LE VERTIGE DES CANDIDATURES (2)
08 septembre 2021
Suite du tour d’horizon du paysage politique.
Du côté de l’extrême droite.
À ce beau désordre s’ajoute de nombreuses inconnues, dont la plus importante est la candidature éventuelle d’Éric Zemmour. La boule dans le jeu de quilles. On dit dans les officines qu’il prendra des voix à Emmanuel Macron, on se demande comment, ou aux Républicains qui n’ont pas du tout le même logiciel. C’est par rapport à Marine Le Pen que ce n’est pas un atout supplémentaire capable d’élargir le spectre de son électorat : sur l’Europe, sur la sécurité, sur l’immigration, c’est un maximaliste et il se présente pour faire « mieux » que la présidente du RN dans les domaines où, elle s’est ralliée à la « sagesse » idéologique pour toucher une droite moins extrémiste. Je suis persuadé, pour ma part, que si Eric Zemmour va au bout de sa candidature, il affaiblira Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, tout en créant dans l’esprit des électeurs une telle confusion qu’il finira par incarner davantage les idées de Jean-Marie Le Pen que celles de sa fille. Le tout dans un contexte où le RN paraît affaibli après les Régionales et Marine Le Pen usée. Si elle continue de s’afficher dans le Match avec Macron, c’est par défaut, le paysage électoral n’étant pas encore défini. On aurait pu se passer de la gaffe d'Eric Ciotti.
La solitude de Macron.
Du côté de chez Macron, ce n’est pas le trop plein, c’est plutôt le vide. Si LR est encombré par ses « talents », à LRem ce serait plutôt l’inverse. Des talents on en cherche. Quoi qu’il en soit ils ne serviraient guère, le Président ayant pris le pli de faire tout, tout seul. Il y a certes des velléités d’organisation dans son cas, mais ça ressemble beaucoup à la création d’écuries parallèles au cas où… Ainsi le rassemblement de la République des « Jaunes » à Fontainebleau où les LR en rupture de ban cherchent à se constituer un gîte pour tenter d’exister. A Angers, aux journées parlementaires de LRem (j’espère pas aux frais du contribuable local), on a bien parlé de la création d’un « grand » parti démocrate, ce vieux serpent de mer dont Bayrou rêve depuis la fin de l’UDF, mais il serait étonnant que la démarche aboutisse à un ensemble homogène. Chacun y pense avec ses arrières-pensées pour le coup d’après. Ceux qui rêvent d’un paysage politique réduit à deux partis comme aux Etats-Unis oublient qu’on est en France et que le schéma anglo-saxon ne correspond pas à nos mentalités. Pour la campagne présente, aucun doute : Macron sera candidat, son propre directeur de campagne et son propre porte-parole. Il ne restera qu’à coller les affiches. Pour ça, il a déjà Dupont-Moretti et sa Rolex. Sa cote reste élevée, mais la cote ne fait pas le vote. Les sondages le donnent toujours gagnant devant Marine Le Pen, mais avec un écart assez réduit (8 points dans un duel, c’est 4 points à rattraper). Il n’y a pas à s’en formaliser : il en sera ainsi tant que le paysage électoral de la présidentielle ne sera pas figé et la campagne lancée. Les sondages de l’automne précédant l’échéance se sont toujours révélés faux. Les Français ne veulent toujours pas de la réédition de 2017 et 59% d’entre eux ne souhaitent pas que Macron se représente ! Comme quoi, on a encore le temps de voir. Attendons que ça « décante » comme on dit.
Et puis d’ici avril, le sortant a encore tellement le temps de dire des bêtises…
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