HISTOIRE

« UN POGNON DE DINGUE » !

Des-liasses-de-billets

 

Fuite en avant des dépenses.

Le gouvernement fait l'impasse sur les mesures d'économies pour le dernier budget du quinquennat. Le budget présenté à l'Assemblée continue à faire la part belle aux dépenses. La fête continue. Si l'année 2022 devrait marquer la fin du « quoi qu'il en coûte », elle ne sera pas celle du retour à la normale, loin de là, sur le plan budgétaire. Bercy a, certes, ramené certains ministres à la raison quant à leurs demandes de crédits supplémentaires (près de 22 milliards) pour le dernier budget du quinquennat, mais l'addition sera quand même salée : 11 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Et ce chiffre reste provisoire. D'ici la rentrée, il s'alourdira en fonction du calibrage du « revenu d’engagement » pour les jeunes, et des arbitrages sur les nouveaux investissements promis par le Président.  Même si l'économie rebondit, on ne referme pas les vannes, élections obligent. La Cour des Comptes va s'arracher les cheveux qui lui restent. Et encore on ne parle que des crédits des ministères de l'Etat, et pas des dépenses de la Sécurité sociale, toujours sous haute tension : le variant Delta continue de faire flamber les dépenses de tests, la meilleure prise en charge de la dépendance pèsera sur 2022.

Difficile sortie de crise.

Toute la difficulté pour le gouvernement vient du fait qu'il doit assumer ses engagements pluriannuels (recherche, défense, etc.) sans couper trop vite dans les dispositifs d'urgence, malgré le rebond de l'économie. Bruno Le Maire s'est ainsi montré ouvert quant à l'issue du rendez-vous de la fin août prévu avec les professionnels, en soulignant que nombre de secteurs étaient encore loin d'avoir retrouvé une activité normale. De plus, certaines dépenses exceptionnelles, comme le repas à 1 euro dans les restaurants universitaires ou la hausse des capacités d'hébergement d'urgence, se pérennisent. A côté de cela, les mesures de relance se déploient à bon rythme, à l'instar de « MaPrimeRénov' », qui va coûter deux fois plus que prévu sur 2021-2022. C'est un signe de succès, de même que l'augmentation des moyens des armées, de la police, de la justice ou encore de l'aide au développement peut-être considérée comme autant de nécessités. L’effet de ciseau entre le  frein nécessaire et la prolongation indispensable s’impose dans toute sa complication. L'enjeu : ne pas briser la reprise de l'économie.

Impasse sur les économies.

Piloter les dépenses publiques, c'est choisir. Et avec un volet économies réduit quasiment à néant dans les textes budgétaires à venir, le choix a été fait de  laisser filer les   dépenses.. La seule économie chiffrée évoquée jeudi dans les documents transmis au Parlement porte sur les achats de l'Etat (150 millions en 2022), ce qui est bien maigre. Et dans la sphère sociale, l'exécutif se raccroche à la réforme de l'assurance-chômage qu'il entend réappliquer au 1er octobre, après la suspension décidée par le Conseil d'Etat. Et il faudra attendre qu’elle  produise ses  effets. On comprend bien que la France est entrée dans une période de  pré-campagne électorale, peu propice aux efforts et  surtout très tentante en cadeaux électoraux. Cela n'a rien d'étonnant avant une échéance présidentielle, et alors que l'évolution de la situation sanitaire va continuer de dicter l'agenda politique. Pourtant, il aurait été  sage de commencer à engager  une réduction des dépenses courantes partout où c’était possible. Car la France pourrait avoir le plus gros déficit de la zone euro en 2024, et faire partie du groupe cumulant les difficultés budgétaires avec l'Espagne, l'Italie et la Belgique, s'alarme la Cour des comptes : il faudrait chaque année 9 milliards d'économies supplémentaires pour stabiliser la dette en 2027, tous les pays ont vu leurs comptes publics bouleversés par la pandémie, mais « quel que soit l'indicateur retenu (déficit excessif, déficit structurel, dette publique), la situation des finances publiques de la France est parmi les plus affectées au sein de l'Union européenne », est-il écrit dans son rapport. L'effort prévu par Bercy pour remettre progressivement d'équerre les comptes publics - « l'ajustement structurel » en sabir bruxellois - est par ailleurs « parmi les plus faibles des plus grands pays européens », relève la Cour. « A l'instar de l'Italie, de l'Espagne et de la Belgique, la France appartient au groupe des pays qui, en 2024, affichent à la fois une dette et un solde structurel élevé ».

Comment faire campagne ?

Dans ces conditions, on voit  mal comment les  candidats à la présidentielle vont pouvoir proposer  des  programmes sérieux de redressement de  la situation de la  France.  Nulle part, on ne voit de projet qui repense en profondeur le poids de la dépense publique, c’est-à-dire la place de l’État. Les idées d’hier, qui ont alimenté les campagnes présidentielles, sont obsolètes. Qui proposerait aujourd’hui le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (Nicolas Sarkozy, 2007) ? Ou la suppression de 500.000 emplois dans la fonction publique (François Fillon, 2017) ? Personne ne fera cette fois campagne sur des coups de hache, les privatisations sont passées de mode, la délégation au privé a encore plus mauvaise presse, et c’est pire depuis le fiasco de la distribution de la propagande électorale des régionales.

Les plus brillants esprits du pays cogitent sur le monde d’après. Au mieux, leurs idées respectent l’exigence d’équilibrage des comptes publics parce qu’elles prévoient une nouvelle recette (taxe carbone, imposition des multinationales, taxe digitale, progressivité des droits de succession, contribution exceptionnelle ou permanente des grandes fortunes, etc.), avec des marges de manœuvre très étroites dans un pays surimposé. Au pire, elles n’apportent de réponses aux grands défis de notre époque que sous la forme de dépenses : revenu universel, minimum jeunesse, revalorisation des carrières dans l’éducation ou à l’hôpital, décarbonation de l’économie, réindustrialisation… En privé, Bruno Le Maire s’avoue par exemple «effaré» par le prix de la transition écologique. L’imagination tourne à plein régime pour les dépenses. Elle reste stérile en matière d’économies. Qui peut citer une proposition originale et convaincante qui aurait été versée récemment au débat ? Nulle part, on ne voit de projet qui repense en profondeur le poids de la dépense publique, c’est-à-dire la place de l’État. Tout, demain, semble devoir coûter un pognon de dingue.

Le défi n'en sera que plus dur à relever.

Les politiques engagent la prochaine bataille présidentielle sur le thème de la protection. La simplification et le recul de la bureaucratie ne sont encore que des slogans. La société civile s’installe dans un rapport toujours plus étroit à la puissance publique. Donner un net coup de frein à cette hausse de la dépense publique sera un défi d'autant plus difficile à relever lors du prochain quinquennat. Encore faut-il que le contexte international ne vienne pas  peser pour aggraver encore  le fardeau.

« On est  mal patron, on est mal ! »

 


LE CAS DUPONT-MORETTI

Dupont Moretti

Notre Garde des Sceaux aurait oublié de déclarer 300 000 € au fisc, mais c’est son comptable qui aurait commis l’erreur.  Bref, il aurait réparé immédiatement selon ses dires. On lui en fera grâce car ce n’est pas cela qui a causé ses ennuis avec la justice. Éric Dupond-Moretti fait l’objet de poursuites judiciaires et son bureau au siège du ministère a été perquisitionné en même temps qu’une convocation lui a été remise pour une mise en examen certaine. Il se présente aujourd’hui devant les juges, se disant serein et déterminé.

« prise illégale d’intérêts », vraiment ?

Les juges lui reprocheraient, après avoir été nommé Garde des Sceaux, d’avoir poursuivi ses recherches concernant l’accès des enquêteurs à ses conversations personnelles du temps où il était avocat. Les principaux syndicats de la magistrature et l’association Anticor l’accusent de « prise illégale d’intérêts » pour avoir usé de ses fonctions ministérielles afin d’orienter le traitement de dossiers dans lesquels il serait impliqué comme avocat. En quoi consiste l’interférence dénoncée ? Essentiellement dans le fait d’avoir confirmé, en septembre 2020, l’enquête administrative, initiée par Nicole Belloubet, portant sur les méthodes utilisées par le parquet national financier (PNF) dans l’affaire dite des «fadettes». Trois magistrats du PNF ont, en effet, exploité, sur une période inhabituellement longue pour de telles investigations (six ans) et - comme le relève un rapport de l’Inspection générale de la justice - selon des modalités procédurales présentant des anomalies, des factures téléphoniques détaillées, en vue d’identifier la « taupe » qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute (dans le cadre d’une précédente affaire). Or nombre des communications téléphoniques ainsi exploitées concernaient des cabinets d’avocats et l’un de ces cabinets était celui de Maître Dupond-Moretti. Voilà toute l’infamie imputée à Éric Dupond-Moretti. Rappelons que ce dernier n’a jamais été le conseil de Nicolas Sarkozy.

Une perquisition théâtrale.

La commission des requêtes de la Cour de Justice de la République, censée filtrer les plaintes contre les ministres, a jugé les plaintes recevables. La commission de l’instruction de la CJR a décidé une fouille des locaux professionnels, ce qui nous a valu, le 1er juillet, le spectacle grotesque d’une justice perquisitionnant le ministère de la Justice. Dix heures au cours desquelles ont été saisis les ordinateurs de la direction des affaires criminelles et des grâces et les téléphones des membres du cabinet… et - détail prémonitoire ? - ouverts au chalumeau de vieux coffres-forts vides… Sans attendre les improbables résultats de cette perquisition, la commission de l’instruction a convoqué le garde des Sceaux en vue de sa mise en examen. La perquisition a duré une journée entière et la convocation lui a été remise avant que les magistrats s’en aillent. Ce qui fait dire aux avocats d’Éric Dupond-Moretti que son sort était scellé bien avant que les investigations produisent le moindre résultat susceptible de l’incriminer. Ces excès laissent sans voix la grande majorité des commentateurs et de la classe politique.

Réglement de comptes ?

On ne peut que ressentir un malaise quand on apprend que les poursuites sont organisées sans respect excessif pour la procédure, au moment où il est de notoriété publique que les relations entre le ministre et ses administrés sont pour le moins tendues.  Car c’est en vertu d’une conception bien extensive des dispositions instituant la « prise illégale d’intérêts » que la commission des requêtes de la CJR, puis sa commission de l’instruction, emboîtant le pas aux syndicats de magistrats, poursuivent le garde des Sceaux dans cette affaire des fadettes. Après les affaires Fillon et Sarkozy, la mise en cause du ministre de la Justice par la Cour de justice de la République pour des motifs dérisoires est une nouvelle preuve du manque d’impartialité de la magistrature, estime Jean-Eric Shoettl, l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. Si la mise en examen ne fait guère de doute –le contraire serait étonnant- c’est qu’en application de la  jurisprudence Balladur, les magistrats en espèrent sa démission, pour se débarrasser de lui. Depuis son entrée en fonction, l’actuel garde des Sceaux est vilipendé par le gros de la magistrature, que celle-ci s’exprime par la voix de ses syndicats, qui ont vu dans sa nomination une « déclaration de guerre », ou d’une haute hiérarchie judiciaire qui ne craint pas de le morigéner publiquement. Ces mêmes hautes autorités pèsent sur le fonctionnement de la CJR et n’ont pas le réflexe de se déporter. Eric Dupond-Moretti a entendu, non sans avoir recueilli au préalable l’avis favorable de ses services, que soit menée à son terme une enquête administrative justifiée et présentant toutes garanties d’impartialité. Il a par ailleurs délégué au premier ministre toute initiative disciplinaire qu’il y aurait ultérieurement lieu de prendre au vu des résultats de l’enquête… Lui fallait-il enterrer ce dossier pour la seule et étrange raison qu’il a été victime des agissements sur lesquels il porte ?

Acharnement suspect.

La justice n’est pas sortie grandie de diverses affaires où elle a fait preuve d’un acharnement suspect moins dicté par l’application du droit que par l’hostilité contre un personnage. À l’égard de l’actuel Garde des Sceaux, on ne peut s’empêcher de penser que la magistrature est juge et partie. Tout se passe comme si, corporativement mécontente de son ministre, elle cherchait à s’en débarrasser par le biais pénal. La partie parlementaire de la CJR renâcle en revanche à se laisser ainsi instrumentaliser, puisque deux de ses membres viennent d’en démissionner, refusant de prendre part au «semblant de justice» que constitue, à leurs yeux, la convocation du ministre de la Justice. On ne peut pas davantage extraire cet épisode du contexte politique : à dix mois de l’élection présidentielle, les adversaires du chef de l’État semblent se faire un plaisir d’utiliser leur pouvoir pour détruire un ministre régalien et affaiblir ainsi le camp du président. Mais cette fois, ils jouent gros en s’attaquant à un avocat qui a la réputation de savoir « défendre ». Et ce serait un coup pour rien puisque Emmanuel Macron a décidé qu'il ne demanderait pas sa démission.

Quelle indépendance ?

La justice veut affirmer son indépendance, et c’est bien normal. Mais a-t-elle besoin pour autant de camper un contre-pouvoir purificateur et d’alimenter la crise de confiance qu’éprouve notre pays envers son État ? L’indépendance de la justice est aujourd’hui entière, au moins statutairement sinon idéologiquement. Après le «Mur des cons», c’est son impartialité qu’elle devrait manifester. Il est impossible de dire si oui ou non le Ministre sortira blanchi de ce nouvel épisode politico-judiciaire, et surtout s’il le sera avant l’élection présidentielle. Mais je ne crois pas que le pays ait besoin de ce passage obligé, alors que nous ne sommes sortis ni de la pandémie ni de ses conséquences économiques et sociales. Quel bénéfice peut trouver la magistrature à concourir au discrédit des institutions, au moment où celles-ci devraient se montrer soudées face à la crise sanitaire, économique et sociale, comme face à la violence civile, à la délinquance et au terrorisme ?

Rapprochées des affaires intéressant MM. Fillon, Sarkozy et d’autres, les procédures tonitruantes visant MM. Véran et Dupond-Moretti soulèvent des interrogations relatives à la pénalisation de la vie publique. Il est courant de dire qu’on ne juge pas une décision de justice, mais les cas sont nombreux où les décisions sont infondées, de sorte que les magistrats s’acharnent à détruire le principe. À leurs dépens.

 


POURQUOI ON VOTE (OU PAS) : REMONTONS A LA SOURCE !

Petit spirou qu'est-ce que tu fabriques

 

J’en ai lu des argumentaires sur  l’abstention qui progresse dans notre pays à chaque consultation. Et il faut dire que pour celle que nous venons de vivre, le record a encore été battu et atteint désormais des niveaux dramatiques pour un pays comme la France, réputé être une démocratie. Et les arguments des  commentateurs, plus ou moins experts, sondeurs et autres politologues, sont nourris, nombreux et souvent évidents. Mais, aucun n’a fait le lien pourtant fondamental, avec  ce qui  est historiquement à  l’origine du vote. 

Que nous disent-ils ?

Christophe Guilluy observe que l’abstention est devenue majoritaire parce que l’offre  politique s’est clientélisée, segmentée sur des fractions de population, accompagnant la disparition de  la majorité sociologique. Aujourd’hui, la « majorité » fait sécession. Le monde  politique se serait déconnecté de la société. L’écosystème médiatique, politique et culturel a tourné le dos au peuple,  la  France  profonde,  et ne sert plus le bien commun. L’Ifop, dans son enquête identifie de son côté  « une crise de  foi républicaine », atteignant le  sentiment d’appartenance à un collectif de citoyens formant le corps électoral.  Que ce  soit la droite ou la gauche, le constat prédominant est que cela a  peu d’incidence sur la vie quotidienne. Il est observé aussi un déficit de transmission de la culture républicaine, en même temps qu’une demande  d’une offre  politique sur mesure. De son côté, Dominique Reynié, de la Fondapol, décrit l’abstention comme le résultat d’une campagne écrasée par des thèmes nationaux  et une extrême politisation dans un pays où les partis politiques font l’objet d’un jugement très négatif dans l’opinion. Il voit dans le caractère massif du refus de vote, une « désinstitutionnalisation »  affectant notre vie politique. Une partie des oppositions et du débat public se déplace vers un domaine extra-institutionnel : la « zadisation » en est un bon exemple, les mouvements groupusculaires activistes qui agitent les réseaux sociaux en sont un autre.  L’idée de la convention citoyenne  est un autre moyen de tuer la démocratie institutionnelle. La « désinstitutionnalisation » se radicalise dans la montée en puissance d’un espace public  numérique et s’accomplit à travers des protestations multiformes : vote antisystème, protestation manifestante, abstention  massive. Tout cela  s’ajoute à des causes  plus prosaïques telles que la complexité du mode électoral des cantonales avec ses  doubles binômes, et même  des  Régionales avec son scrutin de  listes régionales segmentées en listes départementales. Les citoyens perdent de vue les mérites indépassables de la démocratie représentative.

Mais voilà, ils oublient l’essentiel.

Pour illustrer mon propos, je vais partir d’une anecdote vécue. C’était  il y a quelques années, dans une vague salle de réunion publique, à  moins que ce fût un  préau d’école, le candidat venait d’égrener son programme et ses multiples projets. On passait alors au temps fort de la soirée, où  une petite foule se pressait, le jeu des questions-réponses. C’est alors qu’un brave gaillard se leva en levant le bras droit, pour demander la parole, le gauche étant occupé avec sa casquette qu’il  avait pincée entre ses doigts et tout en grattant son crâne avec l’ongle du pouce, posa  sa question : « Et combien qu’ça va-t-y coûter tout ça ? » … Tout était dit.  A cette époque-là, les gens s’intéressaient aux élections, et il n’était pas rare qu’ils aillent assister aux prestations de candidats concurrents pour comparer les programmes. Ces citoyens-là étaient aussi des contribuables à qui on ne la faisait pas, ils savaient reconnaître ceux qui promettaient plus de beurre que de pain et surtout veillaient à choisir celui qui, selon le choix de chacun, serait économe des deniers publics. C’est tout bête, le vote,  c’était choisir aussi un budget et des impôts. Voilà la source ! Personne ne nous dit qu’aujourd’hui, elle est tarie ! Et pas un ne fait le lien pourtant évident !

Il se trouve que 57%  des foyers fiscaux ne paient pas d’impôts sur le revenu, ni d’autres d’ailleurs. Bientôt plus de taxe d’habitation pour tous. Alors à quoi bon aller voter : «  ils » peuvent bien faire ce qu’ils veulent, faire valser « un pognon de dingue », trop de nos concitoyens ne sont plus  concernés, quelles que soient les  dépenses, ils ne seront pas appelés à les payer. Les autres, plus riches ont plein de niches fiscales à leur disposition pour adoucir  la note.  Et puis de toutes façons, avec le prélèvement à la source, on leur a même supprimé le geste de payer et en même temps le consentement à l’impôt. Bien sûr, tout le monde paie la TVA, mais  combien savent qu’elle finance en partie les dépenses des Départements et des Régions. Et puis il n’y a pas plus indolore comme impôt.  Après on s’étonne que la participation électorale diminue. Qui peut comprendre qu’avec un tel  système, on a supprimé le frein à la dépense et que, si la charge ne pèse pas sur les porte-monnaie, il y a un prix  à payer quand  même qui s’appelle bas salaires et manque de croissance et donc… chômage.

Bref, pas d’impôts, pas de besoin de voter.

 


Y A-T-IL UNE NOUVELLE MARINE ?

Le Pen 2022

 

Comme Emmanuel Macron qui, lui aussi, est le grand perdant du dernier scrutin avant la présidentielle, l’extrême-droite a contourné la défaite pour repartir, sans ciller et sans discuter du problème posé par l’abstentionnisme, vers le seul rendez-vous électoral qui ait de l’importance à ses yeux. Ce qui vaut pour la République en marche vaudrait donc pour le RN. Le Rassemblement National, à l’occasion de son congrès à Perpignan, a donc décidé de ne pas s’appesantir sur son échec aux élections régionales et départementales et de ne rien changer à son programme. Il a réélu Marine Le Pen triomphalement à la tête de son parti, avec  la « clause de campagne » nommée Jordan Bardella. Mais ne nous y trompons pas, l’enthousiasme n’est qu’apparent. Il ne met pas fin aux vicissitudes que rencontre le Rassemblement National, qui ont été délibérément ignorées, ce qui ne veut pas dire qu’elles ont disparu.

Une abstention symptomatique.

Il est probable que l’électorat de Marine Le  Pen est miné, par la bizarre concurrence d’Éric Zemmour, par les commentaires haineux de Nicolas Dupont-Aignan, ou par ses difficultés financières. L’échec des 20 et 27 juin,  par l’absence d’une partie de ses électeurs, méritait d’être examiné non comme un incident de parcours mais en tant que dérapage suspect, susceptible de s’aggraver. Le tableau général de la politique en France montre un désarroi général qui n’est nullement circonscrit au RN, il s’est installé à gauche, chez les Verts qui n’accoucheront d’un  candidat que dans la douleur, et à l’extrême gauche, dont la stratégie est tout simplement suicidaire. Il a touché la droite. Certes il valait mieux gagner que perdre et les Républicains nous le font savoir, mais le stock de leurs voix est quand même en baisse par rapport à 2015.  Tout concourt à une incertitude qui risque de durer jusqu’en avril prochain.

Pourtant, le défaut de participation de l’électorat d’extrême-droite est anormal  car il est habituellement marqué  par la fidélité et valorisé par l’abstention des autres. Il y a donc une explication plus  profonde.  Il semble aussi que le choix de têtes de  listes « transfuges » venues de l’UMP, comme Mariani et Garraud, qui avait pour but de capter un supplément d’électeurs de la droite républicaine ait eu un double effet contre-productif : de la défiance des électeurs traditionnels marinistes sans élargir la base électorale. Globalement, dans une France rétive au vote, la participation RN est rentrée dans le rang, d’autant plus que Marine Le Pen à appeler à aller voter par  une ferme injonction qui visait à secouer ses électeurs au soir du premier tour sans qu’elle soit suivie d’effet une semaine plus tard.

Le prix de la « normalisation ».

Depuis qu’elle a pris en main le Front National,  puis le Rassemblement National, Marine Le Pen n’a cessé d’agir dans sa stratégie de « dédiabolisation », pour rendre  le parti attirant et le sortir du fossé contestataire et extrémiste où son père l’avait ancré. Si l’on s’en tient à ses déclarations, la cheffe du Rassemblement National n’a absolument plus rien d’inquiétant. Elle s’en est parfaitement expliquée sur France info : elle est pour l’Europe et pour l’euro, elle est anti-islamiste mais respecte profondément la religion musulmane, elle a un plan pour la réforme des retraites qui n’est pas pire que les autres et elle est toute en modération par ses prises de position plus centristes que radicales. Elle avait même averti « si le RN ne gagne aucune région dimanche, ce n’est pas son affaire : elle continuera son irrésistible marche en avant », comme Macron. Résultat : son électorat ne la suit pas quand elle appelle à l’aide et aucune région ne tombe de son côté. En gommant les aspérités de  son programme, s’est-elle banalisée au point qu’elle ne peut  plus être le réceptacle de la  colère de ses habituels  mécontents ? En résumé : elle ne suscite  plus d’enthousiasme ! Alors si même  le mouvement du candidat n’y croit plus, qui y croira ?

Qui mieux que la droite …

Aujourd’hui, il est difficile de dire de quoi Marine Le Pen est vraiment le nom après avoir modifié ses convictions au point d’adopter celles de la droite. Elle a même eu l’occasion de dire que la dette due à la pandémie était remboursable ! Sa reconversion au centre droit lui a en tout cas réussi puisqu’elle semble avoir retrouvé, au moins médiatiquement, une partie de la crédibilité qu’elle avait perdue en 2017. Ainsi, le RN serait un parti comme les autres, et sa patronne ne serait pas plus radicale qu’un Eric Ciotti.

Il est facile de prétendre que Marine Le Pen ment pour se faire élire et que, une fois élue, elle s’empressera de retrouver ses fondamentaux. Mais personne n’a la preuve de cette manipulation, qui ne sera vérifiable qu’après coup. Pourtant, à force de  vouloir trop ressembler à la droite républicaine, on  peut nourrir un soupçon. C’est que les gens qui l’entourent ont souvent des convictions racistes, antisémites, intolérantes, qui n’ont pas d’autre débouché que le Rassemblement National. Elle ne peut pas davantage ignorer son passé, les opinions de son père, ce que le Front National a représenté même s’il a changé de nom. Son message : « J’ai changé, je suis une bonne fille » ne doit pas faire illusion. Elle a construit sa carrière sur un socle d’intolérance, sur des concepts réfléchissant les vieilles idées de l’extrême droite, terme qu’elle rejette avec vigueur mais qui lui colle à la peau. Chassez le naturel, il revient au galop, et même si elle était sincère, il y a certes le programme, mais il y a aussi le risque de la pression exercée par les adhérents. Même à contrecœur, Marine Le Pen pourrait être incitée à prendre des mesures répressives bien plus tôt qu’elle ne le croit. Et d’autant plus qu’elle voudra reconquérir le coeur de ceux qui l’ont abandonné aux Régionales.

Vous m’avez compris : puisque les électeurs de droite ont le choix, autant préférer l’original à la copie. Inutile de prendre le risque !

 


CANDIDAT A DROITE : NE GÂCHONS PAS LA FÊTE !

 

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Il  n’en fallait pas plus pour que l’espoir change de camp : une belle  victoire incontestable aux élections départementales et régionales. Pour 62% des Français,  la droite est désormais favorite pour la victoire. Comme le dit très bien Brice  Hortefeux, en expert de la politique française : LR, c’est l’espoir, LRem c’est un mirage et la  gauche c’est un  puzzle.  On ne  peut mieux décrire la réalité du paysage politique. Mais le combat n’a  pas encore  changé d’âme !  Car une terrible hypothèque pèse sur le destin de la  droite : elle n’a droit qu’à un candidat ! Il faut donc qu’elle le choisisse et le plus tôt  sera le mieux. Le temps presse en effet. Nous vivons à une époque où le temps long n’a  plus sa place. La  chance de la droite est d’avoir à sa disposition plusieurs candidats qui ont la carrure  pour exercer le pouvoir suprême parce qu’ils ont un parcours, une expérience et fait leurs preuves. C’est aussi son handicap. Les prétendants sont condamnés à s’entendre et ils n’ont pas le choix. Le  mieux serait qu’ils se mettent d’accord pour « y aller » tous ensemble en en mettant un ou une en avant.

