CRISE EUROPEENNE : CE QU’IL RESTE A FAIRE
14 octobre 2011
Les Européens avancent. Le vote du parlement slovaque permet aux accords du 21 juillet d’être ratifiés et de renforcer le FESF comme prévu. Les institutions européennes sont ainsi faites que la politique y a besoin de temps. Les rencontres de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel et les annonces qui s’en sont suivies ont permis à la fois des avancées et de calmer l’impatience des marchés.
Quelles sont les prochaines étapes décisives ?
Le vote du Bundestag. Après le vote positif sur les accords du 21 juillet, le Bundestag devra encore se prononcer sur la contribution allemande au plan d’aide financier de 109 milliards à la Grèce. Et ce ne sera que le mois prochain.
Verser 8 milliards à la Grèce. D’ici là, Athènes qui devait dégager de nouvelles recettes pour respecter ses objectifs budgétaires en 2011 et 2012, devrait recevoir la sixième tranche d’aide de l’Union européenne, dès que la « troïka » de ses créanciers aura avalisé les nouveaux comptes publics grecs. Un chèque de 8 milliards est en attente, sous le coude des ministres des finances de l’Eurogroupe. La Grèce en a besoin d’urgence pour faire face à ses échéances.
Renforcer le FESF et les mécanismes de stabilité. Parallèlement se tiennent des réunions pour examiner les moyens du FESF dont de nombreuses voix soulignent les volumes insuffisants en cas de contagion de la crise à l’Italie et à l’Espagne. Voilà du grain à moudre pour le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu le 23 octobre. Il est possible qu’à cette occasion, ils anticipent le lancement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) prévu normalement pour juillet 2013. Doté de 600 milliards d’euros, il pourrait voir le jour dès la mi-juin 2012. Avec un avantage décisif : il prévoit un défaut organisé d’un Etat de la zone euro.
Recapitaliser les banques, attaquées par les marchés. La recapitalisation des banques est devenue une urgence. Les dix-sept devront décider quelle part des ressources restantes après le deuxième plan d’aide à la Grèce devront être consacrées à cette nécessité. Avec en corollaire, l’ampleur de cette recapitalisation : toutes ou seulement les plus fragiles d’entre elles. Un équilibre à trouver, car il faut conserver des ressources pour les consacrer au rachat de la dette secondaire des Etats attaqués par les marchés. C’est pourquoi il est important de définir le plan de participation du secteur privé qui a été inclus dans l’accord du 21 juillet. Une question qui pose le problème de la décote supportable de la dette grecque (le « défaut ») qui passerait de 21% prévu le 21 juillet, à 50% comme on semble s’orienter aujourd’hui. Alors que dans le même temps, l’Institut de Finance International, association réunissant les banques du monde entier, n’a toujours pas communiqué sur la proposition de sa restructuration de 135 milliards d’euros. Dire que les banques sont réticentes est un mot faible. Sur le front des recapitalisations bancaires Bercy est serein : les établissements français peuvent se débrouiller seuls et il n'est pas nécessaire de mobiliser l'argent du contribuable. L'objectif est de frapper les esprits avec un montant suffisamment élevé pour casser le cercle vicieux de la défiance. La barre ne doit cependant pas être trop haute pour limiter l'intervention des Etats.
La coordination avec le G20 et le FMI. La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G20 évoque ce soir la résolution de la crise européenne. Dans ce cadre, la France, qui préside, est en faveur d'une transformation du FESF créé en mai 2010 pour aider la Grèce, le Portugal et l'Irlande en une... banque. Cette solution présenterait l'avantage d'avoir accès au guichet de la BCE. Pour l’heure, la France et l’Allemagne sont opposées à l'augmentation de sa taille, préférant jouer sur l'effet de levier sans qu'un nouveau processus parlementaire soit nécessaire. Si le principe d’un défaut sélectif de la Grèce est acquis, on ne veut pas d'un événement de crédit qui déclencherait le paiement des contrats de couverture « credit default swap ».
La stratégie européenne. Elle commence à se préciser. Elle repose sur un « choc de confiance » en trois temps : recapitalisation des banques européennes; effacement d'une part plus importante que prévu de la dette grecque détenue par les créanciers privés; renforcement de la « puissance de feu » du FESF.
Cela n’empêchera pas qu’il faut songer à améliorer le traité de Lisbonne qui n’est absolument pas adapté aux temps de crises. Ah, si on avait voté la « constitution »… n’est-ce pas Mr Fabius ? Les solutions à la crise, en ce moment, il y a ceux qui en parlent (beaucoup) facilement.
... Et il y a ceux qui la gèrent. C’est moins facile, évidemment !
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