HISTOIRE
Previous month:
octobre 2020
Next month:
décembre 2020

LE POINT SUR LE "QUOI QU'IL EN COÛTE !" (3) CE QUI ATTEND LA FRANCE

Dette publique

La monnaie magique.

Les Français ont découvert à l'occasion de cette crise qu'on pouvait sortir d'un chapeau, comme  dans les tours de magie, des centaines de milliards d'euros pour aider tout le monde. Depuis des semaines ils assistent à une avalanche de distributions d'aides. Du financement du chômage partiel aux aides aux entreprises en passant par ce qui a été annoncé par Macron : le versement d'une partie du chiffre d'affaires perdu en 2020, notamment pour les restaurateurs, et autres secteurs qui ont été confinés. Avec un principe simple : vous ne travaillez pas mais vous êtes payés. Votre activité souffre de la crise mais vous êtes compensé partiellement. Vous avez besoin d'aide, on vous la donne. Sans parler des prêts comme les PGE (Prêt Garanti par l’Etat) dont une bonne partie ne sera probablement pas remboursée. Les États sont tous intervenus pour soutenir l'économie. Même l'Amérique ultra libérale. Le tout est de savoir si ces aides, au demeurant très coûteuses pour l’Etat, seront suffisantes pour ceux qu’elles prétendent sauver. On risque d’être  loin du compte pour de nombreux établissements. Pourtant, Nous avons mis en place le système de loin le plus généreux de toutes les grandes puissances économiques mondiales. Cela n’empêche pas ou fait que nous sortons plus affaiblis économiquement de la crise, surtout de la deuxième vague, que l'Allemagne, la Chine, le Japon, les États-Unis. En France, en 2020,  pour la première fois, le volume de la dette excédera le produit des impôts : 260 milliards empruntés à bon compte contre 250 milliards de recettes fiscales. Et il y a un énorme risque, car nous sommes  en France, et en France, tout ce qui a été fait un jour de façon exceptionnelle à de grandes chances de devenir un ACQUIS. Il ne faudrait pas surtout pas que ce qui a été  fait, exceptionnellement, pendant la crise sanitaire ne devienne des acquis sociaux.

Le retour aux réalités.

C’est qu’il va falloir expliquer à partir du deuxième semestre de 2021 que nous devons faire des économies et réduire notre déficit. Ce sera d’autant plus difficile que le gouvernement n'a pas été capable de réduire les dépenses publiques AVANT la crise et avec une conjoncture favorable, pas  plus qu’il n'a pas été capable d'imposer des réformes nécessaires comme la réforme des retraites. Il va falloir expliquer qu'il faut faire des sacrifices et des économies allant de 2,5 à 10 milliards d’€ alors qu'on a créé artificiellement, et apparemment sans conséquences négatives, des centaines de milliards. Une tâche d’autant plus difficile à l'approche des élections, avec en embuscade des  irresponsables  comme ceux de la France insoumise. Et que ferons-nous si nos voisins allemands, une fois la crise terminée, exigent un retour à la normalité, à l'orthodoxie financière... C’est que les entreprises ont vu leur dette financière grimper en moyenne de 25% de leur valeur ajoutée annuelle. C’est plus que les 20 points de PIB pour l’augmentation de la dette publique. Il faut ajouter à ce passif 27 milliards de dette sociale ou fiscale (reports de charges) qui devront être honorés sauf à faire faillite.  Même les PGE sont des prêts, pas des dons. Il en a été distribué 120 milliards d’€, un montant qui fait froid dans le dos car il exprime la grande vulnérabilité financière des entreprises françaises adeptes du « capitalisme sans capital » qui n’est autre qu’un catastrophique manque de fonds propres.

La reprise.

Le schéma le plus fréquent pour nos entreprises sera Le K, ce qui veut dire qu’il va y avoir trois catégories d'entreprises endettées. Celles dont l'activité est condamnée et qui ne survivront pas : leur dette ne sera pas remboursée et les banques devront s’asseoir sur leurs pertes. Celles dont l'activité a souffert conjoncturellement, mais qui vont s'en sortir et qui rembourseront progressivement leurs dettes, dont une partie sera probablement transformée en capital par le biais des prêts participatifs. Et enfin celles qui ont emprunté par précaution, mais n'ont pas besoin de l'argent, comme les PGE, et qui les rembourseront rapidement. Une fois qu’on a dit cela, on n’a rien résolu. Car pour le gouvernement, il y aura des opportunités à saisir. Sa priorité absolue devrait être l’objectif d’une croissance forte et qualitative pour compenser les pertes d'emplois et les entreprises sinistrées. Il faut éviter l’écueil de la relance par le pouvoir d’achat car les ménages ne consomment pas une part suffisamment significative de produits français. Il faut orienter la relance vers la production des entreprises en approfondissant la politique de formation des salariés et en encourageant les innovations. Il faut aider d'autant plus les entreprises qu'elles vont sortir de la crise avec une structure bilancielle alourdie par la dette Covid.

Une baisse massive des impôts.

Le  meilleur moyen pour créer les conditions d’une croissance forte serait de baisser massivement les impôts des entreprises pour stimuler leur capacité à investir, les aider à élargir et améliorer leur  production. C’est d’autant plus justifié que nous cherchons à « relocaliser » les  activités. Réindustrialiser  le pays,  c’est accepter au préalable de libérer les entreprises de la fiscalité qui pèse sur le processus de production. Ainsi, baisser massivement les impôts pour accompagner la sortie du covid, est le meilleur moyen de redonner un élan à la France.  C’est possible parce que la France se finance à des conditions exceptionnelles et la période des taux bas devrait durer si l’on en croit les banquiers. Après l’endettement pour amortir le choc sanitaire et social, il faut prolonger l’endettement pour générer une croissance forte qui fera baisser  le chômage, rentrer les cotisations, augmenter les salaires et mettra la France en situation d’équilibrer progressivement ses finances. Ce que l’Etat perdra en revenus par la baisse des impôts, il le regagnera largement en TVA et en recettes générées par la croissance. Tous les pays qui l’ont fait ont pu le vérifier. Le seul obstacle à la baisse des impôts est politique. Qui baisse les impôts en France est immédiatement accusé de faire le jeu des riches.  Une lâcheté intellectuelle qui condamne sans procès ceux qui se sont enrichis au prix du travail, de  leur créativité et des risques qu’ils ont pris. Quelqu’un pourra-t-il dire à Mélenchon que sa candidature est inutile. La France  est déjà un pays collectiviste  avec une bureaucratie digne de feu l’Union soviétique.  Il ne pourrait faire mieux ou plutôt pire. En effet avec la fiscalité la plus lourde d’Europe, des  niveaux  de prélèvement inégalés, des dépenses publiques à 65% du PIB, son enchevêtrement de lois et de règlements,  son commissariat au plan, que pourrait faire de plus le leader de la France insoumise sinon aggraver une fiscalité déjà inique par sa répartition et achever de ruiner notre économie. Au contraire, il est temps de repenser notre  modèle pour libérer, décentraliser, responsabiliser, faire confiance au marché…  plutôt  que de dicter les comportements ou créer des systèmes uniformes qui aboutissent inexorablement à moins d’égalité et plus de pesanteurs.

Plus que tout, la France a besoin d’un choc psychologique de confiance et d’encouragement.

 


LE POINT SUR LE "QUOI QU'IL EN COÛTE !" (2) LES BOURSES

Economie  bourse

(2) LES COURS BOURSIERS

Le secrétaire d'état à la Présidence du Conseil italien, Riccardo Fraccaro, a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ou espèrent sans le dire : « La BCE devrait envisager d'effacer la dette publique qu'elle achète pendant la crise ». Cela rejoint ce  que je vous expliquais précédemment sur la  dette. J’aurai l’occasion d’y revenir. La bourse, elle, se maintient à des niveaux  complètement en décalage avec la situation économique. A Paris elle reste accrochée aux 5 000 points malgré la crise. Une question simple et de bon sens se pose alors : pourquoi la bourse est-elle à des niveaux élevés alors que la crise sanitaire a provoqué une crise économique sans précédent ?

Anticipation ?

