HISTOIRE

NOUVEAUTE !

Pour faciliter la consultation de mes articles sur le climat et le réchauffement climatique, souvent il s'agit de compte-rendu de  lectures de livres, je les ai regroupés dans la colonne de gauche ci-contre dans "MES DOSSIERS". 

Il suffit de cliquer sur le titre qui vous intéresse pour ouvrir la page. 


AVANTAGE RETAILLEAU…

Bruno Retailleau intérieur

 

Quelque chose a changé dans le paysage politique français depuis l’automne. Le désordre provoqué par la dissolution et le bordel permanent (le mot n’est pas trop fort) voulu par les députés LFI à l’Assemblée, ont fini de lasser les Français qui aspirent désormais majoritairement à la stabilité et au retour de l’autorité. Les circonstances ont conduit le Président de la République à nommer Michel Barnier au poste de Premier Ministre. Ce retour d’un LR au pouvoir, pour éphémère qu’il fût, s’il a été une divine surprise pour nous, a surtout entraîné la redécouverte par l’opinion publique du savoir faire et de la compétence d’un certain nombre de ministres LR, et notamment d’un Ministre de l’Intérieur nommé Bruno Retailleau, qui d’emblée a séduit par son discours ferme empreint de sincérité et son souci d’agir efficacement. Celui que les médias brocardaient et tentaient de ringardiser sous l’étiquette « droite Trocadéro » ou au mieux comme « catho-conservateur » est apparu dans toute son épaisseur. Après la censure du gouvernement Barnier, voulue par Marine Le Pen, et la mise en place de François Bayrou, le maintien à Beauvau lui a permis de confirmer sa percée dans l’opinion.

Certains seraient tentés d’enfermer le Vendéen dans ses convictions. Et en effet, il n’en manque pas, mais elles ne l’ont jamais empêché d’être un homme ouvert, prêt au dialogue et à la complémentarité. Par exemple, en 2015, il a reconquis la Région des Pays de la Loire à la tête d’une liste d’union qui associait LR, l’UDI et le Modem, et ce même esprit de concertation lui a permis de rester aussi longtemps un Président du groupe LR au Sénat, apprécié par tous les groupes. Il n’est donc pas étonnant que la popularité nouvelle dont il semble bénéficier auprès des Français et plus précisément de l’électorat de droite, l’ait poussé à se présenter à la présidence du parti Les Républicains. Il peut légitimement se sentir investi de cette responsabilité de faire profiter sa famille politique de ce nouveau vent de confiance pour insuffler un « nouvel élan ». On le sent, la droite dite républicaine, semble de nouveau écoutée, comme en témoigne les élections partielles partout à travers le pays, et demain peut à nouveau gagner. Il s’agit d’offrir à son électorat un cadre adapté à une majorité nationale avec une formation politique renouvelée.

Au sein des LR, beaucoup ne s’y trompent pas : sa candidature reçoit le soutien de Jean-François Copé, Xavier Bertrand, François-Xavier Bellamy, Annie Genevard, sans parler de Gérard Larcher ou Michel Barnier. Oublié l’épisode malheureux d’Eric Ciotti qui se mord probablement les doigts de son alliance malvenue et il y a gros à parier qu’il ne participera pas à la fête, si fête il y a. Car son Union des Droites pour la République  risque de faire pâle figure face à un parti des Républicains refondé. Bruno Retailleau affrontera Laurent Wauquiez, ce qui est l’assurance d’une élection vraiment démocratique. « Voter, ce n’est pas diviser ! Quand on est à droite, l’on ne craint pas la compétition ! » se plait-il à répéter. Sans sous-estimer le Président du groupe Droite Républicaine, le ministre a annoncé la couleur : il ne participera à aucune guerre des chefs et ne se prêtera pas au jeu des petites phrases. Même si certains médias chercheront par tous les moyens à le laisser croire. D’ailleurs, la proximité idéologique entre les deux candidats est telle que l’affrontement ne pourrait être qu’une querelle de personnes. Ce n’est pas l’esprit de Bruno Retailleau et je serais étonné que Laurent Wauquiez s’y risque. Tout au plus ce dernier tentera-t-il de souligner l’incompatibilité entre la fonction de Président du parti et celle de ministre, argument qui fera long feu au regard des nombreux exemples présents et passés.

Personnellement, j’ai adhéré au comité de soutien à Bruno Retailleau. D’abord par amitié, surtout par conviction. Le temps presse et le parti doit se mettre en ordre de bataille au plus vite. C’est ce que j’avais dit à Othman Nasrou quand il était passé nous voir à Angers à l’automne dernier. Et ça tombe bien, il va diriger la campagne de Bruno. Nous avons hâte que le parti de la « Majorité nationale » que Bruno Retailleau appelle de ses vœux se mette en place, prônant une politique de fermeté et d’autorité, préférant la liberté à la technocratie, le travail qui paie à l’assistanat, et restaurant l’école du mérite. Des grands classiques mais qui manquent tellement que leur retour à l’ordre du jour est rafraîchissant. Il s’agit de réinvestir l’espace qui va des frontières du PS à celles du RN pour y faire revenir un électorat aujourd’hui dispersé ou séduit pas les uns ou les autres. C’est le seul moyen de préparer efficacement les prochaines échéances électorales.

 


RELEVER LA TÊTE OU DISPARAITRE

BCE 2

Comment faire face à Trump.

Depuis qu’il est élu, Trump se croit tout puissant, il décrète, il aboie, il insulte, il vitupère, il dégaine ses droits de douane, et il entreprend même de négocier tout seul avec Poutine, comme s’il était le maitre du monde.

Mais l'Amérique dispose-t-elle encore d'une puissance qui lui permet de rester maîtresse du jeu, alors que son nouveau président n'hésite plus à exprimer ses convoitises territoriales sur des pays amis ? Certes, le système économique global lui permet de régner sur l'économie mondiale, dans un cadre où la puissance du dollar impose aux partenaires de l'économie américaine le financement de ses déficits abyssaux. Mais les slogans ne suffisent pas pour maintenir les Etats-Unis en grande puissance industrielle. En effet, c’est une suprématie qui repose aujourd'hui sur une dette de plus de 30 000 milliards de dollars ! En dépit des propos menaçants de Donald Trump, cette réalité devrait pousser plus à une démarche de négociation qu'à un conflit commercial. La donne monétaire qui est installée, qui est construite sur la capacité d'émission dont dispose le Trésor américain, n'est envisageable que dans le cadre d'une entente entre les nations qui déterminent la structure des échanges de l'économie mondiale.

Dans un monde global, créanciers et débiteurs sont solidaires du même système : malgré les tensions entre les blocs, personne ne peut se passer du rôle du billet vert qui assure plus de 80 % des échanges internationaux. La peur du saut dans l'inconnu garantit la pérennité d'un édifice déséquilibré mais profitable à de nombreux acteurs, grâce à la dynamique des échanges dans une économie ouverte. Le protectionnisme et les barrières douanières peuvent ébranler l'édifice des échanges et tout remettre en cause.

Quant à la parité entre le dollar et l'euro, l'intégration des économies américaines et européennes est une réalité vivante où l'interaction des entreprises de chaque côté de l'Atlantique s'appuie aussi sur un sentiment de culture partagée. Toute action conflictuelle unilatérale est une menace pour les partenaires occidentaux par les incertitudes qu’elle engendre. Tout le monde y perdra. C’est pourquoi l'Europe ne pourra pas défendre une position de compromis raisonnable sans d’abord faire face fermement à la volonté de Donald Trump d'imposer un retour sans partage de la suprématie américaine.

Les Etats-Unis dans une seringue.

Le président américain a lancé les hostilités en imposant des droits de douane de 25% sur les produits importés du Canada et du Mexique et en rehaussant de 10% ceux venant de Chine, l’Europe suit avec sa dose de barrières douanières imposées. Une stratégie risquée pour l'économie américaine. La bataille ne fait que commencer et l’étendue de ses conséquences est encore imprévisible. Elle pourrait bien fragiliser le pays qui l’a déclenchée. En effet, à eux trois, le Mexique, la Chine et le Canada pèsent 43% des importations de marchandises aux États-Unis.

Les représailles n’ont pas tardé et l’Europe promet de répondre fermement. Dans ces conditions, les « tariffs » de Trump pourraient se retourner contre les consommateurs américains et les États-Unis finir par devoir payer au prix fort leur guerre commerciale, si celle-ci perdurait. Si les États-Unis affichent un fort déficit commercial c’est parce qu’ils consomment beaucoup, et plus qu’ils ne produisent. Cette politique de droits de douane apparaît donc aussi néfaste pour eux que pour leurs partenaires commerciaux, car elle ne permet ni de stimuler l’industrie, ni d’améliorer le solde commercial, pénalisant au passage les exportations autant qu’elle bride les importations des autres pays.

Ainsi, les nouveaux droits de douane pourraient entraîner une hausse de 0,7 point d’inflation sur le premier trimestre 2025 et ce à un moment où cette dernière est en phase de réaccélération. De plus, en taxant les importations, la demande de monnaies étrangères (peso mexicain, dollar canadien) baisse, ce qui fait monter le dollar américain. En parallèle, la hausse des prix due aux taxes pousserait la banque centrale américaine (la Fed) à augmenter ses taux d’intérêt, ce qui attirerait encore plus d’investisseurs vers le dollar. Résultat : un dollar plus fort rend les produits américains plus chers à l’étranger, ce qui nuit à leurs exportations. Pas facile, dans ces conditions, d’équilibrer la balance commerciale, même si les importations baissaient. Mais Trump est un dealer, pas un économiste.

L’Europe doit affirmer son leadership.

