HISTOIRE
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GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE : UN LEURRE !

Gaulois2

 

Profitant de la crise sanitaire causée par  le Covid 19 et se rêvant rassembleur et au-dessus de la mêlée, comme une sorte de Raymond Poincaré, le chef de l’État voudrait se  propulser comme chef de file d’une union sacrée. Mais le ton  martial ne suffit pas.

La « verticalité » de Macron est nuisible.

Le 11 avril dernier, dans son allocution aux Français, le chef de l’État a assuré vouloir bâtir « un autre projet de concorde » qui rassemblera « toutes les composantes de la nation ». Le flou artistique habituel de sa communication conduit à l’hypothèse d’un nouveau gouvernement qui rallierait des personnalités venues de la gauche et de la droite. Mais c’est déjà le cas.  Mais pour quoi faire   ? Encore faudrait-il qu’Emmanuel Macron change de comportement, car le pire obstacle à un gouvernement de concorde ou d’union nationale, ou encore de salut public, c’est son incapacité  à abandonner sa pratique de « verticalité du pouvoir » qui tend à envenimer tous les problèmes  qu’il appréhende toujours de la même façon, par le haut, sans considération du terrain. Là encore  les mots et les intentions ne sont jamais suivis d’effets. Ce comportement aggrave les pratiques technocratiques centralisées. Le pouvoir est incapable de cerner avec finesse les difficultés. Un exemple : nous avons plus de 10 millions de chômeurs à temps partiel aujourd’hui en France, trois ou quatre fois plus que partout ailleurs en Europe,  ce qui prouve que nos  amortisseurs de crise sont mal calibrés. La crise est une occasion de plus de subir la bureaucratie et la paperasserie, atteignant des sommets d’absurdité. Le meilleur exemple en est la courtelinesque « attestation de déplacement dérogatoire » qui rappelle  pour les  anciens encore en vie  « l’ausweis » de l’occupation allemande… Et que dire de la pratique du mensonge pour cacher l’incurie et  l’impréparation comme l’a été la triste comédie des « masques ».

Un appauvrissement démocratique.

A son habitude, le Président brasse large pour anticiper l’après-crise du coronavirus. Il rêve d’un  phagocytage de l’opposition, non pour la rallier  à lui, mais parce qu’en existant elle le gêne.  Il voudrait être seul face à Marine Le Pen, mais après presque trois ans de mandat, le vieux monde n’a pas disparu, il revit même. Peut-être enrage-t-il de voir Les Républicains se refaire une santé avec les municipales. Car c’est bien eux qu’il vise, les socialistes n’étant toujours pas relevé de leur déroute. La crise est grave, mais pas au point de renoncer à notre vie démocratique.  L’état d’urgence sanitaire donne déjà suffisamment de pouvoirs exceptionnels  à l’exécutif. Demain, quand le danger de l’épidémie sera éloigné, la France aura besoin au contraire de toute sa diversité démocratique pour envisager l’avenir. Il n’y aura pas un seul chemin possible, mais plusieurs pour nous reconstruire. Les Français pourront choisir leur voie librement entre les propositions qui leur seront faites. Un gouvernement d’union national créerait la confusion en asséchant le débat démocratique et en réduisant la vie politique à la confrontation entre un pouvoir en fin de mandat et des forces de contestation aux deux extrêmes.

La confusion vient aussi des médias en continu.

Depuis bientôt trois mois nous vivons avec un sujet unique qui tourne en boucle en continu sur toutes les chaines d’information, interrogeant tout ce qui peut l’être dès qu’un avis est donné ou qu’une décision est prise. Le coronavirus nous soule et de ces multiples interventions nait la confusion.  Les bons citoyens surinformés sur tout et son contraire ne savent plus quoi  penser. Au point que la confiance dans les gouvernants est ébranlée. Ni Les Républicains, ni le PS n’étant intéressés par la proposition du chef de l’Etat, il se pourrait qu’il persiste dans son intention, pour tenter de se donner  le beau rôle. Récupérer ici et là de nouvelles personnalités politiques lui assurerait de « rester spectateur de sa propre action politique », comme s’agace Julien Aubert, député LR du Vaucluse. S’ouvrir mais pas trop quand même. S’extraire de la logique partisane mais rester proche de son camp. La pratique du débauchage n’est pas la meilleure façon de rassembler. C’est confondre débauchage national et union nationale,  car ce type d’alliance est l’exact contraire d’une union véritable attendu qu’elle n’engage que des personnalités tentées par un maroquin et en aucun cas des forces politiques. Ce serait une confusion supplémentaire.

La présidentielle en ligne de mire.

La vérité, c’est que Macron ne sait plus comment sauver son quinquennat.  Ses réformes sont  tombées à l’eau, son calendrier est complètement vérolé par  les conséquences de la crise sanitaire. Que deviendra la réforme des retraites, celle de la constitution ?  En stratège politique, le président voudrait jouer les rassembleurs pour assurer sa crédibilité de sortie de crise et si possible sa réélection. Mais que vaut une démarche d’union nationale sans le Rassemblement National  dont le  poids électoral  en fait un parti incontournable.  On ne voit pas comment Marine Le Pen pourrait siéger aux côtés d’un président qu’elle critique avec virulence chaque jour plus violemment. Et c’est  la même chose pour la France insoumise de Mélenchon. Non, la proposition du chef de l’Etat est un leurre.  Elle est faite pour endormir l’électorat. Il ne peut y avoir « d’union sacrée » sur des bases aussi floues : car quoi, on cherchera vainement une quelconque volonté d’alliance sur un programme commun pour un temps donné.

 


QUAND LA MONNAIE TOMBE DU CIEL.

Des-liasses-de-billets

En bref : l’argent va couler à flots, on va emprunter à tour de bras, on ne remboursera pas, mais  en France on a deux problèmes.

Le sujet de la dette.

C'est la question qui va se poser régulièrement et qui reviendra comme un refrain. Avec sa question induite : « Qui paiera » ?  Oui, qui va payer pour toutes ces centaines de milliards d'euros que les États distribuent et vont continuer à distribuer ? Car, c’est une évidence, les Etats n’ont pas l’argent qu'ils distribuent. Ils l'empruntent quasiment tous aux banques centrales. Forcément, on se  demande  bien comment on pourra rembourser. « Helicopter money » est devenu le terme qui illustre cette masse d'argent qui tombe directement sur les comptes des particuliers. Ce serait plutôt des Canadairs que des hélicoptères.

L’Europe mobilise au total plus de 2 000 milliards.

Et d’abord, d’où viennent ces 2000 milliards d’euros que les Etats mobilisent pour faire face à la crise ? Ils sortent de trois poches. D’abord celle des Etats membres qui ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Ils sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l‘Union européenne. La deuxième poche sera celle de l’Union européenne,  via trois canaux : la Banque européenne d’investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards. Mais le gros de l’effort viendra de la troisième poche, la plus  profonde, la BCE : la Banque centrale européenne s’est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques. Pour simplifier : les banques centrales distribuent de l'argent aux banques, elles distribuent de l'argent aux États, indirectement, en rachetant leurs dettes, et elles distribuent de l'argent aux entreprises, toujours indirectement en rachetant leurs dettes. Comme en plus il va falloir relancer la consommation et compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise, on va donc plus loin. Les États, et la France, une fois de plus en pointe pour ce type d'initiatives, distribuent de plus en plus d'argent. Les déficits n’en finissent plus de se creuser : sécu, budget, assurance chômage,  solidarité …

La crainte des contribuables.

Quand on entend « qui paiera ? », c’est surtout la crainte des contribuables de voir les impôts exploser qui s’exprime. Et ressort ce fantasme qui revient à chaque crise, d'un « prélèvement exceptionnel » très élevé sur les actifs financiers au-delà d'un certain seuil. Il y a eu des précédents.  Tout  le monde se souvient de « l’impôt sécheresse » de 1976… Et l’imagination de nos politiques est débordante en la matière : ça va du rétablissement de l’ISF à la création d’un impôt spécial corona, en passant par des taxes exceptionnelles comme  celle que Laurent Berger a déjà proposé. La  France est la reine du concours Lépine quand il  s’agit d’inventer des impôts nouveaux. Il  y a deux écoles : il y a ceux qui cherchent des idées pour faire payer des taxes et des impôts à tous les autres qu'eux ; et il y a ceux qui veulent que cette dette soit un jour annulée, ou qu'elle devienne « perpétuelle », ce qui revient, peu ou prou, au même. Ces derniers n’ont pas tort.

La solution est toute simple.

En fait, arrêtez de vous préoccuper de la dette, elle ne sera jamais payée. Nous ne rembourserons jamais la dette liée à la relance post-Covid. D’abord, elle ne va rien coûter. Certains pays, dont la France ou l’Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins  et  comme par ailleurs, l’Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales les taux bas sont garantis pour longtemps.. Car le fait nouveau est que la solidarité  joue cette fois-ci, et que l’Allemagne est d’accord. La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu’elles puissent accorder de nouveaux prêts va donc être un instrument clef d’une mutualisation très forte. La BEI Banque Européenne d’Investissements) et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.  Tout cela rend une inflation ou une hyperinflation, qui devrait découler de la surabondance monétaire, quasiment impossible.

Mais la réalité probable est encore plus simple. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l’Union Européenne ni à la BCE ... Ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d’emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu’au jour où on annulera la dette. Mieux, ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d’écarter les risques.  Keynes, le champion de la recette, disait : « A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, c’est qu’à très long terme, ils sont morts ». On va donc être tous endettés à perpétuité, car le grand argentier de Trump dit la même chose. Et un jour, coup de baguette magique, on annulera dans le monde entier tout ou partie de la dette.

Il y a quand même deux problèmes.

Avec de la croissance, sans crise de coronavirus, nous avons en France, année après année, fait exploser notre dette. Avant même le coronavirus, nous avions rejoint le club très fermé des pays dont la dette est supérieure à 100%, avec le Japon, la Grèce, le Zimbabwe, entre autres.

