HISTOIRE

FAIRE PERDRE L’AMERIQUE !

Donald Trump

 

Qui osera dire à Trump ses quatre vérités ?

Il serait temps en effet que quelqu’un ose défier le « grand méchant » qui sévit à la Maison blanche. Dire aussi à la face du monde que tous les américains n’adhèrent pas aux vilaines actions de leur Président, et comme l’affirment des panneaux qui fleurissent au bord des routes empruntées par son vice-président : « nous n’avons pas voté Poutine ! ».

Un loser.

Les « compliments » ne manqueraient pas : d’abord rappeler que Trump est un loser aux multiples faillites, un monstre bouffi d’orgueil doublé d’un menteur compulsif, sans parler de sa vulgarité indigne du rang qu’il occupe. Les exemples ne manquent pas pour illustrer le propos. Le loser, c’est celui qui abandonne l’Afghanistan aux talibans, laissant à Biden le soin d’organiser un retrait dans des conditions catastrophiques ; c’est celui qui abandonne les accords qui permettaient de contrôler le nucléaire iranien ce qui a permis aux mollahs d’arriver au seuil de la création d’une bombe nucléaire ; c’est celui qui a fait ami-ami avec le dictateur Nord-Coréen sans rien obtenir de sa part sinon de poursuivre sa course à l’arme nucléaire et aujourd’hui de pactiser avec Moscou qui collabore à la réalisation des vecteurs nécessaires en échange de l’envoi de chair à canon sur le front ukrainien. Aujourd’hui, il trahit sans vergogne ses alliés pour se jeter dans les bras des Russes qui n’en demandaient pas tant.

Un traître.

Trump, c’est aussi celui qui foule aux pieds la Charte des Nations Unies en votant avec la Russie et la Corée du Nord une motion sur la paix en Ukraine qui ne mentionne pas la garantie de ses frontières, le principe intangible sur lequel a été bâtie l’ONU.

Trump c’est encore celui qui renie tous les principes fondamentaux de la démocratie américaine, à coups de décrets signés à grand spectacle de sa signature mégalomaniaque excédant ses pouvoirs et menaçant de destitution les juges qui osent se mettre en travers.

Un attardé mental.

Trump c’est l’attardé mental qui se croit encore au XIXème siècle, qui pense que la toute puissance permet de s’accaparer des territoires au mépris des populations qui les habitent, oubliant le principe sacré des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il se croit revenu au temps des prédateurs qui se taillaient des empires coloniaux par la force. C’est un formidable recul de la civilisation au profit de théories suprémacistes qui n’ont plus cours, mais malheureusement encore vivantes dans une partie de l’opinion américaine.

Un incompétent.

Trump c’est enfin un incompétent notoire qui ne voit dans l’économie qu’un tiroir-caisse et croit qu’avec des doits de douane on peut régler le problème de la dette colossale de son pays, dette d’ailleurs financée sur le dos du commerce mondial grâce à la suprématie du « roi-dollar ». Il ne voit pas qu’il mène son pays à la ruine, entraînant avec lui le reste de la planète : le protectionnisme provoque le ralentissement du commerce et des échanges, appelle des mesures de rétorsion, alimente l’inflation, freine la consommation et débouche sur la récession… et l’histoire nous enseigne que les surenchères peuvent conduire à la guerre.

Les derniers évènements nous montrent qu’il est entouré pour gouverner d’une bande d’amateurs, clique plus ou moins obscurantiste, Trump ayant préféré nommer des gens serviles plutôt que compétents, qui laissent fuiter dans une boucle de communication des informations stratégiques et dont les cv sont facilement accessibles sur internet comme un journal allemand l’a signalé.

Tout cela pourrait très mal finir.

La démocratie américaine est en grand danger et le pays pourrait sombrer dans la guerre civile si une contestation de la nouvelle administration prenait de l’ampleur. En attendant, ce sont des milliers d’américains ayant perdu leur emploi qui paient les pots cassés et l’horizon économique se bouche par la confusion qui règne. Le Groenland fait savoir que le vice-président Vance n’est pas le bienvenu sur son territoire, et les Canadiens remontés comme jamais multiplient les actions d’hostilité à l’égard des Etats-Unis. Donner la victoire à Poutine contre l’Ukraine serait une défaite de plus pour les Etats-Unis. Il ne fait pas bon être allié de l’Amérique et je ne voudrais pas être à la place des Taïwanais. Quant à l’Europe, elle serre les rangs et s’organise pour résister à l’ouragan et elle en a les moyens. Le mépris à son égard de l’administration Trump revient à se tirer une balle dans le pied : on ne se met pas à dos impunément un marché de 450 millions de consommateurs solvables. L’Europe n’est pas seule : l’Australie, le Canada, le Japon, la Corée du Sud la rejoignent en une sorte de front commun. Un monde peut s’organiser et vivre sans Trump.

La messe n’est pas dite, mais comment va réagir le matamore ?

 


SOYONS MEGA !

Euro

Make Europe Great Again !

L’offensive tous azimuts de Donald Trump s’en est prise aussi à l’Union européenne, accusée d’avoir été créée pour « emmerder » les Etats-Unis. Il lance une salve douanière à son encontre mais cible aussi l’Otan, ce qui inquiète nombre de nos partenaires dépendant de l’alliance pour le parapluie nucléaire. Un séisme qui réveille le vieux continent et provoque une prise de conscience. L’union européenne entend s’organiser pour faire face à la nouvelle donne. L’occasion pour elle de s’affirmer comme puissance économique et financière et comme puissance militaire pour assurer sa défense. « Make Europe Great Again » prend une tout autre signification que celle que voulaient lui donner les partis nationalistes réunis à Madrid dernièrement.

L’Europe, une puissance économique.

Donald Trump cible l’Union européenne, qu’il perçoit comme un rival économique majeur, et lance contre ses membres de lourdes taxes douanières. Or, en misant sur la croissance plutôt que la seule réglementation, l’Europe pourrait transformer cette confrontation en opportunité économique et financière. L'Union européenne est une puissance économique majeure : c'est un excédent commercial de 150 milliards d'euros en 2024 et une balance des paiements courants qui sera excédentaire de près de 600 milliards de dollars ; son PIB global nous met dans le trio de tête mondial ; c’est un espace où les taux d'intérêt sont nettement moins élevés que les taux américains avec un euro stable et protecteur. Le Président américain lui offre l’occasion de pivoter vers un modèle tourné vers la croissance, le point faible, plutôt que vers la réglementation, son péché mignon. C’est le moment de terminer l’union des marchés de capitaux pour faciliter les mouvements entre les partenaires de l’union, chantier entrepris et jamais terminé mais qu’il devient urgent de faire aboutir, notamment parce qu’il permettrait de drainer plus facilement l’énorme épargne des européens pour financer les projets collectifs et vers des investissements en faveur des pme-pmi, et enrayer l’hémorragie : l’Europe a beau détenir l’un des plus grands réservoirs d’épargne privée au monde, 300 milliards d’euros quittent le continent chaque année, principalement en direction des Etats-Unis, ce qu’oublie l’ineffable Donald. C’est aussi l’occasion pour elle d’accentuer ses échanges avec le reste du monde pour compenser la fermeture du marché américain. Le rapprochement avec l’Inde va dans ce sens, l’accord de libre-échange avec le Mercosur devient une nécessité et peut se révéler aussi bénéfique que celui avec le Canada.

L’Europe de la défense.

Il s’agit, dans l’urgence de la nouvelle donne géopolitique, de combler les dépendances et les lacunes du Vieux Continent. Celui-ci importe 78 % de ses achats de matériels militaires, dont les deux tiers des États-Unis, et la tendance s’est aggravée depuis la guerre en Ukraine. « Nous devons acheter davantage européen », plaidait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mardi, lors d’un discours à Copenhague. Cette préconisation se retrouve au cœur de l’instrument financier Safe, doté de 150 milliards d’euros, pour aider les États membres à accroître leurs investissements dans la défense. Ce dispositif, fondé sur des prêts de la Commission, financera des projets conjoints d’équipements réunissant plusieurs États membres (trois États au minimum) afin de dégager des économies d’échelle et de promouvoir l’interopérabilité, qui fait souvent défaut. Pour pouvoir en bénéficier, la Commission a retenu un seuil minimum de 65 % de composants d’origine européenne (y compris la Norvège et l’Ukraine). Les 35 % restants devraient venir d’un pays avec lequel l’UE a un accord de défense, comme le Japon ou la Corée du Sud, mais pas le Royaume-Uni pour l’instant. Dans cette même logique d’accélération, Ursula von der Leyen a proposé que la Commission passe elle-même des commandes groupées au nom des États membres, comme elle l’avait fait pour les achats de vaccins contre le Covid. Elle suggère d’établir pour ce faire un « mécanisme européen de ventes militaires », sur le modèle de ce qui existe aux États-Unis, où l’État constitue des stocks de matériels pour les revendre à l’exportation. La problématique est simple : 450 millions d’Européens ne devraient pas dépendre de 340 millions d’Américains pour les défendre contre 140 millions de Russes qui n’ont pas pu vaincre 38 millions d’Ukrainiens. Mais il faudra à nouveau faire un emprunt commun. Outre l’Italie, l’Espagne, la Pologne ou les pays Baltes, deux anciens membres du clan des pays « frugaux » s’y sont ralliés récemment en raison de la menace croissante de la Russie : le Danemark et la Finlande. Les Pays-Bas et la Suède, eux, y restent opposés. La balance pourrait basculer en fonction de la position du futur chancelier allemand, Friedrich Merz qui, avant même son arrivée à la Chancellerie, a converti son pays à la dépense publique d’autant plus que, avec les sociaux-démocrates et les centristes, les trois partis qui composent la majorité au Parlement européen sont désormais favorables à un nouvel emprunt mutualisé.

En parallèle, la France mène une action pour organiser, avec une trentaine d’états volontaires, une force susceptible de garantir un cessez-le-feu en Ukraine. Quand les Européens veulent, les Européens peuvent.

Plus Donald Trump s'attaque à l'Europe, et plus il la rend « great again ».

Les craintes de récession ou de stagflation aux États-Unis, les perspectives sur la Bourse, les actions à acheter ou vendre, ont conduit les membres de la Fed à revoir à la baisse leurs projections de croissance et d’inflation, accentuant ainsi l’incertitude sur les perspectives économiques des Etats-Unis. Cette incertitude est renforcée par la politique commerciale de Donald Trump. Dans ce contexte, FedEx a lancé un signal d’alerte en révisant à la baisse ses prévisions de chiffre d’affaires, évoquant une demande affaiblie et un environnement économique incertain. Un signal inquiétant de la part d’un acteur souvent vu comme le thermomètre de l’activité économique aux États-Unis. Une perspective qui favoriserait encore plus L’Union européenne qui multiplie ses efforts pour relancer sa croissance.   

 


L’ALLEMAGNE MET LE PAQUET

Merz

 

Retournement de situation.

C'est un retournement de situation sans précédent et qui va changer le cours de l'histoire de l'Allemagne et de l'Europe. En France, on a du mal à imaginer ce qui est en train de se passer en Allemagne. Les élections législatives ont eu lieu le 23 février, il y a à peine un mois. Et en moins d’un mois, le centre droit victorieux, la CDU-CSU, le centre gauche de Scholz défait et humilié, le SPD, et les Verts, sont déjà parvenus à un accord, sur un sujet essentiel : l'assouplissement de la limite, pourtant constitutionnelle, de la dette ! Chez nous, bien peu pariaient sur les chances de Merz, le futur nouveau chancelier, de parvenir à un tel résultat.

Un modèle démocratique à suivre.

Imaginez les Macronistes, les LR, le PS et les Verts se mettre d'accord en un mois pour sauver notre système de retraites...  Quand on voit à quel point la situation politique est bloquée en France et que les partis politiques sont incapables de se mettre d'accord sur des mesures pourtant essentielles pour le bien commun, on rêve du modèle d’outre-Rhin.

Une relance qui tombe à pic.

Le fait de faire sauter le verrou de la dette et de lancer un plan de 500 milliards d'euros, un premier plan, il y en aura d'autres, est une « révolution ». Ce premier plan vise les infrastructures, dans tous les domaines, du transport à l'énergie en passant par l'éducation et la protection du climat. La décision de l'Allemagne de s'endetter pour financer la défense et de nouvelles infrastructures profitera au pays mais aussi au reste de la zone euro. A l'heure où l'économie européenne risque de ralentir avec les droits de douane de Trump, c'est une mesure bienvenue.  

Et maintenant l'Allemagne doit aussi revoir ou relancer son business model qui est en crise. Le PIB allemand n’a quasiment pas progressé depuis 2019 et la production industrielle du pays, touchée par la hausse du prix de l'énergie à la suite de la guerre russe en Ukraine, a chuté de 17 %. L'agence de notation Fitch jugeait même que la croissance potentielle allemande était descendue à seulement 0,6 % par an. Il était donc grand temps de relancer la machine. L’Allemagne doit se réinventer.
Ses métiers clés ont été pillés par la Chine. Avec ce plan d'investissements dans les infrastructures et la défense, Friedrich Merz peut réussir à maintenir la structure de l'économie allemande basée sur l'industrie en remplaçant la Chine, un de ses grands clients, par de la dépense publique.  La croissance allemande pourrait atteindre 1 % en 2026, contre 0,5 % prévu auparavant. Les annonces de mercredi dernier sont « un électrochoc salutaire ». Ces dépenses publiques allemandes sont en effet particulièrement bienvenues aujourd'hui, au moment où Donald Trump s'apprête à frapper l'Europe de droits de douane qui risquent fort de ralentir l'activité économique à court terme. Dans ce contexte, la relance de l'Allemagne, seul pays qui peut dépenser autant, pourrait compenser une partie de l'activité perdue en raison du protectionnisme américain.

Consensus et ressources disponibles.

Alors que tous les commentateurs enterraient, prématurément, l'Allemagne, ce pays a deux atouts : le sens du consensus, ils viennent de le prouver, et des ressources financières quasi illimitées compte tenu de leur situation budgétaire et d'endettement. Et la décision du futur chancelier Friedrich Merz montre aussi que les Européens se réveillent, qu'ils agissent et sont capables de répondre à l'impérialisme américain. Les Européens sont en train de se dire que si le maintien de leur relation avec les Etats-Unis se révèle trop cher et trop risqué, le coût de l'indépendance vis-à-vis de Washington devient acceptable, mettant en échec le calcul de l'administration Trump qui pariaient que les Européens plieraient tellement ils sont dépendants des Etats-Unis et tellement le coût de la rupture serait élevé. La méfiance sur les F35 et les commandes remises en cause en est un signe évident.  

Il se pourrait bien finalement que les Européens aient pris conscience de leur puissance économique et se révèlent plus intelligents que Trump !     

 


UN TOURBILLON DE FOLIE

Présidents outrés

Depuis son entrée en fonction officielle, la pluie de décrets présidentiels secoue les Etats-Unis en interne, provoque des tensions diplomatiques sur les cinq continents, et crée une atmosphère de crise perpétuelle alors que s’installe son Administration. Les coupes sombres du Doge, qui n’a rien de vénitien, mettant des milliers de fonctionnaires sur la touche, sans ménagement, contestées par les juges fédéraux, tout comme les décrets du Président qui dépassent les limites de ses compétences, jettent le pays dans la confusion.

L'inquiétude des marchés.

Asie, Europe, Wall Street : les marchés ploient face au déclenchement de la guerre commerciale voulue par Donald Trump. Loin de l’enthousiasme manifesté lors de l’élection du président américain avec son lot de promesses en matière de baisses d’impôts et de déréglementation en tout genre, les investisseurs ont été rattrapés par les craintes d’un retour au protectionnisme général, qui risque à terme de mettre à mal la croissance mondiale. Le chamboule-tout est accompagné de marches arrières puis de nouvelles menaces sans qu’on puisse en comprendre la mécanique décisionnaire. Les mesures qui devaient entrer en vigueur avec les nouveaux droits de douane de 25% qu’appliqueront les Etats-Unis aux produits importés du Canada et du Mexique ont été suspendues pour un mois, après une discussion avec ses homologues mexicain et canadien, et leurs mesures de rétorsion. La Chine est également concernée, avec une hausse de 10% des droits de douane appliqués à ses produits. Et l’Europe n’est pas en reste. Outre les mesures de rétorsion équivalentes que brandissent les pays concernés, ces décisions renchérissent mécaniquement les coûts de pans entiers de l’industrie américaine – automobile en tête – fortement importatrice de pièces détachées venues des pays ciblés, ce qui renchérira du même coup les prix des produits finaux vendus sur le marché américain. Selon les calculs de Goldman Sachs, les taxes douanières pourraient diminuer de 2% à 3% les prévisions de profits des entreprises américaines.

L'économie américaine tourne encore à un régime satisfaisant. Mais elle ralentit. Et Trump, président pourtant pro-business, est en train de créer un climat d'incertitude anxiogène qui commence à affecter la confiance des consommateurs et des chefs d'entreprise. Rappelons-nous qu'une grande partie de la croissance des dernières années a été alimentée par le "wealth effect", l'effet richesse lié à la hausse de la bourse. Et Trump est en train de casser son jouet.

L'ordre mondial chamboulé.

Après avoir bouleversé l’ordre mondial, les institutions américaines et les relations des Etats-Unis avec la plupart de leurs partenaires en seulement un mois et demi, Donald Trump ne compte pas ralentir la cadence : devant le Congrès américain, il a martelé sa volonté de poursuivre son jeu de chamboule-tout. Le président américain a vanté sa guerre commerciale, renouvelé ses revendications sur le canal de Panama et le Groenland, attaqué son prédécesseur, et insisté sur la guerre culturelle aux Etats-Unis. Alors que le relèvement des droits de douanes américaines fait vaciller les marchés et que les entreprises redoutent un effet inflationniste, il a reconnu que ses offensives commerciales contre de nombreux pays allaient causer « quelques perturbations ». Les experts redoutent surtout un choc majeur pour l’économie mondiale. L’histoire ne se répète pas, mais les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets et la situation créée par Trump rappelle furieusement celle qui a produit la crise de 1929, quand Hoover a déclenché la guerre protectionniste.

Sa nouvelle connivence avec Poutine, qui jetterait l’Ukraine dans les bras du dictateur russe, l’épisode ignoble du bureau ovale où il s’en est pris avec Vance, à Zelenski venu pourtant avec de bonnes intentions, la suspension de l’aide américaine et l’arrêt du renseignement mis à la disposition de l’armée ukrainienne, le vote à l’ONU avec la Russie et la Corée du nord d’une résolution qui ne reconnait pas les frontières de l’état agressé, sont incompréhensibles et constituent une véritable trahison avec les alliés traditionnels des Etats-Unis.

Quelle boussole ?

