HISTOIRE
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LE PROPHETE ET LA PANDEMIE

Gilles Kepel001

DU MOYEN-ORIENT AU JIHADISME D'ATMOSPHERE

Par Gilles KEPEL

Certes  l’ouvrage est ardu à lire.  C’est une enquête très serrée et très documentée mais un outil indispensable  pour qui veut comprendre ce qu’est aujourd’hui « l’islamisme », ou « islam politique », et quels en sont les différents acteurs, les alliances qu’ils nouent et les stratégies qu’ils développent, face aux grands acteurs mondiaux : Europe, Etats-Unis, Russie et même Chine. L’auteur y explique comment on est passé d’un djihadisme de commanditaires avec Al Qaïda et Daech à un « djihadisme d’atmosphère » alimenté par des « entrepreneurs de colère ».

Le livre de Gilles Kepel trouve toute son actualité, malheureusement, avec le nouvel  attentat qui vient de frapper la France, et qui entre en une triste résonnance avec  les  mécanismes qu’il décrit. Voilà un livre que tout responsable public, homme politique ou fonctionnaire exécutif devrait lire. Cela éviterait à certains leur attitude de déni.

Gilles Kepel est directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’Ecole Normale supérieure. Il est l’un des rares spécialistes français du monde arabe et fin connaisseur du Moyen-Orient. Son savoir gène les mouvances décoloniales et « indigénistes » à l’œuvre dans l’Université et les grandes écoles dont il affirme qu’elles  participent indirectement de ce djihadisme d’atmosphère. Il en a vécu personnellement  les effets par la fermeture de la  chaire « Moyen Orient Méditerranée » à Sciences Po, créée en 1985 par Rémy Leveau et dont il avait pris la suite, et qui rayonnait dans le monde entier. « La connaissance a été éradiquée pour faire  place nette à l’idéologie, et l’on a vu apparaître le « hidjab day » à l’instigation d’associations islamistes et les études postcoloniales » précise-t-il. Or Gilles Kepel déplore le délaissement des études de la langue et de la civilisation arabes quand elles n’ont pas été détruites volontairement par de hauts fonctionnaires omniscients mais incultes et des « cuistres universitaires » selon lesquels  « ça ne sert à rien de connaître l’arabe pour comprendre ce qui se passe en banlieue ». Il  plaide au contraire pour que soit renforcée en France et à l’université la connaissance du monde arabe, de ses langues, de ses cultures et civilisations qui ne se réduisent nullement à la simplification salafiste. Une faiblesse que la  loi « confortant les principes républicains » ne saurait compenser.

Dans son livre « Le Prophète et la pandémie », il tente un parallèle avec la progression du coronavirus : « et si le djihadisme prospérait dans notre pays à la manière d’un virus ? ». En retraçant l’année 2020, de l’effondrement du marché pétrolier à l’assassinat de Samuel Paty, d’Ankara aux banlieues françaises, il démonte les rouages d’un mécanisme qui se met en place, s’appuyant sur « une atmosphère » entretenue par des activistes qui ne peinent pas à motiver quelques « idiots utiles » qui passent à l’acte. Les ressorts sont souvent complexes et les alliances à géométrie variable courantes : ainsi en Syrie, Turcs et Iraniens parrainent deux camps ennemis mais communient dans le patronage du mouvement palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza… Cartes et chronologie à l’appui, il met en perspective l’actualité de l’année 2020 ce qui permet de comprendre la trame profonde des évolutions à l’œuvre. Ainsi vous saurez comment s’est forgée « l’entente d’Abraham » sous l’égide des Etats-Unis qui établit la paix entre les pays arabes et Israël avec la bénédiction discrète du saoudien Mohamed Ben Salman, et comment cette entente se heurte au front « fréro-chiite » animé par Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie…

Parmi les indispensables : le président turc Erdogan en profite pour mener une « blitzkrieg » pour tenter de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial. Ainsi il rend au culte musulman la  basilique Sainte Sophie dont Atatürk, pour « l’offrir à l’humanité », avait fait un musée 85 ans auparavant. Il fait de la France sa bête noire pour faire oublier l’héritage très francophile d’Atatürk, mène une campagne déchaînée contre le président Macron qu’il couvre d’insultes en réaction à son « islamophobie » présumée, permettant à son contempteur de conforter la figure du héraut des musulmans offensés. Il devient de ce fait, l’un des principaux entrepreneurs du djihadisme d’atmosphère, d’autant plus qu’il peut attiser les affrontements avec la république laïque honnie par les leviers qu’il  possède sur notre propre territoire, telle l’association Milli Görüs. Il peut même provoquer des désordres comme on l’a vu à Décines où des « Loups gris », des extrémistes nationalistes turcs, sont venus en commando, s’attaquer aux descendants du génocide arménien, depuis longtemps réfugiés en France et intégrés. Par ailleurs, il bénéficie de la mollesse de l’Europe qu’il n’hésite pas à humilier.

En dehors du Moyen Orient, il existe un autre territoire qui cristallise l’ensemble  des crises : la Libye.  On y trouve un concentré des  problèmes :  des hydrocarbures aux migrations, du terrorisme aux rivalités  entre Tripolitaine - où Turquie et Qatar soutiennent, avec la mansuétude américaine, un pouvoir issu des Frères musulmans -, et la Cyrénaïque, - où Abou Dhabi et Le Caire appuient leurs rivaux avec le support de Moscou -. Sur le terrain les  deux camps se combattent grâce à des mercenaires syriens prélevés parmi les insurgés islamistes et les miliciens pro-Assad démobilisés, tous les ingrédients sont réunis pour que viennent s’installer là le vecteur de la déstabilisation de l’Afrique du Nord et derrière elle de l’Europe,  en parallèle au contentieux qu’Ankara cultive contre Athènes en Méditerranée. Et profitant que l’Europe  est divisée entre les intérêts concurrents de l’Italie et ceux de la France.  

Le résultat en est un terrorisme qui frappe  en France, en Autriche, avec des combattants sans organisation. Passant tous les attentats au crible, il met à jour, preuves à l’appui, le système des « entrepreneurs de colère », mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger le prophète face à l’Occident, qui servent de support de motivation. Mille autres détails passionnants ou éclairants émaillent un ouvrage riche en références.

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

A lire en prenant son temps !

« Le Prophète et la Pandémie », du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère – Gilles Kepel – Chez Flammarion. Collection Esprits du Monde.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte en Egypte"Soldats, du haut de ces pyramides 40 siècles vous contemplent !"

L’EXPEDITION D’EGYPTE

Pour comprendre pourquoi la France est engagée par le Directoire dans l’expédition d’Egypte, il nous faut à nouveau faire un petit détour pour rappeler l’enchaînement des événements.

On se souviendra qu’en 1789, les Etats-Généraux réunis par Louis XVI s’étaient proclamés « Assemblée Constituante ». Elle accoucha d’une monarchie constitutionnelle, accordant au Roi un pouvoir très limité, l’essentiel des prérogatives étant entre les mains de « l’Assemblée Législative », élue  pour deux ans. Celle-ci se réunit le 1er octobre 1791. La fuite du Roi rattrapé à Varennes, les débuts catastrophiques de la guerre contre l’Autriche et la 1ère coalition,  les insurrections de 1792, conduisirent la Législative à suspendre le roi et convoquer une nouvelle assemblée, la « Convention nationale ».

La  nouvelle assemblée élue, organisa le procès du Roi pour trahison et procéda à son exécution. Elle proclama la République. Et elle se mit à la tâche pour installer le nouveau régime pour remplacer la monarchie constitutionnelle : elle vota en juin 1793 une nouvelle constitution mais elle ne fut pas appliquée. La guerre civile, la crise économique, les troubles et les rivalités politiques conduisirent au « Comité de salut public » qui la suspendit, installa la « Terreur » et la dictature de Robespierre. Après la chute de celui-ci, la Convention thermidorienne se remit au travail et proposa la Constitution de l’an III. Vous suivez ?

La constitution de l’an III.

Elle met en place Le régime du « Directoire ». Elle est mise au point par une commission de 11 membres, où dominent les républicains modérés et les monarchistes constitutionnels. Elle marque le retour aux principes de 1789, et en réaction aux excès de la Terreur et des révoltes  populaires, elle rejette la démocratie politique pour confier le pouvoir aux  propriétaires aisés et aux « notables ». La Déclaration des Droits  de l’Homme qui la précède est en recul  par rapport  à celle de 1789 : seule l’égalité civile est reconnue. Elle est assortie d’une « Déclaration des devoirs ». Elle établit le suffrage censitaire à deux degrés : les « citoyens actifs » qui sont en capacité de payer le cens électoral nomment les « électeurs », environ 30 000 pour toute la France.  Ceux-ci  élisent le « Corps législatif », composé du « Conseil des Anciens » de 250 membres âgés d’au moins 40 ans, et du « Conseil des Cinq-Cents », âgés d’au moins 30 ans, l’un et  l’autre renouvelables  par tiers chaque année.

Les « Cinq-Cents » ont l’initiative des lois et adoptent des résolutions que les « Anciens » peuvent transformer en lois. Le pouvoir exécutif est confié à un « Directoire » de cinq membres nommés par le Conseil des Anciens, et renouvelable par cinquième chaque année. Ses pouvoirs sont étroitement encadrés. On s’aperçoit tout de suite que cette nouvelle constitution est écrite avec une volonté de ne pas revivre l’accaparement du pouvoir par une faction, elle met en place un pouvoir conservateur, qui émiette les responsabilités et marqué par la méfiance du peuple. Coupé de la réalité politique qui restait encore agitée comme on l’a vu précédemment, il révéla une faible autorité. La période fut propice à des tentatives de coups d’Etat : comité insurrectionnel de Gracchus Babeuf (mars 1796), agitation des royalistes…

Au printemps 1797, l’impopularité du Directoire était à son comble : l’effondrement de l’assignat avait provoqué une crise économique très grave, les troupes manquaient d’armes et de munitions et se détachaient d’un gouvernement incapable d’imposer son autorité. Les royalistes parvinrent même à obtenir la majorité du Corps législatif. Le conflit entre le Directoire et les assemblées devenait inévitable. Les Directeurs jouèrent l’armée contre la monarchie et s’octroyèrent des pouvoirs étendus, réduisant les Conseils à un rôle secondaire.  Mais il avait perdu tout contrôle sur les généraux qui donnaient libre cours à leurs ambitions, dont notamment Bonaparte qui imposa « son » traité de Campoformio. Il devint urgent de les éloigner.

L’expédition d’Egypte.

19 mai 1798. 340 navires embarquèrent 40 000 hommes commandés par les meilleurs généraux de la République : Bonaparte, général en chef, Berthier, chef d’état-major, Desaix, Kléber, Lannes, Davout, Murat, entre autres, et de nombreux savants illustres tels Monge, Berthollet, Dolomieu. Ils appareillèrent de Toulon, Marseille, Ajaccio, Gênes et Civitavecchia. La destination, tenue secrète ne sera dévoilée aux troupes que le 28 juin, veille de l’arrivée. C’était l’Egypte ! Un pays dont probablement la plupart n’avait jamais entendu parler. Le choix, il était simple, Bonaparte l’expliqua lui-même à ses soldats : «  Vous porterez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensible, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de mort ».

Trois objectifs plus un.

L’Angleterre, restée seule contre la France, malgré tout s’installait dans la guerre. Pour l’amener à traiter, il fallait la toucher dans sa force vive, c’est-à-dire dans son commerce. L’expédition d’Egypte répondait à trois objectifs : en occupant l’isthme de Suez, couper l’une des routes de l’Angleterre vers l’Inde, utiliser l’Egypte comme base d’attaque contre l’Inde ou s’était insurgé Tippo-Saïd, et fonder une colonie qui se substituerait aux Antilles que nous avait enlevées l’Angleterre. Une autre raison plus noble est invoquée : la découverte scientifique d’un pays que « Les Ruines » de Volney avait mis à la mode. Cette mission aura un grand retentissement ensuite, avec la publication très documentée de la « Description de l’Egypte » et la découverte de la pierre de Rosette qui permettra à Champollion de déchiffrer les Hiéroglyphes.

L’Egypte était une proie facile selon les dires du Consul de France sur place à Alexandrie. L’autorité du sultan de Constantinople y était purement nominale et la domination des Mamelouks très affaiblie.