Redonner confiance aux Français.

Plus que jamais, l’union fera la force. Rien ne serait pire pour notre démocratie que de présenter le spectacle pitoyable d’une guerre des egos, sur laquelle, cyniquement, compte la Macronie pour continuer à prospérer. La faible participation électorale n’est pas une fatalité. La preuve,  en Corse, la participation a été plutôt correcte, les Corses  avaient  probablement envie de montrer  leur  motivation régionaliste et ils ont réussi. Je suis persuadé que si la droite s’avance rassemblée  pour la  présidentielle, la  participation sera au rendez-vous. A condition, aussi, qu’elle s’adresse au peuple en entier, jeunes et moins jeunes, gens des territoires et des métropoles, somewhere et anywhere pour les technos, à ceux qui travaillent et se lèvent tôt à qui il faut redonner un sens à leur effort, et à ceux qui sont privés d’emplois à qui il faut redonner un espoir de réinsertion…  J’ai une autre certitude, il n’y aura qu’un candidat, et celui-là devra s’appuyer sur le  principal parti de la droite, Les Républicains. Il n’y a pas de démocratie vivante sans parti politique et il n’y a pas de campagne électorale sans militants qui prennent en charge la propagande, sur le terrain comme sur les réseaux, qui tiennent les bureaux de vote  et qui veillent à l’honnêteté du scrutin. Il  est inutile de chercher à contrer l’abstention en apportant des réponses bureaucratiques, telles que vote électronique, vote blanc ou vote obligatoire. On ne fait pas boire  un âne qui n’a  pas soif. La seule réponse,  c’est de redonner « envie » !

La dernière cartouche.

Pour la droite, en particulier, mais pour les partis traditionnels  en général, la prochaine échéance sera cruciale. L’analyse de Christophe Guilluy est imparable. Les  partis actuels ont été conçus pour représenter une société structurée avec une classe moyenne centrale, intégrée et majoritaire. Aux dernières élections, ils sont sortis vainqueurs, LR et PS notamment, mais sans le  peuple.  Nous n’avons pas assisté à un retour du monde ancien. Ces partis s’en sont sortis parce qu’ils peuvent encore s’appuyer sur les héritiers des Trente Glorieuses  qui forment leurs électorats captifs et disciplinés, prêts à se mobiliser pour leurs sortants. Avec un  peu de  prospective, on s’aperçoit que leur stock de  voix  va en diminuant, qu’ils se renouvellent peu, et que leur destin est inscrit dans la  pyramide des  âges. Ils tiennent grâce aux « survotants » ayant plus de 70 ans. Sans renouvellement de leur sociologie, ce partis sont condamnés à terme.  « The clock is ticking » dirait Michel Barnier. Le  challenge peut encore être relevé lors de la  prochaine élection.  Si elle est gagnée, Les Républicains auront un  mandat de prolongation pour réparer, panser, conforter la classe moyenne aujourd’hui fragilisée, désaffiliée, et notamment son socle populaire. Et réhabiliter le rôle du parti politique. Aujourd’hui les 2 Français sur 3 de  Giscard se sont réfugiés  dans l’abstention, manière de contester un modèle qui ne les intègre plus ni économiquement, ni culturellement.  Les jeunes, les actifs, les classes populaires qui subissent le modèle actuel du « en même temps » se sont abstenus. Une partie du pari se mesurera déjà par leur retour aux urnes. Encore faut-il que la campagne électorale s’adresse à eux et parle des réalités qu’ils connaissent : la question de la souveraineté, des villes  moyennes, du rural, de la réindustrialisation, de l’immigration... En tout état de cause, ne  pas participer au second tour signerait l’arrêt de mort de notre  famille politique. J’espère que nos prétendants ont cette réalité dans la tête.

Il est temps de revenir aux réalités.

La démocratie meurt de la  légèreté de ses élites, dit Yvan Rioufol. Il a raison. Comment peut-on croire un président qui s’inquiète d’une société qui se « racialise » quand tout est fait par sa majorité pour nourrir le  communautarisme à l’Assemblée nationale. Cette  majorité « progressiste » qui prétend nous imposer des valeurs imposées en fait par des groupes de pression, est vécue comme méprisante par la masse du peuple. La loi bioéthique et ses dérives génétiques votées par les députés après avoir balayé d’un revers de  manche tout le travail du Sénat, impose un texte qui va créer des enfants sans père, des chimères homme-animal, des « bébés médicaments »… Cette majorité présidentielle qui a récolté 7,1% des voix exprimées !  Le détournement de la volonté populaire est manifeste et constitue le cœur de la  crise. Le Président qui voulait faire de ce scrutin un test national veut maintenant « l’enjamber » parce que le résultat ne lui convient pas. Le déni est la règle pour l’exécutif. Jean  Castex parle de « citoyens buissonniers qui avaient la tête ailleurs ».  on ne peut pas faire plus méprisant. Nos responsables politiques ont donc un devoir, que les  élus de droite qui sont beaucoup sur le terrain ont bien compris,  c’est celui de renouer le contact avec le peuple « dissident ». C’est bien pourquoi Xavier Bertrand  a voulu adresser ses premiers mots « aux silencieux, aux invisibles, aux oubliés ». Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse, par leurs résultats,  sont aussi légitimes que le Président des Hauts-de-France. La  droite n’est pas démunie et est crédible.

Reste à analyser la contre performance du Rassemblement national. Là-dessus j’ai ma petite idée. Ce sera le  prochain sujet.

 


MAINTENANT, TOUT COMMENCE !

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Disons les  choses clairement : il n’est  pas question de minimiser la victoire des sortants  et encore moins celle des  présidents LR ou assimilés  sous prétexte que  le taux d’abstention est très élevé. La droite LR et ses alliés contrôle 7 régions et 73 départements et remporte largement devant  les autres partis en nombre de voix cette échéance électorale. Les absents ont  toujours tort,  rien n’empêchait les électeurs de se rendre aux urnes si ce n’est une distribution calamiteuse des  documents électoraux, jamais vue sous la  Vème République et que l’on peut  mettre sur le compte de l’incompétence de M. Darmanin au Ministère de l’intérieur. Il était pourtant bien placé  en tant que candidat pour savoir qu’une entreprise privée n’a pas la même facilité d’accès aux boites aux lettres dans  les immeubles, aujourd’hui souvent « bunkérisés », que les facteurs de La  Poste. Inexcusable ! « Les Républicains » est aujourd’hui la formation politique qui occupe la première  place dans notre pays, avec  les villes, les départements, les Régions qu’elle dirige et au parlement ses 100 députés  et la majorité sénatoriale. Le RN et Macron se sont cassés les dents dessus. 

Une  double défaite qui bouscule le paysage politique.

Tous les candidats Lrem, là où ils avaient pu se maintenir, sont relégués à des scores humiliants.  C’est un terrible échec pour le Président de la République. Non seulement La République en marche n’a pas réussi à s'imposer comme une force dominante du paysage politique, mais en plus, elle est apparue comme une intruse dans un jeu droite-gauche relancé. Beaucoup de ses électeurs du premier tour ont pensé que leur vote serait plus utile ailleurs. En fait son parti a même servi à rien : il est à peu près certain,  que même en Paca, Renaud Muselier aurait fait un meilleur score dès le 1er tour s’il n’avait pas pris des candidats  Lrem sur sa liste.

La défaite du parti de Marine Le Pen est l’autre mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron.  Marine Le Pen voit s’effondrer sa stratégie de « dédiabolisation ». A force de vouloir ressembler à la  droite, son parti a  perdu sa  vocation contestataire qui faisait son succès. Du coup malgré les sondages qui donnent encore  le duel Macron /Le Pen pour la présidentielle, ce scénario a pris du plomb dans l’aile, car la dynamique est en train de changer de camp. Elle n’est pas du côté de Lrem pas plus que du RN. Le décalage est si important qu’il est impossible de feindre de croire que le paysage politique n’est pas modifié.

La droite a maintenant de grands devoirs.

Le jeu de Lrem qui voulait recomposer le paysage politique en décrédibilisant la droite a lamentablement échoué. Macron voulait rendre la candidature d’un LR impossible, il en est pour ses frais. Désormais, dans l’électorat modéré, la certitude que Macron est son meilleur candidat  n’est pas établie, car, au regard des trois thèmes dont on peut prédire qu’ils seront au cœur de la thématique de campagne, les personnalités de droite sont bien plus crédibles que lui sur les questions sécuritaire et identitaire et par ailleurs bien plus rassurantes que Marine Le Pen sur les enjeux économiques. Les Bertrand, Pécresse, Wauquiez, Barnier, Retailleau, sont plus en phases avec les aspirations des Français en pleine « droitisation », comme  l’a montré la récente étude de la Fondapol.

Face  à un président  plus préoccupé de sa  propre réélection que de gouverner  la France, les candidats potentiels de la droite doivent d’abord mettre entre parenthèse les problématiques d’ego, prouver, et non plus se contenter de promettre, que celui qu’elle désignera « fera » ce  que les Français attendent. Il faudra choisir le plus rassembleur possible tout en convaincant le  pays qu’une équipe responsable et soudée autour d’un projet est prête à prendre la relève.  Il  lui revient de montrer qu’elle est capable d’afficher des convictions, une ligne politique et un programme dans l’intérêt du pays sans plier devant la tyrannie du « politiquement correct » qui voudrait imposer la  mauvaise  conscience et la repentance. C’est parce qu’elle sera capable  de montrer sa détermination et sa volonté de renouer avec les fondamentaux de la « res publica » qu’elle retrouvera la confiance du peuple, toujours digne de respect, dans une démocratie. Elle a désormais un boulevard devant elle si elle veut saisir sa chance mais il  lui faut à la fois choisir un seul candidat et jouer collectif. C’est plus qu’un devoir, un impératif !

Traiter  les vrais sujets.

La future équipe qui prendra le pays en charge en 2022, aura à gérer une situation désastreuse laissée  à la fois par Hollande et Macron qui en a continué la politique. Après deux quinquennats  pour rien, la dette publique atteint 2 750 milliards d’Euros à 120% du Pib, le déficit des comptes nationaux est abyssal, la société est rongée par la  violence et le communautarisme, le chômage atteint des dimensions monstrueuses, avec 4 à  6 millions de personnes dans la pauvreté. Et cela dans un pays où  les dépenses publiques, les impôts et les cotisations sociales restent les plus élevés des  pays industrialisés. Il  s’agira  d’accomplir un devoir pour le  service de la France, qui nécessitera un discours de courage et de vérité, sans provocation  inutile mais sans démagogie. Le  gouvernement devra rester  droit dans ses bottes  pour appliquer une politique de  fermeté  quant à la sécurité, la maîtrise des frontières et des migrations et le respect de la  laïcité que près de 70% des Français réclament. La vérité et la transparence sur les résultats rétabliront la  confiance. Enfin, la  crise sanitaire a mis en pleine lumière les défaillances administratives des services publics, en particulier l’hôpital et l’école pour laquelle il faudra mettre fin à la politique de nivellement par le bas et à l’effondrement du niveau dans toutes les disciplines. Dernier devoir, et pas le moindre, il reviendra à la droite de rétablir dans toute sa dimension ce qui a été le symbole de la  France pendant des siècles : la liberté,  mise à mal par toutes les  mesures  et les ingérences des contraintes sanitaires. En corollaire, c’est le grand chantier de  l’avenir de notre démocratie, sapée par les mouvements de l’ultra gauche islamo gauchiste, qu’elle devra ouvrir afin de restaurer une démocratie à la  fois représentative dans laquelle le Parlement retrouvera tous ses droits, et à  l’écoute du peuple grâce à al consultation référendaire.

 Pour elle, tout commence, elle n’a pas le droit de décevoir !

 


CES CANDIDATS QUI VEULENT TUER LA DEMOCRATIE

Liberté

 

Les élections approchent et dès dimanche prochain, les électrices et les électeurs vont devoir choisir parmi de multiples candidats et de nombreuses listes. Parmi ces trop nombreuses candidatures, certaines doivent attirer notre attention. La vie politique est ainsi faite que, même quand on croit que le pire ne peut plus arriver, comme les drames que l’on a pu connaitre au XXème siècle avec le nazisme et le communisme qui ont fait des millions de morts, on doit savoir que les idéologies totalitaires ont la vie dure et savent renaître sous d’autres formes, parfois tellement déguisées qu’on pourrait à nouveau s’y laisser prendre.

Peut-on parier sur le bon sens ?

Le bon sens voudrait que l’on choisisse, en ces temps d’argent public si facile, les sortants qui ont géré avec efficacité et économie. Ainsi, Christelle Morançais, pour la Région des Pays de la Loire, que l’IFRAP a classé deuxième région pour la qualité de la gestion, avec un bilan extrêmement riche dans tous ses domaines de compétence, qu’il s’agisse de la formation professionnelle, des transports, des lycées, ou du développement économique. Il faut souligner sa réactivité pour accompagner les ligériens dans la traversée de la crise sanitaire. En toute logique, la liste  d’union de la droite et du centre qu’elle conduit, avec un projet réaliste et concret, sans démagogie, devrait attirer les suffrages d’un grand nombre de nos concitoyens. Pourtant les sondages restent frileux à son égard. Il est difficile, en sortie de crise sanitaire de faire une vraie campagne électorale. D’autres, plus habitués des réseaux et des médias, ont une notoriété plus affirmée. Sont-ils pour autant les meilleurs ?

Les totalitaires en tenue de camouflage.

Prenons le  cas de M. Orphelin. Voilà une tête de liste dont le parcours est pour le moins intéressant : militant écologiste, élu député dans le Maine-et-Loire, sous l’étiquette LRem, il a quitté la majorité présidentielle, se targuant de sa proximité avec Nicolas Hulot. Il a repris son combat pour l’écologie. La « meilleure », celle qui punit. Celui-ci le mène aujourd’hui à constituer une liste avec La France insoumise de M. Mélenchon, dont les derniers dérapages islamogauchistes n’ont pas eu l’air de l’émouvoir. C’est que Matthieu Orphelin  est depuis longtemps un « vert » très rouge à l’intérieur, adepte de la décroissance et du verdissage généralisé : on créera 50 000 emplois verts, à coups d’argent public, évidemment. Sa conception de l’écologie, on a eu l’occasion de la connaître, elle recoupe les thématiques de cette gauche radicale habitée par le fantasme éradicateur de la « purge ». Il s’agit de « rééduquer » pour sauver la planète. Tel est le sens de la « cancel culture » sous-jacente dans son discours. Demain la censure deviendra l’instrument nécessaire pour empêcher les défenseurs du « vieux monde » de faire valoir leur point de vue. Les recoupements sont faciles à faire avec ceux qui défendent la société « inclusive », la destruction des stéréotypes et la théorie du genre, voire la complaisance avec les « indigènes » et l’islamo-gauchisme. L’alliance avec les gens de Mélenchon ne peut que l’entraîner vers le gauchisme culturel qui veut profiter des perspectives électorales ouvertes par des listes d’union qui rassemblent un conglomérat hétéroclite qui n’a en commun que « battre » la droite.  Une fois élus à la Région, on peut leur faire confiance pour « dépenser ». Il suffit de lire la liste des mesures qu’ils préconisent : assistanat des jeunes, subventions, gratuité … Et demain, ce sera l’enfer que vivent les Lyonnais, les Grenoblois ou les Bordelais que nous vivrons en Pays-de-la-Loire avec ces ayatollahs d’un nouveau genre.

Face à cette gauche-là, c’est bien d’un choix de société dont il s’agit, comme l’affirme Valérie Pécresse et comme en prévient Christelle Morançais en proposant par exemple une écologie positive et non punitive.

Eparpiller les voix, c’est faire le jeu des extrêmes.

En votant pour le RN ou pour la liste LRem de François de Rugy, dans notre région aussi  on prend le risque de faire gagner la gauche car elle n’hésitera pas à fusionner au second tour. Le vrai rempart contre le RN, c’est une droite qui assume ses valeurs d’ordre et d’autorité, ses responsabilités en matière de sécurité. Et au moment où l’inflation pointe le bout de son nez avec la menace de peser sur les taux de la dette, il importe d’élire des équipes responsables qui ont fait la preuve de leur savoir-faire en matière de gestion. Car ne nous y trompons pas : Comme l’analyse très bien Cécile Cornudet dans les Echos, nous avons aujourd’hui deux France : celle dont la rage est enfouie qui peut servir de carburant aux candidats de Marine Le Pen, et celle qui rêve du retour des jours heureux, image que cherche à vendre Emmanuel Macron et sur laquelle tentent de surfer les candidats qui se réclament de lui. Mais ce n’est qu’une illusion. La fin du quoi qu’il en coûte va déboucher sur des jours difficiles avec un chômage qui explose déjà, bien qu’il soit passé sous silence. Il n’y a pas plus vain que le vote LRem, parce qu’il n’apporte rien d’autre qu’un marchepied au RN ou à la gauche radicale si elle parvient à s’unir. De quoi ruiner tous les efforts de redressement de notre belle région entrepris depuis six ans !

Il ne peut pas y avoir de pensée de droite : tel est le constat sans appel du sociologue de gauche radicale Geoffroy de Lagasnerie. Nous sommes prévenus : être de droite, ce n’est pas seulement être bête et incompétent, c’est aussi être égoïste et méchant. Aujourd’hui, il est infiniment plus difficile, sur une radio du service public payée par nos impôts, d’assumer d’être de droite, que de se dire féministe ou écolo. Voilà ce qui nous attend. Mais rassurons-nous, la droite existe, elle sait être au service de tous par ses qualités gestionnaires, et elle pense aussi. Ce serait oublier Raymond Aron, Tocqueville, Carl Schmitt ou Soljenitsyne, pour ne citer qu’eux.

La démocratie libérale en est l’héritière. Pensons à la défendre en mettant notre bulletin dans l’urne dimanche prochain.

 


MELENCHON CHOISIT LE CHAOS !

Mélenchon Bastille 2013

Complotiste islamogauchiste.

Les propos que Jean-Luc Mélenchon a tenus dimanche dernier ne sont pas « une interprétation tendancieuse » ou un « dérapage ». Il savait très bien ce qu’il disait, en affirmant que nous allons assister à des attentats meurtriers à la veille de l’échéance électorale, comme  de nombreux faits précédents l’ont démontré, notamment le crime ignoble de Mohamed Merah, et en accréditant l’idée que des puissances occultent faisaient sortir des candidats « d’un chapeau ». Son discours complotiste et islamogauchiste, confondant volontairement « musulmans » et « terroristes islamistes » relève d’une stratégie délibérée. Il est suffisamment fin et expérimenté pour sentir que dans le contexte actuel, il n’a aucune chance d’être élu à l’élection présidentielle. La seule possibilité pour lui consiste à provoquer une situation chaotique suivant le vieux rêve révolutionnaire.  En cela il renoue avec sa jeunesse trotskyste.

Ses propos sont indignes à plus d’un titre.

Ils laissent penser que le terrorisme est au service d’un parti politique, sans préciser lequel, ou d’une entité internationale, car ces événements auraient été orchestrés en sous-main pour « inventer une guerre civile ». Mélenchon relativise l’intention des djihadistes, qui ne serait pas de déstabiliser la société française mais d’empêcher la gauche de gagner -la sienne évidemment- et du coup il se moque des victimes. C’est donner de la consistance aux élucubrations complotistes les plus scabreuses. A force de flirter avec des électorats communautaires et de flatter les minorités en les victimisant, il a fait le pas de trop en direction de la honte.

Après le scandale, la victimisation.

Le tollé qui a suivi son discours a incité une de ses lieutenantes, Clémentine Autain, à le défendre : il ne visait que l’extrême droite, dit-elle, ce qui serait déjà très excessif car on ne décèle aucune relation entre celle-ci et les terroristes islamistes. Et il a dû en falloir, de l’abnégation, à tous ses zélés lieutenants qui s’échinent depuis dimanche à justifier l’injustifiable. Une stratégie bien huilée pour attirer les feux de la rampe et le faire passer pour la victime des médias bien pensants. Le pire, dans ce genre d’accusation annoncée à la cantonade, c’est qu’elle est impossible à prouver. Le « leader maximo » a sciemment décidé de « révéler » des faits totalement improbables pour jeter le trouble dans l’esprit des électeurs. Il essaie donc de renverser la donne qui ne lui est pas favorable en plaquant sur tous les « non-insoumis », et pas seulement sur l’extrême droite, un label diffamatoire. En clair, il serait d’autant moins pro-islamiste qu’il considère les terroristes islamiques comme des ennemis au service d’autres partis que le sien. C’est sa manière de riposter aux accusations d’islamo-gauchisme dont son parti et une certaine gauche font l’objet, qui les font rejeter par une majorité de Français. Tout cela est d’une gravité insigne et mériterait, plus que l’indignation, une action en justice. Ce faisant, La France insoumise rend un bien mauvais service à la démocratie.

Une stratégie délibérée.

Mélenchon est un homme politique averti, cultivé, connaissant très bien ses dossiers. S’il s’aventure dans des discours non étayés par les faits, c’est qu’il l’a décidé et on peut être certain que chaque mot a été pesé. L’amalgame entre terrorisme et extrême droite n’est rien d’autre qu’un flambeau pour rameuter ses troupes. Plus largement, il essaie de réveiller les « gilets jaunes » et  tout ce que les  réseaux sociaux peuvent drainer d’une France éruptive, tout ce qu’elle compte de « révoltés »  dans la société, que la crise sanitaire n’a pas épargnés, pour créer une situation de confusion pré « révolutionnaire ». Il a peut-être eu connaissance de la dernière étude de la « Fondapol » selon laquelle on observe la disponibilité à la protestation électorale des classes moyennes et des classes populaires, une contestation de la représentation médiatique (61% des personnes interrogées estiment que les médias parlent de sujets qui ne les concernent pas) qui vient compléter la crise de la représentation politique déjà connue et, en avril 2021, la plupart des personnes interrogées (78%) continuent d’envisager lors du premier tour de l’élection présidentielle de voter pour le RN, LFI, DLF ou LO/ NPA, s’abstenir ou voter blanc. Du coup, il tombe dans le piège : celui de la confusion entre extrémistes de tout bord. Il a bougonné qu’il ne voulait pas attirer sur son nom « un vote hypocrite » du reste de l’opposition. Les autres partis de gauche sont donc tous prévenus : ils  peuvent arrêter de courir après lui.

Comme disait Alphonse Allais, « quand on dépasse  les bornes, il n’y a plus de  limites ». On ne saura pas tout de suite si cette affaire marquera le début de la fin de la vie politique de Jean-Luc Mélenchon, mais on sait déjà avec certitude que c’en est fini, pour un moment, des rêves unitaires encore nourris à gauche. Je serais curieux de savoir comment un Mathieu Orphelin, allié à la France insoumise pour les élections régionales, reçoit cette thèse, lui qui a participé à l’avènement de  la  Macronie…

Mais on a compris le message : « le chaos, c’est pour moi ! »

 


UNE JOURNEE DANS LA FRANCE « PROGRESSISTE »

Bagarre_village_gaulois

Le jour se lève.

Les premières nouvelles tombent. Des voitures ont encore brûlé quelque part dans une banlieue. Lot quotidien devenu presque banal. Tant pis pour ces banlieusards privés de leur moyen de locomotion, souvent une vieille guimbarde qu’ils auront du mal à remplacer. Hier, c’était une ado poignardée à la sortie de son lycée, ou une bataille rangée entre deux bandes rivales, avec armes blanches quand ce ne sont pas des coups de feu qui sont tirés. L’autre nuit, c’est un commissariat d’une ville de la banlieue parisienne qui a subi une attaque en règle aux mortiers d’artifice par une bande de voyous. En province, c’est un élu qui est molesté pour avoir rappelé à quelques individus quelques règles de civilités. Une femme a été violée sur la voie publique près de la colline du crack, quartier de Stalingrad, à Paris, par un « zombie » drogué et alcoolisé, puis deux autres ont subi le même sort. Les riverains n’en peuvent plus. Rien n’est vraiment fait pour mettre fin à une situation qui dérape tous les jours. On n’entend pas les « féministes » protester : les viols ne sont pas le fait de mâles blancs suprémacistes ! La litanie ne serait pas complète si on n’ajoutait pas l’inévitable agression au couteau d’un fonctionnaire de police, municipal ou d’Etat. Mr Darmanin s’épuise à « se rendre sur place » et Mr le Garde des Sceaux est « en goguette » dans le Nord où il fait campagne.  Pas un jour qui n’apporte son lot de violences.

Le tocsin.

Pourtant, partout sonne le tocsin. Voici un appel des présidents de cour d’appel qui  « appellent (justement) à refonder le pacte républicain pour la justice », dans un autre quotidien, 50 préfets honoraires adjurent le Président de la République de ne pas détruire la « préfectorale ». Ils font suite  à l’alarme sur le « délitement » de la nation lancée par les généraux en retraite, rejoints bientôt par des militaires d’active. Enfin, ce sont les policiers, qui paient cher, chaque jour, leur tribu à l’insécurité et à la guerre civile larvée, qui manifestent nombreux et républicainement devant l’Assemblée nationale, pour attirer l’attention du pouvoir sur la gravité de la situation. Ils relaient en cela, les nombreuses déclarations des élus de tous bords qui s’inquiètent du délitement de plus en plus profond de nos institutions. Certes on pense à Eric Ciotti, mais c’est aussi Julien Dray, qui ne reconnaît plus sa « gauche », ou encore François Pupponi (qui connaît Mr Pupponi, vous vous souvenez), qui constate que « la France est au bord du chaos. Elle est en miettes, fracassée, éparpillée, … » Des propos qui feraient penser qu’ils auraient adhéré aux Républicains, ou « pire » au RN. Et pourtant, il ne se passe rien. Si, des discours, j’exagère.