Pour réagir efficacement aux multiples initiatives du président américain, il faudrait savoir où il veut aller. Il est temps de sortir de la trumpéfaction, cette forme de stupéfaction qui semblait s'être emparée des capitales européennes depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, et l’Europe réagit enfin. Il est urgent de savoir quelle est la vraie boussole de Trump. Certains avancent l’hypothèse de la création de l'environnement le plus favorable possible pour la Trump Organization - et donc la promotion immobilière. Ce qui expliquerait ses projets d'un Gaza transformé en Riviera et peut-être espère-t-il que l'empire Trump sera l'une des clés de la reconstruction de l'Ukraine.

Mais si vous avez écouté attentivement la dernière conférence de presse de Donald Trump, ce vendredi, vous aurez constaté que ce type n’est pas seulement imprévisible, il est totalement incohérent ! Sur le Canada, sur Gaza, sur la Russie, sur l’Iran, il se contredit, change d’avis, passe à autre chose, accuse ses prédécesseurs, ment grossièrement… La parole de l’Amérique est réduite à des mots sans suite, ce qui va générer, forcément, des catastrophes en chaine. Et pendant ce temps-là, Poutine bombarde l’Ukraine comme jamais… Et la vidéo de l’intervention de Claude Malhuret devant le Sénat français fait le buzz outre-Atlantique !

Il serait temps que le tourbillon de folie s’arrête et que les américains se réveillent.

 


L’EUROPE COMPTE ENCORE !

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L'Europe est une puissance mondiale.

Au plan économique, elle est forte et a un potentiel réel de rebond économique.
L'Union européenne compte 27 membres, dont 20 font partie de la zone euro. Elle compte 450 millions d'habitants qui sont 450 millions de consommateurs « solvables », du fait d'un niveau d'épargne élevé et d'un niveau d'endettement relativement faible.
L'UE c'est 18 000 milliards d'€ de PIB, une des trois premières puissances économiques mondiales et sa balance commerciale dégage 150 milliards de surplus commercial, à comparer avec le déficit commercial abyssal des États-Unis (-100 milliards de $). (Pour mémoire : PIB US de 28 000 milliards, Chine de 21 640 milliards.)

On n'a pas encore les chiffres définitifs de 2024, mais la balance des paiements courants devrait approcher les 600 milliards d'€ (-310 milliards de $ pour les US) et une balance des paiements courants excédentaire est le signe d'une économie puissante et saine.

L'Europe affiche aussi des taux d'intérêt en baisse, largement inférieurs aux taux américains avec des taux à 10 ans pour le leader de la zone, l'Allemagne, à 2.45% contre 4.40% pour les États-Unis, et un euro relativement stable, à un niveau qui n'est pas handicapant pour le commerce extérieur et la croissance.

C’est vrai, sa principale faiblesse, c'est sa croissance, en dessous de 1%, mais avec un réel potentiel de rebond si l'Allemagne « pivote », comme on peut l’espérer avec l’élection de Merz.
Le chômage moyen y reste élevé à 5.9% mais il s'améliore, et l'inflation baisse même si elle est encore à 2.4% (seulement) pour la zone euro.  

Prise en étau entre la Chine et les États-Unis, l'Europe a tout de même tout pour réussir. Elle augmenterait ses chances à plusieurs conditions : l'Europe doit être plus unie, elle doit sortir de sa naïveté vis-à-vis de la Chine, elle doit résister face à la pression américaine, et elle doit avoir conscience de sa puissance car elle est puissante et peut se faire respecter.
Mais Le modèle européen n'est pas le modèle américain. Il est peut-être moins dynamique mais il est plus « social ».

 

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La rencontre Trump-Macron.

Sur la forme, Emmanuel Macron s’est bien débrouillé. Tout en affichant une certaine complicité avec Donald Trump, il s’est permis de le reprendre avec précision sur les financements de la guerre en Ukraine en public, et a exprimé poliment son point de vue divergent. Naïveté et mauvaise foi de Trump qui communique des sommes fantaisistes (350 milliards) et ne connait pas les conditions de leur utilisation.

Le message du Président français a été substantiellement le suivant : il ne sert à rien de signer une paix rapide si elle est bâclée et ne comporte pas de garanties de sécurité solides : la guerre reviendrait alors inévitablement, « faute de quoi ce cessez-le-feu risque de ressembler aux accords de Minsk » a-t-il explicité. En face on voit à nouveau la naïveté de Trump qui pense que Poutine retournera à ses affaires dès la paix établie, oubliant que la récupération des marges d’influences de l’ex-URSS était son obsession.

Sur le fond, le résultat est mitigé : une trêve possible « dans les semaines à venir », éventuellement avec la présence de troupes européennes pour « garantir la paix » sans opposition de la Russie, et une rencontre Zelinsky-Trump dans les prochains jours pour parachever l’accord sur les minerais. Emmanuel Macron a fait état « d’avancées substantielles » des pourparlers mais le président américain est resté vague.

Pendant ce temps, à l’ONU les États-Unis se sont alliés à la Russie lors de votes à l’assemblée générale et au Conseil de sécurité. Au moins Trump est prévenu, la paix ne pourra pas être une capitulation de l’Ukraine. Concernant l’Otan, les américains feront pression pour que les européens augmentent leurs contributions, mais n’abandonneront pas ce qui est pour eux la poule aux œufs d’or : un marché d’armement énorme et solvable. Demain, c’est le premier ministre britannique, Keir Starmer, qui ira essayer de parlementer et les Allemands, eux, prennent conscience que leur dépendance militaire aux États-Unis grève leur souveraineté. Aujourd’hui les chefs d’Etat européens se concertent en visio.

La messe est loin d’être dite.

 


BONNES NOUVELLES POUR L’EUROPE

Merz

Première bonne nouvelle : les élections allemandes.

Le centre droit de Merz (CDU/CSU) a remporté les élections.

Le parti du chancelier sortant, Olaf Scholz, a été écrasé, et le parti d'extrême droite, l'AfD, réalise un score élevé, mais semble plafonner par rapport aux récents scrutins donc pas « d’effet Musk ». Les scores : CDU/CSU  28,52% des voix, AfD : 20.8%, SPD de Scholz : 16.41% ; relative stabilité des Verts : 11.61% et de l'extrême gauche Linke 8.77%. Compte-tenu du fait que les libéraux du FDP et l'autre parti d'extrême gauche BSW n'atteignent pas la barre des 5% nécessaires pour avoir des sièges au Parlement, les partis qui sont au-dessus de 5% vont avoir plus de membres. Une coalition à 2 partis est donc possible.

C'est un tournant pour l'Allemagne.

En sachant que Merz a affirmé qu'il ne gouvernerait pas avec l'extrême droite malgré la pression de Musk et de l'administration Trump, trois possibilités s’offrent à lui : une coalition centre droit, centre gauche, CDU et SPD ; une coalition centre droit et Verts ; une grande coalition, centre gauche, centre droit, et verts.

Le résultat de ces élections est une bonne nouvelle pour l'Europe.

L’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis est un des objectifs affichés par Merz à l'annonce de sa victoire. Il explique que les États-Unis ne s'intéressent plus à l'Europe et qu'ils ne viendront plus la défendre... Son but est donc de renforcer l'Europe et sa défense. C’est donc aussi un tournant pour l'Europe. C'est la fin d'une période d'incertitude. Et Merz a la volonté de relancer l'économie allemande.

Deuxième bonne nouvelle : un front de soutien à Kiev.

Les outrances de Trump ne restent pas sans réponse.

Les dirigeants de l’Union européenne sont arrivés ce lundi à Kiev pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine, le jour même du troisième anniversaire de l’invasion russe, réunion à laquelle 24 autres dirigeants se joindront par visioconférence. Confrontés à la menace russe et au revirement américain, les Européens se mobilisent. Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez est du voyage, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Emmanuel Macron sera, lui, reçu aujourd’hui par Donald Trump à la Maison-Blanche pour faire des « propositions » sur la paix. La Présidente de la Commission a dit avoir « fait le point avec Emmanuel Macron » et le premier ministre britannique Keir Starmer, qui se rend lui aussi aux États-Unis jeudi.

Réunion du Conseil européen.

De son côté, Le président du Conseil européen Antonio Costa a annoncé un sommet spécial pour le 6 mars car « nous vivons un moment décisif pour l'Ukraine et la sécurité européenne ». De plus, le chef de file des démocrates-chrétiens allemands Friedrich Merz, a d'emblée affiché comme « priorité absolue » la création d'une « capacité de défense européenne autonome » comme alternative à « l'Otan dans sa forme actuelle ».

Les manifestations de soutien s'organisent.

Par ailleurs, des manifestations de soutien à l'Ukraine ont déjà eu lieu hier dimanche à Paris, à Prague, à Vilnius, devant l'ambassade de Russie à Washington et dans plusieurs autres villes américaines. D'autres rassemblements sont prévus ce lundi, notamment à Londres.

Trump est un loser et Poutine un criminel de guerre.

En même temps, dans une initiative lourde de sous-entendus, les Américains ont proposé à l'Assemblée générale de l'ONU un projet de résolution qui ne mentionne pas l'intégrité territoriale de l'Ukraine, et ce alors même que le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé dimanche à une paix « juste » qui respecte cette «  intégrité territoriale ». Trump ne pourra pas faire la paix tout seul avec la Russie. Il apparaît pour ce qu’il est : un loser, comme d’habitude. Il a livré l’Afghanistan aux talibans, laissé son « ami » Kim Jung Un fabriquer sa bombinette, et aujourd’hui il veut livrer l’Ukraine à la Russie. Demain ce sera le tour de Taïwan avec la Chine … Non, Trump et son bouffon Musk ne sont pas les maîtres du Monde. Il va falloir qu’ils comptent avec le vieux continent. Quant à Poutine qui affirme sans vergogne que l’Europe ne veut pas arrêter la guerre, il inverse, comme d’habitude les rôles : c’est lui l’agresseur. Il existe u n moyen simple de rétablir la paix, c’est rendre les territoires conquis par la force et respecter l’intégralité territoriale de l’Ukraine, garantie par les traités qu’il a lui-même signés. Cela n’efface pas tous les crimes de guerre qu’il a commis et le mandat d’arrêt lancé contre lui par la CPI.




RELEVER LA TÊTE OU DISPARAITRE

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Comment faire face à Trump.

Depuis qu’il est élu, Trump se croit tout puissant, il décrète, il aboie, il insulte, il vitupère, il dégaine ses droits de douane, et il entreprend même de négocier tout seul avec Poutine, comme s’il était le maitre du monde.

Mais l'Amérique dispose-t-elle encore d'une puissance qui lui permet de rester maîtresse du jeu, alors que son nouveau président n'hésite plus à exprimer ses convoitises territoriales sur des pays amis ? Certes, le système économique global lui permet de régner sur l'économie mondiale, dans un cadre où la puissance du dollar impose aux partenaires de l'économie américaine le financement de ses déficits abyssaux. Mais les slogans ne suffisent pas pour maintenir les Etats-Unis en grande puissance industrielle. En effet, c’est une suprématie qui repose aujourd'hui sur une dette de plus de 30 000 milliards de dollars ! En dépit des propos menaçants de Donald Trump, cette réalité devrait pousser plus à une démarche de négociation qu'à un conflit commercial. La donne monétaire qui est installée, qui est construite sur la capacité d'émission dont dispose le Trésor américain, n'est envisageable que dans le cadre d'une entente entre les nations qui déterminent la structure des échanges de l'économie mondiale.

Dans un monde global, créanciers et débiteurs sont solidaires du même système : malgré les tensions entre les blocs, personne ne peut se passer du rôle du billet vert qui assure plus de 80 % des échanges internationaux. La peur du saut dans l'inconnu garantit la pérennité d'un édifice déséquilibré mais profitable à de nombreux acteurs, grâce à la dynamique des échanges dans une économie ouverte. Le protectionnisme et les barrières douanières peuvent ébranler l'édifice des échanges et tout remettre en cause.

Quant à la parité entre le dollar et l'euro, l'intégration des économies américaines et européennes est une réalité vivante où l'interaction des entreprises de chaque côté de l'Atlantique s'appuie aussi sur un sentiment de culture partagée. Toute action conflictuelle unilatérale est une menace pour les partenaires occidentaux par les incertitudes qu’elle engendre. Tout le monde y perdra. C’est pourquoi l'Europe ne pourra pas défendre une position de compromis raisonnable sans d’abord faire face fermement à la volonté de Donald Trump d'imposer un retour sans partage de la suprématie américaine.

Les Etats-Unis dans une seringue.

Le président américain a lancé les hostilités en imposant des droits de douane de 25% sur les produits importés du Canada et du Mexique et en rehaussant de 10% ceux venant de Chine, l’Europe suit avec sa dose de barrières douanières imposées. Une stratégie risquée pour l'économie américaine. La bataille ne fait que commencer et l’étendue de ses conséquences est encore imprévisible. Elle pourrait bien fragiliser le pays qui l’a déclenchée. En effet, à eux trois, le Mexique, la Chine et le Canada pèsent 43% des importations de marchandises aux États-Unis.

Les représailles n’ont pas tardé et l’Europe promet de répondre fermement. Dans ces conditions, les « tariffs » de Trump pourraient se retourner contre les consommateurs américains et les États-Unis finir par devoir payer au prix fort leur guerre commerciale, si celle-ci perdurait. Si les États-Unis affichent un fort déficit commercial c’est parce qu’ils consomment beaucoup, et plus qu’ils ne produisent. Cette politique de droits de douane apparaît donc aussi néfaste pour eux que pour leurs partenaires commerciaux, car elle ne permet ni de stimuler l’industrie, ni d’améliorer le solde commercial, pénalisant au passage les exportations autant qu’elle bride les importations des autres pays.

Ainsi, les nouveaux droits de douane pourraient entraîner une hausse de 0,7 point d’inflation sur le premier trimestre 2025 et ce à un moment où cette dernière est en phase de réaccélération. De plus, en taxant les importations, la demande de monnaies étrangères (peso mexicain, dollar canadien) baisse, ce qui fait monter le dollar américain. En parallèle, la hausse des prix due aux taxes pousserait la banque centrale américaine (la Fed) à augmenter ses taux d’intérêt, ce qui attirerait encore plus d’investisseurs vers le dollar. Résultat : un dollar plus fort rend les produits américains plus chers à l’étranger, ce qui nuit à leurs exportations. Pas facile, dans ces conditions, d’équilibrer la balance commerciale, même si les importations baissaient. Mais Trump est un dealer, pas un économiste.

L’Europe doit affirmer son leadership.

Nous connaissons le mode de fonctionnement du président américain : il est transactionnel. Il ne rechigne jamais à utiliser l’arme des droits de douane pour obtenir ce qu’il juge bon pour son pays dans d’autres domaines : sécurité, immigration, législation, territoire, diplomatie. C’est bien pourquoi il est essentiel de réaffirmer haut et fort ce que nous sommes. L’Union européenne est une grande démocratie, ce qui suppose le respect de ses lois et l’intangibilité de ses territoires. Ces points ne sont pas négociables.

Sur 1 500 milliards d’échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe, le déficit de la balance américaine tourne entre 150 et 200 milliards et non le double comme l’affirme la Maison-Blanche. Il est possible de réduire les déséquilibres. Après, la balance commerciale traduit aussi le choix des consommateurs. On ne peut pas forcer les Européens à acheter des voitures américaines s’ils préfèrent les allemandes ou les françaises, voire les asiatiques. N’oublions pas que, pour vingt-six des vingt-sept États membres (la France est à part), l’appartenance à l’Otan signifie la garantie, en dernier ressort, de la couverture américaine en matière de dissuasion nucléaire. Transposé à la logique transactionnelle, ceci a évidemment un prix. Il faut en tenir compte.

Cela dit, il est crucial d’augmenter la capacité de notre base industrielle de défense et les budgets d’armement. Sur ce point, il y a maintenant accord unanime. La pression de Trump est la bienvenue pour accélérer les choses. Pour l’Europe puissance, pour l’Europe souveraine et pour l’autonomie stratégique, il faut sortir de l’ambiguïté et affirmer notre leadership.

L’Europe a aussi tout pour réussir dans l’intelligence artificielle : les talents et les chercheurs parmi les meilleurs, un des plus grands réservoirs de données au monde, des infrastructures de data centers et de supercalculateurs. Et, désormais, grâce à un corpus de cinq grandes régulations (DMA, DSA, DGA, Data Act, AI Act), un seul marché numérique unifié et non plus vingt-sept. L’Union européenne vient de se donner les moyens de veiller à ce que nos milliards de données ne s’évaporent plus à notre insu, cet espace informationnel de 450 millions de consommateurs, une fois et demie le marché américain. Et cette régulation ne freine pas l’innovation, depuis que nous avons repris notre destin numérique en mains, contrairement à ce qu’affirment les Gafam, argument relayé par des « idiots utiles » à leur remorque. Mais par rapport aux États-Unis, il nous manque l’essentiel : un marché unique des capitaux, toujours inachevé, car il faut mobiliser des moyens très importants pour développer nos infrastructures numériques et accompagner nos start-up. L’Europe, avec son épargne abondante, en a les moyens.

Identité : la récré est terminée.

Avec l’élection de Trump, des deux côtés de l'Atlantique, la parenthèse du « consensus de Washington », cette illusion trentenaire selon laquelle la démocratie libérale s'imposerait sans effort dans le monde entier, et avec elle la paix, la prospérité et la liberté, vient de se fermer définitivement. Le moment est venu, pour nous, Français et Européens, de se battre. Non pas entre nous. Mais justement ensemble, pour ce que nous croyions acquis, et qui disparaît sous nos yeux : la paix sur le continent européen, qui s'obtiendra si nous sommes prêts à nous défendre, et à en faire notre priorité collective. La prospérité, qui ne s'obtient pas à coups de dettes abyssales, de RTT, faux télétravail et arrêts maladie, retraite à 62 ans et subventions ; mais à coups d'efforts et de prises de risques ; de suppression de normes de plus en plus absurdes et étouffantes ; de «chasse au gaspi», aussi. La démarche de la Maison blanche de négocier dans notre dos avec Moscou, sur l’Ukraine, fait peser une sourde menace sur notre continent. Les conséquences sont potentiellement cataclysmiques pour nous : le risque d'abandon de l'Ukraine, au moment précis où la Russie poutinienne est à bout de souffle (d'où l'envoi de troupes nord-coréennes) - La naïveté de Trump est à cet égard insondable et confine à la bêtise immense qui l’habite-; la fragilisation de l'Otan et de ses partenaires (l'Europe comme le Japon) ; un cycle de protectionnisme mondial, annonciateur de guerres ; et, pour le pire, un antimodèle de conquête du pouvoir, basé sur l'intimidation, le mensonge, la violence. Et soyons certains que Trump et son féal Musk utiliseront tous les moyens pour faire exploser l’Union européenne, en s’appuyant sur les points d’appui que constituent des Orban ou des Meloni…

Reste l'injonction qui nous est adressée : battons-nous ! D'abord pour nous-même, ensuite pour notre pays, enfin avec nos alliés. De ce point de vue-là, l'élection de Donald Trump aura rendu un grand service aux nations occidentales ayant perdu le sens de l'effort. Remplaçons, vite, le logiciel de l'assistanat et la prime victimaire par l'exact inverse. Nous ne pouvons désormais compter que sur nous-mêmes. Personne ne viendra se battre à notre place. Personne ne paiera nos dettes à notre place. Personne ne protégera notre démocratie, nos enfants, notre territoire, notre mode de vie, notre civilisation, à notre place. Alors, oui,  comme Trump le répétait : «fight, fight, fight» !

