HISTOIRE

COLERE FROIDE EN DIRECT !

Sarko TF1 Libye

 

J’ai vu un Nicolas Sarkozy en colère. Venu au 20H de TF1 pour prendre les Français à témoin et  leur assurer qu’il n’avait jamais trahi leur confiance, la nouvelle mise en examen dont il fait l’objet paraît être la goutte d’eau supplémentaire insupportable.  A juste titre ! Car l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 par la Libye ressemble trop à un mauvais polar. Et puis quelle stature !  A  côté, l’actuel titulaire passe pour un freluquet. Personnellement, je crois vraiment au mauvais procès, avec une justice qui ne recule devant aucun moyen pour l’humilier : de la garde à vue à la liste des chefs d’accusation fondant sa mise en examen. 

Le  soupçon d’acharnement

Le fait que ce soit le juge Tournaire qui est à la manœuvre participe du soupçon d’acharnement. Dans l’affaire du financement de la campagne de 2012, le juge Renaud Van Ryumbeke a refusé de signer le renvoi en procès de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes pour financement illégal de campagne. C’est le juge Serge Tournaire qui a tenu à exiger un procès. C’est le même juge qui vient de mettre à nouveau l’ancien président en examen. Ce juge est partout dans les affaires Sarkozy. Pour éviter tout soupçon d’acharnement, on pourrait très bien penser qu’un autre juge aurait pu être désigné. Une chose est sûre : les accusations portées contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire libyenne sont d’une gravité sans précédent. Si elles étaient confirmées, ce qui est très peu probable, elles porteraient un coup historique à la Vè République. L’hypothèse d’un acharnement des Libyens proches de l’ancien dictateur paraît  tout de même le plus vraisemblable, ce qui nous amène à nous demander pourquoi la justice prend au sérieux des déclarations de gens irresponsables dont on devine sans effort l’intérêt qu’ils ont à salir l’ancien président, sinon que le juge instructeur est animé du même désir ? Après tout l'aveuglement idéologique, ça existe, non ?

C’est la France qui est atteinte

Nicolas Sarkozy ne plaide pas pour lui-même. En l’humiliant, c’est la France qu’on humilie. A travers lui, il pense, à juste titre, que c’est la fonction présidentielle qu’il a occupée qui est atteinte. C’est parce  qu’il a une haute idée du service du pays qu’il ne souffre pas qu’on le soupçonne de malversations. Car on peut voir un acharnement excessif de la justice qui, jusqu’à présent, n’a abouti à aucune condamnation. En dehors des affaires liées à ses dépenses électorales et à des besoins de financement qui allaient beaucoup plus loin que ce que la loi autorise, on a en effet essayé de l’impliquer dans l’affaire Karachi, dans un réseau de transport de drogue (Air Cocaïne), dans une tentative de trafic d’influence à partir d’écoutes destinées à autre chose (l’affaire libyenne, en l’occurence), il doit répondre des sondages qui ont été commandés par l’Elysée, sans appel d’offres… sans parler de "l'affaire Bettencourt" dont il a été blanchi, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme. D’autant plus que bien des actes de procédures sont « bordure-line », comme les écoutes de son avocat. On est bien dans un « enfer de la calomnie » !

L’affaire libyenne va trop loin

N’importe qui peut constater que la première « révélation » sur cette énorme affaire de transfert de « cinquante millions d’euros » a été faite entre les deux tours de la présidentielle de 2007. L’énormité de la somme suffirait en soi à en montrer le caractère fantaisiste. Ségolène Royal, qui fut la candidate du parti socialiste à l’époque, intervient aujourd’hui sur les ondes pour dire que, si Nicolas Sarkozy a touché autant d’argent, cela a faussé les résultats de 2007. La chèvre du Poitou a toujours l’esprit d’à-propos. Lui-même, Nicolas Sarkozy, dans la déclaration qu’il a faite au juge au terme de la garde vue et qu’il a transmise au « Figaro », estime que l’affaire libyenne, à ses yeux inventée de toutes pièces, lui aura coûté son second mandat, qu’il a perdu avec seulement 1,5 point d’écart avec François Hollande. Sa mise en examen est motivée par « la corruption passive, le financement illégal de campagne électorale et le recel de fonds publics libyens » : des faits d’une gravité exceptionnelle mais s’appuyant sur des accusations qui ne sont étayées par aucune preuve, sinon des déclarations prononcées par des personnages troubles qui, de toute évidence haïssent l’ancien  président, qui, rappelons-le a détruit le régime qui les abritait. Il n’existe absolument aucune trace physique d’un quelconque transfert de fonds libyens, sinon des déclarations écrites ou parlées, qui ne sont soutenues par aucun document fiable, et comment un document de la Libye de Kadhafi le serait-il ?  Et c’est là où le bât blesse : est-il normal que la justice influe à ce point sur le destin d’un homme et aussi du pays ? Le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, clame qu’il s’agit « du plus gros scandale de la Vème République ». Il va même jusqu’ à établir un lien entre la culpabilité supposée de Nicolas Sarkozy et  l’intervention militaire en Libye, dont le moment-clé a été l’assassinat de Kadhafi, comme si le président de l’époque avait voulu se débarrasser d’un témoin gênant. C’est vraiment aller un peu vite en besogne. La campagne de Libye était aérienne et internationale. La France n’a pas été le seul pays à y participer. Les assassins du dictateur étaient libyens. Mais on ne se surprend plus de rien de nos jours, surtout  quand il s’agit de journalistes « bien comme il faut » ! Mais imaginer qu’un président français a entraîné plusieurs pays dans une guerre uniquement pour régler ses comptes personnels avec un homme qui l’aurait aidé financièrement, c’est tout de même pousser un peu loin une analyse torturée, d’autant que, dans cette affaire, personne n’a de preuves, même pas les juges, qui ne disposent que de déclarations contradictoires et fluctuantes.

