HISTOIRE

POUR EN FINIR AVEC LE PROTECTIONISME

 

 Franceexport

Une idée facile, portée par le contexte international, dont Arnaud Montebourg s’est fait le chantre après Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. C’est un mirage. Elle fait partie des fausses bonnes idées qui peuvent abuser le bon petit peuple peu au fait des mécanismes mondiaux et de l’économie, mais qui peuvent rapporter des voix.

L’histoire nous a pourtant appris où cela menait : au mieux au fascisme, au pire à la guerre, dans tous les cas à la récession, à la pauvreté  et à la décadence. Mais qui connaît l’histoire aujourd’hui ?

Eviter de taper à côté du clou

L’Europe n’est pas plus ouverte que le reste du monde. Le taux moyen de protection de l'Europe est certes très faible (1,47 %), mais il est identique à celui des Etats-Unis (1,43 %) et du Japon (1,41 %). C’est moins que  la Chine qui est à 2,1 %, le Brésil à 6 % et l'Inde à 8 %. Mais la solution c'est de négocier à l'OMC un accord international ! Sans accord, il n'y a qu'une alternative : la protection unilatérale. Or celle-ci générera mécaniquement des sanctions, car nous n’exporterons pas sans nous heurter à des mesures de rétorsions. De plus, il sera difficile de se protéger de nos partenaires européens sauf à revenir 60 ans en arrière, à sortir de l’Union  : c’est un peu comme si on voulait récupérer nos œufs après avoir fait une omelette avec les autres. Nous faisons les trois quarts de nos échanges avec des pays développés qui partagent les mêmes modèles sociaux et environnementaux que nous. Or, la quasi-totalité des Etats européens sont hostiles au relèvement du tarif extérieur commun. Et notre principal concurrent c'est l'Allemagne, pas la Chine. Si nous voulons nous protéger, c'est face à cette dernière qu'il conviendrait de le faire, en sachant que notre déficit avec la Chine n'est que l'équivalent de la somme de notre déficit avec l'Allemagne et la Belgique ; et notre déficit cumulé avec l'ensemble de l'Europe est bien supérieur à celui que nous faisons avec la Chine. Se protéger du monde extérieur à l’Europe, c’est taper à côté du clou.

La protection environnementale et sociale est un leurre.

Les protectionnistes proposent de s’appuyer sur les normes environnementales et sociales pour ériger des barrières camouflées. Là encore, le raisonnement est séduisant : quoi de plus normal que d’exiger une taxe carbone sur un produit qui vient de loin, ou une taxe « sociale » pour rééquilibrer les niveaux de protection sociale. Mais sur la protection environnementale, qui est tout à fait légitime, il faut là encore rester prudent et éviter de céder à la facilité. Car, pour prendre des sanctions dans ce domaine, il faut se référer au contenu en carbone des produits. Or le contenu moyen en carbone des exportations européennes est supérieur à celui des exportations américaines, japonaises et chinoises ! On peut nier cette vérité, mais c'est pourtant la vérité. Nos exportations ont un fort contenu industriel, et il est normal qu'elles génèrent une intensité en carbone plus forte que les exportations chinoises, qui portent sur des produits à plus faible valeur ajoutée, ou sur les exportations américaines dominées par les services. Quant aux salaires, s’ils sont bien entendu plus faibles dans les pays pauvres que dans les pays riches, c’est que la productivité globale y est aussi beaucoup plus faible. Augmenter le coût du travail dans ces pays reviendrait à supprimer leurs avantages comparatifs et à les condamner à la pauvreté ! Et si les désordres des changes engendrés par les manipulations monétaires des Etats empêchent souvent les ajustements de coûts, le libre-échange n’est pas responsable.

L’industrie ne disparait pas. Elle se transforme et s’internationalise.

Derrière le film catastrophe de la désindustrialisation que la France aime se projeter, la baisse de nos effectifs industriels a deux causes essentielles : d’une part, l’externalisation des fonctions de service (gardiennage, nettoyage, cantine) autrefois comptabilisées dans les emplois industriels et passées aujourd’hui dans les services. Au lieu de vendre un bien, on vend de plus en plus un service. Les industriels se font commerçants. Les commerçants se font industriels. D’autre part, la hausse de la productivité dans l’industrie fait que moins d’emplois et moins d’argent sont nécessaires par unité produite. Et surtout, l’influence des délocalisations reste marginale : tous les rapports convergent pour montrer que les délocalisations sont globalement favorables à la croissance économique et à l’emploi. Demandons-nous plutôt pourquoi l’Allemagne est devenue le premier exportateur de biens de haute technologie devant les Etats-Unis, à partir des mêmes facteurs de production que la France (même monnaie et même coût du travail). La plupart des produits aujourd’hui sont le résultat d’assemblages extrêmement complexes à l’échelle de la planète et vouloir opposer des obstacles à cette prodigieuse division internationale du travail est puéril. Si on ferme nos frontières avec nos voisins, comment on fera avec notre Airbus dont les morceaux viennent d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne…? La mondialisation et la mutation de nos économies vers la société de la connaissance ne font que renforcer cette interdépendance des activités économiques et financières. En fait, Nous faisons du libre-échange le bouc émissaire de nos désordres monétaires.

Le libre-échange est un jeu à somme positive, le gain de l’un n’est pas la perte de l’autre.

Prenons un exemple : on voit l’entreprise contrainte sous la pression de la concurrence de fermer ses portes ou de délocaliser. Mais on voit moins que le consommateur, en achetant par exemple une paire de chaussures importée 110 € au lieu de 200, a gagné un pouvoir d’achat supplémentaire de 90 €. Et l’on ne voit pas non plus derrière la perte du producteur national, le profit de cet autre producteur qui bénéficiera de ces 90 €. Ce que l’on voit encore moins, c’est que les 110€ touchés par le producteur étranger reviendront inéluctablement, directement ou indirectement, sous forme d’achat de bien ou de services dans notre  économie au profit d’un autre producteur. Vouloir réserver le libre-échange à des pays comparables, serait dire que les riches devraient échanger entre eux, les plus pauvres pourraient leur acheter, mais surtout pas leur vendre.

Le problème vient de notre désindustrialisation.

Promouvoir le protectionnisme, c’est se tromper de combat de même que le procès du dumping fiscal, social ou écologique est un faux procès. Le fond de l'affaire est que la France souffre d'un processus de désindustrialisation. Mais celui-ci n'a rien à voir avec la mondialisation en tant que telle. Il découle fondamentalement de la faiblesse de notre tissu industriel, qui s'exprime à la fois par l'insuffisante innovation de nos petites et moyennes entreprises, elle-même liée à la faiblesse de leur taille. La vraie solution ce n'est donc pas la démondialisation, mais le renforcement stratégique de nos petites et moyennes entreprises. Cela ne permet pas forcément de gagner les élections. Mais cela fait nécessairement gagner le pays. Tous les discours protectionnistes et dirigistes ne changeront rien – fort heureusement – aux évolutions du monde. Mais ils peuvent assurément faire perdre des chances à notre pays, aggraver nos problèmes d’emploi et de pouvoir d’achat.

 


CRISE EUROPEENNE : CE QU’IL RESTE A FAIRE


 Euro

Les Européens avancent. Le vote du parlement slovaque permet aux accords du 21 juillet d’être ratifiés et de renforcer le FESF comme prévu. Les institutions européennes sont ainsi faites que la politique y a besoin de temps. Les rencontres de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel et les annonces qui s’en sont suivies ont permis à la fois des avancées et de calmer l’impatience des marchés.

Quelles sont les prochaines étapes décisives ?

Le vote du Bundestag. Après le vote positif sur les accords du 21 juillet, le Bundestag devra encore se prononcer sur la contribution allemande au plan d’aide financier de 109 milliards à la Grèce. Et ce ne sera que le mois prochain.

Verser 8 milliards à la Grèce. D’ici là, Athènes qui devait dégager de nouvelles recettes pour respecter ses objectifs budgétaires en 2011 et 2012, devrait recevoir la sixième tranche d’aide de l’Union européenne, dès que la « troïka » de ses créanciers aura avalisé les nouveaux comptes publics grecs. Un chèque de 8 milliards est en attente, sous le coude des ministres des finances de l’Eurogroupe. La Grèce en a besoin d’urgence pour faire face à ses échéances.

Renforcer le FESF et les mécanismes de stabilité. Parallèlement se tiennent des réunions pour examiner les moyens du FESF dont de nombreuses voix soulignent les volumes insuffisants en cas de contagion de la crise à l’Italie et à l’Espagne. Voilà du grain à moudre pour le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu le 23 octobre. Il est possible qu’à cette occasion, ils anticipent le lancement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) prévu normalement pour juillet 2013. Doté de 600 milliards d’euros, il pourrait voir le jour dès la mi-juin 2012. Avec un avantage décisif : il prévoit un défaut organisé d’un Etat de la zone euro.

Recapitaliser les banques, attaquées par les marchés. La recapitalisation des banques est devenue une urgence. Les dix-sept devront décider quelle part des ressources restantes après le deuxième plan d’aide à la Grèce devront être consacrées à cette nécessité. Avec en corollaire, l’ampleur de cette recapitalisation : toutes ou seulement les plus fragiles d’entre elles. Un équilibre à trouver, car il faut conserver des ressources pour les consacrer au rachat de la dette secondaire des Etats attaqués par les marchés. C’est pourquoi il est important de définir le plan de participation du secteur privé qui a été inclus dans l’accord du 21 juillet. Une question qui pose le problème de la décote supportable de la dette grecque (le « défaut ») qui passerait de 21% prévu le 21 juillet, à 50% comme on semble s’orienter aujourd’hui. Alors que dans le même temps, l’Institut de Finance International, association réunissant les banques du monde entier, n’a toujours pas communiqué sur la proposition de sa restructuration de 135 milliards d’euros. Dire que les banques sont réticentes est un mot faible. Sur le front des recapitalisations bancaires Bercy est serein : les établissements français peuvent se débrouiller seuls et il n'est pas nécessaire de mobiliser l'argent du contribuable. L'objectif est de frapper les esprits avec un montant suffisamment élevé pour casser le cercle vicieux de la défiance. La barre ne doit cependant pas être trop haute pour limiter l'intervention des Etats.

La coordination avec le G20 et le FMI. La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G20 évoque ce soir la résolution de la crise européenne. Dans ce cadre, la France, qui préside, est en faveur d'une transformation du FESF créé en mai 2010 pour aider la Grèce, le Portugal et l'Irlande en une... banque. Cette solution présenterait l'avantage d'avoir accès au guichet de la BCE. Pour l’heure, la France et l’Allemagne sont opposées à l'augmentation de sa taille, préférant jouer sur l'effet de levier sans qu'un nouveau processus parlementaire soit nécessaire. Si le principe d’un défaut sélectif de la Grèce est acquis, on ne veut pas d'un événement de crédit qui déclencherait le paiement des contrats de couverture « credit default swap ».

La  stratégie européenne. Elle commence à se préciser. Elle repose sur un « choc de confiance » en trois temps : recapitalisation des banques européennes; effacement d'une part plus importante que prévu de la dette grecque détenue par les créanciers privés; renforcement de la « puissance de feu » du FESF.

Cela n’empêchera pas qu’il faut songer à améliorer le traité de Lisbonne qui n’est absolument pas adapté aux temps de crises. Ah, si on avait voté la « constitution »… n’est-ce pas Mr Fabius ? Les solutions à la crise, en ce moment, il y a ceux qui en parlent (beaucoup) facilement.

... Et il y a ceux qui la gèrent. C’est moins facile, évidemment !

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

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Lundi : Inattendu rebond industriel aux Etats-Unis, éclaircie dans les nuages qui s’accumulent sur l’économie occidentale ? – A Paris, François Fillon et Jean-François Copé ont déjeuné ensemble pour accorder leurs violons sur la capitale, après 2 sièges de sénateurs perdus !