Après avoir occupé Malte, les Français débarquèrent à Aboukir et enlevèrent Alexandrie. En juillet, la  bataille des Pyramides leur livrait Le Caire. Poussés par les Anglais, les Turcs qui avaient la légitimité de leur suzeraineté, entrèrent aussi en guerre. Bonaparte se porta à leur rencontre en Syrie. Il prit Gaza et Jaffa,  mais échoua devant Saint-Jean d’Acre. Entre temps, Nelson avait découvert la flotte française dans la rade d’Aboukir. Les bateaux  pris au dépourvu n’eurent pas le temps de se  mettre en ordre de bataille et les Anglais  les envoyèrent pratiquement tous par le fond.  Napoléon était piégé, coupé de toute possibilité de ravitaillement et de renforts.

La 2ème coalition.

D’autre  part, sur le continent, les Anglais réussirent à reconstituer un front des  monarchies contre la République française. C’est la 2ème coalition. C’était la réponse de l’Europe à la politique expansionniste de la France, avec les « Républiques sœurs ». Autour des anglais, on retrouva la Russie, l’Autriche, le Royaume des Deux-Siciles et la Turquie. En « métropole », le Directoire privé de sa meilleure armée bloquée en Egypte, ne disposait que de 170 000 hommes. Il dut affronter 300 000 coalisés. Le cauchemar sembla recommencer. Les Français reculèrent d’abord sur tous les fronts. La situation se redressa grâce à la victoire de Masséna sur les Russes à Zurich et au St-Gothard (sept. 1799), à l’action de Brune en Hollande  et aux dissensions entre les alliés. L’offensive coalisée était brisée. Les Russes retirèrent leurs troupes.  Bonaparte, informé de la situation, rentra secrètement en France, après avoir laissé l’armée d’Egypte à Kléber,  mais il arriva trop tard pour être le sauveur sur les champs de bataille.

Napoléon avait-il un rêve « oriental » ? On lui a prêté l’idée de se constituer un empire dans la lignée d’Alexandre. Certaines de ses déclarations ont pu le laisser penser. En fait, Bonaparte est allé en Egypte pour conquérir la France. Car, malgré ses faiblesses, pour ne pas dire ses déboires, l’expédition, après ses victoires en Italie, allait lui valoir un immense prestige. Après la paix de Campoformio, il avait déjà pensé qu’il  pourrait renverser le Directoire, mais Talleyrand l’en avait dissuadé. C’était trop tôt. Cette fois, l’heure était venue. Il sut s’imposer.

Le coup d’Etat du 18 brumaire lui donna le pouvoir.  Ce sera le prochain épisode.


EXASPERATION !

Archibald en colère

 

Le crime barbare de Rambouillet fait monter en moi une forte envie de révolte.

Une fonctionnaire de 49 ans, désarmée, habillée en civil, se fait égorger à l’intérieur  d’un commissariat de police au fin fond de l’Ile-de-France. Le fait qu’elle soit mère de deux enfants encore adolescents rend le geste d’autant plus monstrueux. Comment est-ce possible ? On hallucine ! Alors bien sûr, on va avoir les fleurs et les hommages, l’inévitable marche blanche et puis … circulez, il n’y a rien à voir. Ce sont les cache-misère de l’impuissance tout comme les  « nous ne céderons rien » ! Autant le dire tout de suite, nous ne ferons rien de plus, jusqu’à la prochaine fois. Peut-être une loi de plus qui ira grossir l’arsenal pléthorique des textes suant les bonnes intentions martiales, et l’eau passera sous les ponts, le temps qu’elle soit votée et que les textes d’application paraissent, et qui sera appliquée ensuite avec parcimonie par une justice précautionneuse. Je parierais bien que d’ici là… mais non, n’en rajoutons pas à notre désarrois.

Il va bien falloir que ça s’arrête. Trop c’est trop !  La France n’a pas vocation à être le terrain de prédilection où  les fanatiques islamistes peuvent venir assouvir leurs pulsions barbares. Il n’y a plus de place pour le « en même temps » ni pour les discours. Il faut une réaction forte : que l’événement se soit produit dans un commissariat de police, au cœur même de l’Etat de droit, est une provocation qui ajoute à l’insupportable.  Alors assez de  mollesse, assez de génuflexions, assez de repentance, assez de prudence  pour ne pas « stigmatiser » car ce ne sont pas les musulmans qui sont en cause, mais ceux qui instrumentalisent la religion !

Désormais, tous les sujets doivent être posés.

Il n’est pas anodin que l’assassin ait été fraîchement « régularisé », ce qui veut dire qu’il était entré irrégulièrement en France, tout comme celui de Nice, lui aussi originaire de Tunisie, qui arrivait clandestinement d’Italie en n’ayant pas obtempéré aux injonctions de retour dans son pays. Migrations et régularisations  d’étrangers venus sur notre sol sans y être autorisés sont un seul et même sujet, rendu encore plus sensible par le contexte djihadiste que nous ne pouvons ignorer. Le contrôle des frontières, la gestion des flux migratoires, le mécanisme européen du « nouveau pacte migratoire », tout doit être réexaminé.

La question migratoire est l’une des dimensions principales du rapport à la France des pays d’Afrique du Nord et du Sahel, dont est originaire le groupe d’immigrés et de leurs descendants directs le plus important à s’être implanté. En 2018, l’INSEE  établit que le poids de ces habitants de confession presque exclusivement musulmane représente un nombre supérieur à celui des citoyens de l’ensemble des Emirats arabes. L’attractivité de la France et de l’Europe reste forte en dépit des protestations récurrentes contre les discriminations, le racisme et autre « islamophobie » dont les « fréristes » ont fait leur ritournelle. Le flux migratoire répertorié, sans compter les clandestins, vers  la France, au cours de la décennie 2010, oscille entre 150 000 et 200 000 entrées par an… même en ayant une vision négative de notre pays : « La misère de la France est un paradis pour nous ! »  clame un candidat à l’émigration, selon un journaliste du Monde. Autant dire que nous sommes face à une impossibilité « d’intégrer » tous ces gens, si tant est qu’ils le souhaiteraient. 

La menace de « l’Islamisme politique ».

Nous ne pouvons pas ignorer non plus, que les répercussions de l’islamisme politique, inspiré  par les Frères musulmans et le djihadisme d’une manière générale, font peser une menace sur le devenir du mode de vie libéral européen, et du nôtre en particulier, tant que l’immigration n’aboutit pas à une intégration culturelle dans les pays d’accueil dont les nouveaux arrivants auraient vocation à partager les valeurs, alors que nombre d’entre eux se réfugient dans un « séparatisme islamiste » qu’ils prônent ou tentent d’imposer. Il n’est pas certain qu’une loi soit suffisante pour régler ce problème. Si nous étions ne fût-ce qu’un seul instant en guerre contre le terrorisme islamiste, nous placerions cette cause tout en haut de nos priorités. Le drame de Rambouillet est d’une clarté aveuglante : il met en cause l’immigration et la présence de l’islamisme politique dans notre pays.

Il souligne l’absence béante d’une politique d’assimilation digne de ce nom, négligée par un Etat plus prompt à parler de la République que de la faire vivre. L’augmentation du nombre des policiers n’y changera rien. Ils resteront encore pour un moment des « cibles », ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un rôle essentiel à jouer.

Pas d’état de droit sans police.

Encore faudrait-il que nos islamo-gauchistes ne jouent pas à la « cinquième colonne ». Classer Sonia Mabrouk (avec mépris) dans la « droitosphère », comme le fait Libération, parce qu’elle revendique son assimilation et fait la guerre au séparatisme communautariste, est un signe qui ne trompe pas. Pour un peu, ce serait une « réac » ou une « facho » ! Cependant, il y a des coïncidences qui ne s’inventent pas et sont particulièrement significatives : jeudi soir dernier, Élise Lucet a consacré son numéro d’« Envoyé spécial » aux « violences policières »,  avec comme invité un certain M. Zécler, ce producteur passé à tabac… Comme s’il fallait à tout prix nous persuader que croiser une patrouille de police en France, c’était risquer sa peau surtout si elle n’est pas blanche. En tout cas, c’est ce leitmotiv qu’Élise Lucet a cherché à nous faire avaler, en l’accompagnant comme il se doit des traditionnelles précautions de langage, censées cerner une « infime minorité de brebis galeuses ». On ne pourra s’empêcher de rapprocher les deux événements : quelques heures après la diffusion de ce reportage, où M. Zecler a été mis en exergue, c’est Stéphanie, policière depuis vingt-huit ans, qui aura été sacrifiée sur l’autel de la République. Elle s’ajoute à la trop longue liste des policiers qui ont versé leur sang pour défendre nos vies, et même celle des gauchistes qui leur crachent dessus… On ne peut pas faire la guerre à la fois au terrorisme et à la police. Il faut en finir avec l’idée qu’en France, les musulmans seraient persécutés et que la police serait structurellement raciste.

Alors oui, la tâche est immense.

Les solutions existent, les sources du mal sont connues. Mais d’abord commençons par fermer le « robinet ». Ensuite, il sera question d’urbanisme et de mixité sociale, d’éducation et du rôle de l’école, des réseaux sociaux, des paraboles qui enferment dans la culture d’origine quand elles ne déversent pas la haine de la France, de justice ferme, de renforcement du renseignement, de surveillance ... et enfin d’appliquer sans faiblesse les lois qui obligent à respecter la République, La France !

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte 1

LA  CAMPAGNE D’ITALIE

Donc, le 26 mars 1796, Napoléon est à Nice. Dès le lendemain, il rencontre les généraux placés sous ses ordres, et  pas les moindres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Dire qu’ils sont enthousiastes face à ce jeune général qui ne compte à son actif que la reprise du port de Toulon et l’écrasement de  l’insurrection royaliste à Paris, avec ses canons,  serait beaucoup dire. Il n’a jamais participé aux campagnes sur les champs de bataille de  l’Europe. Pour Masséna c’est un intrigant ou un comploteur, quant à Augereau il le prend tout simplement pour un imbécile. Il était si petit et  malingre que ses subordonnées ne daignèrent même pas enlever leur chapeau. Il les aurait subjugués d’un seul regard, paraît-il.  Mais l’armée d’Italie est considérée comme secondaire, même si elle  n’est pas si mal équipée que Napoléon l’a décrite plus tard. Elle compte 60 000 hommes. Elle manquait de vivres et de  munitions et l’inaction poussaient les soldats  à l’indiscipline.  Pour le Directoire, elle n’a qu’un rôle de diversion. L’action extérieure a l’avantage d’occuper quelques généraux gênants. Il faut abattre l’Autriche, dernière puissance de la coalition encore debout sur le continent. Au nord, l’armée du Rhin,  commandée  par Moreau porte l’essentiel des espoirs.

Commencée en avril 1796, la  campagne d’Italie devait être l’une des plus retentissantes de l’histoire. En face, l’armée austro-sarde, compte 80 000 hommes, commandée par des officiers vieillissants tels  Beaulieu ou Wurmser qui ont 70 ans. Par comparaison, Bonaparte et Joubert en ont 26 !

Surprise et rapidité.

Bonaparte pratique avec succès deux principes qui seront sa marque en matière de stratégie : la surprise et la rapidité. La rapidité de ses déplacements lui permet la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres ses adversaires sans se disperser. C’est ainsi qu’il surgit par le col de Calibone le 11 avril 1796 entre les forces autrichiennes et l’armée sarde et en trois jours les sépare.  Alors que Moreau piétine au nord contre l’archiduc Charles, Bonaparte improvisant la victoire, vainc les Sardes en quatre batailles : il repousse les Autrichiens à Montenotte, le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Coupés des Autrichiens, durement éprouvés, les Sardes sont anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu’à Turin. Le souverain du Piémont-Sardaigne dépose les armes et signe la paix le 15 mai. Il reconnaît par le traité de Paris, l’attribution de la Savoie et du Comté de Nice à la France.