Empêcher la droite d’exister par le soupçon permanent

Les multiples poursuites dont le parti Les Républicains (et avant lui l’UMP) fait l’objet, toujours à propos de financements, ne cessent de créer un malaise dans l’opinion. Certes, d’autres partis politiques ont eu maille à partir avec la justice, mais le cas des Républicains devient obsédant à cause de la longueur des procédures. Au moment où l’on est conduit à stigmatiser les truquages électoraux en Russie et dans d’autres pays qui bafouent les règles démocratiques, la possibilité qu’un parti politique français ait répétitivement tenté de dépenser beaucoup plus que ce qui est autorisé jette une ombre sur le fonctionnement même de notre propre démocratie. On est en droit de se demander comment tous les paratonnerres institutionnels ont pu laisser passer de tels procédés. Rappelons que les comptes de campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ont été passés au laser et validé par la commission ad hoc. L’affaire libyenne fait passer ses instructeurs pour des guignols. Enfin, pourquoi cette mise  en examen maintenant ? Certains y voient une double préoccupation : celle du pouvoir de distraire l’opinion d’une conjoncture qui lui est défavorable et discréditer à la fois l’ancien président et la  nouvelle direction du parti au moment où ils mettent des bâtons dans les roues de la réforme constitutionnelle.  De là à imaginer un coup de téléphone du « château » à la Chancellerie pour réveiller une procédure  … Dans ce mauvais roman, tout est possible. Imaginons ce qui arriverait si l’affaire  Fillon débouchait sur un non-lieu !

Depuis l'affaire des "diamants" de Giscard, on sait que la calomnie est meurtrière.

 

 


LES VIEUX, VACHES A LAIT DE MACRON !

Retraites 3

 

Les retraités sont en colère et ils veulent le faire savoir.

Ils expriment un ressentiment justifié. Le  parcours du combattant a commencé pour eux en 1993 : ça n’est donc pas d’aujourd’hui que l’Etat change constamment les règles à leur désavantage. Depuis il y a eu la contribution d’assurance solidarité autonomie (CASA), prélevée au taux de 0,3 % sur différents revenus bruts (retraites, mais aussi pension d’invalidité et allocations de préretraite) instituée en 2004 et le calcul de leur retraite indexé sur les prix et non sur les salaires. Si Nicolas Sarkozy avait tenu sa promesse d’augmenter de 25%  le minimum vieillesse au cours de son quinquennat, rectifiant un peu la tendance, le quinquennat de Hollande aura été désastreux pour eux : la réintégration de la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants dans le revenu imposable, le gel  des pensions depuis cinq ans … ont fait régresser graduellement et considérablement leur pouvoir d’achat. Macron est victime de l’exaspération des retraités qui ont trop souvent été mis à contribution ces dernières années. Il y a de quoi comprendre leur ras-le-bol.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

La hausse de la CSG, non pas de 1,7% (qui est le taux)  comme ils avaient pu le comprendre et  comme  persiste à le faire croire Macron, mais bien de 25%,  sans aucune compensation, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car la facture est  salée. Le Président dit aux séniors qu’il a rencontrés qu’il veut encourager le travail, qu’il doit d’abord augmenter le pouvoir d’achat des actifs. C’est un discours de technocrate raisonnant sur des chiffres et des statistiques qu’on ne peut pas entendre, tellement il est loin de la réalité humaine de ses interlocuteurs. Si ceux-ci avaient été économistes, ils auraient pu lui répondre qu’ils sont des consommateurs comme les autres. Ils ont simplement constaté qu’ils se serrent de plus en plus la ceinture ! Les retraités souffrent de ne pas être traités équitablement, et en plus, il y a d’autres moyens sûrement plus efficaces pour relancer l’emploi que de prélever 25 milliards d’euros d’impôts  dont une faible partie est restituée aux salariés.

Les retraités ne sont pas  des nantis !

Autre point : cette volonté de présenter les retraités comme des nantis, issus d’une génération dorée : un pur scandale ! Récemment un député LREM a tenu des propos comparables. Le pacte qui les liait à l’État a été trahi par le gouvernement, car le principe de répartition sur lequel est assise leur pension est baffoué. Comme pour d’autres mesures perçues par l’opinion comme autoritaires ou cavalières, la déception des seniors est très grande car  beaucoup ont voté Macron. Le gouvernement se prive ainsi d’une fraction de son électorat et cela durablement car ses explications ne sont guère convaincantes. Ainsi, on entend que les retraités ont eu leur cadeau avec la réforme de la taxe d’habitation. C’est faux ! Cette réforme n’est pas un cadeau pour les retraités, c’est un cadeau pour tout le monde, sous condition d’éligibilité. Sans compter que la suppression potentielle de la taxe d’habitation annoncée par le président de la République entraîne de nombreuses interrogations, d’autant plus qu’elle sera progressive et ne les concernera pas forcément tous.