Mardi : La crise de la zone euro met Dexia à terre : la banque belge n’a plus la frite ! Indigestion de prêts toxiques ? – Le Sénat confie la commission des Finances à l’UMP  en réciprocité avec l’Assemblée nationale. Il est bien bon, Bel – La compagne de François Hollande aurait été l’objet d’une enquête policière : la gauche en fait des gorges chaudes bien que les faits ne soient pas avérés. Tout est bon ! – Evénement planétaire : Corinne Lepage sera candidate à l’élection présidentielle. Madame 1,5% a besoin des voix pour financer son groupuscule sur fonds publics.

Mercredi : Claude Guéant a déposé plainte contre le site de l’Express pour propagation de fausse nouvelle à propos de l’affaire « Trierwiller ». – Eva Joly présente un contre-budget plus gauchiste que vert qui fait de Montebourg un garçonnet : matraquage fiscal avec un gros gourdin et absence de croissance ! – Est-ce un rapport de cause à effet : les glaciers des Pyrénées fondent presque totalement. – Les élus UMP en ont assez des contre-vérités de l’Association des Régions de France. Ils fondent l’AERF, elle est présidée par Hervé Novelli.

Jeudi : Bayrou se déclare compatible avec Manuel Valls. Une OPA sur ses électeurs ? – Takiedine accuse Villepin d’être à l’origine de la relance de l’affaire Karachi. En réponse, il demande des preuves de cette accusation, mais si c’est comme Clearstream… - Dernier débat des six magiciens roses : on n’apprend rien de plus, sauf qu’ils ne sont pas d’accord sur grand-chose. – Rebond industriel en Espagne qui sort légèrement de la récession sur 12 mois, avec un bond de 9,3% des biens d’équipement. – Les Hollandais approuvent le renforcement du Fond Européen de solidarité Financière. Les accords du 21 juillet avancent.- En France, à l’appel des syndicats, les retraités manifestent : si eux aussi s’y mettent… On dit pourtant qu’ils sont à l’origine du boom des camping -cars !

Vendredi : Nicolas Sarkozy fait un voyage en Arménie et prêche pour la paix en rappelant les russes à leurs engagements en Géorgie. On dit qu’Aznavour était dans la suite. Il lui a peut-être chanté « Je m’voyais déjà… ». – Marine Le Pen a présenté son état-major de campagne : une armée pléthorique. Quoi faire pour impressionner ? – Morin réaffirme qu’il est prêt. : « Eh, je suis là ! », mais les médias n’ont d’yeux que pour la « primaire ». – les bleus, au foot, s’imposent contre l’Albanie : ouf ! Mais le plus dur reste à venir mardi prochain contre la Bosnie.

Samedi : Il est temps que la campagne rose s’arrête. Tous les médias s’y sont mis, confondant information et propagande éhontée. C’est du jamais vu. Quand je pense qu’on a toutes les peines du monde à passer un communiqué du député UMP… Ecoeurant ! – A Auckland, nos rugbymen ont enfin fait merveille contre les rosbifs : est-ce le vieux réflexe de l’ennemi héréditaire qui a joué ? On attend maintenant avec impatience le match contre les Gallois.

Dimanche : La star à terre, le laboratoire de Poitou-Charentes ne lui a pas permis de récidiver, Royal arrive 4ème de la primaire devancée par Arnaud Montebourg. Le PS avait-il prévu cette OPA par les électeurs gauchistes ? Réponse la semaine prochaine. Un clivage plus marqué entre droite et gauche n’est pas à exclure dans l’avenir. Succès en nombre de votants, mais qui peut vérifier vraiment ? – Contre-attaque ! Claude Guéant relance la piste islamiste de l’attentat de Karachi. – Au chapitre des choses sérieuses : « Des réponses durables, globales et rapides avant la fin du mois », pour que « l'Europe arrive au G20 unie et avec les problèmes résolu », engagement du tandem Sarkozy-Merkel ce soir à Berlin. – Accord entre la France, la Belgique et le Luxembourg pour la « restructuration » de Dexia : ça va coûter combien de patates ?

 

 


LA POLITIQUE A BESOIN DE LENTEUR

 

Euro 

 
On ne peut pas traiter n’importe comment et n’importe quand des questions aussi vitales que la gouvernance de l’euro ou l’avancée vers une Europe fédérale, même si pour moi, la réalisation des deux projets fournirait le meilleur moyen de sortir de la crise que l’on connaît par le haut.

Un véritable exécutif permettrait d’éviter la cacophonie des déclarations et certainement de peser les mots. Il permettrait aussi d’agir vite en cas de crise aigüe et surtout il assurerait la coordination des politiques économiques qui fait défaut encore trop souvent.

Mais vouloir aller trop vite sur ces sujets délicats, sans prendre le temps de faire la pédagogie nécessaire pour faire admettre leur nécessité aux peuples européens, c’est prendre le risque d’aller à l’échec et faire le jeu des partis populistes qui  n’hésiteront pas à brandir les nationalismes de tout poil comme étendard de la contestation. La difficulté d’imprégner la société de questions complexes et de suggérer des réponses fines se heurte à des évolutions de fond. Et de ce point de vue, l’instauration du quinquennat  en France, en raccourcissant le temps politique, a encouragé les débats à marche forcée, le recours au marketing et la réponse mécanique et simpliste à toute question qui surgit. Le politique sait qu’il lui faut du temps, mais il est obligé de meubler l’instant médiatique par des effets d’annonce.

De même, si l’Europe avait la capacité à agir vite et de concert, la crise de la dette serait déjà surmontée, puisque pour l’essentiel celle-ci campe sur les incertitudes créées par des déclarations intempestives, une cacophonie anxiogène et la lenteur de la mise en application des accords du 21 juillet. Pour compliquer le jeu, l’Allemagne traverse une période d’élections dont les résultats fragilisent la chancelière, fragilité que la fronde de ses alliés libéraux accentue.

Alors pour calmer le jeu, et gagner du temps, puisque c’est de cela que nous avons besoin, il faut s’employer à donner le change et réaffirmer constamment les mêmes décisions pour qu’elles finissent par imprégner la sphère économique, à savoir : que l’euro sera défendu, que la Grèce restera dans l’Euroland et que les grands pays comme l’Allemagne et la France pèseront de tout leur poids pour faire avaliser ces choix. De quoi calmer les marchés…. provisoirement. C’est tout le sens qu’il faut donner à la téléconférence « Merkozy-Papandréou ».

Mais comment dans un tel contexte, conduire en France une réflexion sereine et approfondie sur le devenir de l’Europe et l’évolution nécessaire de ses institutions, quand dans le même temps, le parti socialiste est en pleine campagne de surenchères en tout genre, ce qui rend impossible d’avoir une grille de lecture claire de ce qu’il faut faire. Sans parler des nouveaux médias comme internet qui imposent de faire vite et court, qui exige des messages simples voire simplistes ce qui favorise le facile, le bon mot au détriment de la pédagogie politique, où le y’a ka de l’inculte de service a la même valeur que l’avis du compétent.

Mais puisque la majorité, du même coup bénéficie de temps de paroles, pourquoi ne pas l’utiliser à deux  sujets : marteler le bilan du quinquennat  (ce qui n’est pas fait) qui est plus que copieux et faire de la pédagogie sur la nécessité de notre ancrage européen et la sauvegarde de la monnaie commune.

L’adhésion du peuple est nécessaire mais encore à conquérir. Voilà de quoi occuper utilement le terrain !

 

 

 


METTRE FIN AU PIRE D’URGENCE

 

Ce sont les incertitudes politiques qui alimentent la spirale d’effondrement des bourses. En Europe comme aux Etats-Unis, la crise financière s'invite dans la politique intérieure, dont elle modifie les règles du jeu. En effet, la vulnérabilité des Etats lourdement endettés offre un nouveau levier d'action aux oppositions d’autant plus radicales quand elles sont à l’approche d’échéances électorales : la « politique du pire ».

On l'a vu chez les Américains, quand les républicains, sous la pression du Tea Party, ont repoussé jusqu'à l'extrême limite du défaut de paiement le vote autorisant la hausse du plafond d'endettement de l'Etat, minant du même coup la confiance des créanciers. C'est ce qui a permis aux dirigeants de l'agence Standard & Poors d’invoquer les « risques politiques » pour justifier, début août, la dégradation de la note de la dette américaine.

Politique du pire aussi en Belgique, sans gouvernement depuis plus de quatorze mois et dont la dette publique avoisine 100 % du PIB : l'Alliance néoflamande (NVA) instrumentalise la crise et « joue la montre », attisant la méfiance des marchés, pour soutenir ses revendications sur le séparatisme fiscal et le statut de la région bruxelloise. Ce parti vient de bloquer totalement les négociations.

Politique du pire, enfin, dans le cadre européen, quand la Finlande menace de ruiner le plan de sauvetage de la Grèce : en négociant directement avec Athènes des garanties financières qui vident de son contenu un accord obtenu de haute lutte, le gouvernement d'Helsinki incite d'autres Etats membres - Pays-Bas, Autriche, Slovaquie -à suivre son exemple. Ce qui est choquant, c’est qu’un pays qui n'intervient qu'à hauteur de 2 % du plan d'aide, pressé par un parti nationaliste anti-européen (les Vrais Finlandais) qui occupe 20 % des sièges à son Parlement, peut remettre en question la stabilité de la zone euro.

La France n’échappe pas à la règle. L’opposition refuse toujours de donner des signes sérieux de discipline budgétaire et ses candidats rivalisent de promesses de dépenses, à l’exception de Manuel Valls, et donnent même des leçons au gouvernement, reprochant à Nicolas Sarkozy de ne pas être assez actif face à la crise financière. Ce qui est un comble. Au pire, notre opposition ajoute l‘irresponsable.

Heureusement, il existe des contre-exemples, comme celui de l'Espagne, où la « règle d'or » de l'équilibre budgétaire, avec les sacrifices qu'elle implique, est approuvée par l'opposition comme par la majorité. On voit que la crise financière, finalement, sert de test politique : la résistance à la « tentation du pire » mesure le degré de cohésion au sein de la nation, comme au sein de l'Europe.

Le problème c’est que la chute des marchés ne repose pour le moment sur rien de concret. Si l'on s'en tient aux fondamentaux, ils relèvent même du pur fantasme. Les trois grandes banques cotées du pays présentent un profil rassurant. Elles ont les reins suffisamment solides pour encaisser sans en être ébranlées un nouveau choc en provenance d'Athènes. Elles disposent d'une base de fonds propres élevée, bien supérieure à ce qu'elle était en 2008. La rentabilité de leurs activités leur permet en outre de tabler sur un renforcement accru de ces réserves. Au deuxième trimestre, les profits de BNP Paribas ont atteint un niveau record, quand les semestriels de la Société Générale dépassaient 1,5 milliard d'euros. Et côté liquidités, la situation est sous contrôle. L'accès au dollar s'est certes dégradé depuis début août, mais il n'est pas fermé. Et la BCE l'a répété ces derniers jours, elle fournira la liquidité nécessaire.

La maison bancaire française ne brûle pas mais elle est victime, comme l'ensemble du secteur européen d'ailleurs, de l'indécision des gouvernements de la zone euro face au péril grec. Elle n'a pas besoin d'argent frais, ni d'un mécanisme de liquidité publique. En fait, les banques, comme tous les Européens, ont surtout besoin que la crise de la dette souveraine trouve rapidement une solution politique pour couper court à tout risque de contagion. Et la vitesse à laquelle évolue leur cours de Bourse donne une idée du caractère d'urgence de la situation.

 


L'impromptu de Berlin

 

Avec cette nouvelle journée maussade aussi bien par la météo que par le nouveau plongeon des bourses, voici un petit texte, dont j'ignore le nom de l'auteur, qui permet d'aborder le sujet sur un mode plus détendu. je l'ai reçu il y a déjà quelques temps et ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous. Une manière d'oublier la descente vertigineuse des titres de nos banques. Si ça continue, on va bientôt trouver du pétrole sous le siège de la société Générale ! ...