Reste à affronter à nouveau les Autrichiens de Beaulieu qui veut défendre Milan à tout prix. Bonaparte franchit le Po à Plaisance le 7 mai, et la bataille a lieu à Lodi le 10 mai. Le général autrichien a abandonné la ville aux Français pour se replier sur la rive gauche de l’Adda, de l’autre côté d’un vieux pont qu’il n’a pas pu détruire. Après une bataille acharnée,  les Français le franchissent obligeant ses adversaires à battre en retraite. La route de Milan est ouverte et le général français y  entre triomphalement le 15 mai, scène immortalisée avec  lyrisme par Stendhal dans la Chartreuse de Parme : « Le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur ! ».  A la tête de son armée,  il pénètre successivement à Parme et Modène, avant même que les Autrichiens puissent intervenir, et entreprend le siège de Mantoue, place forte qui commandait la route de l’Autriche. Les armées autrichiennes tentèrent vainement de débloquer cette ville clef : à Castiglione, Arcole, Rivoli, d’août 1796 à janvier 1797, ils furent battus et Mantoue capitula. A Rivoli, près du lac de Garde, Masséna se couvrit de gloire, avec la fameuse 32ème demi-brigade ;  la vitesse des manœuvres, l’emploi de la cavalerie eurent raison d’Alvinczy qui avait 82 ans. Masséna avait fait faire à ses troupes plus de 110 km et trois batailles en quatre jours. Le sort de l’Italie était joué. Le pape Pie VI signa la paix. Bonaparte prenait déjà la route des Alpes pour marcher sur Vienne à travers les montagnes, lorsque l’Autriche accepta des négociations de paix qui débouchèrent sur le traité de Campoformio, en octobre 1797.

Le traité de Campoformio.

Daté de Campoformio,  petit bourg de Vénétie, mais signé en réalité à Passariano, où réside Bonaparte, il est précédé par l’armistice et les préliminaires de paix de Leoben du 18 avril 1797. Le traité est signé le 18 octobre 1797 entre Bonaparte et le gouvernement autrichien représenté  par   Cobenzl. François II d’Autriche renonce au profit de la France à  la possession des Pays-Bas autrichiens. Comme souverain du Saint-Empire, il consent par des articles secrets à l’annexion de la rive gauche du Rhin par la France, à l’exception de la région de Cologne, et s’engage, lors du congrès prévu à Rastatt entre la France et l’empire, «  à employer ses bons offices pour que la République française obtienne cette même frontière ». En Italie, il abandonne la Lombardie à la France et reconnaît comme « puissance indépendante » la République cisalpine constituée par Bonaparte avec la Lombardie, le duché de Modène, la Romagne et les légations enlevées au Pape, les territoires de  Mantoue, Crémone, Brescia et Bergame, enlevés à la République de Venise qui est rayée de  la carte. L’Istrie,  la Dalmatie, Venise sont donnés à l’Autriche qui obtient ainsi un accès à l’Adriatique en échange de la cession de la Lombardie. Le traité de Campoformio ne tient aucun compte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et dans ses  négociations, Bonaparte n’a pas tenu compte non plus des instructions données par le Directoire qui comportaient la cession de la rive gauche du Rhin et le rétablissement de la République de Venise. Néanmoins, le gouvernement s’incline devant l’immense popularité que valent à Bonaparte, dans un  pays las de la guerre, ses succès et la conclusion de la paix.  Le Directoire n’en ratifie pas  moins le traité qui couronnait la  « campagne d’Italie » et reconnaissait à la France ses « frontières naturelles ». La paix continentale est établie et seule l’Angleterre reste en guerre contre la France.

Bonaparte avait conquis ses hommes, galvanisés par les victoires remportées. 

A Lodi, à l’issue de la bataille, les soldats élevèrent le « soldat Bonaparte » au grade de « caporal » pour le courage dont il avait fait preuve. Le surnom de « petit caporal » vient de là. « Après Lodi, dira plus tard Napoléon, je me regardai non plus comme un simple général, mais comme un homme appelé à influer sur le sort d’un peuple ». A Arcole, autre fait d’arme devenu légendaire, Bonaparte donne de sa personne. Le lundi 15 novembre 1796, ses troupes se trouvent à Ronco, face à Arcole qu’occupent les Autrichiens de Wurmser.  Reliant les deux localités, le pont d’Arcole, enjambe l’Alpone, affluent de l’Adige.  Les « habits blancs » le tiennent fermement, contraignant sous la mitraille les Français à marquer le pas dans les marais. Alors, agacé par l’hésitation de ses soldats, Bonaparte saisit un drapeau et le plante sur l’ouvrage. Le geste subjugue ses grenadiers qui s’élancent et enlèvent à moitié la position. Mais un feu de flanc les met en panique et  ils  battent en retraite, bousculant parmi eux  leur général qui tombe accidentellement dans la boue. Vite dégagé, il ressaisit ses braves et  à la charge emporte le pont,  puis le bourg. Bon, certains disent que c’est Augereau qui a commis l’exploit. La victoire d’Arcole n’est acquise que le 17 novembre, en plaine.  Elle coûte aux Autrichiens  qui se sont pourtant battus à deux contre un, 40 000 hommes. C’est Napoléon que le peintre représentera sur le célèbre tableau commémoratif de l’épisode dans la posture de l’homme qui entraîne  ses soldats à sa suite.

Après la campagne d’Italie, Bonaparte a acquis une gloire énorme, d’abord auprès de ses soldats,  mais elle déborde rapidement jusqu’au peuple tout entier. Il a consolidé son autorité et peut désormais assouvir de nouvelles ambitions.

L’Autriche battue, restait l’Angleterre…

 


DU «EN MÊME TEMPS» A «L’ESSUIE-GLACE»

Macron voeux 2020

 

"IL" ne pense plus qu’à ça : comment être réélu. A un an de l’échéance, Emmanuel Macron a lancé sa campagne électorale.  Après avoir tenté de séduire les jeunes en donnant une interview sur les réseaux sociaux avec Brut, constatant qu’il avait perdu 17 points dans l’électorat de droite il donne une interview au Figaro pour tenter de « rassurer » en s’emparant du thème de la sécurité. Il réaffirme au passage quelques principes « qu’il ne valide pas » en contradiction  avec ses propos précédents. Puis dans la foulée, il est interviewé par la chaine américaine CBS, interview au cours de laquelle il explique que la France doit « déconstruire » son histoire à cause de son passé colonial.  De quoi plaire aux oreilles américaines … mais là encore en contradiction avec ce qu’il avait dit auparavant : il n’était pas question de déboulonner les statues !  Autant d’interlocuteurs, autant de discours complaisants. Ce n’est pas nouveau. Toute l’année 2020, il est  passé  de la mise en avant des idées communes au centre gauche et au centre droit à l’envoi de signaux désordonnés aux deux camps. Plus il parle et moins on l’entend, plus il s’explique, moins on le comprend. Bien malin est celui qui sait ce qu’il pense vraiment. Chez nous on appelle ce genre d’individu « un charlatan » !

Le confusionniste.

Le  propos est de Jacques Julliard.  Voilà quelqu’un qui manie sciemment le contresens et les contradictions dans ses discours. « Nous sommes un peuple de paradoxes »  prévient Emmanuel Macron. Si c’est vrai, il est un expert en la matière. Sur l’identité, il énonce dans une interview donnée au Point, « Etre français, c’est habiter une langue et une histoire », ajoutant même la laïcité au triptyque « liberté, égalité, fraternité ». Cependant, il ajoute aussitôt, « Comme Président, je ne reconnais qu’une communauté nationale, mais je ne dénie pas aux autres communautés, le droit d’exister ». Il oublie de dire qu’en aucun cas ces communautés d’origine ou de culture ne doivent s’ériger en concurrentes de la communauté nationale. Une brèche dans laquelle les islamistes se sont engouffrés. En affirmant « qu’on peut être français et cultiver une autre appartenance », il avoue son communautarisme. Sur Brut, il a été capable de prendre la défense de la police tout en dénonçant les « violences policières », élément de langage qui est une manière de donner satisfaction à l’extrême gauche. La polémique sur la loi de sécurité globale l’a conduit à dire tout et son contraire en quelques jours selon qu’il s’adressait à des jeunes ou à des policiers. Emmanuel Macron déplore notre déclassement industriel et affirme « l’élite économique s’est mondialisée… elle est partie, elle est devenue de nulle part ».  Le  « libéral-libertaire » de 2017 qui devait adapter la France à la mondialisation et qualifiait les migrants de « héros » dénonce désormais « la trahison des clercs », une autre manière de nommer les élites dirigeantes économiques et politiques.  Le but est le même qu'en 2017 : reprendre des thèmes de gauche et de droite, poussant les politiques des deux camps à se radicaliser pour exister, et donc à dériver vers les marges. Mais sa mise en oeuvre a changé, faite d'embardées puis de coups de frein.

Le démagogue.

Philippe Bilger, commentant l’interview récente au Figaro n’y va pas par quatre chemins. Quand le président affirme : « Je me bats pour le droit à la vie paisible », il se moque de nous. Et il poursuit : « Je relève, dans ses réponses, son goût du verbe, son appétence pour le commentaire qui pourrait séduire la gauche avec ses considérations sociologiques, la surestimation de son action et le caractère provocateur d’annonces in extremis, comme si on n’aurait pas dû en bénéficier bien avant. » L’ancien magistrat dénonce la  volonté d’occuper le terrain parce qu’il sent l’exaspération monter face à la délinquance et que ça influera sur l’élection présidentielle : « Il est clair que nous avons une action à bride abattue pour créer l’illusion d’un pouvoir qui aurait été conscient depuis le début des exigences régaliennes, alors que les Français n’ont cessé de constater dans leur quotidien les errements et les abstentions de cette présidence dure avec les faibles et molle avec les forts. Dont le « en même temps », n’arrêtant jamais son cours, fait se succéder rigueur proclamée et impuissance concrète. » Tout est dit, exemples, ils sont multiples, à l’appui. Un mélange dévastateur de démagogie et de cynisme. Je me demande encore comment quelqu’un d’aussi intelligent que Christophe Béchu peut suivre un tel personnage… à moins qu’il ne soit comme lui.

L’adolescent attardé.

On a l’impression que chaque intervention  présidentielle est une dissertation comme on en fait encore probablement à Sciences-Po, avec les trois parties, thèse, antithèse, synthèse. Emmanuel Macron parle trop, trop longtemps et en tous sens. C’est son souci de tout dire, d’aller au-devant de toutes les objections qui l’amène à la profusion et à la confusion. Or, diriger c’est choisir ! Il cherche encore sa vérité qu’il n’a pas atteinte, c’est évident. Mais en politique, ce type de discours porte un nom : la duplicité ! Nous avons affaire à une espèce de caméléon politicien : le personnage de 2021 ne parle pas comme celui de 2017 et pas  plus probablement que celui de 2022, au moment de  l’échéance. L’ivresse qui l’accapare dans le maniement des concepts a quelque chose d’adolescent (le constat est de Jacques Julliard) .  Il faut simplement se demander si l’Elysée est l’endroit adéquat pour continuer son éducation. On peut être séduit par son intelligence, son énergie, mais « le petit prince de la technocratie, combinant l’ouverture de la société avec le souci de la verticalité »  voit sa « rêverie » violemment interrompue par les vents violents qui agitent l’arène politique, les mouvements sociaux,  les « gilets jaunes », jusqu’au déferlement du coronavirus. Le fait est qu’il ne rassure pas grand monde. Il voulait être le chantre du centrisme, cette union de la droite de la gauche avec la gauche de  la droite, contre la droite de la droite et la gauche de la  gauche, un jeu politique  qui a toujours été incompréhensible pour l’opinion publique. Il n’est en réalité que celui du centrisme étatique,  ou centralisme, vieux courant jacobin, qui, s’appuyant sur une technocratie inamovible, domine encore dans la gestion de notre  pays et qui passe à côté du clivage économique, social et culturel entre la France du centre, les métropoles, et la France périphérique. L’obsession des sondages qui servent de boussole explique les motivations actuelles du chef de l’Etat. Les personnes âgées qui sont les  plus assidues aux élections demandent une protection sanitaire et de l’ordre et ses rivaux de droite restent  plus dangereux que ceux de gauche. D’où les signaux moins fréquents à gauche qu’à droite, d’autant plus que le centre gauche semble rester fidèle, probablement parce que l’action menée lui convient alors que les discours qui s’adressent à la droite en restent souvent aux paroles.