L’explication la plus courante qui est apportée est que la Bourse « anticipe ». Les investisseurs se positionneraient déjà dans « le monde d'après ». Elle anticiperait les vaccins, la fin de la pandémie et même un retour de l'économie à la normale à partir de l’été prochain. Cette explication est loin d’être satisfaisante, d’autant  plus qu’un brouillard épais continue d’empêcher d’apercevoir suffisamment les contours de ce « monde d’après » et personne n’est capable de dire ce que sera la pandémie même après la vaccination. Or les investisseurs aiment les certitudes, ce qui ne les empêche pas de rester vigilants. Ainsi, Les bourses mondiales ont chuté le 21 septembre. C'était la crainte de la deuxième vague du Covid qui avait déclenché cette mini-panique. Il a suffi,  par exemple, que la BCE annonce qu’elle ferait ce qu’il faut, pour que la  situation se stabilise aussitôt. A contrario, on a vu lors de la première annonce d’un vaccin que les titres valorisés lors du confinement ont été massacrés et ceux du « monde d’avant » ont connu un bond à la hausse spectaculaire. Les marchés restent donc sensibles aux mauvaises nouvelles et il faut peu de chose pour provoquer une baisse violente. Pourtant, cela reste dans des limites qui n’ont rien de catastrophiques. Rien à voir, par exemple, avec l’effondrement de 2008. En réalité, les investisseurs oscillent entre euphorie et inquiétude. Euphorie quand ils pensent au rebond de l'économie après la crise du Covid, aux centaines de milliards distribués gratuitement par les banques centrales, aux espoirs de vaccins et aux plans de relance. Inquiétude quand ils pensent à l'épidémie, aux secteurs qui ne se sont toujours pas relevés de la crise, aux faillites à venir et à la hausse annoncée du chômage. Ces mouvements erratiques ne s’expliquent donc pas par  la réalité de ce que vivent les entreprises.

Alors, la liquidité ?

la seule explication valable qui explique tout, c'est la liquidité. Les bourses mondiales sont déconnectées des valorisations réelles des entreprises. On le voit en particulier avec les valeurs dites de croissance, les valeurs « growth » qui atteignent des valorisations stratosphériques. En première ligne les GAFAM. Si les Bourses sont à ces niveaux, c'est que les banques centrales ont injecté des torrents de liquidités et qu'elles vont continuer à le faire, c'est que du fait de ces injections massives, les taux d'intérêt sont nuls ou négatifs. Pendant des décennies, le FMI et les banques centrales ont mis la pression sur les gouvernements pour réduire leurs dépenses publiques, équilibrer leurs budgets et réduire leurs dettes. Le FMI n'accordait ses aides qu'aux pays qui adoptaient des programmes d'austérité. Aujourd’hui C'est tout le contraire. Les banques centrales, comme la FED ou la BCE, mettent la pression sur les gouvernements pour adopter de nouveaux plans de relance et menacent de ne pas injecter de liquidités gratuites si les états n'augmentent pas leurs dépenses, n'aggravent pas leurs déficits et ne font pas exploser leur dette. Et ces liquidités qui inondent les marchés financiers cherchent du rendement. Alors voilà TINA qui se manifeste : « There Is No Alternative » à la Bourse quand les taux d'intérêt sont négatifs, l’argent ne sait pas où aller se placer. Or, les bourses offrent encore des  possibilités de spéculation. Nous sommes dans une bulle de liquidités. Quand cela va-t-il s'arrêter ? La réponse est finalement assez simple, basique même. Si la Bourse monte du fait de l’injection de liquidités massives, elle baissera quand les banques centrales injecteront moins de liquidités, quand l'économie ira mieux. C'est là encore un paradoxe total. Mais si on y réfléchit bien, c'est évident. Quand l'économie ira mieux, les banques centrales seront plus sages, elles remonteront les taux d'intérêt progressivement, mais elles n'auront plus besoin d'injecter autant d'argent. Si l'économie va mieux, du fait de l'effet retard sur la consommation et les investissements, du fait de la fin de la pandémie, on pourrait même avoir un rebond momentané de l'inflation, ce qui freinera encore un  peu plus les banques centrales. C’est à partir de ce moment-là que le stock de dette deviendra problématique, surtout pour les  pays fortement endettés comme le nôtre.

Cela fait partie du sujet suivant :  qu’est-ce qui nous attend ?

 


LE POINT SUR LE « QUOI QU’IL EN COÛTE ! » (1) LA DETTE

Dette  mondiale

 

La situation en France fin novembre.

Après le plan de relance à 100 milliards d’euros, le gouvernement a mis 20 milliards de plus sur la table pour faire face au reconfinement. Mais depuis la fin octobre, les annonces de rallonges pour donner un os  à chaque chien qui aboie n’en finissent plus de pleuvoir. Il s’agit de muscler les aides aux entreprises  et aux Français les plus précaires. L’aggravation de l’épidémie refait plonger les comptes publics dans une spirale négative. Le déficit est attendu à plus de 11% du PIB à la fin 2020, autour de 250 milliards d’€, mais l’inquiétude porte surtout sur l’exercice 2021 : la croissance sera loin d’atteindre les 8% espérés et devrait se limiter à 5%. Depuis mars dernier, le Covid a déjà coûté 186 milliards d’€ à l’Etat soit 100 milliards de pertes de recettes du fait de la chute d’activité et 86 milliards d’€ de mesures d’urgence. La dépense publique culminera à 65% du PIB et restera à un haut niveau alors que la base fiscale va fondre avec la baisse durable de la  production des entreprises et des revenus des ménages. La  dette publique frôle les 120% du PIB. Au bilan : 11% de récession, 11% de déficit, 11% de chômage.

Pour comprendre la situation, nous examinerons successivement le rôle des banques centrales dans l’explosion de la dette des Etats, puis les raisons qui expliquent l’envolée des cours boursiers  avec TINA (There Is No Alternative) et enfin ce qui attend la France et l’Europe.

 

(1) LE RÔLE DES  BANQUES CENTRALES

Première préoccupation : la dette.

Quand la crise sanitaire sera terminée nous découvrirons l'étendue des dégâts qu'elle a causés. Et un des éléments les plus frappants sera sans conteste la dette massive que l'économie mondiale devra assumer. À la fin de l'année 2020, la dette mondiale aura dépassé les 277 000 milliards de $. Avec une hausse de 15 000 milliards juste pour l'année 2020. Il est difficile de se rendre compte de ce que ça représente tant les chiffres sont énormes : 365% du PIB mondial. C'était 320% à la fin de 2019. Les États se sont massivement endettés pour soutenir l'économie  de même que les entreprises, en particulier dans les secteurs exposés, principalement auprès des États. Cela dit, la dette n'est pas un problème pour les États tant qu'il n'y a pas d'inflation. Les pays développés bénéficient de taux particulièrement bas quand ils ne sont pas négatifs. Ils bénéficient de la confiance des investisseurs et du soutien massif de leurs banques centrales qui absorbent la dette. Celle-ci devient un problème si un pays (ou une zone) est plus exposé(e) qu'un(e) autre, par comparaison, ou si l'inflation dérape. Mais, pour l'instant, dans la plupart des grandes puissances économiques, il n'y a pas d'inflation. Au contraire, il y a une double déflation comme je l’ai déjà expliqué : la déflation structurelle liée à la démographie, à la technologie et à la révolution sociétale, et une déflation conjoncturelle liée à la crise du Covid.

La toute-puissance des banques centrales.

Les banquiers centraux étaient déjà largement intervenus pour inonder le monde de liquidités et baisser les taux à zéro voire en dessous. La nouveauté c’est que cette  année nous avons découvert que leur pouvoir était illimité. Dès le début de la crise sanitaire, les banques centrales ont mis en place des rachats massifs de dettes d'États ou d'entreprises pour soutenir l'économie mondiale, avec des montants de plus en plus importants. Comme cela n'a pas suffi, elles sont rapidement passées à la vitesse supérieure en n'indiquant plus de montants  et en annonçant que leurs interventions seraient illimitées. Les banques centrales dirigent de fait l'économie mondiale d’autant plus qu’on sait qu'elles maintiendront les taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas très longtemps, et aussi longtemps que nécessaire. Elles incitent même les gouvernements à faire des plans de relance, à creuser les déficits, à augmenter leurs dettes qu’elles s'engagent à financer par les rachats massifs de dettes d'États mais aussi de dettes d'entreprises, et en commençant à distribuer de l'argent directement, de « l'helicopter money ».

Le pouvoir des banques centrales est-il vraiment illimité ?