Un sort injuste.

En attendant, ce sont les retraités qui financent la résorption du déficit des assurances vieillesse complémentaires. Il ne faut pas oublier qu’ils ont cotisé pendant toute leur vie professionnelle,et souvent au prix de sacrifices. Certes, ils ont payé non pas pour leurs propres pensions mais pour celles des retraités qui les ont précédés. Ce n’est vrai toutefois que pour le retraité de base de la Sécurité sociale. Les régimes complémentaires fonctionnent selon un système d’acquisition de points. Or ceux qui veillent au fonctionnement des régimes de retraite n’ont cessé à travers les âges de diminuer le montant prévu de la pension  et d’augmenter les cotisations. Quand on dit qu’il n’y a pas de meilleur système parce qu’il est public et non privé, ceux qui touchent leur pension doivent se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de gérer eux-mêmes l’épargne qu’ils ont confiée aux régimes. En réalité, les décisions qu'ils  subissent sont dures et créent une injustice à leur égard, car ils ne devraient pas être la cible des économies souhaitées par le gouvernement. La vraie solution aurait résidé dans la prolongation des carrières, un plus grand nombre d’années de cotisations, une date de départ à la retraite ajournée à 64, 65 ou même 66 ans. C’est l’état de la société qui le veut. Nous vivons plus longtemps et en meilleure forme. Nous pouvons travailler au-delà de 62 ans et il est plus bénéfique de rester actif que de se retirer complètement du monde du travail. Un salarié qui travaille un an de plus permet de faire une double économie : il ne puise pas dans les caisses de retraite et il cotise un an de plus aux régimes.

Mais ça, ce serait vraiment courageux !

 


MACRON RÊVE DE PUTINISER LA FRANCE

Constitution

 

Candidat, Emmanuel Macron avait fait figurer dans son programme une réforme constitutionnelle, celle-ci est en train de prendre forme. Elle contiendrait la suppression de la Cours de justice de la République, la reconnaissance de la Corse dans la Constitution, l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives, la diminution du nombre de parlementaires, mais aussi la limitation de leurs droits d’amendement. Les différentes révisions constitutionnelles seront adoptées selon trois modalités : pour certaines il s’agira de lois ordinaires et organiques, mais pour d’autres une inscription dans la Constitution sera nécessaire. Pour cela, l'exécutif devra obtenir le vote des 3/5 du parlement, et donc l’approbation des sénateurs, majoritairement LR. Le président de la République a envoyé des signes en direction de Gérard Larcher, le président du Sénat, et hiérarchiquement deuxième  personnage de l’Etat, avec lequel la discussion semblait jusqu’alors possible. Mais en forçant le trait de la domination de l’exécutif sur le législatif, comme la réforme semble y conduire, le gouvernement ne laisse pas d’autre choix à ce dernier que de montrer au créneau, en vieux sage qu’il est.

L’affaiblissement du parlement : c’est non!

En ces temps où les démocratures triomphent ( Russie, Chine), la tentation est grande pour le président français de se « putiniser » afin de pouvoir gouverner sans contre-pouvoir.  Pour cela, une seule solution : affaiblir le parlement. La réforme constitutionnelle prévoit deux dispositions qui y conduisent : la diminution  du nombre des  parlementaires  et  la limitation du pouvoir d’amendement. Moins de députés ayant chacun un pouvoir limité de discussion ou de contestation. La diminution du nombre des députés et des sénateurs est un sujet populiste à souhait.  Les Français croient majoritairement que c’est une source de dépenses considérables, cause de  tous nos déficits. En diminuer le nombre leur paraît donc évident. C’est une connerie largement entretenue par le vieux fond antiparlementariste bien relayé par les réseaux sociaux. Contrairement  à ce qui est régulièrement avancé,  la France n’a  pas trop de parlementaires. Elle se situe dans la moyenne des  pays européens. Diminuer le  nombre de parlementaires ne permettra aucune économie : moins nombreux sur des circonscriptions plus grandes, il faudra augmenter le nombre de leurs collaborateurs. De plus on accroîtra la distance avec la population ce qui n’est pas le meilleur moyen de réduire la  « fracture démocratique ». S’il  y a des économies à faire sur le  nombre des élus, c’est dans les autres strates qu’il faut les chercher : pourquoi ne pas rétablir, par exemple réforme du « conseiller territorial », votée en 2011, qui fusionnait conseiller départemental et régional ? Quant à la limitation du pouvoir d’amendement, c’est purement et simplement une atteinte à la liberté  de  parole et de proposition du parlementaire. C’est un droit inaliénable ! 

La  proportionnelle : c’est non !

