire des titres, déboulonner des statues, étouffer des œuvres, débaptiser des écoles, défigurer la graphie de la langue avec la pratique de l’écriture inclusive, réduire toute expression à la pensée unique du moment.

Les néo-totalitaires nous imposent leur censure castratrice.

L’accumulation de ces atteintes anticulturelles cible les jeunes, les enfants même, qui, si l’on accepte de laisser cette action rongeuse se poursuivre, n’auront bientôt plus de mémoire pour se défendre, plus d’images pour rêver, plus de mots pour dire la beauté, l’amour, la vie. Il faut en finir avec cette maltraitance récurrente de ce qui constitue la matière de notre culture et qui se traduit par une langue décharnée plutôt que savoureuse et colorée, un imaginaire censuré plutôt qu’une ouverture au rêve, une aseptisation des contenus plutôt qu’un apprentissage des différences et de la mise en perspective historique. L’uniformisation du style, du son, de la perception conduit à une robotisation des consciences à un langage unique comme l’est la pensée. Insupportable ! Qui ne mesure la régression quand la langue qui est notre première identité doit se modeler à la dictature de la facilitation du discours, au nom d’une aberration intellectuelle ?

 

 


UNE LOI QUI NE CONFORTE PAS LA REPUBLIQUE

Laicite

Le débat sur le projet de loi contre « l’islamisme radical », devenu contre « le séparatisme », puis "confortant les principes de la République", a donné lieu à un florilège d’arguments développés par les « Insoumis », la  gauche  communautariste et le PC, qui laissent pantois.  Mélenchon et ses comparses ont tourné le dos définitivement aux acquis des « Lumières ». Dire n’importe quoi, proclamer des absurdités, porter les pires reniements, défendre la soumission quand on se dit « insoumis », reculer sans cesse, pour justifier que l’on n’a pas le courage de dire ce qui est : le voile islamique n’a rien à faire en France, et encore moins sur la tête des fillettes. Ce n’est pas la question du simple port d’un vêtement qui est posée, mais bien celle des rapports entre notre civilisation occidentale et l’interprétation la plus étroite de l’Islam.

Il faut bien distinguer, s’agissant de l’Islam, la face proprement  religieuse, démarche de foi définie par les « cinq piliers de l’Islam », tout-à-fait compatible  avec nos lois républicaines et la laïcité, et l’autre face qui veut l’imposition d’un ordre social et politique qui sont, eux, incompatibles. Il est important de bien distinguer ces deux faces. La stratégie des islamistes, Frères musulmans et autres, et  de leurs alliés objectifs à fin de récupération électorale, est de dissimuler dans  leur rapport  avec notre monde occidental ce qui sépare ces deux dimensions de l’Islam. Et le point crucial de  cette  occultation concerne la tenue islamique notamment  pour les femmes. Son port  est présenté comme relevant d’une démarche de foi et toute entrave à celui-ci, en particulier à  l’école, comme « islamophobe ». Or, il suffit de consulter le Coran pour constater que cette tenue est un élément d’ordre social.

Ce qu’on essaie de nous imposer par le voile islamique, c’est une pratique religieuse associée à une morale et une pratique sociale toutes deux incompatibles avec nos valeurs. Rappelons que le voile islamique est le symbole ostentatoire d’une condition féminine inacceptable pour nous, instituant l’inégalité avec l’homme par la soumission de la femme : la femme stérile répudiée, la femme adultère punie de mort, le témoignage de l’homme qui vaut celui de deux femmes, la soeur qui n’obtient que la moitié de la succession dévolue à son frère, le mariage mixte interdit, la polygamie autorisée… Des Etats, comme la  Tunisie ont essayé récemment  d’avancer sur ces sujets,  mais ont dû reculer devant la pression exercée par les orthodoxes religieux. C’est la vraie signification du port du voile. L’affirmation de leur « islamité » par les jeunes filles ne s’arrête pas à cet accessoire vestimentaire. Elle s’accompagne généralement de contraintes supplémentaires telles que l’interdiction de suivre les cours de sciences naturelles, d’éducation physique ou de musique, voire même de s’adresser au professeur si celui-ci est de sexe masculin. D’où le mutisme de certaines filles en classe  que les professeurs ne comprennent pas toujours. Nous ne pouvons pas l’ignorer.

Et même sans astreinte religieuse, l’usage impose encore aujourd’hui quelques règles de politesse comme se découvrir pour saluer ou entrer dans certains lieux, dont l’école fait partie. Sur le plan strictement vestimentaire, si l’on accepte une exception pour le « foulard », rien ne permettra plus alors de s’opposer à la casquette sur l’oreille ou d’autres accessoires moins anodins. Et de ce point de vue, l’école reste un des rares endroits où se fait l’apprentissage de la politesse et des usages, du moins j’ose l’espérer. Le voile islamique, à l’école, et encore plus en classe, est contraire à notre code de civilités. Son port dans la rue, relève d’un autre débat.

Entendre Marie-Georges Buffet défendre « la religion opium du peuple » la plus antiféministe qui soit, au nom de la stigmatisation qu’elle subirait, pourrait être savoureux, mais relève d’un déni de  réalité et d’une confusion inexcusables. Une démarche rejointe par l’aile gauche de la majorité  présidentielle, qui a conduit à dénaturer le projet de loi initial,  et  confirmée par le Président lui-même quand il  affirme : « La France n’a pas de problème avec l’Islam ». Ainsi, la fable selon laquelle le voile islamique ne serait pas une pièce maîtresse d’un ordre collectif mais relèverait de démarches de foi individuelles a été largement acceptée par les députés. Tous les amendements concernant le voile ont été rejetés par la majorité. Et en marge, que dire de l’intervention de  la Défenseure des Droits volant au secours du burkini ! En n’affirmant pas clairement que la liberté de conscience  concerne exclusivement la dimension spirituelle de l’existence et exclut totalement l’imposition d’un ordre social et politique qui constituerait une contre-société, le projet de loi voté par l’Assemblée nationale manque son objet. Comme  il  considère l’Islam dans sa totalité  comme une religion, il est conduit à prendre des mesures  concernant les  religions en général,  alors même que la vraie cible n’est pas religieuse. Par souci de neutralité, il  impose des contraintes nouvelles de manière indiscriminée à des organisations religieuses, chrétiennes et juives, qui n’entretiennent aucune visée séparatiste et sont donc des victimes collatérales de la nouvelle loi.

Depuis le XVIIIème siècle, l’individu européen a conquis une à une toutes ses libertés. Cette remise en cause devenue permanente, à laquelle l’église catholique s’est elle-même adaptée, a permis la proclamation puis l’application progressive des « Droits de l’Homme ». C’est au nom des Droits conquis que nous avons le devoir de lutter contre toutes les atteintes aux droits élémentaires de la personne. Comme le dit Finkielkraut : « ou le hommes ont des droits, ou ils ont une livrée… ». De peur de paraître intolérants avec les musulmanes « on les confond avec la livrée que leur a taillée l’Histoire ». Voilà le piège : sous prétexte de droit à la différence, on voudrait imposer sur notre sol un apartheid. Dans son livre « Bas les voiles » Chahdortt Djavann assimile à une maltraitance l’obligation du port du voile faite aux filles mineures, et elle n’a pas tort, dans la mesure où cette obligation enferme l’enfant dans une démarche mutilante de sa féminité. Il ne s’agit pas d’intolérance, mais de respect de la personne et de protection des mineurs, en application de nos valeurs et de nos lois.

Cependant, la pratique de l’Islam n’est sûrement pas incompatible avec la laïcité. Il reste à en rechercher les modalités et à aider ceux, parmi les musulmans français, à l’instar de l’Imam Chalgoumi, qui souhaitent se situer dans cette perspective-là. Les testings effectués auprès des employeurs montrent que les candidats à l’embauche dont les CV suggèrent que, musulmans, ils adhèrent aux valeurs de la République, sont bien accueillis. Nombreux sont ceux qui adhèrent pleinement à la République et le bon sens exige qu’on évite tout amalgame ignorant cette diversité. La  confusion entre les  deux faces de l’Islam  empêche de voir qu’un regard positif sur la dimension spirituelle de cette religion coexiste chez les Français en même temps qu’un ressenti négatif sur sa dimension sociale et politique. Ainsi, si 86% de nos concitoyens rejettent le port du voile, ils ne sont plus que 24% à juger négativement le jeûne du Ramadan. S’il ne faut pas obliger toute personne d’origine étrangère à calquer sa conduite sur notre façon d’être, il est possible tout de même de dénoncer certains aspects de la tradition islamique, sans pour autant vouloir détruire sa culture. D’autant plus quand il s’agit d’une interprétation la plus étroite de l’Islam, issue du Wahabisme, contre laquelle les femmes luttent dans beaucoup de pays musulmans.

Les minorités religieuses peuvent exister à condition que celles-ci soient constituées d’individus libres et égaux. Il nous appartient de faire en sorte que cette dernière condition soit toujours remplie. De ce point de vue, il est important de signifier que la loi républicaine est au-dessus de toute autre, y compris la Charia des musulmans. Ce que la loi votée a oublié d’affirmer clairement.

 


LE FIASCO DE LA VACCINATION

Covid vaccination

Après les masques puis les tests, voici un nouveau fiasco : celui de la vaccination. La  campagne, commencée sur la pointe des  pieds devait prendre de l’ampleur avec la cible des personnels  soignants de plus de 50 ans et les plus de 75 ans. Un mois après, force est  de constater le plantage du plan de vaccination mis en œuvre par M. Véran et son indécrottable  administration sanitaire.

Commençons par une petite histoire vécue.

Nous avions réussi à décrocher deux rendez-vous pour le 23 janvier, par Doctolib, à la même heure, au centre de vaccination d’Angers. Cela paraissait normal pour un couple. Au jour dit, nous nous présentons à l’accueil, et là nous découvrons qu’un seul est inscrit sur la liste, moi en l’occurrence. Pourtant nous avions reçu tous les deux une confirmation du site, la veille. Mais rien à faire : pas  d’inscription sur la liste, pas de vaccin. Le cerbère de service est catégorique : les doses sont comptées à l’unité près. Nous faisons part de notre surprise à la médecin qui nous reçoit, qui manifeste son étonnement et se propose d’aller vérifier s’il n’y aurait pas une dose disponible. Elle se lève donc et se dirige vers le fond de la salle vers l’endroit où sont probablement entreposés les vaccins, ce que voyant, le cerbère de l’entrée se précipite aussitôt pour la rattraper… Bref, à son retour, il n’y avait effectivement aucune possibilité de vaccination supplémentaire, comme par hasard. La machine administrative dans toute sa splendeur. Pour l’heure, le bureaucrate qui avait pris le numéro de notre téléphone, n’a jamais rappelé, et nous n’avons pas pu décrocher un nouveau rendez-vous.

Le rendez-vous impossible.

Le fait est que, dans cette fameuse tranche d’âge des plus de 75 ans, à laquelle nous appartenons, qui doivent être vaccinés le plus vite possible, beaucoup ne sont même pas capables, à ce jour, d’obtenir un rendez-vous pour la première injection ce mois-ci, le mois prochain ou plus tard. Le problème n’est pas que le rendez-vous risque d’avoir lieu dans trois ou quatre mois, c’est que, tout simplement, on demande de rappeler plus tard, donc qu’ils ne peuvent même pas se projeter dans un avenir proche. La première des solutions consisterait donc à accorder des rendez-vous même éloignés aux personnes âgées pour qu’elles soient à la fois enregistrées et rassurées. Cette mesure, on n’en parle même pas, on fait des promesses qui seront vite oubliées, sans véritablement envisager l’affreuse hypothèse en vertu de laquelle beaucoup de personnes âgées ne seront jamais vaccinées.

Course de lenteur.

Pour les Français, la lenteur de la campagne vaccinale est un phénomène inquiétant, si bien que le président de la République a annoncé, pour nous soulager, que nous serons tous vaccinés avant la fin de l’été prochain. Aux calendes grecques. Pour parvenir à ce résultat, diverses mesures d’approvisionnement, la mise sur le marché de vaccins parvenus au terme des essais cliniques, la pression exercée par la Commission de Bruxelles sur Pfizer et AstraZeneca, le recours lointain à des laboratoires français pour la mise en condition du vaccin, sont présentés comme l’arsenal extraordinaire tout droit sorti de la tête du génie de nos dirigeants. La  vérité, si nous prenons des mesures secondaires pour augmenter notre puissance vaccinale, c’est qu’en réalité, nos stocks sont très insuffisants, et dans certaines régions, inexistants. Et combien de doses perdues par la gestion tâtillonne et bureaucratique du Ministère et des ARS ?

Notre recherche en déroute.

L’Europe a procédé à temps aux commandes de vaccins auprès des laboratoires qui parvenaient au terme des essais cliniques. Ce sont ces labos qui n’ont pas pu satisfaire une demande énorme, encouragée par la qualité du produit PfizerBiotech, qui a éliminé le scepticisme et l’hostilité au vaccin. Mais ce n’est pas un problème européen, c’est un problème national. Cela fait au moins deux décennies que notre Etat obèse n’investit pas assez dans la recherche et que nous subissons la fuite des cerveaux. Nous n’avons pas un laboratoire capable de prévoir un virus et, le cas échéant, de produire massivement au moins cent millions de doses en une fois un vaccin efficace, indolore et disponible. L’échec de Pasteur est la partie visible de l’iceberg de notre incurie.

C’est aussi l’échec d’une logistique hypercentralisée et bureaucratique. 

L’exemple raconté par le maire de L’Haÿ-les-Roses est  édifiant. Après vaccination dans l’Ehpad de sa commune, il restait 60 doses disponibles, et  logiquement le directeur envisageait de les mettre à la disposition du centre de vaccination de la commune, avec l’accord du maire, heureux de cette aubaine.  Mais voilà, pour l’ARS, consultée, ce changement d’affectation du vaccin n’était même pas concevable : ce qui est destiné aux Ehpads doit rester aux Ehpads, non mais ! L’histoire ne dit pas ce qu’on a fait des vaccins disponibles  … J’espère seulement qu’ils n’ont pas été jetés, ce qui entrerait dans les statistiques prévues par le Ministère.

Christophe Mahé peut rajouter trois couplets à sa chanson « Il est où » … Il est où le masque, il est où le test, il  est où le vaccin !!! Quant au bonheur, il faudra encore attendre jusqu’à la fin de l’été, enfin, si ça n’est pas une promesse de gascon de plus ! En attendant, on fait tout pour détourner l’attention de ce fiasco par  un insupportable teasing sur le « reconfinement », avec en star inénarrable, Monsieur Castex et la valse des « variants ».

 


L’HYPOTHESE BARNIER

Barnier

 

Pendant quatre ans, Michel Barnier a mené les négociations du Brexit, au nom des 27. Le Brexit, il l’a abordé comme une catastrophe non naturelle, une situation très grave pour l’Union qui posait si on y prenait garde une question existentielle  pour elle.  Ce que Nigel  Farage, apôtre de la  sécession, caricaturait  en répondant  à Barnier à la fin d’un entretien, sur la  manière dont il envisageait la relation post-Brexit de  son pays avec l’Europe : « l’UE n’existera  plus ! »  Le divorce, c’était donc aussi la volonté de certains de détruire l’Union européenne.

The right man at the right place.

Quatre ans et demi plus tard, le divorce est prononcé, et l’Union européenne en est sortie confortée. Si la mission est accomplie, c’est bien grâce au négociateur en chef et à  son inlassable volonté de cohésion des 27 face au trublion anglais. En choisissant Michel  Barnier, Jean-Claude Juncker avait fait le bon choix : il savait qu’avec le Français, il incommodait les Anglais  et  confiait la tâche à un politique chevronné, patient, fin négociateur et surtout connaisseur en profondeur des rouages de l’Union et du dossier.  Et, de fait, il a fallu la patience du « montagnard en route vers le sommet », déployant une stratégie méticuleuse, pour  affronter les rodomontades et la gestion cahotique des britanniques, leurs chantages, et sans que jamais ils aient pu percer le front uni mis en place. Grâce à une évidence : très vite il est apparu très clairement que le marché unique était le bien le plus précieux et qu’en sortir provoquait nécessairement des différences. Londres ne pouvait espérer avoir le beurre et l’argent du beurre.

Il n’y a pas de bon accord.

Michel Barnier, le reconnait lui-même, si son but était de préserver au mieux les intérêts de l’Union, et si on a eu raison de se réjouir d’un accord  in extremis entre Britanniques et Européens, qui a évité le chaos d’un « No deal », c’est inévitablement un accord « perdant-perdant » pour les deux parties qui ne permet pas l’autosatisfaction . Avec le temps, le  coût économique ira grandissant pour un Royaume-Uni, de moins en moins uni, et l’Europe s’est affaiblie en perdant  l’un de ses pays les plus importants par son économie et sa population. Son économie représente en effet 20% de celle de l’Union. En 2019, 46% des exportations de marchandises britanniques étaient pour le continent, alors que la part des exportations de l’Union vers le Royaume-Uni ne constituait que 15% du total. Il n’en reste pas moins que dans le monde actuel, l’Union et les  Britanniques sont plus que jamais dans le même camp. Il appartient à ces derniers de faire la démonstration qu’ils demeurent des Européens. S’ils choisissent de s’enfermer dans un splendide isolement chauvin et sourcilleux, il sera facile aux 27 qui ont montré leur cohésion de se passer d’eux. Grâce à Barnier, on a évité le pire.

Là où il y a une volonté, il y a un chemin...

L’aboutissement des négociations a rendu Michel Barnier disponible.  Et  à 70 ans, qu’il  porte bien, il semble déterminé à ouvrir une nouvelle page de son engagement politique, lui qui est resté fidèle à sa famille politique. Il n’a  pas  caché qu’il souhaitait jouer un rôle « utile » en s’investissant sur la scène nationale, ce que d’aucuns ont interprété comme un premier pas vers une ambition présidentielle. Et pourquoi pas ? Son image  de négociateur européen hors pair est peu abîmée par la politique nationale, il a un style rassurant, il peut plaire à cette France périphérique dont il est un des représentants par les nombreux mandats exercés en Savoie. Et il a une expérience solide de l’exercice des responsabilités, de l’élu départemental aux portefeuilles ministériels, de l’élu européen aux fonctions de commissaire, à quoi s’ajoute une stature d’homme d’Etat ayant croisé tous les  grands de ce  monde… Et quand on a réussi a fédérer 27 pays européens pendant quatre ans et demi, on doit pouvoir trouver les  moyens de fédérer les Français sur un projet national… et européen. Car le « plus » indéniable de  Michel Barnier  est d’ajouter à sa foi patriotique, une conviction européenne, car pour lui les deux engagements vont ensemble. Il lui reste  à convaincre sa famille, les sympathisants de la droite et du centre et plus largement les Français qui croient encore dans les chances de notre pays. On sait le personnage habile à fédérer les énergies, et l’équipe du Brexit qu’il a animée en est une preuve tangible. Il lui faudra un projet  sur lequel asseoir son ambition : son attachement au gaullisme lui procurera les fondements et les travaux du parti et de ses multiples filiales un bouquet de propositions dans lesquelles il suffit de puiser. La  partie ne sera pas facile, d’autant plus que Macron arrivera à la Présidence de l’Union au 1er janvier  2022. Déjà, autour du personnage, une activité discrète et collective anime son appartement parisien. Le Savoyard a entamé une tournée avec Gérard Larcher, Président du Sénat, a  partagé un petit déjeuner avec  Christian Jacob, s’est entetenu avec Damien Abad…  Et même une association aurait vu le jour sur  les bases du club Nouvelle République que Barnier avait créé en 2003.  Il compte sur la stratégie du consensus, fidèle à une démarche qui ne lui a pas trop mal réussi jusqu’à maintenant. Il a la pointure et la stature,  les compétences et, semble-t-il, l’envie.  Dans le chemin qu’il entreprend, il sait que la patience, l’effort, la détermination sont des vertus indispensables. Dans ses vœux formulés sur Twitter, on trouve cette citation, comme un aveu : « là où il y a une volonté, il y a un chemin ! ».  

Voilà de quoi remplir le « vide » à droite, non ?

 


UNE SITUATION SURREALISTE.

Cédric-un-look-denfer-

 

C’est certain, ça va repartir.  Tous les ingrédients d’une reprise forte s’accumulent.  Le  problème c’est quand.   Car avec cette pandémie qui n’en finit pas et dont on ne voit pas le bout,  avec les multiples complications apportées par les « variants », bien malin celui qui peut le dire.

2020 : une année hors-normes.

En attendant, nous vivons une période atypique pour ne pas dire surréaliste. L’exercice économique 2020 aura été hors normes.  Qui peut comprendre que la production nationale, le  PIB, ait baissé de 10% et qu’en même temps les revenus français se soient maintenus, le pouvoir d’achat aurait progressé de 0,3% en moyenne selon la Banque de France. L’activité tourne à un rythme inférieur de 10% à celui de janvier 2020 et pourtant le chômage n’a pratiquement pas augmenté et  les faillites d’entreprises ont été  moins nombreuses qu’en 2019. On saisit alors que nous sommes en plein dans l’artificiel. Ces paradoxes ont une explication : la crise sanitaire a été largement « surfinancée ». Si la chute de  production subie a entraîné une perte de 240 milliards l’année dernière, les pouvoirs publics ont injecté 400 milliards entre les  plans d’urgence et de relance.  Ce déluge d’argent public soit déboursé dans le chômage  partiel, soit prêté aux entreprises sous des formes multiples garanties par l’Etat  a permis jusqu’à maintenant d’éviter  ce qui aurait dû être la conséquence de la  crise  sanitaire, une dépression qui aurait été bien plus terrible que celle de 1930.