La question se pose en effet. Si c'était le cas, on pourrait aller jusqu’à imaginer qu'une fois sortie de crise, on continuerait à faire tourner la machine à déficit et la planche à billets. Beaucoup se demanderaient pourquoi les gouvernements devraient faire des économies et pourquoi ne pourraient-ils pas distribuer encore plus d'argent puisqu’il est gratuit et que leurs déficits et leurs dettes sont financés par les banques centrales. D’autant plus que les économistes ne sont d'accord sur rien, notamment sur le fait qu'on puisse indéfiniment laisser la dette des États déraper. Certains pensent qu'il faudra bien rembourser un jour, d'autres qu'on ne remboursera jamais et qu'on transformera les dettes en « dettes perpétuelles » ou qu'on annulera tout simplement les dettes d'États détenues par les banques centrales. Ce  débat n’est pas nouveau. Les uns pensent que les banques centrales pourront toujours continuer à créer de la monnaie tant qu'il n'y aura pas d'inflation, or nous sommes en pleine déflation structurelle et conjoncturelle. Les autres pensent que l'inflation finira un jour par rebondir et que le jour où l'inflation commencera à rebondir sera le jour de vérité.

Comme le dit François Lenglet, «  lorsque nous aurons consommé la crédibilité à la fois de l’Etat et de la banque centrale, il n’y aura plus qu’à aller voir sur la lune. Le krach est la première route possible. La deuxième est l’inflation ».

 

 


L’ORACLE A PARLE !

Macron déconfinement 24 nov

Pourquoi se presser les méninges puisque Nicolas Beytout dans l’Opinion, résume mieux que je ne l’aurais fait le "Macron Circus" d’hier soir. Je lui cède donc la place :

« Si l’objectif était de donner un cap, une trajectoire, alors c’est mission accomplie : nous avons vu mardi soir un président de la République transformé en lecteur d’une carte routière, détaillant les temps de parcours, les carrefours, les étapes, les points d’intérêts et jusqu’aux horaires d’ouverture des magasins croisés sur sa route. Quel étrange exercice que celui d’entendre le chef de l'Etat descendre dans un tel niveau de précision, et –c’est un comble— s’en excuser. Il faut dire que la situation créée par le second confinement était devenue tellement incohérente qu’il fallait casser le doute dans l’esprit des Français. Et comme le diable avait pris ses quartiers dans les détails, il fallait bien plonger dans l’infiniment petit.

Nous voilà donc entrés dans un confinement d’un nouveau genre, une forme de saison 4 après celles du printemps, du couvre-feu de l’automne, et du reconfinement de novembre. Un confinement d’où pourront enfin plus ou moins s’échapper tous les commerçants, essentiels ou non, , les services à domicile et les lieux de culte. La pression était devenue trop forte, et le coût économique trop lourd pour continuer à ignorer les protestations de tous ceux qui, comme le dit Emmanuel Macron, « ne veulent pas être aidés, mais veulent travailler ». Quant aux restaurants, aux bars et autres lieux de fête, ils seront plus généreusement indemnisés qu’ils ne l’avaient probablement jamais imaginé. En somme, pour apaiser les tensions et tenir jusqu’au vaccin, c’est la règle du « un râleur, une solution ».

Reste que les aides annoncées tardent à arriver et que  les trésoreries sont à sec, surtout chez les tenanciers de bars et les restaurateurs.  Indemniser  à 20% du CA, c’est  beaucoup pour les caisses de l’Etat, mais une goutte d’eau dans la mer pour des établissements qui auront été  fermés près de six mois sur 12. Combien pourront rouvrir le  20 janvier, l’hécatombe risque d’être au rendez-vous.

Autre défi sur lequel l’exécutif, qui veut tout piloter d’en haut, risque de  buter : la  vaccination.  En dehors du fait qu’on sait qu’elle ne sera pas obligatoire et que les vaccins devraient être au rendez-vous,  c’est sur l’organisation pratique qu’il sera jugé. Si les pilotes sont la Sécu et les  ARS  comme pour le « tester-tracer-isoler », le pire est à craindre. Un pari stupide qu’une volonté affirmée de décentralisation aurait pu éviter. Mais comme on a un « Monsieur Vaccination » national qui a été nommé pour être en charge de l’opération, un énarque sûrement, tout va bien ! N’a-t-on pas comme Premier Ministre l’ex « Monsieur Déconfinement » ( Vous savez, ce monsieur plein de certitudes qui a inventé l’eau chaude et le fil à couper le beurre)…

Je laisse la conclusion à Nicolas Beytout : « Après avoir eu tant de difficultés avec les masques, le gel, les tests, la campagne de vaccination sera le vrai, le dernier révélateur de la capacité du gouvernement à gagner la guerre contre le virus. Et si la carte routière nous amène à destination, c’est de cela qu’on se souviendra. »

Autrement dit, à un an de l’échéance, pour Macron, ce sera une manière de jouer la Présidentielle à la « roulette russe ». Après tout si ça l’amuse !

 


EN ATTENDANT L’ORACLE !

Macron voeux 2020

 

A quoi cela sert-il d’annoncer une semaine à l’avance la prise de parole du Président ?

Tout bonnement à occuper  les  médias  qui ont fait défiler tous les faux experts pour les  sonder  sur ce que devraient être les annonces dont ils  n’ont pas connaissance au moment où ils parlent, et surtout faire toutes  les supputations  possibles au cours de débats  aussi inutiles que fastidieux. Secondement, la période est  mise à profit par l’exécutif pour lancer des pistes et autant de ballons d’essais afin de choisir les décisions qui paraîtront les  plus lucratives pour la popularité de l’intéressé, et finalement faire  croire qu’il a un cap, élément de langage qui revient beaucoup depuis quelques jours, alors qu’il  ne fait que suivre la  pandémie,  l’œil  rivé aux stats que Véran lui passe et à la courbe des sondages.

Mardi, nouvelle séance de « Au théâtre ce soir » !

Le 24 novembre à 20h l’oracle va parler.  Pour ne pas dire grand-chose, puisque depuis trois jours, via Castex et Attal, tout ou presque a déjà été dit.  Mais Manu a besoin de se sentir chef et suivi.  C’est certain, il  aura encore ses 25 millions de pigeons devant la lucarne magique  à boire ses  paroles à l’affût de  l’annonce qui simplifiera la vie à tel ou tel.  Mais pour ceux que cela inquièterait, ce ne sera pas la dernière séance.  Car il va faire durer le plaisir : à savoir qu’il devrait  exclure le « déconfinement » !  Il s’en est ouvert dans les colonnes du JDD d’aujourd’hui  avec le ton  martial du chef de  guerre déterminé qu’il n’est pas. Et il  nous prévient déjà pour que nous ne soyons pas  déçus : « Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin. Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap. Savoir ensemble où nous allons et comment y aller (ça on aimerait bien le savoir). C’est difficile, car la pandémie est par essence imprévisible et mondiale (donc on ne sait pas où on va). Mais c’est la clé de la confiance, qui elle-même est la clé du succès. » Du pur Macron, tout et son contraire  dans la même  phrase. Autrement  dit le cap, c’est qu’il n’y en a  pas. Et c’est normal.  Comment  pourrait-il y en avoir un ? Il faudrait  une boussole, mais  la  sienne indique le Nord et le Sud « en même temps » !

Faire durer la comédie.

Pour instaurer un simulacre de confiance, il faut donner des gages de crédibilité dans  la  gouverne. On fait donc dans la dramatisation. Donc, Macron ne va pas nous promettre des lendemains qui chantent. Pour le Président, le déconfinement est totalement exclu et il ne prononcera même pas le mot lors de son allocution. Il fera un état des lieux de l’épidémie,  comme si on ne le connaissait pas, alors qu’on a droit à un récapitulatif quotidien, et annoncera des mesures d’allégement du confinement. Quelques bonnes nouvelles dont on nous a déjà largement abreuvés. Il détaillera les modalités de réouverture des commerces « non essentiels »  et nous expliquera très certainement comment les fêtes de fin d’année vont se dérouler. On attend avec impatience de savoir si on pourra recevoir la famille et  combien on pourra être à table. Par décret, comme pour le sapin. L’annonce de la réouverture des lieux de culte devrait également se faire ce mardi. D’abord, ils n’étaient pas fermés, mais ceux qui veulent pourront enfin retourner assister aux messes. Un petit mot pourrait également être prononcé pour les grands perdants de cette période : les bars, restaurants et les lieux de culture qui ne devraient pas pouvoir réouvrir avant Janvier. Mais teasing oblige : tout n’a pas été préannoncé. Le chef s’est réservé quelques précisions : par exemple, les stations de sport d’hiver vont-elles pouvoir ouvrir, pourra-t-on réveillonner le jour de l’an, ….  Bah oui, sinon, bonjour l’audimat.

Damage de piste.