Nous connaissons le mode de fonctionnement du président américain : il est transactionnel. Il ne rechigne jamais à utiliser l’arme des droits de douane pour obtenir ce qu’il juge bon pour son pays dans d’autres domaines : sécurité, immigration, législation, territoire, diplomatie. C’est bien pourquoi il est essentiel de réaffirmer haut et fort ce que nous sommes. L’Union européenne est une grande démocratie, ce qui suppose le respect de ses lois et l’intangibilité de ses territoires. Ces points ne sont pas négociables.

Sur 1 500 milliards d’échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe, le déficit de la balance américaine tourne entre 150 et 200 milliards et non le double comme l’affirme la Maison-Blanche. Il est possible de réduire les déséquilibres. Après, la balance commerciale traduit aussi le choix des consommateurs. On ne peut pas forcer les Européens à acheter des voitures américaines s’ils préfèrent les allemandes ou les françaises, voire les asiatiques. N’oublions pas que, pour vingt-six des vingt-sept États membres (la France est à part), l’appartenance à l’Otan signifie la garantie, en dernier ressort, de la couverture américaine en matière de dissuasion nucléaire. Transposé à la logique transactionnelle, ceci a évidemment un prix. Il faut en tenir compte.

Cela dit, il est crucial d’augmenter la capacité de notre base industrielle de défense et les budgets d’armement. Sur ce point, il y a maintenant accord unanime. La pression de Trump est la bienvenue pour accélérer les choses. Pour l’Europe puissance, pour l’Europe souveraine et pour l’autonomie stratégique, il faut sortir de l’ambiguïté et affirmer notre leadership.

L’Europe a aussi tout pour réussir dans l’intelligence artificielle : les talents et les chercheurs parmi les meilleurs, un des plus grands réservoirs de données au monde, des infrastructures de data centers et de supercalculateurs. Et, désormais, grâce à un corpus de cinq grandes régulations (DMA, DSA, DGA, Data Act, AI Act), un seul marché numérique unifié et non plus vingt-sept. L’Union européenne vient de se donner les moyens de veiller à ce que nos milliards de données ne s’évaporent plus à notre insu, cet espace informationnel de 450 millions de consommateurs, une fois et demie le marché américain. Et cette régulation ne freine pas l’innovation, depuis que nous avons repris notre destin numérique en mains, contrairement à ce qu’affirment les Gafam, argument relayé par des « idiots utiles » à leur remorque. Mais par rapport aux États-Unis, il nous manque l’essentiel : un marché unique des capitaux, toujours inachevé, car il faut mobiliser des moyens très importants pour développer nos infrastructures numériques et accompagner nos start-up. L’Europe, avec son épargne abondante, en a les moyens.

Identité : la récré est terminée.

Avec l’élection de Trump, des deux côtés de l'Atlantique, la parenthèse du « consensus de Washington », cette illusion trentenaire selon laquelle la démocratie libérale s'imposerait sans effort dans le monde entier, et avec elle la paix, la prospérité et la liberté, vient de se fermer définitivement. Le moment est venu, pour nous, Français et Européens, de se battre. Non pas entre nous. Mais justement ensemble, pour ce que nous croyions acquis, et qui disparaît sous nos yeux : la paix sur le continent européen, qui s'obtiendra si nous sommes prêts à nous défendre, et à en faire notre priorité collective. La prospérité, qui ne s'obtient pas à coups de dettes abyssales, de RTT, faux télétravail et arrêts maladie, retraite à 62 ans et subventions ; mais à coups d'efforts et de prises de risques ; de suppression de normes de plus en plus absurdes et étouffantes ; de «chasse au gaspi», aussi. La démarche de la Maison blanche de négocier dans notre dos avec Moscou, sur l’Ukraine, fait peser une sourde menace sur notre continent. Les conséquences sont potentiellement cataclysmiques pour nous : le risque d'abandon de l'Ukraine, au moment précis où la Russie poutinienne est à bout de souffle (d'où l'envoi de troupes nord-coréennes) - La naïveté de Trump est à cet égard insondable et confine à la bêtise immense qui l’habite-; la fragilisation de l'Otan et de ses partenaires (l'Europe comme le Japon) ; un cycle de protectionnisme mondial, annonciateur de guerres ; et, pour le pire, un antimodèle de conquête du pouvoir, basé sur l'intimidation, le mensonge, la violence. Et soyons certains que Trump et son féal Musk utiliseront tous les moyens pour faire exploser l’Union européenne, en s’appuyant sur les points d’appui que constituent des Orban ou des Meloni…

Reste l'injonction qui nous est adressée : battons-nous ! D'abord pour nous-même, ensuite pour notre pays, enfin avec nos alliés. De ce point de vue-là, l'élection de Donald Trump aura rendu un grand service aux nations occidentales ayant perdu le sens de l'effort. Remplaçons, vite, le logiciel de l'assistanat et la prime victimaire par l'exact inverse. Nous ne pouvons désormais compter que sur nous-mêmes. Personne ne viendra se battre à notre place. Personne ne paiera nos dettes à notre place. Personne ne protégera notre démocratie, nos enfants, notre territoire, notre mode de vie, notre civilisation, à notre place. Alors, oui,  comme Trump le répétait : «fight, fight, fight» !

 


LE VOYOU SAISI PAR LA DEMESURE

Trump maga

 

Le divorce avec la démocratie.

Le duo formé par Donald Trump et Elon Musk n’a pas attendu pour entamer le divorce de l’Amérique avec la démocratie qui encadrait son histoire depuis 1787.Ils mettent en place une administration sous le signe de l’ingénierie du chaos, plongeant dans l’incertitude les entreprises, les marchés et les alliés des Etats-Unis, menaçant l’Occident d’implosion et provoquant l’ensauvagement du monde par le modèle qu’ils montrent.

Le plébiscite du voyou.

L’élection triomphale de Trump doit beaucoup à sa rhétorique ordurière. Repris de justice, objet de multiples inculpations, condamné au pénal pour 34 faits de falsifications de documents comptables, soupçonné d’être l’instigateur d’une tentative de coup d’état, il se permet d’insulter ses adversaires en toute impunité. Il permet ainsi à ses partisans de s’affranchir de tous les tabous qui régissent la vie collective d’un peuple. Or, les jugements que nous portons sur nos adversaires ou nos rivaux, en démocratie, doivent respecter la décence minimale que nous nous devons dans les sociétés civilisées. Les outrances de Trump ne sont pas des dérapages, elles font partie d’une stratégie délibérée. Si celle du wokisme ont favorisé l’irruption du trumpisme, le rejet du « politiquement correct » ne peut pas être le politiquement abject.

La domination de l’hubris.

Tribun clownesque et néronien, admirateur des brutes de ce monde, Poutine, Xi Jinping, Kim Jong-un, Trump a remplacé la courtoisie, de mise en démocratie, par le dévergondage pulsionnel, l’injure servant d’argument, les attaques ad hominem, les menaces de mort, la trivialité la plus salace, et se comportant en mafieux plus qu’en responsable politique. Assoiffé de vengeance jusqu’à remettre en cause les décisions de justice, la seconde administration Trump s’annonce tout entière placée sous le signe de l’hubris, cette démesure qui mêle passion, orgueil, outrage et transgression. Elle s’achèvera, comme toujours par l’anéantissement des hommes qui y succombent. C’est ce que nous enseigne l’Histoire et comme disait Hérodote : « Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure » !

La violation de l’Etat de droit.

On ne s’étonnera pas que tout dans le déferlement des décisions dans tous les sens prises par le nouveau Président, beaucoup sont illégales. Nombre d’entre elles relèvent de la compétence du Congrès des Etats-Unis. Délibérément illégales, elles ont été déférées aux tribunaux fédéraux, qui à l’instar de la Cour suprême, sont biaisés par la nomination de juges politiques. Le respect de la Constitution, indissociable de la séparation des pouvoirs, se trouve ainsi annihilé, limitant les possibilités de recours de la société civile. Ainsi, Elon Musk, qui ne dispose d’aucune fonction officielle dans le gouvernement des Etats-Unis, a investi avec ses équipes, l’agence qui gère les programmes d’aide au développement ainsi que le centre de paiement des agents de l’Etat fédéral. Les décisions qu’il a imposées sont parfaitement illégales, son statut de « Special Government Employee » ne l’autorise en rien à se substituer au pouvoir exécutif ou législatif. En plus, le conflit d’intérêts est frontal avec ses activités de chef d’entreprise, alors que ses sociétés font l’objet d’une vingtaine d’enquêtes administratives par une dizaine d’agences fédérales. Les « raids » qu’il conduit visent plus à détruire l’Etat fédéral qu’à le réformer, en violation ouverte de l’Etat de droit.

Le primat de la force sur le droit.

Le projet d’une grande Amérique s’étendant du Pôle Nord à Panama, intégrant le Canada et le Groenland, assorti de menaces contre ceux qui s’y opposeraient, les mesures protectionnistes mises en œuvre dans la plus grande confusion, les expulsions de migrants et les marchandages qui les accompagnent, la poursuite de l’aide à l’Ukraine en échange de métaux rares, la proposition improbable de la mise sous administration américaine de la bande de Gaza avec le départ forcé de plus de 2 millions de Palestiniens pour la transformer en côte d’Azur  du Proche-Orient, ne s’encombrent pas de principes : forte de sa puissance, l’Amérique entend imposer ses volontés. Pour l’instant elle récolte une levée de boucliers mondiale. La hausse des droits de douane de 25% avec le Canada et le Mexique a dû être suspendue face aux mesures de rétorsion et à la chute des marchés.

La fin du progrès.

