D’UN MONDE A L’AUTRE
17 janvier 2024
le dessin de Kak résume bien le sujet.
Une conférence de presse fleuve pour nous montrer qu’il sait tout sur tout. Au moins, le 1er Ministre a de la matière dans laquelle il pourra puiser pour son discours de politique générale devant la représentation nationale. Il en ressort que le Président roule un peu moins au milieu de la route et qu’il tient mieux sa droite. Mais pourquoi ceux qui ont la patience de l’écouter en ressortent avec une impression d’illusoire et de virtuel ? Probablement parce qu’au-delà des mots, l’action ne suit pas. Macron a inventé la démocratie péremptoire : c’est dit, donc c’est fait ! Bah non, ça ne marche pas. Au point qu’on se demande si le Macron qui pérorait devant le parterre des journalistes n’était pas un de ces « mêmes » fabriqués par l’IA.
Le monde réel oublié.
Mais surtout, il n’a pas parlé de toute ce monde réel qui mériterait qu’il emprunte la bande d’arrêt d’urgence. Le gouvernement Attal va être confronté à une situation qui n'était pas arrivée depuis longtemps : il ne va plus pouvoir distribuer de l'argent magique car il n'y a plus d'argent dans les caisses et on ne peut pas en emprunter plus. Aîe ! La France habituée à dépenser sans compter, s'était précipitée sur cette manne sans attendre avec une inefficacité redoutable : plans de relance, plans de soutien, on a même inventé les plans de résilience. En clair des chèques pour tout et pour n’importe quoi. Sauf qu’il n'y a plus de Covid, il y a toujours la guerre en Ukraine mais l'économie s'est ajustée. Et donc il n'y a plus d'excuses pour dépenser toujours plus. Ce nouveau gouvernement n'a plus droit à un découvert illimité. Notre principal « garant » pour toutes nos dettes, c’est l'Allemagne, et celle-ci a sifflé la fin de partie : elle n'a même pas pu augmenter sa propre dette de 60 milliards d'euros du fait de ses règles d'endettement, c’est pourquoi elle ne va pas accepter que nous continuions à rouler gratis.
La cigale se trouva fort dépourvue...
La réalité que Macron n’évoque pas c’est la situation préoccupante dans laquelle se trouve le pays : déficit budgétaire record, dette record, et même déficit commercial record. Et maintenant, en plus, notre dette record nous coûte de l'argent. Certes, les taux longs ont un peu baissé mais ils ne sont plus à zéro ou négatifs, emprunter ne rapporte plus d'argent mais en a coûté et en coûte de plus en plus. Or nous empruntons aussi de plus en plus. Heureusement qu'il y a l'euro ! Heureusement qu'il y a la signature de l'Allemagne ! Sans cela, nous en serions à notre énième dévaluation avec des taux supérieurs à 10%. On comprend pourquoi même Marine Le Pen ne parle plus d’en sortir. Ce gouvernement va donc être confronté à une situation nouvelle : l'impossibilité de dépenser sans compter. Il n’y a aucune chance que la cigale ne devienne une fourmi, mais il va être intéressant de voir comment la cigale va continuer à danser alors que la bise est venue. Voilà une expérience inédite.
Cerise (amère) sur le gâteau : comme en écho au discours présidentiel, les derniers chiffres sur la natalité française montrent une réalité très sombre. La politique familiale nataliste démantelée sous Hollande montre toute sa terrible conséquence avec l’effondrement du nombre des naissances : - 700 000. Ce n’est pas la seule cause, mais c’est la principale. Voilà une génération qui ne pourra pas compter sur la « répartition » le moment de la retraite venu. Elle sera la première à s’en plaindre évidemment !
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