Le miracle pourra-t-il continuer en 2021 ?

Ce serait surprenant. La sagesse serait de se préparer à la fin de « l’argent hélicoptère » déversé par la Banque Centrale Européenne. Les difficultés sont forcément devant nous. Elles vont surgir aussi bien à l’échelle européenne que chez nous, au moment où nous allons entrer dans la campagne électorale de 2022, dont les enjeux vont du même coup se trouver exacerber. Certes Emmanuel Macron peut se  glorifier des avancées de l’Union européenne qui a réussi à concevoir un plan de relance collectif et massif de 750 milliards d’euros avec un endettement commun.  Mais si l’Europe nous protège, il ne faut pas oublier qu’elle reste, et c’est heureux, un espace de concurrence. Elle financera les dettes  publiques jusqu’en mars 2022 puis ses béquilles seront amenées à être retirées. Les divergences Nord-Sud reviendront au premier plan. Comment alors, résorber les déficits qui resteront béants une fois l’épidémie vaincue, et qui seront autant de handicaps ? Voilà une question hautement politique. Il ne suffira pas d’affirmer : « pas d’impôts Covid », comme l’assure pour l’instant Bruno Le Maire. Nous, nous savons qu’il n’a pas de baguette  magique, et que son « quoi qu’il en coûte » a été financé  par la générosité de la  BCE. Certains on pu croire à la magie, la réalité s’imposera durement une fois la source  tarie.

Une année marquée par l’incertitude.

Elle risque même d’être chaotique. Elle démarre mal avec  une stratégie vaccinale illisible et incompréhensible. Les pierres  d’achoppement s’additionnent : gestion sanitaire approximative, croissance économique  insaisissable, chômage aux contours inquiétants, finances de  l’Etat transformées  en corne d’abondance, restructurations de secteurs entiers, autant de sujets qui vont mettre l’exécutif  à bout de souffle face à une opinion publique éruptive. « Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année », s’interrogeai le Président lors de son interview sur le site  Brut. Il peut en effet s’y préparer,  car  il va devoir faire des arbitrages hautement politiques, et notamment  trouver  la recette qui lui permettra  de mettre fin au torrent des dépenses  publiques qui agit sur les Français comme une drogue. On sait alors   que le plus difficile c’est quand il faut commencer à s’en passer. L’autre écueil  c’est la tentation  d’augmenter  les  prélèvements dans un pays  qui est pourtant au plafond en la matière. Mais c’est incontournable : nos incorrigibles  PS proposent un prélèvement exceptionnel de « solidarité » (élémentaire) sur les en-cours d’assurance-vie supérieurs à 30 000 euros, avec en prolongement, le retour de l’ISF.  De son côté, le  Comité de suivi des retraites recommande une mesure de sous-indexation des pensions visant toute la population des retraités, au prétexte qu’elles ont été épargnées  par la crise. Pendant ce temps-là, les épargnants thésaurisent les billets de banque. Un phénomène qui inquiète les autorités bancaires : rien qu’en France, ce serait 33 milliards d’euros qui seraient stockés sous les matelats, manifestation d’une méfiance d’autant plus paradoxale que l’on paie de  moins en moins en billets. Ce trésor caché est une façon d’échapper à d’éventuelles hausses d’impôts.

Le flou est partout.

La paralysie du pouvoir est patente. Le quinquennat entre dans sa phase terminale et finalement le bilan des réformes sera bien maigre. Il reste peu de temps utile et tant de choses à faire : réforme des retraites, de la décentralisation, du droit du travail, de la constitution, sans parler du referendum sur le climat. Avec un calendrier parlementaire déjà bien encombré. Les incertitudes  politiques s’y ajoutent : quel calendrier pour les  élections, quels candidats pour s’y présenter, quels champions  pour les familles politiques qui constituent l’offre électorale. Autant de domaines pour lesquels les Français aimeraient avoir des réponses et n’ont qu’un théâtre d’ombres à se mettre sous la dent. Une certitude commence à se faire jour : encore un quinquennat pour rien. Le déclassement de la France va continuer.

 


LA DICTATURE DU « JE »

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La toute puissance des algorithmes.

Pour ceux qui, comme moi, ont  lu le livre de Gaspard Koenig, « La  fin de l’individu »,  dont je vous ai déjà entretenu, la numérisation accélérée de la société  pendant le Covid n’est pas une surprise. Elle annonce un tremblement de terre qui met en évidence un risque d’obsolescence  rapide de nombreuses tâches pour lesquelles nous estimions que l’homme était indispensable, mais en plus, et c’est le plus grave, le rétrécissement de la pensée subjective humaine individuelle submergée par une rationalité déterminée par des algorithmes supposés nous représenter dans notre globalité.

Encore une fois, ce n’est pas l’Intelligence Artificielle qui est en cause, mais l’usage que nous en faisons et qui façonne une drôle de société. Comme l’Europe a déjà perdu pied dans la compétition qui s’est engagée pour la maîtrise du modèle, il nous reste le choix entre celui qu’impose le régime  chinois, exquise fusion du communisme et des technologies les plus avancées pour enrégimenter l’individu, et celui des Etats-Unis contrôlé entièrement par le géant Google et ses intérêts matériels, dont on vient de voir qu’il pouvait faire le tri dans le contenu des messages qui circulent dans ses réseaux et  fermer un compte purement et simplement.

Deux périls nous menacent : les choix des algorithmes et les choix politiques ou idéologiques de ceux qui contrôlent les serveurs que nous utilisons. Ils connaissent de mieux en mieux nos vies, nos goûts, nos habitudes et ils dominent des pans entiers de l’activité économique du fait de l’accumulation incroyable de données qu’ils sont parvenus à réaliser. Ils se sont aussi attribué un nouveau rôle : être les censeurs de la vie politique et de l’opinion. Et ce n’est peut-être qu’un début. La suspension des comptes de Donald Trump après l’invasion du Capitole le 6 janvier dernier pose la question essentielle pour la liberté d’expression, de la régulation des réseaux sociaux.

Ultra-connectés et bavards.

A cela s’ajoute un troisième péril.  L’avènement du smartphone a fait de la plupart d’entre nous des êtres ultra-connectés, repliées sur leur subjectivité et leurs intérêts tout en intensifiant l’impression de jouir d’une forme d’allégement de l’existence et d’une indépendance sans cesse accrue, constate Eric Sadin (« L’ère de l’individu tyran »). Et nous sommes devenus dépendants de cet « infini » vertigineux. Avec nos téléphones, nos tablettes, nos ordinateurs, un espace d’expression sans limite et à tous moments permet à chacun de s’offrir une multitude de tribunes virtuelles, pour exprimer un avis sur tout –et surtout un avis, aurait dit Coluche-,  dans une débauche de « je » aussi gratifiante qu’addictive. L’inconvénient c’est que ces réseaux sociaux échappent à tout contrôle. Ils constituent un territoire ni structuré ni  hiérarchisé,  chacun étant maître de son « je ».

Avec Twitter on assiste au triomphe de la parole sur l’action, où l’on cherche à s’affirmer non pour défendre un point de vue mais pour imposer une perception des choses. Avec Instagram, l’affichage de soi se transforme en une continuelle monétisation de sa personne, faisant de « l’instagrameur » un homme-sandwich. Les mécanismes pervers mis en œuvre nous font glisser vers une culture de l’humiliation.  Il suffit de lire les commentaires sur Facebook pour s’en convaincre. Enfin, en étant indulgent, parce que l’indigence y règne entre la syntaxe approximative et l’orthographe déficiente qui va généralement avec la superficialité du discours. La  plupart y recherchent des signes pouvant flatter  leur narcissisme ;  asséner sa vérité est devenu un carburant pour l’ego : « je twitte, donc j’existe ! » Cette galaxie inépuisable d’individus produit une profusion de messages qui concurrence les médias traditionnels qualifiés de « top down ».

Un fait, une phrase, une remarque qui tombe  dans ces réseaux va s’envelopper d’une masse de commentaires dont les chaines d’information en continu font leur miel. Ainsi, l’information disparaît au profit de son commentaire. La parole « des gens » remplace l’argumentation de ceux qui militent ou réfléchissent, elle devient vérité et disqualifie le sachant et l’expert, le journaliste, ces passeurs d’une parole vérifiée, d’une opinion étayée ou d’un projet structuré. Tout se vaut, la  parole d’un professeur d’université et celle d’un youtubeur, celle d’un président et celle d’une madame Michu. Il devient quasiment impossible de faire émerger un point de vue  sur ces forums obéissant à la règle de celui qui braille le plus fort. L’information est partout,  mais elle n’est  pas hiérarchisée  et nous nous égarons.

Le triomphe du relativisme.

Les « gens », bien à l’abri de l’anonymat qui permet le lynchage permanent, peuvent s’indigner, se révolter, dénoncer les  incapables, les pratiques insupportables, les complots imaginaires  … Argumenter dans ces conditions, c’est perdre son temps, quant à la raison, « braves gens » … Les contenus qui ont le plus de succès ne sont pas nécessairement les  plus rationnels. C’est lié à la nature même de nos cerveaux qui mémorisent davantage les informations contre-intuitives, qui sélectionnent celles qui confirment nos vues, qui installent des œillères mentales pour nous permettre de camper sur nos positions et que les algorithmes savent renforcer. Car les  plateformes accélèrent la diffusion des fausses nouvelles,  les  post-vérités des complotistes, parce que c’est ainsi qu’elles fonctionnent : proposer à chaque internaute des lectures « proches » de ses recherches précédentes et « fabriquer » des groupes de gens qui pensent pareil, qui se confortent et se justifient. La parade serait l’esprit critique, mais il a disparu avec la culture qui l’accompagnait.

Menace pour la démocratie.

Sauf que tout ce tintamarre, ce  système d’expression est dangereux pour la démocratie.  Il favorise le populisme et le rejet des élites. D’autant plus que toutes les manipulations sont possibles, une minorité de dictateurs de l’indignation polluent les plates-formes, en dénaturent les valeurs de partage.  S’y ajoutent les algorithmes  de certains réseaux qui choisissent et trient vos « followers ».

L’impact de ces nouvelles technologies sur notre psychologie individuelle et collective  est effarant : l’histoire récente des systèmes numériques révèle une ivresse des réseaux qui encourage l’avènement de particularismes autoritaires et l’émergence d’une forme d’ingouvernabilité permanente, autrement dit la montée des comportements d’incivilité qui caractérisent l’effondrement de notre monde commun. Ceux-ci sont aggravés par les technologies de l’embrasement des esprits mises en œuvre sur les réseaux tels que Facebook, Twitter ou Instagram. On s’étonnera alors de la vacuité de ceux qu’on porte au pouvoir, faisant ainsi les choux gras de la technostructure inamovible et de ce fait, toute puissante.

Il faut se doter d’outils pour contrôler les algorithmes eux-mêmes et limiter la puissance des géants du numérique pour rétablir la concurrence. Les Facebook, Twitter, Youtube, Instagram, Snapchat doivent rentrer très rapidement dans le champ de la loi française. Ce sont tous des éditeurs de médias dont les dirigeants pour la France doivent être pénalement responsables de leurs contenus, à l’instar de leurs homologues de la presse audiovisuelle et écrite. Mieux, la  France devrait détenir ses propres plateforme numériques. Il y va de notre survie démocratique, économique et culturelle. Ces  plateformes sont simples, rapides et  peu coûteuses à démarrer et  l’on sait que notre environnement digital est fécond.

L’Europe est le premier continent à s’être engagé dans une réforme globale de son espace numérique par le biais du Règlement sur les services numériques (DSA),  et du Règlement sur les marchés numériques (DMA). Ils sont en discussion actuellement.  Ils permettront de veiller en temps réel à ce que les  plateformes se conforment aux injonctions qui découleraient de ces règlements qui s’appliqueront à tous les Etats membres. Nous devons en effet, fixer les règles du jeu et organiser l’espace informationnel avec des droits, obligations et garanties clairement définis.  C’est une question essentielle pour nos démocraties au XXIème siècle.

 


EN POLITIQUE, LA FORMULE MAGIQUE NE MARCHE PAS !

Arnaque

 

« En même temps »

Expression courante de la langue française qui signifie que deux actions ont lieu au même moment, ou que deux états, deux situations sont constatées dans la  même  temporalité. Elle a pour synonyme « simultanément » ou encore « au même moment ».  En politique, elle  a été utilisée abondamment par Emmanuel Macron pendant la  campagne présidentielle de 2017 au point d’être devenue un symbole  de  sa pensée politique pour indiquer sa volonté d’appartenir à plusieurs camps , non pas  en faisant une synthèse, mais par  simple  juxtaposition des idées. Le «en même temps » est alors  apparu  comme une formule magique qui lui a permis, en ne tranchant pas certains sujets délicats, de ne pas s’aliéner une majorité de la population.

Décriptage  politique.

La formule  magique était censée faire disparaître le « vieux monde » au profit d’un nouveau. Concrètement cela voulait signifier que les anciens repères politiques étaient dépassés.  Le « vieux monde » est structuré par deux pensées antagonistes, en gros la gauche et la droite, sans entrer dans le détail. Et  entre les deux, ce que l’on appelle  « le centre » qui  détaille les nuances de chacune des deux. Or, on a très rapidement constaté que ces repères étaient quasiment consubstantiels à la  politique et que chaque fois que le « nouveau monde » prenait une décision, elle était aussitôt classée comme étant ou de droite ou de gauche. Le « en même temps » aurait pu séduire au centre, et la magie semble avoir opérée quelque peu, surtout sur le centre droit. Mais l’équilibre en politique reste  la plus difficile des postures.

L’épreuve de la réalité.

Appliquée à  la réalité, la formule a trouvé rapidement ses limites. Après trois années d’exercice du pouvoir, c’est un fait : le slogan ne fonctionne plus. Et le nombre des dossiers qui coincent s’accumulent sur lesquels la confrontation au monde réel conduit à l’impasse. En effet, on ne peut s’engager à fond derrière la Convention citoyenne pour le climat et « en même temps » promettre de sauvegarder le mode de vie et le pouvoir d’achat de ceux qui ne veulent pas payer pour une transition écologique extrême ou n'en ont  pas les moyens. On ne peut, un jour, dénoncer l’islamisme radical avec des formules véhémentes et définitives et « en même temps » diluer cet objectif dans une loi aseptisée de peur de stigmatiser une religion et ses croyants. On ne peut donner des gages « en même temps » aux forces de l’ordre et à ceux qui dénoncent les « violences policières » sans  se déjuger.

La pression des groupes minoritaires.

Ce dernier point est préoccupant. On a le sentiment que la formule préférée du Président de la République, avec  laquelle  il voudrait pacifier le pays en donnant raison  à tout le monde  le conduit à céder aux minorités plutôt que de tenir compte de l’avis  du plus grand nombre, au prétexte que les premières recourent à la  violence ou crient le plus fort. Alors que les thèmes du maintien de l’ordre, de la préservation de l’environnement et de la lutte contre le terrorisme islamiste réunissent une écrasante majorité de Français, leur traduction en décisions se heurte systématiquement à des groupes minoritaires, bruyants et agissants qui font que le pouvoir exécutif recule, comme on l’a vu à Notre-Dame des Landes, reniant au passage une promesse de campagne. A chaque fois, l’intention est en ligne avec la promesse, mais le politique manque sa cible. Or ce  politique, élu avec des voix de gauche voudrait capter durablement des voix de droite pour 2022. Le « en même temps » voudrait donc mettre en équivalence ces intérêts opposés et en plus la majorité des Français contre des minorités militantes. La mollesse embarrassée des textes qui en résultent n’arrive plus à convaincre ne serait-ce qu’un Français sur trois.

Pensée complexe.

Cette stratégie se voudrait donc un équilibre entre des idées contraires, en une pensée complexe. L’équilibre est une vertu mais le balancement perpétuel conduit à la confusion. Trop à droite, dit la majorité en observant Darmanin  à la manoeuvre. Trop à gauche, se sont offusqués des syndicats de policiers en écoutant Emmanuel Macron dénoncer les contrôles au faciès et reprendre le terme de « violences policières ».  L’effet boomerang le conduit alors à un nouveau coup de barre pour éviter la rupture avec les forces de l’ordre. Pensée complexe nous explique-t-on : le pragmatisme présidentiel est un système. Trop complexe pour le képi de base et le Français de la rue. La droite, pas mécontente de prendre l’exécutif en défaut sur la sincérité de son tournant « régalien », n’a pas de mal à dénoncer un Macron « caméléon », image qui se diffuserait même chez des macronistes.

Absence de convictions.

Le « en même temps » apparaît trop souvent comme le produit des hésitations d’un président qui se nourrit volontiers du dernier qui a parlé, ou en donne l’impression. Dès lors que le slogan s’enraye, il débouche sur une politique illisible,  il ne séduit plus au centre et déçoit à droite comme à gauche. En fait, c’est tout simplement parce qu’il traduit une absence d’idées et de convictions. Macron est certes un technocrate  brillant, Inspecteur des Finances, rompu aux rouages administratifs et aux tableaux Excel, beau parleur, mais sans aucune expérience politique de terrain qui aurait pu nourrir son imaginaire politique. Le macronisme n’a aucun contenu politique. Il ne peut pas faire rêver. Pas de convictions, pas d'expérience. Celui qui en parlait le mieux, c’est Bruno Le Maire qui disait très justement que Macron était une « coquille vide » (mais ça c’était avant qu’il rallie son camp).

Petite  métaphore pour conclure. Comment expliquer que Jean Le Cam caracole en tête du Vendée Globe avec son vieux bateau face aux petits bijoux bourrés de technologie des dernières générations d’Imoca, sinon par des choix météorologiques judicieux fondés par une expérience solide, une connaissance approfondie des possibilités de son embarcation et une capacité d’anticipation  hors paire. Expérience, choix, anticipation… et évidemment une vision claire de la course et de l’objectif. Voilà pourquoi il nous fait rêver. LUI !

 


UN BEAUVAU DE LA PALABRE

Casseurs 2

 

Réorganiser la police ?

Est-ce vraiment le sujet ? Après deux samedis de retour des manifestations de l’ultra-gauche contre  les « violences  policières » et contre la loi de « sécurité  globale », où l’on a vu à nouveau les groupes black blocs renforcés des casseurs professionnels, à l’action avec  leur cortège de violences, c’est de « violences civiles » dont on devrait parler. Quant aux forces de police, on leur a  fait jouer encore une fois le  mauvais rôle : celui de l’impuissance et du bouc émissaire.  Ce qui est en cause, ce  n’est ni le professionnalisme ni le manque de courage,  ni le savoir-faire des agents chargés du maintien de l’ordre, c’est l’absence de volonté politique de leur en donner  les moyens. Nous sommes   en face d’un pouvoir tremblant, qui refuse de prendre le risque d’une réponse  à la hauteur des violences,  alors que la volonté populaire le souhaite massivement. Encore faudrait-il, le cas échéant, que la chaine judiciaire suive, et  là  …

Darmanin désavoué.

Notre ministricule de l’ordre  public a récolté ce qu’il avait semé.  A force de  rouler des mécaniques, de faire des moulinets et de se livrer à des rodomontades, le résultat s’est retourné contre lui.  Il  a suffi d’une vidéo manipulée de  « violences policières »  sur un personnage pourtant déjà connu des services de police, à laquelle s’est ajouté le piège tendu par des « humanitaires bien pensants » de l’évacuation de migrants sur  la place de la République sous des caméras complaisantes,  pour que Mélenchon et  ses sbires reprennent la main. Avec la  loi en discussion au parlement, ils ont trouvé les prétextes tout prêts pour mobiliser leurs troupes. L’autorité de Darmanin, si tant est qu’il en ait jamais eu, a volé en éclat. Et Macron de lui reprendre la main. Dupont-Moretti : 1/ Darmanin : 0. Après un tel désaveu, s’il avait un peu d’honneur, il démissionnerait. Au lieu de cela, il va participer à une nouvelle mascarade : un « Beauvau de la Sécurité », qui souligne en creux son échec.

La procédure de l’inaction.

Quand on n’a pas envie d’agir, on crée une commission. Le procédé est aussi vieux que la démocratie athénienne. En l’occurrence, on va mettre autour de la table  touts ceux qui sont concernés par la sécurité et l’ordre public. Et, tenez-vous bien, Macron a l’intention d’y participer en personne. On peut donc craindre le pire : il n’en sortira que du « en même temps », c’est-à-dire, au mieux tout et son contraire,  au pire, rien ! D'ailleurs le principal syndicat de police a déclaré qu'il n'y participerait pas. Cela  veut dire qu’en attendant, si Mélenchon et ses amis gauchistes le désirent, nous aurons encore des samedis animés, avec  magasins saccagés et cocktails Molotov.  Quelle  joie en cette  période de fêtes pour les Français qui n’en demandent pas tant. Quant aux commerçants, ils pourront toujours se tourner vers l’Etat pour qu’il les indemnise des  stocks pillés et des vitrines éclatées.

Il y a pourtant moyen d’agir.