 


LE VOYOU SAISI PAR LA DEMESURE

Trump maga

 

Le divorce avec la démocratie.

Le duo formé par Donald Trump et Elon Musk n’a pas attendu pour entamer le divorce de l’Amérique avec la démocratie qui encadrait son histoire depuis 1787.Ils mettent en place une administration sous le signe de l’ingénierie du chaos, plongeant dans l’incertitude les entreprises, les marchés et les alliés des Etats-Unis, menaçant l’Occident d’implosion et provoquant l’ensauvagement du monde par le modèle qu’ils montrent.

Le plébiscite du voyou.

L’élection triomphale de Trump doit beaucoup à sa rhétorique ordurière. Repris de justice, objet de multiples inculpations, condamné au pénal pour 34 faits de falsifications de documents comptables, soupçonné d’être l’instigateur d’une tentative de coup d’état, il se permet d’insulter ses adversaires en toute impunité. Il permet ainsi à ses partisans de s’affranchir de tous les tabous qui régissent la vie collective d’un peuple. Or, les jugements que nous portons sur nos adversaires ou nos rivaux, en démocratie, doivent respecter la décence minimale que nous nous devons dans les sociétés civilisées. Les outrances de Trump ne sont pas des dérapages, elles font partie d’une stratégie délibérée. Si celle du wokisme ont favorisé l’irruption du trumpisme, le rejet du « politiquement correct » ne peut pas être le politiquement abject.

La domination de l’hubris.

Tribun clownesque et néronien, admirateur des brutes de ce monde, Poutine, Xi Jinping, Kim Jong-un, Trump a remplacé la courtoisie, de mise en démocratie, par le dévergondage pulsionnel, l’injure servant d’argument, les attaques ad hominem, les menaces de mort, la trivialité la plus salace, et se comportant en mafieux plus qu’en responsable politique. Assoiffé de vengeance jusqu’à remettre en cause les décisions de justice, la seconde administration Trump s’annonce tout entière placée sous le signe de l’hubris, cette démesure qui mêle passion, orgueil, outrage et transgression. Elle s’achèvera, comme toujours par l’anéantissement des hommes qui y succombent. C’est ce que nous enseigne l’Histoire et comme disait Hérodote : « Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure » !

La violation de l’Etat de droit.

On ne s’étonnera pas que tout dans le déferlement des décisions dans tous les sens prises par le nouveau Président, beaucoup sont illégales. Nombre d’entre elles relèvent de la compétence du Congrès des Etats-Unis. Délibérément illégales, elles ont été déférées aux tribunaux fédéraux, qui à l’instar de la Cour suprême, sont biaisés par la nomination de juges politiques. Le respect de la Constitution, indissociable de la séparation des pouvoirs, se trouve ainsi annihilé, limitant les possibilités de recours de la société civile. Ainsi, Elon Musk, qui ne dispose d’aucune fonction officielle dans le gouvernement des Etats-Unis, a investi avec ses équipes, l’agence qui gère les programmes d’aide au développement ainsi que le centre de paiement des agents de l’Etat fédéral. Les décisions qu’il a imposées sont parfaitement illégales, son statut de « Special Government Employee » ne l’autorise en rien à se substituer au pouvoir exécutif ou législatif. En plus, le conflit d’intérêts est frontal avec ses activités de chef d’entreprise, alors que ses sociétés font l’objet d’une vingtaine d’enquêtes administratives par une dizaine d’agences fédérales. Les « raids » qu’il conduit visent plus à détruire l’Etat fédéral qu’à le réformer, en violation ouverte de l’Etat de droit.

Le primat de la force sur le droit.

Le projet d’une grande Amérique s’étendant du Pôle Nord à Panama, intégrant le Canada et le Groenland, assorti de menaces contre ceux qui s’y opposeraient, les mesures protectionnistes mises en œuvre dans la plus grande confusion, les expulsions de migrants et les marchandages qui les accompagnent, la poursuite de l’aide à l’Ukraine en échange de métaux rares, la proposition improbable de la mise sous administration américaine de la bande de Gaza avec le départ forcé de plus de 2 millions de Palestiniens pour la transformer en côte d’Azur  du Proche-Orient, ne s’encombrent pas de principes : forte de sa puissance, l’Amérique entend imposer ses volontés. Pour l’instant elle récolte une levée de boucliers mondiale. La hausse des droits de douane de 25% avec le Canada et le Mexique a dû être suspendue face aux mesures de rétorsion et à la chute des marchés.

La fin du progrès.

Si pour l’instant Trump fascine parce qu’il s’est affranchi de tous les interdits, fort de ses caprices qui ont force de loi, prêt à faire régner la terreur pour mieux satisfaire son ego, il est bien parti pour ruiner l’hyperpuissance qu’il se propose de reconstruire. L’imprévisibilité et l’irrationalité de ses décisions créent une incertitude radicale pour les entreprises et les marchés, poussent à la hausse des taux d’intérêt, pénalisant les investissements et l’innovation. Le retour à un capitalisme de prédation, totalement dérégulé et la fusion des dirigeants politiques avec les milliardaires renouent avec les excès des années 1920 qui débouchèrent sur le pire krach financier de l’histoire. L’euphorie spasmodique de Wall Street n’annonce rien de bon. D’autant plus que la violation délibérée de la Constitution, le mépris pour la règle de droit et l’affaiblissement de l’Etat fédéral transforment les Etats-Unis en démocratie illibérale.

Le rejet des Lumières.

C’est parce que l’Etat de droit a remplacé l’absolutisme, fruit de longs efforts depuis le siècle des Lumières, que nous avons accompli d’immenses progrès qui ont défini la modernité. Ces efforts nécessitaient que la vérité prime sur l’obscurantisme, que l’expertise dans les affaires humaines soit valorisée, que la connaissance scientifique soit partagée et admise. L’un des aspects les plus inquiétant de la « révolution MAGA » réside dans son rejet pur et simple des valeurs des Lumières.

Make America Weak Again…

Les Américains sont dirigés par un personnage sans limites, grand climato-sceptique, et pourraient bien déchanter. Car les vrais gagnants sont Moscou, Pékin et Téhéran. Russes Chinois et Iraniens peuvent se frotter les mains : leur cheval de Troie est au pouvoir. Il peut bien tempêter, fulminer, menacer, il ne fera rien et surtout pas la guerre. Il ne peut pas annuler le principe de réalité sur lequel ils se fracassera tôt ou tard. Rappelons-nous l’Afghanistan dont Joe Biden a essuyé les conséquences de l’accord signé par Trump. La fin du progrès aux Etats-Unis aura-t-elle des répercussions à l’échelle mondiale ? C’est quasiment certain. L’éclatement de l’Occident et l’affrontement permanent avec les partenaires et les alliés ne peuvent qu’affaiblir les Etats-Unis et ouvrir des espaces dans lesquels la Chine et la Russie ne manqueront pas de s’engouffrer.

La grande perdante pourrait être la vieille Europe. Ce même principe de réalité doit la conduire à sortir au plus vite de sa passivité et de ses divisions et prendre son destin en main avec pour projet de défendre la liberté et le droit international face aux dérives tyranniques et à la démesure des empires. Avec ses 450 millions d’habitants, elle en a les moyens. Ce sera l’objet du prochain article… à suivre !


DETRUMPEZ-VOUS !

Trump maga

Une croissance solide, des adversaires - l’Europe et la Chine- englués, des capitaux qui affluent plus que jamais, un plein-emploi, une suprématie technologique confirmée, une productivité qui redémarre : au moment où Donald Trump arrive à la Maison Blanche avec pour promesse de redresser son pays, « Make America Great Again », les Etats-Unis le sont déjà. La question paradoxale qui se pose avec le président réélu est celle-ci : va-t-il prendre des mauvaises mesures qui vont affaiblir son pays ? Alors MAGA pourrait bien devenir MAWA : “Make Americain Weak Again”  !

Donald Trump s’est associé avec Elon Musk pour créer une mécanique de choc, de tension et de vitesse lui permettant de réaliser une rupture majeure dans l’histoire des États-Unis. Le leader du peuple Maga entend couper le lien existentiel de l’Amérique avec la démocratie libérale, en refusant de respecter le suffrage universel, la séparation des pouvoirs, l’État de droit, la modération, la liberté d’information, la tolérance envers les minorités, niant même le statut fédéral de l'Union, ce qui ne va pas aller sans poser des problèmes. L’Amérique du XXIe siècle de Trump ne sera pas démocratique, ouverte et universaliste, mais oligarchique, protectionniste et impériale. Il veut une Amérique impériale qui se réclame des mêmes principes que les tyrannies et les régimes autocratiques : constitution d’une sphère d’influence, sanctuarisation de l’étranger proche, recours à tous les moyens de la guerre hybride y compris au détriment des pays alliés moins puissants. Il raisonne, décide et agit comme Xi Jinping, Vladimir Poutine ou Recep Erdogan. L’Amérique de Trump, tel qu'il la conçoit, est un empire autoritaire, qui partage la vision impériale de la Chine tout en étant engagée dans une féroce rivalité avec elle, et qui, comme elle, ne fixe aucune limite à la mise sous tutelle des nations démocratiques, à commencer par l’Europe.

Trump a été élu sur une intuition géniale : persuader les Américains qu’ils sont les nouveaux damnés de la Terre, les persécutés de cette planète, qu’ils sortent du Moyen Âge démocrate pour entrer dans la lumière de l’âge d’or républicain. Le trumpisme, comme le wokisme, baigne dans l’idéologie victimaire dont il se contente d’élargir la cible : non plus les minorités ou les LGBT mais le peuple américain tout entier. La ficelle est énorme et il a fallu une incroyable intoxication pour présenter les États-Unis, le pays le plus riche du monde, comme le souffre-douleur de l’humanité alors qu’il est la première économie mondiale, grâce à Joe Biden, la première armée par le budget, la première nation technologique, des ambitions démesurées dont la conquête de Mars prônée par Elon Musk. L’impérialisme affiché de Trump, son appétit pour le canal de Panama, le Groenland, le Canada tient de l’effet rhétorique. Trump veut contradictoirement la paix et l’expansion. Empereur et clown tout à la fois, il veut d’abord une allégeance totale des siens, y compris des milliardaires de la tech et foudroie les traîtres ou les tièdes. Pourtant, on ne peut se départir, avec cette nouvelle Administration, d’un sentiment de chiqué, comme dans le catch que le président affectionne. On crie, on hurle, on insulte, on montre les crocs pour ne pas avoir à s’en servir.

Donald Trump ne semble pas préparer un retrait américain, ni un repli militaire. Son projet pour 2025 est celui d’une Grande Amérique qui, sur le papier, n’a rien d’isolationniste. La doctrine Trump - c’est ainsi que le Parti républicain l’appelle désormais officiellement - présente une matrice profondément impérialiste, allant jusqu’à ouvrir la frontière américaine à de nouvelles conquêtes territoriales.Dans cette vision géopolitique, si le rival systémique des États-Unis reste la Chine, la priorité stratégique semble plutôt porter sur la réorganisation de l’Occident autour d’une relation fondamentalement asymétrique, unilatérale et transactionnelle avec Washington. « America first », implique avant tout la suprématie des États-Unis sur l’Occident. Ses déclarations visant l’annexion du Canada et du Groenland, où le prochain président américain n’exclut pas l’usage de la force contre un allié fidèle et docile comme le Danemark, doivent être comprises comme un rite d’initiation à un nouveau régime où l’Otan se reconfigurerait sur le modèle du Pacte de Varsovie : un seul État central doté de souveraineté et de capacité d’action politique et géopolitique, avec des satellites plus ou moins intégrés : pas de concertation, mais de la coercition et même l’usage de la force si nécessaire.

Pour le reste, le monarque yankee, s’il risque de plonger l’Amérique dans une guerre civile larvée, est la meilleure chose qui puisse nous arriver : un réveil brutal. Sa brusquerie, sa vulgarité ont un effet rafraîchissant : comme un verre d’eau glacée jeté au visage d’un dormeur. Il a dit ce qu’il fera, il fera ce qu’il dit. Prenons-le au pied de la lettre d'autant plus que l'Union européenne ne demande qu'à prendre conscience de sa puissance, et sortons de soixante-dix ans de vassalisation militaire. Si cet homme parvenait à convaincre les Européens, par la coercition , d’assurer seuls leur défense, alors on pourrait parler d’un miracle Trump. Et dans ce domaine, la France, dotée d’une excellente armée professionnelle, a une longueur d’avance sur ses partenaires. De fait, Donald Trump et les oligarques des Gafam placent l’Europe et les Européens devant un moment de vérité : soit la tutelle géopolitique et économique des États-Unis, sans même une garantie de sécurité effective ; soit la transformation en puissance pour défendre face aux empires notre souveraineté, notre liberté et notre civilisation, mais au prix d’une transformation radicale : l’acceptation du monde du XXIe siècle, multipolaire, volatil et violent ; la réconciliation avec le travail, le risque et les armes. La paix « westphalienne « (1648) d'égalité en droit de tous les Etats, grands et petits, d'inviolabilité des frontières et de non-ingérence, rétablie en 1945, seule l’Europe peut la défendre. Pour l’heure, la loi du plus fort l'emporte dans la géopolitique. Elle l'emporte sur les réseaux où la « modération » n'est plus de mise, la brutalité est installée. Le monde de la force (re)prend possession de tous les « ordres », international, national, économique mais aussi privé, sociétal, et, en surplomb, idéologique. La technologie, le populisme et la rivalité américano-chinoise sont les causes de ce changement tectonique. La course aux armements, le protectionnisme et l'autoritarisme en sont les premières grandes conséquences, toutes trois négatives sur la marche du monde. L'Europe est le continent le plus bousculé et le plus menacé. Car l'Union européenne est fondée entièrement sur la logique westphalienne et son écroulement va précéder le sien si elle ne réagit pas. Pour que l'UE tienne bon sur son modèle, il faut qu'elle fasse « tout ce qu'il faut » pour que son économie soit forte. C'est la condition pour qu'elle puisse défendre ses principes humanistes et son économie sociale de marché qui, contrairement aux discours trumpien et muskien, ne sont pas des handicaps mais des forces pour construire un avenir vivable et durable. Le modèle westphalien reste le meilleur pour la démocratie, pour les peuples, le populisme autoritaire est un mirage.

Ursula Von der Leyen l’a bien compris. La Commission européenne s'apprête à publier une « boussole de la compétitivité », ce qui indique qu'elle pourrait retrouver le nord. Elle a prononcé à Davos un discours qui pointait la bonne direction - et qui a été salué par davantage d'applaudissements que l'intervention de Donald Trump. Des réglementations devraient être assouplies ou simplifiées, des initiatives lancées. Rien n'est gagné. Mais comme le montre l'Eurobaromètre, plus de la moitié des Européens font confiance à l'Union, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de quinze ans. Quand on touche le fond, ce n'est pas le moment de creuser, mais l'occasion de rebondir. Cette réorganisation de l’Occident autour d’un principe brutalement impérial repose sur un présupposé et une condition : la neutralisation de toute souveraineté concurrente à l’intérieur de ce grand espace. Pour parvenir à ses fins, le dispositif impérial de Donald Trump est porté par Elon Musk qui agit de manière de plus en plus proactive pour soutenir des formations souverainistes, de la Roumanie au Royaume-Uni. Les souverainistes en France et en Europe risquent de devenir les idiots utiles de la vassalisation américaine du continent. C’est un projet – il est encore loin d’être pleinement mis en place et il existe plusieurs moyens de l’empêcher. Mais, dans le style Trump, il est clairement énoncé et il faut le prendre au sérieux. En attendant, le Groenland n’est pas encore américain et l’Europe n’a pas envie de le lâcher. Après tout, l’Europe n’est jamais aussi unie que lorsque ‘elle se sent agressée. Et le Canada, n’a pas non plus l’intention de se laisser faire. La question du Canada comme 51ème Etat n'est pas un sujet. Il n'y a pas de parti annexionniste, aucune volonté politique d'emprunter ce chemin. Les Premiers ministres des différentes provinces ont montré les dents. Celui de l'Ontario, Doug Ford, coiffé d'une casquette barrée d'un « Canada is not for sale » dont la photo a fait le tour du monde, a prévenu que le nord-est des Etats-Unis pourrait être privé de l'électricité acheminée depuis sa province. Trump, même pas peur !

Bon ! C’est pas le tout ! Quand débranche-t-on le clown Donald et son bouffon Elon ? On gagnerait du temps, non ?

 


1000 JOURS SOUS LES BOMBES

Guerre ukraine

 

On est rendu aujourd’hui 19 novembre au 1 000ème jour de guerre.

Depuis ce jour de février 2022 où la Russie de Poutine a tenté de renverser le pouvoir démocratique de l’Ukraine afin de mettre la main dessus, comme il tient la Biélorussie. Mais ses commandos ont été mis en échec et l’armée ukrainienne a courageusement résisté aux vagues d’assaut de l’armée russe. Aujourd’hui, Poutine accuse Kiev d’avoir tiré des missiles sur son territoire, oubliant qu’il déverse un déluge de bombes et de missiles sur les ukrainiens, multipliant les crimes de guerre et contre l’humanité. Son attitude serait risible s’il ne s’agissait pas de dizaines de milliers de vies.

Opération spéciale.

Le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine déclenchait son « opération spéciale » en Ukraine. 1 000 jours plus tard, le conflit s’éternise et aucune issue certaine ne se dessine. Après avoir mené des contre-attaques réussies, l’Ukraine se trouve aujourd’hui en difficulté face au « rouleau compresseur » russe. Les soldats de Moscou gagnent du terrain grâce à une nouvelle offensive lancée début octobre, au prix de pertes énormes. Ces 1 000 jours de guerre représentent un coût astronomique pour la Russie, d’un point de vue économique, humain et matériel. Selon des observateurs sérieux elle aurait perdu 700 000 hommes depuis le début du conflit, tués, blessés, disparus ou capturés. Aux alentours de 200 en 2022, le nombre de pertes quotidiennes pour la Russie est aujourd’hui estimé entre 1 500 et 2 000 hommes. À ces pertes, il faut rajouter les traces laissées par une guerre sur les soldats : traumatisme psychique, addictions, violences… Et pour engager toujours plus de soldats dans le conflit, une véritable « économie de la mort » s’est développée en Russie, des primes importantes sont offertes aux soldats qui s’engagent, puis de nouvelles primes sont promises aux familles des soldats disparus, ce qui permet au journal Le Monde d’affirmer : « un Russe mort rapporte davantage à sa famille qu’un Russe vivant ! »

Un coût énorme.