Si pour l’instant Trump fascine parce qu’il s’est affranchi de tous les interdits, fort de ses caprices qui ont force de loi, prêt à faire régner la terreur pour mieux satisfaire son ego, il est bien parti pour ruiner l’hyperpuissance qu’il se propose de reconstruire. L’imprévisibilité et l’irrationalité de ses décisions créent une incertitude radicale pour les entreprises et les marchés, poussent à la hausse des taux d’intérêt, pénalisant les investissements et l’innovation. Le retour à un capitalisme de prédation, totalement dérégulé et la fusion des dirigeants politiques avec les milliardaires renouent avec les excès des années 1920 qui débouchèrent sur le pire krach financier de l’histoire. L’euphorie spasmodique de Wall Street n’annonce rien de bon. D’autant plus que la violation délibérée de la Constitution, le mépris pour la règle de droit et l’affaiblissement de l’Etat fédéral transforment les Etats-Unis en démocratie illibérale.

Le rejet des Lumières.

C’est parce que l’Etat de droit a remplacé l’absolutisme, fruit de longs efforts depuis le siècle des Lumières, que nous avons accompli d’immenses progrès qui ont défini la modernité. Ces efforts nécessitaient que la vérité prime sur l’obscurantisme, que l’expertise dans les affaires humaines soit valorisée, que la connaissance scientifique soit partagée et admise. L’un des aspects les plus inquiétant de la « révolution MAGA » réside dans son rejet pur et simple des valeurs des Lumières.

Make America Weak Again…

Les Américains sont dirigés par un personnage sans limites, grand climato-sceptique, et pourraient bien déchanter. Car les vrais gagnants sont Moscou, Pékin et Téhéran. Russes Chinois et Iraniens peuvent se frotter les mains : leur cheval de Troie est au pouvoir. Il peut bien tempêter, fulminer, menacer, il ne fera rien et surtout pas la guerre. Il ne peut pas annuler le principe de réalité sur lequel ils se fracassera tôt ou tard. Rappelons-nous l’Afghanistan dont Joe Biden a essuyé les conséquences de l’accord signé par Trump. La fin du progrès aux Etats-Unis aura-t-elle des répercussions à l’échelle mondiale ? C’est quasiment certain. L’éclatement de l’Occident et l’affrontement permanent avec les partenaires et les alliés ne peuvent qu’affaiblir les Etats-Unis et ouvrir des espaces dans lesquels la Chine et la Russie ne manqueront pas de s’engouffrer.

La grande perdante pourrait être la vieille Europe. Ce même principe de réalité doit la conduire à sortir au plus vite de sa passivité et de ses divisions et prendre son destin en main avec pour projet de défendre la liberté et le droit international face aux dérives tyranniques et à la démesure des empires. Avec ses 450 millions d’habitants, elle en a les moyens. Ce sera l’objet du prochain article… à suivre !


VIEILLISSEMENT ET NATALITE : LA PROBLEMATIQUE FRANCAISE

Retraites 3

Le matin même de la déclaration de politique générale de François Bayrou devant l’Assemblée nationale, l’Insee publiait son bilan démographique annuel. On y découvrait que le taux de fécondité des femmes de l’hexagone était tombé à 1,62 enfant par femme, le plus bas depuis 1919 (hors guerres). Notre roi de la statistique nous informait en même temps que l’espérance de vie continue d’augmenter dans notre pays : depuis 2010, c’est-à-dire hier, elle a gagné un an. Personne ne s’en plaindra. Pourtant quand on rapproche les deux réalités ci-dessus énoncées, on voit bien qu’il y a un problème. C’est que notre système de financement des retraites par répartition est fondé entièrement sur la démographie : la fécondité d’aujourd’hui est déterminante pour financer les retraites de demain. Eh bien, croyez-vous que notre Premier ministre en ait fait état dans son discours, alors même qu’il a proposé de remettre en chantier la réforme qui prolonge à 64 ans l’âge de départ. Justement, la réalité des chiffres, et la démographie est une des rares sciences sociales « dures », et le simple bon sens induisent que les âges de départ doivent évoluer … Le faible intérêt des politiques et des responsables sociaux pour cette science reste un éternel sujet d’étonnement.

Moins de cotisants et plus de bénéficiaires, c’est l’équation insoluble à laquelle doit faire face notre sécurité sociale, et elle n’est pas nouvelle. La conséquence logique de la situation que nous décrit l’Insee, moins de naissances, plus de vieillards, porte un nom : le vieillissement de la population. Et ce vieillissement menace le modèle social que nous avons choisi depuis 80 ans. Les Français vivent de plus en plus longtemps, 80 ans en moyenne pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes. Les naissances, elles, connaissent une chute brutale : 663 000 bébés l’an dernier contre 646 000 décès, soit un solde faiblement positif de seulement 17 000 personnes, soit une quasi-stagnation. On est loin de la période où 800 000 naissances faisaient face à 500 000 décès, dégageant des cohortes annuelles de cotisants supplémentaires de l’ordre de 300 000… La baisse des naissances et le vieillissement sont les deux facettes d’un piège mortel pour la protection sociale, notamment parce que la « Sécu » est principalement financée par les cotisations sociales versées par les actifs et leurs employeurs au profit du reste de la population. Trois conditions sont en effet nécessaires pour permettre au régime de fonctionner : une pyramide des âges avec une base suffisamment large, un renouvellement des générations qui suppose un taux de fécondité de 2,2 enfants par femme, et une jeunesse majoritaire. Aucune n’est plus remplie aujourd’hui !

Au moment où syndicats et patronat se réunissent autour des membres du gouvernement pour « aménager » la réforme Macron, négociation décidée par Bayrou pour s’attirer les bonnes grâces de la gauche, prenons garde qu’elle ne débouche pas sur des décisions qui pourraient coûter cher au pays. S’ils décidaient de revenir sur l’esprit qui présidait à cette réforme, déjà insuffisante pour assurer l’équilibre des financements, tout le monde le sait bien, ils pourraient accélérer la mise à mort du modèle social français. Il faudrait que le bon sens l’emporte. Mais comme le disait paraît-il Einstein : « le bon sens est l’art de résoudre des problèmes que l’intelligence a bien souvent laissés dans un état de confusion totale ». Il n’est pas impossible que nos responsables manquent de l’une et de l’autre, soit par idéologie qui empêche toujours de voir la réalité, soit par démagogie qui est une maladie de la démocratie.

Que penser de la demande de faire repasser à 62 ans au lieu de 64 ans, l’âge de départ ? Les indicateurs démographiques illustrent l’irresponsabilité d’une telle tentation, tant le ratio d’actifs par retraité connaît une dégringolade spectaculaire : 1,6 pou 1 aujourd’hui après avoir été de 5 pour 1 dans les années 50. Et malgré la réforme des retraites, les régimes du public comme du privé connaissent un déséquilibre croissant. Sur les 1 000 milliards d’€ de dette supplémentaire accumulés dans les dix dernières années, les retraites représentent 50% de ce total ! Et encore, l’âge de départ, n’est que la partie visible de l’iceberg des déséquilibres. Il y a tant à faire : agir sur le taux d’emploi des seniors, financement de la dépendance, mise en place d’une capitalisation, et aussi et surtout, trouver les bonnes mesures d’encouragement au redressement de la natalité, qui reste la clé fondamentale si l’on veut maintenir le principe de la « répartition ». Et si nos gouvernants manquent d’idées, j’en ai une, un peu poil à gratter, qui permettrait une prise de conscience : moduler l’impôt sur le revenu en fonction du nombre d’enfants conçus…

La participation à l’effort national d’équilibre des comptes mérite bien une récompense, non ?

 


DETRUMPEZ-VOUS !

Trump maga

Une croissance solide, des adversaires - l’Europe et la Chine- englués, des capitaux qui affluent plus que jamais, un plein-emploi, une suprématie technologique confirmée, une productivité qui redémarre : au moment où Donald Trump arrive à la Maison Blanche avec pour promesse de redresser son pays, « Make America Great Again », les Etats-Unis le sont déjà. La question paradoxale qui se pose avec le président réélu est celle-ci : va-t-il prendre des mauvaises mesures qui vont affaiblir son pays ? Alors MAGA pourrait bien devenir MAWA : “Make Americain Weak Again”  !

Donald Trump s’est associé avec Elon Musk pour créer une mécanique de choc, de tension et de vitesse lui permettant de réaliser une rupture majeure dans l’histoire des États-Unis. Le leader du peuple Maga entend couper le lien existentiel de l’Amérique avec la démocratie libérale, en refusant de respecter le suffrage universel, la séparation des pouvoirs, l’État de droit, la modération, la liberté d’information, la tolérance envers les minorités, niant même le statut fédéral de l'Union, ce qui ne va pas aller sans poser des problèmes. L’Amérique du XXIe siècle de Trump ne sera pas démocratique, ouverte et universaliste, mais oligarchique, protectionniste et impériale. Il veut une Amérique impériale qui se réclame des mêmes principes que les tyrannies et les régimes autocratiques : constitution d’une sphère d’influence, sanctuarisation de l’étranger proche, recours à tous les moyens de la guerre hybride y compris au détriment des pays alliés moins puissants. Il raisonne, décide et agit comme Xi Jinping, Vladimir Poutine ou Recep Erdogan. L’Amérique de Trump, tel qu'il la conçoit, est un empire autoritaire, qui partage la vision impériale de la Chine tout en étant engagée dans une féroce rivalité avec elle, et qui, comme elle, ne fixe aucune limite à la mise sous tutelle des nations démocratiques, à commencer par l’Europe.