Les policiers le disent, les  magistrats  le confirment : point n’est besoin de lois spéciales. Il est possible d’empêcher ce gâchis avec  les  lois actuelles. Il suffit de les appliquer. Il est tout-à-fait possible de créer des brigades  spécialisées anti-black blocs, comme le réclame Bruno Retailleau : la surveillance des réseaux sociaux, l’infiltration, les arrestations préventives, la présence de policiers en civil parmi les manifestants, permettraient d’empêcher une grande partie de  la violence. Et puis il faudrait que la police apporte à la violence des manifestants une réponse proportionnée ou égale : ça calmerait ! Il faudrait aussi que les médias qui montrent les images de saccage en floutant les visages des délinquants soient poursuivis pour complicité.

Qu’on y prenne garde.

Mélenchon rêve d’un « grand soir ». Si les forces de police, gagnées par l’écoeurement mettent le genou à terre, Macron pourrait bien lui en offrir l’opportunité  à force de   prendre les Français pour des courges, avec  ses grandes déclamations martiales suivies de reculades minables, dénonçant le séparatisme pour replonger dans le communautarisme dont il n’arrive pas à se défaire, comme en témoignent ses propos sur Brut. On connaissait ceux qui se situaient ni à droite, ni à gauche, mais devant. Aujourd’hui nous avons celui qui se situe « et à droite » « et à gauche », c’est-à-dire nulle-part. Et c’est bien ça le problème ! Il crée un vide  dangereux.

 


GISCARD ETAIT UNIQUE !

Avec giscard001

Giscard nous a quittés.

Comme chaque fois qu’un ancien président disparaît, le chœur politique lui tresse des louanges, tous spécimens confondus réunis, les hypocrites au premier rang. Valéry Giscard d’Estaing n’échappe pas à la règle. Donc voilà notre  grand homme paré de toutes les vertus ou presque, et aussi victime d’analyses  souvent fausses car sorties de leur contexte de l’époque. Je ne vous imposerai pas ici la longue liste des réformes qu’il a engagées et qui ont profondément modernisé notre pays. Aucun président élu depuis ne peut s’enorgueillir d’un tel bilan national et international. Vous trouverez aisément  le détail dans les bons journaux. Il semble enfin que justice lui soit enfin rendue.

J’ai eu la chance de vivre son septennat en partie de l’intérieur puisque dès 1976 j’avais intégré le bureau politique national de GSL -Génération Sociale et Libérale-, le mouvement des Jeunes Giscardiens. Je me contenterai ici d’évoquer trois souvenirs et de tenter  de redresser deux idées fausses qu’on essaie de nous faire avaler aujourd’hui, notamment sur les causes de sa défaite de 1981.

Trois souvenirs d'un engagement politique.

Je suis issu d’une famille gaulliste que la guerre d’Algérie a déchirée. Dernier rejeton et donc le plus jeune, très tôt j’ai trouvé refuge dans le vote pour les Républicains Indépendants. Jeune prof de collège, je trouvais les interviewes de Giscard, alors Ministre des Finances, passionnantes et surtout limpides. C’est donc en toute  logique, qu’au retour de mon engagement dans la  coopération comme  enseignant au Maroc, en 1974, j’ai adhéré au Mouvement des Jeunes Giscardiens. Je peux dire que je fus happé par la passion politique.

Le premier souvenir que je voudrais évoquer c’est celui de l’université politique de 1975  à Montpellier. Innovation du mouvement  beaucoup imitée ensuite, il organisait à la fin de l’été un campus  qui durait 5 jours où alternaient ateliers animés par les sommités de la famille politique  et soirées joyeuses.  Je fus littéralement subjugué par la séquence qu’animait Henri Giscard  d’Estaing sur la « société libérale avancée ». Je bus  littéralement ses paroles, tellement je me sentais en pleine concordance  intellectuelle. J’y retrouvais toutes mes attentes et beaucoup de mes réflexions personnelles. Il faut dire que j’étais aguerri par les débats familiaux toujours très vifs et j’avais le sentiment de trouver là une mine d’arguments pour défendre ma différence. Mon adhésion aux thèses du Président fut acquise définitivement et conforta mon engagement actif pendant le septennat et bien au-delà.

Le second souvenir a trait à l’atmosphère politique de l’époque. Etre Giscardien, c’était se battre sur deux fronts. D’un côté la gauche qui, comme à son habitude, se complaisait dans une intolérance sectaire effroyable et une démagogie à toute épreuve,  ce qui valait sur le terrain des affrontements pouvant dégénérer en violence. De  l’autre côté, l’allié UDR devenu RPR, n’acceptait pas de concéder un pouce de terrain et ne rechignait pas à le faire savoir manu militari. Les campagnes électorales, dont une grande partie, à l’époque, était consacrée au collage d’affiches partout où la surface le permettait, pouvaient  tourner rapidement au parcours d’obstacles à côté duquel Koh Lanta est une rigolade. Entre l’arrachage des concurrents et le collage de son camp, les itinéraires conduisaient parfois à des rencontres « problématiques ». C’est ainsi, que lors d’une campagne cantonale, avec une de nos équipes, je collais des affiches pour le candidat UDF que nous soutenions.  Nous avions constaté que l’adversaire du PCF était passé avant nous. Qu’à cela ne tienne, nous avions décidé de le « recouvrir ». Du côté de Trélazé, fief du maire communiste Bertholet, nous étions affairés  à « habiller » un pont,  lorsque nous vîmes surgir de l’autre côté de la rue, quatre ou cinq malabars munis de barres de fer, qui étaient embusqués et qui probablement avaient décidé de mettre fin à notre entreprise « sur leurs terres ». Nous n’eûmes que le temps de nous engouffrer dans nos deux voitures et démarrer en trombe car il n’était pas question de livrer bataille. Nous n’avions pour nous défendre que nos brosses et les troupes présumées cégétistes n’avaient pas la réputation d’être tendres. Lors des législatives de 1978,  alors que j’étais candidat moi-même, je mettais un point d’honneur à accompagner nos militants sur le terrain, comme le faisait d’ailleurs mon concurrent RPR, en l’occurrence député sortant. J’eus l’honneur de rencontrer son gendre devant les panneaux officiels dont il avait recouvert  le  mien de l’affiche de son candidat  et que j’avais entrepris de remettre en état. Il menaçait de me casser la figure  et je pense qu’il aurait tenté de le faire mais j’eus la  présence d’esprit de lui dire : « Vas-y, ne te gêne pas, et en  plus je vais m’ouvrir le crâne en tombant sur le bord du trottoir et tout le monde saura demain à qui je le dois ! Quelle publicité pour ton candidat ! ». Il se ravisa et plia bagage avec son équipe et nous poussâmes un ouf de soulagement. L’accalmie ne dura pas longtemps, car dans un autre secteur, une de nos voitures fut attaquée par des socialistes  qui s’emparèrent du stock d’affiches que mes amis détenaient. Sous la menace de porter plainte et parce que le candidat socialiste était un homme de bon aloi qui désapprouvait  ces méthodes, il eut le courage de me les rapporter chez moi, avec ses excuses. Nous eûmes l’occasion de bavarder un moment et de cet épisode était née entre nous deux une estime réciproque. Et ça tombait bien,   parce que l’un des crédos giscardiens était la  « décrispation ». La vie politique sur le terrain en avait bien besoin !

Encore un dernier souvenir, pour la route. C’était à l’occasion de la venue en France  de la reine Béatrix de Danemark. A l’époque, nous avions fondé, Dominique Ambiel et moi,  le MEL, Mouvement des Enseignants Libéraux, dont j’étais le président national. Evidemment, ouvertement giscardien, nous regroupions essentiellement les enseignants adhérents du Parti Républicain et quelques autres. Sans doute pour récompenser notre action  et nos efforts, notre état-major national fut invité à la  réception officielle donnée en l’honneur de la reine au château de Versailles. Il fallut acheter une robe de soirée à Madame, magnifique, mais qu’elle n’eut jamais l’occasion de remettre, et je louai un superbe smocking pour la circonstance. Sur le carton d’invitation il était écrit : « cravate noire ».  Dont acte.  Nous arrivâmes au château : une foule d’invités se pressait à l’entrée, nous étions loin d’être les seuls, forcément. Le cadre du château illuminé offrait un spectacle déjà extraordinaire. Les nombreux participants étaient répartis dans les différents salons et la galerie des glaces était remplie par une table qui en occupait pratiquement toute la longueur, richement décorée par la vaisselle et les compostions florales.  Bref : c’était grandiose. Ne parlons pas des buffets, la République sait recevoir ! Il était prévu qu’à la  fin du repas, le Président avec son invitée et en cortège avec les sommités présentes, fassent le tour des salons pour saluer les invités. Pour  moi, une occasion de voir l’hôte de l’Elysée. Mais voilà, je n’avais pas  bien interprété le code vestimentaire. Je m’étais vite aperçu que, excepté quelques ploucs comme moi, je faisais partie des rares à porter une cravate au lieu d’un nœud papillon noir. En plus c’était la cravate que je réservais aux enterrements !  Que voulez-vous, quand on n’a pas l’habitude….

La défaite.

Giscard a perdu en 1981. De peu. Si l’on en croit les commentateurs, sa défaite serait due au détachement des Français survenu à la fin de son septennat à cause de son caractère hautain  et à l’isolement dans lequel  il se serait réfugié. C’est faire fi, d’une part de la guerre de tranchée redoutable que lui menait la gauche, surfant sur une montée du chômage provoquée par les deux chocs pétroliers encaissés par l’économie du pays, bien qu’il fût bien indemnisé, d’autre part de la campagne de sape menée par le RPR, Chirac ayant décidé d’être candidat, et qui s’est traduite par exemple par "l’affaire des diamants" montée de toutes pièces et habilement exploitée pendant la campagne en collant des images de diamants sur les yeux de Giscard sur ses affiches 4mx3m, et par l’incitation à voter pour Mitterrand faite en sous-main pour le second tour. Et enfin sa campagne de  1981 fut en partie ratée et ne connut pas le dynamisme de celle de 1974 : un Président accaparé par ses tâches, parti trop tard, et une direction de campagne inadaptée qu’il fallut reprendre en cours de route. Il fit cependant  la course en tête et rencontrait encore une adhésion populaire comme en témoigne le meeting d’Angers dont j’avais eu en charge l’organisation et qui accueillit 10 000 personnes sous un chapiteau place Leclerc. Son bilan économique et social satisferait bien nos dirigeants actuels : malgré les deux chocs pétroliers et la fin des « Trente glorieuses », un déficit budgétaire limité à 0,3 % du PIB à la fin du mandat, un taux d'endettement stabilisé autour de 20 % du PIB (Nous venons de passer de 100 à 120 %), un taux de chômage dans la moyenne de l'Europe alors que nous sommes maintenant au-dessus…

Macron-Giscard : rien à voir !

Enfin je récuse l’idée que Macron serait son lointain successeur.  C’est une arnaque des médias qui essaient de nous le vendre comme un Président de droite. Il est à Giscard ce que le canada dry … A la différence de Giscard, qui était de droite et qui savait rallier à lui le centre-droit, Macron est  fondamentalement social démocrate, c’est-à-dire de gauche.  Giscard était un libéral plutôt  décentralisateur qui s’accommodait de l’Etat jacobin tandis que Macron est avant tout un jacobin qui s’accommode  du libéralisme. Giscard cherchait le consensus et  le débat apaisé en respectant les partis existants, alors que Macron voudrait l’obtenir  avec le « en même temps » mais en faisant table rase des partis et en  pratiquant le « dégagisme ». Cela fait une sacrée différence.  D’ailleurs Giscard a pris grand soin de ne pas modifier les Institutions voulues par le Général De Gaulle qui étaient intactes quand il a quitté le pouvoir. 

Au-delà de sa vision d’une « société libérale avancée », Valéry Giscard d’Estaing restera comme un républicain qui aura assuré la stabilité et la sécurité de la France dans une période internationale périlleuse. Sa défaite en 1981 a marqué pour la France un tournant vers le déclin. Il aura été un  modèle de constance politique par une action fidèle tout au long de sa vie à des grands principes  dont il ne dérogea pas. En 1972, Il s’était décrit comme « libéral, centriste et européen ». Il est resté fidèle à ces trois principes tout au long de sa vie publique. Une vertu à souligner, non ? surtout par les temps qui courent ...

 


L’ORACLE A PARLE !

Macron déconfinement 24 nov

Pourquoi se presser les méninges puisque Nicolas Beytout dans l’Opinion, résume mieux que je ne l’aurais fait le "Macron Circus" d’hier soir. Je lui cède donc la place :

« Si l’objectif était de donner un cap, une trajectoire, alors c’est mission accomplie : nous avons vu mardi soir un président de la République transformé en lecteur d’une carte routière, détaillant les temps de parcours, les carrefours, les étapes, les points d’intérêts et jusqu’aux horaires d’ouverture des magasins croisés sur sa route. Quel étrange exercice que celui d’entendre le chef de l'Etat descendre dans un tel niveau de précision, et –c’est un comble— s’en excuser. Il faut dire que la situation créée par le second confinement était devenue tellement incohérente qu’il fallait casser le doute dans l’esprit des Français. Et comme le diable avait pris ses quartiers dans les détails, il fallait bien plonger dans l’infiniment petit.

Nous voilà donc entrés dans un confinement d’un nouveau genre, une forme de saison 4 après celles du printemps, du couvre-feu de l’automne, et du reconfinement de novembre. Un confinement d’où pourront enfin plus ou moins s’échapper tous les commerçants, essentiels ou non, , les services à domicile et les lieux de culte. La pression était devenue trop forte, et le coût économique trop lourd pour continuer à ignorer les protestations de tous ceux qui, comme le dit Emmanuel Macron, « ne veulent pas être aidés, mais veulent travailler ». Quant aux restaurants, aux bars et autres lieux de fête, ils seront plus généreusement indemnisés qu’ils ne l’avaient probablement jamais imaginé. En somme, pour apaiser les tensions et tenir jusqu’au vaccin, c’est la règle du « un râleur, une solution ».

Reste que les aides annoncées tardent à arriver et que  les trésoreries sont à sec, surtout chez les tenanciers de bars et les restaurateurs.  Indemniser  à 20% du CA, c’est  beaucoup pour les caisses de l’Etat, mais une goutte d’eau dans la mer pour des établissements qui auront été  fermés près de six mois sur 12. Combien pourront rouvrir le  20 janvier, l’hécatombe risque d’être au rendez-vous.

Autre défi sur lequel l’exécutif, qui veut tout piloter d’en haut, risque de  buter : la  vaccination.  En dehors du fait qu’on sait qu’elle ne sera pas obligatoire et que les vaccins devraient être au rendez-vous,  c’est sur l’organisation pratique qu’il sera jugé. Si les pilotes sont la Sécu et les  ARS  comme pour le « tester-tracer-isoler », le pire est à craindre. Un pari stupide qu’une volonté affirmée de décentralisation aurait pu éviter. Mais comme on a un « Monsieur Vaccination » national qui a été nommé pour être en charge de l’opération, un énarque sûrement, tout va bien ! N’a-t-on pas comme Premier Ministre l’ex « Monsieur Déconfinement » ( Vous savez, ce monsieur plein de certitudes qui a inventé l’eau chaude et le fil à couper le beurre)…

Je laisse la conclusion à Nicolas Beytout : « Après avoir eu tant de difficultés avec les masques, le gel, les tests, la campagne de vaccination sera le vrai, le dernier révélateur de la capacité du gouvernement à gagner la guerre contre le virus. Et si la carte routière nous amène à destination, c’est de cela qu’on se souviendra. »

Autrement dit, à un an de l’échéance, pour Macron, ce sera une manière de jouer la Présidentielle à la « roulette russe ». Après tout si ça l’amuse !

 


EN ATTENDANT L’ORACLE !

Macron voeux 2020

 

A quoi cela sert-il d’annoncer une semaine à l’avance la prise de parole du Président ?

Tout bonnement à occuper  les  médias  qui ont fait défiler tous les faux experts pour les  sonder  sur ce que devraient être les annonces dont ils  n’ont pas connaissance au moment où ils parlent, et surtout faire toutes  les supputations  possibles au cours de débats  aussi inutiles que fastidieux. Secondement, la période est  mise à profit par l’exécutif pour lancer des pistes et autant de ballons d’essais afin de choisir les décisions qui paraîtront les  plus lucratives pour la popularité de l’intéressé, et finalement faire  croire qu’il a un cap, élément de langage qui revient beaucoup depuis quelques jours, alors qu’il  ne fait que suivre la  pandémie,  l’œil  rivé aux stats que Véran lui passe et à la courbe des sondages.

Mardi, nouvelle séance de « Au théâtre ce soir » !

Le 24 novembre à 20h l’oracle va parler.  Pour ne pas dire grand-chose, puisque depuis trois jours, via Castex et Attal, tout ou presque a déjà été dit.  Mais Manu a besoin de se sentir chef et suivi.  C’est certain, il  aura encore ses 25 millions de pigeons devant la lucarne magique  à boire ses  paroles à l’affût de  l’annonce qui simplifiera la vie à tel ou tel.  Mais pour ceux que cela inquièterait, ce ne sera pas la dernière séance.  Car il va faire durer le plaisir : à savoir qu’il devrait  exclure le « déconfinement » !  Il s’en est ouvert dans les colonnes du JDD d’aujourd’hui  avec le ton  martial du chef de  guerre déterminé qu’il n’est pas. Et il  nous prévient déjà pour que nous ne soyons pas  déçus : « Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin. Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap. Savoir ensemble où nous allons et comment y aller (ça on aimerait bien le savoir). C’est difficile, car la pandémie est par essence imprévisible et mondiale (donc on ne sait pas où on va). Mais c’est la clé de la confiance, qui elle-même est la clé du succès. » Du pur Macron, tout et son contraire  dans la même  phrase. Autrement  dit le cap, c’est qu’il n’y en a  pas. Et c’est normal.  Comment  pourrait-il y en avoir un ? Il faudrait  une boussole, mais  la  sienne indique le Nord et le Sud « en même temps » !

Faire durer la comédie.

Pour instaurer un simulacre de confiance, il faut donner des gages de crédibilité dans  la  gouverne. On fait donc dans la dramatisation. Donc, Macron ne va pas nous promettre des lendemains qui chantent. Pour le Président, le déconfinement est totalement exclu et il ne prononcera même pas le mot lors de son allocution. Il fera un état des lieux de l’épidémie,  comme si on ne le connaissait pas, alors qu’on a droit à un récapitulatif quotidien, et annoncera des mesures d’allégement du confinement. Quelques bonnes nouvelles dont on nous a déjà largement abreuvés. Il détaillera les modalités de réouverture des commerces « non essentiels »  et nous expliquera très certainement comment les fêtes de fin d’année vont se dérouler. On attend avec impatience de savoir si on pourra recevoir la famille et  combien on pourra être à table. Par décret, comme pour le sapin. L’annonce de la réouverture des lieux de culte devrait également se faire ce mardi. D’abord, ils n’étaient pas fermés, mais ceux qui veulent pourront enfin retourner assister aux messes. Un petit mot pourrait également être prononcé pour les grands perdants de cette période : les bars, restaurants et les lieux de culture qui ne devraient pas pouvoir réouvrir avant Janvier. Mais teasing oblige : tout n’a pas été préannoncé. Le chef s’est réservé quelques précisions : par exemple, les stations de sport d’hiver vont-elles pouvoir ouvrir, pourra-t-on réveillonner le jour de l’an, ….  Bah oui, sinon, bonjour l’audimat.

Damage de piste.

Le gouvernement a aussi envoyé son minet au charbon, dans le même journal. Le « porte-parole »,  Gabriel Attal précise en effet  que « les assouplissements » au confinement se  feront en trois étapes au regard de l'évolution sanitaire et des risques liés à certaines activités : d'abord autour du 1er décembre, puis avant les congés de fin d'année, puis à partir de janvier 2021. Mais nous sommes prévenus d’ores et  déjà : le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi ! Une attestation pour se déplacer sera toujours nécessaire au-delà du 1er décembre, avait déjà déjà surenchéri le Premier ministre Jean Castex, mais le rayon d’un kilomètre ne serait plus maintenu pour prendre l’air. Attal juge par ailleurs « intéressante », « à titre personnel », la possibilité de rendre obligatoire l'isolement des cas positifs et des cas contacts, rajoutant  « Beaucoup de nos voisins l'ont fait et j'entends des Français qui estiment subir des contraintes qui pourraient être allégées si nous concentrions les efforts sur les chaînes de contamination ». Un avis dont le Président et son Premier Ministre  pourraient s’inspirer, d’autant plus que Les Républicains le réclament à cor et à cris. Mais il  est gonflé quand il affirme que les oppositions, « à défaut d'un esprit constructif » se sont « retrouvées au sein d'un conseil de défiance ».  Tellement facile de faire siennes les  propositions qui en émanent pour ensuite refuser en débat dans les Assemblées  toute proposition qui ne vient  pas de la Majorité.  En voilà encore un qui, au bal des faux-culs, ne ferait pas banquette.

On verra si,  sur la vaccination, ils auront su anticiper. Le ratage  complet de l’opération « tester, tracer, isoler »   ne plaide pas en leur faveur.

 


SARKOZY : LA JUSTICE IMPARTIALE ?

Sarko-cible-

 

L’affaire du financement libyen de la campagne de 2007.