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela Von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :
> > Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
> > Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
> > Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
> > Entendez les Romains : ils appellent au secours !
> > Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
> > Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
> > Attendent de vous, madame, le geste généreux !
> > De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
> > Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
> > Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
> > Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela :
> > Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
> > Folle étais-je de croire à une douce surprise
> > En vous suivant ici seule et sans équipage
> > Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
> > Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
> > De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :
> > Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
> > Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
> > D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
> > Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
> > Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
> > La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
> > Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
> > Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
> > Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
> > Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
> > Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :
> > J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
> > L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
> > Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
> > L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
> > Et vous me demandez, avec fougue et passion
> > De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
> > Ce serait trop facile et ma réponse est non !

Nicolas :
> > On ne se grandit pas en affamant la Grèce
> > En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
> > Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
> > D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
> > Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
> > Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
> > Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
> > Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
> > Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
> > Mais si je disais oui à toutes vos demandes
> > Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

 ...

 


LE ZAPPING D’ARCHIBALD

 

Chaos grec. Le dos au mur, l’Europe avance. C’est ainsi. Les ministres des finances de l’eurogroupe ont fini par adopter le plan français de soutien à la Grèce qui va recevoir les quelques 6 milliards pour faire face à ses échéances, la condition du vote d’un nouveau plan de rigueur étant remplie. Mais c’est maintenant la situation de la dette américaine qui inquiète. Du taf pour la nouvelle présidente du FMI.

Avantage Baroin. C’est finalement le chiraquien qui a emporté la succession de Christine Lagarde après une courte tempête dans le verre d’eau gouvernemental. Le Ministre de l’Agriculture est finalement rentré dans le rang et continuera à garder ses vaches, où il fait d’ailleurs du bon boulot. Harry Potter de son côté a reçu le renfort de la wonderwoman Pécresse au budget. Un tandem qui devra verrouiller nos dépenses et veiller à rentrer dans les clous de nos engagements budgétaires.

Les Graines qui tuent. Il a l’air fin le père Noël (Mamère). Le maire bobo-écolo de Bègles  est bien embêté parce que les graines germées qui ont fait des dégâts à Bordeaux, avec un 1er décès à la clé, ont été servies  lors d’une manifestation dans sa commune. Une manière de lui rappeler, à lui qui donne des leçons à tout le monde, que le bio n’est peut-être pas aussi « tout bio- tout joli » (comme dirait Eva). La nature peut aussi se venger.

La fraude est partout. Difficile de passer un examen cette année sans qu’il soit entaché d’une irrégularité, d’une erreur ou d’une fraude. Il faut dire qu’avec les petits bijoux de technologie que nos jeunes traînent dans leurs poches, ça devient de plus en plus difficile à contrôler. Il va falloir de l’imagination à nos technocrates pour trouver les parades.

Conte de fée. Le mariage a bien eu lieu devant tout le Gotha aristo de la planète, le vieux jeune Prince de Monaco a épousé la belle Charlène. Voilà de quoi faire venir la larme à l’œil dans les chaumières. Tout a en effet concouru pour en faire un événement  des plus glamours : le temps, le décor, les limousines, les toilettes… Ah que c’était beau !!!!

Enfin Ministre ! ou presque. Marc Laffineur, comme la rumeur l’avait annoncé, a fait enfin son entrée au gouvernement sur le strapontin de Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants. C’est mieux que rien. Le voilà garé pour dix mois. Après, c’est une autre histoire.

Blanchiment. Pas d’argent mais d’accusé. Les charges contre DSK sont en train de tomber du fait des révélations sur la femme de ménage. Du coup l’ancien patron du FMI a retrouvé sa liberté, avec une soirée resto à la clé : des pâtes aux truffes et une note de 600 dollars. Voilà qui continuera de plaire à nos smicards. On retiendra tout de même son tempérament de forniqueur compulsif. Mais perdre une telle situation pour n’avoir pas su renoncer à une fellation, c’est le comble de la stupidité, d'autant plus qu'il s'était offert les services d'une professionnelle jusqu'à 3H du matin (sûrement pour enfiler des perles...).

Verbatim : « la nomination de Christine Lagarde au FMI, c’est une reconnaissance mondiale de la politique de Nicolas Sarkozy. »  JFC

                                                              Mille sabords !

 

 


LE REVEIL DE LA JEUNESSE ESPAGNOLE

 

On connaissait surtout de la jeunesse espagnole sa capacité à descendre dans la rue, seulement les fins de semaine, pour des beuveries en groupe à l'origine du phénomène des «botellons»  (« grandes bouteilles ») ou pour célébrer en masse les succès de la « Roja », l'équipe nationale de football, lors des dernières Coupes d'Europe (2008) et du monde (2010). Elle affichait jusque- là  pour le reste de son environnement une apparente indifférence.

Avec le mouvement des « Indignados », né le 15 mai dernier sur la Puerta del Sol, en plein coeur de Madrid, avant de s'étendre aux grandes places d'une soixantaine de villes du pays, 1'Espagne découvre subitement une nouvelle facette de sa jeunesse ! Sera-t-elle le premier pays d’Europe où explose la révolte de sa jeunesse, annonçant le début d’un printemps des jeunes dans nos pays de vieux ?

Ce n’est pas un hasard. L’Espagne est l’un des pays les plus meurtris par la crise et le tableau n’est pas reluisant : 45% des moins de 30 ans sont au chômage, exclus de l’économie et de la vie autonome, l'un des taux les plus importants d'Europe. Sans parler de la marginalisation d'un certain nombre d'entre eux, surnommés les « ni-ni » (« ni travailleurs, ni étudiants »), condamnés à des CDD ou au travail au noir, qui ont souvent été contraints de retourner vivre chez leurs parents. Ce serait le cas d'une petite moitié des hommes âgés de moins de trente ans.

Victime de la gestion erratique de José Luis Rodriguez Zapatero, le président du gouvernement socialiste qui a longtemps affirmé que la crise allait épargner son pays, l'Espagne ne voit toujours pas le bout du tunnel. La situation n'est pas près de s'améliorer, son économie ne devrait afficher qu'une croissance de 0,9 % cette année et de 1,6  % en 2012, selon l'OCD.  

Un populisme désespéré ?

On comprend alors que les jeunes se lancent dans un populisme désespéré. En Espagne, peut-être plus encore qu’en France, les plus âgés pénalisent les plus jeunes de trois façons : par la ségrégation à l’emploi, par une école inadéquate et par les dettes accumulées sur leur dos. Elle illustre jusqu’à la caricature la dualité du marché du travail : emplois temporaires et interim pour les jeunes, emplois sécurisés pour les moins jeunes.

Il y a aussi un gouffre entre l’école et l’emploi. Les besoins du marché du travail n’entrent en aucune façon dans les préoccupations des enseignants et le système d’orientation fait défaut. Le patronat rivalise de conservatisme avec les syndicats qui, étroitement liés au PSOE au pouvoir, se sont contentés ces dernières années de défendre les droits acquis de ceux qui avaient du travail alors que le chômage ne cessait de grimper pour toucher aujourd'hui près de 5 millions de personnes.

De fait, les « élites » espagnoles n'ont pas vu venir le mouvement. Elles sont toutes surprises que la jeunesse espagnole se sente laissée-pour-compte et que ses revendications aillent au-delà de la simple amélioration matérielle de sa situation... En réclamant un changement de système politique, social et économique avec à la clef une réforme électorale, une véritable lutte contre la corruption, une séparation effective des pouvoirs et la création d'un contrôle citoyen, les « Indignados » veulent avoir désormais pleinement voix au chapitre.

Un mouvement qui pourrait faire tache d’huile en Europe ! Il serait grand temps que nos élus se mobilisent pour trouver des solutions autres que le bricolage et le replâtrage de nos systèmes sclérosés.

"Un jeune, une solution, pas de laissés pour compte !" . URGENT !

 

 

 


DU BILAN AU PROJET

Palme 
 

En 2012, la France sera à la croisée des chemins. Plus encore qu’en 2007, l’élection présidentielle pèsera sur son destin. La crise est passée par là. Les choix qui seront faits en matière de politique économique et sociale dessineront le pays pour les trente ans à venir.

Il faut avant tout, renverser l’état d’esprit des Français en leur faisant prendre conscience qu’ils sont encore responsables de leur propre destin. Le pays a beaucoup d’atouts, ses habitants ont encore du génie, pour peu qu’on veuille bien s’attarder sur ceux qui en ont. Nous avons les ressources pour relever le défi et connaître une nouvelle période de prospérité dans et avec la mondialisation. Arrêtons la sinistrose !

Il y a des conditions, bien sûr. D’abord ne pas jeter aux orties les efforts qui ont été faits depuis 2007. On peut avoir le sentiment, comme l’exprimait un auditeur d’une radio périphérique, de prendre des claques tous les jours depuis trois ans et céder à la tentation des sirènes qui promettent les beaux jours sans connaître la météo. C’est pourtant peu de choses à côté des coups de pied au cul que se prennent nos voisins du sud, à cause de leur laxisme. La continuité est une des conditions du redressement et du succès.

Notre société souffre de quelques maux sur lesquels on ne se penche pas suffisamment. Une des priorités devrait être de rétablir l’ascenseur social. La stagnation intergénérationnelle s’est peu à peu installée. Les parents n’ont plus l’espoir de voir leurs enfants gravir une marche dans la hiérarchie sociale. La précarité touche trop de monde et les revenus intermédiaires sont défavorisés entraînant la crainte bien réelle du déclassement. Les classes moyennes sont probablement celles qui ont le plus souffert de la crise et de la sclérose qui a gagné la société depuis vingt ans. Ce sont 17 millions de nos concitoyens qui stagnent entre 1 et 2 SMIC, alors que les dirigeants ont capté quatre fois plus les gains du progrès que leurs salariés. Le lien entre le salaire et le diplôme est rompu, ce qui dévalorise les études et annule le gain espéré du coût de la formation.

Notre pays doit s’ouvrir davantage sur le vaste monde. Les quelques entreprises, grandes ou petites, qui tentent l’expérience n’ont qu’à s’en féliciter la plupart du temps. Les soutiens et aides de toutes sortes existent pour en accompagner le cheminement en atténuant convenablement la prise de risque, c’est la volonté ou l’envie qui manque le plus souvent. Notre classe politique par paresse intellectuelle passe trop de temps à imputer nos difficultés à la concurrence que nous font les pays tiers et aux délocalisations. C’est regarder le problème par le mauvais bout de la lorgnette et c’est aussi la facilité.

Ainsi, l’Europe dont beaucoup de nos concitoyens se méfient aujourd’hui, est trop souvent vécue comme la victime expiatoire de décisions soi-disant prises hors de chez nous. Rien n’est plus faux. Mais c’est vrai qu’un déficit de politiques communes s’est peu à peu imposé et les sommets sont vécus comme des lieux d’affrontements où l’on se met finalement d’accord a minima. Pourtant, l’Europe a fait des progrès dans son organisation et joue pleinement son rôle d’amortisseur des difficultés. Que serions-nous aujourd’hui avec le Franc ballotté entre les grandes monnaies… Il faut donner à l’Europe un rôle à sa mesure, en commençant par une politique très forte de coopération franco-allemande qui en est le moteur principal. Notre perception de l’Union changerait si elle était à l’initiative d’un vaste plan d’équipement commun portant par exemple sur le ferroviaire et si elle mettait en place une politique fiscale de rapprochement de ses membres au sein d’un « serpent fiscal » du même type que le « serpent monétaire » qui a été le prélude à la monnaie commune. Le sentiment d’appartenance s’en trouverait grandement conforté

Voilà quelques pistes. Il y en a plein d’autres à explorer : relancer l’intégration des immigrés par une nouvelle politique du logement, mettre à la disposition de la jeunesse une politique d’entrée dans la vie active digne de ce nom en fédérant tous les outils qui existent aujourd’hui, du CIO aux missions locales en passant par l’apprentissage, le service civique ou les écoles de la deuxième chance, privilégier quelques secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables ou l’automobile sobre, pour en faire des pôles d’excellence mondiale à côté de notre aéronautique.

Si l’avenir a un visage, nous le dessinerons tous ensemble.