Trump a été élu sur une intuition géniale : persuader les Américains qu’ils sont les nouveaux damnés de la Terre, les persécutés de cette planète, qu’ils sortent du Moyen Âge démocrate pour entrer dans la lumière de l’âge d’or républicain. Le trumpisme, comme le wokisme, baigne dans l’idéologie victimaire dont il se contente d’élargir la cible : non plus les minorités ou les LGBT mais le peuple américain tout entier. La ficelle est énorme et il a fallu une incroyable intoxication pour présenter les États-Unis, le pays le plus riche du monde, comme le souffre-douleur de l’humanité alors qu’il est la première économie mondiale, grâce à Joe Biden, la première armée par le budget, la première nation technologique, des ambitions démesurées dont la conquête de Mars prônée par Elon Musk. L’impérialisme affiché de Trump, son appétit pour le canal de Panama, le Groenland, le Canada tient de l’effet rhétorique. Trump veut contradictoirement la paix et l’expansion. Empereur et clown tout à la fois, il veut d’abord une allégeance totale des siens, y compris des milliardaires de la tech et foudroie les traîtres ou les tièdes. Pourtant, on ne peut se départir, avec cette nouvelle Administration, d’un sentiment de chiqué, comme dans le catch que le président affectionne. On crie, on hurle, on insulte, on montre les crocs pour ne pas avoir à s’en servir.

Donald Trump ne semble pas préparer un retrait américain, ni un repli militaire. Son projet pour 2025 est celui d’une Grande Amérique qui, sur le papier, n’a rien d’isolationniste. La doctrine Trump - c’est ainsi que le Parti républicain l’appelle désormais officiellement - présente une matrice profondément impérialiste, allant jusqu’à ouvrir la frontière américaine à de nouvelles conquêtes territoriales.Dans cette vision géopolitique, si le rival systémique des États-Unis reste la Chine, la priorité stratégique semble plutôt porter sur la réorganisation de l’Occident autour d’une relation fondamentalement asymétrique, unilatérale et transactionnelle avec Washington. « America first », implique avant tout la suprématie des États-Unis sur l’Occident. Ses déclarations visant l’annexion du Canada et du Groenland, où le prochain président américain n’exclut pas l’usage de la force contre un allié fidèle et docile comme le Danemark, doivent être comprises comme un rite d’initiation à un nouveau régime où l’Otan se reconfigurerait sur le modèle du Pacte de Varsovie : un seul État central doté de souveraineté et de capacité d’action politique et géopolitique, avec des satellites plus ou moins intégrés : pas de concertation, mais de la coercition et même l’usage de la force si nécessaire.

Pour le reste, le monarque yankee, s’il risque de plonger l’Amérique dans une guerre civile larvée, est la meilleure chose qui puisse nous arriver : un réveil brutal. Sa brusquerie, sa vulgarité ont un effet rafraîchissant : comme un verre d’eau glacée jeté au visage d’un dormeur. Il a dit ce qu’il fera, il fera ce qu’il dit. Prenons-le au pied de la lettre d'autant plus que l'Union européenne ne demande qu'à prendre conscience de sa puissance, et sortons de soixante-dix ans de vassalisation militaire. Si cet homme parvenait à convaincre les Européens, par la coercition , d’assurer seuls leur défense, alors on pourrait parler d’un miracle Trump. Et dans ce domaine, la France, dotée d’une excellente armée professionnelle, a une longueur d’avance sur ses partenaires. De fait, Donald Trump et les oligarques des Gafam placent l’Europe et les Européens devant un moment de vérité : soit la tutelle géopolitique et économique des États-Unis, sans même une garantie de sécurité effective ; soit la transformation en puissance pour défendre face aux empires notre souveraineté, notre liberté et notre civilisation, mais au prix d’une transformation radicale : l’acceptation du monde du XXIe siècle, multipolaire, volatil et violent ; la réconciliation avec le travail, le risque et les armes. La paix « westphalienne « (1648) d'égalité en droit de tous les Etats, grands et petits, d'inviolabilité des frontières et de non-ingérence, rétablie en 1945, seule l’Europe peut la défendre. Pour l’heure, la loi du plus fort l'emporte dans la géopolitique. Elle l'emporte sur les réseaux où la « modération » n'est plus de mise, la brutalité est installée. Le monde de la force (re)prend possession de tous les « ordres », international, national, économique mais aussi privé, sociétal, et, en surplomb, idéologique. La technologie, le populisme et la rivalité américano-chinoise sont les causes de ce changement tectonique. La course aux armements, le protectionnisme et l'autoritarisme en sont les premières grandes conséquences, toutes trois négatives sur la marche du monde. L'Europe est le continent le plus bousculé et le plus menacé. Car l'Union européenne est fondée entièrement sur la logique westphalienne et son écroulement va précéder le sien si elle ne réagit pas. Pour que l'UE tienne bon sur son modèle, il faut qu'elle fasse « tout ce qu'il faut » pour que son économie soit forte. C'est la condition pour qu'elle puisse défendre ses principes humanistes et son économie sociale de marché qui, contrairement aux discours trumpien et muskien, ne sont pas des handicaps mais des forces pour construire un avenir vivable et durable. Le modèle westphalien reste le meilleur pour la démocratie, pour les peuples, le populisme autoritaire est un mirage.

Ursula Von der Leyen l’a bien compris. La Commission européenne s'apprête à publier une « boussole de la compétitivité », ce qui indique qu'elle pourrait retrouver le nord. Elle a prononcé à Davos un discours qui pointait la bonne direction - et qui a été salué par davantage d'applaudissements que l'intervention de Donald Trump. Des réglementations devraient être assouplies ou simplifiées, des initiatives lancées. Rien n'est gagné. Mais comme le montre l'Eurobaromètre, plus de la moitié des Européens font confiance à l'Union, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de quinze ans. Quand on touche le fond, ce n'est pas le moment de creuser, mais l'occasion de rebondir. Cette réorganisation de l’Occident autour d’un principe brutalement impérial repose sur un présupposé et une condition : la neutralisation de toute souveraineté concurrente à l’intérieur de ce grand espace. Pour parvenir à ses fins, le dispositif impérial de Donald Trump est porté par Elon Musk qui agit de manière de plus en plus proactive pour soutenir des formations souverainistes, de la Roumanie au Royaume-Uni. Les souverainistes en France et en Europe risquent de devenir les idiots utiles de la vassalisation américaine du continent. C’est un projet – il est encore loin d’être pleinement mis en place et il existe plusieurs moyens de l’empêcher. Mais, dans le style Trump, il est clairement énoncé et il faut le prendre au sérieux. En attendant, le Groenland n’est pas encore américain et l’Europe n’a pas envie de le lâcher. Après tout, l’Europe n’est jamais aussi unie que lorsque ‘elle se sent agressée. Et le Canada, n’a pas non plus l’intention de se laisser faire. La question du Canada comme 51ème Etat n'est pas un sujet. Il n'y a pas de parti annexionniste, aucune volonté politique d'emprunter ce chemin. Les Premiers ministres des différentes provinces ont montré les dents. Celui de l'Ontario, Doug Ford, coiffé d'une casquette barrée d'un « Canada is not for sale » dont la photo a fait le tour du monde, a prévenu que le nord-est des Etats-Unis pourrait être privé de l'électricité acheminée depuis sa province. Trump, même pas peur !

Bon ! C’est pas le tout ! Quand débranche-t-on le clown Donald et son bouffon Elon ? On gagnerait du temps, non ?

 


UNE LONGUE INTERRUPTION...

TOUT D'ABORD, PERMETTEZ-MOI DE SOUHAITER A  TOUS  LES FIDELES DU BLOC-NOTE UNE BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2025, EN ESPERANT QU'ELLE NOUS APPORTE ESPOIR ET SERENITE !

Bonne année haddock001
APRES UNE LONGUE INTERRUPTION LE BLOC-NOTES VA REPRENDRE DU SERVICE.  L'EXPLICATION EST SIMPLE : UNE ABSENCE PROLONGEE LOIN DE NOS BASES ET AU RETOUR UNE PANNE D'ORDINATEUR INATTENDUE MAIS COMPLIQUEE A REPARER.

TOUT EST RENTRE DANS L'ORDRE.

MAINTENANT, IL FAUT QUE JE RETROUVE LA MOTIVATION, ET LE CONTEXTE ACTUEL N'Y INCITE GUERE. COMME ON DIT, ON VA FAIRE AVEC !

A BIENTÔT DONC.

AMITIES, 

DANIEL

 

 


LA POLITIQUE DU PIRE !

Comédie grecque

 

C’est évidemment la pire des politiques que Marine Le Pen a choisie en décidant de voter la censure du gouvernement Barnier « d’où qu’elle vienne ». Cette lourde responsabilité sera partagée par les députés de gauche, qui ont jugé « honteuse » la tentative de dernière minute de Michel Barnier de dissuader Marine Le Pen de voter la censure, mais qui s'apprêtent sans complexe (y compris un ancien président de la République) à associer leurs voix à celles du RN pour faire tomber le gouvernement. Ils commettent une faute grave, dont le pays n'aura pas fini de subir les conséquences. 

Spectacle affligeant.