Les « dénis-oui-ouistes ».

Mains non, tout va bien. A l’instar de Marc Dugain qui ose écrire, cette fin de semaine, dans Les Echos : « le sentiment d’insécurité est largement entretenu par un phénomène de loupe sur des événements qui ne sont pas forcément représentatifs mais qui affolent une population vieillissante… » . On se croirait revenu sous Jospin, vingt ans en arrière. Discours convenu de bobo parisien. C’est l’extrême-droite qui exagère et cherche à faire peur. Avec le même discours, Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle. Avec le même discours, demain Marine sera élue. Ils refusent de voir l’effondrement du système, accéléré par le progressisme. Progressisme d’une gauche américanisée, empêtrée dans le racialisme,  qui hait la police et l’ordre par tradition, comme Mme Pulvar ou Mme Hidalgo. Elites progressistes qui pourrissent l’université, méprisent la France profonde et alimentent la nouvelle détestation antifrançaise, assumée par la contre-société que tente d’instaurer l’islamisme politique. Pourtant de quoi nous plaignons-nous, nous avons la chance d’avoir à la tête du pays le Président le plus intelligent du monde !

Le poisson pourrit par la tête.

Justement parlons-en. Sa flatterie récente de la « déconnade » avec ses youtubeurs, dit le mépris dans lequel il tient le pays. Sa désinvolture affichée est une indécence. La rigolade, qui se veut un clin d’œil aux jeunes électeurs se fait sur fond d’infantilisation de la population. Le thème majeur de ce quinquennat aura été la « déconstruction ». Le « en même temps » est un double langage de caméléon qui change avec chaque interlocuteur mais qui ne camoufle même pas l’action de « transformation » engagée. On célèbre Napoléon, mais on avoue que notre histoire doit être déconstruite, on considère que la droite et la gauche c’est dépassé, mais c’est pour mieux déconstruire la vie politique en tuant les partis, on estime que le covid doit être combattu « quoi qu’il en coûte » mais c’est pour mieux déconstruire le budget de l’Etat qui va déraper à 220 milliards d’euros, 47 de plus que prévus qui ne sont autres que des cadeaux électoraux, parce que tout peut s‘acheter. Et maintenant on s’attaque à l’Etat en annonçant la réforme de l’institution préfectorale qui en est un pilier majeur. Ce ne sont pas les préfets, le problème, c’est l’utilisation centralisée qui en a été faite ; les remplacer par des commissaires politiques c’est la faillite de la République assurée. Tels sont les stigmates de notre décadence que le progressisme précipite. Et cerise sur le gâteau, le discours de Macron est si faible qu’il en assume le vide dans son adresse aux 18-25 ans ; et le même, dans « Zadig » évoquant la Seine-Saint-Denis ose : « il ne manque que la mer pour faire la Californie ».

Que va-t-il rester de la France dans un an ? Giscard avait eu à cœur de rendre les institutions intactes. On ne pourra pas en dire autant de l’actuel locataire de l’Elysée. On comprend la rage de Philippe de Villiers, le premier à s’être fait berner. Heureusement, il reste des Gaulois qui résistent. Malgré toutes les tentatives de débauchage, rue De Vaugirard, ils résistent encore et toujours. Et si c’était eux la solution ? (J’y reviendrai) D’ailleurs LR est en tête des intentions de vote avec 27%, comme quoi …

 


UN PRESIDENT, VRAIMENT ?

Macron enjoleur

 

« Pitre de la République », le propos de Philippe de Villiers est acerbe, mais sonne juste.

En se prêtant  à une bouffonnerie grotesque avec deux « youtubeurs » humoristiques, Mcfly et Carlito, et en tentant ainsi de se présenter comme un copain, Emmanuel Macron s’illusionne et, surtout, ment à nos jeunes concitoyens qui n’en croient pas un mot. Il me fait penser  à ces enseignants des années 70 qui pensaient s’accommoder leurs élèves en pratiquant la familiarité, se laissant tutoyer, et dont les yeux se mouillaient  d’un « il  est sympa, le prof ! » lancé à la fin d’une partie de foot avec sa classe. Ecume qui n’apportait ni respect, ni autorité, ni meilleur apprentissage. Au contraire. Ces enseignants voulaient ainsi se faire « aimer » et ne faisaient qu’abaisser leur fonction, constat qu’ils faisaient ensuite souvent à leurs dépens. Un prof n’a jamais été un « copain » !

De la même façon, le Président de la République abaisse sa fonction en la ramenant à un jeu d’amuseur public. N’a-t-il pas autre chose à faire que de se transformer en saltimbanque, croyant ainsi capter le vote des jeunes Français, après l’octroi d’un pass-culture à 300 € pour tenter de les « acheter » ! C’est une faute sans appel qui tente de faire croire que le Président est leur copain. La seule note positive, si j’ose dire, que j’ai entendue autour de moi c’est « il faut avoir tout de même du courage pour accepter de passer pour un con ! ». Tout est dit.

Malheureusement  ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron ridiculise sa fonction : on se souvient de la fête de la musique à l'Elysée en 2018, de sa pose  enlacée avec deux jeunes ultra-marins à l'ile Saint-Martin qui faisaient un « doigt d’honneur ». Spectacles peu en accord avec sa fonction et suintant la basse démagogie. Sans parler de la pantalonnade de l’affaire Benalla.

La démocratie qui est la nôtre a besoin que s’exerce l’autorité qui en est l’un des piliers.  Dans la constitution de la Vème République, le Président, par les hautes fonctions qui lui sont conférées,  a besoin de prestige pour les exercer,  notamment à la face du monde. C’est  pourquoi, il est en quelque sorte placé sur un piédestal qui le  sacralise aux yeux du peuple souverain qui l’a élu. En se livrant à de telles activités, aux yeux de la très grande majorité des Français, il abaisse la fonction présidentielle à un niveau qui, par nature, n’est pas la sienne, il déchoit son autorité, et de fait il entame sa crédibilité ! D’autant plus que ses propos à l’endroit du peuple sont souvent méprisants et maladroits : après les « gaulois réfractaires », voici les « moyen-âgeux » ! 

Et je me demande quel crédit il peut bien avoir ensuite quand il élève le ton pour réclamer des sanctions contre le dictateur biélorusse. Celui-ci doit bien rire.

« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement » (Charles de Gaulle).

 


SORTIR DE L’ILLUSION DE L’ENDETTEMENT PERPETUEL.

Dette publique

Mon article sur la peur du retour de l’inflation avait un peu d’avance sur la presse spécialisée. Aujourd’hui, je vous propose de démonter le mécanisme  du pseudo remboursement de la dette.

La France, à cause de son endettement, est dans une situation fragile.

Il est donc important de rassurer ses prêteurs, français ou étrangers : donc elle honorera ses échéances sans essayer d'y échapper par des biais politiques, ce qui provoquerait à notre encontre un véritable cataclysme. C’est pourquoi notre « grand argentier » assure haut et fort que la « dette » sera remboursée. Les articles qui paraissent ces jours-ci  annoncent la durée qu’il faudra pour le faire : entre 60 ans et 100 ans … ce qui ne semble pas effrayer outre mesure nos gouvernants. Et  pour cause,  le remboursement dont il s’agit est un mensonge. Il repose sur une mécanique relativement simple : effectivement aux échéances prévues  nous remboursons  mais au prix d’un nouvel emprunt, et c’est rendu possible grâce aux  taux d’intérêts très bas qui permettent à la dette globale, qui ne diminue pas et augmente même, de rester « soutenable ».  On dit qu'elle « roule » et cela peut certes durer jusqu'à perpétuité. A condition que les prêteurs soient convaincus que le processus est maîtrisé. Il ne peut l’être que si deux conditions sont remplies.

Il faut que  les taux d’intérêt restent bas. Ce qui paraît être une évidence.

Il faut aussi que les soldes primaires de nos finances  publiques compensent le différentiel entre taux de croissance et taux d’intérêt. Et ça, c’est plus compliqué.

Dans une situation économique normale, le taux de croissance à long terme est inférieur ou égal au taux d'intérêt. Dans ce cas, la dette publique, rapportée au PIB, s'accroît spontanément chaque année de la différence entre le taux d'intérêt et le taux de croissance. Pour qu'elle soit stabilisée en pourcentage du PIB (donc renouvelable), il est nécessaire que l'excédent budgétaire primaire (hors intérêts sur la dette) compense cette différence et soit donc positif. Or, depuis un demi-siècle, nous connaissons la plupart du temps des déficits budgétaires ou soldes primaires déficitaires. Ce qui fait que notre dette ne cesse d'augmenter, sans aucune stabilisation, par un effet boule de neige. Si l'on continue ainsi, le scénario tournera nécessairement à la catastrophe car on ne peut pas vivre éternellement avec une dette de plus en plus déconnectée des capacités productives du pays.

Au début des années 2000, notre dette publique était contrainte par la limite théorique de 60 % du PIB, maximum autorisé par le pacte de stabilité européen. A l'époque, les intérêts à payer chaque année se montaient à environ 3 % du PIB. Aujourd'hui la dette a plus que doublé et, grâce à la politique monétaire menée par la BCE, sa charge annuelle n'est plus que de 1,4 % du PIB  en 2019 avec une prévision à 0,7 % à fin 2022. Pourquoi alors s’inquiéter ? A minima, après la crise sanitaire qui aura détruit une partie des facteurs de production, la différence positive entre des taux de croissance en réduction et les taux d'intérêt risque de diminuer encore.

Taux de croissance et taux d’intérêt.

« L'effet-levier » macroéconomique deviendra alors moins efficace. Mais surtout, on ne peut exclure qu'il s'inverse durablement, l'endettement croissant des acteurs économiques et l’inflation finissant par faire monter les taux. Peu de Français savent que la situation change du tout au tout suivant la relation existante entre taux de croissance et taux d'intérêt et que l'effet-levier, bien connu des investisseurs privés, s'applique mutatis mutandis à l'endettement public. Et on ne peut pas juger aujourd’hui à quelles conditions les prêteurs seront convaincus que la dette future ne continuera pas de grossir excessivement, qu'elle finira par se stabiliser en pourcentage du PIB et qu'elle sera donc indéfiniment renouvelable. Cet espoir est trop loin de la réalité historique pour être crédible. Depuis le début des années 2000, le taux de croissance de l'économie française a presque toujours été inférieur au taux d'intérêt payé sur la dette publique. Ce n'est que sur les années 2016-2019 que la différence inversée a été plus favorable. Mais pas beaucoup plus, car le taux de croissance a diminué parallèlement au taux des charges financières : la différence a été en moyenne de l'ordre de 1,5 % du PIB, trop fragile pour en faire une donnée de longue durée. 

Revenir à des budgets sans déficits.

Le laxisme auquel nos gouvernants se sont habitués en matière de dépenses publiques et de déficit budgétaire peut faire qu'on soit brutalement contraints, comme l'Italie ou la Grèce, de revenir à un excédent budgétaire primaire est une hypothèse plausible. Comment, sur courte période, pourra-t-on réduire de 50 à 60 milliards d'euros nos dépenses publiques ? La  fuite en avant à laquelle on assiste, et favorisée par le climat préélectoral – il faut bien financer quelques largesses comme le chèque offert aux jeunes-, repose bien sur une illusion. Ou plutôt un mirage.

Seul le retour à une orthodoxie financière le plus tôt possible, qui n’empêchera pas la dette dans un premier temps, pourra nous sauver de la catastrophe.

 


« CLAIRE, LE PRENOM DE LA HONTE. »

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L’assimilation refait surface.

Face à l’arrivée massive des immigrants, les faiseurs d’opinion abordent le sujet en parlant « de difficultés d’intégration » et de « rétablissement de la mixité sociale ». Mais parler d’assimilation est impossible, l’idée heurte  la « bien-pensance » et fait hurler les racialistes et autres racisés qui y voient une amputation et une obligation de renoncer à son identité d’origine. Et pourtant l’assimilation, qui a permis  à tant d’étrangers anonymes ou de renom de s’épanouir en France, c’est  bien le seul moyen de trouver sa place dans la société française.  Et une génération de femmes, n’hésite plus à braver la  vindicte  pour clamer haut et fort leur refus de l’idéologie victimaire et les assignations à résidence identitaires. Sonia Mabrouk, Rachel Khan, Lydia Guirous, Fatiha Agag-Boudjahlat, Zineb El Rhazoui, Claire Koç, font entendre leur attachement à la culture française. Le  fait que ce soit les femme n’est peut-être pas un hasard. Elles sont rejointes par quelques hommes tels Abnousse Shalmani et Amine El Khatmi. Longtemps silencieux, tous se rebiffent pour clamer que la  France n’est pas le pays raciste systémique et islamophobe que nous décrivent les militants décoloniaux et autres entrepreneurs de la cause identitaire.

« Claire, le prénom de la honte. »

L’exemple d’un parcours d’assimilation nous est donné par Claire Koç dans son ouvrage « Claire, le prénom de la honte ». Fille d’immigrés turcs, Cigdem Koç est devenue Claire Koç en 2008. La jeune journaliste raconte le cheminement qui l’a conduite à faire ce choix et les réactions de rejet de sa famille et de ses proches.  Un témoignage poignant de la volonté de fer dont il lui a fallu faire preuve et en même temps c’est une plongée  dans une France en voie de désintégration. Mais c’est l’éloge de l’assimilation qui l’emporte. Cette assimilation qui, on le découvre, n’est vraiment plus à l’ordre du jour de nos gouvernants et de ceux dont ce devrait être la préoccupation quotidienne. Claire, c’est le prénom qu’elle s’est choisi pour son adoption par la grande famille qu’est la  France.  C’est un choix personnel qui relève  de son identité intérieure, explique-t-elle, « un choix de cœur et d’esprit ». Pour autant elle affirme qu’elle ne renie pas son origine turque dont l’identité reste présente et qu’elle jugerait insensé de rejeter.

De l’intégration à l’assimilation.

Au début tout allait bien. La  famille, arrivée en 1984,  vit dans une cité HLM au milieu de Français dits « de souche ». Les années de primaires se passent sans tabous et ses voisins  lui serviront de modèle. Et puis l’engrenage de l’homogénéité de peuplement s’est installé, bientôt aggravé par  l’antenne parabolique, moment fatidique selon l’auteure. Chaque communauté  était raccordée en permanence à son pays d’origine. La France était devenue inexistante. Des associations conseillaient même de poursuivre sa façon de vivre sans faire le moindre effort d’intégration. Heureusement pour elle, avant de se refermer, ses parents l’avaient ouverte à la France. Mais le cycle infernal de l’endogamie était enclenché : commerces turcs, boulanger turc, vêtements turcs… C’est  le communautarisme. Chacun dans son coin.  Les  Turcs détestent les arabes et réciproquement.  Chacun vit sur son  secteur. Pourtant l’assimilation reste encore  possible selon elle, les candidats €s sont nombreux mais silencieux. Encore faudrait-il que l’école soit plus convaincue : elle devrait apprendre à être fier d’être citoyen français. Ailleurs dans le monde, à commencer par la Turquie, l’adhésion aux valeurs du pays d’accueil ne se discute pas. Une autre difficulté vient du réseau tentaculaire des associations communautaristes. Ainsi les partisans d’Erdogan exercent un lobbying en infiltrant des associations, des partis politiques, en cherchant à imposer des exigences séparatistes. Même quand on est déterminé, les  obstacles  s’accumulent : ainsi, jeune journaliste elle s’aperçoit que dans le  média où elle travaille pour avoir des « piges » il faut entrer dans le jeu des racisés au vu et au su de la direction qui laisse faire. Elle s’en affranchira, mais au prix d’une lutte forcenée.

Interdiction d’aimer la France.

Il ne fait pas bon défendre l’assimilation à la française. A cause de son livre, Claire Koç reçoit des insultes sur les réseaux sociaux, sur Twitter, et même des  menaces. Elle a été obligée de porter plainte pour incitation à la haine et  menaces de mort de la part de militants pro-Erdogan.  Elle fait l’objet d’une discrète protection policière.  Une campagne insidieuse, faite de fausses informations  la présentant comme une kurde membre du PKK, … Bref, « on » lui a collé une cible dans le dos. « Tout en toi pue la France » : une vindicte à  laquelle elle est habituée. Chez les racisés victimaires, il ne fait pas bon être du côté des « colonialistes ».  Mais par la même, c’est le rejet du modèle  républicain qui s’exprime. 

Devenir français.

Le  problème auquel notre  pays est confronté est dû à la présence sur notre sol de certains individus qui ne se reconnaissent pas dans la culture française. Ils ignorent les codes nécessaires pour devenir français. Il faut en priorité s’occuper d’eux et leur faire apprendre la langue française : s’il n’y a pas d’obligation d’apprendre la langue d’accueil, comment construire une nation ? Il faut rendre plus contraignantes les conditions pour obtenir la nationalité et faire que la  culture générale soit un critère déterminant. Si la France a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de l’étranger, on ne dit jamais  assez que l’étranger a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de la France. Autant d’affirmations qui parsèment les pages, frappées au coin du bon sens.

Extraits.

« Je me demande souvent pourquoi on ne m’a pas inculqué les belles valeurs de notre République au cours des longues heures que j’ai passées dans les salles de classe ? J’ai acquis ce sentiment d’appartenance à notre beau pays en autodidacte et en m’émancipant du carcan familial. Aucun enseignant ne m’y a incitée ! ».

« Ce n’est pas en brandissant une culotte tâchée du sang de mes règles au visage de mes parents ni en brodant une vulve au dos d’un sweat à capuche que j’ai combattu le patriarcat turco-musulman. Si  j’ai réussi à me tailler une place au sein de la  société française, je ne le dois pas non plus au soutien des néo-féministes de salon trop occupées à culpabiliser le mâle blanc plutôt qu’à s’attaquer au fondamentalisme qui étreint jusqu’à l’étouffer la vie des femmes de certains quartiers. » 

Malgré tout, Claire Koç prouve que l’assimilation individuelle reste possible, mais le contexte n’a jamais été aussi défavorable. L’assimilation ne peut fonctionner qu’à plusieurs conditions, en effet : il faut que la personne ait vraiment la volonté de s’assimiler à la culture et aux mœurs de son pays d’accueil ; que les flux d’immigration restent raisonnables et étalés dans le temps ; que l’immigrant puisse facilement rompre ses liens avec son pays d’origine et qu’il n’y ait pas déjà une forte communauté non intégrée de personnes issues de l’immigration dans son entourage immédiat.  Encore faut-il que le pays d’accueil ait suffisamment confiance dans son identité et ses valeurs pour offrir quelque chose à quoi s’assimiler et surtout qu’il en ait la volonté…

L’assimilation est un chemin qu’il faut reprendre.  La tâche est rude avec un corps enseignant largement communautariste et un pouvoir qui tient un double langage.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet. Un livre qui se lit d’une traite. Rafraîchissant à certains égards.

« Claire, le prénom de la Honte. »  De Claire Koç, chez Albin Michel.

 


MACHIAVEL-MACRON

Machiavel

Obsession 2022.

Affaiblir les Républicains à tout prix pour préserver son face à face avec Le Pen qui seul, pense-t-il, lui permettrait de se faire réélire. Or, seuls les Républicains sont en capacité de troubler le jeu.  La gauche, n’en parlons pas.  Alors Macron agit selon deux  axes : d’abord empêcher Xavier Bertrand d’être élu, parce qu’il est le  plus menaçant pour l’instant.  Pas  moins de trois ministres sont à la manœuvre avec l’envoi en kamikaze de Dupont Moretti, qui aurait pourtant d’autres chats à fouetter. Le  prétexte de « chasser le RN » est un leurre. Mais faute  de pouvoir faire un score honorable,  la liste  LRem  sera au pied du mur. Car le Président  sortant des  Hauts de France a été très clair : aucune alliance, ni au premier tour, ni au second. Se maintenir, si c’est possible pour LRem, aura comme conséquence inéluctable : la Région passera au RN. Deuxième axe : pratiquer le baiser mortel comme en PACA  quand le ver est déjà dans le fruit. Montrer que LRem qui n’existe  pas  sur le terrain et Les Républicains, c’est l’alliance qui fait gagner. Un gros mensonge, malgré le martèlement médiatique. Parce que c’est perdant à tous les coups.  On l’a vu aux municipales, notamment à Bordeaux. On le voit dans les sondages en PACA. Ce  type d’alliance ne prend pas en compte  la toxicité de LRem pour une grande partie des électeurs de droite qui ne reconnaissent pas dans le parti du président une politique de droite. En PACA , les  sondages montrent qu’un accord  mobiliserait  des abstentionnistes de gauche pour le RN et ferait fuir  une partie des électeurs de droite sur le même RN ou dans l'abstention. Résultat Mariani l’emporte facilement. Macron joue avec le feu, car c’est le scénario qui s’appliquerait  en cas de face-à-face avec Marine Le Pen. Cela veut dire que LR a un rôle clé à jouer, à condition de ne pas entrer dans le jeu d'Emmanuel Macron.

Tout le monde s’y met.

Sondages, pilonnage en règle, hystérie des macronistes, tel Castaner, qui accusent Les Républicains d’une « extrême violence », on se croirait revenu au déchaînement de la gauche du temps de Sarkozy,  quand Martine Aubry accusait le  Président d’abîmer la  France  et l’UMP d’être la "droite dure". Faut-il que ce parti soit encombrant. On veut nous faire croire, comme M. Attal, que LR court après le RN, alors que c’est l’inverse : c’est Marine Le Pen qui, tel un caméléon, vient se couler sur le terrain de la droite. On croit rêver, mais tout est bon pour discréditer le parti de Christian Jacob. C’est vrai qu’avec 105 députés, premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, premier  groupe parlementaire et majoritaire du Sénat , 56%  des communes de plus de 9 000 habitants, on ne le mettra pas facilement sur la touche. Aussi, il faut qu’il perde absolument des Régions pour tenter au moins de montrer qu’il est sur le déclin. Et  tant pis si c’est au profit du RN.

Un enjeu de clarté.

Dans cette exigence de clarté, il y a un enjeu de survie pour la droite. Notre famille politique meurt  des ambiguïtés créées par ceux qui quittent le parti après avoir oeuvré souterrainement depuis quatre ans, comme Estrosi. Chacun est, bien sûr, libre de ses idées, mais ils auraient dû se mettre en conformité avec leurs actes et rejoindre LREM. Le plus grave est que ces reniements minent notre vie démocratique jusqu'au sein même des fidèles. Il ne peut y avoir aucune confiance en nos institutions, si la classe politique semble n'avoir ni cohérence ni clarté. La droite, elle, doit préparer l'alternance dans la clarté et la constance. Sinon, elle n'a plus de raison d'être. Or je suis convaincu que cette alternance est plus que jamais nécessaire pour la France. Heureusement, LR a une réserve de candidats tous aussi talentueux et en capacité d’assurer la charge suprême. Oui, le débat politique a  besoin de clarté, ce que le  « en même temps »  n’apporte pas, on le voit encore avec la candidate voilée de LRem qui renforce le doute sur Macron et le communautarisme. Sur le régalien, l’insécurité et les violences quotidiennes, l’immigration incontrôlée, la dette, les dépenses publiques, le redressement économique, l’écologie responsable, seuls Les Républicains ont un positionnement cohérent et clair. Leur travail parlementaire est sous-médiatisé et celui sur le projet avec les « conventions thématiques » méconnu du grand public. Les républicains sont plus que jamais utiles.

La victoire écrasante de la droite à Madrid peut servir d’exemple et entretenir l’espoir.

 


LE POINT SUR L’ECONOMIE

Planche à billets

 

LA PEUR DU RETOUR DE L’INFLATION

Intéressant le rapport de l’ancien ministre des Finances, Jean Arthuis. Il nous montre un horizon bien sombre à  l’horizon 2030, un moment où notre dette se situerait entre 130 et 150%  de note PIB. Et ce  rapport explique à demi-mot qu’il est impossible de concevoir un plan de rétablissement de nos finances publiques. Et pourtant nous allons vers les 3 000 milliards de dette, car nous continuons à emprunter 1 milliard d’euros par jour sur les marchés.

Trop de liquidités.

Les banques centrales injectent trop de liquidité et les gouvernements en font trop. Le principal danger vient du risque avéré de surchauffe de l’économie, et particulièrement de  l’économie américaine du fait des plans successifs de Joe Biden qui injectent des dollars par dizaines de milliards. Avec  la crise sanitaire on a un effet  de cumul : l'épargne des ménages, la trésorerie des entreprises, les liquidités des banques centrales, les plans de relance, constituent un cocktail explosif.  Le 4 mai dernier, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain a, pour la première fois, évoqué la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt. C’est un tournant. Elle a très précisément déclaré qu'il faudrait peut-être augmenter les taux d'intérêt pour que l'économie US n'entre pas en surchauffe. Elle alimente l’idée que l'inflation va revenir, et qu’inévitablement les taux d'intérêt vont remonter, surtout aux États-Unis. Les prévisionnistes s’accordent sur une inflation américaine qui devrait dépasser les 3,5 ou 4%. D’autant plus que la hausse des matières premières va aussi alimenter la hausse de l'inflation.
L’Europe suivra. En Europe, la reprise sera forte mais moins forte qu'aux États-Unis et les pressions inflationnistes seront moins fortes. Le travail de la BCE  devrait donc s’avérer moins complexe que celui de la FED. Notons tout de même que le taux de référence en France, le taux d'emprunt à 10 ans, n'est plus négatif. Il reste bas à 0 ,12%, mais il n'est plus négatif. Les taux d'emprunt d'État remontent partout en zone euro, 0,81% en Italie, 0,43% en Espagne. L'Allemagne a encore un taux négatif à -0,23% mais rappelons qu'il était tombé à -0,67% il y a 6 mois. Ce sont des signes avant-coureurs.