 


ARCHIBALD A LA HUNE

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« CROISADE ». Mais dans quel pays vit-on ? Voilà qu’il faut choisir son vocabulaire en fonction des aléas de l’interprétation religieuse. Bien sûr que le mot croisade a deux sens, mais le sens premier est tombé en désuétude depuis longtemps, c’est celui qui confine au religieux, et pour cause ! Donc partir en croisade c’est chercher à convaincre du fien-fondé d’une idée. C’est le sens commun et tout le monde le comprend comme ça, sauf quand on veut faire un procès. Si on en est là, le terrorisme intellectuel imposé par la gauche et un islam instrumentalisé n’est pas loin ; Alors je vais en remettre une couche : Claude Guéant s’est trompé, le Président en fait a "prêché" auprès des autres chefs de gouvernement ….

DEBAT.  Le débat sur la laïcité n’a pas l’heur de plaire à l’amère de Lille, mais elle ferait bien de surveiller ses fréquentations, parce que se retrouver signataire d’une pétition au côté du sulfureux Tarik Ramadan, je trouve que ça fait un peu désordre pour une "défenseure" des « valeursdelarépublique » et de l’égalité « homme-femme ».

LES TEMPS SONT DURS… pour les chefs de gouvernement européens. Les peuples ingrats ne veulent pas souffrir. José Socrates avec ses promesses électorales intenables s’est retrouvé obligé de gérer l’austérité portugaise. Evidemment le bon peuple lusitanien s’est senti floué. Le voilà démissionnaire, refusant de porter le fardeau sans les voix de l’opposition. Un autre cas de figure est celui d’Angela Merkel. On pouvait penser que la sortie de crise de l’Allemagne précédée d’une gestion habile pour éviter l’explosion du chômage lui auraient valu la reconnaissance des Germains. C’est une vague verte qui balaie son vieux fief CDU de Bade Wurtenberg, ressac du lointain tsunami japonais et des ennuis nucléaires qui en ont découlé. De quoi méditer sur l’ingratitude des peuples.

MARC DE CAFE. Les cantonales, c’est terminé. Comme il se doit, les experts et politiciens nous font part de leurs analyses biaisées ou tronquées selon comme ça les arrange. Ils avaient tous un marc de café devant eux. C’est bien commode : avec 55% d’abstention, on peut tout faire dire aux chiffres. Victoire de la gauche : est-ce si sûr, avec deux ou trois départements de plus dans l’escarcelle (on laisse de côté Mayotte et La Réunion), elle est loin de ses objectifs. Le moteur reste poussif. L’UMP arriverait loin derrière : à la différence du PS qui présente des candidats étiquetés partout, le parti majoritaire n’a pas la même philosophie, préférant souvent jouer la carte majoritaire et retirer un candidat pour ne pas gêner un sortant. Alors forcément moins de candidats, moins de voix, mais si on rajoute une bonne partie des divers droites, le tableau n’a plus la même allure. Enfin la poussée du FN : elle est réelle encore que très grossie par la bulle médiatique. C’est, comme disait un éditorialiste, quand la mer est basse que l’on voit le plus les récifs ; On ne peut pas trouver meilleure image. Dites-moi combien pèse réellement le FN par pleine mer, le même nombre de voix, c'est-à-dire deux fois moins en pourcentage ! Quand on sait que l’élection cantonale est un scrutin complexe où se mêle l’’étiquette, la dimension personnelle, un terroir parfois… il vaut mieux être prudent. En Maine-et-Loire, la Majorité Départementale reprend deux sièges à la gauche, na ! Merci Béchu !

 

 


LA GUEULE DE BOIS DE L’ECONOMIE BRITANNIQUE

 

Surprise totalement inattendue ! Après quatre trimestres consécutifs de hausse de son produit intérieur brut (PIB), le Royaume-Uni a vu son économie reculer de 0,5 % au cours des trois derniers mois de 2010. De quoi faire chuter la livre sterling. Ces chiffres qui ravivent le spectre d'une rechute de l'économie, sont très préoccupants pour le gouvernement de David Cameron. De quoi alimenter aussi les attaques aussi bien du patronat que des acteurs du secteur associatif qui lui reprochent son plan d’austérité.

L’opposition n’est pas en reste : Ed Balls, qui vient juste de prendre le poste de « shadow chancellor » de l'opposition, ne s'est pas privé de diriger le projecteur sur la vulnérabilité, diagnostiquée par des économistes de tout bord, de la stratégie économique du gouvernement. Il a estimé que le gouvernement de coalition « avait hérité d'une économie qui se renforçait » et que ses actions « rendraient en fait plus difficile le retour à l'équilibre des finances publiques ». Ce à quoi George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, a répondu que le gouvernement maintiendrait le cap de l'austérité et ne serait pas « dévié par le mauvais temps ».

Gordon Brown est ressorti de l'ombre pour parler du retour des erreurs des années 1930. Pas complètement à tort. La relance de type keynesien peut en effet très bien provoquer du « stop and go ». Surtout avec la cure d’austérité brutale imposée par les conservateurs. Le gouvernement va attendre le 27 avril, date de publication de la croissance économique du premier trimestre 2011, avec la peur au ventre. Un nouveau trimestre de contraction signifierait que le Royaume-Uni est officiellement retombé en récession. Car il faudra compter avec la hausse du chômage et celle de la TVA qui vont peser sur l’économie britannique.

On entre cette année dans le vif du sujet du plan d'austérité, à un moment où la Banque d'Angleterre n'a plus guère de marge de manoeuvre compte tenu du retour de l'inflation. Les économistes craignent le retour de la stagflation. Il vaudrait mieux pour David Cameron, en délicatesse avec sa coalition, que cette première estimation ait présenté une image exagérément noire de la situation.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la croissance en Europe, même si nos liens économiques avec Albion ne sont pas aussi prégnants qu’avec notre voisine d’outre Rhin.



POURQUOI L’ALLEMAGNE NOUS A DISTANCES

écart franco allemand

Comment « Mettre un terme à la divergence de compétitivité entre la France et l'Allemagne ». C’est à cette question que se propose de répondre le rapport que vient de recevoir le ministre de l'Industrie, Eric Besson. Ses conclusions montre que«s’Il n'y a pas entre la France et l'Allemagne un décrochage permanent et structurel de compétitivité,  il y a en revanche une rupture de tendance d'ampleur sans précédent historique à partir de l'an 2000 »..

Une rupture qui s’explique par de multiples facteurs mais, « pour l'essentiel, par des politiques opposées de gestion du marché du travail et une divergence de grande ampleur des coûts et des marges des entreprises ». Autrement dit, la réduction du temps de travail côté français, comparée, outre-Rhin, à une politique de désinflation compétitive menée à travers une compression des salaires. Le résultat, c’est que « les exportations françaises représentent 40 % des exportations allemandes aujourd'hui, contre 55 % il y a dix ans ». Et « la France a perdu au cours des années récentes le seul avantage comparatif qui était le sien, celui des prix moins élevés ».

La comparaison restreinte à l'Allemagne, plus frappante que sur une moyenne de la zone euro, est délibérée et répond à une demande élyséenne, comme le précisait encore récemment Nicolas Sarkozy : « Autant je peux comprendre les différences de compétitivité entre la Chine, l'Inde et la France, autant je ne peux pas comprendre la différence de compétitivité entre l'Allemagne et la France. C'est trop grave pour nous ».

Le rapport met en évidence l'écart de compétitivité relativement récent qui « n'est pas irrémédiable » mais « les mécanismes à l'oeuvre ne se corrigeront pas spontanément ». S'il salue les pôles de compétitivité, Oséo, le crédit d'impôt recherche ou la réforme de l'université, « leurs effets ne pourront apparaître que dans des délais d'au moins cinq à dix ans ». Il faut donc un « pacte de compétitivité industrielle » entre pouvoirs publics, partenaires sociaux et citoyens, dont l'une des mesures prioritaires serait un « recalage de nos coûts industriels » : « Comme on ne peut pas dévaluer, il faut au moins stopper l'hémorragie liée au coût du travail par une nouvelle baisse des charges, de 10 à 15 milliards d'euros », juge Michel Didier, président de l'institut de conjoncture. A compenser, au choix, par une hausse de la TVA ou une baisse des dépenses publiques. Ou les deux combinées ?

Deuxième impératif : « adapter le compromis social salaire-emploi-durée du travail à la contrainte de compétitivité ». Il faudrait négocier au sein des entreprises de nouveaux accords autour du coût du travail. Des conclusions que ne partagent évidemment pas tous les économistes. Pour certains « les gains de l'Allemagne ne seront pas forcément durables, car ils ont été obtenus par les baisses de salaire. Nous serions plus inquiets s'ils avaient été obtenus par la productivité. » D’autres sont plus pessimistes : « Il n'est pas sûr que la France doive suivre la politique salariale allemande, en raison du poids devenu petit de l'industrie et donc de la faiblesse de l'effet d'amélioration de la compétitivité et des effets sur les inégalités  de revenus ». On peut comprendre que les Français ne l'accepteraient pas.

En l'absence de marges de manoeuvre budgétaires, les pistes de réforme paraissent donc limitées, au moins d'ici à 2012.

 


UN BOUT DE PRINTEMPS EN HIVER.

  Cac 40 01 10 semaine Le CAC 40

 

L'Europe retrouve la confiance des marchés. L'Etat portugais parvient à séduire les investisseurs,  les banques reprennent des couleurs, le CAC 40, en hausse de 2,15 %, est au plus haut depuis deux mois et l'euro repart en à la hausse à 1,3083 dollar. Avec raison, au bout d'un an de crise, les marchés ont enfin compris et admis que l'Europe avance. La découverte des déficits grecs, avait été suivie d’un temps de réaction trop lent, mais même si le  cheminement est laborieux, des solutions de compromis finissent toujours par s’imposer.

Et la crise la fait avancer plus vite : non seulement le Portugal a trouvé à placer sa dette, mais le taux obtenu montre qu’il séduit les marchés. La Commission propose un nouveau « paquet » de gouvernance de la zone, le Japon, après la Chine, est venu acheter des obligations européennes et, mieux, le fonds de secours doublerait !

Les Européens sont décidés à mettre un terme au plus tôt à la crise de leur dette souveraine. Les prochaines réunions des ministres des Finances et de l'Eurogroupe pourraient accroître considérablement les moyens et la flexibilité du Fonds européen de stabilité financière. Le ministre belge des Finances s'est prononcé hier soir en faveur d'un doublement des capacités d'aide mises à disposition de la zone euro, à 1.500 milliards d'euros. De leur côté, La France et l’Allemagne ont simplement évoqué cette possibilité si elle s'avérait « nécessaire ». L'Europe entend, c’est clair, contre-attaquer sur tous les fronts où elle est menacée.

L’Europe est un Objet Politique Non Identifié. Ce que testaient les marchés dès le début de la crise grecque est la solidarité des Etats membres de cet OPNI entre eux. Eh bien, les décisions ont été prises et avec elles, la preuve a été fournie que l'euro n'est pas seulement une monnaie, l'euro est un objet politique que ses fondateurs défendront. Les marchés semblent donc s'être convaincus que la volonté politique est là. Espérons qu’ils en resteront là et de fait, ils commencent à prendre au sérieux les intentions des Européens. L'euro s'est envolé au-dessus de 1,33 dollar après que Jean-Claude Trichet a fait part de ses craintes relatives à l'évolution de l'inflation dans les mois à venir. Les opérateurs en ont déduit que des hausses des taux allaient intervenir plus tôt que prévu. Le CAC 40 a tutoyé les 4.000 points d'indice.…

Mais attention, l’hiver n’est pas fini. Et il reste tant à faire pour que le marché unique soit relancé, que soit mis fin au dumping fiscal et social, que soit lancé des eurobonds pour financer des dépenses d'accélération de la productivité des Etats membres, à commencer par ceux du Sud… Oui, l’Europe est encore trop souvent un « processus » plus qu’un aboutissement et la « sauver » ne la construit que partiellement.