Ce que Poutine appelle « opération spéciale » pour éviter de parler de « guerre », présente un coût économique démesuré : le pays aurait dépensé plus de 320 milliards de dollars depuis le 24 février 2022, soit une moyenne de 320 millions de dollars dépensés chaque jour. En conséquence, l’inflation s’est accélérée de plus de 9 % sur une année, et les pénuries d’emplois sont de plus en plus nombreuses. Sur le plan matériel ce sont plus de 20 000 équipements et véhicules russes qui ont été détruits, mais aussi une vingtaine de navires dans la mer Noire.  L’armée russe aligne des matériels de la seconde guerre mondiale et a été obligée de faire appel aux stocks d’obus nord-coréens et maintenant à ses soldats. Elle réussit néanmoins à envoyer des vagues de missiles, bombes et drones sur les infrastructures civiles de l’Ukraine, qui sont autant de crimes de guerre, mais ont réduit de 65% ses capacités énergétiques à l’approche de l’hiver.

Missiles longue portée.

Devant l’entêtement de Poutine et sa volonté d’obtenir un avantage décisif pendant l’interrègne américain entre Biden et Trump, les Etats-Unis ont enfin autorisé leur allié à utiliser les missiles à longue portée pour frapper le territoire russe et tenter de desserrer l’étau. L’armée russe a pris le contrôle d’environ 66 000 kilomètres carrés en plus de deux ans de guerre, soit un peu moins de 11 % du territoire ukrainien. Cela ne veut pas dire que ces territoires dussent être considérés comme définitivement acquis, même s’ils ont fait l’objet de referendums bidons, non reconnus sur le plan international, comme le rappelle le communiqué ci-dessous du Conseil de l’Europe.

Communiqué du Conseil de l'Europe.

A l’occasion du 1000e jour de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté la déclaration suivante :

« Depuis 1000 jours, la Russie mène une guerre d’agression contre l’Ukraine en violation flagrante du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies et du Statut du Conseil de l'Europe.

Depuis 1000 jours, le peuple ukrainien endure d'immenses souffrances ; des milliers d'enfants ukrainiens ont été déportés illégalement, des milliers de civils innocents ont été tués ou blessés, et des millions d’autres ont été contraints de fuir leur domicile, étant temporairement déplacés en Ukraine et à la recherche d'un refuge en Europe.

Depuis 1000 jours, nous sommes admiratifs de la résilience et du courage dont fait preuve le peuple ukrainien dans la défense de son pays et au profit de toutes celles et ceux qui croient aux valeurs de la démocratie, des droits humains et de l'État de droit.

Depuis 1000 jours, nous, au Conseil de l’Europe, avons apporté un soutien multiforme à l'Ukraine pour l’aider à faire face aux conséquences dramatiques de la guerre d’agression de la Russie.

Aujourd’hui, nous restons déterminés à soutenir l'Ukraine dans sa lutte pour la liberté, la démocratie, la souveraineté et l'intégrité territoriale à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues et nous continuerons à travailler avec nos partenaires internationaux pour assurer la reconstruction et le redressement du pays ainsi que pour tenir la Russie responsable de ses crimes et pour garantir une paix juste et durable en Ukraine. »

La comédie poutinienne a assez duré. Sa réécriture mensongère de l’Histoire doit être dénoncée et martelée, sa rhétorique irresponsable et son chantage à l’escalade nucléaire condamnés par les instances internationales.

 


MERCOSUR : OUI ET NON

Mercosur

 

Rien que parce que Mélenchon est contre la signature du traité, j’ai envie d’être pour. Mais ce n’est  pas le sujet.

Pour l’instant la France ne signe pas. 

C’est confirmé à la fois par Michel Barnier et par Emmanuel Macron. En l’état actuel de la situation en France, ils n’ont guère le choix. Ils veulent éviter de tomber dans le piège d’une colère agricole instrumentalisée visiblement par ceux qui croient qu’on peut prospérer tout seul à l’intérieur de nos frontières. Et comme les élections syndicales ont lieu au début de l’année prochaine, la FNSEA ne veut pas se faire doubler par les plus radicaux en étant trop conciliante face à un monde paysan qui a du mal à comprendre tous les enjeux : les promesses gouvernementales retardées par la dissolution et Barnier qui n’a pas de baguette magique, les mauvaises récoltes dans plusieurs filières, et les craintes d’une ouverture à la concurrence destructrice avec les pays d’Amérique latine. Tout ça fait beaucoup. Et pourtant !

Un peu de libre-échange contre le protectionnisme ambiant.

L’union européenne négocie depuis 1999, c’est-à-dire 25 ans, avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) et s’approche de son plus grand accord commercial jamais signé. C’est un marché de 700 millions de personnes, des échanges en plein essor, l’assurance d’une croissance pour l’UE… Mieux, elle a déjà une balance commerciale excédentaire avec ces pays que l’accord ne peut que renforcer. Si on peut comprendre que le contexte intérieur français n’est pas favorable, il n’en reste pas moins que faire échouer une telle occasion de développement est regrettable. Il y a dans notre pays, une tendance au rejet du libre-échange, exacerbée par la politisation outrancière de ceux qui idéologiquement y sont opposés et des populistes qui voudraient nous faire croire qu’on vit bien mieux tout seul dans son coin. On a eu la même levée de boucliers au moment du Ceta avec le Canada, qui s’avère aujourd’hui très bénéfique pour nos exportations agricoles.

De nombreuses raisons plaident en faveur de la signature du traité.

En voici quelques-unes.

Première raison : Après le retour de Trump qui a promis de dresser des barrières douanières aux produits européens sur le marché nord-américain, dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec la Chine, l’Europe doit s’assurer de nouveaux débouchés extérieurs. L’accord avec le Mercosur présente une opportunité de desserrer ce double étau qu’il ne faut pas manquer.

Deuxième raison : car si nous ne signons pas, la Chine le fera à notre place et accentuera son offensive commerciale en Amérique du Sud. Au moment justement où l’Europe connaît un déclin continu de son excédent commercial avec le Mercosur au profit… de la Chine. 

Troisième raison : le traité permet de diversifier nos sources d’approvisionnement sur les minerais stratégiques pour l’industrie tels le cobalt, le graphite et le lithium. Là encore, c’est un moyen de se dégager de l’emprise chinoise.

Quatrième raison : notre balance commerciale française est excédentaire avec les pays du Mercosur que l’accord renforcera. En particulier, le vin, les spiritueux, les fromages et la poudre de lait seront les grands bénéficiaires, avec l’avantage de voir nos appellations d’origine contrôlée (56) enfin reconnues et respectées. De même, des industries comme l’automobile, la chimie, le luxe, les cosmétiques verront leurs exportations progresser.

Cinquième raison : il n’y aura pas de raz de marée des importations qui seront très limitées et encadrées par des clauses de sauvegarde. Par exemple pour la viande, le quota est fixé à 90 000 tonnes ce qui correspond à 1,2% de la consommation européenne. Comme d’habitude, ceux qui cherchent à affoler nos agriculteurs n’ont pas lu le traité et ceux qui commentent répètent comme des perroquets.

Cela dit, il y a de vraies raisons pour ne pas signer en l’état actuel.

Il faut s’assurer que toutes les conditions sont bien remplies : sur le plan sanitaire, le contrôle effectif de l’interdiction des importations non conformes aux normes européennes ; sur le plan sociétal, le respect des règles internationales (droits de l’Homme, convention OIT, etc…).  L’accord de Paris sur le climat doit être considéré comme une clause essentielle ainsi que le texte sur la prévention de la déforestation. Or, au moins ces deux derniers points ne sont pas finalisés. La Commission pourrait avoir besoin encore de quelques semaines, voire quelques mois avant d’aboutir. Donc l’accord ne sera probablement pas prêt pour le G20 de Rio. Ursula von der Leyen voudrait aller plus vite, ce qui favoriserait les exportations de l’industrie automobile allemande au moment où elle connait des difficultés, mais il ne faut pas confondre les intérêts allemands et ceux de l’Europe !

Protéger ceux qui doivent l’être.

Par ailleurs, le Mercosur va affecter négativement le revenu de certains de nos agriculteurs et il est impératif de leur apporter des compensations, le bon moment pour leur apporter un allègement de leurs charges fiscales et réglementaires en mettant fin à l’excès de normes européennes et à leur surtransposition en France. Afin de leur redonner de la compétitivité.

Comme on le voit, c’est encore du pain sur la planche pour le gouvernement de Michel Barnier.

 


NE NOUS Y TRUMPONS PAS !

Iznogoud 2

Les Français ne sont pas les Américains.

Seule une minorité d’entre eux auraient voté pour un tricheur, menteur, violeur, vulgaire de surcroît. Nous n’avons pas les mêmes repaires ni la même culture démocratique.

La victoire de Trump.

Sa victoire, Trump la doit à une stratégie électorale déterminée : miser d'abord sur l’Amérique rurale. Et il a fait un carton : il rassemble 55% des voix chez les Blancs et les non diplômés et 60% dans les campagnes. Son socle déjà solide qui s'est élargi : il fait mieux qu’en 2020 dans quasiment tous les groupes démographiques dont certains piliers de l’électorat démocrate : les femmes (+2 points), les Hispaniques (+6) les Afro-Américains (+7) et surtout les jeunes hommes (+15).

Le « retour » du protectionnisme.

Depuis les résultats de l'élection américaine, on ne parle que du « retour » du protectionnisme, avec les mises en place de droits de douane élevés pour les produits chinois et européens. Mais en fait ça fait plus de 20 ans que le protectionnisme existe, plus exactement depuis le 11 décembre 2001, date à laquelle la Chine est entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Et depuis il s'est même accentué.

Trump a annoncé la couleur sur le commerce américain. On ne pourra pas dire que nous n’étions pas prévenus. Son programme prévoit l'instauration de droits de douane pour les importations en provenance de la Chine principalement. Il ne connait que le « business », et il est « America first ».
En toute logique, les indices boursiers américains ont largement progressé. Une hausse forte. Mais contrôlée. Trump va réduire massivement les impôts, et donc détériorer, dans un premier temps, le déficit et la dette. Ces mesures vont prolonger le cycle de la croissance américaine avec des risques de récession qui s'éloignent. Avec l'augmentation massive des droits de douane, les prix vont augmenter aux États-Unis, et l'inflation qu’il prétend combattre va donc avoir du mal à reculer. Les actions des sociétés de secteurs très réglementés comme les banques ont progressé de 10% dès l’élection annoncée : logique, puisque Trump veut déréguler massivement. Logique aussi la baisse des cours des sociétés d'énergies renouvelables, car la transition écologique n'est pas un sujet pour lui.
Logique toujours la hausse du dollar du fait de la hausse des taux d'intérêt US et du fait de l'avantage compétitif de l'économie américaine grâce, entre autres, à la vague de dérégulation.

Comme toujours, la vision des marchés est simple.

Ils jugent que Trump ne sera pas, malgré son caractère imprévisible, un facteur d'instabilité. Avec Trump, les marchés anticipent la fin de la guerre en Ukraine et de la guerre au Moyen-Orient. D'où la baisse du pétrole et la baisse des valeurs refuges, en particulier de l'or.    

L'Europe va souffrir aussi.

En toute logique les actions européennes n'ont pas suivi la hausse, de même pour les actions asiatiques, car la Chine et l'Europe vont être dans le viseur de Trump. Pour faire plier la Chine et les Etats-Unis et les obliger à respecter les règles du commerce international, la méthode de la menace ou des gros yeux ne fonctionne pas. Il faut utiliser les mêmes méthodes qu'eux. L’union européenne va devoir ériger des barrières avec des droits de douane pour les deux côtés. Des droits de douane qui peuvent plomber une économie déjà affaiblie mais qui les obligera à respecter les règles et notamment les règles de réciprocité commerciale. Une décision difficile à prendre parce qu’elle intervient au pire moment. Le moteur franco-allemand est en panne.  Emmanuel Macron est à la tête d’un pays en crise, c’est le moins qu’on puisse dire et a perdu une grande partie de sa crédibilité aux yeux de nos partenaires ; Olaf Scholz a limogé son ministre des Finances Christian Lindner.
C'est donc la fin de la coalition gouvernementale et le début d'une crise politique majeure. Mais la coalition était déjà très fragile et l'explosion était inévitable. 

Pourtant, l’Union n’est pas sans atout.

Delors avait convaincu les douze membres de la Communauté européenne de construire un marché commun édifié sur deux piliers : la libre circulation des biens et des personnes. En furent exclus les services bancaires et financiers, l’énergie et les télécommunications. Il était trop tôt aux yeux des pays membres. Le projet de marché commun était donc inachevé. Mais aujourd’hui, l’Inde et la Chine pèsent plus de 20 % des échanges. Et la croissance  américaine écrase l’UE. Il est donc temps de terminer le boulot. Il s’agit seulement d’intégrer au marché unique le droit des affaires, les télécommunications, ou l’épargne, qui restent pour le moment cantonnés aux vingt-sept marchés nationaux. Il suffirait donc d’organiser l’accès direct et simplifié des petites et grandes entreprises à tous les consommateurs. La solution ? « Créer un vingt-huitième système juridique auquel les entreprises pourraient adhérer, en dérogeant au système national. » Il s’agirait d’une révolution profonde. « L’UE détient 33.000 milliards d’euros d’épargne privée. En raison de la fragmentation de nos marchés financiers, 300 milliards d’euros issus de l’épargne des ménages européens sont détournés chaque année vers l’étranger. Il faudrait donc créer une Union de l’épargne et de l’investissement », nous dit Letta. Faisons-le !

Cela fait cinquante ans que l’Europe finance les déficits américains et un siècle qu’elle y envoie ses meilleurs cerveaux. Il serait temps de les ramener à la maison. Donald Trump, par son obsession nationaliste et isolationniste, et sa brutalité peut nous y aider. Après tout, l’Union européenne n’est jamais aussi forte que face à l’adversité.


J’AI RÊVE…

Colombe de Pablo Picasso

 

J’ouvre la télé au moment du journal et stupeur ! …  En grosses lettres en bas de l’écran, comme c’est la règle des chaines en continu, s’annonce : « Décès subit De Donald Trump » ! Le commentateur explique que le nouveau président a été retrouvé étendu au pied de son lit, aux premières heures de la matinée, victime d’un arrêt cardiaque dont les médecins cherchent à comprendre la cause. Surmenage lié à la dernière campagne, prise de produits « stimulants », pour l’instant, le diagnostic n’est pas encore établi. La journée commençait sur toute une série d’interrogations quant à la suite des événements.

C’est alors qu’un nouveau bandeau s’étale à nouveau en grosses lettres : « Ali Khomenei, le guide suprême iranien meurt foudroyé » ! On croit rêver. Le journaliste rapporte les circonstances dans lesquelles cet improbable accident s’est produit.  Un orage violent s’abattait alors sur Téhéran, et un éclair aurait frappé le chef d’état chiite sur son turban au moment où il descendait de sa voiture pour rentrer dans son palais. Les fidèles y ont aussitôt vu un signe divin. La nouvelle se serait répandue comme une traînée de poudre, entraînant la dispersion dans le désert des Gardiens de la Révolution en même temps que le soulèvement du peuple, mettant à bas le régime des mollahs….

Le journal en continu passe alors à la météo du jour. Mais l’info prime toujours et c’est un nouveau message qui s’affiche.  Cette fois-ci, il   concerne le dirigeant de la Corée du Nord : « Kim Jung Un périt dans l’explosion d’une fusée ». Alors qu’il assistait à une démonstration d’un nouveau missile susceptible de transporter une ogive nucléaire, celui-ci se serait désintégré au moment de la mise à feu, entraînant dans la mort le chef de l’Etat et tout son entourage, décapitant le gouvernement de l’Etat nord coréen.

Décidément, la journée s’annonce sous de mauvais augures pour les dictateurs, pensé-je.

Je ne croyais pas que mes réflexions seraient suivies d’effets.

En effet, on annonce un peu plus tard la mort du Président Poutine.  Il aurait glissé en descendant le grand escalier du Kremlin.  Une chute fatale qui aura occasionné une fracture des vertèbres cervicales et une hémorragie. D’habitude ce genre de dénouement était réservé aux opposants, et un agent du KGB était toujours dans les parages. Mais là, il s’agit bel et bien d’un mauvais concours de circonstances.  

A la suite de toutes ces mauvaises nouvelles, on apprend que le Président de la Chine, XI Jinping a disparu. Il aurait été vu pour la dernière fois errant près d’un temple bouddhiste….

Une douce sonnerie vient interrompre le récit de ces terribles événements. Ce n’est que mon réveil qui me rappelle qu’il est 8h30 et largement temps de me lever. J’avais débarrassé la Terre de quelques nuisibles. Malheureusement, il n’en était rien, ce que  la télé s’empressa de me confirmer avec sa litanie de  mauvaises nouvelles quotidiennes.

 


100 000 MILLIARDS ! (de mille sabords)

Dette  mondiale

 

C’est le montant de la dette mondiale.

Le FMI vient de rendre son rapport. La dette devrait atteindre 100% du PIB mondial avant la fin de la décennie. Mais nous sommes déjà largement au-dessus. Et le FMI prévient : c’est trop ! Le rapport met en lumière une accélération inédite de la dette des États sur les 5 dernières années. Il lance un avertissement qui s'adresse surtout aux États-Unis et à la Chine en dérapage incontrôlé. Mais il s'inquiète aussi pour la Grande-Bretagne, l'Italie, le Brésil, l'Afrique du Sud et...la France, évidemment.

La recette est  simple.

Il va falloir dépenser moins, mais dépenser mieux, avec deux objectifs : protéger et investir, et baisser le pourcentage de dette mondiale de 3 à 4.5%, le plus rapidement possible. C'est possible. Mais les États-Unis ne le feront pas, que ce soit Harris ou Trump, et la Chine non plus car sa croissance dépend des packages de relance. Quant à la France, aura-t-elle le courage politique dans le contexte que nous connaissons ? Le FMI prévient :  plus on attendra, plus ce sera douloureux. Un avertissement de bon sens. Et un conseil au passage qui résonne comme une directive pour le gouvernement : Il faut des politiques fiscales qui préservent la croissance et protègent les ménages vulnérables, c’est-à-dire distribuer de l'argent uniquement pour ceux qui en ont, vraiment, besoin et dépenser de l'argent uniquement pour générer de la croissance.  Tout est dit.

L’Europe se tire une balle…

Pendant ce temps-là l’Europe saborde son fleuron industriel qu’est l’industrie automobile. Au moment où s’ouvre le salon de l’auto à Paris, Carlos Tavares, patron de Stellantis, prévient : « il va falloir fermer des usines ».  En cause un calendrier de marche forcée à « l’électrique » que les consommateurs rechignent à acheter, et des pénalités de plus en plus lourdes sur les véhicules « thermiques ». La Commission impose la fin de la production des véhicules thermiques en 2035 et l’objectif de neutralité carbone pour l’Europe en 2050, alors qu’elle n’est responsable que de 1/10ème des émissions mondiales et la France d’à peine 1/100ème !  Pendant ce temps-là les Chinois vont nous vendre leurs voitures électriques en inondant le marché et continuer de fabriquer des voitures thermiques pour l’Afrique. On comprend que « ça grogne » notamment chez les industriels allemands.