Rappelons que, en économie, si on accroît massivement les liquidités en circulation, la masse monétaire augmente et si la masse monétaire augmente, inéluctablement, l'inflation dérape. On aurait donc dû  avoir un retour de l’inflation depuis des années compte tenu des baisses des taux et des injections massives de liquidités par les banques centrales. Celle-ci n'est jamais venue. On a déjà expliqué pourquoi : les pressions déflationnistes structurelles étaient fortes : la démographie avec  l’effondrement des taux de fécondité et le vieillissement de la population, du fait de la digitalisation de l'économie, et enfin du fait de la révolution sociétale, et notamment de la prise de conscience écologique qui pèse sur la surconsommation.

Le retour de l’inflation.

L’inflation semble maintenant pointer son nez et ça va  changer la donne, tant sur l'économie que sur les marchés. Le facteur déclenchant aura été la crise sanitaire. Les masses d'argent mobilisées par les gouvernements et les banques centrales ont atteint des niveaux tellement délirants qu'à la sortie de la crise sanitaire, la consommation et l'investissement explosent, comme on le voit en Chine ou aux Etats-Unis. Et la pression est tellement forte que, cette fois, la hausse de l'inflation est inéluctable. Désormais, le débat porte sur son caractère plus ou moins durable. Les banques centrales font le pari  que cette hausse de l'inflation sera conjoncturelle et accompagnera la sortie de crise en raison du retard de consommation et d'investissement accumulé pendant la crise. La FED et la BCE tentent de rassurer sur les craintes d'inflation, et, pour l’instant, n’envisagent pas de  monter les taux pour la contrer. Mais rien n’est moins certain. Il peut y avoir un dérapage de l'inflation, car il y a trop d'argent en circulation dans l'économie, et cela risque de provoquer des turbulences. L’indicateur  à suivre de près c’est l'inflation aux États-Unis. Si elle dérape, il faudra se mettre aux abris.

Cycle de hausses ?

Le risque est d’autant plus difficile à appréhender que les matières premières industrielles, agricoles, l'énergie, sont entrées dans un cycle de hausses, du cuivre au plus haut depuis 2011 au soja au plus haut depuis 8 ans, en passant par le maïs, le minerai de fer ou encore le sucre, tout monte. Les raisons sont les  mêmes : la masse de liquidités déversée par les banques centrales, les plans de soutien et les plans de relance massifs des gouvernements, le rebond de l'économie post-crise sanitaire en Chine et aux États-Unis avec l'effet rattrapage de la consommation et de l'investissement, la « transition écologique » qui provoque des ruées sur certaines matières premières. Enfin, la Chine est le premier consommateur au monde de matières premières et son économie a redémarré sur les chapeaux de roue. Même si elle anticipe un cycle de croissance plus contrôlé, les prévisions de ses besoins sont impressionnantes. Le  redémarrage de l’économie américaine ajoute aux tensions d’approvisionnement. La flambée des matières premières va inévitablement alimenter la hausse de l'inflation. Autant d’éléments qui plaident pour un dérapage de l'inflation dans les mois qui viennent.

Voilà pour le contexte.

Et pendant ce temps, en France… 

Les français ...épargnent, épargnent et épargnent encore. Nous allons de records en records, notamment pour l'assurance vie : 1 812 milliards d'euros d'encours, 1 milliard d'euros de collecte nette en mars, 4 milliards en 3 mois. Mais ce qui se passe en France est grave, et nous risquons d'en payer les conséquences pendant longtemps : grisé par un sentiment de totale liberté et par l'ivresse du chèque en blanc de la Banque centrale européenne, le gouvernement dépense sans compter. Le problème c’est qu’il dépense, il n'investit pas, et  qu’il essaie de faire passer la masse des dépenses publiques préélectorales pour de la « relance ». Pas un jour ne passe sans que nous distribuions une aide qui additionnées se comptent en centaines de millions, voire en milliards d'euros. Des aides de soutien évidemment nécessaires pour les secteurs, les entreprises et les personnes en difficultés. Mais cela va bien au-delà de ce qui est nécessaire. Sous couvert de soutien à l'économie du fait de la crise sanitaire, le gouvernement a fait exploser des dépenses publiques qui n'ont rien à voir avec ce soutien. Nos gouvernants y ont vu une opportunité historique de distribuer de l'argent sans compter, et pour que ça passe mieux vis-à-vis de nos partenaires, nous changeons les étiquettes : nous labellisons de simples dérapages des dépenses publiques avec une étiquette « plan de relance ». On disait qu'en France, il y avait une taxe pour chaque problème. Aujourd'hui il y a une aide pour chaque problème. Rien n’a été fait pour limiter les mauvaises dépenses publiques que nous accumulons sous forme de déficit depuis 1974, celles qui dépassent nos revenus et sont faites totalement à fonds perdu, avec une efficacité de plus en plus réduite, comme on l'a vu avec notre système hospitalier pendant la crise.  Elles ne seront jamais remboursées et vont donc peser sur la croissance à venir. Quand la crise sanitaire sera terminée, nous ferons une fois de plus figure de cancres et de tricheurs. Et que se  passera-t-il  si l’inflation repart et entraîne une remontée  des taux…

Notre dette est  déjà un enjeu de souveraineté  puisque plus de 51% est détenu par des investisseurs étrangers.  De 250 à 300 milliards d’euros d’obligations tricolores s’accumuleraient dans les caisses de la banque centrale chinoise.

Aussi devrions-nous avoir, parallèlement à la fin des aides de sortie de crise une stratégie claire de réduction des dépenses associant une baisse durable des impôts pour sauver la croissance et  l’emploi.

 


LES MENSONGES DES ECOLOGISTES ET AUTRES BALIVERNES (2)

Voiture électrique

 

Comment faire quand les mensonges véhiculés par les idéologues écologistes sont repris par nos institutions démocratiques et font comme s’ils étaient la vérité incontournable au point d’inscrire des objectifs contraignants par la loi ou d’engager des dépenses pharaoniques pour les financer avec l’argent des contribuables. Il en va ainsi de la voiture électrique, de l’eau, de l’extinction de la biodiversité et des OGM.

L’escroquerie de la voiture électrique.

Peu de gens savent que les nouvelles générations de moteurs diesel sont aussi propres, si ce n’est plus, et moins polluantes pour la planète que les voitures électriques. Et pourtant, l’Europe nous oblige à marche forcée à des horizons de plus en plus courts, avec des normes de rejet de CO2 toujours plus basses, à reconvertir toute notre industrie pour fabriquer des véhicules électriques  soi-disant propres. C’est une monstrueuse escroquerie, quand on comptabilise les capitaux que nous allons devoir engager pour reconvertir toutes nos usines. Il faut abandonner les fonderies de moteurs thermiques et très rapidement renoncer à la  fabrication de moteurs diesels considérés comme responsable de la pollution même si ses émissions de CO2 sont inférieures à celles des moteurs à essence. Il faut adapter l’outil industriel aux moteurs électriques, en passant par l’hybride rechargeable qui fait produire des véhicules plus lourds, plus gourmands en carburant et à l’autonomie électrique ridicule. J’ai déjà démontré en quoi le véhicule électrique était loin d’être propre : extraction du graphique et des métaux rares, surconsommation du cuivre, composition des batteries et coût de leur recyclage, sans parler de  la manière dont l’électricité est produite pour les alimenter qui fait aussi appel aux centrales thermiques. En fait, on déplace la pollution. Quelle hypocrisie ! On va diviser par deux les effectifs des personnels qui travaillent dans l’industrie automobile avec le coût social qui en découlera, il va falloir créer des infrastructures de ravitaillement le long des routes et autoroutes. L’Etat, avec  ses caisses vides, n’en a pas les moyens. Les grandes entreprises sont lancées dans une course folle mais la mutation demande du temps. Une fuite en avant qui nous envoie dans le mur à coup sûr, dont nous ne maîtrisons pas  les approvisionnements soumis au bon vouloir de la Chine ; dans vingt ans nous aurons détruit notre industrie automobile et nous n'aurons que nos yeux pour pleurer. Après, on nous assure que la vente des véhicules électriques décolle enfin : on n’oublie de nous dire que leur prix devient accessible parce que la plupart sont subventionnés à 40%. Quand vous voyez passer une « Zoé », saluez-là bien bas, vous en avez payé la moitié avec vos impôts. Et au même horizon, il faudra financer le nouveau mixte énergétique sans nucléaire…

Les contre-vérités sur l’eau et la biodiversité.

« La France va manquer d’eau ! ». Les écolos veulent aussi nous faire croire que nous allons manquer d’eau à cause du réchauffement climatique. La France transformée en désert aride. Désolé, mais c’est encore un mensonge. Sur les 176 milliards de litres d’eau de précipitations qui ruissellent ou s’infiltrent, l’activité humaine n’en évapore que 3%, le reste part à la mer. Evidemment, un écosystème précis peut manquer d’eau en été. Mais les 1 600 retenues collinaires permettent d’écrêter les crues d’hiver et de remettre de l’eau en été quand la nappe phréatique est basse. Les problèmes d’eau sont locaux et datés. Comme le dit très bien Jean de Kervasdoué, « le fait de se priver d’eau à Paris ne va permettre d’abreuver les éléphants du Zimbabwe ». A écouter nos brillants penseurs verts, il faudrait détruire, au nom du respect de la nature, les barrages, tel Serre-Ponçon, et pourquoi pas les lacs d’Orient en amont de Paris qui régulent la Seine ou encore détruire la Camargue, où s’épanouissent les flamants roses et les chevaux sauvages, au prétexte qu’elle est due à l’aménagement du Rhône par les hommes !

De même, la biodiversité n’est pas menacée en France. La forêt gagne du terrain grâce à des politiques intelligentes de reboisement, à tel point qu’on manque de chasseurs pour réguler les espèces animales comme les sangliers ou les cervidés qui deviennent trop nombreux. Aujourd’hui, il y a trop de phoques en Bretagne. Ceux qui plaident pour le retour de la forêt primaire oublient le fait qu’ils ne pourraient pas y vivre parce qu’il n’est pas possible d’y avancer de plus de deux mètres. A les croire, il faudrait brûler nos futaies de hêtres et de chênes au prétexte qu’elles sont une création humaine. Ils marchent sur la tête et  des gens les croient.

L’hypocrisie sur les OGM.

« Les OGM sont dangereux ! ». Grâce aux progrès de la science, nous avons, par exemple des blés à paille courte, plus nourrissants, plus sains. Depuis dix mille ans, l’Homme travaille pour obtenir des mutations génétiques favorables qui ont permis d’améliorer et de rendre plus nourrissante sa nourriture. La sélection des gènes, autrefois aléatoires, est aujourd’hui maîtrisée. Faut-il s’en plaindre ? Au nom de l’écologie, la France et l’Allemagne refusent de cultiver des plantes génétiquement modifiées, mais elles les importent. Encore  une hypocrisie. Pourtant, on est bien content d’avoir à notre disposition les vaccins ARN et le  plasma humain produit par des chèvres génétiquement modifiées. Trop souvent, les entreprises françaises qui étaient en pointe ont transféré leurs essais ailleurs dans le monde et l’on est tout surpris de découvrir que la  production d’un vaccin aux Etats-Unis est due à un Français. C’est grâce à la technique des « ciseaux génétiques », découverte par la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna, que le vaccin ARN a pu être développé facilement. Demain, ce sera  le traitement des  maladies dues à des déficiences génétiques qui sera rendu possible. Quand l’idéologie combat la science, l’obscurantisme n’est pas loin.

Derrière l’écologie, la décroissance.

L’écologie cache une autre idéologie, celle qui a été recyclée du marxisme. La France est un pays au bilan carbone vertueux, grâce à la science, puisque  c’est essentiellement dû à nos centrales nucléaires. Il n’empêche, elle doit montrer l’exemple. Donc tuer son économie : mais en rayant de la carte son industrie, son agriculture, tous les avions, les camions, en arrêtant de nous chauffer l’hiver …  en supprimant tout ce qui peut polluer, cela changerait-il le sort de la planète ? Non, en aucun cas. Par rapport aux milliards de Chinois et d’Indiens et à leur croissance ultra rapide,  la  France est quantité infinitésimale. Notre exemple servirait strictement à rien, zéro. C’est là que la « transition écologique »  qu’on essaie de nous vendre tourne à la farce. Ainsi, on donnerait l’exemple au monde entier en passant  de 90 à 80 km/h  sur les routes et en augmentant le prix  du carburant. Un délire qui a provoqué le mouvement des « gilets jaunes ». En fait, derrière tous ces beaux discours sur le réchauffement climatique et la fin du monde, qui prônent un autre modèle de production, plus solidaire, plus collectif, moins productiviste, opposé au capitalisme,  se cache un nouvel autoritarisme. On sait ce qu’il a donné dans les pays où il a été appliqué. On en a un vestige sous nos yeux avec la Corée du Nord. Le chemin c’est la décroissance et le déclin avec au bout la misère et la pauvreté généralisée. Et la dictature à la clé. Pas  étonnant que les verts et les rouges fassent liste commune aux régionales, n’est-ce pas Monsieur Orphelin ?

« Viens à la manif, on va changer le climat ! »  Sans moi !

 


CONTRE-VERITES ET AUTRES BALIVERNES DES ECOLOGISTES

éoliennes

 

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les causes du réchauffement climatique, et l’attribuer aux hommes est caricatural. Surtout quand on établit systématiquement un lien avec les catastrophes climatiques : par exemple, les incendies en Australie s’expliquent par l’exclusion des Aborigènes qui maîtrisaient la gestion des forêts. Un peu de connaissance de l’histoire climatique de la Terre ne nuirait pas, car le réchauffement a commencé à la fin de la dernière glaciation, ce qui explique que les ports de l’Antiquité sont tous sous l’eau. Quant au domaine alimentaire, si la bio était si bon que ça, comment expliquer que la DGCCRF ait retiré du marché l’an passé uniquement des produits bio au motif de leur dangerosité pour la santé humaine… La pression écologiste nous conduit tout bêtement à pénaliser inutilement notre industrie, notre agriculture et au bout du compte les ménages. Excluons aussi du débat toutes ces mesures prises par les nouveaux maires écolos, sapin de Noël et autres délires « genrés » qui relèvent des idéologies à la mode chez les « progressistes » mais non aucun fondement scientifique.

L’écologie radicale dans la constitution.

La proposition du Président de la République de réviser la Constitution pour y introduire dans l’article 1er « la garantie de la préservation de l’environnement et de la diversité biologique » ouvre la voie à une politique écologique qui fait de cette « garantie » un absolu qui prévaudra sur tout autre droit, tout autre objectif d’intérêt général, toute autre considération politique. Une disposition dans laquelle s’engouffrera  tous les écologistes radicaux pour empêcher tous les projets qu’ils jugeraient, selon leurs critères, nuisibles à l’environnement. Elle nous fait courir le risque d’une régression à la fois politique, sociétale et démocratique en faisant table rase des acquis du développement durable que la Charte de 2005, à valeur constitutionnelle, promeut. Avec le verbe « garantir » il y a une obligation de résultat qui vient en contradiction avec l’article 6 de la Charte qui dispose que « les politiques publique… concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social ». Le développement durable n’est pas la « décroissance ». L’écologie radicale à l’oeuvre dans le projet de révision constitutionnelle est une fuite en avant qui nous ferait sortir de l’écologie humaniste dont les principes inspirent la Charte de 2005.

Le  mensonge énergétique.

Les écologistes diabolisent le nucléaire au profit d’énergies qui seraient plus vertes. Déjà, ils oublient de dire que pour financer les éoliennes et le photovoltaïque, les Français et les entrepreneurs paient plus cher l’électricité avec 20% de taxes dédiées. On peut ajouter que l’électricité produite en France à partir du nucléaire et de l’hydraulique est déjà décarbonée. Le nucléaire a fait la preuve de sa maîtrise et exige peu d’espace, sa production est fiable. Quant au traitement des déchets, les plus radioactifs peuvent être recyclés sur les surgénérateurs. Le plutonium produit relève d’un autre débat quant à son utilisation.

L’énergie du vent est diffuse et aléatoire et les éoliennes ont un niveau de production faible, capricieux, auquel il faut être capable de substituer une autre production immédiatement disponible, donc gaz ou charbon. La fermeture de Fessenheim, pour faire plaisir aux écologistes, alors que la centrale offrait toutes les garanties de fiabilité, a failli provoquer, le 8 janvier dernier, un « black-out » en raison d’un pic de consommation électrique. Heureusement, les entreprises, en raison du télétravail tournaient au ralenti… Là est tout le problème : la variabilité de l’éolien et du solaire dont la production ne survient pas forcément quand les consommateurs ont besoin d’électricité. Cela suppose d’investir lourdement pour construire entre 40 et 60 gigawatts de capacité supérieures de production pour conserver des marges et faire face aux pics de consommation. De plus, particuliers et entreprises devront, en outre, adapter leur consommation en fonction de l’électricité disponible. Une autre difficulté reste encore à résoudre : le maintien stable du réseau à 50 hertz, que les grosses centrales nucléaires sont seules capables de maintenir.

Dernier obstacle : passer à un mix énergétique à plus de 50% « d’énergies renouvelables » suppose de densifier les parcs éoliens et solaires, avec le maillage équivalent du réseau des lignes électriques. Et on s’aperçoit alors de la forte résistance locale aux adaptions nécessaires. Les parcs éoliens sont vécus de plus en plus souvent comme des envahisseurs qui défigurent les paysages et ces moulins de plus en plus hauts, lourds, bruyants font l’objet d’un rejet des populations pour des raisons de préservation de leur environnement mais aussi parce que nombre de citoyens ne tombent pas dans la fiction écolo, peu persuadés qu’ils sont que l’énergie qu’ils produisent est propre, et même qu’ils en produisent.

En 2050, la France pourrait se passer du nucléaire, nous dit un rapport de RTE et de l’AIE, mais les auteurs n’ont ni évalué le coût des investissements nécessaires pour y parvenir ni leur impact sur les prix de l’électricité. Il y a une autre voie plus sûre pour remplacer les centrales nucléaires existantes, celle des EPR. Ce serait le bon sens. Mais les écolos en manquent cruellement.

A suivre : L’escroquerie de la voiture électrique, les contre-vérités sur l’eau et la biodiversité, l’hypocrisie sur les OGM, derrière l’écologie, la décroissance.

 


« UNE BELLE SALOPERIE ! »

Archibald en colère

 

Cette manière de faire de la politique me donne envie de vomir.

En politique, ce que vient de faire Renaud Muselier, s’appelle « une belle saloperie ». C’est l’expression qu’aurait utilisé autrefois un ancien maire d’Angers qui était mon ami. Car elle a été faite dans le dos de tous ceux qui lui faisaient confiance. Muselier a mené ses tractations souterrainement, a attendu d’être réélu à la tête de sa fédération et a passé son accord en contournant les consignes liées à son investiture par le parti LR et qu’ils connaissaient parfaitement : pas d’alliance avec LRem au premier tour. Et l’annonce intervient alors qu’il reste peu de temps avant le dépôt des listes. Des conditions de réalisation qui rendent la manœuvre encore plus sordide. Muselier, un maillon faible, ça n’est pas nouveau, c’est bien pour ça que Gaudin n’a jamais voulu lui passer le manche à la mairie de Marseille. Et tout ça parce que son manque d’envergure le faisait arriver derrière le RN dans les sondages. Mais additionner deux faiblesses n’a jamais fait une force. Rien ne dit que l’accord passé lui permettrait de gagner, les sondages sont souvent trompeurs face à une dynamique électorale. Qui peut mesurer en région PACA, le taux de répulsion qu’inspirent Macron et LRem dans l’électorat LR ?

Le poker menteur de Macron.

Macron aime tirer les ficelles, car le coup de PACA vient de l’Elysée. Il a une bête noire : Les Républicains qui existent encore et toujours. Ils sont la cible privilégiée car c’est de là que pourrait venir l’alternance qui le mettrait au chômage. Son assurance-survie, c’est Marine Le Pen. Mais PACA n’est peut-être pas le bon choix pour tester sa stratégie d’absorption à droite (on dit pudiquement de « recomposition » comme le répète si mal le perroquet Castex). En effet, ce n’est pas non plus un hasard si Marine Le Pen a mis en tête de liste Thierry Mariani, cet ancien LR, ancien ministre de Sarkozy. Et dans ce cas de figure, elle pourrait bien remporter le « jackpot » : nombre d’électeurs LR de PACA auraient moins de  mal à franchir le Rubicon en votant pour un ancien de la maison plutôt que pour un « traître » (on est dans le midi). Macron pourrait bien vérifier le scénario qu’il souhaite pour 2022 à ses dépens. Si le RN remportait la région PACA, quel signal  pour la  présidentielle !!! Et dans ce cas-là, ce n’est pas un « « bla-bla tour de France » qui changerait la donne. Justement, parce qu’on a déjà donné avec le simulacre du « grand débat ».

LR n’a pas dit son dernier mot. 

D’abord Muselier a perdu son investiture, ce qui est logique et sain. Et ce serait bien que le parti soit  en capacité de vider la liste du parjure et d’en monter une autre « LR grand teint ». Avec en tête de liste un « David Lisnard » : ça aurait de la gueule ! Le Cannois n’aurait rien à perdre étant donné les conditions, et il est capable de mener une campagne « à la hussarde », d’autant plus que LR est très bien implanté dans tous les départements de la Région. Et d’autant plus que toutes les études montrent que l’épicentre politique de la France est aujourd’hui à droite. Et en PACA probablement encore plus. Le  meilleur moyen de démontrer qu’on ne peut pas évacuer notre famille politique est encore de la faire exister.

Ce qui ne tue pas renforce.

Macron voudrait souder tous les Républicains qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Car le parti, fort de son ancrage territorial, est plus solide que les médias qui ne répercutent que l’écume des choses veulent bien le dire. Car, bien évidemment, la droite aura «un» candidat en 2022. Chaque jour qui passe nous montre qu’elle a des représentants dignes de la représenter, qui ont des convictions, du souffle, de l’énergie, une vision pour la France, tels les Retailleau, Bertrand, Pécresse, Lisnard, Juvin. Demain peut-être ce sera le tour des Wauquiez, Barnier, Baroin, et j’en passe. Nos talents ne manquent pas. Les Républicains ont de quoi être au « rendez-vous ».  Et je suis frappé par la grande cohérence de leurs discours. Les adeptes de la martingale « anti-Le Pen » devraient savoir qu’elle se retournera inévitablement contre eux, parce que le discours que tient Attal est usé jusqu’à la corde et parce que 80% des Français ne veulent pas d’un nouveau duel Macron-Le Pen. De quoi donner aux électeurs affamés l’envie d’aller chercher un autre menu. Du coup, la responsabilité de la droite est immense !


LE PROPHETE ET LA PANDEMIE

Gilles Kepel001

DU MOYEN-ORIENT AU JIHADISME D'ATMOSPHERE

Par Gilles KEPEL

Certes  l’ouvrage est ardu à lire.  C’est une enquête très serrée et très documentée mais un outil indispensable  pour qui veut comprendre ce qu’est aujourd’hui « l’islamisme », ou « islam politique », et quels en sont les différents acteurs, les alliances qu’ils nouent et les stratégies qu’ils développent, face aux grands acteurs mondiaux : Europe, Etats-Unis, Russie et même Chine. L’auteur y explique comment on est passé d’un djihadisme de commanditaires avec Al Qaïda et Daech à un « djihadisme d’atmosphère » alimenté par des « entrepreneurs de colère ».

Le livre de Gilles Kepel trouve toute son actualité, malheureusement, avec le nouvel  attentat qui vient de frapper la France, et qui entre en une triste résonnance avec  les  mécanismes qu’il décrit. Voilà un livre que tout responsable public, homme politique ou fonctionnaire exécutif devrait lire. Cela éviterait à certains leur attitude de déni.

Gilles Kepel est directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’Ecole Normale supérieure. Il est l’un des rares spécialistes français du monde arabe et fin connaisseur du Moyen-Orient. Son savoir gène les mouvances décoloniales et « indigénistes » à l’œuvre dans l’Université et les grandes écoles dont il affirme qu’elles  participent indirectement de ce djihadisme d’atmosphère. Il en a vécu personnellement  les effets par la fermeture de la  chaire « Moyen Orient Méditerranée » à Sciences Po, créée en 1985 par Rémy Leveau et dont il avait pris la suite, et qui rayonnait dans le monde entier. « La connaissance a été éradiquée pour faire  place nette à l’idéologie, et l’on a vu apparaître le « hidjab day » à l’instigation d’associations islamistes et les études postcoloniales » précise-t-il. Or Gilles Kepel déplore le délaissement des études de la langue et de la civilisation arabes quand elles n’ont pas été détruites volontairement par de hauts fonctionnaires omniscients mais incultes et des « cuistres universitaires » selon lesquels  « ça ne sert à rien de connaître l’arabe pour comprendre ce qui se passe en banlieue ». Il  plaide au contraire pour que soit renforcée en France et à l’université la connaissance du monde arabe, de ses langues, de ses cultures et civilisations qui ne se réduisent nullement à la simplification salafiste. Une faiblesse que la  loi « confortant les principes républicains » ne saurait compenser.