Le gouvernement a aussi envoyé son minet au charbon, dans le même journal. Le « porte-parole »,  Gabriel Attal précise en effet  que « les assouplissements » au confinement se  feront en trois étapes au regard de l'évolution sanitaire et des risques liés à certaines activités : d'abord autour du 1er décembre, puis avant les congés de fin d'année, puis à partir de janvier 2021. Mais nous sommes prévenus d’ores et  déjà : le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi ! Une attestation pour se déplacer sera toujours nécessaire au-delà du 1er décembre, avait déjà déjà surenchéri le Premier ministre Jean Castex, mais le rayon d’un kilomètre ne serait plus maintenu pour prendre l’air. Attal juge par ailleurs « intéressante », « à titre personnel », la possibilité de rendre obligatoire l'isolement des cas positifs et des cas contacts, rajoutant  « Beaucoup de nos voisins l'ont fait et j'entends des Français qui estiment subir des contraintes qui pourraient être allégées si nous concentrions les efforts sur les chaînes de contamination ». Un avis dont le Président et son Premier Ministre  pourraient s’inspirer, d’autant plus que Les Républicains le réclament à cor et à cris. Mais il  est gonflé quand il affirme que les oppositions, « à défaut d'un esprit constructif » se sont « retrouvées au sein d'un conseil de défiance ».  Tellement facile de faire siennes les  propositions qui en émanent pour ensuite refuser en débat dans les Assemblées  toute proposition qui ne vient  pas de la Majorité.  En voilà encore un qui, au bal des faux-culs, ne ferait pas banquette.

On verra si,  sur la vaccination, ils auront su anticiper. Le ratage  complet de l’opération « tester, tracer, isoler »   ne plaide pas en leur faveur.

 


UNE HEURE PAS PLUS ET UN KILOMETRE A VOL D’OISEAU…

Périmètre 1 km001

 

Monsieur Pichot s’apprêtait à sortir. Comme chaque jour depuis le « reconfinement », il était en train de remplir scrupuleusement son formulaire d’autorisation de sortie pour « déplacement bref dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, lié soit à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique collective et de toute proximité avec d’autres  personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie ». Le texte était précis et ne prêtait pas à la moindre fantaisie.  Il ne risquait pas de rejoindre un groupe de sport collectif n’étant inscrit à aucun club, ni de sortir un animal de compagnie auquel il avait renoncé depuis longtemps.  Restait la  promenade. D’habitude il se contentait de faire un tour dans son jardin, ce qui lui suffisait amplement pour prendre l’air, surtout à la mauvaise saison, mais avec le confinement, il avait une envie irrépressible de jouir du peu de liberté que l’Etat « providence et protecteur »  lui laissait encore. 

D’ailleurs, malicieusement, après avoir rempli un premier formulaire, il s’attela au remplissage d’un second  sur lequel  il inscrivit un horaire enchaînant avec le premier et cocha avec une satisfaction intérieure qu’il ne se connaissait pas la case « déplacement pour effectuer des achats de première nécessité dans des établissements dont les activités demeurent autorisées… ». Il n’était plus question depuis longtemps d’effectuer des achats de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle,  mais il se réservait pour un jour ou l’autre une sortie pour « le retrait de commande ». Décidément, il y avait quelque part un rond-de-cuir assis derrière son bureau parisien dont la tâche était de tout prévoir et de tout codifier pour assurer le confort de ses concitoyens et les empêcher de se contaminer.  Ah, le brave fonctionnaire ! Justement monsieur Pichot venait de lire qu’un décret du jour annonçait l’autorisation d’aller acheter un sapin ! Quel  pays formidable non ? Voilà une occasion de  plus pour sortir. Pour le coup, il serait bien allé le chercher dans les Vosges !

De sorte que son agenda était bien rempli. Car  il avait cru comprendre que la longue  liste des cases  à cocher tenait lieu d’obligation : aussi il s’arrangea pour que chaque jour une tâche correspondant à  une case fût programmée. Il était désespéré par la première : « déplacement pour l’activité  professionnelle ».  Hélas, il était en retraite et il était trop vieux pour passer un concours ou un examen. Pour le reste il mit à l’agenda : une consultation médicale, une visite à  son centre de sécurité sociale ;  il prétexta qu’un ongle de doigt de pied le faisait souffrir pour pendre un rendez-vous chez un pédicure pour la première fois de sa vie ;  il se proposa pour accompagner un ami invalide en « mobilité réduite » chez son kinésithérapeute.  Il n’alla pas jusqu’à commettre un méfait afin de pouvoir cocher la case «  convocation judiciaire »…

Donc, ce jour-là, monsieur Pichot, le visage barré par le masque obligatoire –il n’était pas stupide-, sortit pour faire sa promenade quotidienne. Il devait rester dans son rayon d’un kilomètre. Où ses pas le  mèneraient-ils cette fois-ci ? Il s’était fait trois au quatre parcours, différents, mais les  possibilités étaient malgré tout réduites et même en inversant le sens, c’était vraiment répétitif. Il avait pourtant l’immense parc de Pignerolle à deux pas de chez lui mais seule l’entrée était dans la limite prévue par l’autorité, et comme Monsieur Manindar, le Ministre de la Sécurité, ne plaisantait pas et avait diligenté ses fonctionnaires au contrôle du bon respect des directives, il ne voulait pas prendre le risque de payer 135€ pour un bol d’air. Il ne pensait pas non plus la superficie de sa commune aussi vaste et il fut surpris quand il découvrit sur internet le périmètre auquel il avait droit. Deux kilomètres auraient mieux fait l’affaire, mais allez savoir pourquoi il avait été pensé qu’un seul suffisait à maintenir le citoyen en bonne santé. Le rond-de-cuir en question ne devait pas  aimer la marche à pied.

Au fond, cette procédure agaçait profondément notre personnage. Il trouvait ridicule cette attestation à remplir par soi-même, dont personne ne pouvait prouver la véracité de l’horaire de départ, pour s’autoriser à circuler vu que la  police peut vérifier si vous vous êtes autorisé à le faire car il est interdit de circuler sans s’autoriser : la circulaire le dit bien ! Courteline n’est pas loin. Aussi prenait-il un malin plaisir à « s’autoriser » en toutes circonstances, si bien qu’il aurait  pu passer toute sa journée à l’extérieur, en étant irréprochable, enchaînant les autorisations autorédigées, modifiables à tout instant vu qu’il utilisait un stylo effaceur très pratique. Evidemment, il prenait soin de lui et veillait à ne pas fréquenter les lieux trop populeux. Il faut dire qu’il ne fut jamais contrôlé non plus malgré ses multiples incartades. Et finalement c’est bien ça le plus ridicule !

 


SARKOZY : LA JUSTICE IMPARTIALE ?

Sarko-cible-

 

L’affaire du financement libyen de la campagne de 2007.

Nouveau rebondissement : Ziak Takieddine, actuellement réfugié au Liban pour échapper à la justice française, a démenti ses précédentes allégations selon lesquelles il avait remis cinq millions d’euros dans trois valises à Nicolas Sarkozy lors de la campagne électorale de 2007. La somme était censée venir du pouvoir libyen, alors détenu par Mouammar Kadhafi. Rappelons que les juges avaient été jusqu’à mettre l’ancien président sur écoute pendant des mois  en 2012 en espérant récupérer des éléments  à charge  sans pouvoir alimenter le dossier. Le  témoignage de Takieddine, sulfureux intermédiaire entre la Libye et la France, était donc une pièce maîtresse de l’accusation. Du côté de la justice, on rappelle que le dossier, minutieusement monté contre l’ancien président, contient des accusations exprimées par d’autres parties. Mais elles n’ont pas beaucoup de crédibilité puisqu’elles émanent d’anciens affidés du dictateur libyen, lui-même assassiné lors de la révolution qui déchira son pays.

Menteur ?

Aussi se pose-t-on la  question de savoir quand M. Takieddine ment. Quand il accuse Nicolas Sarkozy ou quand il le blanchit ? C’est là que nait le soupçon d’une justice partiale.  Elle  ne veut retenir que la  version qui accuse l’ancien président. Celle qui  accuse un magistrat instructeur selon lequel  il y aurait eu un marchandage obtient en retour : « circulez, il  n’y a rien à voir !». C’est une particularité bien française : un juge ne se trompe jamais et donc ne se dédit jamais, quitte à ce que la procédure aboutisse à une relaxe ou un acquittement à la fin de la procédure, comme dans l’affaire Bettencourt.

Des preuves !