On espère que la BCE va baisser ses taux de 0,50 cette semaine, car, non seulement l’inflation a disparu, mais la déflation menace. De plus en plus de voix critiquent la politique de la BCE qui est en train de tuer la croissance, déjà anémique. Et nous avons besoin de croissance pour nous désendetter…

Avec le  budget « Barnier » en plus, on n’a pas fini de serrer les dents, d'autant plus que tous les  tocards s'y mettent pour le dézinguer.

 


LE DERAISONNEMENT CLIMATIQUE

Déraisonnement climatique

 

Je dois d’abord vous expliquer pourquoi je m’intéresse aux ouvrages qui traitent du climat.

Professeur de géographie, la géographie physique de la Terre a été au cœur de mes études universitaires et comme normalien, j’ai reçu une solide formation à l’esprit critique. Je fais partie de ceux à qui « on ne la fait pas facilement ». J’aime bien creuser quand un sujet me paraît biaisé. Et, aujourd’hui, s’il y a bien un sujet qui prête à interrogation, c’est celui du changement de climat. Je prends deux indices qui m’interpellent :  d’abord, la notion de « dérèglement climatique ». C’est un pléonasme. S’il y a bien quelque chose qui est chaotique par nature, et donc impossible à régler, ce sont les mécanismes météorologiques déclenchés par les pressions, les vents et leur direction, depuis que la Terre existe. Voilà pourquoi, en ce 21ème siècle, malgré tous nos satellites, nos ordinateurs et leurs « modèles », le recours à l’IA…, on n’arrive toujours pas à prévoir le temps qu’il va faire avec précision au-delà de 48 heures. Deuxième indice : sur le service public, on nous présente désormais un bulletin « météo-climat ».  Une ineptie ! C’est associer deux notions totalement différentes et créer une confusion regrettable. En climatologie, on considère qu’une donnée météo devient une donnée climatique si elle est stable pendant au moins 30 ans. Ainsi la température de la Méditerranée cet été est anormalement élevée.  Ce n’est pas pour autant une preuve du réchauffement climatique. Pour l’instant c’est un aléa météorologique. On en reparlera dans 30 ans, si le phénomène reste constant. De même nous avons eu en 2022 un été caniculaire qui devait devenir la règle et nous conduire à 50° en 2050… On a vu qu’il n’en est rien ! Autrement dit, on nous raconte n’importe quoi. Le tout est de savoir pourquoi.

J’ai donc lu le dernier livre de François Gervais qui a été en tête des ventes « Le déraisonnement climatique », dont le titre m’a interpellé et dans lequel le physicien montre à quel point l'inquiétude climatique et la transition vers l'électrique sont profondément irrationnelles. L’auteur n’est pas le premier venu. Professeur à l’université de Tours, médaillé du CNRS et primé par l’Académie des Sciences, il est spécialiste de thermodynamique. Il a été directeur d’un laboratoire du CNRS et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. J’ai aussi lu en son temps « l’Imposture climatique » de Claude Allègre, et « Climat, la marge d’incertitude » de Jeff O’Koonin. Curieux comme les géophysiciens sont en désaccord avec les « climatologues » et technocrates du GIEC. Il serait ridicule de les taxer de complotisme. Rendons plutôt à la science ce qui revient à la science !

Le réchauffement climatique en question.

Dans son ouvrage, François Gervais cherche à démontrer, chiffres à l’appui, comment les écologistes conduisent à influencer des décisions plus idéologiques que scientifiques en se servant du réchauffement climatique, et amène l’auteur à poser les questions : « selon les propres chiffres du GIEC, l'Europe n'est responsable que d'un dixième des émissions mondiales de CO2, la France d'à peine un centième. D'ici 2050, la « culpabilité » de la France relèvera donc de l'ordre du millième de degré. Y a-t-il vraiment là de quoi mettre en place le sabordage des plus importantes filières industrielles (automobile, chimie, agriculture, énergie...) ? Ce millième de degré hexagonal d'ici 2050 justifie-t-il l'instauration d'un « passe carbone », comme la Commission européenne vient de l'annoncer ? ». En deux parties, l’auteur tente d’y répondre.

1ère  partie : Tribulations en Absurdie.

Sans entrer dans le détail évidemment, François Gervais explique d’abord ce qu’est la vraie nature du dioxyde de carbone (CO2), bien plus bénéfique que démoniaque. Sa concentration dans l’atmosphère  n’excède guère 0,04% et son augmentation annuelle reste de l’ordre de  0,0002%.  La fraction de l’échauffement due à l’Homme, même en reprenant les chiffres du GIEC n’excéderait pas 0,2° C d’ici 2050.  Sait-on par ailleurs, que le CO2 est un composé irremplaçable et indispensable pour la vie des plantes : 1/3 de ses émissions ont contribué à verdir la Terre, apportant 24% de biomasse supplémentaire en 33 ans. Le CO2 loin d’être un poison joue un rôle important pour la biodiversité. Il démontre aussi que les augmentations  de CO2 ne peuvent commander la  météo. Les océans ne risquent ni de déborder, ni de bouillir… Les voitures électriques, la saga de l’hydrogène, l’inefficacité des énergies intermittentes, en « Absurdie », tout est possible ! le soi-disant consensus proclamé  par le GIEC est écorné par les déclarations du Prix Nobel de physique 2022  John Clauser qui déclare : « Il n’y a pas de véritable crise climatique » et par la déclaration de 1632  éminents scientifiques, universitaires, ingénieurs qui ont signé  la déclaration « Il n’y a pas d’urgence climatique » envoyée au Secrétaire général de l’ONU. Mais le « machin » reste sourd. Et les médias ne s’en sont fait guère l’écho. Voudrait-on nous faire croire à  un consensus qui n'en est pas un qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

2ème partie : Revenir à la raison.

L’auteur revient sur le   mythe de Gaïa, et expose comment la Terre s’est formée et  comment elle est   devenue une incarnation de la « Terre Mère », débouchant sur un mouvement politique totalitaire prônant la décroissance, l’antiscience, l’antitechnologie. Il montre aussi comment la  controverse, inhérente à la méthode scientifique est devenue impossible. Il montre l’apport de la puissance d’investigation de la spectrométrie infrarouge appliquée au CO2 atmosphérique, au méthane et au protoxyde d’azote, dont les mesures ne sont pas prises en compte par les « climatologues »… Il met enfin en évidence comment l’appel de la Banque mondiale à lever 89 000 milliards de dollars pour la  « finance climatique », relevé  à 150 000  milliards par la COP26,  confirmé par la COP 27, conduit à un creusement insondable de la dette publique et à une crise financière mondiale. 

Les décisions prises par les responsables politiques nationaux et européens vont conduire à de gigantesques catastrophes économiques et sociales. Le marxisme promettait l'abondance, l'écologisme incite les plus démunis à se résigner à la misère, rebaptisée « sobriété ».  « Une poignée de philosophes et de savants ont lentement sorti l'humanité de l'obscurantisme, une poignée d'idéologues la feront-ils brutalement replonger ? »

Ouvrir le débat.

François Gervais est souvent victime de dénigrement dans des articles qui l’accusent d’être « climato-sceptique », écrit par des gens qui voudraient même l’empêcher de s’exprimer. Il est interdit d’expression sur les chaînes publiques !  Sauf à considérer que tous les scientifiques qui tirent, comme  lui, la  sonnette d’alarme, sont des imbéciles, il serait peut-être temps qu’au moins soit  ouvert au grand jour  le débat qu’ils réclament.

 


TRUMP ET LES MECHANTS DANS TINTIN

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Dans le numéro de « Tintin c’est l’aventure » du mois de juin, la philosophe Laurence Devillairs nous livre une étude des « méchants » dans Tintin. De Rastapopoulos à Allan, en passant par le Docteur Müller et autre Mitsu Hirato, le héros est en effet confronté à des « vilains » d’anthologie. En parcourant la description qu’elle nous en fait, la figure de Trump m’est apparue irrésistiblement comme faisant partie du lot. Je vous  livre quelques extraits.

Des méchants irrécupérables.

« Les méchants dans les aventures de Tintin, sautent aux yeux, ou plutôt nous crient aux oreilles :  ce sont avant tout des faiseurs de bruit, des briseurs de paix, … Ils éructent et enragent… Ce sont des tyrans sans foi ni loi, avides de pouvoir, d’argent et d’esclaves. L’exemple parfait de ce type de méchant est Rastapopoulos. Le nom, dont la composition est facile à identifier, dit toute la vanité ronflante et sans bornes du personnage. Trafiquant, chef de gang, truand, nabab au cigare, il ne fait qu’amasser et injurier. Il est mauvais, irrécupérable. »

Des dictateurs ridicules.

« Hergé dresse ainsi le portrait du tyran. Cette figure de la méchanceté fondée sur la violence, le mépris des hommes et du monde, qu’ils polluent de leurs exactions et de leurs cris…On les croit tout-puissants, ils sont rongés par l’envie ; on les pense forts, ils sont ridicules. La force d’Hergé réside dans cette capacité à démaquer, à déshabiller le méchant. C’est ainsi qu’il transforme Rastapopoulos en cow-boy de cinéma et en fait un clown de pacotille dont il révèle tout le grotesque. » A ce moment-là, je pense à Trump avec son teint orange et ses cheveux jaunes, sa grosse casquette rouge enfoncée jusqu’aux oreilles qui le fait ressembler plus à un Mac Donald de fast-food qu’à un chef d’Etat.

Simulateurs et dissimulateurs.

« Le méchant chez Hergé asservit et humilie. C’est très souvent un faux-monnayeur. Car le méchant est un pervers au sens strict : il inverse les valeurs, fait passer le faux pour le vrai, adopte des allures de gentil, se grime et prend toutes les apparences, tous les déguisements. Il répand sa fausse monnaie dans le monde, dressant les individus les uns contre les autres, sous l’effet de la peur et de la haine, qui sont ses armes préférées. » Si on prend l’expression « faux monnayeur » au sens figuré, là encore, la description colle à bien des égards à celle qu’on pourrait faire de Donald Trump.  Laurence Devillairs poursuit : « … tous simulent et dissimulent. Ils le font car ils ne croient en rien, … ils sont cyniques, sans honte ni remords, dépourvus de toute conscience, de toute morale. »  On pense alors aux attaques ad hominem contre Joe Biden, rabaissé en vieillard gâteux, ou contre Kamala Harris traitée de folle ; on pense à la description apocalyptique de l’Amérique au bord du gouffre contre toute réalité. Sans parler des multiples procès auxquels il doit faire face alors qu’il ne serait qu’un pauvre innocent persécuté.

La leçon d'Hergé.

« Mais la grande leçon que propose Hergé… c’est de montrer que le mal ne peut pas l’emporter. Il faut beaucoup de courage et pas seulement de l’optimisme pour défendre une telle idée. C’est ce qui, définitivement, rend Tintin attachant : ce « petit Don Quichotte », comme le surnomme Dawson en ricanant, prouve que l’espoir aura toujours raison contre les méchants. » Acceptons-en l’augure pour la présidentielle américaine, et aussi pour le Vénézuela soumis à Maduro, et l’Ukraine face au diabolique Poutine, … pour n’évoquer que ceux-là !

Au fond, lire Tintin, c’est rester dans l’actualité. Il suffit de transposer les situations.

 


DONALD LE GATEUX CONTRE KAMALA LA BATTANTE.

Harris trump

 

Le renoncement de Joe Biden rebat les cartes dans la présidentielle américaine.

Il était temps. La charge de la Maison blanche est écrasante et le Président en exercice, manifestement, n’était plus physiquement en état de mener de front la campagne et le gouvernement des Etats-Unis. Il a passé la main à sa vice-présidente Kamala Harris, dont on doutait de la popularité, mais le soulagement est tel, que le passage du témoin a fait apparaître en pleine lumière une femme talentueuse au pedigree bien affirmé. Une Kamalamania s’est emparée des Démocrates et qui pourrait bien s’étendre à tout un électorat modéré, fatigué par l’affrontement des deux octogénaires. Le candidat républicain se moquait de son adversaire avec des attaques ad hominem triviales sur ses défaillances. Désormais, le vieux, c’est Donald Trump !

Le bilan positif de Joe Biden.

Il semble que les Américains n’en ont pas vraiment conscience, mais après trois ans et demi de gestion démocrate, les Etats-Unis se portent bien : l’économie tourne à plein grâce à l’IRA (Inflation Réduction Act) qui mobilise 370 millions de dollars sur 10 ans et a provoqué une relance sans précédent, l’inflation a été réduite, le chômage est au plus bas et la Fed baisse ses taux progressivement. La campagne délétère menée par Donald Trump décrit une Amérique au bord de l’effondrement qui ne correspond en rien à la réalité. Il n’est pas impossible que Kamal Harris réussisse à ouvrir les yeux des électeurs. Le seul point noir mis en exergue par les Républicains, c’est l’immigration, même s’il n’est pas invraisemblable qu’elle soit finalement utile à la croissance d’un pays vieillissant en plein emploi.

La campagne de Trump en rade.

L’attentat dont le candidat républicain a été victime semblait l’avoir rendu intouchable. Il en était à faire croire à son électorat le plus obscurantiste que c’était un miracle voulu par Dieu. Son débat avec un Biden diminué l’avait mis sur un nuage et il n’avait même pas besoin de détailler son programme. L’arrivée de la candidate démocrate dans le paysage semble avoir détraqué la machine républicaine et déstabilisé Donald Trump et son vice-président putatif qui en sont restés aux insultes et au dénigrement de leur adversaire à un niveau proche du caniveau. Un de ses neveux publie un livre en affirmant que son oncle est fou et  met la démocratie en danger. Il est vrai que les propos qu'il a tenus récemment peuvent le laisser penser :"Votez pour moi, et après, vous n'aurez plus besoin de voter  ..." L’image qui vient alors à l’esprit est celle d’un vieillard qui radote.

La dynamique en faveur d’Harris.

Toujours est-il que l’arrivée de Kamala Harris a provoqué un électrochoc. Tout « l’establishment démocrate » s’est regroupé pour la soutenir et sa candidature vient d’être validée par un vote au sein du parti Démocrate.  Elle a levé plus de 350 millions de dollars pour sa campagne depuis l’annonce de Joe Biden. On connaitra le nom de son colistier lors de la convention du 25 août.  Si elle choisit parmi les modérés de son parti, le ticket démocrate pourrait bien l’emporter au mois de novembre. En attendant, les sondages évoluent favorablement dans ce sens, et certains commencent à mettre Kamala Harris devant Trump. Tout se jouera avec la mobilisation de deux électorats :  les noirs et les jeunes. Et elle a des atouts. Trump annonce un débat avec elle le 4 septembre sur Fox news. Voilà qui promet d’être chaud :  l’ancienne procureur face à un délinquant notoire !

Voilà une fin de campagne passionnante !

 


JO SANS ASSURANCE .... MAIS AVEC DES IMAGES !

JOParis2024

 

Lu dans le  journal "Les  Echos" :

 

"ASSURANCE : LES  JO DE PARIS SANS FILET EN CAS D'ANNULATION D'EPREUVES"

"L’info. Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques 2024 n’a pas pu s’assurer contre le risque financier d'une annulation de  tout ou partie des épreuves sportives ou des cérémonies.

Le contexte. Ce coup dur illustre la difficulté à couvrir les événements hors normes face à la montée des risques d’épidémie, de terrorisme ou d’émeutes, quatre ans après le choc du report des Jeux de Tokyo. Si un scénario catastrophe survenait à Paris, le COJO devra assumer l’indemnisation des partenaires et prestataires.

Le défi. Sponsor des Jeux et partenaire exclusif des contrats d’assurance de Paris 2024 (couverture médicale, assistance aux athlètes...), Allianz joue une épreuve  à haut risque même s’il a partagé les contrats avec d’autres compagnies pour ne pas se retrouver surexposé."

C'est bizarre, les médias  n'en parlent pas vraiment.

Mais on a l'assurance d'avoir des images. Tony Estanguet a négocié avec OBS (Olympic Broadcasting Services) 11 000 heures de tournage d'images qui se transformeront en 600 000 heures diffusées par 200 chaînes TV de toute la planète. OBS,  filiale du CIO, capte et vend les images des jeux. Alors à vos postes  de tv :  les Invalides, la tour Eiffel, Versailles, la Seine... vont être vus et revus sous tous les angles grâce aux  caméras "tyroliennes" et "esthétisantes",  qui seront installées  un peu partout, pour  montrer les  monuments, et, cerise sur les  gâteaux, avec des couchers de soleil... Les studios de France Télévision et de NBC seront en face de la tour Eiffel,  en extérieur.

Si avec ça la France ne bat pas le record du monde de la fréquentation touristique ... les Parisiens le mériteraient bien  !

 

 


DESOLANT !

Cedric demande à ton père

Lecteurs fidèles du calepin, vous pensez certainement que je manque d’assiduité. Pourtant les sujets ne manquent pas, mais que dire face à une situation désolante quel que soit le côté vers lequel on se tourne. Et je ne sais pas pourquoi je suis de mauvaise humeur, en tout cas pas d’humeur à écrire ce que je pense vraiment parce que ce serait probablement excessif. Il suffit de reprendre quelques titres à travers la presse.

Tiens, la première priorité des Français est le pouvoir d’achat. C’est ce que disent les instituts de sondage. Pourtant les prix ont augmenté de 0% en mai indique l’Insee et sur un an la hausse est de  2,3% et 1,3%  pour  l’alimentation. Pendant ce temps le Ministère du Travail nous annonce que les salaires ont grimpé de 3,3% dont 3,9% pour les ouvriers. Les Français seraient-ils victimes d’une « impression » de hause ? Je crois plus au conditionnement par les médias. Désolant, non ?

Ciotti a fini de tuer les LR. Je passe sur la tragi-comédie du siège transformé en fort Chabrol et les BP désavoués par la justice. Le procédé de Ciotti est innommable :  cracher à la figure des copains, dont le Président du Sénat, ça ne se fait pas quand on est un homme honnête. Mais le cadavre bouge encore puisque Pradier, l’indiscipliné, à jugé de son intérêt de claquer la porte.  Un de plus, vous me direz… oubliant que c’est encore le plus gros parti de France par le nombre de ses élus locaux, et majoritaire au Sénat. Désolant, non ?

Au Royaume-Uni, Nigel Farage remet ça. Le responsable du Brexit dont on sait maintenant quel succès il a été pour les Anglais qui rêvent de revenir dans l’Union, a lancé sa « révolte politique » avec les mêmes procédés et les mêmes mensonges. Tenez-vous bien, il devancerait les Tories que les sondages annoncent écrasés par les travaillistes. Vous me direz, voilà un pays qui a besoin d’alternance. Mais le parti de Farage à près de 15%, ça laisse pantois surtout quand on lit son programme. Désolant, non ?