Il suffit de regarder autour de la France  pour voir  les ravages du scrutin proportionnel qui rend les  pays ingouvernables : l’Allemagne, l’Italie en sont deux exemples qui devraient faire réfléchir les Français. Or, Macron prévoit de ramener l’Assemblée nationale à 400 députés dont ¼ seraient élus à la  proportionnelle.  C’est la garantie d’une majorité introuvable !  Même à 10% des sièges, ce mode de scrutin est un poison. On évoque toujours la IVème République et ses gouvernements éphémères, pour fustiger le chaos démocratique qu’il engendre.  Mais à part les anciens, qui s’en souvient ? Pour un président en mal de pouvoir « jupitérien » ce serait pain béni pour gouverner sans partage avec un parlement réduit à l’impuissance. Et pour faire monter le « populisme » il n’y a pas mieux.

La Corse dans la constitution : c’est non !

La  réforme constitutionnelle devient une espèce de fourre-tout.  L’exécutif  prévoit d’inscrire  un paragraphe consacrant  la Corse comme une sorte de territoire à part dans la République. Une bien étrange concession faite aux « nationalistes ». Là encore, c’est contrevenir au principe fondateur d’une « nation une et indivisible ».  Et c’est dangereux car c’est inscrire dans la Constitution un  précédent communautaire qui sera facilement exploitable par d’autres revendications. Il faut savoir si les habitants de l’ile de beauté sont Français avant d’être corses,  car l’inverse n’est pas possible.

Une formidable régression démocratique.

Le projet de réforme constitutionnelle présenté par Macron, s’il  était adopté, constituerait une formidable régression démocratique, accentuant le déséquilibre entre le pouvoir législatif et  le  pouvoir exécutif, au profit de ce dernier. La dernière modification introduite par Nicolas Sarkozy visait à améliorer l’équilibre  entre les deux, en renforçant le pouvoir de contrôle du parlement.  Cette fois-ci, ce qui est proposé c’est un retour en arrière vers l’archaïsme désuet d’une dictature qui ne dirait  pas son nom. La tentation de passer par le referendum, d’ailleurs très discutable en droit, en dit long. Cependant, face au saucissonnage des textes par la multiplication des procédures, il n’y a qu’une réponse possible, elle est  globale, et c’est : NON ! Assez de tripatouillages, Monsieur Macron !

 


MACRON ATTENTE A L’IDENTITE FRANCAISE !

Macron Europe

 

Le titre de cet article peut paraître violent.  Pourtant c’est une réalité contenue dans son programme et qu’il  met méthodiquement en œuvre. La  « nation est une et indivisible » : c’est le principe  premier de l’identité française  qui fonde notre conception de  la République.  La laïcité en est le  ciment.  Elle  est  une spécificité de notre pays,  unique en Europe.  Voilà  pourquoi la  France est  ce pays singulier où l’acquisition de la  nationalité suppose de « s’intégrer » en ayant assimilé les principes fondamentaux de notre culture, langue et  principes.

Une vision exclusivement économique et sociétale.

Emmanuel Macron ignore la spécificité du politique.  Il confond nation et société. S’il  utilise le mot « Nation », il ne lui donne pas de contenu, il s’arrange pour que chacun entende ce qu’il a envie d’entendre. D’où ce sentiment récurrent de discours creux quand il s’exprime. Le seul objectif qu’il se donne  c’est de poursuivre le processus de déstructuration et de décomposition de la France.  Il  préside à nos destinées mais notre nation lui est parfaitement indifférente. Le contenu de la réforme constitutionnelle qu’il prépare est dans le droit fil de cette volonté : il compte jouer « le peuple contre les élites » pour diminuer le  nombre des  parlementaires et le nombre de  mandats, et surtout réduire le rôle du parlement. Son entourage fait  tout pour présenter la résistance du Sénat comme une volonté du « monde ancien » d’empêcher d’avancer, et faire passer Gérard Larcher pour un vieux con, alors qu’il présente des arguments de sagesse. L’équilibre des pouvoirs et la solidité des institutions de la Vème République, Macron n’en a rien à faire, il est un adepte du « post-national » qui envisage la France comme une « start-up » dont il serait le dirigeant dynamique et souriant. La  nation n’est  pour lui qu’une entité qu’il convient de dynamiser, de mettre en mouvement, sans mémoire, sans passé, sans histoire. Une nation devenue selon le concept de Zygmunt Bauman « la société liquide ». Macron veut une société de mobilité, ce qui explique ses attaques réitérées contre  la  « propriété » via l’IFI et la  « super taxe foncière » en préparation à Bercy.

Adapter la  France à la marche du monde.

Dans le discours macronien on ne « réforme pas », on « transforme » !  La  France sera parfaitement adaptée lorsqu’elle vantera la fluidité des identités sexuelles, le « gender fluid », lorqu’elle aura autorisé la PMA pour tous, et ensuite permis la GPA, lorsque l’école sera entrée dans les clous des injonctions de l’OCDE et des tests PISA, pour acquérir des compétences et non des savoirs qui permettraient ensuite de lire Racine ou Victor Hugo pour se cultiver. Il ne s’agit que d’insertion professionnelle, le reste n’est pas utile !  Quelle réponse donne-t-il à la question : « Pourquoi l’école ? »  Former des agents économiques efficaces lui suffit, alors qu’il faudrait ne pas perdre de vue la promotion de citoyens héritiers d’une civilisation. Macron est totalement acquis à l’idée de « société inclusive » et c’est ce qu’il met en œuvre. L’adaptation de la France à la marche du monde, c’est convertir notre société au multiculturalisme, en faire une mosaïque de communautés vivant les unes à côté des autres, chacun selon ses mœurs, son calendrier. Nos mœurs, notre culture chrétienne (pour ce qu’il en reste) ne seront plus que des composantes parmi d’autres. Ce qui  met en lumière ses déclarations successives : l’art et la culture français n’existent pas. « Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France ! » C’est on ne peut plus clair.