Pour Nicolas Sarkozy, qui clame son innocence et tient, comme tout un chacun, à défendre son honneur,  et dont la carrière politique pourrait ne pas être terminée bien qu’il s’en défende, les propos de Takieddine arrivent comme le printemps après l’hiver. On peut comprendre que tous ses amis qui croient à son innocence exultent, d’autant plus  qu’apparaît  au grand jour le soupçon que les investigations ont été conduites à charge, avec en plus des arrière-pensées politiques. Rappelons le concours empressé de « certains médias » dont on sait le parti pris qu’ils nourrissent toujours contre l’ancien président et qui souhaitent toujours l’abattre. En effet, dans ce dossier très politique, l’hypothèse élaborée relève plus de la  fiction que de la réalité. Car les témoignages fournis par d’anciens dirigeants  libyens pouvaient logiquement être inspirés par une ardente envie de vengeance après l’intervention française qui a empêché Kadhafi de s’emparer de la Cyrénaïque en rebellion. Cette  évidence devrait être  prise en compte par les magistrats instructeurs en lieu et place des scénarios qu’ils proposent en hommes incapables de la moindre impartialité, scénarios qui ne sont soutenus par aucune preuve sinon une déclaration écrite d’un ancien Premier ministre libyen dont la crédibilité est proche de zéro, en admettant même que le document soit réel. Le point essentiel de toute cette affaire, c’est que les juges, tout pétris de soupçons qu’ils soient, ne disposent d’aucune preuve. Car ce n'est pas à Sarkozy de démontrer son innocence  !

Une réforme de la justice.

Comme le dit Robert Badinter : « il faut préférer la relaxe d’un coupable à la condamnation d’un innocent ». Les juges le savent mais, parce que ce dossier implique Nicolas Sarkozy, ils n’ont pas songé un seul instant à faire leur la conviction de l’ancien Garde des sceaux. Le problème, alors, dépasse le cas de M. Sarkozy, en tant que justiciable. Il est celui du fonctionnement de la justice en France. On peut espérer qu’Éric Dupont-Moretti, l’actuel ministre de la Justice, soit conscient, lui, du problème. Il sait à quels murs il s’est heurté quand, en tant qu’avocat, il défendait des malheureux qui, n’ayant pas l’envergure d’un ex-chef d’État, étaient livrés pieds et poings liés à des jurys plus inspirés par leur « intime conviction » que par le savoir des experts. D’ailleurs la magistrature observe son action avec mauvaise humeur. Comme nombre d’institutions nationales, la justice française a besoin d’une réforme. Des préoccupations sanitaires et économiques nous en éloignent. Elle n’en est pas moins indispensable et urgente.

Acharnement.

En tout cas, cet épisode légitime un peu plus le soupçon d’acharnement judiciaire contre l’ancien président. On est tenté de faire le parallèle avec  la célérité avec laquelle fut menée l’affaire Fillon en pleine campagne électorale. Si les juges voulaient délégitimer la  fonction politique, ils ne s’y prendraient pas mieux. Et l’on peut aussi se poser la question du bien fondé de l’existence d’un « parquet financier » disposant de moyens d’investigations qui semblent pour le moins discrétionnaires pour ne pas dire arbitraires. 

 


L’ARMEE DE LA FRANCE LIBRE

Goumiers

 

De nombreux documents nous ont proposé diverses rétrospectives  sur « l’homme du 18 juin » et  la « France libre ». On y retrace  l’épopée de De Gaulle, sans qui rien n’aurait été possible. Dans la fresque apparaissent les figures singulières  que tous ceux de  ma génération ont eu à connaître :  Leclerc et son serment de Koufra à la tête de  la 2ème DB, Jean Moulin et l’organisation de la résistance, Thierry d’Argenlieu, l’amiral à la fidélité  indéfectible…  De Londres à Alger, De Gaulle finit par imposer la marque de la France combattante. Mais  je trouve que dans ces évocations, si on  parle beaucoup de l’armée de la France libre, on laisse trop  dans l’ombre  ceux qui en constituaient les troupes.  Un oubli que je voudrais  réparer  ici en clin d’oeil amical  à mes amis marocains.

C’est dans l’excellente revue du « Mérite National » de septembre dernier que j’ai trouvé mes sources :  « Les troupes marocaines dans la victoire de 1945 ». En gagnant Londres, De Gaulle avait fait un authentique pari : celui de s’appuyer sur ce qu’il  appelait « l’Empire » pour trouver les forces nécessaires pour continuer le combat contre les  nazis. En ce qui concerne le Maroc, il faudra attendre  le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942  à Casablanca pour obtenir la reddition des troupes  vichystes (le 11 novembre). Les  Marocains rejoignent alors en masse l’armée de la Libération.

Les Marocains au service de l’armée française.

Ce que l’on sait moins, c’est que déjà  au cours de la 1ère guerre mondiale de 1914-1918,  plus de 40 000 marocains avaient servi la France contre l’Allemagne. Dès septembre 1939, quand éclate la seconde  guerre mondiale, le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, demande au peuple marocain de manifester sa solidarité envers la France. Des milliers de jeunes gens s’enrôlent dans l’armée française pour rejoindre  le front où ils se sont particulièrement illustrés.  Les Ier, IIe et VIIe régiments de tirailleurs marocains participent à la bataille de Gembloux, près de Namur, les 14 et 15 mai 1940, une rare victoire tactique des troupes françaises sur celle du 3ème Reich. Ce  sont près de 157 000  hommes de troupe nord-africains qui ont rejoint les premières batailles de 1940, dont 67 000  ont été faits prisonniers  par la Wehrmacht. Entre 1942 et 1945, ce sont pas moins de sept régiments de tirailleurs marocains et quatre tabors (bataillons de goumiers) qui ont participé aux opérations des forces alliées face à l’armée nazie. Au total, on estime à 300 000  hommes le nombre de conscrits marocains présents sur les champs de bataille  pendant toute la guerre.

Cet apport fut décisif à beaucoup d’égards.

Lors de  la campagne de Tunisie,  l’Armée d’Afrique engage près de 80 000 hommes dont 21 000 marocains groupés en une division de marche commandée  par le général Mathenet, comprenant notamment le 7e  Régiment de Tirailleurs Marocains et les 1er et 2e groupements de Tabors.  Durant ces difficiles combats, l’armée d’Afrique perdit près de 10 000 hommes, dont 2 000 tués. La  Corse, la  Sicile, l’Italie, le  débarquement en Provence,  puis les Alpes, les Vosges, l’Alsace… pour finir sur le territoire allemand : autant de combats  qui virent s’exprimer les qualités guerrières de ces hommes. Et conduisirent à la victoire. C'est pendant la campagne d'Italie, sous les ordres du général Juin, que les goumiers marocains s'illustrèrent tout particulièrement. 

Aux côtés de leurs frères d’armes de la métropole et de l’ancien empire colonial, les tirailleurs, les goumiers, les spahis, les artilleurs, ont  permis à notre pays non seulement de sortir vainqueur du conflit, mais aussi de tenir son rang et  d’être présent aux côtés de la Grande-Bretagne, des USA et de l’Union soviétique le 8 mai 1945 lors de la capitulation allemande. La France ne doit pas oublier et se doit, aujourd’hui comme demain, de rappeler que ces hommes se sont battus  pour elle et qu’on leur doit notre liberté retrouvée alors.

Sans l’apport des soldats venus des départements d’outre-mer et de ce qui constituait alors « l’empire », l’armée française libre n’aurait guère existé. Le meilleur exemple en est le débarquement de Provence pour lequel  les troupes françaises étaient majoritairement constituées de troupes non métropolitaines. On ne leur dira jamais assez « merci ! »

Le Maroc a payé un lourd tribu à l’occasion de la seconde guerre mondiale. Cela mérite bien un hommage et notre reconnaissance.  

 


FERME-LA (BOUTIQUE) ET MEURS !

Confinement librairie

 

Les confinis parlent aux confinés.

La conférence de presse de Castex a été un modèle du genre, comme d’habitude : discours scandé au rythme des slides, sans affect, avec les  froides  certitudes chiffrées du technocrate, ne prenant en compte aucune des vraies  réalités sinon à travers le prisme bureaucratique. De quoi vont-ils se plaindre ces commerçants puisqu’ils auront des aides ! Monstrueux, tout simplement monstrueux. Ces gens-là sont à cent lieux-lumières de la  réalité vécue par des commerçants qui ont fait rentrer leur stock et qui n’ont plus aucune rentrée d’argent que le compte-goutte hypothétique du « commandé-livré » Pour certains, ce qui ne représente même  pas un pis-aller. Deux jours d'une attente anxiogène alimentée de spéculations en boucle sur les chaînes d'info sur ce qu'il allait annoncer. Pour finalement ne rien dire qu’on ne sache déjà.

Le coup de grâce.