Dans son livre « Le Prophète et la pandémie », il tente un parallèle avec la progression du coronavirus : « et si le djihadisme prospérait dans notre pays à la manière d’un virus ? ». En retraçant l’année 2020, de l’effondrement du marché pétrolier à l’assassinat de Samuel Paty, d’Ankara aux banlieues françaises, il démonte les rouages d’un mécanisme qui se met en place, s’appuyant sur « une atmosphère » entretenue par des activistes qui ne peinent pas à motiver quelques « idiots utiles » qui passent à l’acte. Les ressorts sont souvent complexes et les alliances à géométrie variable courantes : ainsi en Syrie, Turcs et Iraniens parrainent deux camps ennemis mais communient dans le patronage du mouvement palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza… Cartes et chronologie à l’appui, il met en perspective l’actualité de l’année 2020 ce qui permet de comprendre la trame profonde des évolutions à l’œuvre. Ainsi vous saurez comment s’est forgée « l’entente d’Abraham » sous l’égide des Etats-Unis qui établit la paix entre les pays arabes et Israël avec la bénédiction discrète du saoudien Mohamed Ben Salman, et comment cette entente se heurte au front « fréro-chiite » animé par Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie…

Parmi les indispensables : le président turc Erdogan en profite pour mener une « blitzkrieg » pour tenter de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial. Ainsi il rend au culte musulman la  basilique Sainte Sophie dont Atatürk, pour « l’offrir à l’humanité », avait fait un musée 85 ans auparavant. Il fait de la France sa bête noire pour faire oublier l’héritage très francophile d’Atatürk, mène une campagne déchaînée contre le président Macron qu’il couvre d’insultes en réaction à son « islamophobie » présumée, permettant à son contempteur de conforter la figure du héraut des musulmans offensés. Il devient de ce fait, l’un des principaux entrepreneurs du djihadisme d’atmosphère, d’autant plus qu’il peut attiser les affrontements avec la république laïque honnie par les leviers qu’il  possède sur notre propre territoire, telle l’association Milli Görüs. Il peut même provoquer des désordres comme on l’a vu à Décines où des « Loups gris », des extrémistes nationalistes turcs, sont venus en commando, s’attaquer aux descendants du génocide arménien, depuis longtemps réfugiés en France et intégrés. Par ailleurs, il bénéficie de la mollesse de l’Europe qu’il n’hésite pas à humilier.

En dehors du Moyen Orient, il existe un autre territoire qui cristallise l’ensemble  des crises : la Libye.  On y trouve un concentré des  problèmes :  des hydrocarbures aux migrations, du terrorisme aux rivalités  entre Tripolitaine - où Turquie et Qatar soutiennent, avec la mansuétude américaine, un pouvoir issu des Frères musulmans -, et la Cyrénaïque, - où Abou Dhabi et Le Caire appuient leurs rivaux avec le support de Moscou -. Sur le terrain les  deux camps se combattent grâce à des mercenaires syriens prélevés parmi les insurgés islamistes et les miliciens pro-Assad démobilisés, tous les ingrédients sont réunis pour que viennent s’installer là le vecteur de la déstabilisation de l’Afrique du Nord et derrière elle de l’Europe,  en parallèle au contentieux qu’Ankara cultive contre Athènes en Méditerranée. Et profitant que l’Europe  est divisée entre les intérêts concurrents de l’Italie et ceux de la France.  

Le résultat en est un terrorisme qui frappe  en France, en Autriche, avec des combattants sans organisation. Passant tous les attentats au crible, il met à jour, preuves à l’appui, le système des « entrepreneurs de colère », mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger le prophète face à l’Occident, qui servent de support de motivation. Mille autres détails passionnants ou éclairants émaillent un ouvrage riche en références.

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

A lire en prenant son temps !

« Le Prophète et la Pandémie », du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère – Gilles Kepel – Chez Flammarion. Collection Esprits du Monde.

 


EXASPERATION !

Archibald en colère

 

Le crime barbare de Rambouillet fait monter en moi une forte envie de révolte.

Une fonctionnaire de 49 ans, désarmée, habillée en civil, se fait égorger à l’intérieur  d’un commissariat de police au fin fond de l’Ile-de-France. Le fait qu’elle soit mère de deux enfants encore adolescents rend le geste d’autant plus monstrueux. Comment est-ce possible ? On hallucine ! Alors bien sûr, on va avoir les fleurs et les hommages, l’inévitable marche blanche et puis … circulez, il n’y a rien à voir. Ce sont les cache-misère de l’impuissance tout comme les  « nous ne céderons rien » ! Autant le dire tout de suite, nous ne ferons rien de plus, jusqu’à la prochaine fois. Peut-être une loi de plus qui ira grossir l’arsenal pléthorique des textes suant les bonnes intentions martiales, et l’eau passera sous les ponts, le temps qu’elle soit votée et que les textes d’application paraissent, et qui sera appliquée ensuite avec parcimonie par une justice précautionneuse. Je parierais bien que d’ici là… mais non, n’en rajoutons pas à notre désarrois.

Il va bien falloir que ça s’arrête. Trop c’est trop !  La France n’a pas vocation à être le terrain de prédilection où  les fanatiques islamistes peuvent venir assouvir leurs pulsions barbares. Il n’y a plus de place pour le « en même temps » ni pour les discours. Il faut une réaction forte : que l’événement se soit produit dans un commissariat de police, au cœur même de l’Etat de droit, est une provocation qui ajoute à l’insupportable.  Alors assez de  mollesse, assez de génuflexions, assez de repentance, assez de prudence  pour ne pas « stigmatiser » car ce ne sont pas les musulmans qui sont en cause, mais ceux qui instrumentalisent la religion !

Désormais, tous les sujets doivent être posés.

Il n’est pas anodin que l’assassin ait été fraîchement « régularisé », ce qui veut dire qu’il était entré irrégulièrement en France, tout comme celui de Nice, lui aussi originaire de Tunisie, qui arrivait clandestinement d’Italie en n’ayant pas obtempéré aux injonctions de retour dans son pays. Migrations et régularisations  d’étrangers venus sur notre sol sans y être autorisés sont un seul et même sujet, rendu encore plus sensible par le contexte djihadiste que nous ne pouvons ignorer. Le contrôle des frontières, la gestion des flux migratoires, le mécanisme européen du « nouveau pacte migratoire », tout doit être réexaminé.

La question migratoire est l’une des dimensions principales du rapport à la France des pays d’Afrique du Nord et du Sahel, dont est originaire le groupe d’immigrés et de leurs descendants directs le plus important à s’être implanté. En 2018, l’INSEE  établit que le poids de ces habitants de confession presque exclusivement musulmane représente un nombre supérieur à celui des citoyens de l’ensemble des Emirats arabes. L’attractivité de la France et de l’Europe reste forte en dépit des protestations récurrentes contre les discriminations, le racisme et autre « islamophobie » dont les « fréristes » ont fait leur ritournelle. Le flux migratoire répertorié, sans compter les clandestins, vers  la France, au cours de la décennie 2010, oscille entre 150 000 et 200 000 entrées par an… même en ayant une vision négative de notre pays : « La misère de la France est un paradis pour nous ! »  clame un candidat à l’émigration, selon un journaliste du Monde. Autant dire que nous sommes face à une impossibilité « d’intégrer » tous ces gens, si tant est qu’ils le souhaiteraient. 

La menace de « l’Islamisme politique ».

Nous ne pouvons pas ignorer non plus, que les répercussions de l’islamisme politique, inspiré  par les Frères musulmans et le djihadisme d’une manière générale, font peser une menace sur le devenir du mode de vie libéral européen, et du nôtre en particulier, tant que l’immigration n’aboutit pas à une intégration culturelle dans les pays d’accueil dont les nouveaux arrivants auraient vocation à partager les valeurs, alors que nombre d’entre eux se réfugient dans un « séparatisme islamiste » qu’ils prônent ou tentent d’imposer. Il n’est pas certain qu’une loi soit suffisante pour régler ce problème. Si nous étions ne fût-ce qu’un seul instant en guerre contre le terrorisme islamiste, nous placerions cette cause tout en haut de nos priorités. Le drame de Rambouillet est d’une clarté aveuglante : il met en cause l’immigration et la présence de l’islamisme politique dans notre pays.

Il souligne l’absence béante d’une politique d’assimilation digne de ce nom, négligée par un Etat plus prompt à parler de la République que de la faire vivre. L’augmentation du nombre des policiers n’y changera rien. Ils resteront encore pour un moment des « cibles », ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un rôle essentiel à jouer.

Pas d’état de droit sans police.

Encore faudrait-il que nos islamo-gauchistes ne jouent pas à la « cinquième colonne ». Classer Sonia Mabrouk (avec mépris) dans la « droitosphère », comme le fait Libération, parce qu’elle revendique son assimilation et fait la guerre au séparatisme communautariste, est un signe qui ne trompe pas. Pour un peu, ce serait une « réac » ou une « facho » ! Cependant, il y a des coïncidences qui ne s’inventent pas et sont particulièrement significatives : jeudi soir dernier, Élise Lucet a consacré son numéro d’« Envoyé spécial » aux « violences policières »,  avec comme invité un certain M. Zécler, ce producteur passé à tabac… Comme s’il fallait à tout prix nous persuader que croiser une patrouille de police en France, c’était risquer sa peau surtout si elle n’est pas blanche. En tout cas, c’est ce leitmotiv qu’Élise Lucet a cherché à nous faire avaler, en l’accompagnant comme il se doit des traditionnelles précautions de langage, censées cerner une « infime minorité de brebis galeuses ». On ne pourra s’empêcher de rapprocher les deux événements : quelques heures après la diffusion de ce reportage, où M. Zecler a été mis en exergue, c’est Stéphanie, policière depuis vingt-huit ans, qui aura été sacrifiée sur l’autel de la République. Elle s’ajoute à la trop longue liste des policiers qui ont versé leur sang pour défendre nos vies, et même celle des gauchistes qui leur crachent dessus… On ne peut pas faire la guerre à la fois au terrorisme et à la police. Il faut en finir avec l’idée qu’en France, les musulmans seraient persécutés et que la police serait structurellement raciste.

Alors oui, la tâche est immense.

Les solutions existent, les sources du mal sont connues. Mais d’abord commençons par fermer le « robinet ». Ensuite, il sera question d’urbanisme et de mixité sociale, d’éducation et du rôle de l’école, des réseaux sociaux, des paraboles qui enferment dans la culture d’origine quand elles ne déversent pas la haine de la France, de justice ferme, de renforcement du renseignement, de surveillance ... et enfin d’appliquer sans faiblesse les lois qui obligent à respecter la République, La France !

 


DU «EN MÊME TEMPS» A «L’ESSUIE-GLACE»

Macron voeux 2020

 

"IL" ne pense plus qu’à ça : comment être réélu. A un an de l’échéance, Emmanuel Macron a lancé sa campagne électorale.  Après avoir tenté de séduire les jeunes en donnant une interview sur les réseaux sociaux avec Brut, constatant qu’il avait perdu 17 points dans l’électorat de droite il donne une interview au Figaro pour tenter de « rassurer » en s’emparant du thème de la sécurité. Il réaffirme au passage quelques principes « qu’il ne valide pas » en contradiction  avec ses propos précédents. Puis dans la foulée, il est interviewé par la chaine américaine CBS, interview au cours de laquelle il explique que la France doit « déconstruire » son histoire à cause de son passé colonial.  De quoi plaire aux oreilles américaines … mais là encore en contradiction avec ce qu’il avait dit auparavant : il n’était pas question de déboulonner les statues !  Autant d’interlocuteurs, autant de discours complaisants. Ce n’est pas nouveau. Toute l’année 2020, il est  passé  de la mise en avant des idées communes au centre gauche et au centre droit à l’envoi de signaux désordonnés aux deux camps. Plus il parle et moins on l’entend, plus il s’explique, moins on le comprend. Bien malin est celui qui sait ce qu’il pense vraiment. Chez nous on appelle ce genre d’individu « un charlatan » !

Le confusionniste.

Le  propos est de Jacques Julliard.  Voilà quelqu’un qui manie sciemment le contresens et les contradictions dans ses discours. « Nous sommes un peuple de paradoxes »  prévient Emmanuel Macron. Si c’est vrai, il est un expert en la matière. Sur l’identité, il énonce dans une interview donnée au Point, « Etre français, c’est habiter une langue et une histoire », ajoutant même la laïcité au triptyque « liberté, égalité, fraternité ». Cependant, il ajoute aussitôt, « Comme Président, je ne reconnais qu’une communauté nationale, mais je ne dénie pas aux autres communautés, le droit d’exister ». Il oublie de dire qu’en aucun cas ces communautés d’origine ou de culture ne doivent s’ériger en concurrentes de la communauté nationale. Une brèche dans laquelle les islamistes se sont engouffrés. En affirmant « qu’on peut être français et cultiver une autre appartenance », il avoue son communautarisme. Sur Brut, il a été capable de prendre la défense de la police tout en dénonçant les « violences policières », élément de langage qui est une manière de donner satisfaction à l’extrême gauche. La polémique sur la loi de sécurité globale l’a conduit à dire tout et son contraire en quelques jours selon qu’il s’adressait à des jeunes ou à des policiers. Emmanuel Macron déplore notre déclassement industriel et affirme « l’élite économique s’est mondialisée… elle est partie, elle est devenue de nulle part ».  Le  « libéral-libertaire » de 2017 qui devait adapter la France à la mondialisation et qualifiait les migrants de « héros » dénonce désormais « la trahison des clercs », une autre manière de nommer les élites dirigeantes économiques et politiques.  Le but est le même qu'en 2017 : reprendre des thèmes de gauche et de droite, poussant les politiques des deux camps à se radicaliser pour exister, et donc à dériver vers les marges. Mais sa mise en oeuvre a changé, faite d'embardées puis de coups de frein.

Le démagogue.

Philippe Bilger, commentant l’interview récente au Figaro n’y va pas par quatre chemins. Quand le président affirme : « Je me bats pour le droit à la vie paisible », il se moque de nous. Et il poursuit : « Je relève, dans ses réponses, son goût du verbe, son appétence pour le commentaire qui pourrait séduire la gauche avec ses considérations sociologiques, la surestimation de son action et le caractère provocateur d’annonces in extremis, comme si on n’aurait pas dû en bénéficier bien avant. » L’ancien magistrat dénonce la  volonté d’occuper le terrain parce qu’il sent l’exaspération monter face à la délinquance et que ça influera sur l’élection présidentielle : « Il est clair que nous avons une action à bride abattue pour créer l’illusion d’un pouvoir qui aurait été conscient depuis le début des exigences régaliennes, alors que les Français n’ont cessé de constater dans leur quotidien les errements et les abstentions de cette présidence dure avec les faibles et molle avec les forts. Dont le « en même temps », n’arrêtant jamais son cours, fait se succéder rigueur proclamée et impuissance concrète. » Tout est dit, exemples, ils sont multiples, à l’appui. Un mélange dévastateur de démagogie et de cynisme. Je me demande encore comment quelqu’un d’aussi intelligent que Christophe Béchu peut suivre un tel personnage… à moins qu’il ne soit comme lui.

L’adolescent attardé.

On a l’impression que chaque intervention  présidentielle est une dissertation comme on en fait encore probablement à Sciences-Po, avec les trois parties, thèse, antithèse, synthèse. Emmanuel Macron parle trop, trop longtemps et en tous sens. C’est son souci de tout dire, d’aller au-devant de toutes les objections qui l’amène à la profusion et à la confusion. Or, diriger c’est choisir ! Il cherche encore sa vérité qu’il n’a pas atteinte, c’est évident. Mais en politique, ce type de discours porte un nom : la duplicité ! Nous avons affaire à une espèce de caméléon politicien : le personnage de 2021 ne parle pas comme celui de 2017 et pas  plus probablement que celui de 2022, au moment de  l’échéance. L’ivresse qui l’accapare dans le maniement des concepts a quelque chose d’adolescent (le constat est de Jacques Julliard) .  Il faut simplement se demander si l’Elysée est l’endroit adéquat pour continuer son éducation. On peut être séduit par son intelligence, son énergie, mais « le petit prince de la technocratie, combinant l’ouverture de la société avec le souci de la verticalité »  voit sa « rêverie » violemment interrompue par les vents violents qui agitent l’arène politique, les mouvements sociaux,  les « gilets jaunes », jusqu’au déferlement du coronavirus. Le fait est qu’il ne rassure pas grand monde. Il voulait être le chantre du centrisme, cette union de la droite de la gauche avec la gauche de  la droite, contre la droite de la droite et la gauche de la  gauche, un jeu politique  qui a toujours été incompréhensible pour l’opinion publique. Il n’est en réalité que celui du centrisme étatique,  ou centralisme, vieux courant jacobin, qui, s’appuyant sur une technocratie inamovible, domine encore dans la gestion de notre  pays et qui passe à côté du clivage économique, social et culturel entre la France du centre, les métropoles, et la France périphérique. L’obsession des sondages qui servent de boussole explique les motivations actuelles du chef de l’Etat. Les personnes âgées qui sont les  plus assidues aux élections demandent une protection sanitaire et de l’ordre et ses rivaux de droite restent  plus dangereux que ceux de gauche. D’où les signaux moins fréquents à gauche qu’à droite, d’autant plus que le centre gauche semble rester fidèle, probablement parce que l’action menée lui convient alors que les discours qui s’adressent à la droite en restent souvent aux paroles.

Qu’en sera-t-il à l’heure du bilan ? Si le président jouit d’un socle de popularité stable, les Français n’en jugent pas moins très sévèrement son action.

 


LREM, L’AUTRE NOM DE LA GAUCHE.

Lrem logos

 

Le néogauchisme dont la France insoumise est le principal vecteur, renforcé par les idéologies importées des Etats-Unis, a fracturé la gauche française. Et à un an de l’élection présidentielle, les études d’opinion sont toutes convergentes : toutes tendances confondues, elle ne rassemble plus qu’entre 24 et 26%, pas plus. Le total d’intentions de votes à gauche est l’un des plus faibles de toute l’histoire de la Ve République. En fait c’est un trompe l’œil.  Les Français sont toujours globalement partagés.  Mais pour les formations politiques concernées, il y a urgence.  Et la priorité des verts, du PS et autres tendances est de trouver un moyen de se rassembler pour avoir un candidat commun avec l’objectif de passer la barre du 1er tour. Samedi dernier, ils étaient nombreux à se retrouver toute la matinée, à l’initiative de Yannick Jadot qui en rêve, dans un hôtel parisien du 19e arrondissement. N’en manquait pas un ! Si, justement, l’un des principaux, Jean-Luc Mélenchon, parti opportunément rendre visite à ses amis gauchistes d’Amérique du sud dont il admire les régimes totalitaires. Après une matinée de palabres, dispersion avec  clause de revoyure. Autant dire que la réunion a tourné au « bal des faux-culs ». Mais personne ne se demande où sont passés les 25% manquants !

La gauche française n’est pas à l’agonie. Elle a juste changé de nom. 

La réponse tient en un seul constat.  Les mêmes sondages indiquent que 25% des électeurs de Hollande continuent  de voter pour Macron. Eh oui, on voudrait nous faire oublier que Macron est entouré de la plupart des hommes qui constituaient le socle du PS : Ferrand, Véran, Le Drian … et que son groupe parlementaire est composé pour une bonne part d’élus venus de la gauche.

Mieux, son bilan est encore plus révélateur car la politique mise en œuvre s’apparente bien davantage à la poursuite de la politique socialiste de François Hollande qu’à un alignement sur les projets de la droite. Sur le plan économique et financier, la hausse des déficits et des prélèvements obligatoires, la vertigineuse explosion des dépenses de l’Etat, le célèbre et socialiste « quoi qu’il en coûte », autre expression pour « c’est gratuit, c’est l’Etat qui paye », l’augmentation exponentielle de la dette, n’ont fait que prolonger la tendance déjà à l’œuvre avant 2017. De même, sur les questions sociétales, les choix accomplis par les macronistes divergent largement des orientations de la droite et du centre : la PMA sans père remboursée par l’assurance maladie, l’interruption médicale de grossesse à 9 mois pour détresse psycho sociale, et maintenant la tentative d’instaurer l’euthanasie, à quoi il faut ajouter l’explosion sans précédent des flux migratoires, le communautarisme forcené, la flambée de la délinquance et de la violence à laquelle Lionel Jospin n’a rien à envier. Il faudrait ajouter ses contorsions écologistes qui font la part belle aux tenants de la décroissance. Enfin, la repentance qui imprègne la vision du chef de l’Etat qui voit dans l’histoire de la colonisation un « crime contre l’humanité » est un emprunt au néogauchisme.  

Et  pis encore, le recours aux conventions citoyennes pour traiter de sujets fondamentaux est devenu une pratique banalisée du « nouveau monde politique », directement tirée des thèses de la démocratie de proximité chère à Ségolène royal. En fin d’année dernière, à la demande du président de la République, 35 Français ont été tirés au sort pour former un « collectif de citoyens » chargé de « se prononcer sur la stratégie vaccinale en France ». Cette initiative faisait suite à « la Convention citoyenne sur le climat », composée de 150 citoyens, sélectionnés au hasard pour « représenter pleinement la société dans toute sa diversité et sa vitalité ». La méthode est-elle si nouvelle ? D’ores et déjà sous le quinquennat de François Hollande, « une conférence citoyenne », composée de 18 citoyens désignés selon des critères de représentativité de la société française définis par l’IFOP avait été chargée de réfléchir à la fin de vie. Elle avait débouché, à la fin de l’année 2013, sur des conclusions favorables à la « possibilité de se suicider par assistance médicale (dans certaines conditions) ».

Ce portrait du soi-disant « nouveau monde » ressemble furieusement à « l’ancien monde socialiste », y compris pour le nombre des fonctionnaires qui ont continué d’augmenter. Il suffisait seulement de rebaptiser le parti socialiste en LREM, et de débaucher un quarteron d’opportunistes à droite, il y en a toujours, et le tour était joué. Voilà pourquoi la gauche « titulaire » se meurt.  En fait, elle est au pouvoir depuis 9 ans, le quinquennat Macron s’inscrivant très clairement dans la suite de celui de François Hollande. C’est une évidence. Des segments de réforme dite de droite  et un verbe droitier pour le « en même temps » n’y changent rien. Comme s’il suffisait de poser des mots sur les maux de la France pour les faire disparaître. Et voilà pourquoi,  comme beaucoup d’autres qui me le font savoir, en aucun je ne revoterai pour lui.

LR pour sortir de la confusion.

Ce scénario repose sur une contre-vérité entretenue par les transfuges de la droite vers le macronisme : « Ce qu’a fait le président (Macron), la droite en a toujours rêvé mais ne l’a pas fait », et largement reprise par les commentateurs et les  médias.

La responsabilité de la droite est historique. Au moment où elle est clairement l’objet d’OPA, à la fois du Macronisme qui voudrait l’asphyxier et du RN qui s’empare un à un de ses  thèmes pour se rendre plus acceptable, elle a le devoir de s’affirmer haut et clair.

Le cycle électoral qui commence va façonner la gouvernance de notre pays pour la décennie à venir. Face à une gauche fracturée, une majorité présidentielle qui entretient la confusion, un Rassemblement national qui vote systématiquement contre tous les textes régaliens mais qui soigne sa « normalisation », la  droite porte une responsabilité importante. Celle de proposer d’abord dans chaque région, puis à l’élection présidentielle, une candidature intransigeante sur les fondamentaux et déterminée à prôner d’abord puis à appliquer sans faiblesse ensuite les mesures difficiles mais indispensables pour restaurer l’autorité de l’Etat et recréer une « envie »  de reconstruire la communauté nationale pour en faire à nouveau « une Nation ».

A l’heure ou 80% des Français expriment de la méfiance ou du dégoût envers la politique (enquête CEVIPOF), un alignement de LR sur LREM se présenterait comme une manœuvre opportuniste. Quant à un ralliement au Rassemblement national il n’est tout simplement pas pensable. Ces manœuvres ne feraient qu’aggraver l’image de responsables politiques ayant tourné le dos à l’intérêt général et obsédés par leurs intérêts personnels, le partage des prébendes et des privilèges.

L’idée que les LR n’auraient pas de « candidat naturel » touche à la quintessence du renoncement et de la sottise politique. Les tentatives pour l’empêcher d’exister montre assez bien que c’est en raison de sa capacité à apporter les vraies réponses au pays. C’est  bien pourquoi la sphère  médiatique se garde bien de faire écho du travail en profondeur qui est mené depuis bientôt un an. Il y aura évidemment un candidat issu de ses rangs ou de sa sphère. La question n’est pas de porter à l’Elysée un surhomme, un sauveur providentiel, mais de donner à la France un candidat crédible, motivé par le sens de l’Etat et la capacité à s’entourer d’une équipe solide et compétente pour gouverner le pays dans le respect de la démocratie. Et pour cela, il en est largement encore temps.

Les Républicains apparaîtront rapidement comme la seule alternative raisonnable  pour éviter un nouveau duel Macron-Le Pen.

 


QUAND LES « ASSIMILES » SE REBIFFENT !

La liberté guidant le  peuple bis

 

Rachel Kkan avec  « Racée », Claire Koç avec « Claire, le prénom de la honte », Lydia Guirous avec « assimilation, en finir avec ce tabou français », Sonia Mabrouk avec « Insoumission française », quatre exemples de parcours d’assimilation qui montrent qu’un chemin différent du communautarisme est possible. La publication de ces livres, de leur témoignage intervient au moment où la loi contre le « séparatisme » qui ne dit plus son nom termine son parcours législatif à l’Assemblée nationale.

Françaises à part entière.

Contre  l’idéologie ambiante véhiculée par les réseaux sociaux et nombre de médias complaisants qui voudrait légitimer le discours victimaire, décolonial, genré et racisé, elles ont choisi de devenir françaises à part entière et de le crier haut et fort. Elles ont en commun l’amour de notre pays  et fait le choix de l’universalisme.  Elles démontrent après d’autres comme Jeannette Bougrab, que la France n’est pas un pays raciste et que chacun ou chacune peut s’y épanouir pour peu qu’il ou elle se saisisse des chances offertes par la possibilité de s’instruire quel que soit son statut social, par l’application du principe d’égalité si important pour les femmes issues de  familles musulmanes, par l’appropriation d’une histoire qui peut être aussi la leur.

L’amour de la France.