MADRID NE RIGOLE PAS

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Avec une rémunération annuelle moyenne de 200 000 euros, les 2400 contrôleurs aériens espagnols sont dix fois mieux payés que le salaire moyen espagnol. Bénéficiant de privilèges jugés exorbitants, le gouvernement espagnol a déjà abaissé leur salaire de plus de 40% grâce à une limitation du nombre d’heures supplémentaires décidée au mois de février dernier. L’adoption par le gouvernement d’un plafonnement de leur temps de travail à 1670 heures (partage oblige) et d’une loi qui autorise l’armée à les remplacer en cas d’urgence ont mis le feu au poudre. Les aiguilleurs du ciel, furieux, ont quitté leur poste de travail.

Pour contrer cette grève sauvage commencée vendredi soir dernier, à la veille d’un pont de cinq jours, le Premier Ministre n’a pas molli, il a décrété l’état d’urgence pour quinze jours et fait appel à l’armée. 4300 vols ont été annulés mais l’espace aérien a rouvert progressivement au cours de la journée de samedi.

Du jamais vu en Espagne depuis le retour de la démocratie. Il s’appelle comment déjà, le premier Ministre ? José Sapatero et il est socialiste ! Cela surprend, un gouvernement socialiste briseur de grève ! Cela rappelle aussi les beaux jours de la SFIO en France quand les CRS chargeaient contre les viticulteurs du midi. Mais c’était il y a très longtemps. Depuis notre gauche est contestataire et violente, seulement dans l’opposition, faut pas pousser.

« Cette fermeté est dictée par les marchés » dira probablement notre Hamon-guignol de service. Sauf peut-être que « vérité en-deçà des Pyrénées » ne l’est pas au-delà … On aura droit alors à un silence retentissant.

Moi je trouve que c’est plutôt drôle.  Mais j’approuve !

 


HARO SUR L’EURO

  Euro

Après la fièvre, la baisse. L’euro, la zone euro devrait-on dire, connaît des turbulences. Que la monnaie commune baisse, on ne s’en plaindra pas au moment où les Etats-Unis font marcher la planche à billets verts pour favoriser leurs exportations et soutenir leur économie.

Les fonds spéculatifs attaquent les pays endettés pratiquement depuis un an. Après la Grèce et maintenant l’Irlande, nul doute qu’ils vont accentuer la pression sur le Portugal, puis ce sera la Belgique, l’Espagne, l’Italie…et peut-être aussi la France. De là à crier contre l’euro qui serait la source de tous nos maux ! De quoi en tout cas faire vendre du papier en utilisant les titres tapageurs comme celui du dernier JDD, pourtant sans aucun fondement.

Deux réflexions : l’une concerne la monnaie commune, l’autre la situation de la France.

Les mesures qui ont été prises depuis deux ans sur le plan international ont permis de ne pas aggraver la crise, mais cela ne veut pas dire que nous en sommes sortis, et il faudra encore du temps avant que nous retrouvions un équilibre mondial. Il n’est donc pas étonnant  que les grandes monnaies souffrent, mais reconnaissons que depuis le début de la crise, l’euro nous a davantage protégés qu’affaiblis. Il serait pourtant illusoire de croire que la monnaie à elle toute seule puisse nous tirer d’affaires.

La situation de la France n’est certes pas brillante. On ne peut guère reprocher au gouvernement d’avoir privilégié les amortisseurs sociaux au moment où les recettes baissaient dramatiquement avec la crise, creusant le déficit. Par contre, on peut lui faire le reproche de ne pas avoir réduit sa dette lorsqu’elle en a eu les moyens au début des années 2000. En comparaison, que dire de la Grèce qui avait triché sur les chiffres pour avoir l’euro, de l’Irlande qui avait laissé ses banques distribuer des crédits à des emprunteurs non solvables ou de l’Espagne qui a laissé gonfler la bulle immobilière qui la plombe aujourd’hui. L’Italie croule sous une énorme dette de près de 120% de son PIB et avec la crise politique qu’elle connaît, elle fait à son tour les frais de la contagion. Les taux avec lesquels le trésor italiens lèvent des fonds s’envolent… Comme on le voit notre pays n’est pas en première ligne, loin s’en faut.

Le vrai gros problème est celui de la dette américaine et il va forcément se poser à un moment ou un autre, tout comme celui de la dette anglaise. La restructuration des dettes devrait être une priorité. Cela passe par des mesures drastiques au niveau international pour empêcher les banques de spéculer et réglementer les marchés et surtout s’attaquer vraiment aux fonds spéculatifs. Autant on peut comprendre qu’on ait aidé les banques à se redresser, autant il est choquant qu’elles n’aient pratiquement rien fait pour l’économie. La preuve en est la reprise de la spéculation sur les matières premières…

Face à cette situation, la recherche d’une convergence franco-allemande est utile. Elle n’est pas suffisante. Le bon signal serait de donner à la monnaie commune un territoire politique qui lui corresponde : un état fédéral. Convenons que la crise est un accélérateur de cette prise de conscience. Encore faut-il que nos dirigeants aient la volonté politique et la capacité de convaincre les opinions publiques. A contrario, un éclatement de la zone euro nous rendrait à notre destin étriqué  avec une guerre des dévaluations compétitives et la ruine assurée de tous nos rentiers.

Heureusement, on n’en est pas là !

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

Longue vue

 

Après une pause familiale, le bloc-notes reprend du service. L’actualité est particulièrement fournie, ce qui promet quelques développements qui se prolongeront dans les jours prochains.

REMEDE DE CHEVAL. C’est celui que Cameron impose à l’Angleterre pour tenter de sortir le pays du fossé où il est allé se planter. La financiarisation exagérée n’a pas que des bons côtés. Les mesures en raccourci : l'âge de la retraite est repoussé à 66 ans,  près d'un demi-million d'emplois supprimés dans la fonction publique, la TVA  relevée de 2,5 points, à 20 % et les prestations sociales sérieusement revues à la baisse ! Et en plus, cerise sur le gâteau d’un eurosceptique, un accord exceptionnel de coopération militaire avec la France. Comme quoi les économies n’ont pas que du mauvais.

PEKIN SUR SEINE. La visite du Président Chinois Hu Jin Tao (prononcer « usine tout ») permet à Nicolas Sarkozy de concrétiser sa volonté d’aller chercher la croissance « avec les dents s’il le faut ». Près de 20 milliards d’Euros de contrats signés ou de projets mis en route, c’est tout bon pour nos entreprises et l’emploi en France, malgré tout. Silence radio de la gauche sur le sujet… Ah si, les Droits de l’Homme érigés en statuts du commandeur. Un peu maigre pour faire tourner nos usines, sauf à fabriquer des pin’s de la déclaration de 1789.

MEDIATARTE. Plenel voit des barbouzes partout. On serait tenté de lui conseiller d’arrêter le H ou la marijuana. Il n’empêche, la campagne que son site mène pour nous faire croire que nous vivons sous un régime dictatorial continue à travers toutes ses insinuations. Au point que Claude Guéant, directement nommé, sans preuves comme d’hab, s’est résolu à porter plainte. Stop ! Il faut de la transparence du pouvoir, mais quand il s’agit de « sources journalistiques », l’opacité la plus épaisse est de rigueur. Pourquoi ? parce qu’il s’agit de corruption ? de procédés inavouables ? de collecte de ragots ou de poubelles ?

BASTA ! Des milliers de fonctionnaires ont crié « ça suffit ! » dans les rue de … Lisbonne. Ils protestent contre l’austérité imposée par le gouvernement, notamment la baisse des salaires de 3 à 10%, l’augmentation de la TVA et le plafonnement des prestations sociales. Une grève générale est prévue le 24 novembre. Mais quel est donc cet affreux gouvernement qui serre ainsi la ceinture au pauvre (c’est le cas) peuple portugais ? Celui de José Socrates, socialiste si je ne m’abuse. C’est fou ce que les situations se ressemblent. Je présume que la cote de popularité du bonhomme réélu en 2009 doit être dans les 36èmes dessous… Que voulez-vous, les effets de la crise se moquent bien de la couleur des gouvernements !

PAS DE VAINQUEUR. Donc on a dit pas de vainqueur. C’est dit, c’est dit ! M’enfin, il me semble bien que la baudruche des défilés qui battent le pavé se dégonfle, que l’intersyndicale cherche une solution de sortie et bat de l’aile, et que sauf erreur, les opposants au projet n’ont obtenu ni son retrait, ni son ajournement. La gauche peut dire ce qu’elle veut, la fermeté du gouvernement a payé. D’ailleurs les sondages commencent a émettre un son différent. Il faut se méfier des sondages. Je ne retiens qu’un chiffre de celui de l’IFOP publié dans le JDD : 64% des Français pensent « qu’il fallait bien en passer par là » (62 ans) tout en ayant de la sympathie pour les manifestations. Râleurs mais conscients et résignés. On l’avait compris ! Le fil des évènements donne toute latitude au Président pour reprendre l’initiative.

BORGNE ET AVEUGLEE. Martine à la manif’ devrait moins picoler avant de battre le pavé. Du moins c’est ce qu’on pourrait penser à lire les propos incohérents et surréalistes qu’elle a tenus : « Nicolas Sarkozy est perdu. Le Gouvernement ne fait plus rien. Le pays part à vau l’eau. On ne sait plus où on va, il n’y a plus de cap… ». Elle a un oeil qui ne voit plus rien et l’autre est obstrué par la poutre… une preuve ? voilà : « Nous, nous sommes unis avec le reste de la gauche pour proposer une alternative. Voilà la différence ». Si c’est pas un gros mensonge … A force de faire le grand écart entre Hamon et Valls (pour ne parler que du PS) elle va se déchirer le périnée.

EXPLOITS. En revenant de Bretagne ce soir, j’écoutais le Club de la presse sur RTL avec comme invité… Benoit Hamon. De sa prestation idéologique de bout en bout, je retiendrai deux choses. Un : les rédacteurs des rapports du FMI sont des rigolos ou des aimables plaisantins (il faut dire qu’ils ont le culot de trouver des effets positifs à la réforme que la France vient de voter). Deux : on peut être responsable politique et porte-parole du parti d’opposition susceptible de gouverner et parler pendant plus d’une heure sans jamais évoquer la dette ! Incroyable.

LE PROBLEME C’EST LUI.  Le Gargamel de République Solitaire s’en est encore pris au Président de la République, en des termes vils et bas. S’il espère conquérir des voix à droite par ce moyen, il se trompe. En tout cas, il n’aura pas la mienne. Par contre il rend service à la gauche en servant de caisse de résonnance à ses attaques incessantes et aussi haineuses. Comme Bayrou en un autre temps. On a vu avec quel résultat.

 


CACHEZ CE CLANDESTIN QUE JE NE SAURAI VOIR !

Roms-aubry
L
a question de l’immigration est recouverte en permanence du voile pudique du « politiquement correct » par les médias et les institutions. Résultat, en France, que ce soit à la radio ou à la télévision, on n’aborde la problème des immigrés clandestins qu’en les plaignant, qu’en prenant leur défense contre toutes les mesures destinées à les contrôler et qu’en traitant le pouvoir en place de toutes les épithètes possibles, y compris les plus douteuses. Comme ceux qui ouvrent leurs grands bras généreux aux clandestins –surtout moralement- ne nous disent pas pour autant qui doit payer pour leur intégration, le reste de la population ressent leur arrivée avec inquiétude.

Quand les électeurs européens dans leur majorité n’ont pas le sentiment que leurs dirigeants prennent des mesures dissuasives pour limiter l’immigration, ils n’ont aucuns scrupules à manifester leur mécontentement dans les urnes. L’évolution récente de l’électorat européen est indicative de cet état d’esprit : les récentes élections en Suède ont permis l’entrée au Parlement du « SD » parti xénophobe ; en Belgique, l’extrême droite contribue à la fracture du pays ; au Danemark, aux Pays-Bas, en Norvège, en Hongrie les partis populistes connaissent un regain de faveur et la convergence de leurs succès devrait nous alarmer… ou nous ouvrir les yeux. La montée de l’extrême droite s’appuie essentiellement sur l’hostilité à l’immigration.

