HISTOIRE
CANDIDAT A DROITE : NE GÂCHONS PAS LA FÊTE !
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Y A-T-IL UNE NOUVELLE MARINE ?

Le Pen 2022

 

Comme Emmanuel Macron qui, lui aussi, est le grand perdant du dernier scrutin avant la présidentielle, l’extrême-droite a contourné la défaite pour repartir, sans ciller et sans discuter du problème posé par l’abstentionnisme, vers le seul rendez-vous électoral qui ait de l’importance à ses yeux. Ce qui vaut pour la République en marche vaudrait donc pour le RN. Le Rassemblement National, à l’occasion de son congrès à Perpignan, a donc décidé de ne pas s’appesantir sur son échec aux élections régionales et départementales et de ne rien changer à son programme. Il a réélu Marine Le Pen triomphalement à la tête de son parti, avec  la « clause de campagne » nommée Jordan Bardella. Mais ne nous y trompons pas, l’enthousiasme n’est qu’apparent. Il ne met pas fin aux vicissitudes que rencontre le Rassemblement National, qui ont été délibérément ignorées, ce qui ne veut pas dire qu’elles ont disparu.

Une abstention symptomatique.

Il est probable que l’électorat de Marine Le  Pen est miné, par la bizarre concurrence d’Éric Zemmour, par les commentaires haineux de Nicolas Dupont-Aignan, ou par ses difficultés financières. L’échec des 20 et 27 juin,  par l’absence d’une partie de ses électeurs, méritait d’être examiné non comme un incident de parcours mais en tant que dérapage suspect, susceptible de s’aggraver. Le tableau général de la politique en France montre un désarroi général qui n’est nullement circonscrit au RN, il s’est installé à gauche, chez les Verts qui n’accoucheront d’un  candidat que dans la douleur, et à l’extrême gauche, dont la stratégie est tout simplement suicidaire. Il a touché la droite. Certes il valait mieux gagner que perdre et les Républicains nous le font savoir, mais le stock de leurs voix est quand même en baisse par rapport à 2015.  Tout concourt à une incertitude qui risque de durer jusqu’en avril prochain.

Pourtant, le défaut de participation de l’électorat d’extrême-droite est anormal  car il est habituellement marqué  par la fidélité et valorisé par l’abstention des autres. Il y a donc une explication plus  profonde.  Il semble aussi que le choix de têtes de  listes « transfuges » venues de l’UMP, comme Mariani et Garraud, qui avait pour but de capter un supplément d’électeurs de la droite républicaine ait eu un double effet contre-productif : de la défiance des électeurs traditionnels marinistes sans élargir la base électorale. Globalement, dans une France rétive au vote, la participation RN est rentrée dans le rang, d’autant plus que Marine Le Pen à appeler à aller voter par  une ferme injonction qui visait à secouer ses électeurs au soir du premier tour sans qu’elle soit suivie d’effet une semaine plus tard.

Le prix de la « normalisation ».

Depuis qu’elle a pris en main le Front National,  puis le Rassemblement National, Marine Le Pen n’a cessé d’agir dans sa stratégie de « dédiabolisation », pour rendre  le parti attirant et le sortir du fossé contestataire et extrémiste où son père l’avait ancré. Si l’on s’en tient à ses déclarations, la cheffe du Rassemblement National n’a absolument plus rien d’inquiétant. Elle s’en est parfaitement expliquée sur France info : elle est pour l’Europe et pour l’euro, elle est anti-islamiste mais respecte profondément la religion musulmane, elle a un plan pour la réforme des retraites qui n’est pas pire que les autres et elle est toute en modération par ses prises de position plus centristes que radicales. Elle avait même averti « si le RN ne gagne aucune région dimanche, ce n’est pas son affaire : elle continuera son irrésistible marche en avant », comme Macron. Résultat : son électorat ne la suit pas quand elle appelle à l’aide et aucune région ne tombe de son côté. En gommant les aspérités de  son programme, s’est-elle banalisée au point qu’elle ne peut  plus être le réceptacle de la  colère de ses habituels  mécontents ? En résumé : elle ne suscite  plus d’enthousiasme ! Alors si même  le mouvement du candidat n’y croit plus, qui y croira ?

Qui mieux que la droite …

Aujourd’hui, il est difficile de dire de quoi Marine Le Pen est vraiment le nom après avoir modifié ses convictions au point d’adopter celles de la droite. Elle a même eu l’occasion de dire que la dette due à la pandémie était remboursable ! Sa reconversion au centre droit lui a en tout cas réussi puisqu’elle semble avoir retrouvé, au moins médiatiquement, une partie de la crédibilité qu’elle avait perdue en 2017. Ainsi, le RN serait un parti comme les autres, et sa patronne ne serait pas plus radicale qu’un Eric Ciotti.

Il est facile de prétendre que Marine Le Pen ment pour se faire élire et que, une fois élue, elle s’empressera de retrouver ses fondamentaux. Mais personne n’a la preuve de cette manipulation, qui ne sera vérifiable qu’après coup. Pourtant, à force de  vouloir trop ressembler à la droite républicaine, on  peut nourrir un soupçon. C’est que les gens qui l’entourent ont souvent des convictions racistes, antisémites, intolérantes, qui n’ont pas d’autre débouché que le Rassemblement National. Elle ne peut pas davantage ignorer son passé, les opinions de son père, ce que le Front National a représenté même s’il a changé de nom. Son message : « J’ai changé, je suis une bonne fille » ne doit pas faire illusion. Elle a construit sa carrière sur un socle d’intolérance, sur des concepts réfléchissant les vieilles idées de l’extrême droite, terme qu’elle rejette avec vigueur mais qui lui colle à la peau. Chassez le naturel, il revient au galop, et même si elle était sincère, il y a certes le programme, mais il y a aussi le risque de la pression exercée par les adhérents. Même à contrecœur, Marine Le Pen pourrait être incitée à prendre des mesures répressives bien plus tôt qu’elle ne le croit. Et d’autant plus qu’elle voudra reconquérir le coeur de ceux qui l’ont abandonné aux Régionales.

Vous m’avez compris : puisque les électeurs de droite ont le choix, autant préférer l’original à la copie. Inutile de prendre le risque !

 

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