On aurait pu penser que l'intérêt commun allait tout de même primer sur les petits calculs électoraux. Mais rien n’y a fait, même les concessions courageuses du premier Ministre. Le gouvernement Barnier devrait donc être censuré demain en fin d’après-midi. Nous voilà donc repartis pour une période d'instabilité qui sera forcément dévastatrice pour l'économie. Elle l’est déjà ! Elle aura son lot de conséquences politiques.  Ainsi, on apprend que Macron avait déjà commencé à tester des noms de Premier ministre et que les petites négociations avaient commencé alors que Barnier se débattait encore pour sauver ses budgets. Comme la dissolution de cette assemblée infernale, le mot n’est pas trop fort, n'est possible qu'en juillet 2025, soit on a un ou une nouveau/nouvelle Premier ministre qui tient jusque-là, soit on a des élections présidentielles anticipées. Sans oublier tous les rebondissements possibles et inimaginables. Le clou du spectacle c’est le numéro d’Eric Ciotti qui va joindre sa voix à l’extrême gauche pour censurer l’un de ses anciens compagnons : trahison méprisable et pitoyable !                  

Et le budget ?

Il ne faut pas oublier non plus l’essentiel : la France n’aura pas de budget 2025 voté avant le 31 décembre. Une loi spéciale sera votée et on fonctionnera avec le budget 2024. Donc il faut oublier les réformes : pas de surtaxes d'impôts sur les entreprises, pas de réductions des dépenses publiques, pas de nouvelles aides, comme celles prévues pour les agriculteurs. Les retraites seront revalorisées totalement, mais nous subirons des hausses des impôts sur les revenus puisque les barèmes ne changeront pas. Les économistes prévoient un déficit tout de même en baisse à 5,3% du PIB. Sauf si l'économie s'écroule encore plus, ce qui est le scénario le plus probable.      

Faut-il craindre une crise financière ?

Oui et non. Oui, car l’écart (« spread ») de taux par rapport à l'Allemagne va continuer à se dégrader. Et nous allons normalement dépasser les 1% de taux d'emprunt supplémentaire à 10 ans par rapport à l'Allemagne. Non, parce que nous sommes en période générale de désinflation et de baisse des taux en Europe et nous emprunterons certes plus cher que l'Allemagne, l'Espagne ou la Grèce mais à des taux encore historiquement faibles. C’est néanmoins des charges supplémentaires pour la dette. Et évidemment, on va avoir des répercussions sur la Bourse de Paris qui va continuer à se dégrader. Rappelons qu'elle est en baisse de 6% depuis le début de l'année alors que la bourse allemande est en hausse de 19% et les indices américains en hausse de 25 à 30%.   

Quid de la crise économique ?                  

La crise économique va s'accélérer à cause de l'irresponsabilité de nos élus. La France est déjà à l'arrêt : les consommateurs ne consomment plus, les entreprises n'investissent plus, les investisseurs étrangers se détournent de la France et on les comprend. Dans ce contexte, la censure est dramatique et irresponsable.

Marine Le Pen n’y gagne rien.

En dehors de la satisfaction d’avoir fait chanter le gouvernement, sa décision va être lourde de conséquence pour sa candidature à l’Elysée : les électeurs qui lui manquent et qu’elle pouvait gagner dans l’électorat de la Droite républicaine à force de respectabilité vont lui être définitivement hostiles avec la censure de Michel Barnier. Sans compter que vont s’interrompre les politiques qu’elle appelait de ses vœux comme le contrôle de l’immigration.

En plus d’être une escroc qui a détourné plus de 4 millions et demi d’euros du Parlement européen, ce qui a été largement démontré par son procès, Marine Le Pen a donc baissé le pouce devant Michel Barnier, qui lui demandait d'épargner son gouvernement en engageant lundi après-midi sa responsabilité sur le budget 2025 de la Sécurité sociale. Mais comme l'a taclé l'ancien ministre de l'Industrie, Roland Lescure, « Marine Le Pen n'est pas Jules César, c'est plutôt Machiavel au petit pied qui joue avec l'argent des Français. » Nul doute que la menace sur son inéligibilité a joué dans son changement de stratégie. Mais en misant sur la démission d’Emmanuel Macron, elle fait un pari douteux. Et la France dans tout ça ? Elle en fait peu de cas, car  contrairement à ce qu'elle proclame, l'intérêt des Français a pesé peu chose dans sa démarche. Car ils sont les dindons de la farce !

En attendant, on va encore avoir Lucie Castets qui va s'autoproclamer Première ministre et Mélenchon qui va se rêver Président, accrochez-vous pour ne pas craquer…           


LE MOMENT LISNARD

David Lisnard 2



La semaine dernière se tenait le congrès annuel des Maires de France, organisé par l’AMF  (Association des Maires de France) présidée par le Maire de Cannes, David LISNARD. Une occasion pour lui de faire le tour des médias pour faire entendre sa petite musique libérale et décentralisatrice. Et aussi une manifestation très réussie par le nombre de maires et de personnalités présents dans la salle et les multiples tables rondes.

David Lisnard, jusque-là personnalité plutôt discrète, a-t-il réussi sa percée médiatique ?

Au moins il n’aura pas ménagé ses efforts pour faire entendre la voix des élus locaux. Le président de l'AMF ne veut pas que le gouvernement « vienne piocher dans [les] efforts [des collectivités] pour alimenter le puits sans fond d’un État qui, lui, ne se réforme jamais et ne s’applique pas les efforts qu’il demande aux autres ». Il a dénombré « 438 organismes d’État »« créés depuis 20 ans, qui consomment 82 milliards d’euros de crédits par an, qui emploient 400 000 personnes et produisent de la contrainte ». Il déplore que « tous ces services aient un pouvoir de blocage sur les dossiers, aucun n’ayant une capacité d’autorisation à lui seul ». C'est la raison pour laquelle la France a plus de dépenses publiques qu’ailleur : « Il y a plus de prélèvements mais il y a moins d’efficacité qu’ailleurs. C’est la multiplication des structures qui parasite l’activité », constate-t-il. Aussi demande-t-il au Premier Ministre de prononcer tout de suite, « un moratoire sur les normes supplémentaires ».  Selon lui, les normes nuisent à l'efficacité de l'action politique. « Depuis deux ans, ces suppléments de normes, ce sont 4,2 milliards d’euros de plus qui pèsent sur nos finances ». David Lisnard attend des propositions gouvernementales qui soient à la fois bénéfiques aux comptes publiques de l’État et qui ne soient pas négatives au service public local car les mesures annoncées jusqu’à maintenant sont des mesures récessives.

Un congrès très réussi.

Michel  Barnier est venu à leur rencontre et participer à la séance de clôture pour leur adresser un message de confiance dans un contexte budgétaire et politique d’une complexité inédite. Il a affirmé qu’il souhaitait incarner une nouvelle méthode de dialogue, comme pour rompre avec des travers du gouvernement précédent largement dénoncés par l’AMF. « Il n’est pas juste de montrer du doigt les communes et les collectivités territoriales comme si elles étaient responsables de notre déficit. Ce n’est pas juste et je ne le ferai pas », a promis Michel Barnier avant de dévoiler une sorte de vaste plan de libération des communes. Si le premier ministre s’est voulu rassurant sur la préservation de l’investissement public local, il a placé son intervention sous le signe de la « liberté » en annonçant plusieurs chantiers. Il s’est engagé aussi à mettre un terme à l’inflation normative. D’ici le début de l’année 2025, un texte sur le statut de l’élu sera également proposé à l’Assemblée nationale. « Nous montrerons ainsi à nos concitoyens qu’être élu n’est pas un engagement comme un autre », a-t-il insisté. Le premier ministre s’est dit également ouvert à une « réflexion pluraliste » sur l’interdiction du cumul des mandats. Pour conclure, rappelant la situation d’extrême urgence du pays, Michel Barnier a tracé la perspective d’un plan gouvernemental de « réforme et de progrès » sur trois ans. « Le gouvernement tout entier y travaille. Nous ne le ferons pas seuls. Et je n’imagine pas (…) que l’on réussisse ce plan de trois ans autrement qu’avec les communes », a-t-il conclu, bien conscient des incertitudes pesant sur sa durée de vie à Matignon.

Un destin national.

David Lisnard, par ailleurs, ne cache plus son envie de se présenter en 2027 à l’élection présidentielle, si les conditions sont réunies, évidemment, car il n’a nulle envie de faciliter l’élection ni de Jean-Luc Mélenchon, ni de Marine Le Pen. Il a récemment lancé publiquement une invitation à ses partisans réunis près de Cannes : « Prenons les choses. Soyons leader. Prenons des initiatives. Le temps est à l'audace. Il faut renverser la donne, renverser la table et bâtir une nouvelle espérance pour la France. C'est aujourd'hui que tout commence ! ». En l’écoutant résumer la problématique nationale en trois questions (Faut-il réformer le pays ? Comment ? Et comment gouverner maintenant ?), on pourrait deviner chez lui une forme d’impatience à agir. Il assure que le projet de son parti, piloté par l’ancien ministre Hervé Novelli, sera bientôt capable de répondre à ces questions et à proposer des moyens de relever les défis écologiques, démographique, économique et géopolitique du pays. Il veut que « Nouvelle Énergie » soit le mouvement de « lutte contre la fatalité » de toutes les crises françaises. Depuis dix ans, ce maire-manager, pourfendeur éternel de la bureaucratie, a montré l'exemple, réussissant dans sa ville à investir efficacement tout en réduisant la dette. Grand sportif, David Lisnard possède une photo avec Mike Tyson qu'il adore montrer aux visiteurs. Un message sur les risques encourus à trop l'énerver ? Son passage sur les plateaux télés aux heures de grande écoute n’est pas passé inaperçu, interviewé par des journalistes médiocres, incapables de sortir de leurs schémas préétablis.  Il a souvent fallu qu’il bataille pour imposer son raisonnement et ses arguments chiffrés face à des interlocuteurs décontenancés par un discours qu’ils semblaient ne pas comprendre. Entre deux marathons, l'hyperactif président de l'Association des maires de France, réélu en 2023, Pourfendeur de l'islamisation et de la « tyrannie woke », partisan d'un choc libéral et de la retraite par capitalisation, tente d'incarner une « nouvelle énergie » à droite.