Le problème c'est que des pays comme la France qui ont ouvert les vannes encore plus grand, en faisant sauter la digue des 3% de Maastricht, ne vont plus pouvoir les refermer. C'est qu'une fois qu'on commence à distribuer de l'argent, il est difficile d'expliquer à ceux qui vont en réclamer qu'on ne peut plus le faire. Chez nous, il y a de grandes chances que cette distribution d'argent devienne un « acquis », et sachant qu'en France on ne revient jamais sur les « acquis », la situation risque d’être compliquée à gérer. On voit déjà venir un plan « santé » exceptionnel, puis un plan « éducation » exceptionnel, puis pour la justice, et ainsi de suite... Chez  nous, l’exceptionnel pourrait devenir la règle. Seulement l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord qui vont reprendre tranquillement le chemin de la bonne gestion des finances publiques ne vont pas accepter que nous créions chaque année de « l'exceptionnel » à tour de bras. Il faudra  bien que nous nous décidions à mieux gérer nos finances publiques. La  crise n’a-t-elle  pas révélé la suradministration et ses lourdeurs coûteuses et surtout son inefficacité ? Et ce jour-là, ça va coincer...  car le coronavirus ne va pas toujours être là pour servir de prétexte à une gabegie budgétaire annoncée.

L’autre problème, c’est que les Français qui le peuvent, chacun en fonction de ses revenus, ont décidé, pour l'instant, de ne pas dépenser leur argent, mais de le planquer sur leur livret A. Bien sûr, ils ne consomment pas et épargnent parce que nous sommes confinés, mais ils épargnent aussi parce qu'on leur a dit « nous sommes en guerre !» et Bruno Le Maire s’inquiète de la ruée vers l'épargne, et craint que cette épargne forcée ne se transforme en partie en épargne de précaution. D’autant plus que la crainte inévitable du chômage va l’alimenter. C’est pourquoi l’idée d’Eric Woerth de créer un livret « Coronavirus » a du sens pour orienter cette épargne vers le financement des TPE et PME.

AH, si nous étions au pouvoir … !




SUR LES RESEAUX EN DELIRE …

Internet

 

37ème  jour de confinement.

Les confinés parlent aux confinés :

Plus d’un salarié sur deux est au chômage partiel : plus de 10 millions, indemnisés à 84% du salaire net (concerne 820 000 entreprises, soit 6 sur 10).

17 plans d’actions prioritaires pour le déconfinement : on n’a pas de  pétrole mais au moins on a une usine à gaz ! (On ne sait pas si Strauss Khan a proposé un plan Q) Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.

Les Français se lavent moins –et surtout les hommes- 67% seulement des confinés  font une toilette quotidienne complète. Et en plus les hommes changent de sous-vêtements encore moins souvent (déjà qu’il y en a qui gardaient le slip une semaine). Dans les petits appartements, bonjour l’ambiance. Casse-toi, tu pues !

Netflix  fait de  bonnes affaires : avec  le confinement la video en streaming a doublé  son bénéfice net  …

Le concours d’impôts nouveaux est ouvert :  c’est Laurent Berger qui a ouvert le  bal avec une proposition de « taxe sur les entreprises qui ont bénéficié de la crise ». On attend avec intérêt Mélenchon et Martinez … Ah ces gauchos ! Et je ne vous parle pas du « verdissage » !

On va, paraît-il, vers un « embrasement » des  banlieues, à cause des dealers qui ne font  plus  leurs affaires et aussi à cause de la « faim » ! Un lien entre  les deux : cela s’appelle l’économie souterraine. Ne pas prendre à la légère.

Pour ajouter au stress, si besoin : c’est le monde qui serait au bord d’une explosion sociale majeure. Même pas  peur ?

Les bons  plans : la FNAC fait une promo sur cinq téléviseurs. C’est aussi le  moment d’acheter une voiture. Il va falloir faire respecter la « distanciation sociale » (ça y est, je l’ai casé) dans les magasins et les concessions dès le 11 mai.  Les Français auraient déjà accumulé 50 milliards d’euros sur les livrets.

Macron serait devenu le 1er épidémiologiste de France : notre président hypermnésique et insomniaque serait devenu un expert en la matière. Ce qui ne l’empêche pas de douter. De quoi disserter à longueur de temps sur le sujet. Comme dit  Sarkozy, à un moment, il faut décider, et donc prendre  un risque !

Médisite : cinq positions pour brûler le plus de calories au lit… Pour compenser le grignotage et les  petits plats !

Et à part ça ?

Un astéroïde géant va frôler la Terre le 29 avril. Brrr… La NASA surveille de près. On est  rassuré.

On est  mal patron : 70% du muguet nantais ne sera pas cueilli. Le bonheur n’est plus dans le pré.

Kim Jun Un a disparu des écrans radars : énigme. Ce serait à cause d’une opération chirurgicale qui aurait mal tourné. Ce n’est pas le virus, c’est bien connu, il ne passe pas les  frontières fermées.

Elisabeth II a eu 94 ans le 21 avril ! Un anniversaire gâché par Meghan et Harry qui ont annoncé la veille qu’ils ne communiqueraient plus avec les  médias de sa gracieuse majesté. Susceptible  Mémé ! (Précision : Meghan n’est pas la fille de Renaud, comme je l'ai entendu dire)

Bouchons de voitures : ils sont dus à la réouverture des « Drive » de Mac Do ! Qui a dit « rien ne sera plus comme avant dans le monde d’après » ?

20 avril : date d’ouverture de la campagne de déclarations d’impôts (pour ceux qui ont quelque chose à déclarer évidemment).

Le prix du baril de pétrole a chuté en-dessous de 0 $, brièvement, mais du jamais vu. Surproduction, certes, mais aussi jeu des spéculateurs des contrats à terme. Bah, le cours remontera inévitablement et malheureusement. En attendant, les prix à la pompe sont très bas,  mais comme vous ne roulez guère ….

 


NOTRE-DAME UN AN APRES.

Notre Dame de Paris

 

C’était il y a un an, le  15 avril.  A 18h18,  le feu démarrait dans la charpente de Notre-Dame de Paris. Nous dînions chez des amis quand la nouvelle se répandit. La  télé fut allumée et devant nos yeux stupéfaits, nous vîmes le spectacle d’horreur d’un brasier qui avait embrasé toute la toiture. Nous étions entre stupeur et sidération. Les lances des pompiers paraissaient bien dérisoires face à l’ampleur du sinistre. Et, médusés nous vîmes la flèche de Viollet-Le-Duc s’incliner lentement puis s’effondrer et disparaître. Les pompiers firent malgré tout un travail colossal qui permit de sauver le bâtiment, en évitant, au péril de leur vie, aux deux tours de s’effondrer. En même temps, ils avaient permis de sauver les reliques et quelques œuvres inestimables. Au petit matin, les images nous montrèrent l’intérieur de la cathédrale : un spectacle de désolation,  la voute partiellement effondrée, l’amas des poutres calcinées mais au fond, luisant comme intacte la grande croix du chœur semblait nous dire de ne pas désespérer.  Une campagne de dons sans précédent permis de rassembler  près d’un milliard d’euros pour la restauration du monument.

Une course contre la montre.

La  semaine dernière sur la 2 un documentaire nous narrait dans le détail les actions menées pour sauver définitivement l’édifice. Si un an plus tard, la mise en sécurité du site qui est le préalable à la reconstruction, n’est toujours pas achevée, le reportage nous a permis de constater que le devenir  de Notre-Dame est entre de bonnes mains, celles de gens passionnés, de compagnons talentueux, de professionnels de haut niveau. Les travaux de consolidation sont bien avancés, et seraient achevés sans cette maudite crise du coronavirus qui a mis le chantier à l’arrêt.  Les équipes sont motivées pour se remettre au travail le plus tôt possible. Nous savons désormais que Philippe Villeneuve, l’architecte en chef et le Général Georgelin chargé de superviser, mettront tout en œuvre pour que la cathédrale soit définitivement hors de danger avant l’automne. Déjà les trous de la voûte sont bâchés, les vitraux sont déposés et partis à la restauration, les arcs-boutants consolidés par les cintres et l’échafaudage métallique a reçu les renforts nécessaires préalables au démontage   de ses 40 000 tubes fondus ou tordus. Des capteurs permettent de contrôler la stabilité du monument et détecteraient le moindre signe de détresse. Le document diffusé sur France 2 nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche entreprise et de découvrir les techniques utilisées : de quoi être fiers des compétences de nos entreprises et de leurs savoir-faire inégalés. Etonnants ces renforts d’arcs-boutants en bois, réalisés au millimètre près, pesant 8 tonnes, et posés par un grutier, à l’aveugle guidé par talkie, pour finalement s’adapter avec une précision inouïe sur le socle prévu. Impressionnant cet architecte qui connaissait la charpente initiale par cœur et est capable de reconnaître tel morceau calciné au milieu des décombres. Les travaux de sécurisation du site ont déjà coûté 165 millions d’euros. La tâche à accomplir  reste immense : finir de débarrasser les voûtes des nombreux débris qui les encombrent encore, dépose de l’orgue dont les tuyaux doivent être remis à neuf un à un, nettoyage des sols rendu indispensable pour abaisser le taux de plomb présent dans la cathédrale.

Une enquête difficile.

La  piste accidentelle demeure la plus plausible, bien que le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz n’exclut aucune hypothèse, mais aucun élément nouveau, à ce jour, n’est venu accréditer une piste criminelle. C’est une enquête hors-normes. Les débris ont fait l’objet d’un examen minutieux, les investigations menées sur place se poursuivent souvent dans des lieux adaptés.  La police scientifique passe les gravats au peigne fin pour isoler les éventuels indices : cables, fils électriques, mégots, boitiers de dérivation… Plus de cent témoins ont été auditionnés pour comprendre l’enchaînement fatal. Notamment  les enquêteurs ont cherché à comprendre la mauvaise interprétation du signal lors de la première alarme incendie, ce qui a fait perdre beaucoup de temps  à la sécurité. Elle a abouti à une intervention retardée des pompiers qui se sont trouvés à leur arrivée face à des flammes  qui avaient beaucoup progressé. On l’a compris, une longue bataille technique est engagée. Espérons que le mystère de cet embrasement sera un jour élucidé.