L’entêtement de nos gouvernants porte le coup de grâce aux petits commerces, à commencer par les bars, les restaurants, les hôtels et les clubs de sport qui n'ouvriront vraisemblablement pas avant les fêtes de Noël. On n’a pas le droit de participer aux offices, mais pour eux la messe de Noël est dite : une large partie ne s'en relèvera pas. Pour ceux-là, on va droit au massacre. Pour les autres commerces, il reste l'espoir d'ouvrir début décembre. Mais cela ne suffira pas à sauver l'année, d’autant   plus que les contraintes sanitaires imposeront des protocoles très contraignants qui ne permettront pas de rattraper le  manque à gagner par une chalandise plus nombreuse. Loin de là. Et là encore, les faillites vont se multiplier. Tout simplement dramatique. La bureaucratie aveugle ne fait aucun effort pour se baser sur un risque sanitaire avéré et s'adapter à la situation des territoires. On crève d'égalité  et d'uniformité !

Même chez nous.

En plus, Castex a commencé à nous expliquer comment nous n’allons pas passer les fêtes de Noël en famille...Jusqu’où ira l’audace bureaucratique dans la privation de nos libertés ?  Combien de temps va-t-on encore se faire infantiliser en permanence ? « Il s’agit de ne pas desserrer la bride » : mais à qui parle-t-il ? Sommes-nous des toutous ? « Ce serait irresponsable (de sa part)… »,  parce que les Français le seraient ? Nous avons l'impression que le reste du monde fonctionne comme nous,  mais rien n’est  plus faux !  Notre pays est une exception. Aucun de nos voisins n’oblige à posséder des « autorisations de déplacement » et ce  serait même impensable dans de nombreux pays, comme la Grande-Bretagne. Impensable aussi, un gouvernement qui déciderait de nos réunions familiales ou de nos fêtes de Noël, mais nous, nous acceptons tout. Pas tous, mais une majorité tout de même. Et il faut bien se soumettre parce que le « gendarme » va sévir. Il est vrai qu’il est plus facile de traquer la pauvre mémère qui n’a pas pensé à remplir sa paperasse que de faire appliquer le confinement dans certains quartiers. La surmortalité d’un département comme la Seine-St-Denis en dit long.

Et tout ça pourquoi ?

Parce qu’on a un système hospitalier sous-dimensionné à qui il faut éviter l’embolie et qu’on a un dispositif de soins incapable d’appliquer la seule stratégie efficace  «  tester, tracer, isoler ». On a 30% de fonctionnaires en trop dans les services  administratifs, dit-on, on devrait  donc pouvoir faire du dépistage en masse !  Mais voilà, on apprend que la sécu et les ARS ont des systèmes informatiques incapables de dialoguer…. Alors exit le XXIème siècle, retour au Moyen-Age ! On confine !  Où passe notre pognon ? Dehors Véran, mettons Douste-Blazy ! Mais pourquoi s’inquiéter  puisque Bruno Le Maire renforce les aides à tour de bras avec de l’argent qu’il n’a pas et qui de toute façon arrivera… trop tard ! La vérité c’est que le gouvernement français est en échec complet et que la France a les chiffres les plus mauvais de toute l’Europe pour la réponse à la pandémie.  Difficile à contester, les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Pauvre France !

 


LE MALAISE

Malaise Castex

 

« Y a comme un défaut », aurait dit Fernand Raynaud. En ce mois de novembre, avec ce nouveau confinement, le  pays ne va pas bien : grogne, violence sourde, morosité, théorie du complot, réseaux sociaux en ébullition, chute vertigineuse de la confiance … Il faut regarder les choses en face et tirer la sonnette d'alarme. Et passer outre aux injonctions des moralisateurs  comme quoi il ne faudrait  pas critiquer l’action des « chefs » sous prétexte d’irresponsabilité ou de politique politicienne. Pour parer à cet écueil, on se contentera des faits.  Indiscutables. Tirons un premier bilan, temporaire. Et il est désastreux pour la France, aux plans sanitaire et économique. Nos partenaires européens n'ont pas confiné aussi durement que nous au printemps et pas plus maintenant. En conséquence, notre économie a souffert et va souffrir plus que celle de nos partenaires. Là où l'Allemagne va perdre un peu moins de 6 points de PIB en 2020, nous allons en perdre plus de 11. C'est presque deux fois plus. Ce nouveau confinement, dont l'impact sur le PIB est estimé à 50 milliards et qui représente 20 milliards de dépenses supplémentaires, nous entraîne vers une dépense publique à 63,4 % du PIB. 

Les  chiffres sont terribles.
La France n'a pas voulu choisir entre l'économie et la vie, elle a même oublié que l'économie c'était aussi la vie. Il faut bien admettre que le « en même temps » cher à notre gouvernement a des effets dévastateurs.

Voyons le plan sanitaire.

Avec 600 morts du Covid par million d'habitants, nous venons de dépasser la Suède, dont le modèle a pourtant été très critiqué, et nous nous rapprochons à toute vitesse de l'Italie (679), des États-Unis (724) et de la Grande-Bretagne (736). L'Allemagne est à 137, tiens donc ! La France est devenue l'épicentre de la pandémie. Si on regarde le nombre de décès du Covid sur les 14 derniers jours pour 100 000 habitants, nous affichons 8,2, l'Italie 6,4, la Grande-Bretagne 6,2, l'Allemagne 1,5 et la Suède 0,9. Les chiffres sont sans appel. Il ,est inutile de rappeler ici que nous avons le système de santé dont le budget rapporté au PIB est largement un des plus élevés au monde. Manifestement l’argent est  mal  dépensé et ne va pas là où il serait le plus efficient.

Du côté de l’économie, ça ne vaut pas mieux.

Là encore les chiffres sont sans appel. Sur 2020 nous afficherons une des plus mauvaises performances économiques mondiales. Avec une baisse du PIB de 12%, nous explosons les compteurs par rapport à toutes les grandes puissances économiques, et de très loin, à part l'Espagne et l'Italie : Chine +1,8%, États-Unis -4,3%,  Suède -4,3%, Japon -5,3%, Allemagne -6%, Grande-Bretagne -9,8%. Nous devions nous rattraper grâce à un plus fort rebond en 2021, de 6% mais il est révisé à la baisse mois après mois, forcément. Et s'il se situe finalement à 4,5/5%, nous serions au même niveau que nos partenaires qui ont beaucoup moins plongé en 2020. Pas brillant, donc.  Et encore, laissons de côté les indicateurs du chômage, de la balance commerciale, du déficit budgétaire et de la dette.  Inutile d’enfoncer le clou. Ils sont calamiteux.

Les incohérences et les volte-face.
La simple observation des faits nous oblige à faire  le constat des errances des décisions qu'on appelle maintenant pudiquement le « stop and go ». La pandémie est passée du « nous sommes en guerre » à « la guerre est finie, c'est la libération, sortez et consommez pour sauver l'économie », puis à « nous allons tous mourir, car vous ne faites pas d'effort » avec les effets dévastateurs qu’on constate. On avait cru comprendre que travailler au maximum malgré le virus devait redevenir la règle commune pour tous les Français, quel que soit le secteur. Sauf, visiblement, pour les commerces considérés comme non essentiels. Agnès Verdier-Molinié commente ironiquement : « Vos chaussettes sont trouées et vous avez besoin d'en acheter une paire rapidement ? Ce n'est pas essentiel. Vous avez envie de fumer ? C'est essentiel. De lire un bon livre ? Pas essentiel. Besoin d'un vêtement d'enfant en deux ans ? Essentiel. En trois ans ? Interdit. Kafka n'y retrouverait pas ses petits. » Malheureusement, le commerce se relèvera difficilement de ce « stop and go ». N'attendons pas quinze jours pour rouvrir les commerces, même s'il doit y avoir des règles sanitaires contraignantes. Une large partie des petits commerces va aller directement en liquidation. Alors que les commerçants demandent une vision et un cap, on leur répond par des aides, de l’assistanat et l’aumône. Mais enfin, les commerçants ne sont pas des mendiants, ce sont des entrepreneurs. Pourquoi leur refuse-t-on le droit  de travailler ? Les arguments avancés sont incohérents.

Il y a des raisons de positiver.