La laïcité à la mode anglo-saxonne.

C’est la conception de la laïcité du Président de la République : il la comprend comme un principe de liberté alors qu’elle est avant tout chez nous la passion du monde commun. La laïcité française est une exigence de discrétion afin de faire prévaloir l’identité nationale à laquelle chacun doit prendre part. On remarquera que la question des « territoires perdus de la République » ne fait pas partie, ni de son discours, ni de ses priorités de reconquête. Le port du foulard et du voile  qui met en danger la  condition des femmes est toléré au nom du « libre arbitre » personnel, ce qui est un  contresens fondamental (il est avant tout un signe d’oppression). Quant au terrorisme djihadiste qui a pourtant fait de  la France sa cible privilégiée, il ne le conçoit que comme une résultante de l’ordre  mondial qui nous l’imposerait. L’Etat entre ses mains n’a d’autorité que pour affirmer son pouvoir personnel et broyer ce qui s’oppose à la transformation qu’il veut imposer. Le « régalien » qui voudrait que l’Etat impose sa  loi partout n’a pas  de sens pour lui. On l’avait compris quand il a fait voter la loi qui a mis fin à l’état d’urgence.

Ce qui me fait le plus mal, c’est que cette politique soit mise en œuvre par des individus qui ont naguère appartenu à  ma famille  politique. Sont-ils aveugles à ce  point ?

 

ATTENTION : le  bloc-notes va faire une pause pour raisons familiales. Il reviendra le 19 mars !

A  bientôt  !

 


FORMATION : HOLD-UP DE L’ETAT !

Apprentissage

 

Une manne importante mal utilisée.

La formation professionnelle coûte chaque année autour de 32 milliards d’euros et on ne peut pas s’empêcher de mettre en relation cet effort colossal avec la hausse du taux de chômage qui l’a accompagné. Il y a donc un  problème,  c’est  le  moins qu’on puisse dire. La formation gérée paritairement par les syndicats et le patronat était une bonne idée, mais seulement en apparence, car depuis quarante ans le dispositif ne semble pas avoir lutté avec succès contre les crises économiques qui se sont succédé. Nous avons un modèle de formation qui coûte très cher, qui a vieilli, et qui a surtout généré des rentes de situation. Un constat s’impose : il  ne profite pas  suffisamment à ceux de nos jeunes concitoyens qui espèrent entrer sur le marché du travail et surtout à tous les autres de rester dans le monde du travail. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve à la fois juge et partie. Une réforme est donc indispensable.

L’Etat choisit la pire solution.

Que l’Etat reprenne en main la formation professionnelle n’aurait rien de choquant si l’on évalue à la fois la somme investie chaque année dans ce secteur et les résultats peu probants qu’elle obtient en matière de réduction du chômage. Mais il est loin d’avoir toute la légitimité requise pour lancer une OPA sur la formation. Il n’alimente qu’un tiers de son budget, avec à peu près dix milliards d’euros par an (3,8 milliards directement versés par ses caisses et 5,5 milliards au titre des fonctions publiques) ; les entreprises, pour leur part, dépensent 14 milliards pour la formation professionnelle et le reste du financement est assuré par les ménages (1,4 milliard), l’Unedic (2,1), les régions (4,5), les autres collectivités territoriales (117 millions). Pourtant, désormais, la gestion des montants recueillis sera désormais gérée par l’Etat qui souhaite accélérer la formation en la finançant lui-même et en prenant toute une série de dispositions très techniques destinées à faciliter l’accès aux droits pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation professionnelle. C’est l’Etat qui recueillera les fonds par le biais des Urssaf et non plus les 6 000 collecteurs dont c’est la tâche permanente et qui ne pourront survivre que s’ils sont affectés à d’autres tâches, ce qui explique que le nouveau dispositif déplaît souverainement aux syndicats et en particulier à la CFDT, vivement opposée à cette réforme,  et au patronat, mécontent qu’on le prive d’une activité lucrative et qui n’aura de cesse de rappeler qu’il apporte près de la moitié des sommes dépensées. Il faut dire que les résultats obtenus ne plaident pas en la faveur des unes et des autres. La transparence sur l’utilisation des fonds n’était pas toujours de mise.  Le choix qui est fait est donc celui de la  centralisation. Cet Etat déjà obèse veut tout faire.  Comme le reste, il le fera  mal et il y a tout à craindre malgré les bonnes intentions affichées : le CPF, compte personnel de formation, sera crédité d’une somme d’argent et non d’heures, le droit à l’accompagnement sera renforcé, les chômeurs bénéficieront d’un accès élargi au dispositif.

Ce sont les Régions qui ont la compétence.