La cathédrale nous fascine toujours.

La question de sa renaissance ne se pose même pas. La messe du vendredi saint, célébrée par Monseigneur Aupetit, arrivé dans les lieux couvert d’un casque de chantier, est déjà forte en symbole : avant tout, l’édifice même atteint dans son intégrité, est encore et toujours un lieu de culte. Ce moment symbolique, au coeur du christianisme, au plus fort de la passion du Christ, n’a pas été choisi au hasard. Le prélat  se prosterne devant la couronne d’épines sauvée des flammes. La voix de Judith Chemla dit le poème de Claudel, le violon de Renaud Capuçon souligne l’action de grâce et la voix de Philippe Torreton donne l’ampleur lyrique aux méditations qu’il lit. Ensemble, ils portent le message au-delà des murs  par la magie de la télévision. Ils étaient là pour amplifier à la fois le caractère pathétique et la profondeur de ce message, et faire oublier l’absence du public cantonné derrière des écrans lointains. Notre-Dame est encore vivante, comme le Christ ! Le monde entier a vu Notre-Dame brûler, et le monde entier pouvait voir, déjà, Notre-Dame commencer à revivre, avant de renaître un jour définitivement. Elle était faite pour traverser les siècles et cela continuera, nous en avons maintenant la certitude. Si nous sommes attachés à ce qu’elle représente, c’est parce qu’avec elle nous n’habitons pas seulement le présent, nous participons à l’histoire. Derrière la création architecturale, elle incarne physiquement aussi notre aspiration à la transcendance :  avant d’être une prouesse de l’art gothique elle nous offre un lieu pour prier. Et le fait que tant de badauds aient assisté en état de sidération à ce que d'aucun nommerait un « brasier infernal » prouve assez qu’on ne peut arracher à la cathédrale son noyau spirituel. Et cet effroi ressenti par des gens à la foi incertaine est bien la « marque chrétienne » de la France. Une manière de dire que les pierres de Notre-Dame sont sacrées.  Méditation, prière, musique et poésie : l’espoir est  là.

Un architecte amoureux du monument et une renaissance assurée, c’était le message de Pâques de cette année !

 


LA CARENCE DE L’ETAT TENTACULAIRE

Ena

 

Nous ne sommes pas seuls : 195 millions d’emplois supprimés dans le monde, 3,3 milliards soit 81% de la population active mondiale, sont affectés par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, 60% des travailleurs dans le monde sont dans l’économie informelle souvent sans protection sociale …

Le  péché mignon.

Concernant le dernier chiffre ci-dessus, ce n’est pas le cas des travailleurs français. L’économie administrée est notre péché mignon et notre modèle social est un excellent amortisseur de crise qui permet  d’encaisser (à crédit) les chocs de conjoncture les plus violents. Ainsi le gouvernement a renforcé considérablement le  dispositif de chômage  partiel qu’il présente comme le plus généreux d’Europe. Mais nous sommes aussi au pays de Courteline : encadrement, réquisition, dérogation, sont notre lot. L’attestation de déplacement « dérogatoire » (au confinement) qu’il faut remplir pour chaque sortie en est un exemple parfait : elle prévoit six cas utilitaires allant des déplacements professionnels aux convocations judiciaires (sic) plus une septième de pur loisir, elle-même très encadrée (déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne, dans un rayon maximal d’un km de son domicile, liés à l’activité physique ou aux besoins des animaux de compagnie…).  Ajoutons à la liste un autre penchant : autorisation et aussi sa punition, l’amende ! Si l’Allemagne peut se flatter de pouvoir effectuer 500 000 tests par semaine de dépistage du Covid, chez nous Castagnette peut brandir près de 300 000 amendes que ses 100 000 policiers ont infligées  avec  4 millions de contrôle. 

L’Etat est partout de retour.

Il  n’est pas question d’en contester ici le  bien fondé.  En période de crise, même les Etats-Unis y ont recours : financement massif du chômage, soutien aux entreprises, éventuelles nationalisations temporaires, injonctions à l’industrie. Injecter des milliards d’euros dans la machine (110 milliards pour le plan de soutien en France) oblige à avoir recours à l’économie administrée et en France, le dirigisme s’appuie sur une forte tradition. Ainsi Bruno Le Maire, notre grand argentier du coffre vide, n’a pas hésité à menacer de retirer les garanties de l’état et d’interdire les reports d’impôt à toutes les entreprises qui rémunéreraient leurs actionnaires. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Chez nous, l’art de gouverner c’est se mêler de tout et la crise est une aubaine.  Les  Régions, les départements, plus disponibles et à l’écoute, ont-ils commandé des masques ? Ils sont réquisitionnés par l’état à leur arrivée ! Plus que jamais nos technocrates de Bercy sont à la manœuvre et on imagine que c’est avec jubilation qu’ils ont dressé l’inventaire à la Prévert des activités qui seraient ouvertes ou fermées : les opticiens ? fermés ! Les parapharmacies des galeries commerciales ? ouvertes ! Les animaleries ? fermées, puis non, ouvertes ! (importants  les chiens-chiens). Les marchés de plein air ? on ouvre, bien sûr ! Comme dans Ubu, les  contre-ordres s’enchainent : on ferme finalement les marchés, puis on les ouvre sur proposition du maire au préfet… Et déjà on se prépare avec délectation à établir la liste des ouvertures programmées et  progressives de l’après onze mai. Que voulez-vous, il y a entre Bercy, Matignon et l’Elysée, une poignée de personnes confinées qui se sentent enfin utiles ! On leur a confié l’intelligence de tout un pays. Le  problème c’est qu’ils sont coupés du monde et privés de tout « feed-back ». Heureusement, les Français sont débrouillards.

Qui trop embrasse, mal étreint.

L’euphorie jacobine semble prophétiser la  renaissance, sinon la justification, du centralisme républicain. Les  partisans de l’étatisme se gargarisent mais ils feraient mieux d’évaluer l’étendue des dégâts de l’impuissance publique à laquelle le centralisme technocratique a conduit. La  débâcle de notre système sanitaire national en est l’étendard et la litanie glaciale quotidienne du médecin bureaucrate en chef, chaque soir, l’ordre du jour calamiteux. La France des normes, des règlements, des circulaires s’avère être un vrai boulet. L’affaire des masques et des tests, qu’on songe enfin à généraliser dès qu’on en aura, illustre plus une incurie qu’une efficacité.  La  comparaison avec l’Allemagne décentralisée est accablante. L’appareil étatique est à alléger, non à renforcer. Les lourdeurs administratives s’ajoutent  à l’impréparation du gouvernement, à ses volte-face (le premier tour des municipales est édifiant), à ses lenteurs. Ainsi les laboratoires non hospitaliers n’étaient pas autorisés jusqu’à récemment à pratiquer des tests de dépistage, le réseau des médecins de ville a été d’abord négligé, et que dire de la querelle sur le traitement de ce grand professeur qu’est Didier Raoult !

Il faut sortir du centralisme techno.

Notre modèle social est un amortisseur de crise, certes, mais prenons garde qu’il n’étouffe la reprise comme en 2010. La  crise sanitaire a mis à nu la crise de l’étatisme. La légitimité de la loi « d’urgence sanitaire » du 23 mars donne à l’Etat un pouvoir écrasant qui permet de limiter les libertés d’aller et venir, d’entreprendre, de se réunir, et bientôt, peut-être de « tracer » numériquement les individus en utilisant les données personnelles de leur téléphone. Si nous ne sommes pas vigilants, c’est une société de surveillance et un Etat liberticide qui s’instaurerait. Il  ne faut pas non plus que l’Etat-pompier,  qui joue son rôle, soit pris comme argument pour la généralisation du tout-Etat et les nationalisations, en prenant prétexte de l’argent déversé sans compter pour freiner la crise. La responsabilisation publique et l’initiative privée seront toujours plus efficaces, dans la durée, que l’Etat obèse et inconséquent, car c’est bien lui qui a mis l’hôpital public dans la situation de détresse qu’on a pu observer. Contentons-nous du vieux principe : quand la liberté opprime, c’est la loi qui protège. Mais la liberté d’abord ! Les enseignements de l’Histoire du 20ème siècle sont pourtant édifiants !

Quel après ?

Les  prises de  paroles  de certains  de nos responsables chez Les Républicains semblent prouver le contraire. Aurélien Pradié et Guillaume Peltier feraient bien de réviser leurs cours d’histoire. Ce n’est pas le libéralisme qui est en cause, mais son avatar néo-libéral, et ce n’est pas l’Etat-stratège, autre tarte à la crème, et la planification qui nous sortiront d’affaire. Si c’est ça la ligne du parti, ce sera sans moi. Et puis, il y en a marre de toutes ces petites officines que chacun s’ingénie à faire vivre en parallèle pour avoir sa prise de position en dehors. Ce n’est pas ainsi qu’on reprendra le pouvoir. J’aimerais qu’on écoute le message de sagesse de Jean-Louis Thiériot et la mise en garde de Nicolas Forissier. Bref, c’est la délibération collective et le rassemblement qui devraient prévaloir. Car quoi, les maux dont nous souffrons ne sont pas liés à un excès de libéralisme ni à un excès de rigueur budgétaire, mais à l’inverse. C’est leur insuffisance qui nous ruine. C’est parce que les caisses de l’Etat sont archi-vides -et la crise ne va pas les remplir- que la  politique s’étiole et se dissout en mots creux de communication médiatique : « les  masques sont commandés, ils vont arriver, ils ne vont pas tarder à arriver, ils vont bientôt être distribués, la distribution est en cours. .. ». Si on doit continuer indéfiniment les politiques de relance et d’accroissement de la dette, alors oui, on courra à la catastrophe. Si l’Allemagne s’en tire mieux que nous ce n’est pas seulement parce qu’elle est moins centralisée, c’est aussi  parce qu’elle est moins endettée et qu’elle a donc retrouvé des marges de manœuvre budgétaires. Après la crise il faudra conjurer la demande exponentielle d’Etat-providence, de protection, d’indépendance nationale tous azimuts, en résolvant l’incapacité structurelle de nos entreprises à  être compétitives dans un monde qui restera ouvert parce qu’on ne le fermera pas d’un coup de baguette magique. Il faudra aussi remettre à leur place les demandes exacerbées des écologistes qui font feu de tout bois pour tenter de tirer la couverture à eux. Comme si la crise de nos hôpitaux était liée à un déficit de politique environnementale…  D’ailleurs si on veut répondre à la  promesse d’une mobilisation grandiose en leur faveur, il faudra bien commencer par emplir les caisses, non ? Alors, la décroissance … Et puis, faisons en sorte que le pouvoir ne soit pas trop tâtonnant, car le plus grand péril qui nous guette, c’est que le populisme s’en empare.

