LE GRAND DENUEMENT
12 janvier 2024
Le nouveau gouvernement exprime on ne peut plus clairement le grand dénuement dans lequel se trouve la Macronie. Déjà privé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, Macron, prisonnier de son hubris, se révèle incapable d’ouvrir sur des forces politiques complémentaires qui lui permettrait de gouverner efficacement jusqu’à la fin de son mandat. Il préfère commettre la même erreur que Chirac en 2003 qui avait nommé un gouvernement chiraco-chiraquien, incapable de pardonner à ceux qui avaient soutenu Balladur. L’équipe laborieusement constituée est plus resserrée et plus à droite pour coller davantage à l’opinion publique, mais il n’y a guère de grands changements. La seule surprise est l’arrivée tonitruante de Rachida Dati à la Culture qui cache la misère.
Le Gouvernement Attal est un gouvernement de repli sur soi.
La Macronie, toute la Macronie, rien que la Macronie. Le « en même temps » ne marche pas. Macron ne veut rien céder des pouvoirs qu’il s’est arrogés au mépris de la constitution. Il a nommé un gamin à la tête du gouvernement et « son ex-mari » aux affaires étrangères. Les deux sont des « hommes-liges » qui obéiront au doigt et à l’oeil. Quant à Rachida, aussitôt exclue de LR dont elle assurait la présidence du Conseil National, sa nomination n’est pas susceptible de changer la répartition des groupes à l’Assemblée nationale et s’explique surtout par son incontournable envie de prendre la mairie de Paris que seule une alliance avec Renaissance lui permettra de conquérir. Sa mise à l'écart de LR est logique mais prend aussitôt un caractère sectaire. Les poids lourds du gouvernement restent en place et seul l’hyperministère de l’Education et des Sports fait débat par son étendue dans l'année des JO à Paris. La nomination d’un ministre délégué à l’Education auprès de la ministre en titre ne fait aucun doute et viendra en alléger la charge. Enfin, Macron en profite pour régler ses comptes en virant les ministres frondeurs de la loi sur l’immigration, à l’exception de Sylvie Retailleau qui garde son poste, ce qui accentue le tropisme droitier du nouveau gouvernement. Au fond ça ne change pas grand-chose.
Un coup d'audace trompeur.
Le coup d’audace du Président et de son Premier Ministre est bien dans la désignation de la Ministre de la Culture et les médias se sont précipités dessus comme des loups affamés sur un chevreau, éclipsant toutes les autres nominations au profit de la star parisienne dont la puissance de feu est bien connue. Enfin, un peu d’animation ! On va peut-être un peu moins s’ennuyer. Néanmoins, ne soyons pas dupes : sous la com, la banalité. Bruno Le Maire qui reste à Bercy et élargit son périmètre à l’énergie, Darmanin à Beauvau, Lecornu aux Armées, Dupond-Moretti à la Justice, ceux-là gagnent le statut de «poids lourds ». En prenant en compte la susceptibilité des alliés, les rodomontades de Bayrou et la popularité d’Édouard Philippe essentiellement, Gabriel Attal avait une marge de manœuvre ténue : dans ce gouvernement, il sera plus encadré que soutenu. Le resserrement ne lui a pas permis de prendre en compte totalement la parité. Pour terminer, une anecdote : hier soir, à la télé sur France info, à l’énumération de la liste des ministres, Christophe Béchu a été totalement oublié, et avec lui la transition écologique. Le choc émotionnel « Dati » sans doute dans ce repère de gauchos !
Avec son jeu de chaises musicales limité, ses féodaux confirmés et ses débauchages restreints, l’opération voulue par Macron garde une note politicienne bien légère en regard de la gravité des temps. Aussi, cette nouvelle équipe pas si nouvelle que ça, sera jugée avant tout sur l’efficacité de son action.
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