Nouveau rebondissement : Ziak Takieddine, actuellement réfugié au Liban pour échapper à la justice française, a démenti ses précédentes allégations selon lesquelles il avait remis cinq millions d’euros dans trois valises à Nicolas Sarkozy lors de la campagne électorale de 2007. La somme était censée venir du pouvoir libyen, alors détenu par Mouammar Kadhafi. Rappelons que les juges avaient été jusqu’à mettre l’ancien président sur écoute pendant des mois  en 2012 en espérant récupérer des éléments  à charge  sans pouvoir alimenter le dossier. Le  témoignage de Takieddine, sulfureux intermédiaire entre la Libye et la France, était donc une pièce maîtresse de l’accusation. Du côté de la justice, on rappelle que le dossier, minutieusement monté contre l’ancien président, contient des accusations exprimées par d’autres parties. Mais elles n’ont pas beaucoup de crédibilité puisqu’elles émanent d’anciens affidés du dictateur libyen, lui-même assassiné lors de la révolution qui déchira son pays.

Menteur ?

Aussi se pose-t-on la  question de savoir quand M. Takieddine ment. Quand il accuse Nicolas Sarkozy ou quand il le blanchit ? C’est là que nait le soupçon d’une justice partiale.  Elle  ne veut retenir que la  version qui accuse l’ancien président. Celle qui  accuse un magistrat instructeur selon lequel  il y aurait eu un marchandage obtient en retour : « circulez, il  n’y a rien à voir !». C’est une particularité bien française : un juge ne se trompe jamais et donc ne se dédit jamais, quitte à ce que la procédure aboutisse à une relaxe ou un acquittement à la fin de la procédure, comme dans l’affaire Bettencourt.

Des preuves !

Pour Nicolas Sarkozy, qui clame son innocence et tient, comme tout un chacun, à défendre son honneur,  et dont la carrière politique pourrait ne pas être terminée bien qu’il s’en défende, les propos de Takieddine arrivent comme le printemps après l’hiver. On peut comprendre que tous ses amis qui croient à son innocence exultent, d’autant plus  qu’apparaît  au grand jour le soupçon que les investigations ont été conduites à charge, avec en plus des arrière-pensées politiques. Rappelons le concours empressé de « certains médias » dont on sait le parti pris qu’ils nourrissent toujours contre l’ancien président et qui souhaitent toujours l’abattre. En effet, dans ce dossier très politique, l’hypothèse élaborée relève plus de la  fiction que de la réalité. Car les témoignages fournis par d’anciens dirigeants  libyens pouvaient logiquement être inspirés par une ardente envie de vengeance après l’intervention française qui a empêché Kadhafi de s’emparer de la Cyrénaïque en rebellion. Cette  évidence devrait être  prise en compte par les magistrats instructeurs en lieu et place des scénarios qu’ils proposent en hommes incapables de la moindre impartialité, scénarios qui ne sont soutenus par aucune preuve sinon une déclaration écrite d’un ancien Premier ministre libyen dont la crédibilité est proche de zéro, en admettant même que le document soit réel. Le point essentiel de toute cette affaire, c’est que les juges, tout pétris de soupçons qu’ils soient, ne disposent d’aucune preuve. Car ce n'est pas à Sarkozy de démontrer son innocence  !

Une réforme de la justice.

Comme le dit Robert Badinter : « il faut préférer la relaxe d’un coupable à la condamnation d’un innocent ». Les juges le savent mais, parce que ce dossier implique Nicolas Sarkozy, ils n’ont pas songé un seul instant à faire leur la conviction de l’ancien Garde des sceaux. Le problème, alors, dépasse le cas de M. Sarkozy, en tant que justiciable. Il est celui du fonctionnement de la justice en France. On peut espérer qu’Éric Dupont-Moretti, l’actuel ministre de la Justice, soit conscient, lui, du problème. Il sait à quels murs il s’est heurté quand, en tant qu’avocat, il défendait des malheureux qui, n’ayant pas l’envergure d’un ex-chef d’État, étaient livrés pieds et poings liés à des jurys plus inspirés par leur « intime conviction » que par le savoir des experts. D’ailleurs la magistrature observe son action avec mauvaise humeur. Comme nombre d’institutions nationales, la justice française a besoin d’une réforme. Des préoccupations sanitaires et économiques nous en éloignent. Elle n’en est pas moins indispensable et urgente.

Acharnement.

En tout cas, cet épisode légitime un peu plus le soupçon d’acharnement judiciaire contre l’ancien président. On est tenté de faire le parallèle avec  la célérité avec laquelle fut menée l’affaire Fillon en pleine campagne électorale. Si les juges voulaient délégitimer la  fonction politique, ils ne s’y prendraient pas mieux. Et l’on peut aussi se poser la question du bien fondé de l’existence d’un « parquet financier » disposant de moyens d’investigations qui semblent pour le moins discrétionnaires pour ne pas dire arbitraires. 

 


FERME-LA (BOUTIQUE) ET MEURS !

Confinement librairie

 

Les confinis parlent aux confinés.

La conférence de presse de Castex a été un modèle du genre, comme d’habitude : discours scandé au rythme des slides, sans affect, avec les  froides  certitudes chiffrées du technocrate, ne prenant en compte aucune des vraies  réalités sinon à travers le prisme bureaucratique. De quoi vont-ils se plaindre ces commerçants puisqu’ils auront des aides ! Monstrueux, tout simplement monstrueux. Ces gens-là sont à cent lieux-lumières de la  réalité vécue par des commerçants qui ont fait rentrer leur stock et qui n’ont plus aucune rentrée d’argent que le compte-goutte hypothétique du « commandé-livré » Pour certains, ce qui ne représente même  pas un pis-aller. Deux jours d'une attente anxiogène alimentée de spéculations en boucle sur les chaînes d'info sur ce qu'il allait annoncer. Pour finalement ne rien dire qu’on ne sache déjà.

Le coup de grâce.

L’entêtement de nos gouvernants porte le coup de grâce aux petits commerces, à commencer par les bars, les restaurants, les hôtels et les clubs de sport qui n'ouvriront vraisemblablement pas avant les fêtes de Noël. On n’a pas le droit de participer aux offices, mais pour eux la messe de Noël est dite : une large partie ne s'en relèvera pas. Pour ceux-là, on va droit au massacre. Pour les autres commerces, il reste l'espoir d'ouvrir début décembre. Mais cela ne suffira pas à sauver l'année, d’autant   plus que les contraintes sanitaires imposeront des protocoles très contraignants qui ne permettront pas de rattraper le  manque à gagner par une chalandise plus nombreuse. Loin de là. Et là encore, les faillites vont se multiplier. Tout simplement dramatique. La bureaucratie aveugle ne fait aucun effort pour se baser sur un risque sanitaire avéré et s'adapter à la situation des territoires. On crève d'égalité  et d'uniformité !

Même chez nous.

En plus, Castex a commencé à nous expliquer comment nous n’allons pas passer les fêtes de Noël en famille...Jusqu’où ira l’audace bureaucratique dans la privation de nos libertés ?  Combien de temps va-t-on encore se faire infantiliser en permanence ? « Il s’agit de ne pas desserrer la bride » : mais à qui parle-t-il ? Sommes-nous des toutous ? « Ce serait irresponsable (de sa part)… »,  parce que les Français le seraient ? Nous avons l'impression que le reste du monde fonctionne comme nous,  mais rien n’est  plus faux !  Notre pays est une exception. Aucun de nos voisins n’oblige à posséder des « autorisations de déplacement » et ce  serait même impensable dans de nombreux pays, comme la Grande-Bretagne. Impensable aussi, un gouvernement qui déciderait de nos réunions familiales ou de nos fêtes de Noël, mais nous, nous acceptons tout. Pas tous, mais une majorité tout de même. Et il faut bien se soumettre parce que le « gendarme » va sévir. Il est vrai qu’il est plus facile de traquer la pauvre mémère qui n’a pas pensé à remplir sa paperasse que de faire appliquer le confinement dans certains quartiers. La surmortalité d’un département comme la Seine-St-Denis en dit long.

Et tout ça pourquoi ?

Parce qu’on a un système hospitalier sous-dimensionné à qui il faut éviter l’embolie et qu’on a un dispositif de soins incapable d’appliquer la seule stratégie efficace  «  tester, tracer, isoler ». On a 30% de fonctionnaires en trop dans les services  administratifs, dit-on, on devrait  donc pouvoir faire du dépistage en masse !  Mais voilà, on apprend que la sécu et les ARS ont des systèmes informatiques incapables de dialoguer…. Alors exit le XXIème siècle, retour au Moyen-Age ! On confine !  Où passe notre pognon ? Dehors Véran, mettons Douste-Blazy ! Mais pourquoi s’inquiéter  puisque Bruno Le Maire renforce les aides à tour de bras avec de l’argent qu’il n’a pas et qui de toute façon arrivera… trop tard ! La vérité c’est que le gouvernement français est en échec complet et que la France a les chiffres les plus mauvais de toute l’Europe pour la réponse à la pandémie.  Difficile à contester, les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Pauvre France !

 


LE MALAISE

Malaise Castex

 

« Y a comme un défaut », aurait dit Fernand Raynaud. En ce mois de novembre, avec ce nouveau confinement, le  pays ne va pas bien : grogne, violence sourde, morosité, théorie du complot, réseaux sociaux en ébullition, chute vertigineuse de la confiance … Il faut regarder les choses en face et tirer la sonnette d'alarme. Et passer outre aux injonctions des moralisateurs  comme quoi il ne faudrait  pas critiquer l’action des « chefs » sous prétexte d’irresponsabilité ou de politique politicienne. Pour parer à cet écueil, on se contentera des faits.  Indiscutables. Tirons un premier bilan, temporaire. Et il est désastreux pour la France, aux plans sanitaire et économique. Nos partenaires européens n'ont pas confiné aussi durement que nous au printemps et pas plus maintenant. En conséquence, notre économie a souffert et va souffrir plus que celle de nos partenaires. Là où l'Allemagne va perdre un peu moins de 6 points de PIB en 2020, nous allons en perdre plus de 11. C'est presque deux fois plus. Ce nouveau confinement, dont l'impact sur le PIB est estimé à 50 milliards et qui représente 20 milliards de dépenses supplémentaires, nous entraîne vers une dépense publique à 63,4 % du PIB. 

Les  chiffres sont terribles.
La France n'a pas voulu choisir entre l'économie et la vie, elle a même oublié que l'économie c'était aussi la vie. Il faut bien admettre que le « en même temps » cher à notre gouvernement a des effets dévastateurs.

Voyons le plan sanitaire.

Avec 600 morts du Covid par million d'habitants, nous venons de dépasser la Suède, dont le modèle a pourtant été très critiqué, et nous nous rapprochons à toute vitesse de l'Italie (679), des États-Unis (724) et de la Grande-Bretagne (736). L'Allemagne est à 137, tiens donc ! La France est devenue l'épicentre de la pandémie. Si on regarde le nombre de décès du Covid sur les 14 derniers jours pour 100 000 habitants, nous affichons 8,2, l'Italie 6,4, la Grande-Bretagne 6,2, l'Allemagne 1,5 et la Suède 0,9. Les chiffres sont sans appel. Il ,est inutile de rappeler ici que nous avons le système de santé dont le budget rapporté au PIB est largement un des plus élevés au monde. Manifestement l’argent est  mal  dépensé et ne va pas là où il serait le plus efficient.

Du côté de l’économie, ça ne vaut pas mieux.

Là encore les chiffres sont sans appel. Sur 2020 nous afficherons une des plus mauvaises performances économiques mondiales. Avec une baisse du PIB de 12%, nous explosons les compteurs par rapport à toutes les grandes puissances économiques, et de très loin, à part l'Espagne et l'Italie : Chine +1,8%, États-Unis -4,3%,  Suède -4,3%, Japon -5,3%, Allemagne -6%, Grande-Bretagne -9,8%. Nous devions nous rattraper grâce à un plus fort rebond en 2021, de 6% mais il est révisé à la baisse mois après mois, forcément. Et s'il se situe finalement à 4,5/5%, nous serions au même niveau que nos partenaires qui ont beaucoup moins plongé en 2020. Pas brillant, donc.  Et encore, laissons de côté les indicateurs du chômage, de la balance commerciale, du déficit budgétaire et de la dette.  Inutile d’enfoncer le clou. Ils sont calamiteux.

Les incohérences et les volte-face.
La simple observation des faits nous oblige à faire  le constat des errances des décisions qu'on appelle maintenant pudiquement le « stop and go ». La pandémie est passée du « nous sommes en guerre » à « la guerre est finie, c'est la libération, sortez et consommez pour sauver l'économie », puis à « nous allons tous mourir, car vous ne faites pas d'effort » avec les effets dévastateurs qu’on constate. On avait cru comprendre que travailler au maximum malgré le virus devait redevenir la règle commune pour tous les Français, quel que soit le secteur. Sauf, visiblement, pour les commerces considérés comme non essentiels. Agnès Verdier-Molinié commente ironiquement : « Vos chaussettes sont trouées et vous avez besoin d'en acheter une paire rapidement ? Ce n'est pas essentiel. Vous avez envie de fumer ? C'est essentiel. De lire un bon livre ? Pas essentiel. Besoin d'un vêtement d'enfant en deux ans ? Essentiel. En trois ans ? Interdit. Kafka n'y retrouverait pas ses petits. » Malheureusement, le commerce se relèvera difficilement de ce « stop and go ». N'attendons pas quinze jours pour rouvrir les commerces, même s'il doit y avoir des règles sanitaires contraignantes. Une large partie des petits commerces va aller directement en liquidation. Alors que les commerçants demandent une vision et un cap, on leur répond par des aides, de l’assistanat et l’aumône. Mais enfin, les commerçants ne sont pas des mendiants, ce sont des entrepreneurs. Pourquoi leur refuse-t-on le droit  de travailler ? Les arguments avancés sont incohérents.

Il y a des raisons de positiver.

L'économie mondiale  ne va pas si mal. Et même l'économie française. Car nous avons la chance de faire partie de la zone euro, et d'avoir la Banque centrale européenne qui finance largement l'économie.  Cela nous permettra de passer ce cap difficile, même si dans l’absolu, on peut déjà annoncer, sans prendre trop de risque, qu’à la fin de la pandémie, le bilan sera désastreux. Surtout par comparaison avec l’Allemagne, la Suède, et même les États-Unis ou la Grande-Bretagne. D’ailleurs, il a suffi qu’un laboratoire annonce la  mise au point du vaccin salvateur pour que le ciel s’embrase d’un soleil boursier éblouissant. Certes, on a connu des hausses de marché en une journée supérieures à celle de lundi, notamment après la crise de 2008. Le CAC 40 a violemment accéléré pour terminer la séance du jour en hausse de 7,57 % à 5 336 points. Le groupe pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ont indiqué que leur vaccin était efficace à plus de 90% contre le Covid. Du coup, les derniers sont devenus les premiers. En effet, les valeurs massacrées du fait du Covid ont connu des progressions de plus de 30 ou 40% et les valeurs dites « Covid », notamment dans le digital, qui avaient connu des progressions fulgurantes, ont chuté lourdement.

Rien de nouveau sous le soleil.  Vivement le  monde d’après quand même ! En espérant que le peuple et ses élus soient un peu plus écoutés. Et n'attendons plus pour faire confiance aux Français en supprimant cette attestation de déplacement, unique en Europe, qu’il est tellement facile de contourner, qui infantilise et maintient un climat de défiance à l'heure où nous devrions être soudés. Il faut faire confiance à nos élus locaux et à notre Parlement pour co-construire le chemin de la sortie de ce confinement avec de la souplesse en fonction des territoires au lieu de camper sur des positions bureaucratiques ineptes, étatiques, dictées avec un autoritarisme entêté.

N'oublions pas qu'il y a, non pas un, mais deux combats à gagner : le sanitaire et l'économique. Sinon, les « survivants » n'auront que la crise économique et le chômage en héritage.

 


LA REPUBLIQUE EN RUINE

Marianne pleure

 

On l’invoque à tous propos, mais tous les piliers sur lesquels notre République est fondée sont attaqués ou rongés.

L’école effondrée.

L’ignoble attentat dont a été victime ce professeur de Conflans-Ste-Honorine s’attaque à la République parce qu’il vise l’un de ses prérequis les plus essentiels : la liberté de pensée, fille de l’esprit  critique, qui ne va pas sans la connaissance qui est la source de la raison. C’est  donc l’institution scolaire qui est atteinte en premier. Notre République est fondée sur « Les Lumières » et l’école en est le vecteur principal. Pour les obscurantistes, qui prospèrent sur l’ignorance, le savoir est un adversaire qu’il faut exterminer. La multiplication de ces crimes barbares ne doit pas seulement nous inquiéter. Les condamnations verbales, aussi définitives soient-elles,  ne sont plus suffisantes. C’est  une guerre civile larvée que nous mène le terrorisme islamiste, il nous faut  le combattre vigoureusement par des actes et pas seulement par les mots. Mais l’école elle-même est malade depuis de nombreuses années. L’effondrement du savoir en est le symptôme le plus visible. C’est un lieu commun que d’affirmer que le système éducatif est au bout du rouleau. La France ne cesse de reculer dans les classements internationaux, mais ce n’est que la  partie visible de l’iceberg. Des enseignants parmi les plus mal payés d’Europe, le refus d’apprendre de certains élèves, des programmes édulcorés, l’autorité contestée… et pour finir des diplômes dévalués pour ceux qui en obtiennent un. L’école de la République n’est  plus ce qu’elle était.

La laïcité contestée.

Principe établi de la République française, la laïcité  en est une spécificité. La séparation de l’Etat laïc et de la religion fait  partie de notre identité nationale. Elle est régie par la  loi de 1905 qui relègue la pratique religieuse dans la sphère privée et qui recommande  la discrétion dans l’espace public. C’est en son nom que des millions d’étrangers ont pu être assimilés et acquérir la pleine citoyenneté française. Certains en font une lecture erronée : la « laïcité ouverte » ou élargie qui voudrait laisser s’exprimer les spécificités culturelles. On en voit le résultat : cette conception conduit au multiculturalisme et au communautarisme. C’est ce qui empêche de « faire nation ». En s’attaquant à un enseignant laïc de l’école publique, l’assassin s’attaque donc aussi à ce principe fondamental.

L’Etat régalien impuissant.

Notre République est aussi dotée d’un  Etat aux pouvoirs régaliens, notamment  ceux qui garantissent la liberté et la sécurité des citoyens. Il n’y a pas de liberté sans sécurité.  Or celle-ci est battue en brèche quotidiennement. C’est  même devenu un feuilleton quotidien. Quel sera  l’atteinte du jour aux forces de l’ordre ? Car chaque jour nous apporte une agression ou un refus d’obtempérer aux conséquences dramatiques, son lot « d’incivilités » pour ne pas dire de violences : une fusillade à Marseille, une attaque de commissariat aux mortiers d’artifice par une quarantaine d’individu, une agression au couteau, sont la chronique de la France ordinaire. Et on va occuper les forces de l’ordre  à surveiller les réfractaires au couvre-feu, comme si elles n’avaient rien d’autre à faire. Pour leur remonter le moral, heureusement elles peuvent compter sur  les coups de menton et les tweets de  Darmanimbus.  En attendant elles doivent faire avec le  manque d’effectifs, du matériel à bout de souffle et des locaux souvent pitoyables.

La démocratie en crise.

Le système démocratique instauré par la Vème République est aujourd’hui bien mal en point. La maladie dont il souffre s’appelle « abstention ». A chaque échéance le nombre de citoyens qui participent au scrutin diminue jusqu’à moins d’un électeur sur deux. La légitimité d’un président élu est assurée par le quart du corps électoral, ce qui lui donne une base électorale étroite pour gouverner. Le scrutin qui mobilise le moins c’est celui de l’élection des députés au parlement européen. Les dernières élections municipales ont atteint des records, mais la crise sanitaire ne permet pas d’en tirer un jugement définitif. Les échéances de 2021, départementales et régionales, si elles ne sont pas gênées par la covid, permettront d’y voir plus clair en matière de participation. Il faudrait une réforme des modes de scrutin : comme l’affirme Xavier Bertrand, élu d’une région où la gauche a préféré se retirer du second tour pour empêcher le Front National de gagner, il n’est pas sain que dans un hémicycle il n’y ait que deux courants politiques de représentés. Il n’est pas certain pour autant qu’une meilleure représentation incite davantage de citoyens à aller voter. Le fond du problème tient dans la défiance à l’égard de la politique et du monde politique qui règne en France. Avant toute réforme qui pourrait aggraver le mal en rendant le pays ingouvernable, la question à laquelle il faut répondre est : « Comment rétablir la confiance ? ».

La Nation effacée.

La France n’est pas le pays d’un peuple, d’une race ou d’une ethnie, c’est une Nation. Elle est le creuset dans lequel se sont fondus des peuples venus de partout en Europe depuis la nuit des temps. La République en a reçu l’héritage. Elle l’a élevée, grâce aux « Lumières », jusqu’à l’universel, par le principe de raison. Elle est fondée sur l’idée de patrie et le peuple souverain décide de son destin par l’éducation, le savoir et l’esprit critique qui rendent possible le débat démocratique. C’est comme cela qu’elle a permis à tous ceux qui voulaient s’installer d’où qu’ils viennent, de devenir français, citoyens à part entière, pour peu qu’ils adhèrent  à ces principes. Mais aujourd’hui, parmi ceux qu’elle accueille, il y en a qui refusent de partager l’esprit des lumières, préférant conserver leur culture obscurantiste et leur théocratisme. Ce refus d’assimilation conduit au communautarisme, au refus de « faire nation » ce qui est incompatible avec les valeurs de notre République. Mais la nation est aussi fragilisée par la construction européenne, dont certain ont peur qu’elle dilue notre identité nationale dans un concept plus large de « nation européenne » qui suppose des souverainetés partagées.