Qu’en sera-t-il à l’heure du bilan ? Si le président jouit d’un socle de popularité stable, les Français n’en jugent pas moins très sévèrement son action.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte Saint-Roch

 

PREMIERS FAITS D’ARMES

La  Corse, c’est terminé. Il réintègre l’armée  et rejoint la cause des « montagnards » et tourne le dos à la cause fédéraliste  désormais  honnie à cause de Paoli. Capitaine d’artillerie, il arrive au siège de Toulon en septembre 1793 avec l’armée de la Convention.

Le port de Toulon.

Premier coup d’éclat : son génie militaire permet de précipiter la chute du port tenu par les royalistes et les Anglais, grâce à ses canons. Les révolutionnaires sont généreux avec les promotions.  Dès le 22 décembre 1793 il est nommé général de brigade. Mais il doit cette promotion au frère de Robespierre.  Encore une mauvais pioche. La chute de « l’incorruptible » le 27 juillet 1794 (9 thermidor)  lui vaut d’être destitué et même mis en état d’arrestation un court moment. C’est l’insurrection royaliste contre la Convention qui va le remettre en piste.  Barras qui défend l’assemblée a besoin  des généraux républicains qui se trouvent à Paris.  Il connaît Bonaparte qu’il a rencontré lors d’une mission dans le midi. Il le réintègre et une fois de plus,  les canons du jeune général vont faire la différence alors que l’assemblée est cernée par 25 000 insurgés le 5  octobre 1795 (13 vendémiaire).

Devant l’église Saint-Roch.

Bonaparte avait assisté à la prise des Tuileries  le 10 août 1792. Il a encore en mémoire la violence de l’émeute. Cette fois, il empêche la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant l’accès aux avenues qui mènent à l’assemblée avec ses pièces d’artillerie. Il est aidé par un jeune chef d’escadron : Joachim Murat. On gardera de l’épisode l’image de la canonnade de la foule sur les marches de l’église Saint-Roch, qui relève plutôt de la légende, mais il disperse les insurgés sans faiblesse, mettant fin à l’épisode.  La restauration monarchique attendra. La voie est libre pour mettre en place le Directoire.

La percée du jeune Bonaparte.

Il est enfin dans le camp des vainqueurs. Et en plus il y gagne la main d’une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, dont il tombe follement amoureux. Un bonheur n’arrive jamais seul : on lui confie le commandement de l’armée d’Italie qui doit faire une manoeuvre de diversion pendant que les armées de Sambre et Meuse avec Jourdan et du Rhin avec Moreau devront porter les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. La campagne d’Italie sera décisive pour établir la renommée de Napoléon Bonaparte. Pour bien comprendre dans quel contexte elle a lieu, faisons un petit détour pour expliquer pourquoi en 1796, au moment ou le général Bonaparte rejoint Nice pour prendre son commandement, la  France est en guerre contre l’Autriche.

La 1ère coalition.

Sous la Révolution et l’Empire, la guerre est pratiquement continue en Europe.  La France doit faire face à sept coalitions mises sur pied essentiellement sous l’impulsion de l’Angleterre.

Les origines de la 1ère coalition remontent à la déclaration de guerre de Louis XVI, le 20 avril 1792, après approbation de l’Assemblée Législative, au roi de Hongrie et de Bohême, c’est-à-dire à l’Autriche. Elle va faire face non seulement à celle-ci mais aussi à la Prusse qui lui apporte son soutien et à l’armée des émigrés sous les ordres de Condé. L’invasion de la France sera à l’origine de l’insurrection du 10 août 1792 et des massacres de septembre. Elle est heureusement arrêtée par le général Dumouriez à Valmy le 20 septembre 1792.

Le 21 septembre 1792, la « Convention nationale » a succédé à la « Législative », élue au quasi suffrage universel, mais le scrutin s’est déroulé dans un climat de peur et d’insécurité. Elle siège pour la première fois le lendemain de la victoire de Valmy et proclame aussitôt la République. Essentiellement bourgeoise, elle se partage entre Girondins à droite, Montagnards à gauche et « la Plaine » entre les deux. Le Roi est mis en accusation. Son procès conduit à sa condamnation à mort et il est exécuté le 21 janvier 1793. Pendant ce temps, il s’en est suivi un renversement de situation avec les armées révolutionnaires qui progressent le long de la rive gauche du Rhin, en Belgique et en Savoie.

Ces victoires et surtout la  mort de Louis XVI provoquent une vaste coalition dont l’âme est l’Angleterre pour riposter à la France. C’est la « première coalition » qui regroupe, outre l’Angleterre, l’Espagne, la Hollande, la Prusse et l’Autriche. La France connaît alors de violentes secousses : la trahison de Dumouriez, les défaites à l’extérieur, le soulèvement de la Vendée et de nombreux troubles conduisent à la « Terreur ». Avec Carnot qui réorganise les armées et la « levée en masse », l’ordre est rétabli à l’intérieur et les frontières sont dégagées. La Convention se termine dans les soubresauts évoqués plus hauts.

Heureusement, à l’extérieur, les victoires se succèdent : après la  victoire de Jourdan à Fleurus en juin 1794, la Belgique est rapidement reconquise, les Pays-Bas occupés ainsi que la Rhénanie. A la suite du traité de Bâle (avril 1795), la  paix est signée avec la Prusse puis avec l’Espagne et la Hollande ; seules restent en guerre l’Autriche et l’Angleterre. Avant que ne se sépare la Convention, la France a annexé la rive gauche du Rhin, les Pays-Bas deviennent une république  satellite, et la réunion de la Belgique à la France est proclamée le 1er octobre 1795. Les opérations reprennent  notamment contre l’Autriche.

C’est à ce moment-là qu’intervient la campagne d’Italie.

(à suivre)


LREM, L’AUTRE NOM DE LA GAUCHE.

Lrem logos

 

Le néogauchisme dont la France insoumise est le principal vecteur, renforcé par les idéologies importées des Etats-Unis, a fracturé la gauche française. Et à un an de l’élection présidentielle, les études d’opinion sont toutes convergentes : toutes tendances confondues, elle ne rassemble plus qu’entre 24 et 26%, pas plus. Le total d’intentions de votes à gauche est l’un des plus faibles de toute l’histoire de la Ve République. En fait c’est un trompe l’œil.  Les Français sont toujours globalement partagés.  Mais pour les formations politiques concernées, il y a urgence.  Et la priorité des verts, du PS et autres tendances est de trouver un moyen de se rassembler pour avoir un candidat commun avec l’objectif de passer la barre du 1er tour. Samedi dernier, ils étaient nombreux à se retrouver toute la matinée, à l’initiative de Yannick Jadot qui en rêve, dans un hôtel parisien du 19e arrondissement. N’en manquait pas un ! Si, justement, l’un des principaux, Jean-Luc Mélenchon, parti opportunément rendre visite à ses amis gauchistes d’Amérique du sud dont il admire les régimes totalitaires. Après une matinée de palabres, dispersion avec  clause de revoyure. Autant dire que la réunion a tourné au « bal des faux-culs ». Mais personne ne se demande où sont passés les 25% manquants !

La gauche française n’est pas à l’agonie. Elle a juste changé de nom. 

La réponse tient en un seul constat.  Les mêmes sondages indiquent que 25% des électeurs de Hollande continuent  de voter pour Macron. Eh oui, on voudrait nous faire oublier que Macron est entouré de la plupart des hommes qui constituaient le socle du PS : Ferrand, Véran, Le Drian … et que son groupe parlementaire est composé pour une bonne part d’élus venus de la gauche.

Mieux, son bilan est encore plus révélateur car la politique mise en œuvre s’apparente bien davantage à la poursuite de la politique socialiste de François Hollande qu’à un alignement sur les projets de la droite. Sur le plan économique et financier, la hausse des déficits et des prélèvements obligatoires, la vertigineuse explosion des dépenses de l’Etat, le célèbre et socialiste « quoi qu’il en coûte », autre expression pour « c’est gratuit, c’est l’Etat qui paye », l’augmentation exponentielle de la dette, n’ont fait que prolonger la tendance déjà à l’œuvre avant 2017. De même, sur les questions sociétales, les choix accomplis par les macronistes divergent largement des orientations de la droite et du centre : la PMA sans père remboursée par l’assurance maladie, l’interruption médicale de grossesse à 9 mois pour détresse psycho sociale, et maintenant la tentative d’instaurer l’euthanasie, à quoi il faut ajouter l’explosion sans précédent des flux migratoires, le communautarisme forcené, la flambée de la délinquance et de la violence à laquelle Lionel Jospin n’a rien à envier. Il faudrait ajouter ses contorsions écologistes qui font la part belle aux tenants de la décroissance. Enfin, la repentance qui imprègne la vision du chef de l’Etat qui voit dans l’histoire de la colonisation un « crime contre l’humanité » est un emprunt au néogauchisme.  

Et  pis encore, le recours aux conventions citoyennes pour traiter de sujets fondamentaux est devenu une pratique banalisée du « nouveau monde politique », directement tirée des thèses de la démocratie de proximité chère à Ségolène royal. En fin d’année dernière, à la demande du président de la République, 35 Français ont été tirés au sort pour former un « collectif de citoyens » chargé de « se prononcer sur la stratégie vaccinale en France ». Cette initiative faisait suite à « la Convention citoyenne sur le climat », composée de 150 citoyens, sélectionnés au hasard pour « représenter pleinement la société dans toute sa diversité et sa vitalité ». La méthode est-elle si nouvelle ? D’ores et déjà sous le quinquennat de François Hollande, « une conférence citoyenne », composée de 18 citoyens désignés selon des critères de représentativité de la société française définis par l’IFOP avait été chargée de réfléchir à la fin de vie. Elle avait débouché, à la fin de l’année 2013, sur des conclusions favorables à la « possibilité de se suicider par assistance médicale (dans certaines conditions) ».

Ce portrait du soi-disant « nouveau monde » ressemble furieusement à « l’ancien monde socialiste », y compris pour le nombre des fonctionnaires qui ont continué d’augmenter. Il suffisait seulement de rebaptiser le parti socialiste en LREM, et de débaucher un quarteron d’opportunistes à droite, il y en a toujours, et le tour était joué. Voilà pourquoi la gauche « titulaire » se meurt.  En fait, elle est au pouvoir depuis 9 ans, le quinquennat Macron s’inscrivant très clairement dans la suite de celui de François Hollande. C’est une évidence. Des segments de réforme dite de droite  et un verbe droitier pour le « en même temps » n’y changent rien. Comme s’il suffisait de poser des mots sur les maux de la France pour les faire disparaître. Et voilà pourquoi,  comme beaucoup d’autres qui me le font savoir, en aucun je ne revoterai pour lui.

LR pour sortir de la confusion.

Ce scénario repose sur une contre-vérité entretenue par les transfuges de la droite vers le macronisme : « Ce qu’a fait le président (Macron), la droite en a toujours rêvé mais ne l’a pas fait », et largement reprise par les commentateurs et les  médias.

La responsabilité de la droite est historique. Au moment où elle est clairement l’objet d’OPA, à la fois du Macronisme qui voudrait l’asphyxier et du RN qui s’empare un à un de ses  thèmes pour se rendre plus acceptable, elle a le devoir de s’affirmer haut et clair.

Le cycle électoral qui commence va façonner la gouvernance de notre pays pour la décennie à venir. Face à une gauche fracturée, une majorité présidentielle qui entretient la confusion, un Rassemblement national qui vote systématiquement contre tous les textes régaliens mais qui soigne sa « normalisation », la  droite porte une responsabilité importante. Celle de proposer d’abord dans chaque région, puis à l’élection présidentielle, une candidature intransigeante sur les fondamentaux et déterminée à prôner d’abord puis à appliquer sans faiblesse ensuite les mesures difficiles mais indispensables pour restaurer l’autorité de l’Etat et recréer une « envie »  de reconstruire la communauté nationale pour en faire à nouveau « une Nation ».

A l’heure ou 80% des Français expriment de la méfiance ou du dégoût envers la politique (enquête CEVIPOF), un alignement de LR sur LREM se présenterait comme une manœuvre opportuniste. Quant à un ralliement au Rassemblement national il n’est tout simplement pas pensable. Ces manœuvres ne feraient qu’aggraver l’image de responsables politiques ayant tourné le dos à l’intérêt général et obsédés par leurs intérêts personnels, le partage des prébendes et des privilèges.