Les technocrates de Bercy ont-ils  encore frappé ? Mme Pénicaud ignore superbement une fois de  plus les Conseils régionaux à qui la  décentralisation a transféré la  compétence en  matière de formation,  ce qui rend la réforme incompréhensible. En plus elle prend le risque de jeter quelques milliers de salariés au chômage, ce qui serait le résultat inverse de celui qui est recherché. Ce sont les Régions que la réforme aurait dû placer comme principal collectrices des fonds de la  formation et  de l’apprentissage. Elles ont une bonne connaissance du tissu économique, ayant par ailleurs la  compétence du développement économique régional, et donc des besoins des entreprises, y compris  en formation.  Elles seules sont en contact avec tous les  types d’entreprises des  plus petites, artisanales, aux plus grosses. Elles ont l’expérience vécue des relations avec  tous les partenaires de la formation,  qu’ils soient branches  professionnelles, chambres consulaires ou syndicats patronaux, avec en plus la coordination nécessaire  avec  la  formation  initiale et continue, des lycées professionnels au Cnam pour l’enseignement supérieur. Elles devraient  être le lieu privilégié de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle continue, et n’étant pas  partie prenante, le lieu d’arbitrage idéal pour la pérennité ou la validation de l’offre. Ne  pas  leur confier ce qui entre dans leurs  compétences  est une faute politique grave.

Il faut donc s’interroger sur les  motivations réelles de l’exécutif.

Cette volonté constante de recentralisation en ignorant sciemment les opportunités offertes par la décentralisation relève d’une vision de l’aménagement du territoire passéiste qui conduira immanquablement au gaspillage et à l’inefficacité.

 


EUROPEENNES : LES TRIPATOUILLAGES DE MACRON

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Une élection à hauts risques.

Ce n’est un secret pour personne, les élections des députés  au parlement européen sont toujours à haut risque pour le pouvoir en place : la faible appétence des Français pour l’Europe a pour conséquence une participation électorale qui est allée rétrécissant comme une peau de chagrin au fil des rendez-vous électoraux depuis 1979. Il en résulte logiquement une survalorisation de l’électorat qui se mobilise le plus. Jusqu’à maintenant, c’était le Front National qui tirait proportionnellement  les marrons du feu, à la notable exception de 2009 où l’UMP est arrivée en tête. Le pire scrutin fut celui de 2014 qui vit le FN arriver en tête avec près de 25% des voix devant l’UMP avec seulement 20%, l’UDI en faisant 10% de son côté. Le  PS s’était effondré à 14% ainsi que  les Verts à 9%, pour seulement 42% de votants. La régionalisation des listes avait probablement limité les  dégâts en tentant de rapprocher les candidats des électeurs. Le camp des eurosceptiques et des souverainistes va-t-il  encore marquer des  points en 2019 ?  Le résultat des élections italiennes incline à le penser,  mais les conséquences du Brexit qui deviennent peu à peu visibles peuvent provoquer un effet inverse. A  la dernière présidentielle les « anti-Europe »  et souverainistes (Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon…) ont réuni pratiquement la moitié des suffrages. C’est un bon indicateur bien que  ces résultats ne soient pas transposables. C’est néanmoins un premier écueil pour Emmanuel  Macron qui campe sur des positions favorables au renforcement  de  l’intégration européennes  et à son élargissement aux Balkans. 

Les listes transnationales.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union libère 73 sièges au Parlement de Strasbourg. D’aucun y verrait une occasion de diminuer le nombre d’élus d’autant et de faire des économies. Les cerveaux de nos technocrates n’ont pas cette logique probablement trop simple. Puisque 73 sièges sont vacants, pourquoi ne pas les utiliser pour élire des députés sur des listes transnationales. Sans entrer dans le détail, si cela se réalisait, nous voterions donc deux fois : une fois pour les  listes nationales et une autre  fois pour les listes transnationales. J’arrête là l’explication : inutile d’entrer dans le détail, le projet a été rejeté par le Parlement européen. Le président français s’était fait le chantre de ce double scrutin,  il y voyait un  moyen de renouveler l’intérêt pour la construction européenne dans la tête de nos concitoyens. A  mon humble avis, il se faisait de douces illusions. Mais l’objectif était bien de faire exploser, grâce à ce tripatouillage, le rapport de force politique entre le PPE et les sociaux démocrates au sein du parlement, en faisant entrer un groupe « ni droite-ni gauche » … Or, le PPE est quasiment assuré de conserver l’an prochain la majorité au Parlement. La seule possibilité de contrer ce monopole, c’était de faire des listes transnationales, chaque citoyen européen disposant alors d’une voix nationale et d’une voix européenne. Une partie de la droite redoutait que le futur président de la commission européenne, qui doit être venir du groupe majoritaire soit issu de ces listes transnationales. Elle a logiquement dit non.

Retour aux listes nationales en France.

« En même temps », Macron a fait voter par l’Assemblée nationale, une modification du mode de scrutin avec le retour des listes nationales. C'est le "vieux monde" qu'il ressuscite  ! Deuxième tripatouillage. Ce type de listes avait été abandonné parce que leur composition concoctée par les états-majors parisiens paraissait bien éloignée des électeurs qui, la  plupart du temps, ne connaissaient même pas  le nom de leurs députés européens finalement élus. Mais c’est un impératif pour le Président dont le parti n’a  aucun enracinement local et se révélait incapable de mettre en place des candidats  crédibles dans les circonscriptions régionales. C’est évidemment une régression démocratique. Il n’est pas certain que cela motive le corps électoral pour le mobiliser.