Il n’est donc pas monstrueux, au nom de la protection des minorités, de lutter contre l’immigration incontrôlée, et c’est pourquoi on fait à Nicolas Sarkozy un procès excessif et incongru : si le président doit respecter les textes des lois dont il est le garant, il a aussi le devoir, dans le cadre légal, de faire démanteler des camps non autorisés ou faire reconduire à la frontière des personnes, certainement en détresse, mais dont l’accueil systématique achèverait nos système sociaux, déjà trop déficitaires !

Le contrôle de l’immigration est le meilleur remède contre l’intolérance. Sinon, la peur irrationnelle de l’autre peut devenir dangereuse économiquement, socialement et politiquement. En Italie, Silvio Berlusconi est confronté au problème et a bien du mal à maintenir sa coalition gouvernementale avec la ligue du Nord, mouvement séparatiste et xénophobe. Flamands et Magyars, Gaulois et Teutons sont tentés de se protéger derrière le rempart de la « vieille culture » contre les dangers de la mixité. Cela rend encore plus limpide et clairvoyante l’action du Chef de l’Etat, si l’on ne veut pas demain, nous retrouver dans l’obligation de composer avec un parti d’extrême droite comme y a été contraint le conservateur Wolfgang Schüssel, en 2000, en Autriche. Car cette évolution de l'électorat, dont la fraction séduite par les thèses fondées sur l'intolérance grossit,  complique sérieusement la formation des gouvernements de centre droit qui, jusqu'à présent, exprimaient une majorité à peu près constante dans la plupart des Etats de l'Union.




MERKEL-SARKO : LE TANDEM DE TOUTE FACON.

Ils n'ont pas le même tempérament. Ils ne sont pas dans le même contexte national ni électoral. L'Allemande reste horrifiée par tout déséquilibre budgétaire et toute tendance inflationniste : reste de culture des années trente. Le Français doit gérer une dette dont il a hérité et que la crise a gonflée sans qu'il ait eu d'autre choix et ses efforts vertueux apparaissent dérisoires au regard de l'ampleur des déficits. L'une sort d'élections qu'elle a gagnée mais doit gérer une coalition compliquée. L'autre doit faire avec une élection qui se rapproche déjà à grands pas et une opposition plus démagogique que jamais. L'une avance comme un vieux diesel et a besoin de temps de réflexion, l'autre réagit au quart de tour comme un coupé sport et voudrait souvent avancer plus vite que la musique. Alors, forcément il y a des à-coups dans les relations. Surtout quand les réticences de l'Allemagne font perdre un temps précieux et alourdissent la facture comme dans le cas du traitement de la dette grecque.

Alors, peuvent-ils s'entendre ? En vérité, ils n'ont pas le choix : ils sont condamnés à s'entendre, car le couple franco-allemand est le moteur de l'Europe et l'un comme l'autre savent qu'il sont le ciment de l'Euro. Aucun des deux ne prendra jamais la responsabilité d'une crise majeure. D'ailleurs, après le report du rendez-vous de lundi, les deux protagonistes nous gratifient aujourd'hui d'une position commune sur la nécessité d'encadrer la spéculation.

Et pendant ce temps, les grands argentiers prennent des décisions qui font avancer la gouvernance de la zone Euro comme on n'aurait jamais oser l'imaginer : échange sur les paramètres des budgets nationaux, mise au point des modalités du fond d'intervention... Cela ne peut pas se faire sans l'accord des deux grands fondateurs de l'Union.

Alors, ce que les médias présentent comme des mauvaises relations dans le couple Merkel-Sarko, n'est en fait que l'écume d'une situation qui met à rude épreuve les agendas de nos gouvernants. Le report de la rencontre fait partie des choses. L'important c'est qu'elle ait lieu avant le prochain sommet européen. Et je ne doute pas un seul instant que la complémentarité de nos deux grands pays débouche sur un accord de fond, un compromis entre la nécessaire rigueur que l'Allemagne met en oeuvre, et la non-moins nécessaire obligation française de continuer à soutenir le moteur de la consommation au moment où celui des exportations, boosté par la baisse de l'Euro, redémarre, ... si on veut atteindre les objectifs de croissance.




UNE CHUTE QUI TOMBE A PIC !

                                  Euro

La monnaie unique européenne continue de se déprécier, et si cette chute peut paraître vertigineuse par sa rapidité, elle tombe à pic, surtout parce qu’elle est bienvenue. Aujourd’hui, elle a subi une nouvelle chute, tombant à un plus bas en-dessous de 1,22 dollar. Rien ne semble rassurer les investisseurs, ni les perspectives économiques de l'Europe, ni les projets des Européens pour réformer leur gouvernance économique. Et le dernier coup de théâtre orchestré par la chancelière allemande d’empêcher la spéculation sur le marché à terme n’y a rien fait. Pourtant, si la faiblesse de l'euro est le symptôme d'une perte de crédibilité de l'économie européenne, elle est en train, paradoxalement, de constituer une excellente nouvelle pour les Européens.

 

A l'heure où ceux-ci ne peuvent espérer fonder leur reprise sur la consommation intérieure, par épuisement des fonds publics disponibles, et où la défiance des marchés exerce une pression si forte qu’elle rend inévitables des politiques de rigueur, la chute de l'euro redonne aux exportateurs européens de la compétitivité, au moment même où la demande est en plein boom dans les pays émergents.

 

Dans la plupart des pays européens, les exportations ont ainsi connu une forte hausse au premier trimestre. A défaut d'une reprise interne, l'Europe est en train de s'arrimer à la dynamique du monde. Et c’est une bonne nouvelle ! Car en plus, on revient à une parité plus acceptable avec le « roi » dollar.

 

En France, le ralentissement des destructions d'emplois s'est poursuivi au premier trimestre. Mais il faut rester prudent en raison de la faible progression du PIB. Si ce n'est pas encore une vraie bonne nouvelle, c'est en tout cas un bon signe. Le ralentissement de la dégradation de l'emploi salarié constaté à la fin de 2009 s'est poursuivi, selon l'estimation provisoire publiée hier par l'Insee mais la situation est sans comparaison avec le premier trimestre de 2009, où quelque 158.300 emplois avaient été détruits. L'espoir d'un prochain atterrissage est alimenté par d'autres indicateurs. L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a annoncé la confirmation de l'amélioration du marché des offres d'emplois cadres. En outre, l'intérim continue de progresser. Cette tendance se poursuit, selon les chiffres publiés lundi par Pôle emploi, qui évalue à 3,7 % la progression de l'emploi intérimaire en mars.

 

C’est dans ce contexte que Jean-Marc Ayrault, non sans malice, lance son appel à une relance concertée de la France et de l’Allemagne pour soutenir la reprise économique et compenser les plans d’austérité. Voilà une vraie bonne idée. Encore faut-il en trouver les thèmes et les supports. Au moins un tel projet aurait-il vocation à nous sortir de la morosité engendrée par la spéculation et l’étalage des déboires financiers de nos voisins européens.

Encore, faudrait-il évoquer la présentation négative de la baisse de l’euro dont tous les médias nous abreuvent, alors qu’en l’absence de nouvelles qui le justifient, c’est plutôt une bénédiction.

 

Je trinque à l’euro à 1,15 dollar !

 

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

                                      Longue vue


Euro Europe.
Puisque nous fêtons aujourd’hui l’Europe, commençons la semaine par la fin. « L’Europe n’avance que dans les crises » affirmait Robert Schuman. Cette affirmation a souvent été vérifiée par les faits. Une fois de plus la tourmente lui aura permis probablement de faire un pas de plus vers la « gouvernance économique » qui lui fait tant défaut et que la France appelle de ses vœux. C’est pourquoi on a beaucoup vu Nicolas Sarkozy à la manœuvre lors du dernier sommet de Bruxelles. Le dispositif qui est en train d’être mis en place est d’inspiration française et a reçu le plein accord de l’Allemagne. On saura rapidement si, grâce à lui, la monnaie unique est sauvée. Le problème est que le Traité de Lisbonne n’a pas prévu le cas d’une faillite nationale. Il fallait donc tout faire pour qu’elle n’ait pas lieu. Il s’agit maintenant de repartir du bon pied.

 
Grenelle  Grenelle 2
.
Il y a ceux qui verront le verre à moitié vide, c’est le verre vert, et ceux qui le verront aux trois quarts plein. Difficile de plaire à tout le monde, surtout à ces jusqu’auboutistes verts dont le projet de société est à l’écologie ce que la chicorée Leroux est au Nespresso. La loi Grenelle 2 est votée. On en retiendra surtout des avancées concrètes  dans beaucoup de domaines, même si elle ne va pas assez loin sur le problème des pesticides, si la taxe carbone est reportée ainsi que la taxe sur les poids lourds pour favoriser le ferroviaire. Il faut dire qu’avec la SNCF, le fret, c’est le boulet. Et puis sur l’éolien, si tout n’est pas parfait, l’essentiel est préservé. On pourra toujours objecté que la procédure des sites classés est inadaptée, le seuil de 5 mâts par installation est raisonnable. La France fait des progrès et c’est l’essentiel.

Fessebouc. Toujours et encore. L’esprit de Panurge a encore frappé. Cette fois-ci à Rochefort, ou une bataille rangée entre une centaine de collégiens a commencé par des invectives banales sur le « réseau social »… De social, il n’en a guère que le nom quand on voit à quelles dérives moutonnières on en arrive. Les préfectures n’en finissent plus d’essayer de dissuader les « apéros géants » et les organisateurs inconscients ne voient pas à quels périls qui pourraient s’avérer douloureux ils s’exposent.

Bp-logo  British Pétrin. « La mer qu’on voit danser au fond du golfe noir… » Triste parodie de la chanson de Trenet. Le golfe du Mexique n’en a pas fini de subir les conséquences de l’explosion de la plate-forme pétrolière.  Voilà une première dont on se serait bien passé. Pour l’instant le désastre écologique sur le delta du Mississippi n’a pas encore eu lieu, mais pour combien de temps. Encore une fois, l’homme joue à l’apprenti sorcier. Espérons que son génie inventif permette de trouver rapidement la parade. Et souhaitons qu’une tempête tropicale ne vienne pas ajouter une catastrophe à la catastrophe.

Merkel berlin Sanctions. Il n’y a pas qu’en France que l’opinion en veut au gouvernement. Gordon et Angela viennent d’essuyer chacun dans son pays un revers électoral. En cause : la gestion de la sortie de crise. Qu’on soit blanc ou noir, quand les difficultés sont là, les électeurs sanctionnent ceux qui sont en place. Le discernement n’est pas ce qui caractérise le corps électoral quand chacun a le sentiment que son propre avenir n’est pas assuré. Gordon a fait une mauvaise campagne mais son parti a suffisamment résister pour rendre la victoire compliquée aux « Tories ». Les atermoiements d’Angela pour ménager un électorat profondément hostile à l’aide dans la crise grecque n’ont servi à rien puisqu’elle a dû se résigner finalement à l’accorder et concéder même plus avec l’accélération de la spéculation sur l’Euro. Du coup, elle a perdu la majorité au Bundesrat (Sénat allemand). Mais n’a-t-elle pas perdu la main depuis qu’elle est alliée aux libéraux ?

 


L’EURO BAISSE, ET ALORS ?


                                                Euro

Les grands industriels parient sur la reprise, avec prudence. Sur une « nette reprise » même. Les présentations optimistes de leurs anticipations de profits en sont le signe. L’embellie est liée en particulier à la reconstitution des stocks dans plusieurs filières, à un redémarrage des investissements et à la croissance vigoureuse des pays émergents.

La baisse de l’euro, provoquée par la crise grecque, tombe à pic. Il a atteint en effet son plus bas en un an cette semaine à 1,31 dollar. Ses oscillations sont d’ailleurs relativement modestes, à mettre en relation avec le poids de la Grèce dans la zone euro, avec moins de 3% du PIB.

Les seuls à s’en plaindre sont les consommateurs qui paieront leur carburant plus cher. Sinon, c’est tout « bénef’ » : pour nos exportations à l’extérieur de l’Europe notamment, et l’effet n’a pas d’incidence pour les échanges avec nos voisins qui ont le même monnaie. La parité euro-dollar devrait même approcher 1,25 d’ici la fin de l’année. Cette baisse profitera plus à la France, à l’Espagne et à l’Italie qu’à l’Allemagne dont les exportations sont moins sensibles aux taux de change qu’à la demande mondiale.