L’idée que les LR n’auraient pas de « candidat naturel » touche à la quintessence du renoncement et de la sottise politique. Les tentatives pour l’empêcher d’exister montre assez bien que c’est en raison de sa capacité à apporter les vraies réponses au pays. C’est  bien pourquoi la sphère  médiatique se garde bien de faire écho du travail en profondeur qui est mené depuis bientôt un an. Il y aura évidemment un candidat issu de ses rangs ou de sa sphère. La question n’est pas de porter à l’Elysée un surhomme, un sauveur providentiel, mais de donner à la France un candidat crédible, motivé par le sens de l’Etat et la capacité à s’entourer d’une équipe solide et compétente pour gouverner le pays dans le respect de la démocratie. Et pour cela, il en est largement encore temps.

Les Républicains apparaîtront rapidement comme la seule alternative raisonnable  pour éviter un nouveau duel Macron-Le Pen.

 


NAPOLEON BONAPARTE

Sainte-Hélène, 5 mai 1821, 17h49,  l’Empereur s’éteint. Deux cents ans plus tard nous nous apprêtons  à commémorer sa  mort. Un évènement  qui suscite bien des expositions, bien des émissions de télévision, et même des manifestations avec défilés en habits, colloques  sans oublier les innombrables articles et livres.  Nous saurons tout sur Napoléon,  le  vrai, le faux,  le génie, le despote,  son parcours,  ses amours, sa gloire et ses  erreurs… Certains voudraient qu’on l’efface de notre histoire.  Je ne serai pas de ceux-là. Car  Napoléon est l’une des figures les plus populaires du monde, dont l’aura dépasse largement les frontières de la France. Il est autant connu par la vraie histoire que par la légende qui est née après sa  mort et qui a dominé  les esprits tout au long du XIXème siècle, et même encore aujourd’hui. Son œuvre a été considérable bien que le bilan de son règne soit évidemment contrasté.

Je vous propose donc d’entrer "dans les pas de Napoléon Bonaparte".  Une  histoire que j’ai enseignée pendant de nombreuses années et que je prends plaisir à redévelopper pour le calepin.

 

Bonaparte à BrienneBonaparte à Brienne

Deux mots pour dresser le décor.

Le printemps 1794 est marque par la lutte de Robespierre contre les factions hébertistes et dantonistes. Mais la « Révolution est glacée » comme  le  dit « justement » Saint Just. La dictature de Robespierre et la Terreur, que ne justifie pourtant plus la situation militaire, ne peuvent se prolonger : le 9 thermidor (27 juillet 1794), les robespierristes disparaissent dans le soulagement général. Les thermidoriens représentent la bourgeoisie révolutionnaire qui veut consolider son pouvoir politique face aux sans-culottes et aux royalistes. L’équilibre est difficile à maintenir, et  lorsque  la Convention fait place au Directoire, le nouveau régime ne parvient pas davantage à la stabilisation : une série de coups d’Etat traduit cette lutte sur deux fronts. Une force va dès lors s’imposer et jouer le rôle d’arbitre : l’armée, auréolée de son immense prestige dû aux victoires d’Italie.  Il faut donc s’intéresser au plus populaire de ses chefs, Bonaparte, qui est choisi par le Directoire pour mettre fin à l’anarchie qui s’installe à Paris.

Qui est Napoléon Bonaparte.

Deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, Napoléon est né le 15 août 1769  à Ajaccio, un an après l’annexion de la Corse par la France. Pasquale Paoli avait défendu en vain l’indépendance de l’île ;  il avait été vaincu à Ponte-Novu en mai 1769 et s’était exilé. Charles Bonaparte qui combattait à ses côtés avait alors rallié les Français. C’est grâce au comte de Marbeuf, nouveau gouverneur, que la noblesse d’origine florentine des Bonaparte est reconnue et c’est ainsi que Napoléon eut accès aux écoles d’officiers du continent. Il quitte donc la Corse fin 1778 pour faire ses études. Il sera successivement élève au collège d’Autun, puis de Brienne pour terminer à l’Ecole militaire de Paris dont il sort lieutenant.  Il n’en est pas moins resté Corse dans l’âme. Il n’aura de cesse que de retourner dans son île natale qui devient bientôt un département et où il se mettra au service de Paoli, revenu d’exil. A ce moment-là, il ne voit son avenir qu’en Corse.  Il lui importe peu que la monarchie soit renversée et que la guerre éclate sur le continent.  Mais ses relations avec Paoli sont entachées par la trahison de son père que le chef corse n’a pas oubliée, et quand celui-ci se rapproche des Anglais, Napoléon s’y oppose. Son admiration pour lui s’effondre.  Paoli étant mis hors la loi, Napoléon rejoint les Conventionnels envoyés en mission pour rétablir l’ordre. Mais la tentative pour reprendre Ajaccio aux paolistes échoue. Napoléon est obligé de fuir avec sa famille. Il débarque en France le 11 juin 1793.  C’est sur le continent que s’écrira son histoire !

... 

 


QUAND LES « ASSIMILES » SE REBIFFENT !

La liberté guidant le  peuple bis

 

Rachel Kkan avec  « Racée », Claire Koç avec « Claire, le prénom de la honte », Lydia Guirous avec « assimilation, en finir avec ce tabou français », Sonia Mabrouk avec « Insoumission française », quatre exemples de parcours d’assimilation qui montrent qu’un chemin différent du communautarisme est possible. La publication de ces livres, de leur témoignage intervient au moment où la loi contre le « séparatisme » qui ne dit plus son nom termine son parcours législatif à l’Assemblée nationale.

Françaises à part entière.

Contre  l’idéologie ambiante véhiculée par les réseaux sociaux et nombre de médias complaisants qui voudrait légitimer le discours victimaire, décolonial, genré et racisé, elles ont choisi de devenir françaises à part entière et de le crier haut et fort. Elles ont en commun l’amour de notre pays  et fait le choix de l’universalisme.  Elles démontrent après d’autres comme Jeannette Bougrab, que la France n’est pas un pays raciste et que chacun ou chacune peut s’y épanouir pour peu qu’il ou elle se saisisse des chances offertes par la possibilité de s’instruire quel que soit son statut social, par l’application du principe d’égalité si important pour les femmes issues de  familles musulmanes, par l’appropriation d’une histoire qui peut être aussi la leur.

L’amour de la France.

L’amour de la France peut avoir été transmis par les parents, et évidemment, ça compte, mais Claire Koç nous montre qu’il peut en être autrement, elle qui a choisi l’assimilation contre sa famille. L’amour de la France comme chemin d’assimilation c’est peut-être  Manuel Valls qui le définit le mieux dans son livre « pas  une goutte de sang français » qui sort chez Grasset. Pour « son retour d’exil » comme il dit, il complète la formule par ces mots empruntés à Romain Gary « Je n’ai pas  une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines ! ». Parfait exemple d’assimilation réussie il explique avec humilité qu’en deux ans et demi passés à Barcelone, il a acquis la certitude qu’il était français, que tout le ramène à la France et qu’il a fallu qu’il la quitte pour le comprendre. Son éloignement lui a permis de comprendre ce que ses amis, son épouse lui répètent : «  Tu penses fraçais, universel, comme un républicain, jacobin et laïque ». Comment en arrive-t-on là ?  L’histoire joue un rôle bien sûr et de Napoléon à Clémenceau, elle lui a apporté des références.  Mais aussi les lectures à une époque où la télévision n’était  pas omniprésente : Hugo, Dumas, Péguy, Camus, Zweig, Kafka… ont nourri son esprit d’adolescent.  Tout est dit.

Chacun délivrera un parcours différent selon le contexte et l’époque. Mais tous ces auteurs ont un point de convergence : c’est parce qu’ils ont appris d’une manière ou d’une autre à aimer notre pays. Pour Claire Koç , le déclic a été les  voisins français qui ont servi de modèle. Ils apportaient des plats qu’ils avaient préparés pour les faire goûter à sa famille, comme par exemple le pot-au-feu. Mais elle explique aussi comment  peu à peu, dans son quartier, la France est devenue inexistante.

Les discours de haine.

On ne peut pas s’assimiler si on n’aime pas le pays dans lequel on vit.  Voilà le constat. Et d’autant moins si on vit dans un milieu qui ne manifeste qu’un sentiment : la haine de la France. Quand j’entends Amel Bent proclamer qu’elle préfère brandir un drapeau algérien, pays où elle n’est jamais allée, plutôt qu’un drapeau français, je pense d’abord  à de l’ingratitude, puis je me dis qu’on l’a  probablement élevée dans la haine de notre pays. La  haine de la France, ou la coupure, ou le refus de s’assimiler à défaut de s’intégrer, est venu avec l’antenne parabolique, qui s’est généralisée  dans les années 90.  Elle a été le principal  frein à l’assimilation qui fonctionnait auparavant. Des familles entières se sont mises à vivre à l’heure de leur pays d’origine.  Les Turcs se sont mis à penser Turc, les Algériens à croire Télé Alger. A cela s’est ajoutée la concentration conduisant dans les quartiers à des populations endogames d’où les nationaux de souche se sont petit à petit retirés. Quand les individus sont tous les mêmes, il n’y a même plus besoin de parler français. Et quand tous les commerces, les cafés, les vêtements, les aliments sont à  l’unisson, on sombre dans le communautarisme. Il n’y a plus aucun espace pour la France dans ces quartiers. Et quand en plus la religion vient imposer une chape de plomb, le piège communautaire se referme complètement. Le séparatisme s'impose. 

Autant de cris d’alarme.

Mais si ces ouvrages sortent aujourd’hui, ça n’est pas le fait du hasard. Ils sont autant de cris salutaires pour dénoncer les méfaits de cette vague portée par le néogauchisme, avec les idées venues des Etats-Unis, qui prônent le racialisme, l’identité, le décolonial qui fait de la race blanche la porteuse du malheur du monde, idéologie obscurantiste qui nous vient d’un pays où l’on refuse d’enseigner la théorie de l’évolution  et  où les écoles sont obligées de suivre les préceptes du « créationnisme ». Ces auteurs veulent nous alerter, nous ouvrir les yeux sur le grave péril qu’elles font courir à notre pays, en voulant anéantir notre conception de l’Universel qui a fait rayonner la France à travers le monde entier.  

La  méritocratie.

Voilà pourquoi il est urgent de rétablir le prestige de l’école, et particulièrement dans les  quartiers concernés.  C’est par le savoir et le mérite qu’on redonnera le goût de l’assimilation.  Une lourde tâche qui attend les prochains gouvernements. Comme  le disait Atatürk : « Ce n’est  pas grave de ne pas savoir. Ce qui est honteux, c’est de ne pas vouloir apprendre ! ». Il va donc falloir prendre tous les problèmes à bras-le-corps.  Il faudra lutter contre l’oppression d’une minorité qui veut imposer la loi communautaire  par la terreur intellectuelle ;  il n’est pas normale qu’une Claire Koç reçoivent des tombereaux de menaces plus sinistres les unes que les autres et doivent faire l’objet d’une protection policière. Il faudra mettre fin au lobbying des puissances étrangères pour exercer leur influence sur les populations issues de leur pays, et qui infiltrent les associations, les partis politiques en imposant des concepts incompatibles avec les lois républicaines. Il faudra être vigilant sur le rôle de l’école et lui donner les  moyens de s’imposer dans les quartiers, afin qu’elle soit en mesure d’inculquer la culture française, qui ne veut pas dire rejeter la culture d’origine, et surtout  apprendre à être fier d’être un citoyen français. Le principal moyen d’entrer dans la nation c’est d’apprendre le français, sans quoi il ne peut se développer un sentiment d’appartenance. 

L’élection du prochain président de la République sera donc déterminante. Ce serait mieux qu’il soit de droite, pour une raison simple : aujourd’hui,  c’est elle qui porte l’idéal d’universalisme  et  qui veut rétablir la méritocratie. La gauche est aux abonnés absents.  Macron est nulle part. 

 

Des  livres à lire absolument !

Rachel Khan, « Racée », chez l’Observatoire

Claire Koç, « Claire, le prénom de la honte », chez Albin Michel

Lydia Guirous, « assimilation, en finir avec ce tabou français »,  chez l’Observatoire

Sonia Mabrouk, « Insoumission française », chez l’Observatoire

Manuel Valls, « Pas une goutte de sang français », chez Grasset.

 


LES REGRESSISTES (3)

Je continue à publier les articles qui argumentent sur le néogauchisme.  Voici une nouvelle tribune publiée par Le Figaro récemment.