L’amour de la France peut avoir été transmis par les parents, et évidemment, ça compte, mais Claire Koç nous montre qu’il peut en être autrement, elle qui a choisi l’assimilation contre sa famille. L’amour de la France comme chemin d’assimilation c’est peut-être  Manuel Valls qui le définit le mieux dans son livre « pas  une goutte de sang français » qui sort chez Grasset. Pour « son retour d’exil » comme il dit, il complète la formule par ces mots empruntés à Romain Gary « Je n’ai pas  une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines ! ». Parfait exemple d’assimilation réussie il explique avec humilité qu’en deux ans et demi passés à Barcelone, il a acquis la certitude qu’il était français, que tout le ramène à la France et qu’il a fallu qu’il la quitte pour le comprendre. Son éloignement lui a permis de comprendre ce que ses amis, son épouse lui répètent : «  Tu penses fraçais, universel, comme un républicain, jacobin et laïque ». Comment en arrive-t-on là ?  L’histoire joue un rôle bien sûr et de Napoléon à Clémenceau, elle lui a apporté des références.  Mais aussi les lectures à une époque où la télévision n’était  pas omniprésente : Hugo, Dumas, Péguy, Camus, Zweig, Kafka… ont nourri son esprit d’adolescent.  Tout est dit.

Chacun délivrera un parcours différent selon le contexte et l’époque. Mais tous ces auteurs ont un point de convergence : c’est parce qu’ils ont appris d’une manière ou d’une autre à aimer notre pays. Pour Claire Koç , le déclic a été les  voisins français qui ont servi de modèle. Ils apportaient des plats qu’ils avaient préparés pour les faire goûter à sa famille, comme par exemple le pot-au-feu. Mais elle explique aussi comment  peu à peu, dans son quartier, la France est devenue inexistante.

Les discours de haine.

On ne peut pas s’assimiler si on n’aime pas le pays dans lequel on vit.  Voilà le constat. Et d’autant moins si on vit dans un milieu qui ne manifeste qu’un sentiment : la haine de la France. Quand j’entends Amel Bent proclamer qu’elle préfère brandir un drapeau algérien, pays où elle n’est jamais allée, plutôt qu’un drapeau français, je pense d’abord  à de l’ingratitude, puis je me dis qu’on l’a  probablement élevée dans la haine de notre pays. La  haine de la France, ou la coupure, ou le refus de s’assimiler à défaut de s’intégrer, est venu avec l’antenne parabolique, qui s’est généralisée  dans les années 90.  Elle a été le principal  frein à l’assimilation qui fonctionnait auparavant. Des familles entières se sont mises à vivre à l’heure de leur pays d’origine.  Les Turcs se sont mis à penser Turc, les Algériens à croire Télé Alger. A cela s’est ajoutée la concentration conduisant dans les quartiers à des populations endogames d’où les nationaux de souche se sont petit à petit retirés. Quand les individus sont tous les mêmes, il n’y a même plus besoin de parler français. Et quand tous les commerces, les cafés, les vêtements, les aliments sont à  l’unisson, on sombre dans le communautarisme. Il n’y a plus aucun espace pour la France dans ces quartiers. Et quand en plus la religion vient imposer une chape de plomb, le piège communautaire se referme complètement. Le séparatisme s'impose. 

Autant de cris d’alarme.

Mais si ces ouvrages sortent aujourd’hui, ça n’est pas le fait du hasard. Ils sont autant de cris salutaires pour dénoncer les méfaits de cette vague portée par le néogauchisme, avec les idées venues des Etats-Unis, qui prônent le racialisme, l’identité, le décolonial qui fait de la race blanche la porteuse du malheur du monde, idéologie obscurantiste qui nous vient d’un pays où l’on refuse d’enseigner la théorie de l’évolution  et  où les écoles sont obligées de suivre les préceptes du « créationnisme ». Ces auteurs veulent nous alerter, nous ouvrir les yeux sur le grave péril qu’elles font courir à notre pays, en voulant anéantir notre conception de l’Universel qui a fait rayonner la France à travers le monde entier.  

La  méritocratie.

Voilà pourquoi il est urgent de rétablir le prestige de l’école, et particulièrement dans les  quartiers concernés.  C’est par le savoir et le mérite qu’on redonnera le goût de l’assimilation.  Une lourde tâche qui attend les prochains gouvernements. Comme  le disait Atatürk : « Ce n’est  pas grave de ne pas savoir. Ce qui est honteux, c’est de ne pas vouloir apprendre ! ». Il va donc falloir prendre tous les problèmes à bras-le-corps.  Il faudra lutter contre l’oppression d’une minorité qui veut imposer la loi communautaire  par la terreur intellectuelle ;  il n’est pas normale qu’une Claire Koç reçoivent des tombereaux de menaces plus sinistres les unes que les autres et doivent faire l’objet d’une protection policière. Il faudra mettre fin au lobbying des puissances étrangères pour exercer leur influence sur les populations issues de leur pays, et qui infiltrent les associations, les partis politiques en imposant des concepts incompatibles avec les lois républicaines. Il faudra être vigilant sur le rôle de l’école et lui donner les  moyens de s’imposer dans les quartiers, afin qu’elle soit en mesure d’inculquer la culture française, qui ne veut pas dire rejeter la culture d’origine, et surtout  apprendre à être fier d’être un citoyen français. Le principal moyen d’entrer dans la nation c’est d’apprendre le français, sans quoi il ne peut se développer un sentiment d’appartenance. 

L’élection du prochain président de la République sera donc déterminante. Ce serait mieux qu’il soit de droite, pour une raison simple : aujourd’hui,  c’est elle qui porte l’idéal d’universalisme  et  qui veut rétablir la méritocratie. La gauche est aux abonnés absents.  Macron est nulle part. 

 

Des  livres à lire absolument !

Rachel Khan, « Racée », chez l’Observatoire

Claire Koç, « Claire, le prénom de la honte », chez Albin Michel

Lydia Guirous, « assimilation, en finir avec ce tabou français »,  chez l’Observatoire

Sonia Mabrouk, « Insoumission française », chez l’Observatoire

Manuel Valls, « Pas une goutte de sang français », chez Grasset.

 


LES REGRESSISTES (3)

Je continue à publier les articles qui argumentent sur le néogauchisme.  Voici une nouvelle tribune publiée par Le Figaro récemment.

Philippe d’Iribarne: «La folie “woke” et décoloniale, fille de l’utopie de l’égalité parfaite propre à l’Occident»

Iribarne

Figure importante du paysage intellectuel français Philippe d’Iribarne est auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sont des classiques dont La Logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales (Seuil, 1989) et L’Étrangeté française (Seuil, 2006).

TRIBUNE - Le sociologue, X-Mines, directeur de recherche au CNRS analyse avec une exceptionnelle clarté les racines du mouvement «woke» et décolonial, né dans les universités américaines et qui progresse de façon fulgurante en France. Les pays occidentaux sont victimes de leurs intentions élevées et des objectifs écrasants et utopiques qu’ils s’assignent, explique le penseur.

La fracture de l’opinion provoquée par l’émergence du mouvement «woke» aux États-Unis et du mouvement décolonial en France paraît radicale. Les débats provoqués en France, jusqu’au sein de la majorité, par la loi «confortant le respect des principes de la République» en témoignent. L’université offre maintenant un terrain de choix à la manifestation de cette fracture. Entre ceux qui, tels nos ministres de la Recherche et de l’Enseignement supérieur ou de l’Éducation, dénoncent l’islamo-gauchisme qui y sévit et ceux qui, telle la Conférence des présidents d’université, défendent bec et ongles les orientations ainsi mises en cause, tout dialogue paraît impossible. Cette radicalité est intimement liée à la mutation qu’a connue la promesse d’égalité au cours du dernier demi-siècle.

Dans l’élan premier des Lumières, l’égalité des peuples, des cultures, était vue comme un horizon qui ne pourrait être atteint que grâce à une action intense de civilisation, d’éducation, menée par le monde occidental en faveur des peuples les moins «avancés». Le Pacte de la Société des nations de 1919 témoigne de cette vision. Ainsi son article 22 évoque les territoires «habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne». Il affirme que «le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation», et que «la meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui (…) sont le mieux à même d’assumer cette responsabilité».

Cette vision est encore présente dans la Charte des Nations unies de 1945, bien que celle-ci mette en avant, d’emblée, le «principe de l’égalité de droits des peuples» et affirme de manière réitérée le refus des «distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» (articles 1, 13, 76). Son chapitre «Déclaration relative aux territoires non autonomes» invite encore (art. 73) à aider les populations «dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses populations et à leurs degrés variables de développement ».

De nos jours, cette vision inégalitaire fait scandale. Il est hautement affirmé que tous les peuples, toutes les cultures, toutes les religions, toutes les manières de vivre, se valent tels qu’ils sont ; que, certes, il peut exister dans chaque société des individus qui diffèrent, pour reprendre les termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, par «leurs vertus et leurs talents», mais que ces qualités se retrouvent également distribuées dans tous les peuples et, au sein d’un peuple, dans toutes ses composantes ethniques ou religieuses. Affirmer le contraire relève de préjugés racistes qui méritent la condamnation la plus vive.

Or, en dépit de cette affirmation solennelle, de grandes disparités demeurent, entre les peuples et au sein de chaque peuple, dans les sorts réservés à ceux qui diffèrent par leur culture, leur religion ou leur couleur de peau. Ainsi, dans les universités américaines, les Noirs réussissent nettement moins bien et les Asiatiques beaucoup mieux que les Blancs. En France, ceux qui ont un prénom musulman ont plus de mal à trouver un emploi que ceux qui ont un prénom chrétien. La promesse d’égalité parfaite et immédiate se révèle mensongère et rien ne laisse présager qu’elle cessera bientôt de l’être.

Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs

Comment donner sens à ce hiatus ? Logiquement deux interprétations paraissent possibles. L’une, qui relève du réalisme sociologique, est que l’on n’efface pas en un jour les effets de l’histoire ; qu’à chaque époque il a existé des civilisations plus brillantes que d’autres ; qu’il faut distinguer la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains, qui va de soi, de l’objectif d’égalité immédiate entre tous les peuples, toutes les cultures, tous les groupes humains, qui relève de l’utopie. Mais une telle interprétation ne peut être vue que comme un retour intolérable à des temps définitivement révolus.

L’autre interprétation part du caractère sacré de la promesse, fondement de l’appartenance à une humanité commune de ceux et ceux seuls qui la respectent. Mais reste alors à expliquer pourquoi elle n’a pas plus de prise sur le monde réel.

Le mouvement «woke» et le courant décolonial apportent une réponse radicale. Pour eux, si la promesse n’a pas été tenue, c’est du seul fait de la résistance de dominants attachés à leurs privilèges. Affirmer que certains groupes humains ou certains individus membres de ces groupes sont responsables de leur situation défavorable n’a pour objet que de permettre à ces dominants de jeter un voile sur leurs menées. Les coupables sont clairement identifiés: ce sont les Blancs racistes, esclavagistes, colonisateurs, qui ont mis la planète en coupe réglée. Cette vision a un caractère transcendantal (qui est connu a priori et non pas fondé sur l’expérience, NDLR), au-delà de tout besoin de confirmation ou de possibilité d’infirmation reposant sur des données de fait.

Cette mise en avant de l’infinie culpabilité des Blancs alimente une représentation totale de la vie sociale portée par tout un vocabulaire: privilège blanc, racisme systémique, appropriation culturelle, etc. Ainsi, si certains «racisés» ont du mal à trouver un emploi, il est impensable d’envisager que les employeurs cherchent simplement à embaucher ceux dont le profil laisse augurer qu’ils sont les plus à même de contribuer à la bonne marche de leur entreprise. Il va de soi que la prospérité économique de l’Occident est fondée sur l’exploitation du travail des esclaves noirs et il est indécent de l’attribuer au génie inventif et à la capacité d’organisation dont l’Occident a fait preuve. Si les figures de l’art, de la pensée et de la science célébrées dans le monde occidental, et bien au-delà, tels Kant, Pascal, Rembrandt, Bach, Shakespeare, Dante, Dostoïevski, Cervantès ou Einstein, sont essentiellement blanches, c’est l’effet d’un complot des Blancs conduit à dissimuler les figures non blanches. Etc.

Entre croyants (ceux qui sont engagés dans le mouvement «woke», les tenants d’une approche décoloniale) et incroyants il n’existe pas de terrain commun au sein duquel échanger des arguments.

Pour les incroyants, ce mouvement est sans doute explicable par la souffrance de ceux qui se sentent victimes d’une promesse trahie mais n’est pas intellectuellement respectable. Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs ; par exemple de déclarer la colonisation blanche crime contre l’humanité et de porter au pinacle la colonisation arabe, notamment en Espagne ; ou encore de dénoncer une «appropriation culturelle» quand des Blancs se permettent d’interpréter une musique «noire» mais de parler de manque de diversité à fondement raciste quand les Blancs dominent au sein des orchestres symphoniques voués à une musique «blanche». Il échappe à toute logique de considérer comme monstrueux l'esclavage perpétré par les Blancs alors que, perpétré par des Arabes ou des Noirs il ne mérite aucune attention. Et comment accepter que l’histoire de l’Occident soit réécrite à la manière d’une histoire de la Révolution française qui serait centrée sur la Terreur, les massacres de Septembre, et le génocide vendéen, pendant qu’une approche hagiographique prévaut quand il s’agit d’autres civilisations?

De plus, les incroyants ne se privent pas de souligner ce qui leur paraît le plus outré dans l’approche décoloniale. L’affirmation selon laquelle les Blancs devraient toute leur pensée aux Grecs qui eux-mêmes devraient tout aux Égyptiens, lesquels étaient noirs, et qu’ils doivent donc toute leur pensée aux Noirs leur paraît une pure fable. Ils ne peuvent croire que si, dans les expressions «idées noires», «âme noire», «noirs desseins», etc., le terme noir a une connotation négative, la source en est l’association du mot noir à l’esclavage que les Noirs ont subi du fait des Blancs et non une opposition entre la lumière et les ténèbres. Et quand, pour écarter toute objection, la réponse (que l’on trouve par exemple dans une vidéo célèbre concernant l’université américaine d’Evergreen) est que l’appel à l’objectivité, l’attention aux faits, est une invention perverse de Blancs, les incroyants se voient conforter dans la conviction que ce courant de pensée est bien peu sérieux.

Par ailleurs, la place que tient la cancel culture, la création de safe spaces où les croyants sont mis à l’abri de pans entiers de la réalité, apparaît aux incroyants comme liées au besoin de ces derniers d’être protégés de ce qui pourrait faire éclater la bulle de certitudes qu’ils habitent.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la « science prolétarienne » de jadis

Mais, pour les croyants, tout cela n’est qu’arguties qui ne tiennent pas face au scandale que représente la radicalité du privilège blanc qui, avec sa dimension raciste, viole les principes les plus sacrés qui doivent inspirer la vie de l’humanité. Ces arguties se trouvent disqualifiées par le fait qu’elles légitiment le maintien d’un tel privilège et il est hors de question de leur accorder quelque valeur que ce soit. Ceux qui en font usage ne méritent pas d’être écoutés et les interdire de parole, comme l’implique la cancel culture, relève de l’objectif vertueux d’empêcher de nuire des représentants du mal. Leur donner la parole, débattre avec eux, reviendrait à accorder au mal un statut égal à celui du bien.

C’est dans ce contexte que prennent sens les affrontements actuels portant sur le monde de la recherche, la place qu’y tient l’islamo-gauchisme, les mérites des courants décoloniaux, la dénonciation par les étudiants d’enseignants déclarés racistes ou islamophobes et l’autocensure de ceux qui craignent d’être regardés comme tels. La vision décoloniale, affirme ses croyants, s’appuie sur des travaux de recherche menés dans des institutions prestigieuses et conduisant à des publications savantes dont seuls les tenants d’une forme de suprématisme blanc peuvent contester la pertinence. Ce n’est pas, affirment-ils, l’idéologie «woke» qui a perverti le monde de la recherche, mais le résultat de recherches de qualité qui alimente les convictions correspondantes. Mais cette affirmation laisse ouverte la question de portée générale de la scientificité des travaux académiques et de la qualité du contrôle de cette scientificité.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la «science prolétarienne» de jadis. Les recherches tendant à démontrer l’absence de nocivité du tabac ou des perturbateurs endocriniens ont été marquées par de telles dérives, y compris quand elles étaient réalisées au sein des universités. On peut penser aussi aux travaux d’économistes de renom qui ont légitimé les pratiques, tels les subprimes, au cœur de la crise financière de 2008. De manière générale, il n’est pas difficile de biaiser les résultats d’une recherche tout en sauvant les apparences. Il suffit de sélectionner les données dont il est fait état et de les interpréter en fonction de ce que l’on souhaite démontrer.

Prenons, à titre d’exemple, la manière dont la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’y prend pour démontrer que la société française est islamophobe. Le parti adopté est d’écarter tout élément permettant de rattacher des réactions négatives à l’égard de l’islam à la réalité de celui-ci, ce qui permet de mettre ces réactions au passif de la population majoritaire. Ainsi, le rapport mentionne bien «un conflit de valeurs, considérant la religion musulmane et ses pratiques en contradiction avec le principe de laïcité et avec les droits des femmes et des minorités sexuelles». Mais, et c’est là que la pensée glisse, loin de considérer que ce conflit est à la source de réserves légitimes envers l’islam, il affirme que ceux qui le mettent en avant sont coupables d’«inverser la causalité et de rejeter la responsabilité du racisme sur ceux qui en sont les victimes». La manière même dont sont libellées les questions dont le rapport fait usage relève de cette stratégie. Ainsi, il n’est pas demandé si certains comportements associés à l’islam sont incompatibles avec les valeurs républicaines, mais si «certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes». Du coup, une majorité des personnes interrogées n’a pas d’autre choix que de déclarer que des comportements «racistes» sont justifiés, ce qu’il s’agissait justement de démontrer.

Que nous réserve l’avenir ?

On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste. Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie «woke» est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ?

 


RANTANPLAN ET TRISTE SIRE

Ed Philippe

 

Avec son ami Gilles Boyer, Édouard Philippe publie un livre intitulé « Impressions et lignes claires » (1) qui offre un large horizon sur sa conception de la politique, sans toutefois apporter la moindre révélation sur les trois ans qu’il a passés à Matignon. A en croire la longue interview que Le Point accorde à l’ancien premier ministre, on n’apprendra rien sur les relations parfois tendues entre Matignon et l’Elysée. C’est selon le Rantanplan de la politique, qui s’est associé à son « Triste Sire* », pour commettre l’ouvrage, être au-dessus du « menu fretin » quand il s’agit de l’éthique et de la dignité. Deux qualités qui lui ont furieusement manqué  quand il s’est agi de rallier la macronie, en loucedé, caché sous une couverture dans une voiture, pour ensuite renier tous ses engagements, y compris en soutenant aux législatives suivantes des candidats contre ceux dont il avait exigé l’investiture aux Républicains.

"Les manettes".

Ce livre n’est pas plus le signe avant-coureur d’une nouvelle trahison, une candidature à la présidence de la République en 2022, ce que confirme l’intéressé dans l’entretien. Mais alors à quoi bon écrire un livre, si  c'est pour ne rien dire. Car ce n’est ni un  programme politique, ni une profession de foi, ni l’esquisse de ce que serait une présidence sous son nom.  On n’y apprend qu’une chose, peut-être pour se justifier, c’est qu’il continue de croire que le clivage gauche-droite est obsolète, alors que l’expérience et l’observation de tous les jours prouvent le contraire, mais l’homme est paraît-il têtu. On retiendra d’ailleurs de son passage à Matignon que sa politique a essentiellement consisté à prolonger celle de François Hollande, qu’il s’agisse de la dette ou des lois sociétales. Contrairement à ce qu’il affirme comme faisant partie de ses convictions, il a été surtout celui qui a consacré l’effondrement de l’autorité de l’Etat. Il est celui qui a abandonné le projet de  Notre-Dame des Landes, cédant à quelques dizaines de zadistes ultra-violents, en piétinant le droit, tous les  recours ayant échoué, et la démocratie avec le referendum. Il dit : « J’aime être aux manettes », un contrepoint de son incompétence.  Où était l’homme qui « aime être aux manettes », quand il accourait affolé au Ministère de l’Intérieur pendant que les  émeutiers mettaient à sac l’Arc de Triomphe, alors que les blindés de la gendarmerie cantonnés à Versailles attendaient des ordres pour intervenir ? Le même qui passait les forces de l’ordre en revue au bas des Champs-Elysées, image surréaliste, pendant que les black blocs déguisés en gilets jaunes, quelques centaines de mètres plus haut, mettaient le feu chez « Maxim’s » ? Aux manettes peut-être, mais il avait perdu les pédales !

De cela, on n’a rien à faire.

Il ne faut considérer le livre ni comme un coup d’envoi de sa candidature, ni comme un règlement de comptes avec Macron, il en est loin, ni même comme un ouvrage pour vous divertir en vous révélant les secrets de Matignon. « Le Point » publie quelques extraits de l’ouvrage. On y découvre les humbles origines de l’ex-locataire de Matignon, sa modestie qui va si bien à son air bonhomme et qui  dit aux Français « ce qu’il savait  et ce qu’il ne savait pas ». Un politicien qui reconnaît qu’il ne sait pas tout dans un monde où il est désormais possible de tout savoir : Rantanplan, quoi !  On se demande ce qui a tellement plu aux Français puisque dit-on, il serait le plus populaire de France. Qu’il se reconnaisse non seulement dans l’exercice du pouvoir, mais aussi dans le peuple qu’il a eu à gérer, en avouant publiquement les incertitudes liées à sa fonction, nous fait une belle jambe et cette manière  de dire les choses sans jamais les affirmer complètement confine à "l’enculage de mouche", excusez la trivialité. En fait, cette tentative de nous expliquer son succès par ce qu’il est lui, personnellement, confirme s’il en était besoin que notre démocratie est tombée bien bas. Une preuve du nivellement par le bas qui est à l’œuvre depuis plus de trente ans et dont il serait la partie visible de l’iceberg.

On aurait aimé savoir…

Les raisons de sa rupture avec le président restent mystérieuses. On y a vu le jeu naturel du couple exécutif, mais alors, on peut légitimement se demander en quoi c’était nécessaire si les deux hommes partageaient autant d’idées. On ne saura jamais comment il aurait géré la suite de la crise sanitaire. On se souvient seulement des mensonges érigés en vérité sur les masques et sur les tests et des grandes mises en scènes de ses conférences de  presse, assorties de son croque mort, Jérôme Salomon. De la com’ pour faire oublier le réel. Ce livre aurait pu être l’occasion de raconter  pourquoi Alain Juppé a échoué et quelle part son acolyte et lui ont pris dans cet échec, puisqu’ils dirigeaient la campagne. Comment ils ont enfermé le candidat en le coupant d’un entourage qui aurait pu lui être utile. Comment ils l’ont fait aller sur les thèmes qui l’ont desservi en oubliant qu’il fallait avant tout parler à la droite dans la primaire qui s’adressait prioritairement à elle, alors que Juppé avait écrit un ouvrage remarquable sur l’autorité de l’Etat. D’ailleurs on apprend au détour d’une question, qu’avec Gilles Boyer, ils avaient évoqué avec Alain Juppé la possibilité de nommer Macron à Matignon en cas de succès à la présidentielle. Il y avait bien une préméditation à la trahison. C’est ce qui arrive quand on est profondément convaincu que le clivage gauche-droite n’est plus de ce temps et qu’il faut le transcender.

"Anti Jupiter".

Il joue le rôle de l’anti-héros, un Poulidor, l’image inversée de Macron. C’est peut-être  là que se trouve la clé de l’énigme de sa popularité. Autant le Président  montre chaque jour, par ses maladresses, son dédain du peuple, autant « Ed » a plu au peuple dans son passage à Matignon, par sa timidité apparente, sa manière de relativiser les choses, sa riposte éloquente bien que souvent de mauvaise foi aux élus de l’opposition qui lui rappelaient des vérités gênantes. Il fait découvrir par un long coup de projecteur ce qu’est l’exercice du pouvoir en France, qui apporte beaucoup plus d’inquiétude, et même de peur, que de bonheur. L’hyper technocratie incontrôlable y apparaît en filigrane. L’exécutif a d’immenses responsabilités et doit trancher chaque jour sur les événements les plus anodins. Matignon est un enfer. Mais on le savait déjà. ». On pourrait croire à  l’absence « d’hubris ». En fait, c’est le point de vue d’un boxeur qui joue la modestie en prenant des coups, et qui aime ça. Voilà donc un livre qui voudrait combler le vide de l’absence, de l’éloignement du pouvoir. On n’y apprendra pas grand-chose sinon que l’auteur principal est un esprit « emberlificoté » comme le dit Bruno Jeudy. On y découvre surtout qu’Edouard Philippe est un quidam ordinaire.

Opportuniste.

Faire son retour médiatique sur la « 2 » le soir de Pâques, il faut le faire, surtout quand on n’a pas la foi. Est-ce pour autant une « résurrection » ? Pas vraiment. On peut pourtant être certain que cela a été pensé, longuement mûri, planifié. Il pensait occuper seul le devant de la « scène » (non, non, je ne l'ai pas fait) . Mais voilà, il a été précédé par Xavier Bertrand et le discours de Macron pour le reconfinement. De quoi occulter largement la manoeuvre. Nommé pour donner une caution de droite à Macron, après avoir été le principal soutien à Juppé, une nouvelle déloyauté ternirait définitivement son aura politique. Mais débarqué sans son consentement, il peut se croire libre de tout engagement. Là-dessus, il reste confus. Chez les macronistes on ne veut croire qu’à un engagement derrière le Président. D’autres, surtout ceux qui l’ont suivi en tant que « constructifs », le  rêvent en réunificateur de la droite, ce qui les arrangerait bien, eux qui n’ont servi à rien. Lui se garde bien de dire ce qu’il pense. Tout sera affaire d’opportunité. Faute de pouvoir peser sur les évènements, ce sont eux qui décideront. Il lui faudra faire oublier le chaos des trois premières années du quinquennat, la limitation de vitesse à 80 km/h et la taxe carbone qui furent les éléments déclencheurs de la crise des Gilets Jaunes, le fiasco de la réforme des retraites après deux mois de blocage du pays, un bilan accablant en matière de maîtrise de l’immigration, de violence, d’ensauvagement de la société et de poussée de la misère. On peut espérer  mieux comme « homme providentiel ».

