EN ATTENDANT L’ORACLE !
22 novembre 2020
A quoi cela sert-il d’annoncer une semaine à l’avance la prise de parole du Président ?
Tout bonnement à occuper les médias qui ont fait défiler tous les faux experts pour les sonder sur ce que devraient être les annonces dont ils n’ont pas connaissance au moment où ils parlent, et surtout faire toutes les supputations possibles au cours de débats aussi inutiles que fastidieux. Secondement, la période est mise à profit par l’exécutif pour lancer des pistes et autant de ballons d’essais afin de choisir les décisions qui paraîtront les plus lucratives pour la popularité de l’intéressé, et finalement faire croire qu’il a un cap, élément de langage qui revient beaucoup depuis quelques jours, alors qu’il ne fait que suivre la pandémie, l’œil rivé aux stats que Véran lui passe et à la courbe des sondages.
Mardi, nouvelle séance de « Au théâtre ce soir » !
Le 24 novembre à 20h l’oracle va parler. Pour ne pas dire grand-chose, puisque depuis trois jours, via Castex et Attal, tout ou presque a déjà été dit. Mais Manu a besoin de se sentir chef et suivi. C’est certain, il aura encore ses 25 millions de pigeons devant la lucarne magique à boire ses paroles à l’affût de l’annonce qui simplifiera la vie à tel ou tel. Mais pour ceux que cela inquièterait, ce ne sera pas la dernière séance. Car il va faire durer le plaisir : à savoir qu’il devrait exclure le « déconfinement » ! Il s’en est ouvert dans les colonnes du JDD d’aujourd’hui avec le ton martial du chef de guerre déterminé qu’il n’est pas. Et il nous prévient déjà pour que nous ne soyons pas déçus : « Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin. Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap. Savoir ensemble où nous allons et comment y aller (ça on aimerait bien le savoir). C’est difficile, car la pandémie est par essence imprévisible et mondiale (donc on ne sait pas où on va). Mais c’est la clé de la confiance, qui elle-même est la clé du succès. » Du pur Macron, tout et son contraire dans la même phrase. Autrement dit le cap, c’est qu’il n’y en a pas. Et c’est normal. Comment pourrait-il y en avoir un ? Il faudrait une boussole, mais la sienne indique le Nord et le Sud « en même temps » !
Faire durer la comédie.
Pour instaurer un simulacre de confiance, il faut donner des gages de crédibilité dans la gouverne. On fait donc dans la dramatisation. Donc, Macron ne va pas nous promettre des lendemains qui chantent. Pour le Président, le déconfinement est totalement exclu et il ne prononcera même pas le mot lors de son allocution. Il fera un état des lieux de l’épidémie, comme si on ne le connaissait pas, alors qu’on a droit à un récapitulatif quotidien, et annoncera des mesures d’allégement du confinement. Quelques bonnes nouvelles dont on nous a déjà largement abreuvés. Il détaillera les modalités de réouverture des commerces « non essentiels » et nous expliquera très certainement comment les fêtes de fin d’année vont se dérouler. On attend avec impatience de savoir si on pourra recevoir la famille et combien on pourra être à table. Par décret, comme pour le sapin. L’annonce de la réouverture des lieux de culte devrait également se faire ce mardi. D’abord, ils n’étaient pas fermés, mais ceux qui veulent pourront enfin retourner assister aux messes. Un petit mot pourrait également être prononcé pour les grands perdants de cette période : les bars, restaurants et les lieux de culture qui ne devraient pas pouvoir réouvrir avant Janvier. Mais teasing oblige : tout n’a pas été préannoncé. Le chef s’est réservé quelques précisions : par exemple, les stations de sport d’hiver vont-elles pouvoir ouvrir, pourra-t-on réveillonner le jour de l’an, …. Bah oui, sinon, bonjour l’audimat.
Damage de piste.
Le gouvernement a aussi envoyé son minet au charbon, dans le même journal. Le « porte-parole », Gabriel Attal précise en effet que « les assouplissements » au confinement se feront en trois étapes au regard de l'évolution sanitaire et des risques liés à certaines activités : d'abord autour du 1er décembre, puis avant les congés de fin d'année, puis à partir de janvier 2021. Mais nous sommes prévenus d’ores et déjà : le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi ! Une attestation pour se déplacer sera toujours nécessaire au-delà du 1er décembre, avait déjà déjà surenchéri le Premier ministre Jean Castex, mais le rayon d’un kilomètre ne serait plus maintenu pour prendre l’air. Attal juge par ailleurs « intéressante », « à titre personnel », la possibilité de rendre obligatoire l'isolement des cas positifs et des cas contacts, rajoutant « Beaucoup de nos voisins l'ont fait et j'entends des Français qui estiment subir des contraintes qui pourraient être allégées si nous concentrions les efforts sur les chaînes de contamination ». Un avis dont le Président et son Premier Ministre pourraient s’inspirer, d’autant plus que Les Républicains le réclament à cor et à cris. Mais il est gonflé quand il affirme que les oppositions, « à défaut d'un esprit constructif » se sont « retrouvées au sein d'un conseil de défiance ». Tellement facile de faire siennes les propositions qui en émanent pour ensuite refuser en débat dans les Assemblées toute proposition qui ne vient pas de la Majorité. En voilà encore un qui, au bal des faux-culs, ne ferait pas banquette.
On verra si, sur la vaccination, ils auront su anticiper. Le ratage complet de l’opération « tester, tracer, isoler » ne plaide pas en leur faveur.
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