UNE CAMPAGNE, QUELLE CAMPAGNE ?
24 février 2022
Décidément, nous arrivons à quarante-cinq jours du vote et nous voyons bien que la campagne présidentielle ne s’est pas installée. Il y a bien les rituels des grandes émissions consacrées à chaque candidat, mais elles ne sont suivies que par les partisans et n’apportent pas grand-chose. Pire, même, le passage des uns et des autres de plateau en plateau les condamne à répondre dix fois aux mêmes questions, presque toujours superficielles, sans jamais pouvoir aborder les projets en profondeur.
Comme tous les cinq ans, nous assistons au festival des lamentations au sujet des parrainages, et au chantage de ceux qui faute d’avoir un parti ancré sur le terrain et un réseau d’élus locaux, viennent pleurer sur la démocratie en péril. A cet égard, il faut noter le décalage entre les intentions de vote évaluées par les sondages et le nombre des parrainages obtenus. Les candidats de partis anciens et structurés n’ont aucun problème, telle Anne Hidalgo avec le PS et Fabien Roussel avec le PC, et évidemment Valérie Pécresse dont le nombre des parlementaires, conseillers régionaux et départementaux et maires leur permet de franchir la barre fatidique des 500 engagements. Nous ne serons pas étonnés par les près de 2 000 signatures obtenues par la candidate LR, premier parti de France par le nombre des élus de tous rangs.
Et puis cette campagne présente l’étrange particularité de se dérouler jusqu’à maintenant en l’absence du sortant, dont tout le monde sait qu’il sera candidat, qui a d’abord fait campagne avec le chéquier des Français, puis se tient désormais à l’écart, prétextant la présidence de l’Europe et maintenant la crise ukrainienne. Cela lui évite d’avoir à rendre compte de son bilan calamiteux dans beaucoup de domaines, mais surtout d’être à l’abri des flèches de ses adversaires, créant du même coup un vrai déficit démocratique. Car la vraie campagne, c’est celle du débat et de la confrontation des projets. Cela ne l’empêche pas de lâcher ses roquets aux basques de Valérie Pécresse dont il ne veut absolument pas comme adversaire au second tour, selon une stratégie visant à ménager les autres concurrents de droite plus ou moins extrême.
Avec tout cela, nous assistons à un véritable mercato politique où les débauchages battent son plein. Les transferts ont fleuri entre le camp Z et celui de MLP, à son détriment. Chez LR, la pêche a été plus maigre puisque seul Peltier a cédé à la tentation. De l’autre, la surprise est venue d’Eric Woerth qui a rejoint la macronie après avoir pourtant abondamment vilipendé la politique du Président. Il s’y retrouve en bonne compagnie avec Marisol Touraine et Elisabeth Guigou qui ne partagent certainement pas les mêmes certitudes. Comprenne qui pourra. De quoi dégoûter l’électeur moyen, qui pensera « tous les mêmes, ils ne pensent qu’à eux ». Et comment les dissuader de penser autrement ?
Et enfin, comme il fallait s’y attendre, le coup pourri fomenté par Médiapart, relayé par son comparse Libération, vient égayer la campagne de Valérie Pécresse , comme en son temps, ils avaient réussi à abattre François Fillon. Cette fois-ci, c’est le congrès LR qui est mis en cause. Passons sur les détails, même si l’enquête est à charge et les éléments avancés improbables en raison des sécurités mises en place pour le vote, la calomnie ne pourra que laisser des traces dans un électorat déjà peu enclin à s’intéresser à l’élection. Abattre la droite est dans leur ADN, et peut-être que le fait que la gauche soit en capilotade les rend aigris, mais on cherche à qui profite le crime. Peut-être à Mélenchon qu’ils voudraient voir passer devant la candidate LR dans les sondages.
Vivement que la campagne démarre vraiment !
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