MR 2.38 A DES IDEES !
19 novembre 2021
Il a un talent littéraire, c’est vrai. Il a plutôt une belle écriture et des lettres qui lui permettent d’utiliser Arthur Rimbaud. Devenu Ministre de l’Economie et des Finances d’Emmanuel Macron par une belle trahison, maintenant que le terme de sa fonction approche, il se verrait bien continuer d’exister. Mais comment ? Premier Ministre n’est pas un poste qu’il ambitionne, il en connaît trop le côté fusible et les contraintes imposées par le « château » que le quinquennat n’a pas simplifiées. Alors quoi d’autre …
Facile.
Son bouquin paraît au moment où la croissance trop longtemps retenue par le confinement explose, avec la baisse du chômage qui l’accompagne. Il peut s’en attribuer la gloriole. On est pourtant loin du compte. Qu’importe, l’occasion est trop belle de porter un discours d’avenir et voilà qu’il s’invite dans le débat public avec des propositions. Tiens donc : il faudra faire tout ce qu’il n’a pas fait, comme l’assainissement des dépenses publiques, ou sur quoi le gouvernement auquel il appartient à échoué lamentablement : l’éducation qui « devrait être érigée en priorité absolue », la lutte contre les inégalités où l’on voit que l’assistanat généralisé n’a rien résolu, la reconquête industrielle qu’une baisse insuffisante des charges sur les entreprises et notamment des impôts de production n’a pas permise jusqu’à maintenant…
Plus compliqué.
Il est sévère avec son compagnon de route dans la trahison, Edouard Philippe, dont il condamne la démarche de création de son parti politique. Peut-être y voit-il une concurrence pour … après. Car pour l’instant, il soutient clairement le président sortant. Evidemment, il balaie d’un revers de main la renaissance des Républicains. Le mieux pour lui, serait que le parti soit condamné à disparaître, ce qui l’arrangerait bien, lui qui n’avait fait que 2,38% à la primaire de 2017 qui avait rassemblé 4,4 millions de Français. Les Républicains se portent bien, merci, et la victoire de David Lisnard à la présidence de l’AMF témoigne de sa bonne santé. On sent, dans son appréciation, l’aigreur d’un score qu’il n’a toujours pas digéré cinq ans après. Et puis une victoire à la présidentielle le condamnerait à passer à la trappe, sort qu’on réserve aux « fidèles » de son genre.
Impossible.
Alors profite Bruno des quelques semaines qui te restent. Tu veux alimenter le débat de fond qui a déserté la scène nationale : bon courage ! Face à un Michel Barnier ou une Valérie Pécresse, ou encore un Xavier Bertrand, il va falloir que tu améliores tes tours de magie pour faire oublier le bilan de ta gestion : 200 milliards de déficit et 3 000 milliards de dettes. « Macron a cramé la caisse », comme dit Valérie Pécresse, mais c’est toi qui la tiens ! Doit-on rappeler que toi, Bruno, tu défendais une baisse généralisée de la CSG, alors que tu l’as augmentée de 1,7 pt c’est-à-dire 25% en produit. Il est facile d’accuser Les Républicains de ressasser les mêmes idées depuis dix ans, mais toi tu nous ressers la mesure éculée et sans fondement de baisse du nombre de parlementaires. Alors oui, après, le sirop sera probablement plus amer pour toi.
Myope.
En effet, notre hôte de Bercy n’a pas remarqué le sérieux du débat et la rigueur des propositions des candidats Républicains, leur hauteur de vue, leur professionnalisme et leur compétence, la fermeté de leurs prises de position. Et si beaucoup de propositions ressemblent à celles de 2017, c’est que les mêmes problèmes perdurent parce qu’ils n’ont pas reçu de solutions. C’est bien beau de se gargariser avec la croissance revenue, mais ça ne fait pas oublier les multiples volte-face de son mentor de Président, sur le nucléaire, sur la laïcité, la perte de contrôle de l’immigration, l’explosion de la dette publique, la valse des milliards électoraux.
Il s’y verrait bien dans cinq ans, mais la traversée risque d’être longue et… solitaire (aurait dit Jacques Vabre).
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