La République, dans sa conception jacobine, est un bloc. Or, celui-ci est de plus en plus fissuré : l’égalité par le mérite laisse place à la discrimination positive, la démocratie plie sous les coups des passions irraisonnées, la patrie tend a s’effacer au profit d’une souveraineté partagée dont on discerne mal les contours, la laïcité est sapée par le multiculturalisme et le savoir, la science sont combattus par les obscurantismes de tous poils. C’est un tel contexte qui conduit au drame que nous avons vécu vendredi : un crime odieux qui nous jette à la face ce qu’est l’application d’une autre loi, celle de la « charia », au nom de laquelle il a été commis. Souhaitons que son horreur provoque en réaction le réveil de tous les citoyens de bonne volonté qui croient encore dans la France éternelle, la « seule France » aurait dit le Général De Gaulle.


UN BUDGET 2021 LARGEMENT VIRTUEL

France-faillite

Avant la crise du Covid, le gouvernement n'avait pas réduit les dépenses publiques.
Mais celle-ci lui donne un prétexte pour aller encore plus loin et exploser tous les records budgétaires.

Un délire de dépenses.

Bruno Le Maire a présenté le projet de loi de finances pour 2021 et force est de constater que c'est le délire le plus total : Le déficit sera de 200 milliards d'euros. Rappelons qu'il était déjà à 92,7 milliards avant la crise du Covid. Et pour 2021, pour l'instant, il est prévu à 152,8 milliards. Mais le chiffre sera évidemment revu à la hausse, car 2021 est une année préélectorale et la distribution de cadeaux sera inévitablement encore conséquente. De son côté, avec 200 milliards de dettes supplémentaires sur le seul deuxième trimestre de 2020, la dette était passée à 114,1% du PIB à la fin du mois de juin. Le gouvernement l’envisage à 117,5% du PIB fin 2020 et 116,2% fin 2021.
Mais ne vous inquiétez pas, au train où va la dépense publique, on fera pire que ça !

Deux chiffres illustrent l'absurdité de la situation actuelle : 117,5% du PIB, comme on vient de le voir, c'est le niveau record d'endettement de la France prévu dans le budget du gouvernement à la fin de l'année 2020 ; -0,25% c'est le taux auquel la France emprunte sur les marchés à 10 ans. C’est du jamais vu. Plus les déficits budgétaires sont élevés, plus la dette est élevée, plus la France... gagne de l'argent puisqu'elle emprunte à taux négatif. Voilà une « anomalie » des marchés que le gouvernement, addict à la dépense, a vite exploitée. Il s'est engouffré dans la brèche dès que l'Allemagne a fait sauter le verrou de la limite du déficit à 3% ! Elle emprunte donc à un taux largement négatif, grâce aux achats massifs de la Banque Centrale Européenne qui finance ainsi ces dépenses publiques elles-mêmes massives. Le monde marche sur la tête.

La gageure du budget 2021.

Dans le contexte actuel de crise sanitaire qui se prolonge, l’élaboration d’un budget pour l’année prochaine relève d’une forme de gageure. Ce que semble souligner l’avis rendu le 21 septembre par le Haut-Conseil des Finances Publiques (HCFP). Il ressort de son examen que l’édifice intellectuel du PLF (Projet de Loi de finances) souffre « d’apesanteur ». On ne sait si le compliment vise Jean Castex ou Bruno Le Maire et les services de Bercy.

D’abord, c’est le socle qui est sapé par le Haut Conseil : la prévision de croissance est surestimée. Il ne valide pas l’hypothèse de 8,1% retenue par Bercy. « la prévision d'activité́ pour 2020 est prudente et, à l'inverse, l'ampleur du rebond prévu pour 2021 est volontariste. » Pour qui connaît les nuances sémantiques des usages scripturaux administratifs, nommer un chiffre de « volontariste » revient à ne pas lui accorder de rigueur. D'aucuns diraient même de rectitude. Dès lors que la croissance visée se situe, compte tenu des derniers rebondissements de la crise de la Covid-19, à près du double de ce qui aboutira, on  peut en déduire que le budget n’est guère réalisable. D’autant plus que, deuxièmement, le même Haut conseil est réservé quant à la vigueur de l'investissement dont il estime la prévision trop élevée en raison des facteurs nombreux qui pourraient gêner la reprise de l’investissement productif, qu’il s’agisse de la structure de bilan des entreprises fragilisée par l’endettement, et des perspectives de débouché peu porteuses dans certains secteurs. On ne peut dire les choses plus clairement.

Finances publiques à la dérive.

Avec 152,8 milliards d'euros de déficit public, soit l'exacte moitié des ressources nettes fiscales de 2019, l'Etat - donc nous - est dans une passe délicate qui imposera de lever plus de 260 milliards de dette additionnelle en 2021. Et encore, à condition que les recettes fiscales ne s’érodent pas alors que le Ministère des  Finances projette une contraction du PIB de 200 milliards en 2020. Quant au plan européen, le montant exact des financements européens, supposés améliorer le déficit public de 17,3 milliards en 2021 dans la prévision du gouvernement, reste incertain. Et la conclusion est sans appel : « En conséquence, le Haut Conseil estime nécessaire l'adoption dès le printemps 2021 d'une nouvelle loi de programmation des finances publiques fixant une nouvelle trajectoire d'évolution du PIB et du PIB potentiel ainsi que de finances publiques. »  C'est donc l'acte de décès de la loi de programmation votée le 22 janvier 2018 pour la période 2018 – 2022 !

Bercy lit dans une boule de cristal.

Le Gouvernement, comme les principaux organismes de prévisions, élaborent leurs scénarios macroéconomiques sous l'hypothèse forte d'une amélioration de la situation sanitaire, en France comme dans le reste de la zone euro. Au-delà des incertitudes qui portent sur l'activité elle-même, Le Haut Conseil souligne que les outils mobilisés habituellement par les économistes pour prévoir l'emploi sont rendus inadaptés par plusieurs facteurs : l'ampleur inégalée de la chute de l'activité au premier semestre comme du rebond qui lui succède ; l'impact des mesures sanitaires sur la productivité des entreprises ; la très forte hétérogénéité des évolutions sectorielles qui interdit d'ignorer la composition de l'activité, alors que celle-ci joue un rôle beaucoup plus faible dans des périodes normales ; la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement des entreprises et de soutien à l'activité financées par le secteur public. Un avis qui révoque les outils utilisés par les économistes et appelle à la quête de créativité (« think out of the box ») et au progrès de l'économie politique. Bref : il faut faire sortir de la routine une administration sclérosée  et obèse, remplie de certitudes. Les  150  fonctionnaires en moins font sourire. Il ne reste plus au Parlement qu’à agir vigoureusement pour rétablir le niveau de flottaison d'un budget qui appelle déjà une future loi de finances rectificative. Le  gouvernement et la majorité en auront-ils la volonté ?

Retour sur Terre.

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, s'est exprimée, devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Et elle n’a pas mâché ses mots : « Les entreprises sont confrontées à des difficultés, les gens perdent leur emploi… La reprise reste incomplète, incertaine et inégale... Le PIB réel de la zone euro ne devrait retrouver les niveaux d'avant la crise que vers la fin de 2022 ». Voilà qui plombe un peu plus le discours optimiste de notre argentier. L’économie française qui peinait déjà à rebondir, ralentit déjà. La consommation des ménages marque à nouveau le pas. L'épargne continue de déborder et les entreprises n'investissent toujours pas. Enfin, pour compléter  le tableau d’une reprise en K, les secteurs de l'économie déjà au tapis voient tout espoir de redémarrage s'envoler. Une réalité qui contredit l’optimisme d’un budget surréaliste.




MEDIAS ABSENTS.

Gaulois2

 

Hier avait lieu le renouvellement de la moitié des sénateurs. Pas rien, quand on sait le rôle éminent que joue la « chambre haute » dans l’élaboration des lois et la représentation des territoires que le mode de scrutin dit « des grands électeurs » lui confère. Une élection évidemment intéressante  puisqu’il  s’agissait de vérifier si la majorité sortante serait confirmée, consolidée ou affaiblie. Le fait que le Sénat soit  dominé par  Les Républicains n’est pas non plus sans importance, puisque c’est la première force parlementaire d’opposition politique.  On pouvait donc imaginer que les médias s’intéresseraient à l’événement dont le résultat aura forcément des conséquences sur la suite du quinquennat. Eh bien niquedouille ! 

Quand ceux qui gagnent n’ont pas l’heur de plaire.

Il n’y avait guère que la Chaine Parlementaire pour organiser une soirée « électorale ». J’ai cherché ailleurs et n’ai trouvé que des bandes passantes laconiques en bas d’écran. Et encore grossièrement caricaturales :  majorité confortée sans autres  précisions, percée écologiste sans dire que c’est au détriment du PS, Lrem fait élire ses poids  lourds en omettant  la réduction de ses effectifs … Tout a été fait pour occulter une réalité dont on voudrait bien se passer :  une nouvelle belle  victoire des  Républicains, ce parti soi-disant moribond qui gagne 10 sièges, soit l’équivalent du groupe écolo,  auxquels il faut ajouter 5 sièges  de son alliée l’Union Centriste. Elle était logique, cette victoire puisqu’elle est la conséquence directe du dernier scrutin municipal où le parti Les Républicains  avait remporté avec ses alliés 57% des villes de plus de 9 000 habitants. Résultat passé sous silence, lui aussi. Mais le  bon peuple n’est  pas dupe.

La voix de la France profonde.

A travers les grands électeurs, c’est la France périphérique qui s’est exprimée. Celle que les bobos des grandes villes ne veulent surtout pas voir, sauf quand il s’agit d’aller se mettre à l’abri du Coronavirus.  Ces Français têtus n’appartiennent pas au nouveau monde, ils ont l’audace de désigner des sénateurs LR, PS, communistes, tous représentatifs de l’ancien monde, attachés aux convictions et au clivage droite-gauche, qui n’empêche pas pour autant la réflexion collective, chère à la haute assemblée.  Si la France renoue un jour avec la vie politique assise sur les partis qui retrouveront forcément leur rôle naturel, ce sera grâce au Sénat. Et le Président de la République et sa clique de technocrates auraient tort de négliger le signal qui vient de leur être envoyé.  Car la deuxième  assemblée, dont le Président est aussi le deuxième personnage de l’Etat, aura son mot  à dire sur tous les projets et réformes de l’exécutif. Un sacré caillou dans la chaussure !

Et maintenant, les départementales et les régionales …

Il faudra être courageux pour endosser un maillot LREM au printemps prochain.  Avis aux transfuges et amateurs de soupe qui ont changé de casaque en cours de route, ces élus qui ont changé de camp en croyant à la fable macroniste, reniant les électeurs qui avaient fait confiance à leur ancrage. D’abord qu’ils ne comptent pas sur les militants républicains, car il en reste, pour faire leur campagne, même  déguisés en candidats « centre-droit ». Ils vont tout tenter, y compris en brouillant les cartes, cherchant à constituer des binômes avec des candidats LR. La ficelle est un peu grosse. Hier le parti  présidentiel, s’il a existé un jour, a montré toute sa vacuité. Certains, sentant le vent tourner, vont se raccrocher à une mouvance aussi inconsistante que pernicieuse, autour d’Edouard Philippe. Une imposture de plus. Ce pays qui sombre dans la déprime,  l’anxiété et la défiance généralisée a besoin de choix clairs, d’élus à la colonne vertébrale solide, d’honnêteté des convictions. Les Républicains montrent le chemin pour retrouver la confiance.  Celui qui redonne à la  politique ses lettres de noblesse, en tenant à distance le cynisme, la manipulation et la tambouille politicienne si chers au Maire d’Angers.

 


LE CULTE DE LA NATURE SUPREME

Terre

Il  y a des relents de Robespierrisme dans la nouvelle doxa des écolo-bobos qui ont pris les rênes de quelques grandes villes. Leurs premières décisions politiques laissent pantois : écriture inclusive  imposée, cour de récréation « genrée », suppression du sapin de Noël,  attaques caricaturales contre le Tour de  France … Mais ce ne sont que broutilles qui cachent l’essentiel, et il fait peur.

EELV a choisi de jouer sur les  peurs. 

A tel  point que tout le  monde  voudrait être plus vert que les Verts. Mais pas au point de se figer comme les Amish, nous assène quand même  Macronibus. Les  insoumis se ravisent et abandonnent leur doctrine productiviste pour rejoindre  les écolos dans leurs désirs d’interdire pour nous forcer à sortir de la société de consommation : Manon Aubry rejoint David Cormand. Donc, enfonçons une porte ouverte : les écolos sont bien de  gauche. Verts dehors, rouges dedans, comme les pastèques. Le courant dominant chez les Verts affirme que l’Homme est un avatar de la vie qui ne dispose,  au mieux,  que d’un droit d’usage limité de  son environnement. Cette nouvelle gauche réduit l’homme à un être biologique parmi les autres espèces vivantes. Encore qu’il faille relativiser quand on s’aperçoit que nombre de ses adeptes adhèrent à la théorie du genre qui nie l’anthropologie et le caractère biologique du sexe à la naissance. Elle porte l’idéologie de la nature jusqu’à l’acmé au point d’en faire  un « être suprême ». Et voilà qui nous rappelle les  belles heures de la Terreur et Robespierre avec son culte de l’être suprême qui devait remplacer la religion chrétienne jusqu’à son calendrier.  Et  les écolos sont sur la même pente à n’en pas douter.

L’écologie politique, ou écologisme.

C’est une idéologie anti-humaniste qui, au prétexte de « restaurer l’équilibre » entre l’homme et son environnement, offre un projet de société authentiquement « humanicide » et nihiliste par défaut de considération pour les valeurs humaines. Si le CO2 est le problème, sachant qu’il n’existe aucun geste de l’homme qui n’en émette, alors c’est l’intégralité des actions humaines qui doivent être soustraites à l’empire de la liberté pour tomber dans la contrainte administrative, sur le mode du rationnement, de l’interdiction et de la sanction : c’est l’écologie punitive. Elle conduit au totalitarisme. D’un strict point de vue idéologique, théorique et analytique, l’écologisme forme le projet le plus parfaitement totalitaire depuis Marx, dont elle recycle la vision en se servant de la protection de la nature. Car le cœur de l’idéologie écologiste est anticapitaliste. Ce  n’est pas un hasard si elle est née après la chute du Mur et l’effondrement des  régimes marxistes. Et comme le marxisme, l’écologisme se fait prophétique : faute de pouvoir annoncer la fin du système capitaliste, la doctrine verte brandit désormais la fin de la Planète. L’écologisme est apocalyptique. Il se comporte comme une religion qui prétend se fonder sur la science.

L’Homme occidental en pénitence.

La doctrine verte désigne le coupable : l’homme occidental. Si la décolonisation s’accompagne de remords envers le reste du monde, l’écologisme traduit une culpabilité envers la nature. Ce qui permet en même temps d’afficher une supériorité morale : soyons plus propres, plus verts, plus doux, plus naturels, plus passifs… On communie dans une bienveillance universelle, visant la planète et les générations futures. On lutte contre les petits plaisirs (alimentation, voyages…) et contre un système productif dit insoutenable. L’homme doit donc se racheter en observant le catéchisme écologique et  en dénonçant les Mauvais, quitte à la convertir de force. Toute discussion des présupposés de l’écologisme entraîne en effet une excommunication immédiate, il suffit de suivre quelques débats pour s’en convaincre.  Pour tout dire, l’écologisme est une supercherie scientifique, un délire collectif et un totalitarisme.

L’autre écologie.

Je ne suis pas climato-sceptique, mais la  part anthropique dans le réchauffement climatique est  probablement bien  moindre que ce que les écolos veulent nous faire croire avec leur fausse science. Oui, la Terre se réchauffe, comme tous les 30 à 40 000 ans de l’ère quaternaire.  Et elle se réchaufferait probablement de la même façon sans l’Homme. Le risque d’un monde périssable existe réellement, mais c’est une farce que de penser qu’il peut être évité par le retour à une économie vivrière. Et c’est vrai les enjeux sont terrifiants. Avec  le réchauffement, les glaces de l’Antarctique fondent six fois plus vite qu’il y a une quarantaine d’années, et en moins de quarante ans, le niveau des mers a augmenté de 1,4 cm. La fonte totale des glaces du pôle sud entraînerait une élévation du niveau des océans de 57 m ! Celle des glaces du Groenland de 7m ! Le déversement de  la fonte des glaces  a des  conséquences sur les courants océaniques,  déséquilibrant la balance climatique, provoquant des événements extrêmes que nous constatons déjà. Il faut espérer dans le progrès.  Néanmoins, nous savons par expérience que la nature n’est  pas obéissante et peut même être très cruelle. D’autre part, un assez large consensus existe dans notre pays sur l’urgence de changer de modèle  productif et les entreprises n’attendent pas après les injonctions politiques pour chercher dans l’innovation des  formes  plus adaptées à notre environnement. Les  banques les premières  soutiennent de nombreux projets dits « écologiques »  et l’idée d’un développement soutenable progresse. Les  sources d’énergie les  plus propres sont maintenant parfois les  moins chères et l’AIE estime que les technologies déjà rentables permettront d’éliminer 60% environ de nos émissions de gaz à effet de serre. Il faut pratiquer une écologie des solutions, sans idéologie mais avec persévérance et pragmatisme,  car il est tout-à-fait possible de concilier écologie et croissance durable.

Le culte de la nature suprême, comme celui de l’être suprême, conduit  à une impasse, à une écologie irréalisable parce que fantasmée, sans solutions réalistes. Elle  conduirait si elle était appliquée, les sociétés humaines au cumul de  la détresse sociale et du recul du progrès. Bref, nos écolos sont les plus mal placés pour défendre une écologie durable.

 


La REM A LA RAMASSE !

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Les législatives partielles, même en l’absence (ou à cause) de 80% des électeurs ont consacré le désamour des Français pour le vote macroniste. Aucun des candidats n’a été en mesure de  pouvoir se maintenir au second tour. Après  les résultats catastrophiques des  municipales, il y a du mouron à se faire pour ceux qui envisageraient, aux prochaines élections, de s’allier avec le parti majoritaire ou de le rallier en prenant l’étiquette LREM dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas « vendeuse ». A cela il faut ajouter le départ du groupe majoritaire à l’Assemblée de plus d’une trentaine de députés, si bien qu’il n’a plus la majorité absolue  à lui tout seul. Quand Marlène Schiappa parle « d’une crise de croissance », on est étonné que cela se traduise par un amaigrissement. Le départ de Pierre Person (N°2) de la direction du parti, a sonné comme un coup de tonnerre.

Délitement de La REM.

Mais pour autant, le président Macron ne semble pas inquiet du délitement profond de sa majorité présidentielle. Les défections de députés passés dans d’autres partis, les alarmes diverses lancées par l’aile gauche de la République en marche, mais jamais entendues, un chef débordé par sa base, ne semblent pas l’atteindre. Il se borne à constater que la démission de Pierre Person, numéro deux du parti, a conduit Stanislas Guérini à le remplacer par d’autres élus, comme si la crise de la REM ne devait pas avoir d’impact sur les élections générales de 2022. La crise était devenue inéluctable dès lors que le chef de l’État n’a changé de Premier Ministre que pour placer à Matignon Jean Castex dont les idées ne diffèrent guère de celles d’Édouard Philippe, avec la différence qu’il est là uniquement pour appliquer les politiques décidées par le président. Le verrouillage idéologique du gouvernement a aggravé le malaise croissant des élus de La REM qui venaient de la gauche. Ils voient clairement qu’ils ne comptent plus et se posent donc la question de ce qu’ils font dans la majorité. Le parti, si tant est qu’il existe vraiment, n’est plus que l’ombre de lui-même. 

Un président sans majorité.

En fait nous assistons à une décantation. Emmanuel Macron sait que s’il a gagné les élections de 2017, c’est sur un malentendu et une confusion que sa formule du « en même temps » ne pouvait que renforcer. En France, l’électorat qu’il peut mobiliser se situe désormais à droite dans une opinion publique qui, depuis pas mal d’années, est majoritairement de droite. Comme  disait le regretté Jean d’Ormesson à  l’époque, il y aura forcément la moitié de son électorat qui sera cocu. On sait  maintenant que c’est celui de la gauche modérée qui l’a fait élire. Sauf que ceux du centre et du centre-droit qui le soutiennent aujourd’hui, si l’on en croit les sondages, le sont aussi. Il suffit de regarder les fondamentaux de la  politique menée depuis trois  ans, et continuée par Castex, pour s’en convaincre. Macron impose une politique sociale-démocrate et répugne à prendre les décisions qui le classeraient vraiment à droite comme le  montre sa répugnance à aller sur le terrain régalien de  l’insécurité ou de la lutte contre le communautarisme. Sa loi contre le séparatisme est une tarte à la crème qui ne verra le jour au mieux qu’en fin 2021 et qui ne traitera  pas du vrai sujet : réduire l’islamisme politique.  En 2022 il est condamné à se présenter en s’adressant directement à l’électorat, les forces censées le soutenir seront placées devant le fait accompli, et il le fera sans doute en maintenant le flou de son projet. Et à bien y regarder, il ne peut déjà plus passer la moindre loi sans le soutien du MoDem dont l’influence ne fait qu’augmenter, en même temps que ses exigences, comme le recours au scrutin proportionnel pour les législatives, incompatible avec l’essence de la Constitution.

Un calcul risqué.