Philippe d’Iribarne: «La folie “woke” et décoloniale, fille de l’utopie de l’égalité parfaite propre à l’Occident»

Iribarne

Figure importante du paysage intellectuel français Philippe d’Iribarne est auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sont des classiques dont La Logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales (Seuil, 1989) et L’Étrangeté française (Seuil, 2006).

TRIBUNE - Le sociologue, X-Mines, directeur de recherche au CNRS analyse avec une exceptionnelle clarté les racines du mouvement «woke» et décolonial, né dans les universités américaines et qui progresse de façon fulgurante en France. Les pays occidentaux sont victimes de leurs intentions élevées et des objectifs écrasants et utopiques qu’ils s’assignent, explique le penseur.

La fracture de l’opinion provoquée par l’émergence du mouvement «woke» aux États-Unis et du mouvement décolonial en France paraît radicale. Les débats provoqués en France, jusqu’au sein de la majorité, par la loi «confortant le respect des principes de la République» en témoignent. L’université offre maintenant un terrain de choix à la manifestation de cette fracture. Entre ceux qui, tels nos ministres de la Recherche et de l’Enseignement supérieur ou de l’Éducation, dénoncent l’islamo-gauchisme qui y sévit et ceux qui, telle la Conférence des présidents d’université, défendent bec et ongles les orientations ainsi mises en cause, tout dialogue paraît impossible. Cette radicalité est intimement liée à la mutation qu’a connue la promesse d’égalité au cours du dernier demi-siècle.

Dans l’élan premier des Lumières, l’égalité des peuples, des cultures, était vue comme un horizon qui ne pourrait être atteint que grâce à une action intense de civilisation, d’éducation, menée par le monde occidental en faveur des peuples les moins «avancés». Le Pacte de la Société des nations de 1919 témoigne de cette vision. Ainsi son article 22 évoque les territoires «habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne». Il affirme que «le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation», et que «la meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui (…) sont le mieux à même d’assumer cette responsabilité».

Cette vision est encore présente dans la Charte des Nations unies de 1945, bien que celle-ci mette en avant, d’emblée, le «principe de l’égalité de droits des peuples» et affirme de manière réitérée le refus des «distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» (articles 1, 13, 76). Son chapitre «Déclaration relative aux territoires non autonomes» invite encore (art. 73) à aider les populations «dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses populations et à leurs degrés variables de développement ».

De nos jours, cette vision inégalitaire fait scandale. Il est hautement affirmé que tous les peuples, toutes les cultures, toutes les religions, toutes les manières de vivre, se valent tels qu’ils sont ; que, certes, il peut exister dans chaque société des individus qui diffèrent, pour reprendre les termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, par «leurs vertus et leurs talents», mais que ces qualités se retrouvent également distribuées dans tous les peuples et, au sein d’un peuple, dans toutes ses composantes ethniques ou religieuses. Affirmer le contraire relève de préjugés racistes qui méritent la condamnation la plus vive.

Or, en dépit de cette affirmation solennelle, de grandes disparités demeurent, entre les peuples et au sein de chaque peuple, dans les sorts réservés à ceux qui diffèrent par leur culture, leur religion ou leur couleur de peau. Ainsi, dans les universités américaines, les Noirs réussissent nettement moins bien et les Asiatiques beaucoup mieux que les Blancs. En France, ceux qui ont un prénom musulman ont plus de mal à trouver un emploi que ceux qui ont un prénom chrétien. La promesse d’égalité parfaite et immédiate se révèle mensongère et rien ne laisse présager qu’elle cessera bientôt de l’être.

Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs

Comment donner sens à ce hiatus ? Logiquement deux interprétations paraissent possibles. L’une, qui relève du réalisme sociologique, est que l’on n’efface pas en un jour les effets de l’histoire ; qu’à chaque époque il a existé des civilisations plus brillantes que d’autres ; qu’il faut distinguer la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains, qui va de soi, de l’objectif d’égalité immédiate entre tous les peuples, toutes les cultures, tous les groupes humains, qui relève de l’utopie. Mais une telle interprétation ne peut être vue que comme un retour intolérable à des temps définitivement révolus.

L’autre interprétation part du caractère sacré de la promesse, fondement de l’appartenance à une humanité commune de ceux et ceux seuls qui la respectent. Mais reste alors à expliquer pourquoi elle n’a pas plus de prise sur le monde réel.

Le mouvement «woke» et le courant décolonial apportent une réponse radicale. Pour eux, si la promesse n’a pas été tenue, c’est du seul fait de la résistance de dominants attachés à leurs privilèges. Affirmer que certains groupes humains ou certains individus membres de ces groupes sont responsables de leur situation défavorable n’a pour objet que de permettre à ces dominants de jeter un voile sur leurs menées. Les coupables sont clairement identifiés: ce sont les Blancs racistes, esclavagistes, colonisateurs, qui ont mis la planète en coupe réglée. Cette vision a un caractère transcendantal (qui est connu a priori et non pas fondé sur l’expérience, NDLR), au-delà de tout besoin de confirmation ou de possibilité d’infirmation reposant sur des données de fait.

Cette mise en avant de l’infinie culpabilité des Blancs alimente une représentation totale de la vie sociale portée par tout un vocabulaire: privilège blanc, racisme systémique, appropriation culturelle, etc. Ainsi, si certains «racisés» ont du mal à trouver un emploi, il est impensable d’envisager que les employeurs cherchent simplement à embaucher ceux dont le profil laisse augurer qu’ils sont les plus à même de contribuer à la bonne marche de leur entreprise. Il va de soi que la prospérité économique de l’Occident est fondée sur l’exploitation du travail des esclaves noirs et il est indécent de l’attribuer au génie inventif et à la capacité d’organisation dont l’Occident a fait preuve. Si les figures de l’art, de la pensée et de la science célébrées dans le monde occidental, et bien au-delà, tels Kant, Pascal, Rembrandt, Bach, Shakespeare, Dante, Dostoïevski, Cervantès ou Einstein, sont essentiellement blanches, c’est l’effet d’un complot des Blancs conduit à dissimuler les figures non blanches. Etc.

Entre croyants (ceux qui sont engagés dans le mouvement «woke», les tenants d’une approche décoloniale) et incroyants il n’existe pas de terrain commun au sein duquel échanger des arguments.

Pour les incroyants, ce mouvement est sans doute explicable par la souffrance de ceux qui se sentent victimes d’une promesse trahie mais n’est pas intellectuellement respectable. Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs ; par exemple de déclarer la colonisation blanche crime contre l’humanité et de porter au pinacle la colonisation arabe, notamment en Espagne ; ou encore de dénoncer une «appropriation culturelle» quand des Blancs se permettent d’interpréter une musique «noire» mais de parler de manque de diversité à fondement raciste quand les Blancs dominent au sein des orchestres symphoniques voués à une musique «blanche». Il échappe à toute logique de considérer comme monstrueux l'esclavage perpétré par les Blancs alors que, perpétré par des Arabes ou des Noirs il ne mérite aucune attention. Et comment accepter que l’histoire de l’Occident soit réécrite à la manière d’une histoire de la Révolution française qui serait centrée sur la Terreur, les massacres de Septembre, et le génocide vendéen, pendant qu’une approche hagiographique prévaut quand il s’agit d’autres civilisations?

De plus, les incroyants ne se privent pas de souligner ce qui leur paraît le plus outré dans l’approche décoloniale. L’affirmation selon laquelle les Blancs devraient toute leur pensée aux Grecs qui eux-mêmes devraient tout aux Égyptiens, lesquels étaient noirs, et qu’ils doivent donc toute leur pensée aux Noirs leur paraît une pure fable. Ils ne peuvent croire que si, dans les expressions «idées noires», «âme noire», «noirs desseins», etc., le terme noir a une connotation négative, la source en est l’association du mot noir à l’esclavage que les Noirs ont subi du fait des Blancs et non une opposition entre la lumière et les ténèbres. Et quand, pour écarter toute objection, la réponse (que l’on trouve par exemple dans une vidéo célèbre concernant l’université américaine d’Evergreen) est que l’appel à l’objectivité, l’attention aux faits, est une invention perverse de Blancs, les incroyants se voient conforter dans la conviction que ce courant de pensée est bien peu sérieux.

Par ailleurs, la place que tient la cancel culture, la création de safe spaces où les croyants sont mis à l’abri de pans entiers de la réalité, apparaît aux incroyants comme liées au besoin de ces derniers d’être protégés de ce qui pourrait faire éclater la bulle de certitudes qu’ils habitent.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la « science prolétarienne » de jadis

Mais, pour les croyants, tout cela n’est qu’arguties qui ne tiennent pas face au scandale que représente la radicalité du privilège blanc qui, avec sa dimension raciste, viole les principes les plus sacrés qui doivent inspirer la vie de l’humanité. Ces arguties se trouvent disqualifiées par le fait qu’elles légitiment le maintien d’un tel privilège et il est hors de question de leur accorder quelque valeur que ce soit. Ceux qui en font usage ne méritent pas d’être écoutés et les interdire de parole, comme l’implique la cancel culture, relève de l’objectif vertueux d’empêcher de nuire des représentants du mal. Leur donner la parole, débattre avec eux, reviendrait à accorder au mal un statut égal à celui du bien.

C’est dans ce contexte que prennent sens les affrontements actuels portant sur le monde de la recherche, la place qu’y tient l’islamo-gauchisme, les mérites des courants décoloniaux, la dénonciation par les étudiants d’enseignants déclarés racistes ou islamophobes et l’autocensure de ceux qui craignent d’être regardés comme tels. La vision décoloniale, affirme ses croyants, s’appuie sur des travaux de recherche menés dans des institutions prestigieuses et conduisant à des publications savantes dont seuls les tenants d’une forme de suprématisme blanc peuvent contester la pertinence. Ce n’est pas, affirment-ils, l’idéologie «woke» qui a perverti le monde de la recherche, mais le résultat de recherches de qualité qui alimente les convictions correspondantes. Mais cette affirmation laisse ouverte la question de portée générale de la scientificité des travaux académiques et de la qualité du contrôle de cette scientificité.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la «science prolétarienne» de jadis. Les recherches tendant à démontrer l’absence de nocivité du tabac ou des perturbateurs endocriniens ont été marquées par de telles dérives, y compris quand elles étaient réalisées au sein des universités. On peut penser aussi aux travaux d’économistes de renom qui ont légitimé les pratiques, tels les subprimes, au cœur de la crise financière de 2008. De manière générale, il n’est pas difficile de biaiser les résultats d’une recherche tout en sauvant les apparences. Il suffit de sélectionner les données dont il est fait état et de les interpréter en fonction de ce que l’on souhaite démontrer.

Prenons, à titre d’exemple, la manière dont la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’y prend pour démontrer que la société française est islamophobe. Le parti adopté est d’écarter tout élément permettant de rattacher des réactions négatives à l’égard de l’islam à la réalité de celui-ci, ce qui permet de mettre ces réactions au passif de la population majoritaire. Ainsi, le rapport mentionne bien «un conflit de valeurs, considérant la religion musulmane et ses pratiques en contradiction avec le principe de laïcité et avec les droits des femmes et des minorités sexuelles». Mais, et c’est là que la pensée glisse, loin de considérer que ce conflit est à la source de réserves légitimes envers l’islam, il affirme que ceux qui le mettent en avant sont coupables d’«inverser la causalité et de rejeter la responsabilité du racisme sur ceux qui en sont les victimes». La manière même dont sont libellées les questions dont le rapport fait usage relève de cette stratégie. Ainsi, il n’est pas demandé si certains comportements associés à l’islam sont incompatibles avec les valeurs républicaines, mais si «certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes». Du coup, une majorité des personnes interrogées n’a pas d’autre choix que de déclarer que des comportements «racistes» sont justifiés, ce qu’il s’agissait justement de démontrer.

Que nous réserve l’avenir ?

On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste. Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie «woke» est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ?

 


« GOUJATERIE A ANKARA »

Erdogan Van Der Leyen

 

C’est le dernier film sorti en Turquie, avec à la mise en scène et comme principal Acteur Recep Tayyip Erdogan, avec la participation exceptionnelle de Charles Michel, président du Conseil européen et Ursula Van Der Leyen,  présidente de la Commission européenne. 