Manifestement il ne s’en laisse pas conter. Yes we Cannes !

 


ON DIRAIT LES RESEAUX SOCIAUX…

 

Internet

Quelques vers de Victor Hugo écrits en 1848.

« … Ils s’appellent vulgus, plèbe, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N’a jamais de figure et n’a jamais de nom ;

Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids, sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s’écroule en nuage ;
Ceux qu’on ne connaît pas, ceux qu’on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L’ombre obscure autour d’eux se prolonge et recule ;
Ils n’ont du plein midi qu’un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit…
 »

Extrait des Châtiments.

Ils me font penser irrésistiblement à une description des réseaux sociaux aujourd’hui !

 Tout y est !


1000 JOURS SOUS LES BOMBES

Guerre ukraine

 

On est rendu aujourd’hui 19 novembre au 1 000ème jour de guerre.

Depuis ce jour de février 2022 où la Russie de Poutine a tenté de renverser le pouvoir démocratique de l’Ukraine afin de mettre la main dessus, comme il tient la Biélorussie. Mais ses commandos ont été mis en échec et l’armée ukrainienne a courageusement résisté aux vagues d’assaut de l’armée russe. Aujourd’hui, Poutine accuse Kiev d’avoir tiré des missiles sur son territoire, oubliant qu’il déverse un déluge de bombes et de missiles sur les ukrainiens, multipliant les crimes de guerre et contre l’humanité. Son attitude serait risible s’il ne s’agissait pas de dizaines de milliers de vies.

Opération spéciale.

Le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine déclenchait son « opération spéciale » en Ukraine. 1 000 jours plus tard, le conflit s’éternise et aucune issue certaine ne se dessine. Après avoir mené des contre-attaques réussies, l’Ukraine se trouve aujourd’hui en difficulté face au « rouleau compresseur » russe. Les soldats de Moscou gagnent du terrain grâce à une nouvelle offensive lancée début octobre, au prix de pertes énormes. Ces 1 000 jours de guerre représentent un coût astronomique pour la Russie, d’un point de vue économique, humain et matériel. Selon des observateurs sérieux elle aurait perdu 700 000 hommes depuis le début du conflit, tués, blessés, disparus ou capturés. Aux alentours de 200 en 2022, le nombre de pertes quotidiennes pour la Russie est aujourd’hui estimé entre 1 500 et 2 000 hommes. À ces pertes, il faut rajouter les traces laissées par une guerre sur les soldats : traumatisme psychique, addictions, violences… Et pour engager toujours plus de soldats dans le conflit, une véritable « économie de la mort » s’est développée en Russie, des primes importantes sont offertes aux soldats qui s’engagent, puis de nouvelles primes sont promises aux familles des soldats disparus, ce qui permet au journal Le Monde d’affirmer : « un Russe mort rapporte davantage à sa famille qu’un Russe vivant ! »

Un coût énorme.

Ce que Poutine appelle « opération spéciale » pour éviter de parler de « guerre », présente un coût économique démesuré : le pays aurait dépensé plus de 320 milliards de dollars depuis le 24 février 2022, soit une moyenne de 320 millions de dollars dépensés chaque jour. En conséquence, l’inflation s’est accélérée de plus de 9 % sur une année, et les pénuries d’emplois sont de plus en plus nombreuses. Sur le plan matériel ce sont plus de 20 000 équipements et véhicules russes qui ont été détruits, mais aussi une vingtaine de navires dans la mer Noire.  L’armée russe aligne des matériels de la seconde guerre mondiale et a été obligée de faire appel aux stocks d’obus nord-coréens et maintenant à ses soldats. Elle réussit néanmoins à envoyer des vagues de missiles, bombes et drones sur les infrastructures civiles de l’Ukraine, qui sont autant de crimes de guerre, mais ont réduit de 65% ses capacités énergétiques à l’approche de l’hiver.

Missiles longue portée.

Devant l’entêtement de Poutine et sa volonté d’obtenir un avantage décisif pendant l’interrègne américain entre Biden et Trump, les Etats-Unis ont enfin autorisé leur allié à utiliser les missiles à longue portée pour frapper le territoire russe et tenter de desserrer l’étau. L’armée russe a pris le contrôle d’environ 66 000 kilomètres carrés en plus de deux ans de guerre, soit un peu moins de 11 % du territoire ukrainien. Cela ne veut pas dire que ces territoires dussent être considérés comme définitivement acquis, même s’ils ont fait l’objet de referendums bidons, non reconnus sur le plan international, comme le rappelle le communiqué ci-dessous du Conseil de l’Europe.

Communiqué du Conseil de l'Europe.

A l’occasion du 1000e jour de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté la déclaration suivante :

« Depuis 1000 jours, la Russie mène une guerre d’agression contre l’Ukraine en violation flagrante du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies et du Statut du Conseil de l'Europe.

Depuis 1000 jours, le peuple ukrainien endure d'immenses souffrances ; des milliers d'enfants ukrainiens ont été déportés illégalement, des milliers de civils innocents ont été tués ou blessés, et des millions d’autres ont été contraints de fuir leur domicile, étant temporairement déplacés en Ukraine et à la recherche d'un refuge en Europe.

Depuis 1000 jours, nous sommes admiratifs de la résilience et du courage dont fait preuve le peuple ukrainien dans la défense de son pays et au profit de toutes celles et ceux qui croient aux valeurs de la démocratie, des droits humains et de l'État de droit.

Depuis 1000 jours, nous, au Conseil de l’Europe, avons apporté un soutien multiforme à l'Ukraine pour l’aider à faire face aux conséquences dramatiques de la guerre d’agression de la Russie.

Aujourd’hui, nous restons déterminés à soutenir l'Ukraine dans sa lutte pour la liberté, la démocratie, la souveraineté et l'intégrité territoriale à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues et nous continuerons à travailler avec nos partenaires internationaux pour assurer la reconstruction et le redressement du pays ainsi que pour tenir la Russie responsable de ses crimes et pour garantir une paix juste et durable en Ukraine. »

La comédie poutinienne a assez duré. Sa réécriture mensongère de l’Histoire doit être dénoncée et martelée, sa rhétorique irresponsable et son chantage à l’escalade nucléaire condamnés par les instances internationales.

 


MERCOSUR : OUI ET NON

Mercosur

 

Rien que parce que Mélenchon est contre la signature du traité, j’ai envie d’être pour. Mais ce n’est  pas le sujet.

Pour l’instant la France ne signe pas. 

C’est confirmé à la fois par Michel Barnier et par Emmanuel Macron. En l’état actuel de la situation en France, ils n’ont guère le choix. Ils veulent éviter de tomber dans le piège d’une colère agricole instrumentalisée visiblement par ceux qui croient qu’on peut prospérer tout seul à l’intérieur de nos frontières. Et comme les élections syndicales ont lieu au début de l’année prochaine, la FNSEA ne veut pas se faire doubler par les plus radicaux en étant trop conciliante face à un monde paysan qui a du mal à comprendre tous les enjeux : les promesses gouvernementales retardées par la dissolution et Barnier qui n’a pas de baguette magique, les mauvaises récoltes dans plusieurs filières, et les craintes d’une ouverture à la concurrence destructrice avec les pays d’Amérique latine. Tout ça fait beaucoup. Et pourtant !

Un peu de libre-échange contre le protectionnisme ambiant.

L’union européenne négocie depuis 1999, c’est-à-dire 25 ans, avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) et s’approche de son plus grand accord commercial jamais signé. C’est un marché de 700 millions de personnes, des échanges en plein essor, l’assurance d’une croissance pour l’UE… Mieux, elle a déjà une balance commerciale excédentaire avec ces pays que l’accord ne peut que renforcer. Si on peut comprendre que le contexte intérieur français n’est pas favorable, il n’en reste pas moins que faire échouer une telle occasion de développement est regrettable. Il y a dans notre pays, une tendance au rejet du libre-échange, exacerbée par la politisation outrancière de ceux qui idéologiquement y sont opposés et des populistes qui voudraient nous faire croire qu’on vit bien mieux tout seul dans son coin. On a eu la même levée de boucliers au moment du Ceta avec le Canada, qui s’avère aujourd’hui très bénéfique pour nos exportations agricoles.

De nombreuses raisons plaident en faveur de la signature du traité.

En voici quelques-unes.

Première raison : Après le retour de Trump qui a promis de dresser des barrières douanières aux produits européens sur le marché nord-américain, dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec la Chine, l’Europe doit s’assurer de nouveaux débouchés extérieurs. L’accord avec le Mercosur présente une opportunité de desserrer ce double étau qu’il ne faut pas manquer.

Deuxième raison : car si nous ne signons pas, la Chine le fera à notre place et accentuera son offensive commerciale en Amérique du Sud. Au moment justement où l’Europe connaît un déclin continu de son excédent commercial avec le Mercosur au profit… de la Chine. 

Troisième raison : le traité permet de diversifier nos sources d’approvisionnement sur les minerais stratégiques pour l’industrie tels le cobalt, le graphite et le lithium. Là encore, c’est un moyen de se dégager de l’emprise chinoise.

Quatrième raison : notre balance commerciale française est excédentaire avec les pays du Mercosur que l’accord renforcera. En particulier, le vin, les spiritueux, les fromages et la poudre de lait seront les grands bénéficiaires, avec l’avantage de voir nos appellations d’origine contrôlée (56) enfin reconnues et respectées. De même, des industries comme l’automobile, la chimie, le luxe, les cosmétiques verront leurs exportations progresser.