Poutine et le Coréen Kim scellent une « alliance » militaire face à l’Occident. Le néo stalinien en est rendu à quémander des obus au Nord Coréen qui affame son peuple pour pouvoir jouer avec ses missiles et envoyer des ballons d’immondices sur son voisin du sud. En voilà bien deux qu’il faudrait bien dézinguer. Le monde ne s’en porterait pas plus mal. Désolant, non ?

Aux Etats-Unis, la condamnation de Trump compte peu pour les électeurs. Pourtant l’affaire a démontré la solidité du système judiciaire. Rien n’y fait. L’ancien président continue sa campagne avec les mêmes outrances, les mêmes mensonges.  L’Amérique s’apprête à réélire un voyou assoiffé de vengeance.  Il devancerait de 4 points Biden. Désolant, non ?

Il faudrait aussi parler du nouveau Front populaire, véritable escroquerie électorale, de Glucksmann qui s’est fait rouler dans la farine, de l’éparpillement du centre avec les rats qui quittent le Titanic macronien, des faux-semblants rassurants du RN qui ne trompent que ceux qui le veulent bien ou qui ont la mémoire courte.  J’arrête là la litanie. 

Désolant, non ?

 

 


BELLAMI, WHAT ELSE ?

Bellamy europe

 

Avec les deux dernières semaines de campagne, dite officielle à partir de lundi, nous entrons dans le vif du sujet. La grande confrontation a eu lieu et le verdict est tombé des « experts » de LCI qui ont commenté le débat : c’est Bellami qui a été le meilleur, avec en outsider le communiste Leon Deffontaines. Que faut-il de plus aux électeurs de la droite ? Ils ont une tête de liste pugnace, qui connait ses dossiers, qui peut se targuer d’une influence hors-norme au sein du groupe européen du PPE, qui ne s’est pas contenté de paroles.  Enfin, un leader de droite qui agit, qui fait ce qu’il a dit et qui présente un vrai programme de droite ancré sur des convictions. Il a à ses côtés une agricultrice du cru et un général talentueux…

Alors quand les sondages disent que rien n’y fait, même creux comme un radis trop arrosé, Bardella garde la préférence des anciens électeurs de Sarkozy et de Fillon, les bras m’en tombent. Pour eux c’est la droite. Ils n’en démordent pas. Pourtant au-delà des apparences du gendre idéal et de la dédiabolisation, Bardella charrie avec lui bien des éléments qui n’ont rien à voir avec la droite modérée et libérale.  Il suffit de gratter un peu pour voir ce que cache le discours rassurant qui voudrait qu’on l’assimile à une sorte de RPR rénové.  C’est une escroquerie intellectuelle. Bardella c’est l’extrême-droite. Le programme du RN, dont la publication a été opportunément reportée à après le 9 juin, est un savant amalgame de discours identitaire et de propositions qui rappellent celles du PC des années 80 : nationaliste d’un côté, socialiste de l’autre.  Cela ne vous rappelle rien, le national-socialisme ? Evidemment les jeunes qui suivent Bardella sur Tik-tok ne peuvent pas savoir, on ne leur a rien appris, mais les anciens, eux n’ont pas d’excuses.  Et je passe sur tous les nazillons qu’il a dans ses bagages, bien planqués et attendant leur heure.

Le RN à plus de 30%, voilà où nous a conduits la stratégie de Macron du « en même temps ». La ficelle a fonctionné jusqu’à maintenant, sauf que cette fois-ci la mise en scène ne fonctionne plus : ni l’entrée en campagne du Président, ni le débat Attal-Bardella, scandaleux dans son principe, n’ont permis à la liste macroniste de gagner des points, elle en aurait même perdu. Un débat Macron-Le Pen ne ferait qu’aggraver les choses. Au moins dans ce théâtre qui paraissait figé, une partie des citoyens semble avoir retrouver un peu de lucidité :  à gauche la liste « Place Publique » de Raphaël Glucksmann est partie pour bousculer un peu le scénario pré-établi. Pourquoi n’en est-il pas de même à droite.  Ses électeurs voudraient-ils illustrer l’adage selon lequel elle serait la plus bête du monde ? Par chance, nous avons Bellamy ! Il est encore possible de garder l’espoir qu’ils se réveillent.

Surtout, ne perdons pas de vue que l’enjeu est européen et pas franco-français. Bellamy, c’est le vote utile par l’influence que nos élus auront au sein du PPE, principal groupe en nombre au Parlement de Strasbourg.  Il importe que la France ait une voix de droite qui porte au sein de l’assemblée de l’Union. Ce ne sera pas le cas de Bardella qui siègera dans un groupuscule minoritaire inaudible, en scission avec l’AFD et qui a peu de chance de rejoindre celui de Méloni très pro-Ukraine et Otan. Eh, oui, voter Bardella c’est apporter un soutien à Poutine. Alors, pour moi, c’est rédhibitoire.

Bellamy,  quoi d’autre ???

 


UNE FORCE DE FRAPPE EUROPEENNE : LES MARCHES DE CAPITAUX.

Dette  mondiale

 

L’Europe est face à un mur d’investissements.

Les besoins de financements à venir sont énormes pour la transition énergétique, la révolution numérique et l’Intelligence artificielle, le renforcement de l’armement. Si le domaine de la défense appartient aux états, pour les autres, il faudra faire appel à l’argent privé.  Il n’est pas question de créer des impôts européens et ça n’est pas nécessaire. L’épargne financière des Européens représente 32 000 milliards d’euros, dont à peu près 15% sont investis en actions. Sans entrer dans les détails techniques, cela représente un potentiel de 10 000 milliards d’euros disponibles pour investir dans les domaines concernés. A cela, il est possible de dégager 3 000 milliards supplémentaires dégagés du bilan des banques. Une force de frappe mobilisable de 13 000 milliards d'euros ! Les dispositions techniques sont exposées dans le rapport Noyer, (ancien directeur de la Banque de France) présenté à Bercy fin avril.

Une autorité unique de régulation.

Pour mobiliser cette ressource financière il faut créer une autorité unique de régulation au niveau européen, afin d’unifier les réglementations des différents marchés et rendre nos acteurs et nos produits compétitifs à l’échelle européenne. Il faut créer des produits européens qui attirent les investisseurs étrangers et qui pourraient être vendus dans le monde entier. Cela permettra de renforcer l’euro dont la dimension mondiale est un atout dans la compétition internationale.

Un enjeu de souveraineté.

L’enjeu de l’union des marchés de capitaux et de la mobilisation de l’épargne européenne n’est pas seulement un enjeu de financement du « mur d’investissements » à venir, c’est aussi un enjeu de souveraineté. Lorsque les entreprises sont financées par des investisseurs américains, elles ont tendance à regarder vers les Etats-Unis, c’est bien compréhensible.  C’est pourquoi, nos gouvernants voient d’un mauvais œil l’envie de Total de se faire coter à la bourse de New-York pour bénéficier de la profondeur du marché américain qui permettrait une valorisation beaucoup plus importante, mais avec le risque de voir les actionnaires locaux devenir majoritaires et prendre le contrôle de l’entreprise. Si les Européens investissent dans les actions de leurs entreprises, elles resteront en Europe.

Notre avenir passe par l’Europe.

Voilà pourquoi il est important de porter un message positif sur l’Europe et faire comprendre à nos concitoyens la nécessité du projet européen. L’Europe est l’espace le plus démocratique au monde. C’est plus compliqué à gérer, mais en termes de liberté, de sécurité et de solidarité, nous n’avons rien à envier à nos voisins. Personne ne niera que nous avons encore beaucoup de progrès à faire collectivement, et l’union des marchés de capitaux en fait partie.  Quand on se compare aux autres, nous sommes bien plus souvent qu’on ne croit meilleurs qu'eux.  Ceux qui voyagent s’en rendent compte.  Notre avenir passe par l’Europe.

Alors quand la France et l’Allemagne souhaitent relancer les travaux sur l’union des marchés de capitaux, il faut sauter sur l’occasion.  Le rapport Noyer propose des solutions techniques concrètes et réalisables. Le mode de gouvernance proposé sera crucial pour convaincre les plus sceptiques. Certes, cette union des marchés est un projet d’intégration européenne et représente un nouveau transfert de souveraineté, mais comme l’a souligné Mario Draghi, une souveraineté partagée vaut mieux que pas de souveraineté du tout !  L’objectif : une politique unique, mise en œuvre de manière décentralisée dans un réseau intégré, à l’exemple de la politique de la concurrence qui a fait ses preuves. 

Raison de plus pour aller voter  le 9 juin !

 


MAIS Où SONT PASSES LES ELECTEURS DE DROITE ?

Européennes 2024

 

Depuis 2012 et la défaite de Nicolas Sarkozy, les électeurs des Républicains se sont réfugiés dans l’abstention ou éparpillés entre Macron, le RN et le parti de Zemmour, au motif que la droite n’avait pas fait ce qu’elle avait qu’elle ferait. Depuis l’eau a coulé sous les ponts.  Pourtant, le même reproche continue d’être prononcé alors qu’elle n’est plus au pouvoir depuis 12 ans. A la veille du scrutin européen, on peut même affirmer qu’il est largement injustifié.

Un candidat fiable.

Avec François-Xavier Bellamy, nous avons un candidat qui affirme clairement nos convictions et à qui on ne peut pas faire ce reproche. Du plus loin que je puisse remonter, je n'ai pas le souvenir d'autant d'intelligence, de compétence et de clairvoyance concentrées sur une seule personne.  Elu il y a cinq ans, son bilan d’action au Parlement européen parle pour lui : il a rempli tous les engagements qu’il avait pris et porté haut les couleurs de notre parti au sein du PPE.  Quelques exemples des décisions auxquelles il a fortement contribué avec nos élus : pour le pouvoir d'achat, ils ont obtenu que le prix de l'électricité ne soit plus lié à celui du gaz, et notre pays retrouve ainsi l'atout du nucléaire malgré le choix du gouvernement d'augmenter les taxes sur l'électricité ; sur l’immigration et  la protection de nos frontières, ils ont obtenu l’augmentation du budget de Frontex, le financement de murs aux frontières de l’Europe, que la commission européenne renonce à la délocalisation obligatoire des migrants et défendu une solidarité européenne réaliste via un soutien financier ou logistique, et qu'un individu qui fait une demande d'asile, s'il en est débouté, ne pourra demander l'asile dans un autre pays européen ; pour l’agriculture ils ont apporté un soutien sans faille à nos agriculteurs en garantissant les fonds de la politique agricole commune, en empêchant le gel de 10% de la surface agricole, et défendu les éleveurs en votant de nouvelles règles sur les émissions industrielles ;  ils sont aussi à l’origine d’une importante victoire pour l’énergie nucléaire : ce sont eux qui ont  obtenu que la filière nucléaire bénéficie des 210 milliards d'euros du plan de relance européen, et défendu l'idée que l'énergie nucléaire, en tant qu'énergie décarbonée, peut aider à atteindre les objectifs en matière de climat ;  Enfin, ils se sont  opposés à la création de tout nouvel impôt européen et opposé vigoureusement à la promotion du voile islamique. Ils ont participé à la décision de créer une barrière écologique pour taxer les importations des pays les plus pollueurs et en matière de défense à la création du premier fonds européen de défense pour soutenir nos forces armées.

La gauche se reconstruit avec Glucksmann, pourquoi pas la droite ?

À quelques semaines du scrutin, la liste LR est toujours estimée entre 7% et 8% des intentions de votes. Mais se disant pleinement engagé dans la « bataille », nos candidats veulent croire que les choix des électeurs de droite ne sont pas cristallisés et qu'ils finiront par être sensibles aux « principes » défendus par LR. Des signaux positifs remontent du terrain où les militants manifestent un appétit pour les qualités de Bellamy et la densité de son discours. Nos électeurs ont la chance de pouvoir voter pour des candidats qui joindront les actes à la parole et qui en ont fait la preuve. Et le moment est venu de renouer avec les valeurs de la droite républicaine modérée. On ne règlera pas le problème de l’immigration par la xénophobie que propose Reconquête ni par l’affaiblissement de l’Union que propose le RN. 

Ce n’est pas le moment d’affaiblir l’Union européenne.

Le contexte géostratégique nécessite au contraire le renforcement de son action, notamment en matière de défense.  Avec le Général Gomart au sein de la liste, LR propose une ligne d’action compatible avec le respect de notre souveraineté nationale. Le projet européen du RN a gommé ses aspects les plus radicaux, mais continue de remettre en cause des piliers essentiels du fonctionnement de l'Union européenne. Priorité nationale, primauté du droit français, droit de véto : Jordan Bardella, la tête de liste du RN, défend des mesures perçues comme revenant à défaire la construction communautaire de l'intérieur. Sous ses aspects plus policés que par le passé, le programme du RN en vue du scrutin européen continue d'égrener des mesures perçues comme clairement contraires aux règles de fonctionnement actuel de l'Union européenne, et qui auraient pour effet d'amener à son délitement. Sa victoire réjouira surtout M. Poutine. 

Le 9 juin, il faut donc aller voter, c’est très important.

Le 9 mai, c’est la « journée de l’Europe ». A la veille de cette commémoration,  et à un mois du scrutin, je voudrais inviter tous nos électeurs à voter pour François-Xavier Bellamy. Comme le dit Catherine Nay, c’est « de loin, le meilleur candidat ».  Il s’agit d’élire nos députés au Parlement européen et pas d’un referendum contre Macron.

Pour conclure, donnons la parole à la tête de liste LR : « C'est de nous-mêmes que vient notre propre fragilité. L'intensité du contrôle, de la défiance, de la surveillance, de l'asphyxie généralisée de notre société… Nous voulons sortir d'une Europe de la norme et rentrer dans une Europe des stratégies collectives ». Voilà une belle ligne de conduite !

 


POURQUOI SOUTENIR L’UKRAINE EST INDISPENSABLE

Guerre ukraine

Quand j’observe que, selon  un sondage, 57 % des Français n’approuvent pas que Macron hausse le ton face à la Russie, je trouve que c’est inquiétant. Même si on n’aime pas Macron, ce qui est mon cas, il faut reconnaître que son action face à Poutine est justifiée et nécessaire. Et je rejoins l’analyse de notre ancien Ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, connu pour sa modération, quand il déclare : « En Ukraine, nous jouons notre liberté et notre existence ». Et son analyse qu’il développe dans une interview au Figaro, est frappée au coin du bon sens.  J’en reprends quelques arguments.

Poutine a tout faux.

Le bilan à l’heure actuelle, c’est un échec de la Russie. D’abord l’Ukraine a résisté si bien que « l’opération spéciale » a capoté. Rappelons-nous cette colonne de camions de 40 km de long qui transportait personnels et matériel pour se substituer à l’administration ukrainienne alors que les soldats  russes avaient dans leur paquetage leurs uniformes  de parade pour défiler dans la capitale quelques jours plus tard. Les erreurs  d’appréciation du Kremlin se sont accumulées : sous-estimation de la résistance ukrainienne et de la force du sentiment patriotique dans le pays ; sous-estimation de l’unité des européens ; sous-estimation de la posture et du talent  de communication du Président Zélinski. Enfin Poutine a surestimé ses forces. Surtout, il n’a pas  vu que cette invasion allait faire revenir dans le jeu l’OTAN et donc les Etats-Unis. Il a subi des défaites cuisantes et même des humiliations : destruction du Croiseur Moskva, frappes contre le pont de Kerch, reflux de la flotte dans la mer Noire, poussée ukrainienne  à Kerson et à Karkiv… La prise d’Avdiivka destinée à offrir au maitre du Kremlin une victoire avant les élections n’est pas une percée  mais un grignotage au prix de milliers de soldats morts. Par ailleurs, les Russes ont un problème de  mobilisation et des lacunes technologiques en raison des sanctions occidentales.

L’Union  européenne exemplaire.

L’unité de l’Union  européenne n’a jamais été démentie dans les actes. La mobilisation fut immédiate dès le 24 février, et dans la même semaine l’UE a pris à l’unanimité les premières sanctions contre la Russie et décidé d’envoyer des armes à l’Ukraine. Aujourd’hui, tout le monde  a compris que l’Ukraine ne doit et ne peut pas perdre.  L’échec de sa contre-offensive et la possible élection  d’un Trump aussi imprévisible que jamais, oblige les européens à un renforcement de leur soutien. D’abord en passant réellement à une économie adaptée à la situation : il faut produire munitions et artillerie pour répondre à la demande, ce qui implique que  les outils de production militaire  soit en capacité d’y satisfaire. Il ne faut pas  avoir peur de l’effort financier : les  6% du PIB de la Russie  consacré à la guerre représentent en effet  bien peu face aux 2% du PIB de l’Union (27 pays). Il faut soutenir la  proposition de la première ministre estonienne de mobiliser un emprunt de 100 milliards d’euros pour relever le défi. Quand l’Europe veut,  l’Europe peut. Et il faut reconnaître que la  France, devant le défaut provisoire américain, seule puissance « dotée » de l’Union a le devoir de mettre Poutine  au pied du mur car celui-ci ne comprend que le  rapport de force. Elle seule a la capacité de le faire. Voilà pourquoi le Président a pris en main le flambeau. Il est dans  son rôle.  Et ne nous y trompons pas, il a toute l’Europe derrière lui, sauf Orban et Frico, et encore.  

Un enjeu civilisationnel.

Il faut se féliciter que l’Europe soit  sortie de sa naïveté et de sa torpeur géopolitique. Après avoir vécu sur les « dividendes de la paix », il est temps qu’elle se réveille. Je pense comme Jean-Yves Le Drian que l’Ukraine est  désormais la première ligne de défense de l’Europe et que nous jouons là-bas notre liberté et notre existence. Le prix  à payer par  l’Ukraine  est déjà élevé mais il n’est rien par rapport au prix que nous aurions à payer si elle était battue. D’autre part, il est choquant de constater que l’ONU est paralysée par le fait qu’un de ses membres au Conseil de sécurité, parce qu’il est doté de la puissance nucléaire, puisse s’affranchir de toutes les règles de droit international  et  envahir un état souverain en tentant de faire régner la loi du plus fort. Elle se ridiculise par la  modestie de  ses  protestations face aux horreurs perpétrées sur l’Ukraine et sa population par les troupes  russes. La  musique de fond de ce qu’on appelle le « Sud global » est en grande partie alimentée par la Russie, aidée par la Chine à travers des discours qui attaquent l’ordre international. Ces  attaques visent à promouvoir un ordre mondial alternatif où  les dictatures servent de modèle. Il  importe pour nos démocraties dont la  pérennité dans le monde est  menacée de combattre  ces  régimes  autoritaires dont certains veulent en profiter  pour atteindre le statut nucléaire. On voit combien laisser tomber l’Ukraine serait catastrophique pour le monde dit « libre ».

Tâchons de nous en souvenir au moment de voter pour renouveler le parlement européen.