L'économie mondiale  ne va pas si mal. Et même l'économie française. Car nous avons la chance de faire partie de la zone euro, et d'avoir la Banque centrale européenne qui finance largement l'économie.  Cela nous permettra de passer ce cap difficile, même si dans l’absolu, on peut déjà annoncer, sans prendre trop de risque, qu’à la fin de la pandémie, le bilan sera désastreux. Surtout par comparaison avec l’Allemagne, la Suède, et même les États-Unis ou la Grande-Bretagne. D’ailleurs, il a suffi qu’un laboratoire annonce la  mise au point du vaccin salvateur pour que le ciel s’embrase d’un soleil boursier éblouissant. Certes, on a connu des hausses de marché en une journée supérieures à celle de lundi, notamment après la crise de 2008. Le CAC 40 a violemment accéléré pour terminer la séance du jour en hausse de 7,57 % à 5 336 points. Le groupe pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ont indiqué que leur vaccin était efficace à plus de 90% contre le Covid. Du coup, les derniers sont devenus les premiers. En effet, les valeurs massacrées du fait du Covid ont connu des progressions de plus de 30 ou 40% et les valeurs dites « Covid », notamment dans le digital, qui avaient connu des progressions fulgurantes, ont chuté lourdement.

Rien de nouveau sous le soleil.  Vivement le  monde d’après quand même ! En espérant que le peuple et ses élus soient un peu plus écoutés. Et n'attendons plus pour faire confiance aux Français en supprimant cette attestation de déplacement, unique en Europe, qu’il est tellement facile de contourner, qui infantilise et maintient un climat de défiance à l'heure où nous devrions être soudés. Il faut faire confiance à nos élus locaux et à notre Parlement pour co-construire le chemin de la sortie de ce confinement avec de la souplesse en fonction des territoires au lieu de camper sur des positions bureaucratiques ineptes, étatiques, dictées avec un autoritarisme entêté.

N'oublions pas qu'il y a, non pas un, mais deux combats à gagner : le sanitaire et l'économique. Sinon, les « survivants » n'auront que la crise économique et le chômage en héritage.

 


LE BILAN DE TRUMP

Capitole

Le suspense se prolonge : qui sera le 46ème Président des Etats-Unis ?  Le décompte n’en finit pas de s’éterniser. Et puis, les résultats sont si serrés que dans les derniers états, on recompte pour être certain. Mais le voile se lève peu à peu. Tout  converge  pour désigner Joe  Biden comme gagnant. Une victoire de Trump sur le fil serait une énorme surprise.

Saluons d’abord la performance électorale.

Une fois de plus, Trump crée quand même la surprise. Même s’il  est battu. Cette fois-ci encore, les sondages se sont trompés. Cette  fois-ci encore, le fossé entre la perception générale et la réalité du terrain est profond. Mais, quel que soit le résultat définitif de cette élection, on voit que Trump a été soutenu par une part importante de la population américaine, près de la moitié des suffrages exprimés, et pas seulement par quelques bandes d’extrémistes ou de clowns caricaturaux qu'on a vus pendant quatre ans. Non seulement Trump n'a pas été rejeté mais ses électeurs se sont largement mobilisés, au-delà du cliché du petit blanc du middle-west. Il faudra analyser en profondeur ce qui, quoi qu'il arrive, constitue un excellent score. Il y a quatre ans on pouvait dire qu'il avait bénéficié d'un effet de surprise et que personne ne le connaissait. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Au cours  de  la campagne électorale, il a donné une leçon sur la confiance en soi, inébranlable, allant jusqu'au déni permanent de réalité. Il a donné aussi une leçon de combativité, menant le combat jusqu'au bout, à raison de cinq meetings par jour, et cela lui a permis de combler son retard qu’annonçaient les sondages. Tout cela, évidemment, ne compense aucune de ses outrances. Mais la vague démocrate annoncée n’a pas eu lieu.

Un pays fracturé.

Trump, s’il s’en va, laisse un pays divisé en deux camps totalement opposés et difficilement réconciliables. Sa volonté de rester dans le bureau Ovale à n’importe quel prix, y compris le désordre institutionnel, des troubles ou émeutes possibles qui affaibliraient les démocrates, des accusations calomnieuses non assorties de la moindre preuve, suffit à indiquer qu’il a perdu l’élection et qu’il ne pourrait exercer un second mandat que dans un cadre institutionnel difforme. Mais, en réalité, il ne peut se battre contre le calendrier que pendant une courte période. Le 16 décembre, le collège électoral se réunira pour désigner le vainqueur. Au tout début de janvier, le nouveau Congrès confirmera ce choix. Au-delà des palinodies judiciaires, toute décision d’un tribunal se fondera sur le nombre des suffrages. Biden aura probablement la majorité du collège électoral et la majorité en voix populaires. À partir de là, il sera invincible. Deux choses sont sûres : la  première c’est que pour rétablir un semblant de sérénité et d’unité, Biden est préférable à Trump ;  la  seconde c’est que la  démocratie est tout de même grande gagnante, car jamais  les Américains n’ont été aussi nombreux à participer au scrutin. Il n’en reste pas moins que l’Amérique sort encore plus divisée de cette expérience. Il se peut même que se produisent de graves incidents, avec morts, blessés, pillages et incendies.

Le bilan économique.

En attendant le résultat, profitons-en pour tenter de faire un bilan économique des quatre ans de présidence Trump. Essayons de dépasser les clivages partisans et les sentiments que peut inspirer le personnage. Sa volonté de « Make America Great Again », sa volonté d'être pro business et son obsession pour la Bourse, lui tenait lieu de programme économique. A-t-il réussi ? Certes, la crise du Covid, comme partout, a fait déraper la machine.  Il faut donc examiner la situation pré-Covid sur les points fondamentaux : la croissance, le chômage et la bourse.

+ La croissance.  Avant Covie, les États-Unis ont connu la plus longue période de croissance positive de leur histoire : plus de onze ans de trimestres successifs de croissance ininterrompue. Une croissance certes moins importante que les taux habituels de sortie de crise (crise de 2008), mais une croissance prolongée de quelques années alors qu'on annonçait régulièrement une récession qui n'est venue qu'avec la Covid.

+ Le chômage.  Là encore, un point positif. Avant la Covid, il avait atteint le plus bas niveau depuis près de 60 ans : à 3,5%, le chômage américain défiait toutes les prévisions avec même des taux au plus bas aussi pour les minorités.

+ La Bourse. Elle est allée de records historiques en records historiques, avec une écrasante domination de la tech et de la finance américaines en Bourse, et des capitalisations phénoménales, avec des entreprises de moins en moins contraintes par la réglementation et de moins en moins imposées.

Ces points positifs ne doivent pas occulter pour autant les aspects beaucoup moins favorables.

Cette croissance s'est faite à crédit, avec une dette qui, même avant la Covid, avait dérapé du fait de déficits budgétaires explosifs.

Autre point négatif : le commerce extérieur. C’est un échec total. Le pari du protectionnisme a été perdu. Les mesures prises contre la Chine n'ont pas permis de faire baisser le déficit commercial abyssal des États-Unis, bien au contraire, et n’ont pas réussi à empêcher les importations tout en les renchérissant pour le consommateur américain.

Et enfin, les inégalités.
C’est un débat plus compliqué. Certes le fossé s'est creusé, mais l'accroissement des inégalités est plus dû à un enrichissement spectaculaire des plus riches qu'à une détérioration de la pauvreté.

Et le Sénat !

Quand Biden sera élu, il devra compter avec un Sénat hostile, très probablement. Les Démocrates pensaient remporter facilement le Sénat. Ce n'est pas le cas. Les deux camps ont 48 sénateurs chacun, et il faut 51 postes pour avoir la majorité. Sauf qu’on ne connaîtra les résultats définitifs pour le Sénat qu'en janvier 2021. En effet, en Géorgie (toujours la Géorgie), un candidat et probablement un deuxième n'ont pas atteint la barre des 50% des voix. Il faudra donc, fait exceptionnel, attendre un deuxième tour qui déterminera si les Républicains conservent la majorité. Il ne pourra avoir lieu qu’en janvier. Il faut savoir que Le Sénat américain n'est pas notre Sénat, il a un vrai pouvoir qui pourrait en cas de majorité des Républicains,  contrebalancer le pouvoir démocrate et empêcher toute dérive d’impôts ou de dépenses … autrement dit paralyser grandement l’application du programme du nouveau président.

Les Etats-Unis vont  donc connaître une nouvelle période  passionnante !

 


CONTRE LA BARBARIE, L’HISTOIRE !

HISTOIRE

 

A hauteur de l’Histoire, les événements que nous vivons, telle la multiplication des « attaques au couteau », correspond à une entreprise de terreur pour sidérer les Français.  Et l’attaque de  Vienne, montre, s’il  en était besoin, qu’il s’agit bien d’un choc de civilisation. La France, comme  l’Autriche, comme tous les pays de l’Union européenne, incarnent un modèle de civilisation qui représente une résistance objective à la conquête islamiste. C’est donc l’Europe qui est attaquée, quel que soit son visage, qu’elle soit catholique, protestante, juive ou athée. Ce choc de civilisation qu’Erdogan cherche à amplifier en le transformant en guerre d’agression, est plus violent sur le territoire de la France par le fait que notre pays y ajoute le principe de laïcité, mortel pour les obscurantistes qui nous combattent. Car la laïcité, c’est l’autre nom de « l’universalisme », ce nom savant pour proclamer l’unité de l’espèce humaine.