Pourquoi Emmanuel Macron est-il si serein face à une crise de la majorité qu’il n’a pas tenté d’enrayer ? Certes, on ne gouverne pas avec des scrupules. Peut-être se dit-il que le cas de La REM n’est pas différent de celui des autres partis, que la gauche reste très divisée,  que les Républicains ne sont pas en meilleure santé, et que grâce à un nombre de candidats pléthorique, il  pourra tirer son épingle du jeu. Une telle analyse ne sera jamais que la construction théorique d’un optimisme triomphant. S’il espère que les partis auront moins d’importance et que les caractères des candidats feront la différence, ceux qui ont une forte expérience ayant de meilleures chances que les autres, il pourrait bien avoir une belle déconvenue. Car malgré les conditions imposées par la crise  sanitaire, ce qui ressort des élections intermédiaires, c’est la résistance du « vieux monde » et l’usure du « progressisme » qu’il prône.  D’ailleurs, les récentes manifestations l’ont démontré : les Républicains sont bien vivants et bénéficient d’un vivier de jeunes élus talentueux qui font chaque jour la démonstration de leur efficacité. Nul doute qu’ils auront un candidat crédible  le moment venu. Quant à la gauche et aux écologistes, il faudra  d’abord qu’ils se mettent d’accord pour avoir une chance de réunir une majorité des électeurs et ce n’est pas gagné ! L’échéance est encore lointaine. On a tant dit que les Français refusaient désormais le duel RN-Macron du second tour que cette fois, il est fort possible qu’il n’ait pas lieu.

Décidément, le remplacement d’Edouard Philippe par Castex n’était pas une bonne stratégie. La crise de La REM le confirme. A droite, on ne s’en plaindra pas.

 


LA RELANCE SI…

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Le gouvernement a présenté enfin son plan de relance de l’économie, la semaine dernière. J’ai pris le temps d’un peu de  recul avant d’émettre un quelconque jugement. Car la seule question qui vaille,  c’est bien : « Est-ce que ces 100 milliards vont atteindre l’objectif fixé par le Premier Ministre, à savoir, entre autre, la création de 160 000 emplois l’année prochaine ? ».

Pour y parvenir beaucoup d’hypothèques devront être levées.

Réussir un  plan de relance, c’est rarement arrivé. Il faut bien comprendre qu’en la matière, il ne suffit pas de proposer, ce sont les entreprises et les consommateurs qui disposent. D’abord, il y a le temps de la mise en place : l’enveloppe, les cibles potentielles et les étapes d’approbation par  les rouages démocratiques. Ensuite, il y a le temps de l’application, c’est-à-dire l’engagement des crédits au fur et à mesure des besoins déclarés, enfin le délai de « digestion » par  les organismes concernés. Pour faire court : le  plan de relance ne commencera à s’appliquer au mieux qu’au début 2021, les crédits seront débloqués au cours des six  premiers mois si tout va bien, et les résultats tangibles ne commenceront à apparaitre que vers le début 2022, notamment pour l’emploi dont les délais de réponse sont toujours décalés, le temps  que la machine économique se remette en route.

Le contexte sanitaire, l’environnement économique international, la monnaie.

Le contexte de la crise sanitaire va-t-il continuer de peser ? C’est une autre question. La  peur du covid19 et les confinements ont provoqué un vrai traumatisme en même temps qu’une chute brutale de l’activité. L’économie éprouve aujourd’hui les séquelles liées aux incertitudes sur l’évolution de la pandémie, si bien que les ménages temporisent et les entreprises aussi. En conséquence, la croissance potentielle en pâtit.

A cela  s’ajoute l’environnement dans lequel la relance a lieu. L’ampleur de la récession mondiale est confirmée, elle devrait atteindre plus de 6%, touchant en priorité les pays développés dont l’activité chutera de près de 10% sur l’année, tandis que  les échanges dévisseront de 14%.  En toute logique, il est raisonnable de penser qu’il faudra plusieurs années pour que le  monde puisse retrouver une croissance égale à celle des années 2010 (3 à 4%). Le contexte géopolitique joue aussi un rôle et le délitement de la gouvernance mondiale associé à un renforcement du repli national ajoutent une couche supplémentaire d’incertitude. L’affrontement entre la Chine et les Etats-Unis en est un parfait exemple. Le risque est  amorti tant que les banques centrales sont à la manœuvre, qu'elles maintiennent les taux à zéro, qu'elles injectent des centaines de milliards et qu'elles financent gratuitement le déficit des gouvernements qui distribuent de l'argent à tous ceux qui sont touchés et même à ceux qui ne le sont pas. 

La hausse de l'euro est un autre problème.  Elle s’explique d’abord par la baisse du dollar, mais c’est aussi une hausse de l'euro. Les investisseurs ont été impressionnés par la réaction rapide à la crise de la BCE et par la mise en place toute aussi rapide d'un fonds européen de relance et surtout par l'implication européenne d'Angela Merkel. En effet, la zone euro est devenue une priorité pour l'Allemagne et les investisseurs font confiance à cette dernière. C'est un inconvénient pour l’inflation qui est déjà inexistante, car plus l'euro est fort, plus les pressions à la baisse sur l'inflation sont importantes. C’est un nouveau casse-tête pour la Banque Centrale Européenne. Cette hausse de l'euro tombe à un très mauvais moment, car en plus la zone monétaire est entrée en déflation : pour la première fois depuis 4 ans, l'inflation au mois d'août est tombée à -0,2%, elle était de +0,4% en juillet. Elle a touché 12 des 19 pays de la zone euro.

L’Europe et la France.

Dans l’Union européenne, dont la santé économique nous concerne directement, après le très fort rebond économique de juin et juillet, qui était mécanique, l’économie demeure en sous-régime. En Allemagne la production industrielle n'a progressé « que » de 1,2% en juillet. Et les économistes s’inquiètent d'un essoufflement de la reprise en Europe. Selon Eurostat, dans la zone euro, le PIB a diminué de presque 12 % au cours du deuxième trimestre 2020 et de plus de 11 % dans l'UE par rapport au trimestre précédent.

L'activité a fortement rebondi en France pendant l'été. Mais elle va avoir du mal à revenir à son niveau d'avant-crise, avec à la clé le risque d'un drame social. Si l’on en croit les estimations de l'Insee, le PIB a reculé de 6 % au premier trimestre, puis de 14 % au deuxième (avec même une chute de l'ordre de 30 % au plus fort du confinement). Il pourrait progresser de 17 % au troisième trimestre, puis de seulement 1 % au quatrième. La production nationale serait alors inférieure de 4 % à celle du dernier trimestre 2019. Le choc sanitaire de 2020, lui, a commencé par frapper toute l'économie. L'industrie et le bâtiment ont ensuite repris. Certains services ont eux aussi vite récupéré. Mais ceux qui touchent au voyage et ceux où les prestataires sont en contact direct avec les clients, restent loin en arrière. La reprise est très inégale - et les plus touchés sont ceux qui avaient été plutôt épargnés lors des chocs précédents. Le problème c’est que dans une récession des services, les outils employés depuis des décennies pour soutenir l'activité sont inopérants. Il va falloir en fabriquer d'autres, ce qui demandera du temps.

Voyons de quoi est fait le plan de relance.

A première vue, il évite le  premier écueil : une relance de la consommation ( en techno, on dit de « la demande »). Elle n’est pas à l’ordre du jour.  Le gouvernement compte sur les  85 milliards d’euros du  bas de laine accumulé pendant le confinement  par les ménages pour la réaliser. D’ailleurs, on sait que la relance par la consommation crée peu d’emplois en France. Ce n’est donc pas une priorité.

Le plan s'appelle « France Relance ». Il se donne comme objectif énoncé par Jean Castex  de permettre à l'activité en 2022 de revenir à son niveau de 2019. Il s’appuie sur trois axes : 30 milliards pour la transition écologique, 36 milliards pour le social et les territoires, 34 milliards dans l'industrie avec une volonté de relocalisation. A priori, c’est plutôt un bon plan. Il est programmé sur deux ans. Il contient au moins une bonne nouvelle : enfin arrive une baisse des taxes sur la production qui plombent nos entreprises, sauf que ce ne sera pas 20 milliards d'euros mais seulement 10 (mais comme l’Etat les compense aux collectivités locales pendant deux ans... ça ferait vingt). Sur 70 milliards,  c’est trop  peu. Il aurait fallu au moins 30 milliards. Dommage, parce que c’est le levier le plus efficace pour créer des emplois dans les entreprises. Selon une estimation de l’Ifrap, une baisse de 27 milliards aurait permis de créer plus de 420 000 emplois dont 100 000 dans l’industrie. La  principale faiblesse de ce plan c’est de tomber dans le saupoudrage. Avec 100 milliards celui-ci peut apparaître massif,  mais Il comporte un risque majeur de saupoudrage des crédits en voulant impliquer l’ensemble des grands ministères et des acteurs économiques et institutionnels, la longue liste des crédits affectés en est le signe visible. Et si  le Plan veut relancer l’économie par le soutien aux entreprises, il passe encore trop massivement par de la commande publique. 

Il se veut un pari audacieux puisqu’il sera presque exclusivement focalisé sur « l’offre » qui doit permettre de développer la croissance potentielle de l’économie française avec pour objectif +1 point à l’horizon 2030. Un  bon point pour les investissements qui sont privilégiés, un mauvais  point pour le soutien aux fonds propres, très insuffisant. Il fait un pari sur la dette, aussi, puisque le gouvernement ne veut être jugé que par sa capacité à effacer une partie de la crise en retrouvant les fondamentaux de l’économie française de 2019 dès 2022 et en effaçant la dette Covid à compter de 2025. C’est vraiment très ambitieux, d’autant plus que ce beau programme de relance pourrait être effacé par la politique monétaire de la BCE si l’euro se renforce trop face au dollar au risque de détruire la compétitivité que l’on espère retrouver.

La méthode d’exécution.

Pour l’exécution, le Premier Ministre propose une méthode de budgétisation inédite en réservant l’ensemble du Plan de relance à une mission particulière du budget 2021 afin de conserver une certaine fongibilité des crédits. Pour cela le Premier Ministre présidera un « Conseil de la relance » qui communiquera sur l’avancement et les résultats de la consommation des crédits, sur base mensuelle, tandis que chaque semaine « un comité de pilotage » présidé par le Ministre de l’Economie devrait piloter le déploiement du plan avec les ministères dépensiers et les acteurs des secteurs cibles. J’avais  commencé à oublier que la France est un pays de culture « dirigiste ». Tout sera sous le contrôle de Bercy. Amélie de Montchalin va nommer des « Sous-Préfets à la relance » et  il faudra aussi probablement compter avec François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan. On rajoute des couches d’administration à un pays déjà suradministré. On ne peut faire plus rigide ni plus vertical. Vous avez dit « handicap » ?

Mais le plan est « Un cadeau à la France pour relancer l'économie et lutter contre le chômage » selon Jean Castex. Il faudrait lui rappeler que ce « cadeau » n'est pas un cadeau du ciel, mais un « cadeau » fait et payé à terme par les Français pour les Français. En parlant de cadeau, il alimente cette croyance qu'on peut distribuer de l'argent magique qui ne coûte rien à personne... Rappelez-vous : « C’est gratuit, puisque c’est l’Etat qui paie ! ». Ce plan, et surtout la façon de le présenter, va alimenter dans l'esprit de beaucoup de Français l'idée qu'on peut dépenser sans compter et détruire définitivement toute tentative de revenir un jour à une gestion budgétaire saine, à l'Allemande. Un autre inconvénient, c'est que tout cet argent va également alimenter ce que les Anglo-saxons appellent la « zombie economy », ces entreprises qui doivent tomber car elles ne sont ni compétitives, ni adaptées au présent et à l'avenir et qu'on va maintenir artificiellement en vie. Ceux qui s'inquiétaient de savoir comment les entreprises allaient rembourser leur PGE à partir d'avril prochain ou comment elles allaient pouvoir supporter la flambée des taux de leurs crédits si elles les prolongeaient, peuvent se rassurer. L’État a imposé aux banques de laisser le taux de renouvellement du PGE dans une fourchette de 1% à 2,5%. On va donc continuer à maintenir artificiellement en vie des entreprises zombies. Au moins jusqu'aux élections...

Alors ?

Outre le fait que l’enveloppe de 100 milliards d’euros est artificiellement gonflée pour la présentation, puisque le plan reprend des dispositifs déjà en place, le moins qu’on puisse dire c’est que l’environnement global n’est  guère porteur. La pandémie ne se calme pas ce qui entretient une atmosphère d’angoisse peu propice à l’optimisme et à la consommation. Du coup, l'économie rebondit mais moins rapidement qu'anticipé, de même pour le chômage, dans un monde qui tourne au ralenti. Après un arrêt de la croissance comme on l'a connu avec le confinement, la reprise se fait par étapes. Sur le front monétaire, l’euro a progressé de 12% depuis l'apparition du virus. C'est un inconvénient supplémentaire pour les exportations qui sont une priorité de la relance. Enfin, c’est à l’épreuve des faits qu’on vérifiera si notre dirigisme n’est pas un handicap supplémentaire. Le moteur de la confiance, essentiel, tourne lui aussi au ralenti. Et les  secousses sociales qu’il faut craindre  avec  l’explosion du chômage  prévue d’ici la  fin de l’année, dans le contexte actuel de  violences, pourraient peser bien plus que l’argent pour la relance… mais pas dans le bon sens. Vouloir créer 160 000 emplois dès l’an prochain paraît vraiment très ambitieux, car l’Etat propose mais les entreprises disposent. Mais restons positifs, il fallait un grand plan de relance et c'est un grand plan de relance.

 


PARI REUSSI !

Rep port Marly

La droite de Port-Marly.

Le rassemblement de Port-Marly était un pari audacieux :  réunir plus de 1000  jeunes pour participer à des tables rondes pouvait tenir de la gageure.  Eh bien, non seulement ils ont été au rendez-vous, démontrant la capacité du parti, mais ce fut passionnant grâce  aux invités et aux élus présents. J’ai pu suivre quelques-uns des rendez-vous grâce à la retransmission sur facebook. Mais ce qu’en ont retenu les médias est affligeant : au lieu de voir le travail sur le fond qui est réalisé, objectif poursuivi avec opiniâtreté par Christian Jacob, ils ne veulent retenir que le sujet de la candidature à la présidentielle de 2022 qui n’est pas à l’ordre du jour. Mais passons. Il y aura nécessairement un candidat issu de notre famille politique et il sera  en capacité de l’emporter. Je reviendrai sur ce sujet qui mérite un développement.

Déstabilisation.

Non seulement les médias ont  minoré sa victoire aux municipales pour focaliser sur une « vague verte » qui n’a  pas eu lieu, mais, au même moment, Les Républicains font l’objet d’attaques pour les déstabiliser, par un travail de sape venu de personnalités qui ont rejoint le camp macroniste. Un jour c’est Estrosi qui conseille de passer un accord avec Macron, le lendemain  c’est Roselyne Bachelot qui déclare que nos électeurs ont « toutes les raisons de voter Macron ».  Que Roselyne n’ait pas  pu résister à  l’attrait du maroquin de la culture, c’est son affaire,  mais qu’elle garde ses  conseils pour elle. Ce  sont des comportements comme le sien qui provoquent le dégoût des électeurs et les conduisent à l’abstention ou au vote contestataire. Elle est  plus convaincante quand elle refuse l’écriture inclusive qui défigure notre langue. Car pour ce qui est de soutenir Macron, encore faudrait-il pouvoir se reconnaître dans la  politique qu’il mène. Suivre Estrosi ou Bachelot relève du syllogisme: il vaudrait mieux pour la droite LR se ranger derrière Emmanuel Macron qui « fait-ce-que-la-droite-avait-promis-de-faire-mais-n’a-jamais-fait », sans jamais préciser quoi ; on connaît la rengaine de tous ceux qui ont pris le train macroniste en marche, aussi bien chez les cadres LR que chez leurs électeurs. Mais c’est un énorme mensonge !

D’abord à cause des réformes que la droite n’aurait jamais faites.

Qu’on en juge ! Nous n’aurions jamais supprimé la Taxe d’habitation sous l’odieux prétexte qu’elle était injuste. Voilà une décision imbécile qui montre une méconnaissance de la réalité. Nous n’aurions pas non plus continué la politique des exemptions d’impôts qui fait que 57% des foyers fiscaux ne paient plus l’IRPP,  nous n’aurions pas non plus  augmenté la  CSG des retraités, ni mis   en place le prélèvement à la source qui supprime de fait le  consentement à l’impôt et  renforce le pouvoir hyper-technocratique de Bercy.  Nous n’aurions pas abandonné  le projet d’aéroport de ND des Landes, bafouant les décisions de justice, les élus des collectivités et le résultat du referendum, en cédant à la violence de quelques dizaines d’opposants. Nous n’aurions pas fermé la centrale nucléaire de Fessenheim, un véritable non-sens écologique et économique. Nous n’aurions pas transformé l’ISF en Impôt sur la Fortune Immobilière, mais supprimé totalement. Nous n’aurions pas fait la réforme de  la formation professionnelle en confiant l’apprentissage aux branches professionnelles qui deviennent de fait juges et parties dans l’utilisation des fonds de la taxe d’apprentissage. Quant aux lois à caractère sociétal, le pompon a été atteint avec  la réforme de la loi bioéthique qui élargit  la PMA à toutes les femmes et en plus remboursée par la Sécurité sociale, ni permis les extravagances sur  les manipulations de l’embryon humain. Nous n’aurions pas supprimé les courtes peines et encore moins libéré des  milliers de détenus sous prétexte de la crise sanitaire. Macron n’a engagé aucune action pour réduire les déficits publics ni faire  baisser la dette qui a atteint les 100% de notre PIB avant la crise du covid19.  Et je ne parle  pas de la réforme des retraites sur laquelle il y aurait beaucoup à dire et du projet de réforme de la constitution. Voilà qui fait déjà beaucoup de sujets de désaccord.

Et puis il y a ce que la droite aurait fait et que Macron ne fait  pas.

Au pouvoir, la priorité d’un gouvernement de droite aurait été de rétablir les comptes publics afin de tenir nos engagements avec nos partenaires européens, et afin de baisser notre dette  et redonner des  marges de manoeuvre à l’économie. Il aurait rétabli la TVA sociale, que Hollande avait supprimée, pour baisser les  charges qui  pèsent sur les entreprises. Il aurait mené une politique déterminée  pour faire baisser  le nombre des fonctionnaires et baisser les  impôts qui font que notre  pays est toujours le plus taxé  de l’OCDE encore aujourd’hui. Evidemment, il aurait mené une politique ferme pour lutter contre l’immigration clandestine et maîtriser le flux migratoire légal, pour endiguer  la délinquance et la violence, afin de réduire l’insécurité qui sévit en France. Il aurait lutté fermement contre le communautarisme que le pouvoir actuel refuse  de nommer et qu’il ménage autant par idéologie que par intérêt électoral. Il aurait rétabli les peines planchers et construit les places de prison nécessaires…

Cela fait déjà beaucoup de désaccords et justifie amplement que nos cent députés LR siègent dans l’opposition à  l’Assemblée nationale.

Les Républicains ont le devoir d’exister.

D’ailleurs, dans les élections intermédiaires, comme les dernières municipales l’ont montré, Les Républicains n’ont pas eu à rougir de leurs résultats, comparés à ceux du parti majoritaire qui n’a engrangé aucune grande victoire. Dès lors on ne voit pas pourquoi ils iraient se placer derrière Emmanuel Macron et du même coup se suicider. Mais, surtout, soutenir Macron dès le premier tour serait la meilleure manière d’offrir au Rassemblement National de Marine Le Pen le rôle de principale alternative de droite à Macron et c’est le moyen le plus sûr de rejouer le duel Macron-Le Pen au second tour, dont les Français ne veulent  pas. Sans compter que se ranger derrière Macron inciterait nombre d’adhérents et d’électeurs à choisir Marine Le Pen, dès le premier tour,  augmentant ses  chances. Et puis, nier l’apport des Républicains reviendrait à faire une croix sur un pan de l’histoire politique française incarnée par le général de Gaulle et  le  centre droit plus globalement. Tout le jeu de l’actuel chef de l’État est de faire semblant : il a récupéré une partie du logiciel de la droite et une partie de son personnel politique, mais comme démontré plus haut, le macronisme n’est pas un programme de droite qui se voudrait pragmatique. C’est une évidence sur les sujets régaliens, tels que la sécurité, mais également sur la laïcité, sur l’identité et même sur l’économie. La polémique qui oppose actuellement Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti sur l’usage même du mot «ensauvagement» suffit à démontrer que les concepts identifiés comme « de droite » ne font pas l’unanimité au sein même du gouvernement.

L’avenir nous appartient.

De la même façon que faire référence à la droite d’il y a dix  ans, c’est comme retournr un siècle en arrière, 2022 est encore loin et en deux ans, il peut s’en passer des événements. Qui avait prévu la crise sanitaire ?  Aussi, continuons notre chemin méthodiquement et ayons confiance en nous-mêmes. Quand la droite veut, elle peut ! Le moment venu, elle se  présentera devant les électeurs avec  le bon candidat, un projet renouvelé et un personnel  politique rajeuni. Ce sera la droite  bien dans son temps et dans ses baskets. Elle a commencé à se montrer à Port-Marly.

A bon entendeur !

 


NICOLAS, AU SECOURS, ILS SONT DEVENUS FOUS !

Archibald en colère

En cette rentrée, la droite gêne, après sa victoire aux élections municipales. Tout est fait pour la déstabiliser : les sondages, les manœuvres, les positionnements d’impétrants… Encore faudrait-il qu’elle ne se déstabilise pas elle-même.