Au fond, l’avenir politique proche d'Edouard Philippe dépend avant tout du niveau de la mémoire collective.

Il se veut en réserve de la République. Mais quand il sera candidat, si un jour il l’est, c’est certain, personne n’osera l’appeler Jupiter. Le Panda, comme sa fille ? Pas plus. Vous savez le surnom que je lui ai choisi.

Une question : fallait-il être deux pour écrire tout ça. Avait-il donc besoin d’un porte-plume (on ne peut plus dire « nègre ») de service ? « Impressions et lignes claires » ce serait plutôt « confusion et esprit torturé ».

*Conf.  Robin des Bois.

 


TOUT EST DIT !

Macron déconfinement 24 nov

 

Marc Fiorentino résume le discours d’hier soir. Je voulais vous en faire  profiter.

Pourquoi chercher plus loin, puisque tout est dit  :

« IL a donc parlé hier.
La France L'attendait.
Et IL était content.
Content de la décision de ne pas avoir reconfiné.
Content de la campagne de vaccination.
Content donc.

"Nous avons bien fait".

IL a aussi respecté la tradition du poisson d'avril.
IL a publié sur son compte Twitter le message suivant « Vacciner. Vacciner. Vacciner ».
Excellent.
Quel sens de l'humour !
Même dans les périodes difficiles.

Remarquable.

Et on n'a plus qu'un objectif : l'ouverture des terrasses. « À la mi-mai » nous a dit l'Oracle. »

 

 


LES REGRESSISTES (2) – LE DOSSIER COMPLET

Racialisme

 

Au XXème siècle les marxistes voulaient changer la société  en instaurant la dictature du prolétariat. Cela a valu les camps de rééducation dans les pays où  elle s’est instaurée en URSS, et en Chine encore aujourd’hui avec les Ouïghours, par exemple. En occident, nous y avons échappé. Mais  avec la nouvelle gauche, issue de la « French Theory » des Foucault, Derrida, Deleuze et compagnie, ces marxistes partis prêcher sur les campus américains dans les années 70, la même tentation nous est revenue sous une forme plus souterraine et pernicieuse. Par la « déconstruction » de nos  valeurs, et en prenant le pouvoir dans tous les départements de sciences sociales de nos universités, ils inculquent à notre jeunesse leurs théories fumeuses pour promouvoir une nouvelle société. Mais le fond est le même : anticapitaliste et antilibéral, et les méthodes identiques : terreur intellectuelle et attitudes totalitaires. La race, le genre et l’identité en sont les nouveaux totems qui portent en eux une véritable régression intellectuelle.

La fracture de la gauche fait désormais l’actualité presque quotidiennement. Voici un dossier pour vous permettre de vous y retrouver. C’est l’enquête d’Eugénie Bastié, parue dans Le Figaro. Vous y trouverez toutes les définitions des nouveaux « totems » de la nouvelle gauche ou « néogauchisme ». Vous pouvez vous y reporter chaque fois que vous aurez besoin de trouver la définition des nouveaux concepts : théorie du genre, wokisme, décolonialisme, intersectionnalité, etc …

 

Théorie du genre, décolonialisme, racialisme... Ces nouveaux dogmes qui veulent s’imposer en France

Par Eugénie Bastié

En France, patrie des idées, on aime à se déchirer sur les mots. Chacun a sa définition de la «laïcité», on veut retirer «race» de la Constitution, on glose sur la pertinence du terme «ensauvagement». La polémique sur «l’islamo-gauchisme» vire, elle aussi, à la querelle sémantique. Tandis que la ministre Frédérique Vidal s’est empêtrée dans une définition floue du phénomène («l’ensemble des radicalités qui traversent notre société», a-t-elle dit dans le JDD ), de nombreux universitaires et responsables politiques de gauche en profitent pour déduire de l’imprécision du mot la preuve irréfutable qu’il s’agirait d’un fantasme. Telle il y a quelques années la «théorie du genre qui n’existait pas», l’islamo-gauchisme est discrédité comme un concept «imaginaire» (dixit les 800 universitaires qui ont signé une tribune réclamant la démission de Vidal), forgé par des «réactionnaires», qui ne renverrait à aucune réalité sociale. Et, en effet, ce terme qui domine le débat ne recoupe qu’une partie d’une dérive militante des sciences sociales qui se déploie sur plusieurs fronts.

 

Interrogé par l’hebdomadaire Marianne , l’inventeur du terme «islamo-gauchisme», le politologue Pierre-André Taguieff affirme qu’il faut élargir l’idée d’une enquête lancée par la ministre au «statut des fausses sciences sociales calquées sur l’idéologie décoloniale, la “théorie critique de la race” et l’intersectionnalisme». Mais que signifient tous ces termes? Ces concepts ou champs de recherches, dont certains se veulent drapés d’une légitimité scientifique, d’autres au contraire utilisés pour désigner péjorativement l’adversaire, recoupent différentes facettes d’une puissante lame de fond qui prend sa source dans les départements des sciences sociales des facultés occidentales, et se déploie aussi en politique et dans les entreprises.

Ce qu’on pourrait appeler le «néogauchisme» - car il reprend certains mots d’ordre du gauchisme culturel des années 1970 en les radicalisant - se traduit globalement par l’abandon de la question sociale au profit de la politique des identités, du paradigme de l’exploitation pour celui de la domination, de la centralité des classes populaires vers celles de minorités sexuelles, religieuses ou ethniques, et la centralité de la race et du genre dans la recherche. Ce dévoiement militant de la science se déploie en rhizome (pour reprendre l’expression phare de la French Theory, c’est-à-dire de façon horizontale et souterraine) dans des proportions qui restent à quantifier précisément, mais qui ne sont certainement pas négligeables.

● Théories de la race et du genre

L’obsession pour le genre, la race et les identités qui parcoure l’université ne tombe pas du ciel. Elle s’enracine dans un mouvement intellectuel qui remonte aux années 1970 et qu’on a appelé postmodernisme. L’abandon des grands récits (le marxisme, le tiers-mondisme, etc.), qui structuraient auparavant le militantisme progressiste, conduit au repli de l’individu sur soi et son identité. Il s’accompagne d’une évolution des sciences sociales vers le constructivisme, c’est-à-dire l’idée que les faits sociaux sont entièrement des constructions sociales. Ce constructivisme ne ferait qu’enfoncer des portes ouvertes (après tout, oui, la plupart des réalités humaines sont construites) s’il ne s’accompagnait pas d’une dimension critique: le dévoilement de la construction s’accompagne de l’impératif de la déconstruction. Suivant la méthode du philosophe Michel Foucault, il s’agit de révéler que ce qui apparaissait comme un universel est, en réalité, une construction sociale au service d’une domination.

La norme n’est plus vue comme la sédimentation du fait majoritaire, mais comme une culture dominante traduisant l’oppression, qu’il faut déconstruire pour laisser place aux minorités raciales et sexuelles. Les Lumières et l’universalisme? Des paravents de la domination blanche. Les «cultural studies» (études culturelles), qui se répandent à l’université à partir des années 1970, reprennent cette idée et postulent le refus d’une hiérarchisation entre les cultures et les objets culturels, soutiennent que la culture ne saurait se réduire aux œuvres classiques et entreprennent de «décentrer l’Occident» au sein même de celui-ci. Les «subaltern studies» («subalternité») analysent les cultures des groupes sociaux longtemps dominés. Il existe même des «fat studies» («études de la grosseur») qui étudient la construction sociale d’une corpulence perçue péjorativement (la «grossophobie»).

Si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme : imparable !

Dans ce cadre, la théorie critique de la race («critical race theory») affirme que la blanchité est une construction sociale dont les Blancs n’ont pas conscience. La race est un déterminisme social que les minorités doivent se réapproprier. L’aveuglement à la race («color blindness») est un luxe permis par le «privilège blanc»: seuls les Blancs peuvent vivre comme si la race n’existait pas. La sociologue et «consultante diversité» américaine Robin di Angelo, auteur du best-seller Fragilité blanche, est typique de cette mouvance. Elle explique que les réactions négatives à la réintroduction de l’idée de race dans le débat public sont constitutives d’une «fragilité blanche», c’est-à-dire de la peur des Blancs de perdre leurs privilèges. En résumé, si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme: imparable!

La même dialectique existe dans la théorie du genre, que ses défenseurs préfèrent appeler «études de genre». Celles-ci proclament que la différence des sexes est entièrement une construction sociale au service, cette fois-ci, non pas des blancs, mais de l’hétéropatriarcat (même si les deux vont souvent ensemble). Dans la foulée de sa principale théoricienne Judith Butler, il s’agit de jeter le «trouble dans le genre» pour libérer les minorités sexuelles de l’oppression qu’elles subissent de par l’existence de normes. L’activisme pour la minorité transgenre prend une place centrale dans ce dispositif. Les «études de genre» se veulent, elles aussi, scientifiques et affirment que ceux qui s’y opposent tirent bénéfice du «système» qu’ils cherchent à préserver. Elles se répandent dans les universités hexagonales. À Paris-VIII, le département d’études de genre est l’un des piliers de l’université. Des masters études culturelles (cultural studies) existent à l’université Paul-Valéry de Montpellier, ainsi qu’à Bordeaux-Montaigne. À Paris-III, a été ouvert un master médias, genre et cultural studies.

● Antiracisme politique

L’«antiracisme politique» est une expression employée par une nouvelle génération de militants, inspirée notamment par les Indigènes de la République, qui s’oppose à l’antiracisme dit «moral» des associations traditionnelles comme SOS-Racisme ou la Licra. Elle leur reproche notamment leur naïveté et leurs échecs attribués à une trop grande culture du compromis avec des institutions gangrenées par la mentalité coloniale. L’antiracisme politique s’oppose frontalement au narratif de l’antiracisme universaliste qui connut son heure de gloire dans les années 1980, quand triomphaient la petite main jaune et le multiculturalisme heureux, version United Colors of Benetton. Le cosmopolitisme laisse désormais place au tribalisme. L’idéal du métissage à celui de la non-mixité. La «race», bannie sous sa forme biologique, est réintroduite comme un concept sociologique, car, comme l’explique le sociologue Éric Fassin, «si les racistes croient à l’existence des races au pluriel (blanche, noire, juive, etc.), les antiracistes nomment la race au singulier pour dénoncer le mécanisme social d’assignation à une différence hiérarchisée». C’est ainsi qu’on parle désormais de «racisés», ce terme désignant une racialisation passive et pourtant revendiquée.

L’universalisme (républicain) est dénoncé comme un différencialisme déguisé qui permet, en réalité, la domination d’un groupe d’individus (les Blancs) sur les autres (les minorités). Ce qui autorise de ne plus parler du racisme comme d’une disposition morale malfaisante des individus à combattre (la permanence du préjugé), mais comme d’une composante structurelle et organisée des sociétés occidentales: on parle désormais de «racisme systémique» ou de «privilège blanc». Ce nouvel antiracisme postule une frontière infranchissable entre «alliés» - quelle que soit leur bonne volonté - et concernés. Ainsi les «dominés» (femmes, ou membres de minorités sexuelles et raciales) ont-ils un droit à la parole privilégié sur la cause qui les concerne. Un homme ne pourra s’exprimer au nom des femmes, ni un Blanc au nom des Noirs et des Arabes. Fini le «Touche pas à mon pote», jugé paternaliste. Cette barrière dressée entre les victimes et les autres, qui nie la distinction entre le «témoignage» et l’analyse, aboutit notamment à la généralisation des «réunions en non-mixité» et autres «safe spaces» au sein des universités, des endroits où les membres de minorités peuvent se retrouver entre eux et d’où sont exclus ceux qui appartiennent au camp des dominants, les Blancs mâles hétérosexuels. En France, l’expression «indigénisme», renvoyant au groupuscule des Indigènes de la République, s’est répandue comme synonyme de cet «antiracisme politique».

● Wokisme

Le «wokisme» est la version militante de cette mouvance universitaire. La praxis de cette doxa. Le terme, aujourd’hui employé de manière péjorative par les opposants à ce mouvement (selon le même processus que le terme «politiquement correct» a été d’abord revendiqué par les progressistes pour être ensuite employé par les libéraux et les conservateurs), est né aux États-Unis dans le sillage du mouvement Black Lives Matters. Il désigne à l’origine le fait d’être woke, en argot «éveillé», c’est-à-dire d’avoir pris progressivement conscience du caractère structurel des discriminations que subiraient les minorités sexuelles et raciales. Être woke, c’est avoir conscience d’être un dominé ou un dominant, et agir en conséquence.

Si on est victime : s’organiser politiquement autour de cette souffrance partagée avec les autres membres de sa communauté pour un agenda d’identity politics (politiques identitaires). Si on est coupable d’appartenir au groupe majoritaire (blanc, hétérosexuel, mâle): faire la liste de ses privilèges et s’en déposséder. On pourrait décrire le «wokisme» comme un renouveau de la posture «radical-chic», selon le terme créé par l’écrivain Tom Wolfe pour désigner l’adoption d’une radicalité politique par des membres de l’élite.

L’ultra-sensibilité aux discriminations, même minuscules (les «micro-agressions»), conduit les tenants de cette nouvelle culture militante à restreindre le champ de la liberté d’expression en pratiquant la «cancel-culture». Cette expression, qu’on pourrait traduire par «culture de l’interpellation» ou «culture de l’annulation», a été distinguée comme «mot de l’année 2019» par le dictionnaire Macquarie. Elle renvoie à la volonté d’effacer du débat, par l’appel au boycott, certains interlocuteurs car leurs propos sont jugés insultants ou à censurer un artiste ou écrivain accusé de racisme, d’homophobie ou d’agression sexuelle (exemples récents: le réalisateur Woody Allen ou l’écrivain J.K Rowling). Une posture qui se répand aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux qui permettent de mobiliser des sympathisants sur une cause et accélèrent la polarisation politique.

Ce « droit de ne pas être offensé » se répand aussi en France

La woke culture se développe énormément sur les campus américains, au point que certains intellectuels libéraux parlent de «Great Awokening» (grand éveil) pour décrire le caractère presque religieux de cette mouvance. Pour l’universitaire Joseph Bottum, il ne s’agirait que d’une nouvelle version du puritanisme protestant. En effet, le passage du privilégié au woke a un caractère de conversion. L’ancien président Barack Obama lui-même a blâmé dans une conférence en octobre 2019 «cette idée de la pureté, de n’être jamais compromis, d’être toujours politiquement “éveillé”» (woke).

Ce «droit de ne pas être offensé» (selon l’expression de Greg Lukianoff et Jonathan Haidt dans leur livre Le Chouchoutage de l’esprit américain) se répand aussi en France. C’est ainsi qu’un groupe antiraciste a demandé et obtenu l’annulation de la pièce d’Eschyle Les Suppliantes à la Sorbonne, au motif que les acteurs, grimés à l’antique, auraient pratiqué le «blackface». D’autres intellectuels comme Sylviane Agacinski ou Alain Finkielkraut ont vu leurs conférences annulées ou perturbées par des étudiants adeptes de cette nouvelle culture militante.

● Islamo-gauchisme

«Fantasme» pour les uns, «slogan d’extrême droite» pour les autres, qu’est-ce que l’islamo-gauchisme ? Sur le fond, ce syntagme désigne la tolérance, voire l’empathie d’une partie de la gauche envers l’islamisme, contre lequel elle ne déploie pas son hostilité traditionnelle aux religions et ce, pour des raisons diverses, dont trois principales.

D’abord, par tropisme tiers-mondiste et anti-impérialiste. Le mot «islamo-gauchisme» a, en effet, été forgé au début des années 2000 par le politologue Pierre-André Taguieff. Il voulait désigner ainsi la sympathie affichée de certains mouvements d’extrême gauche avec des mouvements islamistes radicaux pendant la seconde intifada, au nom de la lutte pour le peuple palestinien contre Israël. À l’époque, on voyait dans les rues de Paris défiler dans des manifestations drapeaux du Hamas et militants gauchistes keffieh au cou. La première source de l’islamo-gauchisme est donc la cause palestinienne, aujourd’hui à l’arrière-plan, mais autrefois sacrée.

Après le 11 Septembre, Alexandre Adler parle «d’islamo-altermondialisme» pour désigner un certain antiaméricanisme intellectuel qui voit dans ces attaques une juste punition de l’Occident. D’autres parlent d’islamo-progressisme. En France, le terreau anticolonialiste et l’antiaméricanisme tiers-mondiste ont été fertiles pour faire émerger une fascination teintée de mansuétude pour le réveil de l’islam dans les pays arabes. Ainsi Sartre, l’existentialiste athée, a-t-il lu dans la révolution iranienne une révolte contre l’impérialisme. Michel Foucault n’a pas caché lui aussi son admiration pour la révolution de 1979: «Il n’était pas besoin d’être voyant pour constater que la religion ne constituait pas une forme de compromis, mais bel et bien une force: celle qui pouvait faire soulever un peuple non seulement contre le souverain et sa police, mais contre tout un régime, tout un mode de vie, tout un monde», écrit-il dans un de ses reportages pour le quotidien italien Corriere Della Sera.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression « islamo-gauchisme » à l’expression des années 1930 « judéo-bolchevisme »

Deuxième source de l’islamo-gauchisme: le prolétariat de substitution. C’est le cas par exemple chez Chris Harman, militant trotskiste britannique et membre du Socialist Worker Party, qui écrit en 1994 un texte qu’on pourrait considérer comme fondateur de l’islamo-gauchisme, intitulé «Le Prophète et le Prolétariat». Il fait de l’islam radical un «mouvement social» qu’il serait une «erreur» de désigner comme fasciste. L’islamisme radical est, selon lui, une «utopie» et dire que les islamistes sont les ennemis de la laïcité, c’est «faciliter aux islamistes la représentation de la gauche comme faisant partie d’une conspiration “infidèle”, “laïciste” des “oppresseurs” contre les couches les plus pauvres de la société». Si Harman affirme que «les islamistes ne sont pas nos alliés», il dit qu’il ne faut pas non plus les traiter en ennemis. Pour lui, il faut essayer de guider une partie de la jeunesse musulmane vers le progressisme, sans chercher à la braquer avec la laïcité.

Troisième source de l’islamo-gauchisme: l’analogie entre les juifs d’hier et les musulmans d’aujourd’hui. En 2014, dans Pour les musulmans, l’ex-directeur du Monde et fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, s’appuie sur cette veine: il veut reprendre le flambeau de Zola et être aux musulmans d’aujourd’hui ce que fut l’auteur de «J’accuse» aux juifs pendant l’affaire Dreyfus. Il est convaincu que la «construction d’un problème musulman» est comparable à «l’acceptation passive de la construction d’une question juive» dans les années 1930. À «cette banalisation intellectuelle d’un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l’existence d’un “problème juif” en France», Edwy Plenel a «voulu répondre en prenant résolument le parti de (ses) compatriotes d’origine, de culture ou de croyance musulmane contre ceux qui les érigent en boucs émissaires.» L’obnubilation de la répétition du même, à savoir l’extermination massive d’une population en raison de sa religion et la conviction d’un engrenage fatal de la «violence symbolique» à la violence physique, conduit toute une partie de la gauche à fermer les yeux devant le problème islamiste.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression «islamo-gauchisme» à l’expression des années 1930 «judéo-bolchevisme». Pourtant, contrairement à l’expression raciste qui faisait référence aux origines juives de nombreux penseurs du communisme et affirmait l’existence d’un complot mondial dans lequel les juifs seraient derrière les communistes, l’islamo-gauchisme ne désigne pas des intellectuels musulmans convertis au socialisme ou la poussée d’un agenda gauchiste par des musulmans, mais l’indulgence de compagnons de route parfaitement athées envers un islamisme politique.

La comparaison entre Juifs d’hier et musulmans d’aujourd’hui est d’autant plus douteuse que c’est dans le sillage de cette mouvance islamo-gauchiste que s’est installée une nouvelle judéophobie au nom de la cause palestinienne et de Juifs désormais désignés comme des oppresseurs.

● Décolonialisme

L’expression «décolonialisme» est employée notamment par l’Observatoire du décolonialisme, collectif d’universitaires très opposés à cet entrisme dans les sciences sociales. Les partisans de ces théories préfèrent, eux, parler d’«études décoloniales» ou de «pensée décoloniale». En anglais, on parle de «decoloniality», «décolonialité». Lancé par Edward Saïd et son ouvrage fondateur L’Orientalisme en 1978 (qui présente la manière dont l’Occident a «construit» culturellement une vision fantasmée de l’Orient pendant la colonisation), et avant lui par Les Damnés de la terre de Frantz Fanon, le post-colonialisme, qui ambitionne de déconstruire l’héritage culturel laissé par la colonisation, n’a cessé depuis de progresser au sein des sciences sociales occidentales. Il serait un peu trop rapide de juger l’essor de cette pensée comme une simple «importation» américaine.

À LIRE AUSSI : Comment l’université est devenue l’incubateur du «décolonialisme»

Dans Les Études postcoloniales, un carnaval académique, le directeur de recherche au CNRS Jean-François Bayart rappelle que la déconstruction du colonialisme puise ses sources dans la pensée française, qu’il s’agisse d’écrivains anticoloniaux de langue française - Sartre, Césaire, Fanon ou Senghor - ou des intellectuels de ladite «French theory» - Deleuze, Foucault, Derrida - qui ont largement inspiré les cultural studies sur les campus américains dans les années 1970. La pensée décoloniale naît, elle, en Amérique latine avec le Péruvien Anibal Quijano, professeur à l’université d’État de New York à Binghamton (et concepteur de la «colonialité du pouvoir») et le Portoricain Ramón Grosfoguel, professeur à l’université de Berkeley en Californie (et concepteur du «tournant décolonial»).

Les décoloniaux ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence. (Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme)

Si les penseurs postcoloniaux décrivaient le moment historiquement et géographiquement circonscrit de la colonisation et appuyaient la nécessité de la décolonisation, les penseurs décoloniaux élargissent le spectre à la modernité elle-même. La «colonialité» n’est pas une entreprise de conquête du XIXe siècle, mais une mentalité, une «structure» qui affecte tous les aspects de l’existence humaine. La décolonisation a été incomplète car la colonisation est la matrice même de la culture occidentale, qui se poursuit par les moyens d’une mondialisation capitaliste. Le décolonialisme porte donc l’idée d’une déconstruction de la culture occidentale: il faut décoloniser les arts, la littérature, les corpus universitaires, déloger des bibliothèques estudiantines les «dead white European males» («mâles blancs occidentaux morts»), bref désoccidentaliser l’Occident lui-même. On trouve les traces de cette rhétorique dans le manifeste Nous sommes les Indigènes de la République du 16 janvier 2005 qui donnera naissance au collectif du même nom, présidé par Houria Bouteldja. Il proclame que «la France a été [et] reste un État colonial», si bien que «la décolonisation de la République reste à l’ordre du jour».

 «Les décoloniaux, que cela plaise ou irrite, ont une vraie ambition intellectuelle. Ils ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence», résume l’ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul, dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès. Si cette doctrine globale, nourrie par de nombreux théoriciens, a tant de succès chez les étudiants, c’est sans doute parce qu’elle offre les séductions d’un système idéologique de rechange après l’effondrement du communisme.

● Intersectionnalité

La notion d’«intersectionnalité» est centrale dans ces nouveaux champs de recherche. Ce concept jargonnant a été inventé par l’afro-féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, en 1989, pour désigner la triple oppression que subiraient les femmes afro-américaines en tant que femmes, noires et pauvres. Le paradigme de l’intersectionnalité invite à croiser les caractéristiques identitaires d’une personne (genre, classe, sexe, religion, âge, handicap) pour la placer sur l’échelle des discriminations et des privilèges. Si vous êtes un homme blanc âgé, riche, vous cochez toutes les cases de l’oppression. Si vous êtes une jeune femme noire pauvre, toutes celles du dominé. Exemple d’une thèse française en cours en 2020 qui reprend exactement le paradigme de l’intersectionnalité: «De la mauresque à la beurette: la fabrication d’un cliché médiatique. Une question au croisement du postcolonial et du genre».

L’intersectionnalité invite à dépasser la notion marxiste de classe dans l’anticapitalisme et la différence des sexes dans le féminisme pour croiser les différents critères. En pratique, cela aboutit bien souvent à un effacement de la classe au profit de la race et du genre, ce que déplorent les intellectuels pourtant de gauche Stéphane Beaud et Gérard Noiriel dans leur dernier livre, Race et sciences sociales, où ils affirment que l’appartenance sociale reste «le facteur déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes». Le livre a été très mal reçu dans le milieu de la gauche universitaire radicale pour sa critique frontale du paradigme de l’intersectionnalité.

La notion d’intersectionnalité est particulièrement présente dans les études de genre. Elle a donné lieu à un nouveau féminisme qui rompt avec le féminisme universaliste, lequel affirme une solidarité des femmes entre elles face aux hommes. Ce féminisme intersectionnel revendique, au contraire, des féminismes différents selon les groupes communautaires: féminisme blanc (à déconstruire), afro-féminisme, féminisme islamique etc. Ainsi, ce féminisme intersectionnel percevra le voile non comme un outil d’oppression, mais comme un marqueur identitaire du groupe dominé des musulmanes. Il préférera l’objectif de l’inclusion à celui de l’émancipation.

Concept académique qui se veut scientifique, l’intersectionnalité se décline en version militante par l’injonction à une «convergence des luttes» entre différents groupes discriminés (femmes, minorités, LGBT). La convergence devant par nature se focaliser sur un point qui cumule tous les défauts, elle se fera contre un ennemi commun: le patriarcat blanc «hétéronormé».

 

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A DROITE, DU NOUVEAU !

Bertrand

 

On ne pourra plus dire, comme les médias de mauvaise foi le font de manière récurrente, qu’à droite il n’y a personne. Xavier Bertrand a décidé de franchir le Rubicon pour la présidentielle de l’année  prochaine. Il y avait déjà des prétendants, mais en interne chez les Républicains, à commencer par Bruno Retailleau, mais bien d’autres comme Valérie Pécresse et Michel Barnier ne cachaient pas leurs intentions. La différence, c’est que  le Président des Hauts-de- France  affiche sa détermination face aux Français, à la manière gaulliste de la rencontre d’un homme avec le peuple, et, donc, ne compte  pas participer à un quelconque mode de sélection.