Cinquième raison : il n’y aura pas de raz de marée des importations qui seront très limitées et encadrées par des clauses de sauvegarde. Par exemple pour la viande, le quota est fixé à 90 000 tonnes ce qui correspond à 1,2% de la consommation européenne. Comme d’habitude, ceux qui cherchent à affoler nos agriculteurs n’ont pas lu le traité et ceux qui commentent répètent comme des perroquets.

Cela dit, il y a de vraies raisons pour ne pas signer en l’état actuel.

Il faut s’assurer que toutes les conditions sont bien remplies : sur le plan sanitaire, le contrôle effectif de l’interdiction des importations non conformes aux normes européennes ; sur le plan sociétal, le respect des règles internationales (droits de l’Homme, convention OIT, etc…).  L’accord de Paris sur le climat doit être considéré comme une clause essentielle ainsi que le texte sur la prévention de la déforestation. Or, au moins ces deux derniers points ne sont pas finalisés. La Commission pourrait avoir besoin encore de quelques semaines, voire quelques mois avant d’aboutir. Donc l’accord ne sera probablement pas prêt pour le G20 de Rio. Ursula von der Leyen voudrait aller plus vite, ce qui favoriserait les exportations de l’industrie automobile allemande au moment où elle connait des difficultés, mais il ne faut pas confondre les intérêts allemands et ceux de l’Europe !

Protéger ceux qui doivent l’être.

Par ailleurs, le Mercosur va affecter négativement le revenu de certains de nos agriculteurs et il est impératif de leur apporter des compensations, le bon moment pour leur apporter un allègement de leurs charges fiscales et réglementaires en mettant fin à l’excès de normes européennes et à leur surtransposition en France. Afin de leur redonner de la compétitivité.

Comme on le voit, c’est encore du pain sur la planche pour le gouvernement de Michel Barnier.

 


LE SURSAUT COLLECTIF !

Gaulois2

 

Hier, Michel Barnier a profité de sa visite au musée de la « grande guerre » de Meaux pour appeler les Français au « sursaut collectif », se servant de la « bataille de la Marne » comme exemple.

Se battre.

En effet, le moment est venu pour nous Français, de nous battre et de sortir de la léthargie pour les uns, des guerres pricrocholines pour les autres. Nous battre pour la prospérité qui ne s’obtient pas en creusant une dette abyssale, avec les RTT, le télétravail bidon, les arrêts maladie et la retraite à 60 ans. Le moment est venu aussi, pour nous Français et européens, de se battre, non pas entre nous, comme nous le rappelle le 11 novembre, mais ensemble, pour la paix sur le continent européen, qui s’obtiendra si nous sommes prêts à nous défendre et à en faire une priorité collective. Rien ne m’agace plus que de constater que la paix en Ukraine pourrait nous être imposée de l’extérieur, car c’est bien de cela qu’il s’agit si nous laissons faire Trump. Car n’en doutons pas, lui va se battre contre nous à coups de barrières douanières, de chantage à l’Otan, de « deals » avec ceux qui parlent comme lui le langage de la force et de l’argent, les Poutine, Musk, Xi et compagnie…

Le séisme trumpiste.

Car les conséquences de l’élection de Trump pourraient être dramatiques pour nous : risque d’abandon de l’Ukraine au moment précis où la Russie poutinienne est à bout de souffle et est obligée d’aller chercher l’appui des troupes nord-coréennes ; fragilisation de l’Otan et de ses partenaires qu’il s’agisse de l’Europe ou du Japon, alors que nous entrons dans un monde de tous les dangers avec la généralisation des protectionnismes déclencheurs de guerres. Elle offre en outre un modèle subversif de conquête du pouvoir basé sur l’intimidation, le mensonge, la violence et les outrances qui, transposé chez nous nous condamnerait aux extrêmes.

Les « dividendes de la paix ».

Nous avons cru que nous pourrions vivre éternellement avec les « dividendes de la paix », à l’abri du parapluie américain. Trump nous signifie que c’est terminé. Personne, désormais, ne protégera notre démocratie européenne, nos enfants, notre territoire, notre mode de vie, en un mot, notre civilisation, à notre place. En même temps, il nous rend peut-être un grand service : nous redonner le sens de l’effort. Nous découvrons que personne ne paiera notre dette à notre place, personne ne viendra se battre à notre place. Il y a une autre leçon que nous donnent les électeurs trumpistes : leur saisissante endurance à ses boniments et fabulations s’explique probablement par une aversion à un autre grand mensonge qui menace notre civilisation, le grand mensonge anthropologique woke qui prétend convertir la planète à ses vues et qui a commencé à s’implanter chez nous.

Une ère de violence.

Nous sommes entrés dans une ère de violence et de combats. La montée de l’antisémitisme portée par l’importation chez nous, à l’initiative des islamistes, de l’affrontement israélo-palestinien et encouragée par une gauche irresponsable, les crimes commis par le narcotrafic qui se répand comme les métastases d’un cancer, gangrènent notre démocratie et la République doit les combattre fermement et sans répit. Il nous faut surmonter la remise en cause de la liberté de pensée, d’expression, d’entreprise, par la surabondance de protections d’intérêts minoritaires et catégoriels qui nous empêchent d’avancer, d’innover, d’être une nation. Sans parler de la bien-pensance qui interdit de nommer les réalités, d’exprimer les détresses de citoyens en souffrance, de donner de l’espoir aux gens « d’en bas ».

Double défi pour l’Europe.

Pour   l’Europe, le sujet est économique, bien sûr. La croissance en berne est le fruit d’une naïveté face au double défi que nous ont lancé l’Amérique d’un côté, avec son  IRA protectionniste et de l’autre la Chine avec son dumping étatique pour favoriser  ses exportations. Nous payons le prix de la facilité, des délocalisations et de la désindustrialisation. Le modèle allemand est très révélateur. Seule une Europe unie et soudée pourra relever ce double défi : redevenir un espace de production et d’innovation et se protéger. Elle en a les moyens avec son marché unique au monde de 450 millions de consommateurs et les réserves financières d’une épargne surdimensionnée. Mais le sujet est aussi identitaire. L’Europe a de nouveau, besoin d’un projet collectif. La défense de notre conception de la  liberté, de notre civilisation, doit se manifester à l’occasion de la guerre d’agression que mène Poutine en Ukraine, et aussi par notre envie collective de retrouver la prospérité.

Nous avons besoin d’un double sursaut collectif, national et européen. Et justement, nous avons, en France, le Premier Ministre qui convient, dont c’est la feuille de route qu’il s’est fixé et qu’il propose au peuple français.

 


NE NOUS Y TRUMPONS PAS !

Iznogoud 2

Les Français ne sont pas les Américains.

Seule une minorité d’entre eux auraient voté pour un tricheur, menteur, violeur, vulgaire de surcroît. Nous n’avons pas les mêmes repaires ni la même culture démocratique.

La victoire de Trump.

Sa victoire, Trump la doit à une stratégie électorale déterminée : miser d'abord sur l’Amérique rurale. Et il a fait un carton : il rassemble 55% des voix chez les Blancs et les non diplômés et 60% dans les campagnes. Son socle déjà solide qui s'est élargi : il fait mieux qu’en 2020 dans quasiment tous les groupes démographiques dont certains piliers de l’électorat démocrate : les femmes (+2 points), les Hispaniques (+6) les Afro-Américains (+7) et surtout les jeunes hommes (+15).

Le « retour » du protectionnisme.

Depuis les résultats de l'élection américaine, on ne parle que du « retour » du protectionnisme, avec les mises en place de droits de douane élevés pour les produits chinois et européens. Mais en fait ça fait plus de 20 ans que le protectionnisme existe, plus exactement depuis le 11 décembre 2001, date à laquelle la Chine est entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Et depuis il s'est même accentué.

Trump a annoncé la couleur sur le commerce américain. On ne pourra pas dire que nous n’étions pas prévenus. Son programme prévoit l'instauration de droits de douane pour les importations en provenance de la Chine principalement. Il ne connait que le « business », et il est « America first ».
En toute logique, les indices boursiers américains ont largement progressé. Une hausse forte. Mais contrôlée. Trump va réduire massivement les impôts, et donc détériorer, dans un premier temps, le déficit et la dette. Ces mesures vont prolonger le cycle de la croissance américaine avec des risques de récession qui s'éloignent. Avec l'augmentation massive des droits de douane, les prix vont augmenter aux États-Unis, et l'inflation qu’il prétend combattre va donc avoir du mal à reculer. Les actions des sociétés de secteurs très réglementés comme les banques ont progressé de 10% dès l’élection annoncée : logique, puisque Trump veut déréguler massivement. Logique aussi la baisse des cours des sociétés d'énergies renouvelables, car la transition écologique n'est pas un sujet pour lui.
Logique toujours la hausse du dollar du fait de la hausse des taux d'intérêt US et du fait de l'avantage compétitif de l'économie américaine grâce, entre autres, à la vague de dérégulation.

Comme toujours, la vision des marchés est simple.

Ils jugent que Trump ne sera pas, malgré son caractère imprévisible, un facteur d'instabilité. Avec Trump, les marchés anticipent la fin de la guerre en Ukraine et de la guerre au Moyen-Orient. D'où la baisse du pétrole et la baisse des valeurs refuges, en particulier de l'or.    

L'Europe va souffrir aussi.