On est encore loin des 0,82 dollar de octobre 2000, qui est le plus bas historique de la monnaie européenne. Cela tient au fait que les grands investisseurs n’ont pas remis en cause la monnaie unique, tels que la Chine qui n’a pas vendu ses réserves de change en euro. Et d’autre part, le dollar est contesté comme monnaie de réserve internationale par les mêmes chinois. Cette baisse très modérée, malgré la spéculation sur le cas grec reflète la confiance bien établie des marchés dans la BCE et sa capacité à défendre la monnaie.

Il faut même s’attendre à un regain d’attractivité du dollar parce que le différentiel de croissance entre les Etats-Unis et l’Europe joue en sa faveur. Et il est possible que le trésor américain relève son principal taux directeur, aujourd’hui proche de zéro. Un contexte que l’économie européenne devrait mettre à son profit pour se relancer…. Mais c’est une autre histoire, car l’endettement des Etats va continuer à peser par les efforts d’assainissement qu’il va nécessiter. La Grèce en est un mauvais exemple, mais un exemple quand même.

 

 


ARIANE A TRENTE ANS

Ariane
La bonne vieille fusée européenne souffle ses trente bougies et connaît un succès qui ne se dément pas. C’est une vraie réussite que le « vieux continent » peut mettre à son actif et qui nous fait la démonstration que la mise en commun des énergies et des moyens permet de tailler des croupières aux autres grandes puissances.

Cela n’a pas été sans mal, ni revers. Tout le monde se souvient des lancements ratés. Projet complexe s’il en est, Ariane est née au milieu des années 70 au moment où le marché de l’espace était totalement entre les mains des Américains.  Partir à l’assaut d’un tel marché était assez audacieux. Tenaces, les Européens les ont rattrapés puis dépassés, alors qu’ils se repliaient sur leur segment militaire.

C’est une incontestable victoire technologique et commerciale construite sur la durée et qui nous prouve que l’Europe politique et industrielle est capable, quand elle veut bien s’en donner les moyens, d’investir sur le long terme et de réussir. Bien évidemment, il faut poursuivre sur la lancée (si je puis dire) avec la préparation d’Ariane 6, mais aussi en investissant dans l’énergie, l’aéronautique (les ratés de l’A 400 M montrent qu’il y a du pain sur la planche), l’automobile… Tous ces secteurs pour lesquels l’Europe a une technologie et  les moyens de tenir sa place sur l’échiquier mondial, d’autant plus avec les évolutions qui se dessinent.

Mais cet esprit européen semble s’être essoufflé. Il a besoin d’un renouveau que le Président français essaye de lui insuffler avec la chancelière allemande. Le bras de fer n’est plus seulement entre le vieux et le nouveau continent, il s’élargit à l’Asie avec la montée en puissance de la Chine, à laquelle il faudra à court terme ajouter l’Inde et la Russie…. Des pays qui possèdent des bataillons serrés d’ingénieurs disposant maintenant de moyens et de vastes marchés domestiques.  

Si l’Europe veut, l’Europe peut. A l’aube de ce 21ème siècle, Ariane reste un modèle exemplaire dont elle doit pouvoir s’inspirer pour montrer au monde qu’il faudra encore compter avec elle. Une politique industrielle européenne est non seulement nécessaire mais indispensable.


 


LISBONNE, ACTE I, SCENE 1… « CLAP ! »


Drapeau européen Drapeaux européens

Le traité de Lisbonne entre en application aujourd’hui. Un pas de plus dans la construction de l’Europe, qui va permettre de mieux parler d’une seule voix. Après un long processus de ratification, et grâce aussi à l’action déterminée de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, les nouvelles dispositions qu’il prévoit vont enfin pouvoir donner leur mesure. Inspiré de feue la constitution de Giscard, il en reprend les principales lignes de force.

C’est d’abord une clarification. Les compétences qui reviennent à l’Europe et aux états membres sont réparties selon trois types de sujet : ceux qui appartiennent exclusivement à l’Union, ceux qui sont partagés entre l’Union et les états, ceux qui restent de l’exclusivité des états. Aux états de faire savoir ce « qui fait quoi » !

C’est ensuite une capacité d’action accrue sur la scène internationale. Le vrai défi est là : La première tâche de la nouvelle représentante pour la politique étrangère et la sécurité, Catherine Asthon, est à coup sûr la mise en place d’une « diplomatie commune », tâche redoutable pour les 3000 diplomates européens. De sa réussite dépendra la crédibilité de l’Europe face aux puissants de ce monde.

C’est aussi plus de pouvoir pour les citoyens et leur représentation. Le nouveau président de l’Union a au moins un mérite : il donne un visage à l’Europe, même si, comme le disent les plaisantins, c’est celui d’un cierge. Pendant deux ans et demi, il n’aura qu’un « job », celui de représenter l’Europe. De leur côté, les citoyens pourront invoquer devant les tribunaux la protection de la « Charte européenne des droits fondamentaux » et ils peuvent même être à l’origine de propositions soumises au Conseil et au Parlement européen, à condition de recueillir l’assentiment d’un million d’entre eux.

En fait, la vraie nouveauté réside dans le rôle des deux nouveaux personnages qui viennent s’ajouter au Président de la Commission et au Président du Parlement européen. L’Europe ne peut avancer, et n’a toujours avancé, que sur des consensus. Ils étaient longs à trouver avec les « présidences tournantes » et les procédures trop lourdes avec l’unanimité sur tous les sujets. Avec le traité de Lisbonne, elle s’est dotée « d’accélérateurs de consensus » avec le Président et le Haut Représentant pour les affaires étrangères, et d’un allégement des modes de prises de décisions dans 51 domaines pour lesquelles ce ne sera plus l’unanimité mais la « double majorité » (55% des états représentant 65% de la population).

On attend le film avec impatience !



UN PRESIDENT POUR L’EUROPE

Parlement européen

M. Van Rompuy, 63 ans, avec sa présidence stable pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois, va remplacer le système actuel de présidence tournante tous les six mois, qui donnait un peu le vertige Fini le « manège » où l’on change le patron à chaque tour !

 

Fin négociateur, ce chrétien-démocrate flamand, dirige le gouvernement belge depuis un peu moins d'un an. Il s'est fait une réputation dans son pays par sa capacité à nouer des compromis entre les différentes communautés linguistiques. On mesure l’exploit ! C’est pourquoi, sur proposition de la présidence suédoise et après le revirement de Gordon Brown, un consensus s’est très vite formé sur son nom.

 

Le tout nouveau chef de l’Europe a le profil d’un sage et est connu pour ses qualités d’écoute. Autant d’atouts qu’il devra mettre en pratique dans le marigot de l’Union. Ces qualités n’avaient pas échappé à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, et cela bien avant que son nom s’impose comme favori.

 

Ses opinions sur les questions européennes sont encore peu connues, mais selon un diplomate, ceux qui pensent avoir désigné un faible qui ne leur ferait pas d’ombre pourraient être surpris par son engagement profondément européen et sa ténacité.

 

Dans sa première déclaration jeudi soir, il a affirmé que l'Europe devait jouer « un rôle important » dans le monde, mais a dressé un profil de sa fonction très modeste. Il a indiqué vouloir rester « discret », et se concentrer sur un rôle de facilitateur de compromis entre pays. Il aura en effet à préparer des dossiers brûlants comme la réforme de la politique agricole commune ou du budget de l’Union.

Herman Van Rompuy passe pour être plutôt un fédéraliste européen. Il a évoqué la semaine dernière l'idée d'un impôt vert européen, pour alimenter le budget de l'UE, s'attirant immédiatement les foudres de la presse eurosceptique britannique. Un signe plutôt encourageant, non ?

Il bénéficiera d’un salaire de 304 000 € nets par an et pourra compter sur vingt-deux collaborateurs. Le même salaire que celui du Président de la Commission, José Manuel Baroso et du Parlement européen. Il n’aura pas d’avion personnel pour ses déplacements, car le Conseil européenne dispose d’aucune flotte privée. Il disposera pour exercer son mandat d’un budget de 25 millions d’€ pour 2010, dont 12 millions pour l’organisation des Conseils et 13 millions pour ses frais de fonctionnement. Le Président de l’Europe n’est pas à la rue !



UN PRESIDENT POUR L'EUROPE

                                                ?


L'Europe n'est pas tirée d'affaire. Le traité de Lisbonne a permis de retrouver la confiance dans l'avenir et le renforcement de l'amitié franco-allemande, symbolisée fortement lundi à Berlin et aujourd'hui à Paris, constitue un adjuvant essentiel à sa bonne mise en place concrète.

Les défis qui restent à relever ne sont pas minces. Même si elle a tenté de marcher d'un même pas pour répondre à la crise, les décisions des uns et des autres n'ont pas toujours correspondu à un souci unitaire. Les déficits et les dettes se sont creusés et la crise financière et économique a marqué plus fortement les nouveaux venus dans l'Union et les plus fragiles comme l'Espagne ou la Grèce. Il faut donc parvenir rapidement à une régulation des banques pour les empêcher de retourner à leurs démons de la spéculation. Il faut tenter de réduire le plus tôt possible le chômage que la reprise de la croissance ne jugule pas et on attend de cette nouvelle Europe qu'elle ait une ambition réelle pour commencer à harmoniser les systèmes fiscaux tout en les réformant.

Il y faudra un Président politique. La renaissance de l'axe franco-allemand est indispensable pour inspirer une politique ambitieuse. Le nouveau système de gouvernance devrait être plus efficace que l'actuel, mais à condition qu'on ait un président qui prenne les décisions qui s'imposent. Une personnalité forte aux convictions européennes affirmées serait l'idéal. Tony Blair avait le profil. Pourtant son choix d'intervenir en Irak avec Georges Bush en 2003, le fait que le Royaume Uni ne soit ni dans l'Euro, ni dans Schengen ont rendu sa candidature inopportune. On s'oriente donc vers une personnalité au profil plus feutré. Peut-être est-ce sage dans un premier temps, pour rôder le nouveau dispositif. Encore faut-il garder en mémoire qu'il s'agit de faire bouger une communauté de 500 millions d'êtres humains.

L'Europe n'aura pas encore son « Georges Washington ». Un trop gros calibre aurait fait de l'ombre à un Sarkozy ou une Merkel, et cela aussi est à prendre en compte. D'autant plus que si rien ne peut se faire sans l'Allemagne et la France, qui ont décidé de se mettre d'accord pour une proposition commune, nos deux pays savent qu'ils ne peuvent rien faire sans les autres.

L'essentiel c'est que l'Europe avance. Le moteur franco allemand va jouer à plein. Il s'agit de mettre à la tête de l'Union celui qui sera à même d'en tirer le plus les avantages.




LA FIN D’UN MONDE

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Laissons Archibald à ses excès et revenons aux choses sérieuses.

Qu’elle était émouvante cette cérémonie hier soir, à la porte de Brandebourg ! Et quel plus beau symbole, vingt ans après, l’Allemagne pouvait-elle nous offrir que celui de cette femme, récemment réélue confortablement à sa tête, Angela MARKEL, issue de cette Allemagne de l’Est que le totalitarisme communiste voulait enfermer derrière son mur et ses barbelés !

C’est un message de confiance que nos recevons de l’Allemagne réunifiée. Pourtant, en ce 9 novembre 1989, quand nous vîmes devant nos yeux éberlués le peuple de l’Est pousser la muraille et déferler à l’ouest, à la joie que nous ressentions se mêlait une sourde inquiétude : et si la grande Allemagne reconstituée choisissait « l’Ost politique » ? Nous ne savions pas sur quel monde débouchait cet évènement historique. Il annonçait en fait l’écroulement de tout l’empire communiste qui gravitait autour de l’URSS. La Pologne avait joué le rôle d’éclaireuse de la route. Le putsch d’Eltsine à Moscou en fut le prolongement logique. Le "rideau de fer" avait vécu ! L'Europe n'était plus coupée en deux ! C'était la fin de l'affrontement des deux blocs et de l'équilibre de la terreur. Mais en même temps cette victoire du monde occidental nous faisait peur !