La « Sublime Porte » est devenue aujourd’hui, avec le pseudo descendant du « califat » en la personne de Erdogan, le modèle de ce qui se fait de pire en matière d’indignité. Recevant le président du Conseil européen, Charles Michel et la présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula Van der Leyen, le président turc a placé Mme Van der Leyen sur un siège disposé à l’écart, ce qui a provoqué un tollé justifié dans les instances européennes de Bruxelles. Les deux hauts représentants de l’Europe s’étaient rendus à Ankara pour demander à Erdogan des explications sur le retrait de la Turquie de la « Convention internationale d’Istanbul » consacrée au droit international des femmes. On peut se demander si le piège ainsi tendu à Ursula Van der Leyen n’a pas été conçu par la diplomatie turque pour trancher le débat avant même le début de la conversation. Ce faisant, Erdogan s’est conduit comme un homme cynique, un malappris qui étale son mépris des femmes et en même temps de l’Europe dans laquelle il voudrait pourtant entrer.  

Les mauvaises manières de la diplomatie turque.

Maître chez lui,  le Petit Mamamouchi d’Ankara a cru bon d’infliger une humiliation à la présidente de la Commission qui, après un instant d’hésitation, s’est assise à l’écart, ce qui ne l’a pas empêchée de défendre la Convention pour les femmes avec opiniâtreté. Les mauvaises manières sont devenues la marque de fabrique de la diplomatie turque et d’un potentat qui multiplie les gaffes délibérées. Cette fois-ci encore, la manœuvre a parfaitement réussi : les médias se sont emparés de l’incident en ne s’intéressant qu’au scandale de la mise en scène, en occultant l’entretien dont on ne saura que peu de choses, ce qui était le but recherché. C’était une manière d’informer d’entrée de jeu Van der Leyen que son pays ne réintègrerait pas la Convention. N’oublions pas que le Turc siège au Conseil de l’Europe et fait toujours partie de l’OTAN !!!

Charles Michel : un hubris fait de lâcheté.

Mais si on déplore la goujaterie du président turc, on peut aussi s’indigner encore plus fort du comportement de Charles Michel qui, au lieu de participer complaisamment au scénario, aurait dû avoir l’élégant réflexe de donner son siège à sa collègue, ce qu’il n’a pas fait, s’asseyant confortablement et étendant ses jambes pour se relaxer. Tous les personnels européens ont réagi avec vigueur. Il s’est excusé du bout des lèvres, constatant simplement que la rencontre n’a pas été inutile. Rien de plus dangereux pour l’Europe que de prendre de tels accommodements avec une démocratie vidée du droit et décidée à imposer son modèle à une Europe veule. Dans toute politique, l’important est le symbole. En Europe, l’incident n’est pas passé inaperçu  mais les peuples européens semblent ne pas avoir accordé  à l’épisode beaucoup  d’importance, habitués qu’ils  sont  au manque de fermeté face à Ankara.  Les nombreuses associations féministes qui s’égosillent dans des manifestations en France auraient une conduite plus judicieuse si elles s’en prenaient à l’homme qui affiche son mépris et sa haine  des femmes, en abolissant un texte qui fut signé, coïncidence étonnante, à Istambul.

Un pas de plus vers l’obscurantisme.

M. Erdogan veut enterrer le modernisme qu’avait insufflé Kemal Ataturk à son pays en instaurant la laïcité et la suppression du port du voile pour les femmes, synonyme d’égalité.  Il rêve de retrouver un leadership dans le monde musulman sous l’influence des  alliances qu’il a nouées avec les « Frères Musulmans » et les pays  les plus conservateurs, dans le cadre de la triplice turco-irano-qatarie. Kemal Ataturk doit se retourner dans sa tombe.  Avec  la  mise en scène de cet entretien, il adresse aussi au peuple turc un message en vertu duquel jamais une femme, fut-elle qualifiée, ne changera ses projets de retour vers le Moyen-Age. C’est peut-être judicieux sur le plan tactique, mais c’est désastreux sur celui des intérêts bien compris de la Turquie, qui n’a jamais eu autant besoin de l’aide technologique et financière des Européens qu’il tente de remplacer par l’afflux des capitaux en provenance du Qatar.

Arrogance sans limites.

On ne dissertera jamais assez sur le comportement d’un chef d’État, par ailleurs assailli par de graves problèmes nationaux et par la chute de sa monnaie, qui surfe pour se maintenir sur la crête d’un nationalisme belliqueux aggravé par une politique de force dont il n’a pas réellement les moyens et qui détourne son budget vers les conquêtes militaires au détriment d’un peuple besogneux dont le niveau de vie ne cesse de baisser. On sait qu’il se maintient au pouvoir par la manipulation des préparatifs électoraux, les  provocations contre la Grèce, la persécution des Kurdes et des Turcs qui les soutiennent, les interventions multiples en Arménie, en Libye, en Méditerranée, en Syrie ou des milices déchaînées tirent sur tout ce qui bouge. Il ne faut donc rien attendre de cet individu mû par la haine. Profitant de la déstabilisation du Moyen-Orient provoquée par la pandémie et le crash des hydrocarbures, la Turquie de Erdogan a passé l’année 2020 à pousser son avantage pour tenter de reconquérir une hégémonie régionale  dans la perspective de ressusciter une sorte de califat ottoman. Il fait comme si la Turquie était une grande puissance, capable de projeter à l’étranger des opérations militaires susceptibles de modifier les équilibres géographiques. C’est dans ce cadre qu’il faut situer la réislamisation le 24 juillet 2020 de l’antique basilique byzantine Sainte-Sophie, rendue au culte musulman, dont Atatürk avait fait un musée  il y a quatre vingt cinq ans. Provocation hautement symbolique  qui a laissé l’Europe de marbre… ou presque, mais qui était une réponse aux accords signés le 13 août 2020 entre  les Etats sunnites, Arabie et Emirats avec Israël, dits  « accords d’Abraham », sous l’égide américaine.  Ceux-ci ont été passés pour faire face à la surenchère de la triplice.

L’initiative européenne était donc importante si elle voulait  signer un refus de se laisser marginaliser. Il serait temps qu’elle tienne la dragée haute à ce fauteur de troubles et qu’elle lui impose des sanctions économiques et commerciales. Il serait temps que l’Europe défende avec ardeur les valeurs de la démocratie parlementaire, sans craindre les risques qui seront pris. Et cela d’autant plus que Erdogan est capricieux, condamné à la fuite en avant perpétuelle. Mais il ressemble à ses maîtres, Poutine et Xi. Ils ne comprennent que le langage de la force, cette force que les Européens, sous la houlette de moins en moins assurée de la chancelière Angela Merkel, cherche à retenir au profit d’une diplomatie plus sereine. À force de rester sereins, nous finirons par aller chercher ordres et projets  chez les fossoyeurs de la démocratie.

 


L’EUROPE A TOUJOURS BON DOS !

Covid vaccination

 

Le moment viendra pour juger à partir de la pandémie du Covid 19 de la qualité de la gouvernance des nations et de la résilience de nos sociétés. Il est, à mon avis, bien trop tôt pour tirer des conclusions sur la hiérarchie entre les nations et les continents qu’elle aura redessinée. D’abord parce que la crise n’est pas terminée, y compris pour ceux qui croient qu’ils en sont sortis. Et contrairement à ce que nombre d’observateurs, le plus souvent europhobes, affirment dans la précipitation, le déclassement de l’occident n’est pas du tout acté face à l’Asie, et encore moins celui de l’Europe au sein de l’occident. On peut seulement affirmer sans trop se tromper, que,  sans avoir un bilan aussi calamiteux dont on l’accable, la France a perdu quelque peu le  contrôle de la situation sanitaire par la défaillance d’un Etat obèse et impuissant dont la bureaucratie omnipotente a fait la démonstration de ses lenteurs et de ses errements. Le moment venu, il faudra en tirer lucidement les enseignements.

Ah, ces vaccins !

S’il y a un sujet sur lequel tout le  monde s’en est donné à cœur joie, c’est bien celui des vaccins. Comparaison n’est pas raison. Il faut souligner ici à quel  point le débat public et médiatique, procédant en permanence à des comparaisons internationales, s’est organisé autour d’indicateurs et de chiffres « non maîtrisés », pour rester correct. Tous les jours, au Parlement, à la télé, les critiques  de tous bords pleuvent, des experts pérorent, des chroniqueurs ricanent, surfant sur l’air du temps, sans que ni les uns, ni les autres n’aient une connaissance suffisante, vérifiée, de la réalité. Et revient en boucle  l’accusation : l’Europe est responsable du retard  pris par la vaccination sur le continent et en France. Tellement facile. Et de prendre à témoin la Grande Bretagne de Johnson, les Etats-Unis, et même la Russie, ce qui est un comble, quand on connaît la « transparence » de son pouvoir.

Il est temps de rétablir quelques vérités fiables parce que vérifiables.

Oui, la centrale d’achat des vaccins mise en place par la Commission européenne  n’a pas été d’une gestion optimale. Créée à la demande des Etats alors que la santé n’est pas une compétence  partagée, on peut comprendre qu’elle ait été d’abord précautionneuse, donc un peu lente. Et sa négociation avec les labos a probablement, au départ, manqué de technicité, d’autant plus qu’elle se faisait sous l’œil sourcilleux des parlementaires européens, de nombreux eurodéputés penchant du côté de la réticence et de la temporisation. Mais il est faux de dire que l’Europe se soit  fait dépasser par la Grande Bretagne, la preuve en est que les contrats qu’elle a signés avec Astrazeneca, l’ont été la veille de la signature de ceux de sa gracieuse majesté. Si les  vaccins ne nous ont pas été livrés comme il était prévu, c’est à cause de  la  pression d’un Premier Ministre, peu respectueux de sa signature, coutumier des méthodes de voyou, mis le dos au mur par sa gestion désastreuse de la pandémie  dans son pays, et prêt à tout pour se refaire une santé aux yeux de son peuple, alors que de son côté, l’Europe tenait ses engagements. La Grande Bretagne a fait le choix de vacciner avec une seule dose dans un premier temps, reportant la seconde aux calendes grecques. Un pari fou qui a marché pour l’instant mais qui aurait pu tourner à la catastrophe. Sauf que maintenant le temps presse pour lui et il aurait bien besoin de doses que l’Union Européenne réserve désormais en priorité à sa population. Si nous avions reçu les 100 % de vaccins AstraZeneca qui nous étaient contractuellement destinés, l'Union européenne serait aujourd'hui au même niveau que la Grande-Bretagne en termes de vaccination. Les Etats-Unis, eux, ont choisi l’autarcie : « on garde tout ce que l’on produit pour nous et on ne partage pas ». Sans solidarité internationale, l’Europe s’est  organisée pour faire face. A la fin de l’été, il sera temps de faire les comptes.

L’Union européenne n’a pas à rougir.

L’Union européenne ne mérite pas l’hystérie dont elle fait l’objet. Pour les uns, c’est parce qu’elle ne devrait pas exister, pour les autres parce qu’elle est un bouc émissaire commode. Convenons d’abord d’une réalité incontournable : le début de la vaccination a commencé sous le signe d’une pénurie structurelle. Les Européens, parce que c’est leur culture, n’auraient pas accepté les risques pris par les Etats-Unis et la Grande Bretagne pour rattraper le temps perdu sur l’épidémie grâce à la vaccination. Par ailleurs, on ne produit pas 800 millions de doses du jour au lendemain ! Les performances de stratégies de commando comme l’a pratiquée Boris Johnson ne pouvait se faire qu’au détriment de tous, ce qui était gagné par lui était forcément perdu pour les autres. Le Brexit n’a rien à voir là dedans. On n’a  pas beaucoup communiqué sur le travail que l’Union a effectué et c’est dommage.  Dès le 5 février elle a nommé le Commissaire à l’Industrie, Thierry Breton, à la tête d’une « task force » chargée de produire le plus rapidement possible sur le continent les vaccins dont nous avons besoin. Début avril, le dispositif est en place et 52 usines sont  en capacité de produire. D’ici l’été, la montée en puissance va permettre de fournir les dizaines de millions de doses à toute l’Europe pour atteindre le plus tôt possible, autour de la mi-juillet, le seuil d’immunité qui empêchera le virus de se propager et arrêter ainsi l’épidémie : 14 millions de doses ont été livrées en janvier, 28 millions en février et 60 millions en mars ; pour le trimestre suivant, nous passons à 100 millions en avril, mai et juin ; puis 120 millions à l'été et nous atteindrons un rythme de croisière de 200 millions à partir de septembre. Dès le dernier trimestre de l’année, l’UE sera à même d’envoyer en Afrique tous les vaccins nécessaires. On verra alors qui s’en est sorti le mieux et qui est capable de contribuer à éradiquer sur toute la planète cette saloperie de virus, garantie qu’il ne nous revienne pas sous la forme de variants divers et variés. L'Europe sera le premier continent en matière de production vaccinale dès la fin de cette année, avec une capacité de production de près de 3 milliards de doses par an. Me revient alors à l’esprit le slogan d’une campagne européenne avec Nicolas Sarkozy : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! ».