J’étais à La Baule. 

Une manifestation réussie par le nombre des présents, l’organisation impeccable, les tables rondes passionnantes avec Agnès Evren, Eric Woerth, Gilles Platret et Philippe Juvin. C’est du côté des « vedettes » qu’est venue la déception pour ne pas dire la confusion. Chacun y est allé de sa petite musique sur la méthode pour choisir le candidat à la présidentielle : chacun a évidemment plaidé pour le « rassemblement », mais des procédures différentes. De quoi alimenter les commentaires ironiques pour ne pas dire destructeurs des médias présents. Retailleau, Larcher, Dati… vous auriez au moins pu accorder vos violons. On avait déjà bien assez avec Bertrand et Pécresse qui agissent en francs-tireurs. Par contre, personne n’a vraiment évoqué le travail de fond  sur le projet entamé par Christian Jacob, comme si ça n’était pas essentiel et alors que les fédérations en sont saisies pour discussion et approfondissement. Serait-on en train de renouer avec « la droite la plus bête du monde » !

Le clan des masos.

Ce qui me surprend le plus, et me laisse pantois, c’est que 26% des électeurs dits de « droite » (encore savoir comment ils ont été triés), placeraient Edouard Philippe en tête pour leur choix d’un candidat en 2022.  En voilà qui ne sont pas rancuniers ou qui ont la mémoire courte. Ils ont oublié la « trahison » de l’intéressé et comment du jour au lendemain, il a abandonné, en même temps  que ses convictions, en juin 2017,  les candidats qu’il avait fait investir au profit des « En Marche ».  Ils ont oublié le matraquage fiscal des retraités avec la CSG, la suppression stupide de la Taxe d’habitation, l’hyper technocratie qui nous a menée à la crise des « gilets jaunes ».  Edouard Philippe laisse une France exsangue : déficits à 100 milliards en 2019, dette à 100% du PIB, situation que la crise du covid19 va aggraver avec un déficit à 220 milliards en 2020 et une dette à plus de 120% du PIB. Il faut ajouter l’explosion de l’immigration, de la  délinquance et de la violence dont la ruineuse et inqualifiable décision d’abandonner le projet de ND des Landes a été le facteur déclenchant. La France, et particulièrement nos villes, est devenue « insécure ». L’Islamisme n’a pas été combattu suffisamment et gagne dans les quartiers au point que 74% des -25 ans font passer la loi religieuse avant celle de  la République. Des milliers de délinquants ont été remis en liberté à la faveur de la crise sanitaire et la construction des places de prisons est devenue un serpent de  mer. La réforme des retraites, qu’il n’a pas su mener à bien, reste en suspens. Et il  ne peut pas se défausser non plus de la loi « bioéthique » dont l’essentiel du parcours s’est fait sous son autorité : non seulement elle élargit l’usage de la PMA, mais elle autorise en biais la GPA et introduit des manipulations sur l’embryon, la  ligne rouge a été franchie. Sa gestion erratique de la crise du Covid19 a été occultée  par une hyper communication pour donner le change et sur ce sujet, les enquêtes parlementaires permettront d’y voir plus clair. Et le fait que 35 députés  aient quitté le groupe "En Marche" montre bien que le "en même temps" ne fonctionne pas et paralyse la France. Avec Edouard Philippe la France a subi un déclassement. Il l’a laissée dans un triste état.

Le grenouilleur du sud...

... et quelques autres. Comme si ça ne suffisait pas, voilà Estrosi qui s’y met. Il décrète 600 jours à l’avance que la droite n’a pas de candidat qui émerge et, prône un rapprochement avec Macron. En voilà un magouilleur de première ! Il s’était éloigné des Républicains après l’élection de Macron et avait rejoint les « maires macroncompatibles ». Puis menacé sur son socle par Eric Ciotti, il a trouvé le moyen de se rapprocher de sa « famille » pour échapper au duel et se faire réélire. Maintenant que c’est fait, il scie à nouveau le vélo des copains. Ses arguments on les connait. Macron ferait une politique proche de celle que conduiraient les Républicains.  Il suffit d’observer comment sont gérées les Régions tenues par Les Républicains pour s’apercevoir que l’affirmation est fallacieuse. Il y a une réelle différence de vision de l’action publique avec  le macronisme. L’amalgame n’est pas  possible pour ceux qui continuent de croire dans des convictions et qui constatent tous les jours que la droite et la  gauche sont incompatibles : sur le régalien, sur la fiscalité, sur les dépenses publiques, sur l’immigration, sur l’économie… Le comportement des gens comme Estrosi désespère notre électorat et risque d’en conduire une bonne partie au dépit en s’abstenant ou au désespoir en votant Le Pen. Ils voudraient faire élire cette dernière qu’ils ne s’y prendraient pas mieux. Quant à Raffarin, on se passera de son avis, tellement il est intéressé.

Chaque candidat dans son coin.

Ras-le-bol des chapelles. Il va bien falloir en sortir.  Aucune méthode n’est idéale. A droite, la primaire ouverte  est une machine à perdre par les amertumes qu’elle génère. Une primaire interne ne vaut guère mieux : un entre-soi dans un parti qui a perdu une grande partie de ses militants n’aurait guère d’impact sur une opinion publique manipulée en permanence par les puissants médias aux mains du pouvoir. Nous savons une seule chose : nous ne pourrons présenter qu’un seul candidat au premier tour de la présidentielle si l’on veut qu’il ait une chance de participer au second tour. Nous avons des personnes talentueuses susceptibles de concourir, mais aucune ne gagnera sans les autres autour d’elle.  Alors, pourquoi ne pas faire les choses dans l’ordre : finaliser le projet d’abord, puis le  moment venu, se retrouver autour de la table pour trouver un accord afin de désigner celui qui paraîtra le mieux placé pour l’emporter. Que ceux qui ont envie d'y aller se parlent, bon sang !

Ne soyons pas des girouettes.

Je suis persuadé que les Français  en ont assez des « politiciens à géométrie variable ». une grande partie de nos électeurs attendent que nous  soyons nous-même. D’ailleurs ne dit-on pas que la France est  aujourd’hui majoritairement à droite ? Pourquoi  mettre notre drapeau dans la poche ? Nous incarnons la droite parlementaire modérée : celle qui défend la liberté, la sécurité, la cohésion nationale, le sérieux budgétaire et l’équité fiscale, le soutien à l’activité économique et l’idée d’une France forte en Europe. Nous n’avons aucune honte à avoir : la France a besoin de nos valeurs et de nos convictions. Si nous ne les défendons pas, elles seront reprises et trahies par d’autres. Si chacun reste dans son coin, nous serons « mangés » par les deux bouts, entre le RN et LREM dont on sait que ni l’un, ni l’autre ne représentent un choix complet et solide pour la France.

Nicolas, ils ont besoin d’une leçon de « rassemblement » ! Dis-leur que pour prétendre « rassembler les Français », et avoir une petite chance d’être élu, il faut commencer par rassembler sa famille !

 


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5 / BIOETHIQUE : LA RAGE TRANGRESSIVE

En fausse urgence et au forceps, la loi de bioéthique a été adoptée en seconde lecture à l'Assemblée nationale le samedi 1er août à 03h45 du matin, par 1/10e de la représentation nationale, sans vote solennel et en l'absence remarquée toute la semaine des principaux ministres concernés. Tout a été fait pour détourner l’attention des Français et faire en sorte qu’elle passe inaperçu. Alors que la crise sanitaire a révélé les faiblesses de notre système de santé et que la priorité devrait être à la relance, l’examen en plein été du projet de loi bioéthique ne peut qu’être un choix idéologique. Pourtant, ce texte mériterait un débat plus approfondi, tant il ouvre des possibilités vertigineuses, préparant l’arrivée de certaines formes d’eugénisme et même de gestation pour autrui. Il va revenir devant le Sénat courant octobre, probablement avant adoption définitive ensuite en 3ème lecture si la commission paritaire ne parvient pas à un accord, ce qui est le plus probable. Pour l’heure, le débat n’est donc pas terminé.

Un désastre bioéthique.

Les mesures phares du projet de loi ont été retenues : PMA excluant le père et remboursée par la sécurité sociale, filiation fictive, transgressions transhumanistes, manipulation des embryons, autorisation des embryons chimériques animal-homme. Pire encore des mesures sans rapport mais tout aussi transgressives ont été adoptées, comme l'assouplissement de l'accès à l'interruption médicale de grossesse. Les contributeurs Français sont donc sommés de prendre en charge l’abolition officielle de la paternité comme pilier de la famille et de l’enfance.

Après une bataille homérique d’amendements par une poignée de députés « résistants », tentant de façon presque désespérée de faire passer 2 500 amendements en commission spéciale face à un petit groupe majoritaire, habité d’une rage transgressive, quelques rares limites ont été posées, au moins jusqu'à la prochaine révision, dans 5 ans : interdiction de la ROPA, de la PMA post-mortem, de la commercialisation des gamètes, de la PMA pour les hommes transgenres, du DPI-A ou encore limitation à deux personnes pour accéder à la PMA. Malgré la conviction, le courage et la hauteur de vue des députés opposants, le droit de la filiation est sorti ruiné de ces travaux, le respect de l'embryon, laminé et les repères anthropologiques les plus solides déstructurés, au cours de débats bâclés, difficiles, parfois houleux, où les arguments d'autorité ou affectifs ou encore la victimisation ont été régulièrement utilisés par les promoteurs.

GPA et humanité génétiquement modifiée.

La perspective de légalisation de la gestation pour autrui (GPA) se rapproche. Le nouveau texte prévoit une transcription quasi automatique du statut de l’enfant né de GPA à l’état civil, tandis qu’aujourd’hui, la procédure reste relativement dissuasive. Quant aux chimères et aux embryons transgéniques, le texte de loi autorise désormais leur fabrication et « utilisation ». Ces expérimentations rejetées par le Sénat en première lecture ont été réintroduites dans le texte début juillet. Dans l’article 17, la modification génétique des embryons humains devient possible, ouvrant la voie à d’éventuels essais visant à faire naître des enfants génétiquement modifiés. Il est aussi envisagé d’expérimenter la création d’embryons animaux dans lesquels seraient intégrées des cellules humaines, qu’elles soient embryonnaires ou adultes reprogrammées. Noir sur blanc, la frontière homme-animal est abolie. C’est une rupture anthropologique majeure !

Sylviane Agacinski se révolte : « Je suis très inquiète. Par ce texte, la France assure qu’elle n’est plus hostile à la GPA, qu’elle cautionne et encourage la marchandisation des corps et le système des mères porteuses. » Et la philosophe marquée à gauche rajoute : «  Le lien mère-enfant n’est pas un rapport de propriété. Le lien filial ne peut être vendu. Si la loi m’autorise à louer la vie de quelqu’un et à lui acheter son enfant, alors elle traite les personnes comme des biens, autrement dit des choses ».

Un débat de société.

Le débat de société ?  Quel débat de société ?  L’avez-vous vu passer ?  Pas moi. Un vote lâche, honteux, en catimini.  « Conservateur » l’opposant à cette réforme ?  Non : résistant, résistant à une dérive totalitaire de la même nature que toute forme d’expérimentation touchant à la nature humaine. Deux visions irréconciliables de la personne humaine, de la famille, de la société et de la politique se sont affrontées entre les opposants et les promoteurs, les premiers soutenant des convictions au service de l'intérêt supérieur de l'enfant, les seconds soutenant des intérêts particuliers sur fond de vision libérale libertaire de la famille et de la personne humaine. « Tout le monde a peur de s’opposer », confie le député Patrick Hetzel. Peur d’être traité d’homophobe, peur de passer pour ringard ou antiprogressiste. 

Les mots de traîtres et d’opportunistes ne sont pas excessifs pour qualifier ceux qui ont retourné leur veste pour un maroquin (comme Edouard Philippe) sur ce sujet essentiel. 

La bioéthique ne pourra désormais plus être dénommée que « bioéconomie » ou « biopolitique ».

 


DU SARKO « NI PLUS, NI MOINS » !

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LE TEMPS DES TEMPÊTES

L’écriture se veut nerveuse et il n’est pas difficile de voir que le récit a été écrit d’un seul jet. On y retrouve l’ancien Président tel qu’en lui-même. Tout y est : le ton, les tics verbaux, les formules aussi bien assassines que laudatives, même l’emphase reste celle qu’on lui connaît bien. Bien sûr, la pâte humaine est présente, elle transpire à chaque page, elle participe du personnage. Nicolas Sarkozy aime la politique. Et on le croit difficilement quand il assure avoir tourné la page. Il a aimé ses fonctions, même si celles-ci lui ont parfois demandé plus que de raison. Mais on sent qu’il aime par-dessus tout les Français et la France dont il a une haute idée et pour laquelle il nourrit la plus grande ambition. Alors quand il affirme, en ouvrant son récit que « les tempêtes l’ont toujours fasciné » nous ne sommes pas surpris. On savait déjà de lui qu’il ne manque jamais de courage, il l’avait montré lors de la prise d’otages  des élèves d’une école de Neuilly, dont il était le maire. On comprend aussi que son quinquennat l’a profondément marqué, les injustices pour ne pas dire l’acharnement, dont il a été victime aussi. Voilà pourquoi, exilé au Cap Nègre, pendant le confinement, privé de ses sorties à vélo, il s’est rabattu sur l’écriture. Et en 500 pages il fait le tour des deux premières années de son quinquennat. Il fallait que ça sorte. Et cela tombe bien : le « Temps des Tempêtes » résonne avec la crise économique que traverse la France.

Sarkozy « assume ».

Il ne s’agit pas ici de résumer le livre. Au « sarkozyste » qui suivait l’action du Président au quotidien, il n’apprend d’ailleurs pas grand-chose. Cela ne retire pourtant rien à l’intérêt de la lecture. Il n’est pas inintéressant de découvrir comment le quinquennat a été vécu de l’intérieur : ses premiers pas et la découverte de la fonction, l’exercice du pouvoir au quotidien, les crises auxquelles il a dû faire face, qu’elles soient de l’ordre de l’intime ou dans le cadre de ses fonctions. Rien n’est laissé au hasard, mais rien n’est passé sous silence. Même quand l’enchaînement des faits lui est défavorable. Et il n’hésite pas à reconnaître ses bévues.

L’hyperprésidence.

On savait Nicolas Sarkozy  hanté par l’inaction de son prédécesseur. On va donc vivre de l’intérieur cette hyperactivité qui avait marqué son action dès sa prise de fonction. « En allant vite, je voulais créer une dynamique, impulser un rythme, donner un sentiment d’efficacité » écrit celui qui avait décidé de s’occuper de tout, de tout mener de front, de tout suivre et d’être derrière chacun de ses ministres. Le récit recoupe ce qu’on savait : une vie politique bousculée par les projets, les coups d’éclats, les initiatives « transgressives » comme l’ouverture à des personnalités de gauche… Les syndicats, on s’en souvient, ne savaient plus où donner de la tête. Et l’international est soumis au même rythme. Aucun mea culpa sur les choix politiques fondamentaux pour lesquels il ne regrette rien et il n’est pas inutile d’en faire le bilan. Car, près de dix ans plus tard, il est facile d’en mesurer le bien-fondé de la plupart.

La part des confidences.

Evidemment, l’intérêt d’un tel ouvrage réside dans la part du vécu méconnue de l’extérieur. De la séparation avec Cécilia à la liaison puis au mariage avec Carla, les relations avec les grands du monde, le décryptage du caractère d’Angela Merkel, les portraits du personnel politique de son camp comme des adversaires… le livre fourmille de détails. Les jugements sont parfois sans appel. Ils sont, la plupart du temps, le simple constat tiré du vécu. Ils permettent de mesurer la méchanceté gratuite, quand ce n’est pas la haine de certains, l’hypocrisie ou la lâcheté des autres. Les anecdotes sont nombreuses, cocasses ou plus sérieuses. Elles donnent au récit sa densité humaine. 

Les dernières pages du livre s’ouvrent sur la plus forte des secousses de son quinquennat : la crise des « subprimes ». Ces pages entrent en résonnance évidemment avec la crise économique déclenchée par la pandémie du Coronavirus : « Fascinant de voir surgir exactement les mêmes phénomènes dans des contextes pourtant bien différents » !  Un hasard qui sonne comme une évidence : si les choses tournent mal, lui, se sent à l’aise par gros temps. Mais le « capitaine » jure qu’il n’est pas en campagne et que la politique ne lui manque pas. Il est vrai qu’avec Carla et Giulia il a probablement trouvé une vie bien remplie d’amours. Il a pris soin de ne fermer aucune porte et cela ne l’empêche pas de conclure : « C’est le sens de la politique. Voir grand, voir large, voir pour demain ». Une manière de dire qu’il n’est pas usé et que …  

De quoi alimenter les espoirs dans le camp de son électorat.

 

Le Temps des Tempêtes - Ed.  L'Observatoire. 

 


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I  /  LA CRISE DE LA DEMOCRATIE FRANCAISE …

On est en droit de s’étonner que si peu d’intérêt ait été accordé par les médias et les politiques au fait majeur des élections municipales : le record  des abstentions à une consultation qui traditionnellement recueillait l’intérêt de nos concitoyens. 58,4%,  c’est 20 points de plus qu’en 2014 qui était déjà considéré comme un record en abstentions. Mettre  ce résultat sur le dos de la crise sanitaire, même si le phénomène a pu jouer, c’est vouloir se rassurer à bon compte. Il faut surtout y voir une grave dégradation de notre lien civique, malheureusement, que les conditions matérielles du scrutin ne suffisent pas à expliquer. De fait, de nombreux facteurs y concourent. Quatre crises !

Le dépérissement du civisme fiscal.

Aujourd’hui, dans notre pays, 57% des ménages ne paient plus d’impôts sur le revenu ni de taxe d’habitation. La suppression de cette  dernière qui était dédiée  au financement des services publics communaux tels que écoles, équipements sportifs, culture, s’inscrit dans une longue série de décisions antérieures et qui remontent au quinquennat précédent, au nom du sacro-saint principe d’égalité très discutable.  On comprend bien que le lien civique sans la relation fiscale qui incite  le citoyen à s’intéresser à l’usage de l’argent public et à demander des comptes aux élus, n’a plus guère de contenu. Il reste bien la CSG et la TVA que tout le monde paie, mais ce sont des contributions qu’on identifie moins clairement. Plus d’un foyer sur deux n’a pas vraiment d’intérêt à aller voter. Et il est facile de mettre en corrélation le taux d’abstention avec le taux d’exemption fiscale… même si ça n’est pas si simple.

Le dépérissement de la démocratie représentative.

Convenons que le discours dominant porte une critique disproportionnée des procédures électorales.  Or, il n’y a pas de système supérieur à la démocratie représentative au suffrage universel par désignation dans le secret d’un isoloir, qui constitue le seul  moyen d’associer tout le monde à la décision, qu’on soit pour ou contre. Toutes les autres procédures qu’on nous présente comme supérieures : tirage au sort, démocratie participative, délibérative, ric ou rip, ont en commun de pousser dehors le plus grand nombre  en réintroduisant le clivage  entre  les  « entreprenants », experts autoproclamés, qui participeront, et la masse des simples électeurs qui ne se sentiront pas ou peu concernés. L’étude de ces  pratiques  montre que les citoyens se déplacent peu et ceux qui le font correspondent à des profils sociologiques particuliers. Les taux de participation en font foi. D’ailleurs, les  villes qui pratiquent la démocratie participative n’ont pas eu des taux de  participation plus mirifiques que les autres aux municipales. Le sujet c’est bien celui de la représentation :  y a-t-il aux manettes des gens qui nous ressemblent ?  Ce n’est pas un hasard si le taux d’abstention a été  particulièrement élevé chez les ouvriers (70%) et les  employés (65%), aux élections municipales. Et de fait,  la transmission des valeurs démocratiques aux nouvelles générations est menacée.

Le miroir déformé de la représentation médiatique.

C’est probablement l’une des causes majeures du dépérissement du lien civique : la représentation médiatique en parfait décalage avec le réel. Les sujets débattus dans les médias ignorent ou minorent des réalités qui déplaisent ou qui ne sont pas appréciées  à leur juste intérêt.  Par contre le monde médiatique, peut-être  parce qu’il est trop parisien (euphémisme), se montre trop souvent déterminé à  promouvoir des irréalités dans lesquelles il nous demande de nous reconnaître.  Par exemple, à l’occasion des élections municipales,  la « vague verte » était annoncée dès janvier  2020 et  le soir du second  tour, c’est encore la « vague verte » qui fait la une de tous  les médias.  Or, il n’y a pas eu de « vague verte » !  C’est l’abstention historique qui aurait dû faire la une !  Et pourquoi les Français seraient-ils aller voter,  puisque lorsqu’ils ne le font pas, leur absence est à peine remarquée. A cela s’ajoute, un succès éclatant de  l’opposition, droite en tête, en dépit de la participation électorale. Sujet oublié, lui aussi. C’est donc  un supplice pour le public qui n’a plus d’autre solution que de se tourner vers les réseaux sociaux pour chercher une représentation du monde qui ait du sens. Et que penser des polémiques violentes qui ont saturé l’espace public à propos du « racisme français », des « violences policières », du « déboulonnage des statues », instituant la « racialisation » du confit social alors  que notre pays combine une puissante culture républicaine à un Etat providence parmi les plus généreux.  On croit marcher sur la tête. La réalité tangible  dans laquelle chacun  peut se reconnaître est escamotée au profit d’un monde irréel qui n’est pas le nôtre, jusque dans les séries où l'on nous impose des représentations sociales marginales comme étant la règle alors qu'elles sont largement minoritaires. Au point que les Français ne reconnaissent plus leur propre pays dans le miroir médiatique qu’on leur tend !