 


PRESIDENTIELLE AMERICAINE : CE SERA BIDEN CONTRE TRUMP

Biden trump 2020

Pour changer un  peu de  la politique hexagonale... Un peu d'exotisme  !

La prochaine élection présidentielle américaine opposera donc Joe Biden, ex-vice président de Barack Obama et figure de l'establishment démocrate, à Donald Trump. Bernie Sanders a jeté l'éponge sans attendre les résultats de la primaire du Wisconsin, après s'être accroché longtemps. Une enquête du Wall Street Journal situe le tournant au moment de la primaire du Michigan, le 10 mars dernier, un état qui concentre tous les problèmes qui ont empêché Bernie Sanders, à deux reprises, d'accéder à la Maison-Blanche.  Au moins espère-t-il, en se ralliant, que Biden retienne certaines de ses propositions alors que l'épidémie de Covid-19 remet l'Etat fédéral au centre du jeu, du côté des démocrates comme des républicains. La consécration de Joe Biden se produit dans un contexte électoral bouleversé par la pandémie : des primaires ont été annulées et on ne sait pas très bien comment les conventions des deux partis, prévues pour le mois d’août, pourront être organisées.

Que le spectacle commence.

Joe Biden, sans surprise, encore que … il a mené sa campagne des « primaires » avec une nonchalance surprenante, et avant que Bernie Sanders ait jeté l’éponge, il avait complètement disparu de la scène politique, peut-être à cause de l’épidémie. Sans doute pensait-il que la multiplication des discours n’était pas utile dans un pays tétanisé par le virus et que les résultats des primaires ayant précédé la mise sous cloche du pays avaient suffi, sous l’impact de ses victoires successives, à démontrer sa supériorité sur les autres candidats démocrates. Joe Biden est une personnalité politique qui ne se laisse guère impressionner par les provocations de Donald Trump, et contrairement à Sanders qui, deux fois, en 2016 et 2020, a sué sang et eau pour se faire une place au soleil, à 77 ans, il laisse calmement venir à lui l’investiture du parti démocrate. Il faut dire que l’ancien vice-président de Barack Obama bénéficie du charisme du président précédent. Donc Sanders, en homme intègre, lui a promis son soutien qui sera aussi celui des minorités et des classes pauvres. Il gauchira inévitablement le programme de Biden, mais il ne sera pas vice-président. Ce  serait plutôt Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie qui présente plusieurs atouts auxquels Biden est sensible. Un choix qui, s’il se confirmait, renforcerait le « progressisme » de son programme et, en somme, pourrait fort bien convenir à son ancien concurrent. Bref, il part du bon pied.

Le calme et le furieux.

Joe Biden est grandement aidé par l’épidémie que le président en exercice a gérée par le déni et le mensonge, avec des résultats catastrophiques en termes de décès et de cas graves, notamment dans l’État de New York. Jusqu’à présent, il s’est contenté de dire qu’un second mandat trumpiste serait insupportable pour le peuple américain. Mais face à Trump, cependant, il va falloir qu’il s’exprime et qu’il dénonce la gestion du pays par  les Républicains, tous unis autour d’un chef qu’ils vouaient aux gémonies il y a quatre ans. Cela fait des mois que les administrations décentralisées des États n’écoutent même plus la voix de Washington, préférant adopter des mesures locales dans nombre de domaines qui vont et surtout face à la pandémie. L’approche infantile des crises par Trump a non seulement isolé les États-Unis, mais elle a soumis la fédération à des forces centrifuges qui font que désormais on ne vit pas de la même façon au nord et au sud, à l’ouest et à l’est. Enfin, Donald Trump s’est toujours targué d’avoir accru la prospérité américaine, un atout qu’il a perdu presque instantanément avec la mise au chômage de dix millions de travailleurs abandonnés à leur sort par le système social le plus cruel des pays industrialisés. Mais Joe Biden aurait tort de penser qu’il suffit de jouer le jeu du centriste calme, éloigné de la clameur des primaires, comptant plus sur son curriculum vitæ que sur un art oratoire qui n’est pas son fort.

Trump est capable de tout.

Certes le président en exercice ne pouvait pas prévoir un tel cataclysme et en Europe on se demande toujours pourquoi il est resté populaire malgré les innombrables casseroles qu’il traîne. Bien qu’il ait encore le temps de rebondir, et on le voit à l’œuvre en débloquant des fonds pour soutenir les chômeurs, le virus pourrait bien lui donner le coup de grâce, d’abord parce qu’il a mis à jour parfaitement l’injustice du système de santé américain qui ne fonctionne que si on peut se l’offrir, ensuite parce qu’il est privé de son succès économique, soudain transformé en déroute. Le recul de l’économie américaine ne saurait être inscrit à son passif, même si gouverner, c’est prévoir. Mais Trump est réactif et capable de toutes les volte-faces. Certes, l’électeur américain est versatile et, bien que Trump dispose d’un noyau de partisans qui ne renonceront jamais à lui, le centre et la classe moyenne pourraient bien quand même lui faire payer l’addition. Et donc laisser le vent de sa légèreté et de sa versatilité emporter le président le moins compétent de l’histoire des États-Unis.

En chute dans les sondages face à Biden, il veut que le pays redémarre au plus vite. Pour le confinement, il ne veut pas aller au-delà de début mai : « Economy first ». Dès que l'épidémie sera terminée, la campagne électorale va vraiment commencer. On a hâte de voir ça !

Avantage  Biden, mais le match n’est pas joué.

 


TEASING HALETANT !

Macron le messie

Ce sera ce soir à 20h.

Des « sources bien informées » nous tiennent en haleine depuis  plusieurs jours... BFMTV  nous allèche avec des « indiscrets » … IL va nous parler du « monde d’après ». IL consulte beaucoup. Cramponnez-vous,  nous entrons dans l’ère de la communication « science-fiction ». IL aime la métaphore filée, donc, après la « guerre », la  « libération ».  Nous allons connaître une « nouvelle ère », que dis-je une « refondation ». Et pour que rien ne manque : « sur le modèle du Conseil National de la Résistance en 1945 ». Rien que ça ! Il se prend pour de Gaulle. On peut donc craindre le pire ! Nous on pensait bêtement qu’on était en guerre contre un virus. En fait non, c’est vraiment la guerre ! C’est l’Histoire avec un grand H qui se joue sous nos yeux mais est-ce que « l’appel du 13 avril » restera dans l’histoire, c’est une autre histoire.

Nous on voudrait juste savoir tout bêtement quand on va pouvoir sortir dans la rue normalement, où trouver un masque et éventuellement un test de dépistage. Le reste, c’est pas LUI qui en décidera.  C’est nous. Et en contrepoint des mots, toujours des mots, encore des  mots, je LUI propose de méditer ces douze réflexions  de Maxime Tandonnet  :

