LA « URSULA » FRANCAISE
28 février 2022
La Russie s'était préparée à une situation de guerre. Depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et le train de sanctions qui a suivi, elle a amassé des réserves, un véritable trésor de guerre dont la progression s'est accélérée depuis la flambée des cours du pétrole et du gaz. Les réserves de la Banque centrale russe sont estimées à 630 milliards de dollars, et constituées de devises étrangères, d'or, d'emprunts d'Etat étrangers et de placements dans des banques. Plus de 40% de ces réserves sont placées en Europe et aux États-Unis. Mais voilà, ces 40% sont désormais gelés. Et c’est un fait historique, jamais un pays de l'importance de la Russie n'a été frappé de sanctions financières aussi puissantes. Qui plus est, autre fait historique, en un temps record, à peine 3 jours, pour que les « alliés » se mettent d'accord pour débrancher les principales banques russes du système de paiements « Swift ». Pour que l’arsenal soit complet, les transactions sur la dette russe sont interdites, et plus inattendu, les réserves étrangères de la Banque centrale russe sont aussi gelées. Ce sont des sanctions massives ! Désormais, la banque centrale russe a vu son stock de « munitions » diminuer pour défendre le rouble, aider les entreprises touchées par les sanctions économiques et garantir les dépôts bancaires des ménages russes. Dès l’ouverture des marchés, ce matin, le rouble s’est effondré de 30%, la panique a gagné la bourse de Moscou, et la population s’est précipitée tout le week-end pour retirer son argent des banques. La Banque centrale russe a dû remonter son taux principal de 9,5% à 20% pour défendre sa monnaie. Poutine a réussi en quelques jours à créer une vraie Europe de la défense et à montrer que l'Otan n'était pas en état de « mort cérébrale ». On ne lui dira jamais assez merci pour ça même si on s’en serait bien passé.
La lionne de la Commission.
Elle n’a pas peur des mots. Ursula Van der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a soutenu sans ambages, hier, une adhésion « à terme » de Kiev au bloc européen, qualifiant le pays qui combat actuellement une invasion russe de son territoire de « l’un des nôtres » : « Ils sont l’un des nôtres et nous souhaitons qu’ils nous rejoignent » , a-t-elle indiqué, faisant écho aux propos de Volodomyr Zelinski qui a demandé à l’UE une adhésion immédiate de l’Ukraine, dans le cadre d’une nouvelle procédure spéciale. La présidente de la Commission européenne s’exprimait lors d’un entretien accordé à Euronews quelques heures après l’annonce de la décision des 27 de financer l’achat et la livraison d’armes à l’Ukraine pour lesquels l’UE comptait consacrer 450 millions d’euros et 50 millions d’euros supplémentaires pour d’autres fournitures, notamment médicales. Jusqu’ici, officiellement, les occidentaux s’étaient montrés peu précis quant à une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. On ne sait si la déclaration de la présidente de la Commission a reçu l’aval des 27, mais elle a le mérite de s’appuyer sur l’évidence que la crise met en lumière et de poser clairement le sujet sur la table. Du pur Ursula !
Valérie, une « femme d’Etat »
La « tigresse » en campagne s’est muée sous nos yeux en femme d’Etat. Ce n’est pas moi qui le dit, même si je le pensais, c’est l’un de mes amis, ancien député de Maine-et-Loire. Et il n’est pas du genre à dire les choses à la légère. Rien de mieux qu’une crise grave comme celle qui s’abat aujourd’hui sur l’Ukraine, pour révéler les tempéraments.
D’un côté, les guignols comme Zemmour qui ose affirmer que Poutine est un « démocrate autoritaire » (admirez l’euphémisme) et Le Pen qui fut naguère financée par une banque russe. Ils trouvent encore l’audace de trouver des excuses au dictateur du Kremlin. Leurs partisans n’ont-ils pas voté au Parlement européen contre l’aide économique en faveur de l’Ukraine ! Cela en dit long sur leur conception de la démocratie et les valeurs qui les animent au fond d’eux-mêmes.
De l’autre, Valérie Pécresse qui, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, montre sa capacité d’appréciation et un chemin responsable que la France devrait emprunter. Et ça tombe bien, parce que grâce à Poutine, l’Union européenne vient de faire un pas de géant dans sa cohésion, rendant possibles les solutions préconisées par la candidate de la droite et du centre : une conférence européenne de la sécurité du continent incluant la Russie et la constitution d’un piler européen au sein de l’alliance atlantique. Bien évidemment, il faut d’abord mettre fin à la guerre en Ukraine. Et pour cela, elle a émis, en concertation avec Nicolas Sarkozy, l’idée que lui soit proposée une mission de médiateur européen, ce qui serait une bonne initiative des 27. Certains trouvent à Valérie de la raideur et un ton martial dans ses discours et ses déclarations. Affaire d’appréciation. Cela ne retire rien au fond : face à l’adversité, et les embûches qu’on lui tend ne manquent pas, face à des journalistes plus procureurs qu’interviewers, elle montre une capacité de résilience qui n’étonnera que ceux qui ne la connaissent pas. D’Ursula Von der Leyen, elle a le même profil un peu filiforme qui laisserait penser à de la fragilité. Mais comme la lionne allemande, elle a la solidité intérieure des âmes bien nées.
Comme l’affirme Jean-Christophe Ruffin, « elle n’a pas dit son dernier mot » !