Le principe de réalité.

Face à la montée du populisme, tout le monde est bien d’accord qu’il faut faire repartir l’Union sur de nouvelles bases. La relance telle que la conçoit Macron,  c’est la fuite en avant,  avec grandes envolées lyriques et décor de théâtre, le Parthénon, en arrière-plan.  Pas certain que ça fasse « bander »  les Français (et les Françaises). Ceux qui tablent sur un affaiblissement de  Merkel vont rapidement déchanter, maintenant qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, sa  « grosko ». Comme  l’émergence d’un nouveau groupe politique au Parlement européen, autour de « En Marche » est plutôt  compromis, les alliés d’Agir venant d’adhérer au PPE, c’est donc aux Républicains de jouer  leur partition. Face au projet de Macron qui veut construire l’Europe en continuant d’oublier les peuples européens et en premier lieu le peuple français, qui rêve d’une Europe de Schengen élargie aux Balkans avec  toujours plus de fédéralisme, celui de  Wauquiez pourrait paraître comme celui du réalisme. Car la solution la plus viable pour notre continent est celle d’une Europe à plusieurs vitesses autour d’un noyau dur d’Etats prêts à avancer ensemble. L’important est que l’Europe  apparaisse comme la  solution et non comme le problème. Le meilleur moyen de la réconcilier avec ses citoyens  c’est qu’elle soit là pour leur faciliter la vie. Ce projet sera aussi un bon moyen de désamorcer le scepticisme qui alimente le souverainisme mortifère. Avec un programme qui pourrait apparaître comme celui de la raison, le scrutin européen, avec une liste « des territoires », peut être une chance  pour Wauquiez : quel joli pied de nez en réponse aux tripatouillages présidentiels !

 


LA FRANCE EN PLANS !

Ena

 

Une technocrature.

La France n’est plus vraiment une démocratie libérale. Avec l’élection de Macron, la prise de pouvoir par la technocratie atteint son apogée : c’est  ça  la « transformation ». Notre pays est devenu une « technocrature », contraction du mot « technocratie » avec le mot « dictature ». La  démocratie est en effet confisquée par l’énarchie, présente dans tous les rouages  avec une haute administration toute puissante et une prise en main politique où elle s’est  infiltrée chez les élus pour s’emparer complètement du pouvoir. Le parlement est ravalé à un rôle d’approbation sans marge de manœuvre sous la domination d’un groupe majoritaire qui reçoit ses ordres directement de l’Elysée, c’est-à-dire de la haute fonction publique. Pour faire de la  politique, aujourd’hui, Sciences-Po ne suffit pas, il faut avoir fait  l’ENA et c’est souvent la condition pour être ministre : « énarque », c’est être de « sang pur » ! Le « ni droite-ni gauche » prend tout son sens quand on a été formaté par le même moule. C’est ainsi que Le Maire  et Philippe se sont adaptés à Macron : entre énarques on se comprend. Les énarques ont un seul dieu : l’Etat, et leurs convictions fluctuent en fonction de leur appétit de pouvoir,  on l’a bien vu avec Bruno Le Maire. Toute la politique actuelle menée par le  gouvernement est entièrement entre les  mains des énarques et de leurs raisonnements fumeux coupés de la  réalité. A-t-on besoin d’un rapport ? C’est, par exemple, Spineta, un énarque qui s’y colle. Mais franchement, on pouvait en faire  l’économie, « Edouard » pouvait demandé un avis autorisé à son ami  Bussereau, fin connaisseur du dossier de la SNCF, avec l’avantage d’être gratuit, pour arriver aux mêmes préconisations.

L’Assemblée nationale réduite au rôle de chambre d’enregistrement, ça n’est pas encore  suffisant.  Il reste encore le Sénat où un peu de pouvoir politique « non aligné » s’exprime.  Qu’à cela ne tienne, il faut « transformer ».  Macron a dans la tête une révision constitutionnelle dans laquelle le  Sénat fusionnerait avec le CESE (Comité Economique et Social),  ce  machin à recaser les syndicalistes retraités et les politiques en déshérence, machine à fabriquer des rapports le plus souvent inutiles, pour en faire une « assemblée des territoires ».  Ainsi on pourrait supprimer les Régions, que l’on commence à priver de moyens, à commencer par la formation professionnelle dont elles ont la charge et dont on refile le pognon aux « branches ». Ainsi tout serait recentralisé et tellement plus commode à « gouverner ». L’affaiblissement du parlement, c’est un objectif, pas un mirage !

Des plans à tire-larigot.

En attendant, la  machine technocratique fonctionne à plein régime pour « transformer » la France  à sa main. Edouard Philippe c’est « Monsieur Plan-Plan ».  C’est lui le chef d’orchestre de cette improbable symphonie dont la partition est faite de « rapports » qui débouchent sur des « plans » qui font l’objet de « comités de suivi ». C’est l’administration victime du syndrome de Parkinson. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce sont vingt-trois plans, à ma connaissance, qui ont été produits depuis son entrée en fonction : un problème ? Vite un rapport et un plan !

