Il y a beaucoup à dire sur les raisons qui ont abouti à la constitution de deux listes issues d’un groupe qui avait l’air de bien fonctionner sous la houlette de Jean-François Jeanneteau. D’ailleurs celui-ci aurait dû taper du poing sur la table. Ce n’est pas dans sa nature. J’aurai peut-être l’occasion d’y revenir. Il y a donc deux listes.
La liste de Géraldine Guyon, première adjointe et celle de Dominique Bréjeon, adjoint à la communication. L’enjeu : arriver en tête en captant le plus de voix à droite, au centre et si possible à gauche. Cela suppose une martingale qui présente la meilleure combinaison d’ingrédients variés tels que composition de la liste, éléments de programme, participation des électeurs, aptitude à la sérénité… Une alchimie qui avait bien réussi au maire sortant.
Les têtes de liste et le positionnement :
Géraldine Guyon : « légitime », elle l’est doublement par le poste qu’elle occupe au Conseil Municipal et démocratiquement par sa désignation. Choisie par 17 voix contre 10 au sein du groupe SBRE, à 51 ans, elle est la benjamine des candidats, mais la plus compétente par son cursus et ses diplômes. 1èreadjointe chargée de l’urbanisme, elle a pu acquérir une bonne expérience des dossiers importants de la commune et professionnellement elle a été amenée à mettre en œuvre des politiques publiques dans les domaines variés de l’emploi, de la sécurité, de l’éducation et s’occupe actuellement au Conseil Général de politiques de l’habitat. Des atouts non négligeables. Son mari est agriculteur : voilà des gens ancrés dans la réalité.
La liste revendique une représentation de toutes les sensibilités politiques de la commune, dans la tradition de Saint-Barthélemy Réussir Ensemble (SBRE) depuis 2006. On y trouve donc des candidats de droite, mais ce sont les mêmes qui étaient sur la liste Jeanneteau. Il y a bien aussi des gens de sensibilité de gauche et chacun les reconnaitra.
Dominique Bréjeon : le « Dissident ». Il n’a pas admis sa défaite au sein du groupe SBRE et il a claqué la porte. Alors que sa concurrente s’était engagée à se retirer si elle n’était pas désignée, lui, il a décidé de faire sa liste quand même. Si l’entente n’a pas pu se faire, il en est responsable. A 62 ans, il rêve d’être maire pour occuper sa retraite d’enseignant.
La liste annonce le « rassemblement et la diversité » et se veut apolitique. Une fiction. L’annonce ne correspond pas à la réalité. Elle est largement dominée par des personnes de gauche, à commencer par la tête de liste. Elle n’hésite d’ailleurs pas à afficher sur le site une photo du député socialiste de la circonscription : un aveu. C’est une liste de gauche qui avance à peine camouflée pour tenter de capter des voix à droite, les places à gauche étant occupées.
Composition des listes :
SBRE 2014 : une liste solide, qui s’appuie sur les poids lourds du Conseil Municipal, tels l’adjoint aux finances, l’adjoint aux sports ou l’adjoint à la démocratie participative, et des conseillers ayant siégé depuis 8 ans, mais qui s’est largement renouvelée avec des recrues de bon niveau. Bouclée la première, elle couvre l’ensemble des quartiers de la commune. Moyenne d’âge : 51 ans, comme la « patronne ». Les compétences qu’elle rassemble sont aussi impressionnantes que variées.
St-Barth avec vous : Moyenne d’âge 51 ans. Une liste qui a peiné à se boucler avec un petit air de remplissage artificiel. Elle réussit néanmoins à couvrir tous les quartiers de la ville sauf les Banchais.
Slogans de campagne :
SBRE 2014 : La reprise de l’appellation SBRE pose la liste dans la continuité d’une action menée avec succès depuis 8 ans. L’accroche « Projet de ville, Projets de vies… » annonce des projets concrets tournés vers la qualité de vie et le service aux habitants. En bref la ville pour faciliter la vie de chacun. Original et parlant.