En toute logique les actions européennes n'ont pas suivi la hausse, de même pour les actions asiatiques, car la Chine et l'Europe vont être dans le viseur de Trump. Pour faire plier la Chine et les Etats-Unis et les obliger à respecter les règles du commerce international, la méthode de la menace ou des gros yeux ne fonctionne pas. Il faut utiliser les mêmes méthodes qu'eux. L’union européenne va devoir ériger des barrières avec des droits de douane pour les deux côtés. Des droits de douane qui peuvent plomber une économie déjà affaiblie mais qui les obligera à respecter les règles et notamment les règles de réciprocité commerciale. Une décision difficile à prendre parce qu’elle intervient au pire moment. Le moteur franco-allemand est en panne.  Emmanuel Macron est à la tête d’un pays en crise, c’est le moins qu’on puisse dire et a perdu une grande partie de sa crédibilité aux yeux de nos partenaires ; Olaf Scholz a limogé son ministre des Finances Christian Lindner.
C'est donc la fin de la coalition gouvernementale et le début d'une crise politique majeure. Mais la coalition était déjà très fragile et l'explosion était inévitable. 

Pourtant, l’Union n’est pas sans atout.

Delors avait convaincu les douze membres de la Communauté européenne de construire un marché commun édifié sur deux piliers : la libre circulation des biens et des personnes. En furent exclus les services bancaires et financiers, l’énergie et les télécommunications. Il était trop tôt aux yeux des pays membres. Le projet de marché commun était donc inachevé. Mais aujourd’hui, l’Inde et la Chine pèsent plus de 20 % des échanges. Et la croissance  américaine écrase l’UE. Il est donc temps de terminer le boulot. Il s’agit seulement d’intégrer au marché unique le droit des affaires, les télécommunications, ou l’épargne, qui restent pour le moment cantonnés aux vingt-sept marchés nationaux. Il suffirait donc d’organiser l’accès direct et simplifié des petites et grandes entreprises à tous les consommateurs. La solution ? « Créer un vingt-huitième système juridique auquel les entreprises pourraient adhérer, en dérogeant au système national. » Il s’agirait d’une révolution profonde. « L’UE détient 33.000 milliards d’euros d’épargne privée. En raison de la fragmentation de nos marchés financiers, 300 milliards d’euros issus de l’épargne des ménages européens sont détournés chaque année vers l’étranger. Il faudrait donc créer une Union de l’épargne et de l’investissement », nous dit Letta. Faisons-le !

Cela fait cinquante ans que l’Europe finance les déficits américains et un siècle qu’elle y envoie ses meilleurs cerveaux. Il serait temps de les ramener à la maison. Donald Trump, par son obsession nationaliste et isolationniste, et sa brutalité peut nous y aider. Après tout, l’Union européenne n’est jamais aussi forte que face à l’adversité.


J’AI RÊVE…

Colombe de Pablo Picasso

 

J’ouvre la télé au moment du journal et stupeur ! …  En grosses lettres en bas de l’écran, comme c’est la règle des chaines en continu, s’annonce : « Décès subit De Donald Trump » ! Le commentateur explique que le nouveau président a été retrouvé étendu au pied de son lit, aux premières heures de la matinée, victime d’un arrêt cardiaque dont les médecins cherchent à comprendre la cause. Surmenage lié à la dernière campagne, prise de produits « stimulants », pour l’instant, le diagnostic n’est pas encore établi. La journée commençait sur toute une série d’interrogations quant à la suite des événements.

C’est alors qu’un nouveau bandeau s’étale à nouveau en grosses lettres : « Ali Khomenei, le guide suprême iranien meurt foudroyé » ! On croit rêver. Le journaliste rapporte les circonstances dans lesquelles cet improbable accident s’est produit.  Un orage violent s’abattait alors sur Téhéran, et un éclair aurait frappé le chef d’état chiite sur son turban au moment où il descendait de sa voiture pour rentrer dans son palais. Les fidèles y ont aussitôt vu un signe divin. La nouvelle se serait répandue comme une traînée de poudre, entraînant la dispersion dans le désert des Gardiens de la Révolution en même temps que le soulèvement du peuple, mettant à bas le régime des mollahs….

Le journal en continu passe alors à la météo du jour. Mais l’info prime toujours et c’est un nouveau message qui s’affiche.  Cette fois-ci, il   concerne le dirigeant de la Corée du Nord : « Kim Jung Un périt dans l’explosion d’une fusée ». Alors qu’il assistait à une démonstration d’un nouveau missile susceptible de transporter une ogive nucléaire, celui-ci se serait désintégré au moment de la mise à feu, entraînant dans la mort le chef de l’Etat et tout son entourage, décapitant le gouvernement de l’Etat nord coréen.

Décidément, la journée s’annonce sous de mauvais augures pour les dictateurs, pensé-je.

Je ne croyais pas que mes réflexions seraient suivies d’effets.

En effet, on annonce un peu plus tard la mort du Président Poutine.  Il aurait glissé en descendant le grand escalier du Kremlin.  Une chute fatale qui aura occasionné une fracture des vertèbres cervicales et une hémorragie. D’habitude ce genre de dénouement était réservé aux opposants, et un agent du KGB était toujours dans les parages. Mais là, il s’agit bel et bien d’un mauvais concours de circonstances.  

A la suite de toutes ces mauvaises nouvelles, on apprend que le Président de la Chine, XI Jinping a disparu. Il aurait été vu pour la dernière fois errant près d’un temple bouddhiste….

Une douce sonnerie vient interrompre le récit de ces terribles événements. Ce n’est que mon réveil qui me rappelle qu’il est 8h30 et largement temps de me lever. J’avais débarrassé la Terre de quelques nuisibles. Malheureusement, il n’en était rien, ce que  la télé s’empressa de me confirmer avec sa litanie de  mauvaises nouvelles quotidiennes.

 


COMMENT RECONSTRUIRE UNE EDUCATION NATIONALE EFFICACE .

Ministère_de_l'Éducation_Nationale

Notre système éducatif s’est effondré.

Les efforts pour le restaurer sur des bases nouvelles n’ont donné que des résultats mitigés. Quelques progrès ont été réalisés, notamment dans le primaire, grâce à l’action engagée par Jean-Michel Blanquer, mais celle-ci a été interrompue par son remplacement par Pap Ndiaye. Pour réussir à redresser la barre complètement, il faudrait une action qui s’inscrive dans le temps long et en finir avec tout ce qui sape la finalité du système, la transmission des connaissances et du savoir, qu’il s’agisse de l’idéologie de l’égalitarisme ou des théories pédagogistes, qui ont mené aux résultats que l’on connait.

Il convient de s’interroger sur ce qui faisait la pérennité du système éducatif dont le succès ne s’est pas démenti pendant presque un siècle, assurant l’ascenseur social et contribuant à former des adultes instruits, munis d’un solide esprit critique et formés pour affronter la vie civique, sociale et professionnelle.

De quoi a-t-on besoin ? 

D’objectifs clairs pour les contenus d’enseignement, de méthodes qui prennent en compte les acquis des neurosciences (on sait comment le cerveau apprend), et d’enseignants correctement formés. Jean-Michel Blanquer avait amorcé la tâche : l’accent mis sur les savoirs fondamentaux, la création du Conseil scientifique présidé par Stanislas Dehaene, professeur de neurosciences, et la mise en place du Conseil des Sages de la Laïcité. Nous ne partons pas de rien. Il faudrait aller beaucoup plus loin dans la refondation.

L’écosystème « Education nationale »

On l’ignore souvent, mais notre système éducatif reposait sur tout un écosystème qui en assurait la solidité et la cohésion. Porté par l’universalisme républicain, il avait formé des bataillons d’instituteurs et de professeurs sur un modèle unique, parfaitement en cohérence avec la société qui les entourait. Et le dispositif poussait ses ramifications jusqu’au plus près du terrain. Le principal outil était constitué par les Ecoles normales départementales dans lesquelles on entrait par concours, en seconde et où les « élèves-maîtres » passaient le bac avant de suivre l’année de formation professionnelle. Ils pouvaient alors s’initier aux doctrines pédagogiques et à la psychologie des enfants et des adolescents, découvrir le « code soleil », sorte de bréviaire de l’instit, et s’entraîner dans les classes d’application implantées autour de l’’école. Les élèves-maitres étaient recrutés parmi les élèves des cours complémentaires, plus tard, des collèges, par le biais de classes de troisième spéciales « préparatoires au concours » implantées au moins à raison d’une par canton, de façon à capter le public issu des classes sociales ouvrière et moyennes. Les professeurs des écoles normales étaient eux-mêmes formés à part, par l’Ecole normale supérieur de Saint-Cloud. Des fondations en béton pour l’enseignement primaire, assurant la cohérence du dispositif dans toute la France : des instituteurs avec les mêmes points de repères de Lille à Marseille et de Brest à Strasbourg.

Ce n’est pas par hasard si le système a commencé à dysfonctionner quand on a remplacé les écoles normales par les IUFM confié aux universités. Tragique erreur :  autant de formations différentes que d’universités. En plus des contenus fumeux et plus idéologiques que professionnalisant. Trop de professeurs se retrouvent devant une classe pour la première fois sans avoir jamais fait le moindre stage de formation.

Il ne s’agit pas de revenir au passé.

Mais au moins cherchons à nous en inspirer. J’ai à l’esprit quelques priorités : s’assurer du niveau des connaissances en rapport avec l’enseignement à dispenser au moment du recrutement, sortir la formation des mains des universitaires en recréant des écoles professionnelles où l’on apprend le métier, mettre fin au « prof de la maternelle à l’université » en recrutant à deux niveaux : Bac+ 2 pour maternelle-primaire-collège, Licence pour lycée et classes supérieures. Chacun choisissant son objectif de formation au moment du recrutement.

Une chose est certaine : il faudra du temps, notamment pour former les professeurs de ces écoles professionnelles sur un même modèle, quitte à rétablir l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud.