HISTOIRE
LE BILAN DE TRUMP
FERME-LA (BOUTIQUE) ET MEURS !

LE MALAISE

Malaise Castex

 

« Y a comme un défaut », aurait dit Fernand Raynaud. En ce mois de novembre, avec ce nouveau confinement, le  pays ne va pas bien : grogne, violence sourde, morosité, théorie du complot, réseaux sociaux en ébullition, chute vertigineuse de la confiance … Il faut regarder les choses en face et tirer la sonnette d'alarme. Et passer outre aux injonctions des moralisateurs  comme quoi il ne faudrait  pas critiquer l’action des « chefs » sous prétexte d’irresponsabilité ou de politique politicienne. Pour parer à cet écueil, on se contentera des faits.  Indiscutables. Tirons un premier bilan, temporaire. Et il est désastreux pour la France, aux plans sanitaire et économique. Nos partenaires européens n'ont pas confiné aussi durement que nous au printemps et pas plus maintenant. En conséquence, notre économie a souffert et va souffrir plus que celle de nos partenaires. Là où l'Allemagne va perdre un peu moins de 6 points de PIB en 2020, nous allons en perdre plus de 11. C'est presque deux fois plus. Ce nouveau confinement, dont l'impact sur le PIB est estimé à 50 milliards et qui représente 20 milliards de dépenses supplémentaires, nous entraîne vers une dépense publique à 63,4 % du PIB. 

Les  chiffres sont terribles.
La France n'a pas voulu choisir entre l'économie et la vie, elle a même oublié que l'économie c'était aussi la vie. Il faut bien admettre que le « en même temps » cher à notre gouvernement a des effets dévastateurs.

Voyons le plan sanitaire.

Avec 600 morts du Covid par million d'habitants, nous venons de dépasser la Suède, dont le modèle a pourtant été très critiqué, et nous nous rapprochons à toute vitesse de l'Italie (679), des États-Unis (724) et de la Grande-Bretagne (736). L'Allemagne est à 137, tiens donc ! La France est devenue l'épicentre de la pandémie. Si on regarde le nombre de décès du Covid sur les 14 derniers jours pour 100 000 habitants, nous affichons 8,2, l'Italie 6,4, la Grande-Bretagne 6,2, l'Allemagne 1,5 et la Suède 0,9. Les chiffres sont sans appel. Il ,est inutile de rappeler ici que nous avons le système de santé dont le budget rapporté au PIB est largement un des plus élevés au monde. Manifestement l’argent est  mal  dépensé et ne va pas là où il serait le plus efficient.

Du côté de l’économie, ça ne vaut pas mieux.

Là encore les chiffres sont sans appel. Sur 2020 nous afficherons une des plus mauvaises performances économiques mondiales. Avec une baisse du PIB de 12%, nous explosons les compteurs par rapport à toutes les grandes puissances économiques, et de très loin, à part l'Espagne et l'Italie : Chine +1,8%, États-Unis -4,3%,  Suède -4,3%, Japon -5,3%, Allemagne -6%, Grande-Bretagne -9,8%. Nous devions nous rattraper grâce à un plus fort rebond en 2021, de 6% mais il est révisé à la baisse mois après mois, forcément. Et s'il se situe finalement à 4,5/5%, nous serions au même niveau que nos partenaires qui ont beaucoup moins plongé en 2020. Pas brillant, donc.  Et encore, laissons de côté les indicateurs du chômage, de la balance commerciale, du déficit budgétaire et de la dette.  Inutile d’enfoncer le clou. Ils sont calamiteux.

Les incohérences et les volte-face.
La simple observation des faits nous oblige à faire  le constat des errances des décisions qu'on appelle maintenant pudiquement le « stop and go ». La pandémie est passée du « nous sommes en guerre » à « la guerre est finie, c'est la libération, sortez et consommez pour sauver l'économie », puis à « nous allons tous mourir, car vous ne faites pas d'effort » avec les effets dévastateurs qu’on constate. On avait cru comprendre que travailler au maximum malgré le virus devait redevenir la règle commune pour tous les Français, quel que soit le secteur. Sauf, visiblement, pour les commerces considérés comme non essentiels. Agnès Verdier-Molinié commente ironiquement : « Vos chaussettes sont trouées et vous avez besoin d'en acheter une paire rapidement ? Ce n'est pas essentiel. Vous avez envie de fumer ? C'est essentiel. De lire un bon livre ? Pas essentiel. Besoin d'un vêtement d'enfant en deux ans ? Essentiel. En trois ans ? Interdit. Kafka n'y retrouverait pas ses petits. » Malheureusement, le commerce se relèvera difficilement de ce « stop and go ». N'attendons pas quinze jours pour rouvrir les commerces, même s'il doit y avoir des règles sanitaires contraignantes. Une large partie des petits commerces va aller directement en liquidation. Alors que les commerçants demandent une vision et un cap, on leur répond par des aides, de l’assistanat et l’aumône. Mais enfin, les commerçants ne sont pas des mendiants, ce sont des entrepreneurs. Pourquoi leur refuse-t-on le droit  de travailler ? Les arguments avancés sont incohérents.

Il y a des raisons de positiver.

L'économie mondiale  ne va pas si mal. Et même l'économie française. Car nous avons la chance de faire partie de la zone euro, et d'avoir la Banque centrale européenne qui finance largement l'économie.  Cela nous permettra de passer ce cap difficile, même si dans l’absolu, on peut déjà annoncer, sans prendre trop de risque, qu’à la fin de la pandémie, le bilan sera désastreux. Surtout par comparaison avec l’Allemagne, la Suède, et même les États-Unis ou la Grande-Bretagne. D’ailleurs, il a suffi qu’un laboratoire annonce la  mise au point du vaccin salvateur pour que le ciel s’embrase d’un soleil boursier éblouissant. Certes, on a connu des hausses de marché en une journée supérieures à celle de lundi, notamment après la crise de 2008. Le CAC 40 a violemment accéléré pour terminer la séance du jour en hausse de 7,57 % à 5 336 points. Le groupe pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ont indiqué que leur vaccin était efficace à plus de 90% contre le Covid. Du coup, les derniers sont devenus les premiers. En effet, les valeurs massacrées du fait du Covid ont connu des progressions de plus de 30 ou 40% et les valeurs dites « Covid », notamment dans le digital, qui avaient connu des progressions fulgurantes, ont chuté lourdement.

Rien de nouveau sous le soleil.  Vivement le  monde d’après quand même ! En espérant que le peuple et ses élus soient un peu plus écoutés. Et n'attendons plus pour faire confiance aux Français en supprimant cette attestation de déplacement, unique en Europe, qu’il est tellement facile de contourner, qui infantilise et maintient un climat de défiance à l'heure où nous devrions être soudés. Il faut faire confiance à nos élus locaux et à notre Parlement pour co-construire le chemin de la sortie de ce confinement avec de la souplesse en fonction des territoires au lieu de camper sur des positions bureaucratiques ineptes, étatiques, dictées avec un autoritarisme entêté.

N'oublions pas qu'il y a, non pas un, mais deux combats à gagner : le sanitaire et l'économique. Sinon, les « survivants » n'auront que la crise économique et le chômage en héritage.

 

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