St-Barth avec vous : une appellation somme toute banale très utilisée un peu partout. Le slogan « fier de ma ville » exprime une sorte de vanité du candidat. On pense aussitôt « fier de moi ». Une fierté identitaire que partageraient tous les habitants et qu’on lui devrait ? « Fiers de notre ville » eût été plus judicieux.
Documents de campagne :
SBRE 2014 : en toute logique, les documents reprennent les couleurs vertes et bleues du groupe depuis 2006. Ils mettent en scène l’équipe à égalité avec la tête de liste pour valoriser le « collectif ». L’affiche correspond à cette double préoccupation. La communication est homogène et progressive sur la base de recto-versos 23/29,7 bien utilisés : présentation de la liste et des grandes lignes, accent mis sur la candidate et au verso sur les futurs adjoints et enfin le « 4 pages » sur le programme.
St-Barth avec vous en cultive le mimétisme. Mêmes couleurs que la liste adverse, même disposition de l’affiche officielle, alors que le premier document ne mettait en scène que la tête de liste. La communication n’est pas homogène : un document recto, un demi-format avec les têtes des candidats en format timbre-poste, un troisième en 23/29,7 à la présentation confuse avec des bandes colorées d’un côté et des pastilles de l’autre, ce qui n’aide pas à rendre claire l’organisation proposée pour la répartition des rôles : de la démocratie participative à la Ségolène Royal. La liste pratique aussi l’art du pompage des idées. On a vu un de ses soutiens enregistrer Géraldine Guyon avec son smartphone, à l’une des premières réunions. C’est à la mode ! Elle n’hésite pas à utiliser aussi la perfidie en sous-entendant que sa concurrente était soutenue par un appareil politique de droite. Devinez lequel ! Un mensonge pour jeter le soupçon.
Stratégie de campagne :
SBRE 2014 : l’imagination est au pouvoir. Deux opérations originales ont été menées : les premières réunions dites « d’écoute » en forme de cafés citoyens qui ont permis aux habitants de s’exprimer et ainsi recueillir des préoccupations, la journée de la femme que la liste a marquée par la distribution de « pensées » offertes à la sortie du supermarché et bien appréciée. Joli clin d’oeil aux femmes ! Les réunions publiques sont plus traditionnelles mais bien cadencées, jusqu’à celle du 2ème tour, déjà annoncée… Aucun soutien ni renfort de qui que ce soit n’est sollicité. C’est le côté « affranchie » de Géraldine Guyon qui tient à sa ligne d’indépendance. Refus du porte-à-porte et dosage de la présence pour éviter d’importuner. Un site régulièrement mis à jour qui propose de répondre à des enquêtes hebdomadaires et qui décline bien le programme et la personnalité des candidats.
St-Barth avec vous : Une campagne classique à base de réunions publiques. La liste a repris l’idée du bureau mobile sous la forme d’un camping-car « habillé » du candidat, qui se promène dans les rues de la ville ou se positionne sur le parking du super U les jours de marché. La foule ne s’y presse pas. Pour compenser son absence de vraie légitimité, la liste recherche les soutiens comme celui de Jean Monnier, voisin immédiat de Dominique Bréjeon, ou de Guy Burgevin, le battu de 2001, et se prévaut de la « bienveillance » de feu Jean Gilles qui m’avait dit, à moi, qu’il ne soutiendrait personne, ulcéré qu’il était de la situation. On appuie fortement aussi sur la filiation avec Jean-François Jeanneteau… C’est de bonne guerre, mais montre une peine à exister tout seul. Certains laissent même entendre que la liste aurait reçu l’aval de … Christophe Béchu !!! Enfin, un site permet de suivre la campagne, alimenté comme il se doit, de beaucoup de photos.
Conclusion : Il n’y a pas photo, justement. La liste de Géraldine Guyon est dans le droit fil de la majorité sortante, elle est la plus aboutie, elle rassemble le plus de compétences sans parler de celles de la tête de liste. Si vous n’êtes pas convaincu, il y a encore la réunion du 20 mars. Allez assister à la démonstration de l’adjoint aux finances !
Pour un électeur de droite, comme moi, c’est la seule possible même si elle est « arc-en-ciel », toutes les autres étant de gauche.