  1. La prodigieuse fragilité du monde interconnecté, du village global : la transparence, la fluidité parfaite des échanges d’images et des informations produisent une émotion globale qui emporte tout sur son passage. Des épidémies encore plus graves, provoquant, non pas des centaines de milliers de morts, mais des dizaines de millions (grippe espagnole de 1919), il s’en est produit dans le passé, dans un monde plus solide sur ses bases, mais sans provoquer une telle secousse. Demain, la foule planétaire fébrile nous expose à d’autres mouvements de panique qui seront encore plus tragiques.
  2. L’illusion de l’Etat de droit : nous pensions nos droits protégés par de formidables empilements de protections juridiques, conventions (cedh), Constitutions, profusion des jurisprudences (Cour de Justice, Conseil d’Etat, Conseil constitutionnel, etc.) . Il suffit d’une grande peur pour que tout ceci vole en éclat y compris le plus précieux des droits de l’homme, celui d’aller et venir. Et plus rien ne tient désormais, pas même la propriété privée. Demain, dans la même logique de circonstances exceptionnelles, on pourra réquisitionner les appartements et les maisons.
  3. L’effondrement de la valeur liberté :  la société française (comme d’autres) s’accommode de l’abolition d’une liberté fondamentale, celle d’aller et venir, avec une facilité déconcertante. Confiner un peuple est une mesure qui revient à l’assigner à résidence, une notion de droit pénal d’enfermement à domicile plutôt qu’en prison. En vertu de la préférence pour la sécurité, la société accepte de renoncer à sa liberté la plus élémentaire celle d’aller et venir, et par là-même à sa dignité.
  4. La faillite du Service public : la tragédie actuelle est le fruit de plusieurs décennies de mépris envers le service public, en l’occurrence le service public hospitalier, marquée par les coupes sombres dans les effectifs et les moyens, une gestion à courte vue qui interdit de disposer du volant nécessaire, en situation d’épidémie, de lits en réanimation. L’essentiel du drame se situe dans cette faillite qui explique aussi pourquoi l’Allemagne ayant conservé des capacités médicales suffisantes s’en sort infiniment mieux que la France.
  5. La médiocrité avérée de la classe dirigeante : la crise jette une lumière crue sur l’affligeante médiocrité des dirigeants politiques qui ont fait naufrage dans l’indécision, l’impuissance, les volte face et les mensonges – sur l’affaire des masques et des tests de dépistage, toujours indisponibles en France après trois mois de crise, qui permettent à d’autres pays de surmonter dignement cette épreuve – fuyant en permanence leur responsabilité dans une vertigineuse débauche de bavardage narcissique et de communication. C’est un vrai sujet de l’avenir: comment la France a-t-elle pu produire, en quelques décennies, une classe dirigeante aussi médiocre – sans que n’apparaisse de solution alternative.
  6. La défaillance de nombreux « intellectuels » (ou « la trahison des clercs ») : nombre d’entre eux bien connus et jadis admirés, ont failli à leur devoir de penser en hommes libres avec le recul et la distance nécessaires, pour se confondre avec le troupeau des zélateurs obséquieux au titre de la supposée « union nationale ».
  7. L’abêtissement général : il s’exprime dans l’incapacité d’une société à prendre de la hauteur par rapport à l’événement, surtout face au mensonge suprême source de toutes les manipulations : « c’est la guerre« . Il suffit de feuilleter un manuel d’histoire pour constater de toute évidence que la situation actuelle n’a rien de commun ni avec la Grande Guerre, ses 20 millions de morts, dans des conditions d’une horreur indescriptible, ni avec la deuxième Guerre mondiale, ses 50 millions de tués, ses batailles de chars, ses pratiques d’anéantissement, ses camps de la mort. L’acceptation passive du « c’est la guerre » est le signe patent de notre crétinisation.
  8. Les côtés obscurs de la nature humaine : on les voit ressortir en temps de crise et de panique : la rage collective envers qui donne des signes de refus de marcher au pas  (le jogger), le goût du nivellement, de la jalousie à travers l’interdiction de marcher sur la plage ou dans la forêt, voire même de s’asseoir sur un banc, attitudes qui n’ont rien à voir avec le risque de contamination, comme si l’image de la liberté individuelle la plus élémentaire et la plus quotidienne devenait insupportable à la société malade en quête de bouc émissaire.
  9. Le triomphe de l’absurdité bureaucratique : quand la bureaucratie opaque, invasive, totalitaire, prétend régenter les moindre aspect de la vie quotidienne: l’interdiction de courir à certaines heures de la journée est d’une bêtise bureaucratique confondante, à laquelle les pires excès du Gosplan soviétique n’ont rien à envier : vous avez donc le droit de marcher, mais si vous commencer à courir, à certaines heures, vous êtes en infraction. Et sur le terrain, les petits bureaucrates qui en rajoutent avec un zèle méticuleux ne manquent pas.
  10. La fuite dans l’idéologie et l’utopieil est désormais question partout du « jour d’après » ou du « monde d’après« . Rien ne sera plus comme avant nous dit le discours politico-médiatique qui nous convie à rêver du lendemain radieux. C’est une manière de fuir la réalité : des millions de Français privés d’emplois, la détresse des petits commerces, de la restauration, de l’artisanat privés de leur outil de travail, l’explosion des dettes publiques que devront financer nos enfants.
  11. L’indifférence et l’égoïsm: envers la tragédie des EHPAD, et la tentation de ne pas prendre en compte sur le plan statistique les décès qui y surviennent, dans l’abandon et la solitude. Mais aussi, sur les conditions du confinement : il n’a évidemment pas la même signification pour une famille de quatre personnes disposant d’une maison de 200 m2 et de son jardin et pour un couple avec trois enfants vivant dans 70 m2 d’une barre d’immeubles où il est synonyme d’enfer avec des risques de séquelles psychologiques effroyables pour les enfants. Mais cet enfer quotidien que subissent en ce moment de nombreuses familles confinées avec des enfants, emprisonnées à domicile, – inadmissible – n’est pas une préoccupation première.
  12. Hypocrisie autour des héros du quotidien : la revanche de la « France d’en bas » nous dit-on : le personnel hospitalier, les livreurs, les caissiers, les fonctionnaires directement exposés, les transporteurs, les éboueurs de nos quartiers, les travailleurs manuels. Matraqués et traînés dans la boue pendant la crise des gilets  jaunes, adulés aujourd’hui comme les sauveurs de la France confinée. Oui, mais demain, personne ne lèvera le petit doigt pour eux et le retour à leur condition initiale se fera tout naturellement. Qui veut parier?

                                                                                                                                                            Maxime TANDONNET





L’ODYSSEE DE SYLVAIN TESSON

Odyssée avec Tesson

Ne surtout pas rater.

De la  Turquie à la Sardaigne, l’écrivain voyageur est parti pour Arte dans le sillage d’Ulysse,  le Héros d’Homère. Avec lui, on embarque sur les eaux de la  Méditerranée qui ont vu naître un mythe fondateur de notre civilisation.  « L’Iliade et l’Odyssée », la référence de François-Xavier Bellamy.  Nous en retrouvons la définition sous les lignes de Sylvain Tesson : « Nous levons l’ancre à Marseille. Le calcaire des Calanques a la pureté d’un marbre égéen. Hélios éclaire la Bonne Mère phocéenne révélant le miracle méditerranéen : la triple source gréco-romaine, juive et chrétienne a abouti à un miracle qui s’appelle l’Europe. Braudel l’avait dit il y a trente ans : tout s’organise ici en triade. La vigne, l’olivier et le blé. Le vent, la lumière et le calcaire. Athène, Rome et Jérusalem. Le  Christ, Athéna et César. Ce sont les blasons du Mare Nostrum. » …

Pendant un mois et demi, Christophe Raylat, le réalisateur promène ses caméras  dans tous les lieux où Ulysse a fait étape. Pendant six semaines, avec ses comparses, il  remonte le fil de l’Odyssée dans le désordre, reliant  les sites inventoriés par Bérard. A chaque escale, un invité les rejoint à bord : archéologue, philologue, artiste, savant ou écrivain. Tous brûlent de la même passion : l’Antiquité. Avec  un conseil qui vaut par les temps qui courent : « quand on se confine, prendre soin de s’entourer de compagnons versés dans les humanités ! Le temps passe plus subtilement. »

Ainsi vogue le navire, de jour en jour, d’île en île, jusqu’à la tendre Ithaque où la douceur de l’air confirme qu’Ulysse a bien fait de lutter dix années  pour retrouver sa terre. A chaque rencontre, à chaque coup de vent, l’Odyssée apparaît comme un poème vivant, sous nos yeux déployés.

Pour les Grecs, l’Iliade et l’Odyssée s’inscrivent comme le véhicule du renouveau !  Grâce aux textes,  les Grecs comprennent qui ils sont. Les deux poèmes rassemblent les informations et indiquent comment piloter les bateaux, sacrifier aux dieux, festoyer et combattre, c’est-à-dire comment vivre. Les deux poèmes structurent l’identité… Certains hommes  modernes pensent que le monde est né le jour de leur naissance.   L’idée d’une identité collective insulte leur fierté individuelle. Narcisse n’aime pas Homère. L’une des joies à bord est de s’apercevoir que rien n’a changé depuis deux millénaires et demi sous le soleil. La vie se joue toujours au même tempo… "C’est cela que nous sommes partis chercher en hissant les voiles : ce qui demeure". Sur cette terre, le changement est une imposture, demain une illusion et la « perfectibilité de l’homme » une calembredaine…  L’homme a besoin d’un récit pour savoir qui il est.  Il ne saurait vivre sans mythes. Ne pas s’abreuver à la source des vieux textes est pire qu’une paresse.  C’est un confinement : le confinement de soi-même en soi-même. Cela  donne des hommes à la triste figure, très ignorants, très fiers d’eux-mêmes, enfermés  dans un ennui qui s’appelle le présent.  François-Xavier Bellamy ne dit pas autre chose dans son livre « Demeure » !

Et si les portes de la cité se ferment, on peut lire avec des yeux toujours neufs l’Iliade et l’Odyssée. Le mythe vient à notre secours dans les temps de réclusion ! Quand un cheval de Troie entre dans une ville, porteur d’un virus qui affole les esprits et paralyse les  corps, on a intérêt à emprunter les seules portes encore ouvertes : celles de la poésie ! 

Du lundi 13 avril au vendredi 17 avril, à 17H45, la  chaine ARTE diffusera la série « Dans le  sillage d’Ulysse »,  avec  Sylvain Tesson.  Un documentaire réalisé par Christophe Raylat. 5 épisodes de 26  mn. 

Rien de vous empêche en même temps de relire l’œuvre d’Homère.  Bon confinement !

 


PAS DE PANIQUE !

Euro

 

Baisse des charges bisEt d’abord les statistiques.

La France est entrée en récession ce trimestre, de -6%  … Un drame ! Le chômage partiel explose, et  dans la foulée, le nombre des chômeurs … Rien d’étonnant et il va falloir s’y habituer. Les  commentateurs économiques, qui ont l’habitude de se tromper dans leurs perspectives s’alarment comme si c’était une surprise ou une catastrophe. Ce n’est pourtant pas la peine d’en rajouter :  les Français ont suffisamment de stress à gérer avec la sombre litanie du Dr Salomon chaque soir et la querelle sur le traitement du Dr Raoult. Il est pourtant évident que si l’économie s’arrête, le PIB baisse, les comparaisons avec des situations antérieures sont inopportunes. Et le chômage augmente surtout si on le facilite. Inutile donc de hurler à chaque mauvais chiffre, parce qu’il va nécessairement en tomber pendant quelques semaines. Le PIB va chuter, la consommation aussi, le commerce international aussi, et le chômage va flamber. Car nous vivons une récession peu ordinaire : elle n’est pas le résultat d’une crise comme celle des subprimes en 2008, un choc de créances pourries dont le monde a mis 5 ans à se remettre. Celle que nous vivons n’est pas le fruit d’une secousse économique, c’est une mise entre parenthèse imposée pour raison sanitaire.  Une sorte de coma artificiel pour reprendre la comparaison de Marc Fiorentino : les gouvernements ont mis l'économie dans un état de coma artificiel le temps que l'épidémie s'arrête. Le moment venu, on la fera sortir du coma. Alors peut-être que le temps de réveil et de récupération sera plus ou moins long et certaines lésions seront peut-être irréversibles, des entreprises fragiles disparaîtront,  des secteurs perdront des emplois, mais nous sortirons du coma. C'est programmé. Et quand tout repartira, ce sera l'inverse : croissance, consommation, baisse du chômage, reprise des échanges… Beaucoup de paramètres interviendront  mais  cette récession n'est pas une récession subie, c’est une récession « artificielle ».