Pourquoi maintenant …

Cette candidature n’est pas une surprise dans la mesure où l’intéressé avait fait part à plusieurs reprises de son intention. La surprise vient du fait qu’il l’annonce maintenant, à treize mois de l’échéance. N’étant plus chez Les Républicains, il récuse à l’avance toute primaire et veut se présenter en tant que candidat libre qui s’intéresse aux autres couleurs du spectre idéologique. Il n’a donc pas à attendre l’automne prochain, moment choisi par Les Républicains pour procéder au départage des candidats. Il y aura alors profusion de communication, de quoi se noyer. Un coup stratégique qui coupe l’herbe sous le pied aux autres prétendants de la droite modérée, dans un moment de relatif calme politique, tout le monde étant accaparé par la crise du Covid et ses séquelles, et qui lui permet d’exposer tranquillement son projet. Moment d’autant mieux choisi qu’il devance aussi Edouard Philippe qui s’apprête à reprendre la parole à l’occasion de la sortie de son livre, avec un plan de communication très nourri. Désormais, il pourra parler sans s’arrêter, profiter de la campagne des Régionales pour occuper doublement le terrain avec l’espoir de rendre irréversible sa candidature. Tout le monde a été pris de court. Avantage Bertrand.

Une tâche herculéenne.

Sa candidature a été accueillie par les quolibets de l’extrême droite et de l’extrême gauche, sans compter ceux de la gauche, qui rappellent que M. Bertrand est candidat aussi aux régionales et que,  en se déclarant disponible pour la présidentielle, il livre un message à l’électeur des Hauts-de-France, région dont il est président : « Je ne ferai que passer ». Sa double candidature correspond en réalité à une forme de courage et Xavier Bertrand n’en manque pas, lui qui a choisi de se battre en solo. Il a lui-même conditionné sa campagne présidentielle au renouvellement de son mandat dans les Hauts-de-France qui servira à la fois de banc d’essai et de « primaire ». S’il perdait cette première bataille, il ne livrerait pas la seconde. En catimini, les responsables LRem considère Xavier Bertrand comme une concurrence sérieuse à Emmanuel Macron. Car, non seulement la droite peut se rassembler derrière lui, mais son profil de républicain modéré, ferme sur les principes, peut lui permettre de ressouder la « droite bourgeoise » et la « droite populaire » tout en ratissant au-delà, lui, l’ex-agent d’assurances, qui a vécu en HLM, qui n’a pas fait l’ENA, qui a des origines modestes, et  qui veut rester « à portée de baffes » comme il dit. Son plus, c’est le terrain, la France d’en bas, le terroir, la simplicité. Et quand il propose l’hypothèse d’une troisième voie pour « une France fière, redressée et réconciliée », face à Macron et Le Pen, il est crédible. Le Président des Hauts de France est un homme réaliste, qui lit les sondages et les analyses politiques. Et en homme méthodique il va s’appliquer à cocher toutes les cases qui siéront aux électeurs qu’il veut convaincre.

Un projet bien ciblé.

La lisibilité du projet repose sur quelques grands axes : le travail, la restauration de l’autorité, l’intransigeance sur nos principes et nos valeurs, voilà qui parle à toutes les oreilles. Il promet de reprendre la réforme des retraites et de repousser l’âge de départ à 64 puis 65 ans, s’engage à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires tout en prônant le remboursement de la dette et la baisse des dépenses publiques. Voilà pour la droite bourgeoise. Mais chacun aura sa part de pouvoir grâce au recours plus fréquent au referendum et aussi avec des décisions qui se prendront sur les territoires, et, encore mieux, dans les entreprises les bénéfices seront partagés. Proximité, simplicité, voilà pour la droite populaire, pour la France des invisibles. Pas de nouveauté décoiffante, mais de quoi consolider un socle électoral.

Réussir l’incarnation.

Face à un électorat de droite en mal d’incarnation, Xavier Bertrand sait qu’il va devoir faire rêver l’ensemble de sa famille politique. Il a un atout : il aime les Français, comme le constate Pascal Péri, et ça se voit, ce qui fait de lui un « anti-macron ». Néanmoins, il sait aussi qu’il va lui falloir franchir nombre d’obstacles pour susciter l’engouement des élus comme des électeurs. C’est pourquoi, il ne parle qu’au futur, jamais au conditionnel, comme pour affirmer sa détermination. Son engagement  à un mandat unique se veut un gage d’action. Il a une petite avance dans les sondages mais il lui faut passer au statut de candidat naturel pour ensuite devenir le candidat unique, condition nécessaire pour avoir une chance d’accéder au second tour. Voilà pourquoi il se dit prêt à travailler avec tous, à rassembler, et de fait, il reprend à son compte les fondamentaux de toutes les droites en espérant que désormais le débat s’organisera autour de lui.

Pourquoi pas lui ?

Réussira-t-il à enclencher la spirale vertueuse,  c’est tout son pari ! Certes, il « en a envie », il est travailleur et organisé, il voit clair dans les attentes du pays, et même il donne des gages de désintéressement, ce que les Français aiment par-dessus tout. Reste à faire de tout cela « le président » … Treize mois pour convaincre !

 


QUAND LA DETTE REVIENT DANS LE DEBAT – LE DOSSIER

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Avec le reconfinement qui ne dit pas son nom, le « quoi qu’il en coûte » en prend une louche de plus, et évidemment creuse un peu plus la dette déjà exponentielle.  De quoi relancer le débat sur son remboursement ou non, ce qui oblige les uns et les autres à rappeler leur position sur le sujet et  oblige notre « grand » argentier à donner son point de vue. Mais d’abord  redonnons les chiffres pour qu’on sache bien de quoi on parle.

Où en est la dette ?

Notre dette dépasse désormais les 120% du PIB. La France entre dans le tableau plutôt  infamant des pays les plus surendettés au monde. Arrêtons-nous seulement à l’Europe où nous tenons compagnie à la Grèce et à l’Italie, et bientôt rejoints par l’Espagne et la  Belgique à cause de la dette Covid. La BCE détient 600 milliards d’euros de dette française et nous aurons besoin d’emprunter 290 milliards d’emprunts brut rien que pour l’Etat en 2021. A quoi il faut ajouter 178 milliards de dettes anciennes qui devront  être refinancées en 2023. Sur les 2 800 milliards, la part du Covid s’élève pour l’instant à 215 milliards.

Cette dette est due rappelons-le, en dehors du « quoi qu’il en coûte », à une explosion des dépenses publiques et évidemment la baisse de l’activité l’aggrave. Elle est fortement internationalisée, détenue à 54% par des non résidents ce qui est à la fois une force en démontrant l’attractivité de la France, et une faiblesse en cas de repli dû à toute cause géopolitique. Ce qui devrait imposer  à tous la plus grande prudence quant aux solutions à envisager pour ce que nous souhaitons faire.

Cet argent n'est pas tout à fait magique. S'il était magique, on ne le verrait nulle part. Or, on peut facilement trouver sa trace. Si vous allez, par exemple, sur le service d'information Bloomberg, vous allez voir la progression du bilan de la Banque Centrale Européenne : le bilan de la BCE a dépassé les 7 200 milliards d'€ jusqu'à représenter 71,8 % du PIB de la zone euro (c'est 30 % seulement pour la FED). On peut se dire qu'on s'en fiche, que tout ça n'est qu'un jeu d'écritures comptables. On peut aussi se dire que la BCE est assise sur un baril de poudre, et qu'il finira un jour par exploser, si nous sommes inconséquents.

Le débat du remboursement.

Ce sujet va revenir régulièrement en boucle pendant les 10 ans qui viennent. Et chacun va y aller de sa solution miracle. Ce sera comme pour le covid : encore un sujet sur lequel tout le monde, et en particulier bien des politiques, va avoir un avis éclairé à défaut d’être définitif. Il y a trois types de réponses : ceux qui annoncent qu’on ne la remboursera pas, ceux qui pensent qu’on la remboursera en augmentant les impôts  et ceux qui imaginent qu’on n’en remboursera qu’une partie ou qu’on l’étalera très longtemps dans le temps.

Ceux qui ne veulent pas rembourser : C’est surtout  la  France Insoumise et Mélenchon qui tiennent ce discours qui relève plus de la posture idéologique que de la réalité. Rembourser la dette serait « engraisser » les banques.  Ce credo est repris par une centaine d’économistes européens emmenés  par Thomas Piketti qui rêve d’une action punitive contre les « riches ». Une escroquerie intellectuelle quand on sait quelles conséquences l’application d’une telle décision entrainerait : déjà pour les 600 milliards détenus par la BCE, c’est interdit par les traités européens, inutile d’entrer dans le détail  d’une opération qui serait de toute façon inutile ; ensuite, toute annulation aboutirait a supprimer l’autonomie de la Banque centrale et donc pour financer la dette annulée vis-à-vis des banques commerciales, l’Etat devrait tout simplement augmenter les impôts des Français dans un pays déjà saturé ; enfin, vouloir annuler la dette c’est oublier les taux d’intérêts et croire que les prêteurs sont des idiots : ceux qui nous prêtent à moyen et long terme aujourd’hui avec des taux très bas voire négatifs intégreraient immédiatement une prime de risque avec à la clé une augmentation des taux obligataires, encore heureux s’ils ne nous snobent pas. Enfin, un défaut sur la dette, c’est une spoliation de l’épargne des Français qui détiennent directement ou indirectement via leurs assurances-vie, près de la moitié de la dette nette négociable de l’Etat. Comment paiera-t-on alors les pensions, les salaires publics et des hôpitaux… Retenons comme paramètre que 2% d’intérêts sur une dette de 2 800 milliards d’euros, cela fait 56 milliards d’intérêts à payer, soit le budget de l’Education.

Rembourser en augmentant les impôts : « pourquoi pas », s’est interrogé François Bayrou, en imaginant, une fois de plus, une contribution « des plus riches »…  et de fait, la moitié des Français anticipe une hausse d’impôts. Mais quels impôts permettraient de rembourser ? Le même Thomas Piketti souhaite qu’on revienne sur deux mesures phares du quinquennat : l’ISF et l’allégement de la taxation des revenus du capital. Mais ce qu’ils rapportent sera loin d’être suffisant. On comprend que les Français préfèrent épargner.

Cantonner une partie ou étaler dans le temps : ce sont deux possibilités raisonnables, sans pour autant être équivalentes. Bruno Le Maire a récemment pris position pour le cantonnement de la dette Covid. Rappelons que notre dette dépassait déjà les 100% du PIB fin 2019. La crise sanitaire a été une aubaine pour la France, puisqu'on a arrêté de parler de la limite des 3% du PIB pour le déficit public et de 100% du PIB pour la dette. Au contraire, il fallait dépenser, creuser son déficit et s'endetter pour soutenir l'économie. On n'arrivait déjà pas à rembourser la dette avant le Covid, comment voulez-vous la rembourser après le Covid ? On va donc avoir droit à des manoeuvres « magiques » pour tenter de la faire disparaître. Bruno Le Maire a compris que pour qu'un objet disparaisse, il faut le retirer de la vue : notre Garcimore national propose donc de l' « isoler ». On la cantonne, on la met dans un coin. Vous voyez la dette Covid ? Hop ! Vous ne la voyez plus... !! Ainsi, on la fait disparaître virtuellement, en la rendant « perpétuelle », une sorte de dette à vie donc. On la fait rouler sur du très long terme. La BCE peut le faire, mais cela ne concerne que les 25% de la dette qu’elle détient. Isoler la dette Covid et la rembourser non pas avec une taxe comme la CRDS mais plutôt une partie des recettes issues du retour de la croissance, ce qui est très flou. Pour le reste notre financier propose une feuille de route pour le rétablissement des comptes publics avec une vision pluriannuelle. On aura l’occasion d’y revenir.  Les Républicains,  par les voix de François Baroin, Agnes Evren et Aurélien Pradié, seraient d’accord pour neutraliser la dette Covid au sein de la BCE, mais ils vont au-delà. Ils pensent que pour garder la confiance des Français et des investisseurs, et en même temps garder des marges de manoeuvre  pour relancer l’économie au sortir de la crise, il faut assurer publiquement et fortement que la dette sera remboursée et qu’en parallèle,  le cadre fiscal sera stabilisé et attractif.  Le seul moyen de concilier ces impératifs, c’est d’allonger la durée de la dette française (8 ans aujourd’hui contre 15 ans pour le Royaume-Uni) et développer les emprunts de 50 ans. Il s’agit par ce moyen de soulager la génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail du fardeau de la solidarité entre les âges.

Les outils du remboursement.

La crise sanitaire va finir par s'arrêter avec la vaccination massive. Alors, il va falloir arrêter de dépenser massivement et de faire des cadeaux, et il va falloir faire les comptes. C’est là qu’ on va s'apercevoir que tous les pays ont laissé leurs dettes déraper pour combattre la crise économique, que certains pays ont beaucoup plus dépensé que d'autres et que certains pays, dont la France, auront des difficultés à rembourser le surplus de dette, dite « dette Covid ». Dans ce contexte, si l’on veut préserver les chances d’une reprise forte de l’économie, il faut absolument renoncer à toute augmentation des impôts. Ensuite, il faut combiner trois paramètres qui permettront de commencer à rembourser en étalant : dégager de la croissance, maîtriser rigoureusement les dépenses et compter sur une reprise de l’inflation… en gardant un œil sur les taux d’intérêt. Car les taux, c’est l’étau financier.

Bon courage à ceux qui prendront le manche en 2022.

 


RECONFINES !?

Confinement petit commerce

 

Drôle de printemps.

C’est une manière d’entamer la saison nouvelle. Les millions de Français de l’Ile-de-France et des Hauts de France sont astreints à un reconfinement dont parait-il il ne faut pas prononcer le nom. Et pour cause, en dehors du fait que vous ne pouvez pas sortir de votre région ou département, vous pouvez pratiquement vaquer à vos occupations habituelles.  Seul le shopping est limité, et ce seront les  femmes les plus punies puisque les commerces qui resteront fermés se limitent pratiquement à ceux qui vendent des vêtements. D’ailleurs pour savoir ceux qui ont le droit d’être « essentiels », il faut consulter la liste à la Prévert édictée par notre administration toujours très productive quand il s’agit de réglementer. De même, pour sortir et vous déplacer, vous devrez vous munir d’une auto-autorisation avec pièces justificatives, selon que vous serez à 1km, 10 km ou 30 km de votre domicile. Il a fallu quarante huit heures pour que nos technocrates s’aperçoivent que s’auto-autoriser à aller se promener ne nécessitait pas cette paperasse mais néanmoins, il faudra avoir avec soi un document qui atteste une domiciliation. Cohérent mais courtelinesque. C’est ainsi que les rues de nos grandes villes sont loin d’être désertes, que les endroits de promenades, parcs, bois, bords de rivières, connaissent l’affluence qu’un soleil généreux favorise. Sans que les précautions sanitaires recommandées soient toujours respectées …

Assignés à résidence.

La décision de reconfiner un tiers de la population française n’aura surpris personne, elle n’en est pas moins astreignante pour les personnes concernées. Avec 30 000 nouveaux cas quotidiens, la situation devenait insoutenable. La lenteur de la campagne vaccinale a entraîné un retour aux bonnes vieilles mesures de protection. Une nécessité, mais aussi un aveu d’échec. Fallait-il confiner il y a plus d’un mois, quand le Conseil scientifique le réclamait à cor et à cri ? Le « courage » du président à l’époque n’aura été que provisoire. Voilà qu’aujourd’hui il rentre dans le rang. Le principal objectif de nos autorités, c’est d’apporter un soulagement assez rapide aux hôpitaux dont les salles de réanimation sont saturées, faute d’avoir fait l’effort nécessaire, pourtant annoncé il y a près d’un an, d’en augmenter les capacités. Les conditions du confinement tiennent compte de l’acceptabilité limitée des Français. On devrait plutôt parler d’assignation à résidence, car le principal  interdit concerne la frontière du département dans lequel  on réside qu’il est interdit de franchir. Cependant, ce confinement « aéré » qui, selon le président de la République, n’en est pas un, ne permet de prédire une soudaine amélioration de la situation. L’attitude d’Emmanuel Macron qui, pour des raisons politiques et du fait qu’il a refusé de confiner en janvier dernier, consiste à nier la réalité du troisième confinement est puérile. Cela a conduit à la consigne imposée au porte-parole de l’exécutif, Gabriel Attal, de claironner à l’envi qu’il ne s’agit pas d’un confinement : c’est pathétique, surtout quand le Premier Ministre a fondé son annonce sur le mot proscrit. Espérons malgré tout que tout ce chari-vari portera ses fruits.

Vaccination accélérée.

La bonne nouvelle, c’est que le vaccin AstraZeneca a été réhabilité par l’Agence européenne du médicament, ce qui permet à tous ceux de nos concitoyens qui désirent se protéger d’avoir accès plus vite à l’injection salvatrice. A cet égard, l’intervention hier soir à la télévision de Thierry Breton, Commissaire européen en charge du dossier de la production des vaccins, a été réconfortante : l’Europe s’est donnée les moyens de faire face aux besoins et la montée en puissance de la production va commencer à produire ses effets, chiffres à l’appui. D’ici  le 14 juillet, pratiquement la moitié de nos compatriotes pourra se faire vacciner. Avec l’afflux des livraisons, voici qu’on va aussi changer de stratégie. Ce qui n’était pas envisageable hier va s’imposer demain : nous allons voir fleurir les « vaccinodromes » tant décriés il y a encore peu. L’armée est appelée en renfort, ce qui est aisé à comprendre puisque la logistique, c’est son point fort, et pour avoir les cadences qu’imposent les objectifs du gouvernement, il va falloir « assurer », comme on dit. Enfin, on passe aux choses sérieuses.  Comme pour les masques, tant qu’on manquait de vaccins, ça tortillait pour dire la vérité : à quoi bon faire de grands centres tant qu’on était incapable de les approvisionner !

L’essentiel c’est qu’on en sorte le plus vite. 

 


LE GRAND CAPHARNAÜM.

Coronavirus Covid vaccination

La vaccination en panne.

« Je vous demande de ne pas injecter un vaccin que vous n’avez pas ! » C’est une caricature  de la situation dans laquelle se trouvent nos pharmaciens et nos médecins libéraux autorisés à vacciner depuis le milieu de la semaine dernière. Sans Astra, pas de vaccination.  En effet, les autorités françaises ne peuvent pas se procurer des doses de Pfizer et de Moderna en quantités massives et le Johnson et Johnson ne sera disponible que dans au moins un mois. Le vaccin Astrazeneca, avec lequel Boris Johnson vaccine toute l’Angleterre, finalement, ne présente pas plus de risque qu’un autre. Mais le psychodrame que nous venons de vivre, alors qu’en France aucun cas  ne justifiait sa suspension, alourdi par la décision de l’Allemagne et de 15 autres pays de l’Union, lui  a fait une bien mauvaise réputation,  suffisante  pour ralentir un peu plus la campagne vaccinale en Europe et surtout chez nous. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV réalisé lundi et mardi, 81 % des Français estiment que l’exécutif a mal géré le nombre de doses de vaccin disponibles, une opinion en forte hausse.

Les errements du gouvernement.

Cette suspension pour 48 heures de la vaccination conduit le gouvernement à se déjuger sur sa stratégie anti-Covid. L’idée que l’immunisation devancerait la contagion est maintenant inapplicable et les pouvoirs publics n’ont pas d’autre choix que de miser, une fois de plus, sur les gestes-barrières.  La crise sanitaire a atteint un nouveau pic qu’il serait malséant, en temps normal, de traiter par l’imprécation. Mais enfin, nous sommes revenus aux transferts de malades graves par TGV ou hélicoptère, à la saturation des hôpitaux, notamment en Ile-de-France, et à l’augmentation sensible du nombre de cas. Plein de questions se posent. En voici trois : la suspension de la vaccination décidée par le Président, seul dans sa tour d’ivoire, a été prise dans la précipitation : a-t-il cédé à l’affolement ? Que n’a-t-on depuis  l’an dernier renforcé notre capacité hospitalière en matière de  lits de réanimation, comme le réclamaient le corps médical et l’opposition ? Que penser d’une telle gouvernance qui, au passage, piétine la démocratie en tenant à  l’écart le parlement au profit d’une officine sans légitimité, le Conseil scientifique, dont on ne sait rien des délibérations ?

Un Président prisonnier de son technocratisme.

Macron n’a pas de « feeling » politique. C’est une brillante intelligence qui construit ses décisions en cherchant la rationalité. C’est sa formation, il ne sait  pas faire autrement. Il est entouré de technocrates  eux-mêmes brillants, mais ce ne sont que des technocrates comme lui. Il a besoin de consulter d’où les multiples structures qu’il a mises autour de lui, à commencer par le « Conseil scientifique » et le « Conseil de défense », comme Louis XIV avait son « Conseil d’En-Haut ». Mais voilà, dans le contexte actuel, ces organes ne lui apportent aucune réponse  claire. J’étais hier devant LCI qui interrogeait quatre pontes de la santé : quatre points de vue différents, voire opposés. Comment décider alors ? D’autre part, notre Président n’a aucune expérience de ce qu’est vraiment la politique.  Il n’a jamais été élu de terrain, ni maire, ni conseiller départemental, ni député. Ses prédécesseurs avaient à leur disposition un réseau puissant d’élus de terrain, des partis structurés, des groupes parlementaires qui faisaient remonter le mardi matin les échos de la France profonde. Le parti de Macron est complètement déconnecté et ne peut lui rendre ce service-là. Macron ne sent pas la France. Or c’est indispensable quand des décisions graves doivent être prises.

Principe de précaution et émotion.

Ni décision scientifique, ni choix politique, la suspension de l’usage du vaccin AstraZeneca signe plutôt le triomphe de l’émotion. Voilà à quoi on en est réduit. Le gouvernement donne de ses errements une image très négative qui ne rassure pas nos concitoyens, éberlués par une pénurie de doses qui n’est pas passagère et s’inscrit dans la durée. Jouer le va-tout français sur la vaccination n’était compréhensible que si nous nous étions assurés de disposer d’approvisionnements massifs. Emmanuel Macron a prétexté une réunion de l’Agence Européenne des Médicaments pour décider dans l’urgence, lundi, ce que son Premier ministre refusait encore dimanche… « par précaution », a-t-il justifié, sans mesurer que cette course folle au risque zéro mène droit dans le mur. Car pour 30 cas de thrombose après injection sur 5 millions de patients en Europe piqués au sérum d’AstraZeneca, l’exécutif fragilise sa stratégie vaccinale, déjà poussive. Il hypothèque le retour aux jours meilleurs, alors que la troisième vague menace. Il décrédibilise pour longtemps toute logique scientifique : chercher à évaluer l’équilibre entre coût (les morts) et bénéfices (les sauvés). Mais pareille réflexion est désormais interdite dans un pays submergé par ses pulsions émotives. Résultat, des dizaines de morts du Covid faute d'être vaccinés seront sacrifiés sur l’autel d’un danger aussi hypothétique que limité. Et ce, par crainte de la défiance collective ! C’est ainsi, dans la démocratie émotionnelle, les pulsions mènent le bal sur le tempo des réseaux sociaux, vecteurs de peur et de ressentiment, d’amalgames et de démagogies. Le chef de l’Etat pouvait faire autrement même s’il doit composer avec une opinion versatile et volatile, suspicieuse et dépressive. A vouloir tout ménager, il perd en crédibilité et dévalue un peu plus son pouvoir. Le  soi-disant maître des horloges découvre que l’émotion collective est maîtresse de son action. Avec 300 morts par jour ...

L’Europe a bon dos.

On se précipite un peu trop pour juger l’Europe. Il faudrait commencer par rappeler,  ce qui est  rarement fait, que la France a pesé au maximum pour limiter les achats de vaccins Pfizer, afin de   protéger l’arrivée, alors attendue, du vaccin français de Sanofi… qui a ensuite déclaré forfait.  On s’étonnera que les  contrats signés s’avèrent aujourd’hui insuffisants ! Les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui a payé ses vaccins à des prix exorbitants, sont présentés comme des modèles, mais ils ont enregistré à ce jour beaucoup plus de morts que tous les autres. Israël est aussi montré en exemple mais il a accepté de donner toutes les données personnelles de ses habitants à Pfizer. Ce serait impossible chez nous. Alors bien sûr, tout n’a  pas été parfait. La réalisation a été un peu gâchée administrativement à Bruxelles, comme elle l’est en France, par un mélange de juridisme et de bureaucratie. Rappelons que la santé n’est pas une compétence de L’Union. Imaginez aussi qu’on n’ait pas négocié ensemble : tous les petits pays européens n’auraient pas de vaccins parce qu’ils n’auraient pas été en mesure de négocier avec les grands labos. Ils se seraient fait racketter. Ils ont beau jeu de jouer, pour certains les francs-tireurs. Mais l’Europe reste l’Europe. L’union a ses limites, et la liberté de chacun des états-membres peut conduire à des attitudes peu solidaires, souvent pour des raisons de politique internes. Il y a parfois des comportements de voyous qui curieusement s’effacent quand il s’agit d’empocher les subventions. Je parie que d’ici deux à trois mois, on verra que c’est l’Europe qui fabrique le plus de vaccins dans le monde. Car le  grand mérite de la Commission actuelle c’est d’avoir des commissaires comme Thierry Breton qui ont pris la mesure des carences de production actuelles et qui s’emploient pour y remédier.

Donc on va reconfiner, partiellement, différemment, mais on va reconfiner une partie des Français. La  bonne nouvelle, c’est que derrière, inéluctablement, et quelle que soit la politique, il y a la délivrance grâce à la vaccination. Comme les masques, elle peine au départ, mais  elle va s’amplifier inexorablement. Et tant mieux !