Le rôle de la connaissance de l’Histoire.

Le modèle de civilisation dans lequel nous vivons ne va évidemment pas de soi.  Il suffit de regarder le monde autour de nous pour constater qu’il est assez unique sur la Terre.  Même les Etats-Unis d’Amérique présentent des traits d’obscurantisme, ne serait-ce qu’en enseignant à partir des thèses du « créationnisme », et leur société communautarisée montre au moment de l’élection du Président des limites inquiétantes par les violences qu’elle entretient.

Il  est donc essentiel d’enseigner l’Histoire à nos enfants qui arrivent dans un monde plus vieux qu’eux et dont elle seule peut leur donner les clés de compréhension. Il importe de refaire avec eux, quelle que soit leur origine, le chemin qui a mené à la République, à la proclamation des Droits de l’Homme puis au principe de séparation. Comme  l’énonçait Charles Péguy, « laïcité, République et France sont une seule et même chose ».  La laïcité, c’est l’unité dans la séparation, celle de l’église et de l’Etat, entre le religieux et la conscience basée sur la raison. Cette séparation a pour présupposé l’unité de l’Esprit humain, l’idée qu’il y a un Esprit universel à l’image de l’intelligence humaine. Et c’est la grandeur de la République d’avoir proclamé ce principe valable  pour tous les temps, tous les pays,  toutes les civilisations, toutes les religions.  C’est ainsi que notre coin de terre est devenu la patrie de l’Universel. Principe rappelé par des intellectuels de renom dans un manifeste publié dans le Journal du Dimanche le 25 octobre dernier.

C’est le principe de séparation qui permet le libre-arbitre, la liberté de croire ou de ne pas croire, la  liberté d’expression … et qui nous a permis une fois pour toute de sortir des guerres de religion (encore l’Histoire). Et c’est pour le défendre, que des Boualem Sansal, Kamel Daoud, Zhineb El Rhazaoui, Jeannette Bougrab, et tant d’autres pas particulièrement gaulois…  risquent leur vie au nom de la liberté.  En même temps, c’est aussi pour nous qu’ils se battent !

L’Histoire pour combattre les contre-vérités.

A Nice, c’est  la France chrétienne qui était visée. Même si beaucoup parmi nous rejettent désormais cet ancrage, pour les musulmans, elle est une « terre chrétienne ». Et pour ceux qui l’attaquent elle est encore le pays des croisés, des colonisateurs. On retrouve là deux mensonges historiques qui font partie de leur rhétorique. D’abord les arabes avaient totalement oublié les Croisades jusqu’au XIXème siècle. Ensuite, il n’y a pas de continuité historique entre les Croisades et la colonisation : leurs buts étaient totalement différents. Enfin  il n’y avait pas de collusion entre les colonisateurs et les missionnaires, sauf peut-être en Algérie, car la plupart du temps  ces derniers étaient plutôt considérés comme des gêneurs qu’il fallait parfois expulser. L’enseignement de l’Histoire peut rétablir la réalité des faits dans leur chronologie et leurs motivations. Il est utile aussi de faire la part d’ombre et de lumière de ces périodes qui ont permis bien des échanges entre l’Orient et l’Occident. Ce n’est pas  un hasard si nous comptons avec des chiffres arabes. Quant à affirmer que la France est encore aujourd’hui un pays impérialiste, c’est un mirage que des esprits nostalgiques ou malintentionnés essaient d’entretenir.

L’Histoire et la spécificité de l’Islam.

Il est bon de faire découvrir aussi, sous l’angle historique, ce qui fait la nature des trois grandes religions monothéistes. Elles ont la même origine, sont toutes les trois « abrahamiques », sont parties du même concept de Dieu unique qu’on ne nomme pas (Yahvé, Dieu, Allah) et ont d’abord prospéré au Moyen-Orient avec Jérusalem comme point d’ancrage. La religion hébraÏque est la plus ancienne, le christianisme est venu près de 2000  ans plus tard et l’Islam encore plus de six siècles après. L’islam méprise depuis le début le christianisme qu’il accuse d’avoir trahi le message d’Issâ (Jésus) qui aurait trafiqué l’Evangile pour en effacer l’annonce de la venue de Mahomet, et aussi d’être une religion qui associe au Dieu unique deux créatures : Jésus et Marie. De même que pour les chrétiens, le juif a longtemps été « perfide » à cause de Juda,  pour les Musulmans, l’Islam est la seule vraie religion  et il  convient de convaincre tous les autres  croyants de s’y soumettre. L’affrontement d’aujourd’hui perdure depuis les origines  entre deux systèmes de normes, deux lois divines : l’une cherchée  par la raison et la conscience, créées  par Dieu ou de manière plus moderne par la raison, l’autre dictée par Dieu dans un livre, le Coran, et dans la conduite de Mahomet, qui l’a reçu sans rien y ajouter ou en retrancher. Cependant, l’Histoire nous montre qu’à plusieurs époques et en différents lieux, elles ont pu cohabiter pacifiquement.

Le christianisme a dû s’adapter.

Les musulmans peuvent croire que la République les stigmatise et ne s’en prend qu’à eux. Ils comprendraient mieux ce qu’est la séparation de la religion avec l’Etat si l’Histoire leur enseignait qu’avant eux,  les  chrétiens ont du se résigner à la laïcité et ça ne s’est pas fait sans mal. Les  républicains n’ont pas hésité à utiliser des méthodes brutales : en 1880, Jules  Ferry expulse près de 6 000 jésuites des établissements scolaires, en 1904,  sous le  Ministère Combe, 30 000 religieux sont interdits d’enseignement. On nous objecte que l’Islam est un système politico-religieux d’une seule pièce, incompatible avec la seule  pratique d’une foi personnelle. C’est ce qu’on prétendait naguère du catholicisme.  Pourtant, à  l’issue de l’affrontement, la  laïcité a triomphé et avec elle la paix des esprits et des consciences.  Il faut donc créer les conditions pour que l’Islam devienne compatible avec la démocratie, en évitant, si possible, les violences que la République a fait subir au catholicisme.

L’Islamophobie, ce mauvais prétexte.

Bien des musulmans, installés  depuis  longtemps sont sincèrement républicains. Mais pour de multiples raisons, les islamistes ont marqué des points dans la jeunesse. Si bien qu’aujourd’hui, il existe une « zone grise » composée d’une  majorité d’hésitants et de nouveaux venus qui n’approuvent pas le terrorisme mais sont tentés par le « communautarisme ». Il nous revient de faire le nécessaire pour les convaincre d’adhérer aux règles du jeu de notre société. Encore faut-il leur en montrer l’intérêt intellectuel. Après tout, la vérité qui affirme que la Terre est plate arrive à coexister avec la réalité sphérique ! Encore faut-il faire en sorte que notre société leur ouvre les bras : le chemin serait plus facile si le décalage entre l’affirmation d’égalité et la réalité sur le terrain était réduit. C’est pourquoi  les partisans d’une « laïcité ouverte », qui ont abandonné l’universalisme  au profit des communautarismes rivaux, ne sont que les tristes organisateurs des guerres civiles qui ne manqueraient pas de se produire si on les laissait faire. L’islamo-gauchisme d’un certain nombre d’intellectuels, minoritaires mais très puissants dans les médias, a paralysé toute reconquête républicaine en l’assimilant à de l’islamophobie, qui identifie l’islam à une race et toute résistance à l’islamisme, à du racisme. La rhétorique du « pas d’amalgame » d’Edwy Plenel et de Jean-Luc Mélenchon ne convainc plus personne. Seule la vraie laïcité peut instaurer la coexistence organique de toutes les familles de pensée, de toutes les religions, même de celles qui ne croient pas en elle.

Nous sommes dans une lutte pour la liberté de l’esprit, et le rôle de l’éducation est essentiel, avec  au premier rang l’enseignement de l’Histoire et de l’Education civique. Cette lutte ne concerne pas que les Français de confession musulmane. L’Etat doit soutenir inconditionnellement tous ses professeurs.   L’école a besoin, pour briser le huis clos familial, du « colloque singulier de l’enseignant et de l’enseigné », comme l’énonce si bien Jacques Julliard. Ce n’est pas aux parents de dire ce que l’on doit enseigner à leurs enfants. Ecrivant cela, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée  pour Samuel Paty.