 

Bercy_ministere_financesLa France dans son mauvais rôle.

L’Europe a un rôle moteur à jouer d’abord en soutien pendant la léthargie, ce qui est fait avec les 1500 milliards d’euros débloqués par la BCE. Il faut ensuite se mettre d’accord sur les mécanismes permettant d’y accéder et d’aider les pays les plus durement touchés par la pandémie.  Un plan cohérent de soutien financier serait le bienvenu. La vidéoconférence entre les chefs d’Etat et de gouvernement n’ayant pas permis de trouver un terrain d’entente, c’est la conférence des  ministres de l’Economie qui devait s’y coller. Mario Centeno, le Portugais qui préside l’Eurogroupe, a mis au point un plan en trois composantes : l’activation d’une ligne de crédit dans le cadre du MES (Mécanisme européen de stabilité), pouvant aller jusqu’à 240 milliards d’euros, la création par la Banque Européenne d’Investissement d’un fonds de garantie de 25 milliards d’euros, financé par les Etats membres, qui permettrait au final de mobiliser 200 milliards d’investissement  dans les  PME et enfin le lancement par la Commission européenne du programme « Sure », doté de 100 milliards d’euros pour aider les états à financer  le chômage  partiel. Une fusée à trois étages qui permettrait de venir en aide aux Etats,  aux entreprises et aux travailleurs. Un plan qui recueille un large soutien. Paris a bloqué parce qu’il n’a pas obtenu ce qu’il appelle le 4ème étage : le fonds de solidarité pour financer une stratégie de reprise fondée sur l’investissement. Ce fonds évalué à 420 milliards d’euros n’est en réalité que la remise dans le jeu des fameux « eurobonds » dont l’Europe du Nord ne veut pas. La proposition de  la France est perçue comme une fuite en avant pour mutualiser les dettes et ainsi emprunter  à bon compte, ce que les pays d’Europe du Nord, vertueux, ne veulent pas, les Pays-Bas tout particulièrement. Mais  la France depuis  plusieurs années et jusqu’à récemment n’a pas envoyé des signaux crédibles sur sa dépense publique.  Bruno Le Maire est donc malvenu à laisser éclater sa colère et proclamer sa « honte » pour masquer  la défiance  dont notre pays fait l’objet, et qui, elle, est une réalité !

 

Dette publiqueLa solidarité, oui, mais il faut un frein à l’endettement.

Les pays du Sud, dont la France, sont aujourd’hui touchés lourdement par l’épidémie dans des conditions sanitaires très dures mais aussi des conditions très difficiles pour leurs finances publiques déjà fort mal en point avant la crise. Au sein de ces pays, l’Italie est dans une situation très critique, on peut déjà extrapoler une dette à 160 % du PIB d’ici la fin 2020. En Espagne et en France aussi, les dettes publiques vont gonfler et les taux risquent de monter. Les pays du Nord de l’Europe, avec à leur tête l’Allemagne et les Pays-Bas, sont dans une tout autre situation : l’épidémie semble un peu plus contenue sur leurs sols et leurs finances publiques sont assez saines grâce à une gestion au cordeau depuis la crise de 2008. Tout système de « mutualisation » des dettes au niveau fédéral en faisant contribuer les « fourmis » au profit des « cigales » serait une invitation pour les mauvais élèves à emprunter sans frein, grâce à des taux d’intérêt garantis par L’Europe, ce qui n’est acceptable par les pays du Nord qui ont fait les efforts de gestion – et on les comprend ! C’est en effet les taux d’intérêts qui peuvent servir de frein à la fuite en avant des dépenses. C’est pourquoi le plan proposé par  Mario Centeno est raisonnable, il avait d’ailleurs reçu l’accord de  principe de l’Espagne. La France continue le forcing. Et comme d’habitude, un accord sera trouvé. Mais vraiment, la France n’a rien à gagner à affronter l’Allemagne, elle ferait mieux d’essayer de l’imiter. Si un frein a l’endettement avait été mis en place en France au sortir de la dernière crise, nous ne serions pas aujourd’hui à 100 % de dette mais plutôt autour de 80 %. Nous serions alors plus crédible avec nos exigences.

 

Des-liasses-de-billets500 milliards disponibles immédiatement.

L’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été décidé cette nuit par les ministres des Finances de l'Union européenne. On savait Merkel à la manœuvre.  Seule l’Allemagne pouvait faire plier les Hollandais. D’autre  part, consciente des difficultés des pays du sud et des dégâts dans l’industrie de son propre pays, elle souhaitait qu’un accord soit trouvé. Cette nuit, les négociations ont enfin abouti, comme on pouvait s’y attendre, sur la base du plan Centeno : on allège  les procédures du MES pour faire plaisir à l’Italie, et l’Allemagne et la France sont chargées de préparée un plan de relance selon les vœux de Bruno Le Maire. Tout le monde  est content. La France a le pied sur l’accélérateur mais on compte sur l’Allemagne pour avoir le pied sur le frein. L’important est que l’Europe agisse de concert. C’est le  cas. Trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. On progresse !

Du coup la France fait passer de 50 à 100 milliards son soutien à l’économie et aux entreprises. Mais il va falloir être sérieux ensuite : avec un déficit annoncé de près de 8% et un endettement à 112% du PIB à la fin de l’année, la France va devoir faire des efforts.  On sait déjà qui paiera : les contribuables et les épargnants, et chez nous, ce sont les mêmes. Alors, dépêchez-vous d’aller faire le plein pendant que l’essence n’est pas chère, parce que les pays producteurs ont trouvé un accord de réduction de 10 millions de barils par jour pour faire remonter  les cours. Et le prix des carburants va remonter.


MAIS SI L’EUROPE EST LA ! HEUREUSEMENT !

BCE 2

 

L’Europe a beaucoup de défauts, et nous aurons à tirer des leçons de cette crise sanitaire.  Notamment, puisqu’elle ne compte plus pour les Etats-Unis accaparés par leur affrontement avec la Chine, elle devra absolument construire sa souveraineté sanitaire pour ne pas dépendre de puissances extérieures en matière d’approvisionnement de médicaments et matériels de soin, ce qui implique clairement pour les  pays européens de l’Union d’investir de manière collective et coordonnée dans leur capacité industrielle. D’autant plus qu’elle a les entreprises pour le faire. Pour répondre à la crise, il faut « plus d'Europe, une Europe plus forte et une Europe qui fonctionne bien ». La  bonne nouvelle, c’est que l’Allemagne a compris que c’était aussi son intérêt.

Le rôle de la Banque centrale européenne.

Il aura été primordial. Ceux qui reprochent à l’Union de laisser tomber l’Italie ou la Grèce, parce  que certains refusent les « coronabonds » oublient l’essentiel. Certes l’Europe ne peut pas fournir ce qui manque à tous et qu’aucun pays ne produit plus guère : des masques ou des respirateurs qu’il faut commander à la Chine. Celle-ci, à l’affut, et faisant mine d’oublier que la pandémie vient de chez elle se permet des « gestes » humanitaires en « offrant » des livraisons… la  propagande avance masquée,  c’est le cas de le dire. Supériorité des régimes « autoritaires » ? Si c’est pour truquer la vérité chinoise et imposer l’omerta russe, non, merci ! Revenons à nos moutons : sans la  BCE, et donc sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro seraient en faillite, à commencer par la France. Sans la BCE, des pays comme l'Italie, l'Espagne et la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Sans la BCE, aucun plan de relance budgétaire ne serait possible. La Banque Centrale Européenne, c’est la plus grande initiative européenne,  puisque son intervention massive n’est possible qu’avec l’accord unanime des  partenaires de la zone Euro. Comme le dit  Marc Fiorentino, en paraphrasant Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ! ».

L’importance de la monnaie unique.

Nous avons la chance extraordinaire  d'avoir une monnaie commune qui évite une guerre des monnaies et les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Les  Européens ont accepté de mettre entre parenthèses le « pacte de stabilité » ce qui nous arrange bien  car nous étions incapables de rentrer dans les clous. Mais point n’est nécessaire de créer de nouveaux fonds spéciaux d’aides (les coronabonds)  comme  l’explique Wolfgang  Schaüble, l’actuel  président du Bundestag, ancien ministre de l’économie : utilisons d’abord les outils existants. Et ils sont suffisamment nombreux à commencer par le MES, Mécanisme Européen de Stabilité, doté de 500 milliards d’euros, ou la  Banque Européenne  d’investissement, dont on peut élargir le cadre de garantie… et dont les actions peuvent s’ajouter à celle de la BCE. Nous avons donc toutes les raisons d’affirmer que l’Europe est solidaire. Cependant, chacun doit désormais apporter aussi sa contribution. La solidarité n’est jamais un processus à sens unique.

Les  médias  sont  niais sur l’Europe.