 


CAPTEUR DE COLERES, MAIS APRES ?

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Le  discours de Marseille.

Le lancement de la campagne du RN  a  eu lieu à Marseille, l’occasion pour Jordan Bardella de faire un discours fleuve de trois quart d’heures.  Au moins, penserait-on, aura-t-il décliné  un projet dense et construit. Nenni : trois quarts d’heure de slogans creux de dénonciation de Macron, de l’Europe, de Bruxelles, mais aucune réelle proposition. Celui qu’on désigne déjà comme la droite  ultrabrite (autrefois on aurait dit « dents blanches ») et roi du selfie remplit parfaitement son rôle de « dédiabolisateur », mais sa réthorique reste creuse.

L’Europe de tous nos maux.

Une vieille rengaine consiste à dénoncer les travers technocratiques d’une institution dont les Français connaissent mal le fonctionnement.  C’est vrai qu’à 27, le fonctionnement est forcément complexe, et que la répartition des pouvoirs entre le  législatif, le Parlement, et les exécutifs qui comprennent le Conseil européen des chefs d’Etats et son bras armé la « commission européenne », ne sont pas complètement aboutis. De  fait, les  projets y avancent lentement, il faut du temps pour parvenir à l’unanimité indispensable à toute décision, mais l’Union a joué un rôle utile pour tous les  pays plus souvent qu’on ne veut bien le reconnaître, pendant la crise du Covid  et face à la guerre en Ukraine, par exemple. Mais le public est tellement peu informé sur ces réalités qu’il n’en perçoit pas souvent l’intérêt.  Il faut dire que nos médias ne font guère d’efforts  pour donner l’importance qu’elle  mérite à la politique de l’Union européenne.  Dans ces conditions, il  est très facile de mettre sur le dos de l’Europe bien des maux qui sont pourtant bien hexagonaux, la France étant la reine de la « surtransposition » des directives. L’Europe bouc-émissaire est un sport facile à pratiquer et le RN y excelle.

Le RN, quelle  Europe ?

Il  y a encore peu, le RN envisageait logiquement de quitter l’Union : le Frexit. Mais vu le désastre que cela a été pour l’Angleterre et cette perspective n’étant absolument pas  populaire, le parti a  modifié son discours. Il prône  une « alliance européenne des nations libres et souveraines » sans qu’on sache le contenu réel de ce concept qui est à l’opposé du principe de l’Union depuis 70 ans, qui repose sur des souverainetés partagées  dont l’euro est le  parfait exemple. L’Europe dont parle le RN est impossible à envisager puisqu’il faudrait l’accord  des partenaires de la France pour défaire les traités en vigueur. Elle se limiterait à des « coopérations » à la carte et renoncerait à ce qui est le cœur de l’Union, à savoir le grand marché et l’absence de frontières intérieures. Quant à imaginer que la victoire de Marine Le Pen suffirait à fléchir  les autres dirigeants, c’est pure fiction. La réalité c’est que la France se retrouverait isolée, condamnée à se plier, comme Méloni, ou à sortir.

L’immigration, cheval de bataille.

Voilà un sujet sur lequel le RN se vante de « victoires idéologiques ». On ne peut pas lui donner tort. La majorité actuelle et  la droite a repris en partie son programme : expulsion des clandestins, mise sous conditions des aides sociales, … Mais on voit bien aussi les limites concrètes de l’application de ces mesures. Nos juridictions de recours, tribunaux et Conseil d’Etat,  participent d’ailleurs à compliquer  la tâches.   Il y a en Europe une aspiration des  peuples  à  un contrôle plus strict des immigrations  et c’est au niveau de l’Union que le principal doit se jouer, sinon, nous nous perdrons dans des  procédures constamment remises en cause ou inapplicables.  Déjà les 27 ont avancé sur le sujet en durcissant les conditions d’entrée dans « Schengen » et en renforçant « Frontex ». Décisions que les élus RN n’ont pas votées. Encore faudrait-il que le vieillissement des populations ne constitue pas  un « appel d’air » pour de la main d’oeuvre immigrée indispensable pour faire tourner nos économies. Là encore, les slogans sont plus faciles que  la mise en place de politiques efficaces. Les électeurs qui croiraient aux mirages du RN seraient condamnés à une déconvenue, comme ceux de Méloni en Italie.

Economie, rien ne va plus.

En ce qui concerne l’économie, le RN reste sur une ligne démagogique  irréaliste : revenir sur la réforme des retraites, baisse de la TVA, hausse des salaires de 10%, tout en appelant (récemment) à des économies. Verbalement ça tient, mais en cohérence, c’est impossible à mettre en œuvre. On ne fait pas d’économies en dépensant plus. Aussi,  les propositions restent-elles  souvent au niveau de l’affichage comme « assurer notre indépendance énergétique », ou « garantir aux agriculteurs des prix respectueux », sans expliquer comment on s’y prendra. Il manque au parti un appareil technique qui lui fait défaut depuis toujours. Marine Le Pen est seule et Jordan Bardella appartient au sérail. Le RN n’a aucun outil  intellectuel qui lui permette d’atteindre la crédibilité. Il se contente de sa politique de communication pour sortir des vieilles lunes fachos du père, ce qui a permis de séduire les médias et une partie des Français, donc de monter dans les sondages et de gagner des élus, sans parvenir à s’implanter complètement. De fait, il attrape toutes les colères,  mais l’assemblage des colères ne donne pas  une direction. On le voit bien avec la guerre en Ukraine. D’avoir parié sur la Russie de Poutine s’avère aujourd’hui être un boulet que Marine Le Pen n’arrive pas à porter. La  position qu’elle a développée dans son discours à l’Assemblée nationale est une pantalonnade.

Il faut  à Bruxelles des élus qui comptent.

Le danger de l’avantage électoral cache un inconvénient  majeur qui risque d’enfoncer la  France dans une crise profonde : c’est l’incohérence idéologique alimentée par un jeu trouble jusqu’aux franges du socialisme avec un programme économique qui est un copié-collé de celui de Mélenchon, et qui enferme le RN dans une spirale du vide. Alors, à quoi bon envoyer des députés RN au Parlement européen où leur présence n’a aucun impact, et d’autant plus que les projections montrent que malgré la poussée des extrêmes-droites, les groupes PPE et Socialistes resteront largement dominants. Tout au plus ils auraient une minorité de  blocage : la belle affaire !  Avec seulement 8 élus, Les Républicains ont compté beaucoup plus grâce à leur influence au sein du groupe PPE.

Est-ce bien le  moment de paralyser l’Europe  dans un monde où les empires voudraient imposer la  loi du plus fort comme droit international.

 


PAS DE DEMOCRATIE SANS VOTE

La liberté guidant le  peuple bis

 

Le droit de voter : combien de morts ?

Notre système démocratique, si confortable et si rassurant en apparence, est mis en danger par la paresse des citoyens. Il a pourtant été conquis de haute lutte. Il en a fallu des combats et des révolutions pour parvenir à le mettre en place et le stabiliser. Mais voilà, voter suppose un effort intellectuel, choisir, et pour choisir il faut faire le tri entre les faits et les croyances et parce que nous sommes des millions, nous pensons que notre vote individuel ne sera pas décisif. Grave erreur. Le mal vient très  probablement d’une perception de la réalité faussée par de nombreux facteurs qui n’existaient pas autrefois, quand  s’instruire et s’informer était relativement simple. Aujourd’hui l’état  d’ignorance de  l’opinion publique sur de nombreux sujets indispensables à l’édification d’une conscience citoyenne apte à faire des choix, tels  que  l’état de l’économie ou la vérité scientifique, creuse un fossé entre les croyances et le savoir  établi. Il  peut en résulter une démotivation  ou une  polarisation partisane aveugle. Dans les deux cas, la stabilité démocratique est menacée.  Lorsque les conditions l’exigent, et ce sera bientôt le cas, il serait préférable que nous exercions notre devoir citoyen avec le plus grand sérieux.

Perceptions et réalités.

Prenons l’exemple de la Russie. Le peuple russe est appelé à voter la semaine prochaine pour élire le président de la fédération. On pourrait croire qu’il s’agit d’une démocratie. Sauf que toutes les conditions ne sont pas réunies pour que s’exerce un vrai choix : les médias sont astreints  à une propagande éhontée en guise d’information, les opposants dignes de ce nom sont en prison ou éliminés physiquement comme Navalny, le scrutin n’est pas sincère. Le candidat officiel est assuré d’un score que l’on aurait qualifié autrefois de « soviétique ». Il s’agit d’un simulacre pour masquer l’un des pires régimes dictatoriaux de la planète et lui donner une  apparence de légitimité populaire. La réalité, c’est que les vraies démocraties sont de moins en moins nombreuses dans le  monde. Et il  n’y a guère qu’en Europe où elle est établie, bien que là aussi elle soit menacée.  

L’élection présidentielle aux Etats-Unis nous offre un autre exemple. Pour comprendre l’avantage de Trump, il faut considérer la perception qu’ont les Américains de la  santé économique  du pays, car  ils accordent davantage d’importance à l’économie qu’aux questions sociétales. Et ce qui est surprenant c’est qu’un grand nombre jugent les conditions économiques très  mauvaises alors que tous  les indicateurs sont au vert et que  le bilan de Biden est  jugé très bon par les experts. Mais ils préfèrent croire les discours simplistes de Trump qui ment comme il respire et suivre un candidat cerné par une multitude de procédures. La  croyance dans la théorie du complot y a de nombreux adeptes, celle de « l’Etat profond » qui veut faire la peau à Trump, l’influence obscurantiste des évangélistes qui voient en Trump un « sauveur », la polarisation des  médias avec les chaines en continu très regardées qui penchent pour les extrêmes et le mépris pour la vérité  par certains  politiciens  forment un cocktail destructeur pour renforcer les inclinations individuelles des citoyens.

La manipulation de l’information.

L’information joue un rôle capital. Nous avons la chance de vivre dans un pays où elle est plurielle, qu’elle soit écrite ou télévisuelle. Nous ne sommes pourtant pas à l’abri : les chaines publiques en France ont une orientation très marquée définie par Mme  Ernotte :  « Nous présentons le monde tel que nous voudrions qu’il soit ! », ce qui est loin de garantir une certaine objectivité. Et la guerre faite à Cnews en dit long sur la tentation « monothéologique ». Mais la situation est encore plus compliquée quand on sait que nombreux sont ceux, surtout les  jeunes, à ne s’informer que sur les  « réseaux sociaux », ce qui est  le pire moyen tellement le faux y côtoie  le vrai. Et puis il y a tous ceux que cette  multiplicité des sources décourage. Le fossé qui se creuse entre les croyances et les faits par la polarisation partisane conduit à une faiblesse structurelle des régimes démocratiques. Ainsi, on a vu récemment en Slovaquie, comment une campagne de « trolls » en provenance des « fermes »  moscovites a inondé la campagne présidentielle et a réussi à faire élire Robert Fisco, le candidat favorable à Poutine. Récemment, j'ai été surpris par la manière dont la plupart des médias ont repris en la déformant ou en la sortant de son contexte la phrase de Macron sur la "possibilité d'envoyer des troupes sur le terrain en Ukraine". Je ne défends pas le Président, j'observe simplement qu'entre ce que j'ai compris quand il l'a dite, et je ne crois pas être idiot, et ce qui a été repris, analysé et décortiqué, il y avait une volonté d'orienter  la réflexion des Français, et plutôt dans le sens du narratif de M. Bompard (LFI).   

Montée des obscurantismes et des idéologies totalitaires.

Les dangers qu’elle doit affronter sur notre continent sont nombreux. Notre liberté est aussi notre faiblesse. Chez nous les idéologies totalitaires ont encore pignon sur rue, très voyante à l’extrême-gauche avec Mélenchon, admirateur des dictatures sud-américaines,  plus camouflée à l’extrême-droite mais pourtant bien présente dans les fondamentaux du RN. L’islamisme radical est un autre mal qui gangrène la démocratie quand il proclame la supériorité de la loi religieuse sur la  loi républicaine.  Et comment faire contre le pouvoir des  paraboles branchées sur les pays d’origine dont les télévisions crachent à longueur de journée sur la France. Même l’institution scolaire est  menacée, où, sous la  pression, de nombreux enseignants s’autocensurent sur les sujets qui « déplaisent ». Dès lors, la stabilité démocratique repose sur un pari : que lorsque les conditions l’exigent, nous exercions  notre devoir citoyen avec le plus grand sérieux. Ce sera le cas, pour nous, en juin prochain avec l’élection des députés au parlement européen.  Nous allons jouer à « Europe, stop ou encore ? ». Dans le contexte actuel, ce serait une folie d’envoyer à Strasbourg des eurosceptiques  d’extrême gauche ou d’extrême droite qui ne rêvent que de défaire ce que nous avons mis des décennies  à construire laborieusement.  On aura l’occasion d’y revenir.

 


LE PIRE N’EST JAMAIS CERTAIN

Donald TrumpPoutineMarine-Le-Pen présidentielle

Je ne résiste pas à la tentation de partager cet article d’Eric Le Boucher, paru dans Les Echos, tant il recoupe ce que j’avais envie d’écrire.  Sauf à céder à  la théorie du complot, en effet,  le pire n’est jamais écrit d’avance. Difficile aussi de ne pas mettre en parallèle les trois mauvais scénari  de cette année 2024 : les élections américaines, les élections européennes et la  guerre de  Poutine. Dans  les   trois cas, il n’est pas  difficile de discerner les inquiétudes, pour ne pas dire les dégâts, que constitueraient une victoire de Trump, de Poutine ou de Marine Le Pen. Surtout quand on y ajoute le contexte  global : le durcissement totalitaire de la Chine de Xi Jinping, la  marche vers le nucléaire de  l’Iran des mollahs, et  la  régression  démocratique globale qui parcourt le monde,  à laquelle fait écho Eric  Le Boucher. Contre la progression de l’obscurantisme nous avons  à notre disposition une arme redoutable : la  raison fondée sur une information sérieuse. C’est le seul  effort que nous ayons à faire. Les gens raisonnables sont les plus  nombreux, il  suffit  qu’ils se réveillent !

Voici l’article d’Eric Le  boucher. Bonne lecture. Pour moi, tout est dit.

« NI POUTINE, NI TRUMP, NI LE PEN N'ONT GAGNE.

Apocalyptique février 2024. Le dictateur Poutine a pris l'Europe et la démocratie dans ses mâchoires et on sait maintenant qu'il ne lâchera pas. Il avait piteusement perdu la première bataille il y a deux ans, mais il a refait ses forces, tué tous ses opposants et retrempé son ambition de Grande Russie. En face, l'héroïsme faiblit en Ukraine et les alliés démocrates à Washington comme à Bruxelles ergotent leur soutien.

Outre-Atlantique, Donald Trump a remporté haut la main les primaires républicaines et il devance Joe Biden dans les sondages. Fantasque président de 2016 à 2020, Trump arrive, méchant, sur une ligne protectionniste et isolationniste dont la première victime sera l'Europe.

En France, Marine Le Pen est pour la première fois en tête dans les sondages pour les élections européennes comme pour le scrutin de 2027. Sa victoire est pour beaucoup d'observateurs très possible sinon très probable.

Ces trois scénarios conjugués font trembler de terreur les esprits paisibles et raisonnables. Ajoutons une Chine de Xi à la lutte contre l'Occident, un Sud Global qui s'en détache par gros morceaux, le recul de l'Etat de droit dans 85 pays sur 173 dans le monde (institut International Idea) et voilà un février 2024 de brumes et de glaces.

L'histoire n'est pas écrite, sauf à croire qu'elle l'est et accepter le joug. Nous y sommes. Regardons Poutine. L'économie russe ne pèse pas celle réunie des Pays-Bas et de la Belgique. L'effort de guerre fait tourner les usines mais tout le reste, faute d'investissement et de technologie, s'enfonce dans l'archaïsme.

La réalité de Poutine ? Tintin chez les Soviets !

« Tintin chez les Soviets » est la réalité de Poutine. Le pétrole se vend encore, des circuits sud ont été ouverts qui conduisent - honte ! - parfois jusque chez nous. L'état financier du Kremlin apparaît sauvegardé, les sanctions ne mordent pas en apparence, Poutine peut se croire sauf. En vérité, l'économie russe détruit son avenir à court terme. L'état de l'opinion est sûrement semblable.

Penser le moujik irrémédiablement soumis au tsar depuis la nuit des temps, acceptant la guerre parce qu'il se croit « sauvé par ce vengeur qui chasse l'étranger » (Hugo), est faire un pari bien périlleux. La population russe s'appauvrit dans son silence forcé.

Croire alors que le dictateur est assez fort pour repartir encore, pendant des années, à l'assaut de l'Ukraine, jusqu'à Kiev cette fois-ci, est aussi illusoire que ça l'était il y a deux ans. Croire qu'il peut envahir un pays balte, encore plus. Il a la foudre atomique, c'est tout le problème. Mais Poutine restera en échec sur son projet impérial.

Trump ? Un baratin simpliste

Donald Trump doit son succès à un paradoxe curieusement inverse. L'économie américaine va, elle, beaucoup mieux, l'Amérique augmente les salaires et recrée des emplois ouvriers. Mais l'opinion refuse de s'en apercevoir. L'inflation rogne le pouvoir d'achat et rend sensible aux discours simplistes. Le recul actuel des indices de prix va-t-il finir par ouvrir les yeux des électeurs ? Il est beaucoup d'autres raisons qui motivent les partisans Maga (Make America Great Again) à commencer par la crainte des écologistes et des wokistes accusés de vouloir la disparition du mode de vie américain (voitures et famille).

Les  questions sur l’âge de  Biden ou bien encore ses positions sur Gaza comptent aussi. Mais la politique qu'il mène répond exactement et sérieusement à l'angoisse de la classe moyenne. Pourquoi le peuple choisirait-il la fausse solution plutôt que la bonne ? Pourquoi opterait-il pour le baratin simpliste ?

Marine Le Pen ? Une solution à rien !

La réponse est essentielle en France. Marine   Le Pen n'a solution à rien. Tout ce qu'elle propose est, sur l'économie, un copié-collé du programme de Jean-Luc Mélenchon et, sur l'immigration, un grand départ impossible à mettre en oeuvre. Sur tous les autres sujets comme l'école, la santé, le numérique : le vide.

On l'a vu au Salon de l'agriculture, Jordan Bardella ne sait faire que des selfies. Il n'y a que les médias pour croire que le RN a des choses à dire. L'électeur, lui, le voit-il ? Sans doute, mais le motif du vote Le Pen n'est pas de trouver une solution, il est d'exprimer de la colère. D'où son choix pour le propos faux mais agréable à son oreille. Cela fait-il un socle solide pour gagner une élection présidentielle ? Non. L'expression de la colère ne sauvera pas la France, pas plus que la guerre ne rétablira la grandeur russe.