Nous attendions de la disparition de la ligne de démarcation la naissance d’une confédération germanique. Erreur : ce fut l’absorption de la feue RDA par la démocratique et prospère RFA. Nous avions sous-estimé l’état de délabrement dans lequel se trouvait la république communiste, son économie ruinée, un peuple paupérisé. Ainsi l’Allemagne réunifiée réinstalla sa capitale à Berlin, mais garda la solide démocratie établie à Bonn. Ses dirigeants, et il faut saluer le choix décisif du Chancelier Kohl, l’ancrèrent dans l’Europe en construction. Les liens établis avec la France depuis le Général De Gaulle et le Chancelier Adenauer, jamais démentis ensuite, faits de complicité entre les dirigeants et de complémentarité entre les deux pays, jouèrent sûrement un rôle majeur.

La réunification coûta très cher aux allemands de l’Ouest : une augmentation de 7% des impôts permit de faire déferler 150 milliards de Marks pour reconstruire les lands de l’Est. Malgré cela, un écart considérable existe encore, même si aujourd’hui, les différences culturelles sont pratiquement gommées. Certains ont la nostalgie de ce monde simple où l’Etat prenait tout à sa charge en échange du sacrifice de la liberté. Le chômage explique en partie ce regard que les Allemands démunis jettent sur leur passé, et la crise n’arrange rien. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui personne ne remet en cause l’appartenance à une seule nation. L’essentiel c’est que l’Allemagne d’Angela Merkel soit restée un pilier de l’Europe et contribue pleinement à son devenir.

Les prophètes de malheur se sont trompés. L’Allemagne n’a pas changé de nature en se réunifiant. Nous gardons à l’esprit ce message très fort du 9 novembre 1989 : le désir de liberté triomphe des régimes les plus cruels et des barrières les plus sophistiquées, car il n’y a rien de plus terrible que d’empêcher un être humain de penser !



OUF !

Drapeau européen 


L’Irlande a voté « oui » et le score (67%) efface complètement le « non » qui avait tout bloqué il y a un peu plus d’un an et demi. Cette fois-ci les motivations étaient inverses, en raison de la crise. Mais peu importe. L’évolution constitutionnelle inscrite dans le traité de Lisbonne est de nouveau sur les rails. Reste un écueil, celui du Président tchèque, esseulé, qui refuse toujours de signer le traité pourtant ratifié par son parlement, et qui cherche à gagner du temps en espérant une victoire des conservateurs britanniques au printemps prochain. Une course contre la montre est donc engagée pour faire entrer le nouveau traité en application dès le début de l’année prochaine.

Il est important que l’Europe soit relancée, et cerise sur le gâteau, au moment où l’on va fêter le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. Tout un symbole. Ce "oui" pourrait clore enfin un chapitre institutionnel qui n’a que trop duré. Il se sera écoulé 15 ans depuis le traité de Maastricht.

Que peut-on attendre de la « nouvelle Europe » ? Nos concitoyens n’imaginent certainement pas quel changement fondamental le traité apporte : c’est l’assurance d’une place sur la scène mondiale autrement plus crédible qu’actuellement, même si, grâce au volontarisme de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, elle a beaucoup plus parlé d’une seule voix qu’auparavant, à l’occasion de la crise. Demain elle offrira un tout autre visage  avec un vrai exécutif et une vraie gestion commune des « affaires étrangères ». C’est sans commune mesure avec la situation actuelle : un président élu pour deux ans et demi, un ministre des affaires étrangères qui ne dit pas son nom mais qui en aura les prérogatives. L’Europe qui s’annonce ce sera aussi plus de démocratie avec un parlement aux pouvoirs renforcés, et plus de réactivité grâce à des décisions plus rapides.

Bien entendu, le grand marchandage est probablement déjà commencé pour trouver un accord sur les deux postes à pourvoir et les personnalités compétentes pour  les occuper ne manquent pas.

L’année 2009 se termine donc sur une bonne nouvelle. Nous devrions en être d’autant plus satisfaits, nous Français, que notre Président n’est pas pour rien dans la décision de procéder à un deuxième referendum irlandais. Mais bon, notre opposition est coite dans ce cas-là !



LA REVANCHE

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Elle est venue plus vite que prévue ! Le destin réserve parfois ce genre de surprise. Il suffisait de voir, hier soir les mines déconfites à la mairie d’Angers pour comprendre l’ampleur de la désillusion socialiste. Mais Christophe BECHU ne se contente pas d’assurer : il fait une démonstration magistrale de son implantation dans le département de Maine-et-Loire et perce jusqu’aux confins lointains de la terre d’Armorique.

Le talent est toujours récompensé. Mais quand s’y ajoute le travail sérieux, le brio sur l’estrade et la chaleur communicative de la poignée de main… alors tous les ingrédients sont réunis pour un parfait succès. Avec plus de 27% des suffrages, il double presque le capital de l’UMP de 2004. Le contexte n’était pas le même, il est vrai : on sortait d’une déroute aux régionales. 

Voilà donc Christophe BECHU député européen. Ne nous y trompons pas, l’éloignement à l’Assemblée européenne ne conduit pas forcément au déracinement, c’est un trompe l’œil. Il peut au contraire renforcer la notoriété et donner de l’épaisseur. Désormais, il va falloir compter encore plus avec lui dans le paysage, d’autant plus que l’affaiblissement du Modem ne donne pas à Laurent GERAULT de grandes marges de manœuvre. N’écrivons pas l’histoire trop vite, mais le chemin est quand même tout tracé, non ?  « J’irai jusqu’au bout de mes rêves… » : là-dessus, on peut lui faire confiance. Et il y en a un qu’on caresse depuis 1977 !

Nul doute que ce 7 juin ne donne lieu à des reconsidérations locales. Le vote des électeurs est toujours source de sagesse pour celui qui veut bien retenir la leçon. Le moment est peut-être venu pour certains de ranger les couteaux. Ils n’en seraient pas méprisés pour autant. Bien au contraire !


                                                                           



L’UMP REGONFLEE….

  Drapeaux européens                                                         

 

C’est un succès ! On pouvait s’y attendre, mais il est là, mis en valeur par l’effondrement du PS et du Modem et la percée des Verts. Le deuxième acte du quinquennat s’ouvre donc sous les meilleurs auspices pour Nicolas SARKOZY qui échappe, et comment, au vote sanction.

C’est aussi la récompense d’un travail en profondeur commencé avec les succès de la Présidence française et qui s’est poursuivi avec une campagne sérieuse et active menée par le Premier Ministre pour soutenir des listes constituées d’européens chevronnés.

C’est enfin la condamnation de la stratégie franco-française exagérée de ceux qui voulaient ramener le vote à une sanction pure et simple de l’action du gouvernement fondée sur un antisarkozysme primaire, alors que ce n’était pas le sujet. Résultat : ceux qui ont parlé d’Europe ont été bien servis. A cet égard, la campagne menée par Europe Ecologie obtient une place justifiée parce qu’elle a su séduire un électorat désemparé par les querelles ou par un discours en boucle.

Ce qui s’est passé sur les bords est aussi intéressant. D’habitude, l’abstention favorise les extrêmes.  Ce n’est plus le cas à droite où De Villiers est réduit à lui-même et le FN contenu dans ses limites traditionnelles. A gauche, si le vote extrême progresse, il ne profite visiblement pas de la crise autant que ceux qui l’espéraient. Le NPA pâtit du non engagement de son leader et Mélanchon réussit tout juste à sauver les meubles de ce qui reste du PC et de la gauche dure du PS. Les extrêmes anti-Europe n’ont pas fait recette.

Le scrutin à la proportionnelle intégrale doit-il être réaménagé ? La floraison des listes au-delà du raisonnable, leur incapacité pour beaucoup d’entre elles à assurer le minimum « syndical » (affiche officielle et bulletin de vote) appelle à mettre en place des garde-fous. De même, dans ce type de scrutin, l’union est toujours récompensée puisque la dispersion des voix est source de faiblesse. On en a une bonne illustration avec le résultat du scrutin. C’est donc la liste arrivée en tête qui a gagné. Point barre. Les additions de scores n’ont aucun sens. A chaque scrutin sa vérité.

Enfin le taux d’abstention est trop élevé, c’est indéniable. Qu’y faire ? Dire qu’on a un déficit de communication sur l’Europe n’est pas suffisant et reste d’ailleurs à vérifier. Que les rouages de l’Union soient méconnus, c’est certain. Mais c’est vrai aussi de nombre de nos institutions hexagonales. Comme l’ont dit beaucoup d’orateurs hier soir sur les plateaux de nos chaines préférées, ce qui manque à l’Union européenne, c’est la dimension politique. C’était l’un des thèmes préférés de campagne de l’UMP et d’Europe Ecologie…. Comme par hasard ! Et puis (faut-il y voir une source de désaffection ?) le « tam-tam » médiatique ne s’est pas vraiment intéressé à cette élection. Comme quoi, le bourrage de crâne est parfois nécessaire pour susciter l’envie. Les électeurs qui ne se sont pas déplacés ont perdu une occasion de s'exprimer. Ils ont perdu le droit de se plaindre. L'Assemblée élue n'en est pas moins légitime.

Le principal enjeu était de savoir quel groupe dominerait la nouvelle assemblée : ce sera le PPE auquel adhère l'UMP.

 

                                                                 


 


J – 1

                                                Ump2009_affiche                                         

 

LE SCANDALE DES LISTES FANTôMES …et autres incongruités

P1050430 La campagne pour l’élection de nos députés au parlement européen se termine ce soir à minuit. Drôle d’ambiance par bien des aspects. Et d’abord ces curieuses listes qui ont obligé les municipalités à aligner coûteusement des panneaux officiels par dizaines sans qu’ils soient honorés d’une affiche. Est-ce ainsi qu’on respecte l’électeur ? Et il paraît que nombre d’entre elles ne fournira même pas le bulletin de vote… Ces listes fantômes sont un scandale, un dévoiement de la démocratie qu’elles contribuent à discréditer. Quand on ne représente que soi-même ou peu de choses, qu’on n’a pas les moyens, on ne sollicite pas les suffrages de ses concitoyens. 

La fin de la campagne a enfin débouché sur quelques débats médiatiques. Il était temps que les médias s’intéressent enfin au débat européen. Mais comment faire un plateau avec autant de têtes de listes sous le contrôle tatillon du temps de parole comptabilisé par le CSA ? Et que dire des messages audiovisuels de la campagne officielle, sinon qu’ils sont à la propagande ce que la bonde d’évier est à l’érotisme ! On aura assisté quand même à un peu de spectacle, assuré par deux troublions de notre politique nationale : le gaucho devenu vert et l’Iznogoud orange. Mais on s’en serait bien passé. Comme toujours, les électeurs qui confieront leur vote à ce type de personnage prennent le risque de connaître une déception à la hauteur de l’outrance du discours.

Europa  Et pourtant, l’Europe mérite mieux. L’histoire ne se répète pas, mais les mêmes causes provoquent toujours les mêmes effets. La crise de 1929 nous a atteints en 1932 avec son cortège de chômeurs en France et en Europe, la montée des fascismes comme recherche éperdue de solutions, et celle des protectionnismes pour protéger les monnaies, et avec eux les tensions qui ont débouché sur la 2ème guerre mondiale. Imaginons un peu que nous n’ayons pas construit l’Europe, que nous n’ayons pas l’Euro comme bouclier commun… face à cette crise dont on dit qu’elle est plus grave que celle que je viens d’évoquer. Alors on mesure les bienfaits du travail accompli depuis 50 ans.  Ensemble, c’est visible, nous sommes plus forts pour y faire face. Si seulement nos jeunes pouvaient en avoir conscience !

C’est en pensant à tout cela, que demain j’irai voter. Avec conviction et confiance. Et aussi parce que je ne veux pas n’importe quelle majorité au parlement européen !


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