Il  est, en effet, étonnant, énervant même, d'entendre des commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ils passent quasiment sous silence la solidarité de l’Allemagne qui a pris en charge des malades italiens et français.  Il existe de multiples exemples d’entraide, qui passent au second plan à cause du sujet central dont on nous abreuve à jet continu d’émissions spéciales « coronavirus ». Ces médias oublient tout simplement la Banque Centrale Européenne et les centaines de milliards qu’elle a décidé de débloquer  pour les  mettre à la disposition des Etats. Et de fait, Les banques sont devenues des distributeurs d'argent gratuit distribué par la BCE et garanti par la BPI, des agences nationales de la BCE : c’est comme si elles étaient nationalisées, ou plutôt  « européanisées », de fait. C’est évidemment une situation transitoire, mais cela leur évitera de provoquer la prochaine crise. En France, les « Prêts garantis par l'État » (PGE) bénéficient d'une garantie de l’État à hauteur de 70 à 90%, selon la taille de l'entreprise. Berlin s'apprête à relever à 100 % la garantie d'État assortie aux prêts pour les PME fragilisées par la crise du coronavirus. Et Merkel, sortant de son confinement volontaire pour montrer l’exemple, affirme sans ambages : c'est « dans l'intérêt de l'Allemagne que l'Europe sorte forte de cette mise à l'épreuve ». quant à l’Union européenne, il suffit de voir avec quelle énergie la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, malgré des prérogatives limitées, cherche à renforcer la solidarité, soyons convaincus que tout ce qui est nécessaire sera fait pour rester ensemble. Même si c’est vrai que cette crise implique que nous progressions chaque jour à tâtons, car bien malin est celui qui nous dira précisément où tout cela mènera.

L’union financière, pour l’instant, fait ses preuves. Voilà un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens, qu’on entend peu. Il sera intéressant, par exemple, de voir dans quel état va se trouver le Royaume-Uni livré à son sort, et inévitablement abandonné par les Etats-Unis qui ont d’autres chats à fouetter. Le  monde est cruel !


TRUMP DEMASQUE !

Donald Trump

La  pandémie du Coronavirus aura au moins eu un mérite (même si le mot n’est pas très approprié),  celui de révéler la vraie nature de Trump. Obsédé par sa volonté de privilégier l’économie à  tout prix et son aveuglement dans sa rivalité avec la  Chine, il a oublié l’essentiel : le  peuple américain !

La catastrophe sanitaire.

Plus  de 300 000 cas  à travers le  pays, le virus se répand rapidement. Plus de 1 500 morts dans les dernières 24H, dont 594 à New York où la maladie fait rage et qui compte 4 159 décès sur un bilan total de 9 000, soit près de la moitié. Ces nombres traduisent l’impuissance de l’administration et des services de santé américains. Ils montrent surtout qu’un retard a été pris par Donald Trump au début de la pandémie, qu’il refusait de prendre au sérieux. Pendant plusieurs jours, il n’a cessé de minimiser la gravité du phénomène causé par ce qu’il se contentait d’appeler le « virus chinois », une manière de sous-entendre que la Chine avait organisé la contamination de la planète. Face au désastre annoncé, il a choisi de protéger l’économie qui, il y a encore un mois, se trouvait dans une situation plutôt florissante. Il a donc préféré injecter deux mille milliards de dollars dans l’économie de son pays mais rien pour la protection sanitaire de ses concitoyens. Le président des États-Unis a parié sur le mauvais cheval : compter sur la barrière que constituerait l’infection de 60% de la population comme immunisation naturelle contre le virus, en oubliant qu’il exposait son pays à un bilan catastrophique de  100 000  à 200 000 morts, voire plus. Le  « mauvais rhume » se transforme alors en cauchemar. C’est que les Etats-Unis ne sont pas organisés pour soigner les centaines de milliers d’Américains dont beaucoup seront démunis pour payer leurs soins. Il est probable que le pays manque comme nous de moyens en respirateurs, lits de réanimation,  masques et surblouses médicales. Autre écueil : le pays est très décentralisé, le confinement n’y a été ordonné que dans la moitié des États, alors qu’il s’agit d’une crise évidemment fédérale et, aujourd’hui encore, beaucoup d’Américains n’ont pas vraiment compris qu’ils étaient exposés à une épidémie, de sorte que la discipline du confinement est vécue avec nonchalance.

Le retournement de l’économie.

C’était le point fort de Trump. Mais il a été incapable d’enrayer la chute de la bourse et la brusque montée du chômage (plus de six millions de personnes ont déjà perdu leur emploi). Son autorité et sa crédibilité sont donc atteintes dans un secteur pour lui essentiel : sa capacité à faire tourner l’économie. Dans la course à la Maison Blanche, il ne pourra pas brandir son principal trophée : le plein emploi et la prospérité, et il ne pourra pas faire campagne sur la puissance américaine. Il a beau annoncer maintenant des moments « horribles », organiser avec des méthodes douteuses le ravitaillement de son pays en masques, préconiser le traitement par l’hydrochloroquine dont il veut  tous  les stocks pour les Etats-Unis, le tout dans une surenchère nationaliste insupportable, le roi est nu à sept mois des élections générales. Car, pour la première fois, ses analyses taillées à la hache et ses propos mensongers ne relèvent plus du verbiage sur les réseaux sociaux, mais de prises de position qui auront fait des milliers de morts dont il sera comptable. Du coup sa défaite, qui semblait impossible il y a à peine un mois devient possible. Jusqu’à présent, Trump tenait bon, parce qu’il était attaqué sur sa personnalité et son caractère, son ignorance et son triomphalisme enfantin.  Ses admirateurs voyaient dans ces jugements une manœuvre scélérate destinée à le disqualifier. Aujourd’hui, il doit répondre d’un manque de clairvoyance et de lucidité dont la traduction est déjà « un crime » massif. Peut-être que ses plus fervents partisans qui compteront leurs propres victimes changeront alors d’avis. Si cette crise permettait de montrer la vraie nature de Trump à ses  adorateurs aveugles, de le démasquer au moment où il demande à ses concitoyens de se masquer (sauf lui), ça ne serait pas une injustice.

La  chance de Biden.

L’erreur de  Trump arrive au moment où les démocrates se rallient à un candidat unique, en l’occurrence Joe Biden. Celui-ci incarne ce que les Américains considèrent comme le répit centriste auquel ils pourraient bien se rallier : les admirateurs du « génie » de l’immobilier et ceux qui réclament à cor et à cri plus de justice sociale pourraient fondre leur déception dans le vote pour un homme dont la discrétion va se transformer en qualité première. Joe Biden est parfaitement capable de transférer des financements énormes vers la protection sociale et le niveau de vie, tout en conservant ce qui séduisait tant chez Trump, l’autonomie des États-Unis, première puissance mondiale censée trouver dans sa propre énergie la solution de tous les problèmes. Car il existe quand même une aspiration du peuple américain que Trump a voulu satisfaire à n’importe quel prix et que Joe Biden peut prendre en compte partiellement : c’est la démondialisation. De ce  point de vue, la pandémie du Cov19 arrive  à  point nommé pour faire bouger les lignes. Le changement profond qui se prépare aux États-Unis ne sera que l’un des changements qui vont transformer le monde. Les paradigmes économiques et sociaux seront d’autant plus différents que la gestion trumpiste aura été la caricature de ce qu’un président doit faire pour ses concitoyens.

 

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE.

 

Explorateur

Avec la crise du Covid19, nous sommes entrés véritablement en « terre inconnue ». Jamais le monde n’aura connu une telle situation. Des milliards de terriens sont confinés, les  avions ne volent plus, les usines sont à l’arrêt presque partout. La pandémie pétrifie l’économie mondiale et ceux qui résistent encore  comme Bolsonaro au Brésil et Trump aux Etats-Unis, illustrant l’inconséquence du populisme, ne tarderont pas à faire volte-face comme le sieur Boris du Royaume-Uni. « Business as usual » est balayé par  la montée des périls causés par le virus. En 2020, la France sera en récession, la zone euro aussi, et le monde très probablement également. Un PIB mondial dont on ne sait pas de combien il va reculer, c’est du jamais vu, alors que la dette, déjà colossale, elle, explose déjà.

Un monde en « guerre ».

Nous sommes entrés dans une terre inconnue où  les règles tombent, les milliards valsent, les économies sont mises sous cloche, mais où, aussi, les tensions persistent, les affrontements stratégiques perdurent, les concurrences s’exacerbent. La crise sanitaire, derrière les décisions des banques centrales qui se ressemblent, si elle crée l’illusion d’une coordination des puissances mondiales, n’en provoque pas moins un choc économique et financier dangereux pour la stabilité politique d’un monde déjà très éclaté. Une économie de guerre a vu le jour : l’Union européenne a passé par-dessus bord la rigueur du « pacte de stabilité » et les restrictions aux aides d’Etat, et même la vertueuse Allemagne s’est affranchie de sa « règle d’or » budgétaire ; le FED a déclenché pour plus de 1 000 milliards de dollars de rachats  d’actifs, la BCE a emboité le pas avec  un programme de 750 milliards d’euros.  Les  planches à billets tournent à plein régime. Les gouvernements garantissent le crédit aux entreprises, financent les trésoreries des établissements de toutes tailles, reportent les charges, encaissent la facture du chômage  partiel qui flambe… La  cloche du confinement est en « or massif » !  Et l’on découvre des « fronts » inimaginables  comme cette guéguerre pour les masques où tous les coups semblent permis, y compris les plus immoraux. Voilà une denrée qui m’interpelle au niveau du vécu (comme aurait dit mon gaucho de service) : pour quelque chose qui parait-il ne sert à rien, comment se fait-il que tout le  monde  se batte pour s’en procurer ?

Une situation qui incite à réfléchir.

D’abord, parce que les confinés ont le temps,  à la différence des personnels  soignants qui doivent mener un combat épuisant, souvent en faisant face avec des moyens défaillants. Chapeau !  Cette situation nous questionne : certes, il faut préserver l’appareil  productif, il faut  permettre aux chaines d’approvisionnements de fonctionner, et faire en sorte que le maximum d’activités, plus ou moins mises en sommeil puissent redémarrer. Il faudra bien revoir certains modes de fonctionnement : en redécouvrant, par exemple, la vertu des stocks de précaution, et le périmètre de ce qui est stratégique en matière de santé, mais pas seulement. Il va falloir sortir du déconfinement sans provoquer une nouvelle vague de  contamination et concevoir une relance intelligente de l’activité qui ne pourra pas se faire sans l’intervention de l’Etat : entre  l’offre et la demande, quoi privilégier ? La réponse se  trouve dans la  coordination évidente a minima entre partenaires européens,  au mieux au sein de l’OCDE et même du G20.  Ceux qui parlent de la  fin de la mondialisation me semblent de doux rêveurs. Les  économies sont trop imbriquées  comme  la crise nous a permis de le constater pour redémarrer tout seul dans son  coin. 