On ne se sauvera pas tout seul.

Il est  déraisonnable de penser que chacun aurait pu faire mieux en restant chacun dans son coin, à l’abri chez lui, face à une pandémie qui se  joue de toutes les frontières. Qui peut imaginer que la France, pays divisé, ankylosé par son principe de précaution, bureaucratique et incapable de produire son propre vaccin, le seul des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU à être dans ce cas, aurait pu tirer correctement son épingle du jeu dans un affrontement au chacun pour soi. Et à quel prix ? Au contraire, il paraît plus réconfortant d’avoir participé à un ensemble qui a choisi la solidarité et comme règle le partage équitable entre tous ses membres des doses disponibles.  Il a pu y avoir des impatiences ici ou là,  mais elles n’ont plus lieu d’être dès lors que la production arrive à faire face aux besoins. Oui, l’Union européenne a fait un choix collectif de prudence et de précaution. Qui l’en blâmerait ? L’administration bruxelloise, a fait preuve de prudence et de responsabilité comptable, comme on le lui demandait. Elle a, en réalité, parfaitement rempli sa mission. Si certains chez nous, l’accablent pour sa lenteur, n’est-ce pas en raison de la mauvaise gestion du freinage de la pandémie, l’autre moyen de ralentir sa progression.

Il est tellement facile de mettre sur le dos de l’Europe ce qui relève  de nos propres insuffisances. Mais ce n’est pas une attitude nouvelle. Et la France est loin d’être exemplaire quant à sa responsabilité.

 


RANTANPLAN ET TRISTE SIRE

Ed Philippe

 

Avec son ami Gilles Boyer, Édouard Philippe publie un livre intitulé « Impressions et lignes claires » (1) qui offre un large horizon sur sa conception de la politique, sans toutefois apporter la moindre révélation sur les trois ans qu’il a passés à Matignon. A en croire la longue interview que Le Point accorde à l’ancien premier ministre, on n’apprendra rien sur les relations parfois tendues entre Matignon et l’Elysée. C’est selon le Rantanplan de la politique, qui s’est associé à son « Triste Sire* », pour commettre l’ouvrage, être au-dessus du « menu fretin » quand il s’agit de l’éthique et de la dignité. Deux qualités qui lui ont furieusement manqué  quand il s’est agi de rallier la macronie, en loucedé, caché sous une couverture dans une voiture, pour ensuite renier tous ses engagements, y compris en soutenant aux législatives suivantes des candidats contre ceux dont il avait exigé l’investiture aux Républicains.

"Les manettes".

Ce livre n’est pas plus le signe avant-coureur d’une nouvelle trahison, une candidature à la présidence de la République en 2022, ce que confirme l’intéressé dans l’entretien. Mais alors à quoi bon écrire un livre, si  c'est pour ne rien dire. Car ce n’est ni un  programme politique, ni une profession de foi, ni l’esquisse de ce que serait une présidence sous son nom.  On n’y apprend qu’une chose, peut-être pour se justifier, c’est qu’il continue de croire que le clivage gauche-droite est obsolète, alors que l’expérience et l’observation de tous les jours prouvent le contraire, mais l’homme est paraît-il têtu. On retiendra d’ailleurs de son passage à Matignon que sa politique a essentiellement consisté à prolonger celle de François Hollande, qu’il s’agisse de la dette ou des lois sociétales. Contrairement à ce qu’il affirme comme faisant partie de ses convictions, il a été surtout celui qui a consacré l’effondrement de l’autorité de l’Etat. Il est celui qui a abandonné le projet de  Notre-Dame des Landes, cédant à quelques dizaines de zadistes ultra-violents, en piétinant le droit, tous les  recours ayant échoué, et la démocratie avec le referendum. Il dit : « J’aime être aux manettes », un contrepoint de son incompétence.  Où était l’homme qui « aime être aux manettes », quand il accourait affolé au Ministère de l’Intérieur pendant que les  émeutiers mettaient à sac l’Arc de Triomphe, alors que les blindés de la gendarmerie cantonnés à Versailles attendaient des ordres pour intervenir ? Le même qui passait les forces de l’ordre en revue au bas des Champs-Elysées, image surréaliste, pendant que les black blocs déguisés en gilets jaunes, quelques centaines de mètres plus haut, mettaient le feu chez « Maxim’s » ? Aux manettes peut-être, mais il avait perdu les pédales !

De cela, on n’a rien à faire.

Il ne faut considérer le livre ni comme un coup d’envoi de sa candidature, ni comme un règlement de comptes avec Macron, il en est loin, ni même comme un ouvrage pour vous divertir en vous révélant les secrets de Matignon. « Le Point » publie quelques extraits de l’ouvrage. On y découvre les humbles origines de l’ex-locataire de Matignon, sa modestie qui va si bien à son air bonhomme et qui  dit aux Français « ce qu’il savait  et ce qu’il ne savait pas ». Un politicien qui reconnaît qu’il ne sait pas tout dans un monde où il est désormais possible de tout savoir : Rantanplan, quoi !  On se demande ce qui a tellement plu aux Français puisque dit-on, il serait le plus populaire de France. Qu’il se reconnaisse non seulement dans l’exercice du pouvoir, mais aussi dans le peuple qu’il a eu à gérer, en avouant publiquement les incertitudes liées à sa fonction, nous fait une belle jambe et cette manière  de dire les choses sans jamais les affirmer complètement confine à "l’enculage de mouche", excusez la trivialité. En fait, cette tentative de nous expliquer son succès par ce qu’il est lui, personnellement, confirme s’il en était besoin que notre démocratie est tombée bien bas. Une preuve du nivellement par le bas qui est à l’œuvre depuis plus de trente ans et dont il serait la partie visible de l’iceberg.

On aurait aimé savoir…

Les raisons de sa rupture avec le président restent mystérieuses. On y a vu le jeu naturel du couple exécutif, mais alors, on peut légitimement se demander en quoi c’était nécessaire si les deux hommes partageaient autant d’idées. On ne saura jamais comment il aurait géré la suite de la crise sanitaire. On se souvient seulement des mensonges érigés en vérité sur les masques et sur les tests et des grandes mises en scènes de ses conférences de  presse, assorties de son croque mort, Jérôme Salomon. De la com’ pour faire oublier le réel. Ce livre aurait pu être l’occasion de raconter  pourquoi Alain Juppé a échoué et quelle part son acolyte et lui ont pris dans cet échec, puisqu’ils dirigeaient la campagne. Comment ils ont enfermé le candidat en le coupant d’un entourage qui aurait pu lui être utile. Comment ils l’ont fait aller sur les thèmes qui l’ont desservi en oubliant qu’il fallait avant tout parler à la droite dans la primaire qui s’adressait prioritairement à elle, alors que Juppé avait écrit un ouvrage remarquable sur l’autorité de l’Etat. D’ailleurs on apprend au détour d’une question, qu’avec Gilles Boyer, ils avaient évoqué avec Alain Juppé la possibilité de nommer Macron à Matignon en cas de succès à la présidentielle. Il y avait bien une préméditation à la trahison. C’est ce qui arrive quand on est profondément convaincu que le clivage gauche-droite n’est plus de ce temps et qu’il faut le transcender.

"Anti Jupiter".

Il joue le rôle de l’anti-héros, un Poulidor, l’image inversée de Macron. C’est peut-être  là que se trouve la clé de l’énigme de sa popularité. Autant le Président  montre chaque jour, par ses maladresses, son dédain du peuple, autant « Ed » a plu au peuple dans son passage à Matignon, par sa timidité apparente, sa manière de relativiser les choses, sa riposte éloquente bien que souvent de mauvaise foi aux élus de l’opposition qui lui rappelaient des vérités gênantes. Il fait découvrir par un long coup de projecteur ce qu’est l’exercice du pouvoir en France, qui apporte beaucoup plus d’inquiétude, et même de peur, que de bonheur. L’hyper technocratie incontrôlable y apparaît en filigrane. L’exécutif a d’immenses responsabilités et doit trancher chaque jour sur les événements les plus anodins. Matignon est un enfer. Mais on le savait déjà. ». On pourrait croire à  l’absence « d’hubris ». En fait, c’est le point de vue d’un boxeur qui joue la modestie en prenant des coups, et qui aime ça. Voilà donc un livre qui voudrait combler le vide de l’absence, de l’éloignement du pouvoir. On n’y apprendra pas grand-chose sinon que l’auteur principal est un esprit « emberlificoté » comme le dit Bruno Jeudy. On y découvre surtout qu’Edouard Philippe est un quidam ordinaire.

Opportuniste.

Faire son retour médiatique sur la « 2 » le soir de Pâques, il faut le faire, surtout quand on n’a pas la foi. Est-ce pour autant une « résurrection » ? Pas vraiment. On peut pourtant être certain que cela a été pensé, longuement mûri, planifié. Il pensait occuper seul le devant de la « scène » (non, non, je ne l'ai pas fait) . Mais voilà, il a été précédé par Xavier Bertrand et le discours de Macron pour le reconfinement. De quoi occulter largement la manoeuvre. Nommé pour donner une caution de droite à Macron, après avoir été le principal soutien à Juppé, une nouvelle déloyauté ternirait définitivement son aura politique. Mais débarqué sans son consentement, il peut se croire libre de tout engagement. Là-dessus, il reste confus. Chez les macronistes on ne veut croire qu’à un engagement derrière le Président. D’autres, surtout ceux qui l’ont suivi en tant que « constructifs », le  rêvent en réunificateur de la droite, ce qui les arrangerait bien, eux qui n’ont servi à rien. Lui se garde bien de dire ce qu’il pense. Tout sera affaire d’opportunité. Faute de pouvoir peser sur les évènements, ce sont eux qui décideront. Il lui faudra faire oublier le chaos des trois premières années du quinquennat, la limitation de vitesse à 80 km/h et la taxe carbone qui furent les éléments déclencheurs de la crise des Gilets Jaunes, le fiasco de la réforme des retraites après deux mois de blocage du pays, un bilan accablant en matière de maîtrise de l’immigration, de violence, d’ensauvagement de la société et de poussée de la misère. On peut espérer  mieux comme « homme providentiel ».

Au fond, l’avenir politique proche d'Edouard Philippe dépend avant tout du niveau de la mémoire collective.

Il se veut en réserve de la République. Mais quand il sera candidat, si un jour il l’est, c’est certain, personne n’osera l’appeler Jupiter. Le Panda, comme sa fille ? Pas plus. Vous savez le surnom que je lui ai choisi.

Une question : fallait-il être deux pour écrire tout ça. Avait-il donc besoin d’un porte-plume (on ne peut plus dire « nègre ») de service ? « Impressions et lignes claires » ce serait plutôt « confusion et esprit torturé ».

*Conf.  Robin des Bois.

 


TOUT EST DIT !

Macron déconfinement 24 nov

 

Marc Fiorentino résume le discours d’hier soir. Je voulais vous en faire  profiter.

Pourquoi chercher plus loin, puisque tout est dit  :

« IL a donc parlé hier.
La France L'attendait.
Et IL était content.
Content de la décision de ne pas avoir reconfiné.
Content de la campagne de vaccination.
Content donc.

"Nous avons bien fait".

IL a aussi respecté la tradition du poisson d'avril.
IL a publié sur son compte Twitter le message suivant « Vacciner. Vacciner. Vacciner ».
Excellent.
Quel sens de l'humour !
Même dans les périodes difficiles.

Remarquable.

Et on n'a plus qu'un objectif : l'ouverture des terrasses. « À la mi-mai » nous a dit l'Oracle. »