D'où le nécessaire réveil des raisonnables dont les ennemis ne sont forts que de leur faiblesse. Guerre et colère, la raison n'a pas perdu. Frottez vos yeux, la sortie des ténèbres ne dépend que d'un peu de foi et d'audace. »

                                                                                                                             Eric Le Boucher


LE FLEAU TIKTOK

Logo tiktok

 

Comme si il n’y avait pas assez du comeback de Trump l’escroc et de l’obscurantisme wokiste des  universités  américaines qui menacent l’un et l’autre la démocratie  américaine et risquent de la faire sombrer, voici l’effondrement éducatif général constaté par le  classement  Pisa qui met  en évidence une baisse des résultats scolaires qui ne concerne pas que la France. Les pays asiatiques font tous mieux.  En Europe,  les  pays du nord ont en général de meilleures notes.  Cette baisse s’explique par de multiples raisons.  Mais si la  Chine, pour ne citer qu’elle, s’en tire mieux, ce n’est pas un hasard. Rappelons-nous, le Figaro Magazine publiait, il y a un an, un article intitulé : « TikTok : comment la  Chine protège ses enfants et rend les nôtres débiles. » Eh bien, depuis, le mal s’est aggravé et la baisse du niveau de nos élèves en mesure l’impact. 

Le  mal est sérieux !

Michel Desmurget démontre dans son livre « Faites-les lire », l’impact délétère que peuvent avoir les consommations internet non régulées pour nos enfants au point de les rendre débile, surtout si à côté, ils ne lisent pas.  J’y reviendrai  bientôt en détail.  Je viens de terminer son ouvrage  et vous en livrerai les grandes idées. Mais  comment, en parallèle, a-t-on pu laisser un réseau social suivi par  1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde, se développer sans entraves alors que Pékin le contraignait à distribuer une version édulcorée et très restreinte à la population chinoise,  pendant que la version débridée a continué d’inonder le reste de la planète. Et le  monde « libre »  laisse  les  citoyens de ses  démocraties consommer sans modération  un média inféodé au Parti communiste. Le  Sénat s’était emparé de la question en lançant une commission d’enquête présidée par Mickaël Vallet (Charente-Maritime, SER) et Claude Malhuret (Allier, LIRT). Les conclusions rendues en juillet dernier sont limpides et reconnaissent des faits d’espionnages de journalistes, des transferts de données d’utilisateurs vers La Chine et des mesures avérées de censure et de désinformation au bénéfice de Pékin et de ses priorités géopolitiques. Peut-être pire encore, les travaux de la commission attestent de la capacité de TikTok à créer des bulles de filtres dangereuses (il suggère par exemple plus de contenus liés aux suicides aux personnes intéressées par la santé mentale) ; reconnaissent que les contrôles d’âge sont inefficaces (40% des 11 ans en France l’utilisent) et admettent que son pouvoir de captation de l’attention est bien plus efficace que les autres réseaux sociaux. « Les constats délivrés par certains praticiens sont préoccupants semble découvrir le législateur français. Impacts en termes de déficit de sommeil, de troubles de l’attention ou encore de sédentarité. » Enfin, les sénateurs exhortent comme « moindre prudence, à nous départir de notre naïveté envers les risques posés aux démocraties par les “guerres hybrides” des dictatures. »

Et il s’aggrave !

En 2022, record pour TikTok et sa société mère ByteDance qui ont enregistré un chiffre d’affaires de 85 milliards de dollars - soit 30% de plus qu’en 2021 - ce qui leur a permis de dépasser les autres géants de la tech chinoise Alibaba et Tencent. Démontrer que ce succès se construit sur la débilisation à grande ampleur des cerveaux n’est pas compliqué : il suffit de regarder les « tendances » qui cartonnent sur ce réseau social. Outre les sempiternels défis souvent idiots et parfois dangereux qui fleurissent régulièrement sur internet, TikTok poursuit son entreprise de déconstruction de l’attention. Comme le rapportait une journaliste, la nouvelle mode consiste à regarder sur son téléphone des films et des séries… mais découpées « à la TikTok », c’est-à-dire réduits en extraits de 90 secondes. Ultime stade de la culture du zapping : on ne regarde même plus une œuvre, on la consomme sous forme de dose comme un drogué avec son crack. Sommé par la Commission européenne de fournir certaines informations et d’instaurer de nouvelles mesures sur des points précis, TikTok n’a rien fait de sérieux pour se conformer aux demandes européennes ou françaises et il faut souligner qu’à bien des égards (modération de contenus illicites, censures), la situation «est encore pire qu’avant».

En France, la  loi dispose déjà d'une interdiction d’utiliser le smartphone à l’école, du primaire au collège - ce qui n’endigue en rien la consommation puisque, selon le Sénat, les utilisateurs de TikTok consultent l’application en moyenne 40 fois par jour et y passent 1 h 47 pour les 4 -18 ans. Des données à corréler, peut-être, avec la chute libre de la France dans le classement Pisa qui évalue le niveau des élèves. Car, au-delà du simple cas TikTok, il y a la question essentielle de la surexposition aux écrans (et aux réseaux sociaux) pour la jeunesse. Là-dessus, une "initiative d’Emmanuel Macron est censée arriver avant Noël".

Espérons que sur ce sujet, le chef de l’État parviendra à donner un cap et à se « départir de naïveté ». En attendant, évitons de mettre sous le sapin  un smartphone ou une tablette en cadeau de Noël à nos enfants. Une pile de livres vaudrait mieux !

 


COP OU FLOP 28 !!!

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"Inventive".

Ainsi pourrait en effet se résumer la dernière version du texte adopté à Dubaï, dont chaque mot a été négocié. Il y a nettement moins d'options et de conditionnel que dans les précédentes versions qui ont circulé ces derniers jours. L'expression «énergies fossiles» revient deux fois. Il n'est pas question d'en sortir d'ici à 2050, mais de « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action dans cette décennie cruciale, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ». Une formulation qui frise le barbarisme proposée par la québécoise Caroline Brouillette, directrice du Réseau « Action climat Canada ».

Une pantalonnade.

On  peut dire que la Cop 28 se termine en véritable pantalonnade. Déjà,  organiser une COP en plein milieu de la région des énergies fossiles ressemblait à une blague. Mieux, donner la présidence de cette COP à un haut responsable du Golfe qui dit avoir étudié les sciences et ne pas avoir trouvé de preuves concrètes que les énergies fossiles accéléraient le réchauffement climatique était la preuve d'un sens de l'humour bien affirmé. On ne sera donc  pas étonné qu’on ait du mal à se mettre d'accord sur un communiqué final. Même si c’est habituel. L'originalité cette fois-ci est qu'on ne parle plus vraiment de l'abandon progressif des énergies fossiles. L'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe ne veulent pas qu'on y fasse référence explicitement. Il n’en reste pas moins que l’emploi du conditionnel rend  les mesures préconisées plutôt aléatoires.

"Finement calibré".

Une source proche de la présidence émiratie estime que le texte a été finement «calibré» pour tenter de réconcilier des points de vues opposés, et notamment éviter un blocage de l'Arabie saoudite. Tout en laissant volontairement un peu d'ambiguïté dans les formulations pour que chacun y trouve son compte... Dans une subtile nuance, le texte ne parle pas d’une « sortie progressive » mais d’une « transition hors » du pétrole, du gaz et du charbon afin « d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Ce texte ne fait pas la part belle aux pays africains qui doivent faire autant d'efforts que les pays riches, sans avoir de moyens adéquats ni obtenu de différenciation. Il est toutefois prévu de doubler les fonds pour l'adaptation. Le texte constate que les financements (pour l'atténuation et l'adaptation) promis à 100 milliards de dollars par an, n'ont hélas pas été atteints en 2021.

Une réalité.

Le monde n'a pas déclaré l'état d'urgence climatique. Une double hypocrisie règne sur le sujet des énergies fossiles. D’un côté,  il y a ceux qui veulent les interdire et qui font semblant de ne pas comprendre qu'elles seront nécessaires au moins pendant 20 ans encore. De  l’autre, il y a ceux qui en vivent et qui font des déclarations d'intention sans mener d'actions véritables pour la transition énergétique. Enfin, depuis la guerre en Ukraine, les pays du Golfe sont devenus maîtres du jeu. Tous les pays leur font la cour en oubliant tous les défauts de leurs gouvernements, du financement du Hamas par le Qatar au découpage en morceaux des opposants pour l'Arabie saoudite.

Alors, chacun peut crier « Victoire ». La  France se félicite de  la prise en compte du nucléaire : « Nous quittons Dubaï la tête haute… L'accord de la COP28 qui vient d'être adopté est une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique », a pour sa part réagi la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher ;  elle a ajouté que la mention de l'énergie nucléaire dans l'accord constituait une « reconnaissance historique et une victoire diplomatique pour la France ». Le texte « marque le début de l'ère post-fossiles », a déclaré de son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Chacun voit midi à sa porte. Par pudeur, on ne mesurera pas l’empreinte carbone de l’événement. Restons sérieux !

 


LE DERAISONNEMENT CLIMATIQUE

Déraisonnement climatique

En marge de la COP 28 et de ses décisions finalement anecdotiques… Ceux qui voudraient nous faire croire au consensus scientifique sur le réchauffement climatique mentent. La  preuve : ce nouveau pavé dans la mare par l’un de nos physiciens les plus capés. François Gervais, professeur émérite à l’université de Tours, spécialiste de thermodynamique, est un des experts qui ont  participé aux rapports d’évaluation 5 et 6 du GIEC. Il est aujourd’hui considéré comme climatodénialiste et complotiste. On lui reproche de  rappeler des faits et des chiffres pourtant scientifiquement établis mais qui ne vont pas dans le sens des climatocatastrophistes qui veulent imposer leur seule façon de voir.

La  dictature de l’émotion.

Par médias interposés, les accidents météorologiques nous sont présentés  comme une succession de catastrophes toujours plus graves alors qu’il n’en est rien. Le climat s’évalue sur au moins trois décennies, la météo sur quelques jours au plus, et les événements météorologiques extrêmes obéissent à des mécanismes chaotiques imprévisibles de par leur nature même. Le physicien rapporte que le CO2 n’est pas un poison, puisqu’il a contribué à un accroissement de la biomasse de 24% en 33 ans, et que sur les 36 milliards de tonnes de CO2 qui ont été émises en 2021, seule 16 ont contribué à l’augmentation du stock dans l’atmosphère, suivant la propre formule du GIEC publiée dans son 6ème rapport,  ce qui correspond à une augmentation de la température moyenne annuelle de 0,007°C. Sur la théorie du réchauffement climatique, il rappelle que la hausse des températures  depuis la fin du petit âge glaciaire (1715) a précédé de deux siècles les émissions de CO2… Comme corrélation, il y a mieux. Sans compter que  la hausse du CO2 n’a rien à voir avec la météo qui dépend notamment de la pression et des vents.

Les faux remèdes.

On  l’a compris, le carbone, voilà l’ennemi. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire d’effort pour diminuer les émissions bien qu’il ne soit pas, et de loin, le seul agent du réchauffement climatique. Mais il n’est  pas interdit de penser que les remèdes qu’on nous  propose sont peut-être pire que le mal. A commencer par les voitures électriques dont  les batteries sont constituées de minéraux critiques, en quantité limitée, difficilement recyclables, qui nécessiteront des quantités massives de « nouvelles énergies » et dont le coût global pour le consommateur comme pour l’Etat s’annonce  déjà exorbitant. Surtout quand on sait que le remplacement des  voitures thermiques en France permettra  de réduire de moins d’un dix millième de degré le réchauffement de la planète. L’hydrogène n’est pas non plus une bonne solution de remplacement : son mode de production émet beaucoup de CO2, il est dix fois plus inflammable que l’essence, son mode de stockage nécessite des conteneurs cryogéniques pour le maintenir à -253° et son impact en décarbonation s’avère négligeable, d’autant plus que son utilisation produit de la vapeur d’eau … qui est un gaz à effet de serre. Enfin, les  éoliennes et les panneaux photovoltaïques présentent des performances discutables à cause de leur caractère intermittent et dégradé en cas de froid excessif ou de forte chaleur,  d’absence de vent ou par grand vent, et qui s’avèrent non rentables à cause de leur retour énergétique (fraction d’énergie récupérée par rapport à celle dépensée) inférieur à 6.

Le prétendu consensus

La transition énergétique se présente donc comme une politique ruineuse. La Banque mondiale estime à 100 000 milliards de dollars le coût astronomique de la décarbonation nécessaire pour éviter que le réchauffement calculé par le GIEC excède un demi degré en 2050, c’est-à-dire 1,5°C moins le 1°C de réchauffement, pour partie naturel déjà intervenu. Face à cette dépense monstrueuse, François Gervais n’est pas le seul à s’émouvoir. On peut citer le professeur Richard Linzen du MIT, les prix Nobel de physique Ivar Giaever, Robert Laughlin, John Clauser,  la déclaration Clintel de 16 032 scientifiques, ingénieurs,  professionnels de l’environnement et de la santé pour lesquels il n’y a pas d’urgence climatique. Cela finit par faire beaucoup de complotistes. Si le grand public ne les entend pas, c’est parce que les militants de la cause  climatocatastrophique veillent et font pression sur les  médias pour qu’ils ne puissent pas s’exprimer et empêchent le débat  de se tenir comme on l’a vu récemment en Anjou où la Géographe Sylvie Brunel a dû annuler son intervention à  l’invitation des élus d’une communauté de communes  en raison de menaces diverses diligentées  par des élus EELV.

Le  dogme climatique.

Les résumés alarmistes publiés par le GIEC et largement relayés par les médias, des politiques idéologues ou couards, des enseignants sans vergogne, ne relèvent pas de la science, mais de la politique. Ils en ont fait une idéologie. Pour la France, qui a déjà un bilan d’émission très satisfaisant grâce à  son parc nucléaire, la politique coûteuse de décarbonation ne contribuerait qu’à un millième de degré à valoir sur le demi-degré cité plus haut…  et cela en dépit d’un endettement massif qui a fait d’elle une puissance pauvre. Le dogme climatique s’en prend, au-delà du  carbone, aux autres gaz à effet de serre, dont la concentration dans l’atmosphère est extrêmement faible ce qui rend aussi indigne qu’absurde de vilipender les éleveurs. Il confond le nucléaire civil inoffensif avec  le nucléaire militaire, la radioactivité naturelle et l’artificielle.  Il veut s’appuyer sur la  peur et véhicule l’idée que ce  que l’Homme produit est mauvais.  Il préfère le mensonge assumé (pour le bien de l’Humanité) au savoir académique.

Voilà quelques-uns des points développés dans son livre par François Gervais. A bien des égards, ses constats recoupent ceux faits  par Steven E. Koonin dans son ouvrage « la part d’incertitude ». Je ne dis pas qu’ils ont forcément raison,  mais au moins qu’un vrai débat scientifique (et non idéologique) s’ouvre sur le sujet.

Le Déraisonnement climatique, Editions de l'Artilleur.


QUI VA ECOPER ?

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Ah, la Cop 28 !

La Cop 28 démarre aujourd'hui  et réunit 196 États et l'Union européenne. Le paradoxe, signe probable de l'hypocrisie ambiante sur le sujet, elle a lieu à Dubaï, au coeur de la région des énergies fossiles. Au moins, le contraste entre les discours et la réalité sera d’autant plus frappant. Et le contexte ne contribue pas à clarifier les objectifs : l’illusion que la transition climatique produirait un boom de croissance qui permettrait de la financer a fait long feu. La transition climatique va, peut-être, générer de la « croissance verte », mais cette croissance ne sera pas suffisante. Et pourtant, il faut financer la transition,  il n'y a pas le choix. Bien sûr, tout le monde est d’accord sur la nécessité d'un changement de modèle. Mais aucun pays n'a encore fait le choix de déclarer « l'état d'urgence climatique » comme on avait déclaré « l'état d'urgence sanitaire" »avec le Covid. Et personne ne déclare que nous sommes « en guerre » contre le réchauffement climatique comme l'avait fait notre cher Président lors de l'apparition du Covid... Bref, le greenwashing et l'hypocrisie sont de mise. La vérité, c’est qu’au-delà des discours et des belles intentions ou préconisations, il serait étonnant qu’il sorte quelque chose de concret  de ce grand déballage , pour une raison simple : personne ne veut payer.

C’est que la transition a un coût !

Et même un coût majeur. Elle pourra certes générer de la croissance à moyen terme mais cette croissance est insuffisante pour couvrir les coûts de la transition qui, eux, sont des coûts à court terme : il faut investir massivement pour sortir des énergies fossiles, et comme l'explique Pisani-Ferry, les investissements dans la transition boostent la demande mais cette hausse de la demande ne crée pas de valeur. Car le consommateur ne veut pas payer, même s'il se déclare sensible au sujet de la crise climatique, il doit gérer son budget au quotidien et, on l'a vu avec l'explosion de l'inflation, il a tendance à toujours privilégier ce qui coûte le moins cher. De leur côté, les entreprises vont subir des coûts supplémentaires, c'est déjà le cas avec la hausse fulgurante des contraintes énergétiques.

Alors, que faire ?

Comme d'habitude on va se tourner vers l’État. Sauf qu’il y a un petit problème : les États sont, pour une large majorité, surendettés et la crise du Covid leur a fait franchir la ligne rouge en matière de déficits et de dettes publiques. A commencer par la France. Evidemment, ils vont quand même investir mais cet investissement sera d'abord un coût pur avant de générer réellement de la croissance, et sera forcément limité. Finalement, la seule réelle façon de lutter contre la crise climatique serait de réduire notre consommation. Mais cela aussi a, aussi, un coût majeur sur la croissance et personne ne veut prendre la responsabilité de la décroissance.

Toujours aucun signe de rebond en Chine.

La production industrielle s'est contractée en novembre (c'est bon pour la planète...) et l'activité dans les services s'est elle aussi contractée pour la première fois de l'année. Et les entreprises appellent l’État à l'aide. Mais la Chine est dans une spirale déflationniste, comme le Japon de 1990 à 2020 et, comme le Japon, elle pourrait multiplier les plans de soutien et faire exploser sa dette mais cela ne permettrait pas de rebond durable de la croissance. A quelque chose malheur est bon. Au moins la planète peut souffler.

Les sujets en marge.

Le rassemblement des chefs d’Etat est l’occasion de tête-à-tête bilatéraux sur les  affaires du monde, et forcément le lieu idoine pour traiter du conflit entre Israël et le Hamas.  Et bien d’autres conflits ou événements nécessitant des  palabres. Si la trêve  est rétablie à Gaza, au moins, il  en sera sorti quelque chose de positif.

Cela n’empêchera pas la Cop 28 qui se tient au milieu des puits de pétrole d’être encore une énième réunion de bonnes intentions, même si  on nous présentera quelques bricoles comme des « avancées  majeures ». L'hypocrisie verte a encore de bons jours devant elle, et des jours chauds.

Bah,  vivement le « petit âge glaciaire » annoncé par la Nasa vers 2035… Au moins ça calmerait les ardeurs des écolos radicaux.