Etat ou marché ?

Dans la lutte contre  la pandémie, les Etats sont au centre de l’action, trop souvent en ordre dispersés, mais finalement pour prendre  peu ou prou les mêmes décisions.  La  crainte  qu’il faut avoir chez nous, c’est que  l’Etat reste omniprésent bien au-delà de la crise sanitaire.  Bruno Le Maire parle de nationalisations, des voix s’élèvent ici ou  là pour appeler à rétablir l’ISF, faire payer les riches, et élargir encore le  périmètre de ce qui doit échapper au marché, et de dresser la liste des biens et des services qui doivent rester sous contrôle, intégrant non seulement ce qui relève de la  santé mais aussi de notre alimentation et de notre environnement. Une fois la peur du virus passée, on va nous parler de l'amélioration spectaculaire de la pollution pendant la crise, et les appels à la décroissance vont être de plus en plus fréquents. Une chose doit  être bien claire : si l’Etat est légitime en cas de crise pour protéger les  citoyens, son omniprésence ne se justifie plus une fois la crise passée. Et nous avons l’expérience : nous savons  faire jouer les filets de sécurité  de notre protection sociale au bénéfice du plus grand nombre, c’est après que ça se gâte. Notre système est tellement lourd qu’il plombe l’économie et rend les redémarrages beaucoup plus lents que chez tous nos partenaires. Surtout quand des décisions inopportunes viennent tuer notre compétitivité, comme  la charge d’impôts votée en juillet 2012 par Hollande qui nous       a flingué notre économie pendant quatre ans, l’empêchant de prendre le train de la croissance mondiale.

Autre chose devrait aussi nous interroger : comment se fait-il que nos voisins allemands qui n’ont pas un système de santé étatisé soient plus performants que nous (en % rapportés à  la  population) en matière de tests, de lits de réanimation (deux fois  plus) et de capacité hospitalière en général, avec une dépense de même niveau que la nôtre ? Notre gestion hypercentralisée et technocratique n’est-elle  pas à revoir ? Encore une fois, où passe l’argent ? Autrement dit, nous dépensons beaucoup d’argent pour préserver la santé, aussi il serait préférable que la  dépense consentie soit efficace. Manifestement, la crise que nous vivons à ce mérite de  mettre en lumière bien des déficiences, ce qui appelle des améliorations du système de santé, dont l’organisation est  loin d’être idéale.

Le marché et l’Etat sont complémentaires, voilà une règle qu’il ne faudra pas oublier le moment venu,  en ayant une conscience aiguëe des forces et des faiblesses de l’un et de l’autre. Avertissement aussi à ceux qui voudraient en profiter pour imposer une économie encore plus dirigée et  plus « socialisée ».

 


DEBAUCHE DE COM’

Guignol-1

L’épidémie que nous subissons constitue un test concret de la capacité des gouvernants à la combattre. Il suffit de voir les stratégies divergentes d’un pays à l’autre pour s’en convaincre. C’est même un test impitoyable dans la mesure où on peut apprécier presque en temps réel  la performance de ceux qui tiennent les manettes. Chez nous, elle se mesure au bilan que dresse chaque soir le professeur Jérôme Salomon, le Directeur Général de la Santé, égrenant sa liste morbide mesurant l’évolution de l’infection de la population par le virus, en nombre de malades, en cas graves et en décès.  Mais pour morbides qu’elles puissent paraître, les statistiques dont on nous abreuve ont un objectif : même si comparaison n’est pas  raison, elles sont utiles au gouvernement pour lui permettre de nourrir l’opinion publique. Ainsi, le « politique » peut s’en servir pour assurer sa dialectique et orienter sa communication, en donnant l’impression d’être pro-actif, en suivant la réalité.

Symptôme révélateur d’un pouvoir dépassé.

Ce besoin de recourir au « paravent » scientifique qu’ont le Gouvernement et le Président de la République, en s’entourant de « comités » largement mis en avant pour cautionner les décisions prises, peut être reçu comme un besoin de se retrancher derrière l’argument indiscutable fourni par la  science. On peut y voir  le signe d’un pouvoir qui aurait peur d’assumer ses  choix. En fait de "politiques", nous sommes bien en présence de technocrates désincarnés qui nous administrent plus qu’ils ne nous gouvernent. Ce qui expliquerait qu’on ait un exécutif plus suiviste qu’anticipant qui fait déplacer des malades à grands renforts de trains, hélicoptères, bateaux, pour montrer qu’il agit, alors que des cliniques privées à proximité restent vides et l’arme au pied !!!! (TF1 13H, du 1/04) Tout ça pour tenter de donner le change. 

Une épidémie d’abord prise à la légère.

Rappelons-nous les propos de la Ministre de la Santé fin janvier. Ils témoignaient de l’appréciation qu’on avait alors à l’Elysée et à Matignon sur l’improbabilité que la crise chinoise  qui n’en était qu’à ses débuts parvienne jusqu’à nous. Nulle précaution, nulle anticipation alors. Nous campions sur la certitude d’avoir le meilleur système de  santé du monde, de toute façon capable de faire  face si  par nature le virus osait pointer  le bout de son nez chez nous. Nous sommes pourtant le pays qui a inscrit le principe de précaution dans notre Constitution. Cela me rappelle le Maréchal Le Boeuf disant à Napoléon III qu’il ne manquait  pas un bouton de guêtre à ses soldats pour déclarer la guerre à l’Allemagne, en 1870. Ce qui me confirme dans ce jugement c’est l’accident Buzyn.  Déjà, voir la Ministre de la Santé abandonner son poste alors que la crise sanitaire en était aux prémices, pour aller remplacer au pied levé le candidat Griveaux dans les conditions que l’on sait, c’était à la limite surréaliste. Probablement amère du score  pitoyable qu’elle a obtenue, elle en a rajouté  dans une interview dont les propos laissent rêveurs, pour affirmer qu’elle avait alerté l’exécutif  du péril qui s’annonçait.  On avait donc bien pris du retard dans la mise en place du dispositif de lutte contre une pandémie déjà en route.

Déluge verbal présidentiel : la verbigouvernance.

Cette grille de lecture nous permet de comprendre l’enchaînement des actions gouvernementales à partir de la fin de la première semaine de mars : prise de parole solennelle de Macron  le 12 mars, annonçant la fermeture  des écoles à partir du 16 mars, irruption de Philippe au 20H le 14 mars, veille des élections pour annoncer la tenue des élections mais la fermeture de tous les commerces sauf de ravitaillement, dès le soir même, puis à nouveau Macron le 16 mars pour annoncer  les  deux premières semaines de confinement. Cette  avalanche de décisions témoigne d’une précipitation et  tombe sur une France insouciante qui n’y comprend rien, continue de se promener et de profiter du soleil printanier. Il faudra  le confinement strict pour que la prise de conscience ait enfin lieu. Il faudra du temps  pour s’apercevoir qu’il est justifié avant tout par une pénurie …  de tout : de  masques, de tests, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs, de personnels  soignants. On découvre alors que nous sommes  « verbigouvernés ». On parle  beaucoup pour occulter une réalité sur laquelle on ne peut plus que faire semblant d’agir. Alors, Macron nous soule !  Il est partout, se déploie sur le terrain, à la Salpétrière, à Necker, dans un Ehpad, se métamorphose en chef de guerre en pérorant devant un hôpital militaire pour le symbole.  Mais enfin,  est-ce son rôle ? Tout ce qu’il annonce il l’a déjà dit à d’autres et multiples occasions.  Le Premier Ministre n’est pas  en reste qui doit prendre  une heure et demie à la télé  vendredi dernier pour faire  le tour par le menu de tout ce qui a été entrepris, aréopage de scientifiques à l’appui, pour la fiabilité. Peur que la sienne ne suffise pas ?

Sondage cruel.

L’exécutif donne l’impression de courir après le temps perdu. On découvrira un jour qu’on aurait pu peut-être faire autrement. Au moins au passage, Roselyne Bachelot et ses millions de vaccins contre  la grippe  H1N1 se sera vue réhabilitée par ceux-là mêmes qui l’avaient pendue haut et court à l’époque. Nos gouvernants  courent surtout après leur crédibilité.  Car si certains sondages  (Harris par exemple) semblent montrer une certaine cote de l’exécutif, le sondage approfondi publié par le Figaro mardi dernier est impitoyable et exprime une confiance en chute libre :  69% des Français pensent que l’action du gouvernement n’est pas claire, 70% qu’il ne dit pas la vérité, 75%  qu’il n’a pas pris les bonnes décisions, 75% qu’il n’a pas fait ce qu’il faut pour équiper  les hôpitaux, 79% qu’il ne sait pas où il va, 88% qu’il aurait dû décider le confinement plus tôt… D’où la tentation d’occuper  les médias pour noyer la communication et empêcher l’opposition de s’exprimer, avec un Premier Ministre  venant lui aussi régulièrement à la télé, un Ministre de la Santé donnant le compte-rendu précis et quotidien de la situation et une porte-parole zélée qui accumule les  bourdes ! Sauf que l’efficacité du verbe présidentiel est indexée sur sa solennité. A se prononcer sur tout et à se répéter sans cesse, Macron le banalise : imagine-t-on le Général  De Gaulle s’adresser à la nation pour annoncer qu’il a commandé un milliard de masques ! Il a encore parlé pour ne rien dire (de plus), entends-je autour de moi. Et le fait d’appeler sans cesse à l’union nationale est la preuve la plus certaine qu’elle n’est pas réalisée, car réitérer une consigne trahit toujours l’insuffisance, sinon l’échec de son application.  

Vous l’avez compris, la débauche de com’ c’est le signe le plus tangible que le pouvoir est désemparé. Pas certain qu’il sauve les meubles de cette façon.