L’évanescence du monde politique et les ravages du « en même temps ».

Si à ce phénomène médiatique on ajoute le sentiment le plus partagé selon lequel les « politiques sont impuissants » ou sont « tous pourris », on ne s’étonnera pas de l’érosion de la  participation électorale. Les conditions sont réunies pour que cette défiance en la politique s’aggrave toujours davantage. Pendant les trois mois de la crise intense du covid 19, les plus hautes autorités ont martelé, avec des  procédés qui relèvent de la propagande, que le « masque » était strictement inutile. Aujourd’hui, ces mêmes autorités le rendent absolument obligatoire…  Ce  « tête-à-queue » politique, nos responsables ont  préféré le mettre sur le dos  des experts scientifiques. Ils n’ont pas eu le courage d’assumer leurs  responsabilités, voire de s’excuser.  En apparence, la nation semble encaisser passivement, mais les Français n’ont pas été dupes. On retiendra des récents événements et du résultat des municipales que le bon vieux clivage gauche-droite demeure le plus pertinent quand il faut apprécier une politique. Le  « en même temps » et l’exhortation à transformer et à se réinventer n’a  pas résisté à la réalité. Mais ce  qui compte par-dessus tout,  c’est l’authenticité des convictions et pas la couleur de la « carte ». De ce point de vue, la montée des extrêmes s’explique surtout parce que les citoyens désabusés n’ont plus foi  dans ceux dont les « ambitions » sont tentées par la comédie du pouvoir au détriment de leurs convictions qui paraissent alors secondaires. Les retournements de veste, les trahisons (appelons un chat, un chat), ceux qui sèment le trouble dans leur propre camp, paraissent banalisés, compris, acceptés, et même valorisés au plus haut sommet de l’Etat. Renier son camp et son parti politique pour un prestigieux maroquin, quoi de plus normal, de plus ordinaire ? Ainsi, M. Castex peut-il avoir été un loyal collaborateur de Nicolas Sarkozy  et avoir été élu avec l’étiquette « Les Républicains », être nommé  par un Président dont ce n’est un secret pour personne qu’il est de gauche,  pour faire une politique démocrate-socialiste sous le contrôle de son directeur de cabinet Nicolas Revel, proche collaborateur de Macron, et finalement adhérer à LRem,. On comprend alors que c’est surtout un haut fonctionnaire qui poursuit son parcours,  en bon technocrate tout terrain. La  gauche et la droite ce n'est pas pareil  :   pourquoi les Régions gérées par la droite font-elles  des économies et réduisent leur dette et pas les collectivités gérées par la gauche ? A force  de faire croire que c'est la même chose, comment les électeurs peuvent-ils s’y retrouver. L’indifférence, quand ce n’est pas le dépit, d’un peuple blasé par les volte-face, les incohérences, les contradictions, les  fausses représentations, semble dominer, mais on en mesure le prix au moment d’aller  voter. On constate alors ce qu’en pense la nation dans ses profondeurs, que les sondages n’effleurent même pas.

Faut-il, comme interroge Maxime Tandonnet se demander si « l’apathie du pays dans ses profondeurs, est le fruit de l’indifférence, du déclin intellectuel, d’un authentique abrutissement de masse ; ou bien n’est-elle au contraire que le reflet de la surface des choses, entre reportages et commentaires lèche-bottes et sondages truqués, couvrant un mouvement de révolte, un grondement sourd dans les profondeurs de la France qui ne demande qu’à s’exprimer en la première occasion ? »

L’urgence est donc de résoudre cette quadruple crise démocratique. 

Et ce n’est pas en nous vendant un scénario écrit à l’avance d’affrontement Macron/Le Pen que notre démocratie  survivra. Quatre impératifs s’imposent : ranimer le lien civique, restaurer la souveraineté de l’élection, faire en sorte que l’espace  public soit représentatif de nos réalités politiques et sociales, présenter un personnel politique fiable avec de vraies convictions.

 

 


LA RELANCE DE LA DERNIERE CHANCE

Robots-industriels-

 

Le  chemin du déclassement.

En 1975, la France était la 4ème économie mondiale. Elle est aujourd’hui au 6ème rang, et  encore, ça n’est pas certain. Pays exportateur, son commerce  extérieur est en déficit depuis de nombreuses années sans qu’elle arrive à renouer avec un solde positif.  Ses parts de marché n’ont cessé de se rétrécir même au sein de  l’Union européenne. La faute à une désindustrialisation massive provoquée par les 35 h et  les délocalisations qui ont suivi et aux charges excessives que doivent supporter les entreprises qui sont encore là,  mais à la compétitivité aléatoire. Les multiples relances  keynésiennes tentées depuis les années 80, aussi ruineuses qu’inefficaces n’ont fait qu’accroître  le mal, en stimulant une consommation de produits fabriqués ailleurs, surtout en Asie.  Hausse des dépenses sociales et chocs fiscaux l’ont coupée des reprises mondiales. Le résultat, nous l’avons sous les yeux, aggravé par la dernière crise sanitaire : croissance potentielle réduite à 1%, accélération de  la  désindustrialisation, chômage permanent, dépenses publiques non maîtrisées, dette en expansion continue. Le mal est profond et les trois dernières années n’ont fait que le confirmer : déni de la compétitivité, de  l’investissement et de l’innovation ;  état-providence toujours plus boulimique qui interdit la modernisation de l’appareil de production. La  France n’a plus le droit à l’erreur. 

Une situation critique.

A la sortie de la crise du covid19, pour autant que l’on en soit sorti,  notre économie subit la récession la plus sévère  avec  une reprise fragile et « hémiplégique ». Outre  le terrible bilan sanitaire avec plus de 30 000 morts, nous sommes  plongés dans la pire crise économique et sociale de  l’OCDE.  La récession atteint 12% du PIB, le chômage est remonté lui aussi à 12% des actifs, la dette publique s’est envolée à plus de 120% du PIB. L’activité reste inférieure de 10% à son niveau d’avant-crise. On constate un effondrement de l’investissement (de 40%) et des exportations, alors que la consommation s’est redressée à 97%. L’industrie est à 70% de ses capacités. Fermées plus tôt, plus longtemps, les lignes de production françaises repartent un peu moins vite que leurs concurrentes européennes - ce qui fait craindre un nouveau décrochage du made in France. Le déficit commercial atteignait plus de 7 milliards en mai. On reconnaît là tous les stigmates de l’économie du pays. Dans ce contexte d’autant plus déprimé que l’économie mondiale est en panne, la situation de la production mondiale se stabilise en effet à un niveau inférieur de 25 % par rapport au niveau de début janvier, il faudrait éviter que le plan de relance annoncé par le Président et le Premier Ministre ne s’inscrive dans la continuité des précédents, qui ont tous échoué  et  qui privilégiaient la redistribution sur la production et la protection sur l’innovation. D’autant plus que certains pays s'en sortent mieux que d'autres, mais pas la France.

Dépenser n’est pas relancer.

Une chance au moins : grâce à « l’argent magique » qui tombe du ciel européen et qui permet à la France d’emprunter à moindre coût, nous allons échapper, pour l’instant, aux hausses d’impôts qui seraient le plus sûr moyen de tuer la reprise comme en juillet 2012 avec Hollande. Mais compte tenu de l’état de nos finances publiques, qui n’est pas « un conte de fée » comme dirait Eric Woerth, c’est probablement la dernière fois que la France peut empruntée plusieurs centaines de milliards d’euros pour reconstruire son économie. Autant dire qu’il vaudrait mieux qu’elle soit au final compétitive et écologiquement soutenable. A cet égard, ce que fait l’Allemagne pourrait servir de modèle : 130 milliards d’euros au service de l’investissement, de l’innovation, de la conversion numérique et écologique de son industrie notamment automobile. Notre plan de relance ne sera présenté qu’à la fin août par Bruno Le Maire. Les actes suivront-ils ses paroles ? Les mesures de soutien aux entreprises pendant le confinement avec  les suppressions de charges temporaires ont été utiles. Mais pour la relance,  pour l’instant on constate surtout l’avalanche des dépenses pour la police, pour l’hôpital, pour la SNCF, et la machine à redistribuer semble l’emporter avec  l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire et les  hausses de salaires, les aides à la rénovation thermique pour les ménages … Sans parler de la création de la 5ème branche de sécurité sociale (financement?) au moment où le déficit du système des retraites explose à 30 milliards d’euros. Seuls 40 des 100 milliards sont affectés pour l’instant à la production et à l’industrie, ce qui ne compensera même pas les pertes enregistrées en 2020 (70 milliards pour les entreprises). On retrouve encore la  machine à dépenser dans la poursuite de la création de postes dans la fonction publique affectés aux services territoriaux… Bruno Le Maire veut baisser les impôts de production de 10 milliards d’euros, c’est mieux que rien, mais une goutte d’eau dans la mer des 67 milliards que paient nos entreprises, et encore, il faudra qu’il compense le manque à gagner pour les Régions. Ses bonnes intentions  risquent de se noyer dans le saupoudrage et le parasitage vert. Notre pays est donc en passe de dilapider à nouveau 100 milliards d’euros. On cherche une stratégie et du courage politique et on trouve surtout gesticulations, annonces démagogiques et moulinets. Et cerise sur le gâteau, on va « cantonner » la dette Covid ce qui n’est rien d’autre que le « maquillage » des comptes  publics, comme le font … la  Grèce et l’Italie.

Si Castex  veut casser la baraque, il va falloir qu’il s’y prenne autrement. Je crains que ça ne soit guère possible. Un technocrate ne peut faire que ce qu’il sait faire : reproduire à l’infini les mêmes schémas qui ne fonctionnent pas. C’est clair que la droite ferait autrement. La France semble hélas condamner au déclassement et  au déclin, à la stagnation, au chômage et aux dettes …

 


QUAND LE VIEUX MONDE DEMANDE DES COMPTES…

Les gaulois réfractaires001

 

J’ai lu le dernier livre de Philippe De Villiers. Par curiosité et aussi en amateur de belle langue.  Qui connaît le spectacle du Puy du Fou, c’est de quoi je parle. Le Vendéen a un vrai talent de narrateur et pratique le Français avec maestria. Que pouvait-il bien avoir à nous dire, lui qui semblait avoir été conquis par Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Economie, quand il  était venu lui rendre visite dans son fief. Je n’ai pas été déçu, même si je suis loin d’adhérer à toutes les thèses du Puyfolais.

Parlons d’abord  du livre.

Il  se lit d’une seule traite. Il a le mérite d’être court, concis et bien documenté. Le style est enlevé, enthousiaste aussi bien pour  applaudir que dénoncer. L’auteur, dont on connait les talents d’orateur capable de tenir en haleine une assemblée de 10 000 personnes, a conservé sa verve et le sens de la formule « tueuse ».  Son répertoire, bien que classique, peut amuser par ses nombreuses références à sa culture et son univers religieux détournés ici par dérision : Sibeth devient « La Pythie » et son pupitre de plastique un « lutrin » ;  « Saul, le païen (qui) s’est converti en galopant sur la route de Damas » est  mis en parallèle  avec « le startupper devenu le grand  logisticien du rapatriement des patries  perdues » (Macron dans son discours du 13 avril)… Le plan en est relativement simple : la pandémie et  le  confinement sont une occasion en or pour régler son compte à Emmanuel Macron par un homme que ce dernier a tenté de manipuler, et par la même occasion de se faire une fois de  plus le  chantre de la souveraineté nationale et  des terroirs face à la  mondialisation, à la technocratie et à l’européisme. L’ouvrage début donc logiquement par la rencontre Macron-De Villiers, suivie de l’épisode de la pandémie du déni au mensonge pour finir par le « jour d’après » en guise d’épilogue.

Dialogue entre le « vieux monde » et le « nouveau ».

On ne peut pas  suspecter Philippe de Villiers de mentir. Après son passage à Orléans pour « honorer » la  Pucelle, au cours du même été, Emmanuel Macron s’était rendu au Puy du Fou soi-disant pour comprendre comment fonctionnait cette réussite économique spectaculaire que sont le « Grand parc » et la « Cinéscénie ». Une rencontre haute en couleur entre le Vicomte et le banquier, au cours de laquelle il avait fait son « coming out » : « Je ne suis pas socialiste » ! ». Des heures de dialogue approfondi  qui vont laisser Philippe de Villiers sous le coup de la séduction. Le récit de l’échange est hallucinant. Macron montre un art consommé de la disruption et de la manipulation qui fait dire aujourd’hui à de Villiers : « J’ai mis du temps à comprendre ce qui se cachait derrière les figures chorégraphiques du « en mêm’temps » : Macron des villes, Emmanuel des champs »…

La pandémie : du déni à la catastrophe.

Philippe De Villiers livre ensuite un réquisitoire glaçant sur la gestion de la pandémie : le déni pendant deux mois, les mensonges successifs habilement habillés en vérités, la mise en scène du paravent du « conseil scientifique » pour se mettre à l’abri, le confinement qui aurait pu être évité et qui conduit à la débâcle économique… Une histoire terrifiante que l’auteur présente sous le faux questionnement : « Auraient-ils menti ? ». Pour Villiers, cela ne fait aucun doute, mais, avant tout, le gouvernement a péché par aveuglement idéologique. Car les mensonges vont s’enchaîner comme un engrenage inéluctable mis en perspective par le calendrier incontestable des faits et des affirmations des uns et des autres. Car il était impossible de « ne pas savoir ».  « Depuis douze ans des voix autorisées et les plus hauts képis de  l’armée française » avaient prévenu. En 2017,  le service de santé des armées alerte sur le risque d’émergence d’un « nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou échappant à un laboratoire de confinement ». Il cite au passage la légèreté avec laquelle Raffarin fait installer à Wuhan une plate-forme novatrice P4  sur le modèle du laboratoire Jean Mérieux de Lyon, dont les 50 chercheurs français qui devaient y travailler pendant cinq ans ne sont jamais partis. Et c’est de Wuhan,  justement, que le virus va  prendre le large … Les dispositions pour y faire face auraient dû être prises. Mais le 24 janvier la Ministre de la Santé rassure les Français : « Le risque d’importation de cas  de Wuhan … est pratiquement nul ». On connait la suite. La  voie choisie par la France est surprenante : les frontières ne servent à rien, les masques pas plus, ni les tests…  pour finalement se retrouver bouclé par la frontière de son propre appartement. Deux mois de déni, deux mois de confinement, une économie effondrée et plus de 30 000 morts qui auraient pu n’être que 5 ou 6 000 si l’exécutif avait fait, ne serait-ce que comme l’Allemagne. Une lourde responsabilité pour les gouvernants qui, à coups de grands’messes médiatiques ont camouflé  leur incurie. Ceux-là ne mériteraient-ils pas la Cour de Justice de la République à commencer par celui que les médias présentent comme le « chouchou » des Français ? 30 000 morts et 220 milliards de déficit, comme carte de visite… Mais évitons de jouer les procureurs. Les commissions d'enquête parlementaires sont là pour ça éventuellement.

Le retour du Nouveau Monde.

« Il faut nous réinventer, et moi le premier ». Tu parles.  En fait de se réinventer, le Président a suivi le conseil de celui qui dirige le « Centre d’analyse, de prévision et de stratégie » du Quai d’Orsay, Manuel Lafon Rapnouil, qui lui a remis un rapport sur la « sortie de crise », à la fin mars. Il y brandit la menace : « Le risque est réel que les efforts de stimulation de la croissance ne soient l’occasion pour l’ancienne économie de se remettre au centre du jeu en détriment de celle –plus innovante et verte notamment- que l’on essaie de développer ».  Tout est dit. L’ancienne économie peut crever, ces indépendants qui résistent encore au « Nouveau Monde ». Il y a donc une France « déconnectées » qu’on débranchera. Evidemment « Le jour d’après », pour Philippe De Villiers, ce sera la guerre  de ceux qui ont tenu la France à bout de bras pendant la crise contre la dilution de la souveraineté, contre la mondialisation qui nous a désarmés  face au virus. L’auteur y reprend ses combats de toujours, pertinents quand il s’agit de la technocratie ou la globalisation qui tue notre économie, quand il vante l’économie réelle ancrée dans les territoires, beaucoup moins quand il enfourche la thématique de l’Europe inutile en négligeant l’action déterminante qu’elle a eue pendant la pandémie, notamment grâce à l’action d’Ursula Von der Leyen. Cela ne veut pas dire pour autant que la France n’est pas  capable de gâcher la relance obtenue au dernier Conseil européen. Et le plan qui se concocte à Bercy n’est pas fait pour rassurer.

Le livre est donc une attaque en règle contre ce « Nouveau Monde » prôné par Emmanuel Macron et qu'il juge responsable des difficultés de la France face au coronavirus. L'ancien député européen avait eu des mots lourds de sens durant la campagne des élections européennes de 1994. « Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu'il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry. » avait-il proclamé à l’époque, en déchainant les rires. Il saisit donc cet ouvrage pour faire le procès de la disparition des frontières, de la technocratie et de la mondialisation financière. De véritables chevaux de bataille pour lui et qui ont trouvé un écho très particulier ces dernières semaines.

Même quand on n’est pas Villiériste, ce qui est mon cas, un livre à lire absolument pour la mine d’informations qu’il comporte auxquelles le grand public n’a pas eu accès et pourtant nécessaires pour se forger un jugement sur les événements.

 


RENDEZ-VOUS EN TERRITOIRE INCONNU

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Ou… CASTEX chez les réfractaires.

Le mot  a été prononcé  25 fois dans le discours de  politique générale de Jean Castex.

Territoire : 

Étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain :  le territoire de la France.

Étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction : le territoire de la  commune.

Espace défini par une particularité naturelle : territoire  montagneux.

Espace défini par une caractéristique culturelle : territoire linguistique.

Zone sur laquelle s’exerce la domination d’un animal : le chien marque son territoire en urinant. Le territoire chez les animaux est déterminé par le marquage et la défense de leur espace de vie, par un comportement parfois agressif envers les intrus. On observe alors une complémentarité entre le territoire et un comportement hiérarchique de domination. C’est  ce qui explique que les hommes pissent à côté de la cuvette.

Pour un technocrate :  le territoire est un « agencement de ressources matérielles et symboliques capables de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu ou ce collectif sur sa propre identité ».Vous n’avez pas compris ? Pas grave. Plan du gouvernement pour relancer les territoires : l’association « France Tiers-Lieux » fait plancher une dizaine de ministères sur le projet de créer 500 « manufactures de proximité » pour doper l’emploi local. Un « tiers-lieu » est « un espace collectif  hybride de travail mêlant industrie et services ». Si c’est pas un concept technocratique, ça ! Et avec ça, on va sauver la France ! Voilà où vont passer les 100 milliards pour ressouder…

La  France des territoires : la commune, la communauté de communes, l’agglomération, l’arrondissement, le canton, le département, la région, la circonscription, l’Académie, le Diocèse, l’Anpe, le bassin d’emplois, le  Pays, la Cam, la Zup, la Zad, la Zac… et l’Etat. J’en ai sûrement oublié.

Pour le géographe : le territoire est « toute portion humanisée de la surface terrestre ». Il est l’interface entre nature et culture. Le territoire est alors le décor où se déroulent les activités humaines.

Pour le politique : le territoire désigne à la fois une circonscription politique et l'espace de vie d'un groupe  qui cherche à en maîtriser l'usage à son seul avantage.

Historique : « Moi, Général De Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats  français qui se trouvent en territoire britannique… ». Un certain 18 juin.

Alimentaire : la  Sarthe c’est le territoire de la rillette !

Macronien : "il faut transformer le territoire mais sans contrarier  les procédures qui le paralysent". (en même temps).

Communautarisme : les territoires perdus de la République.

Vestimentaire : « Territoire d’homme », des griffes, des styles, des hommes… Boutiques de prêt-à-porter pour les hommes qui veulent casser la routine chemise-veste-cravate. Il n’est pas précisé si  les bi et les trans sont acceptés (pas pu résister).

Ecg : Le territoire électrique est utile pour incriminer une artère coronaire précise au cours d’une ischémie ou un infarctus. Autrement dit l’électrocardiogramme (ecg) sert à dépister les crises  cardiaques.

Vénerie : « J’aime le son du cor, le soir au fond des bois ». Un territoire de chasse est l’espace généralement assez vaste où l’on mène des chasses à courre. Chambord est un territoire de chasse présidentiel. La mauvaise interprétation serait de croire que le Président y courtise les femmes. Non, il y court après le cerf avec ses invités.

Le problème, c’est que le Premier Ministre n’a pas précisé de quel territoire il parlait. La notion de territoires vingt-cinq fois répétée comme un mantra relève d’une communication politique mal maîtrisée, voire caricaturale. Un élément de langage comme on dit aujourd’hui. Ce n’est pas en répétant machinalement un mot qu’on l’incarne, encore moins qu’on le fait exister. La notion de territoires, par ailleurs, appartient au champ politico-journalistique. La notion parle à certains élus locaux, pas aux Français. Le risque est d’être paradoxalement vu comme parisien et déconnecté à répéter machinalement un mot dont l’usage témoigne de l’inverse de sa signification.

Bref, un mot qui ne veut rien dire. Qui a dit déjà : « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! »