On a des  plans pour tout. Plan pour le commerce extérieur, avec le trou qu’on a il faut bien théoriser sur la baisse de nos parts de marché,  mais on n’envisage pas l’essentiel qui tient dans l’insuffisante compétitivité de notre économie, ce serait trop simple. Je continue : plan étudiants, plan d’action pour la croissance des entreprises, plan en faveur des travailleurs indépendants, plan « France à très haut débit », plan Tourisme, plan pour réguler l’immigration, plan pour l’audiovisuel public, plan d’action pour la mise en œuvre du traité CETA, plan logement, plan de soutien à l’industrie française, plan pour le développement de l’Intelligence Artificielle, plan pour renforcer le contrôle des chômeurs, plan de privatisation, plan pour isoler les détenus radicalisés…  Certains sont plus emblématiques : ainsi le « Plan Climat » qui nous vaut la mobilisation de 12 milliards d’euros de prélèvements pour financer les délires de Mr Hulot. Nous avons le grand plan d’investissement sous la houlette de Pisani-Ferry, de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles et répondre à quatre défis majeurs de la France : la neutralité carbone, l'accès à l'emploi, la compétitivité par l'innovation et l'État (ouf !). Il y a même des plans dans le plan : ainsi le « Plan d'Investissement dans les Compétences » qui vise à former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés et à transformer en profondeur l'offre de formation fait partie du grand plan d’investissement. Vient de sortir récemment le  « plan de prévention de la radicalisation et de lutte contre la radicalisation » en 60 mesures (ah, ce chiffre 60, un fétiche depuis Hollande) pour un coup d’épée dans l’eau. Le  plus attrayant est certainement le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative » : tout un programme rien que dans le titre et il est doté d’un comité de suivi, ça va de soi !  Il faut encore citer le plan  pour lutter contre la fraude fiscale pour renforcer un peu plus la traque des citoyens qui fuient l’enfer fiscal sans se demander s’il ne vaudrait pas mieux faire l’inverse : aurait-on de la fraude si la France était un « paradis » ? Pour tourner l’écueil de la diminution du nombre de fonctionnaires, le gouvernement préfère avoir recours à un « plan de départs volontaires » pour masquer son  manque de volonté en la matière. Les chiffres de la première année de mandat sont éloquents : il aurait fallu ne pas remplacer 25 000 fonctionnaires pour tenir le cap promis des 120  000 à la fin du mandat présidentiel, or lors du vote du dernier budget, le gouvernement n’avait finalement supprimé que 1 600 postes de fonctionnaires au lieu des 10 000 prévus pour l’année 2018…! 

Une France suradministrée.

Je suis sûr qu’il y a d’autres plans qui ont échappé à ma recherche. C’est évident qu’avec une telle activité il devient impossible de diminuer le nombre des fonctionnaires. Il  ne manque plus que « le plan pour importer du sable au Sahara », pour reprendre la  plaisanterie bien connue. Vous doutez encore que la France est suradministrée ? Malheureusement, tout cela a un coût, et on peut douter de la  méthode. Car les  plans  sont faits aussi pour aller dormir dans les tiroirs : on en tire quelques mesures et le reste n’est jamais appliqué. Il suffit d’observer les réformes réellement mises en œuvre qui se contentent le plus souvent de demi-mesures. De fait, l’organisation de l’État est anormalement coûteuse et lourde dans son fonctionnement. La France est septième au classement de la part des employés publics sur l’emploi total : il y a deux fois plus d’agents publics en proportion de l’emploi total qu’en Allemagne. Les services publics sont également parmi les plus coûteux des pays de l’OCDE. Pas étonnant !

Il faut d’urgence supprimer l’ENA !

 


EN MÊME TEMPS…!?

Daniel Houlle001

 

J’ai beaucoup de sujets en tête dont je voudrais vous entretenir.

Par exemple, je me demande bien pourquoi le Président de la République se croit  obligé d’inviter à grands frais au château de Versailles tout ce que la planète compte de grands entrepreneurs étrangers pour les inciter à investir en France, qui fait que les chinois et les émirs s’emparent de notre patrimoine, si ce n’est parce que dans notre pays il n’est plus possible d’accumuler du capital :  ce sera l’objet d’un article sur la notion de « capital  inclusif ».  Autre exemple, qu’est-ce qui passe par la tête du même pour qu’il ait envisagé dans un délire fédéraliste, des listes transnationales pour le scrutin des Européennes,  projet heureusement repoussé par le Parlement européen, alors qu’aucun cadre territorial ni institutionnel ne le justifie sauf à abolir les frontières : j’ai une réponse et ce sera l’objet d’un premier article sur les élections européennes, qui sera forcément  suivi de beaucoup d’autres. Savez-vous  combien de  plans le  gouvernement a tiré sur la comète depuis  moins d'un an.  Mimant Sarkozy, j'ai envie de continuer par "eh bien je vais vous le dire...". Voilà un sujet qui vous distraira certainement car   on frise le  ridicule. J’aimerais aussi vous entretenir de politique fiscale : là encore il y a large matière face à un pouvoir qui nous parle de « transformation » et qui se complait en réalité dans la pire des traditions, celle qui consiste à toujours plus d’impôts et de taxes : j’ai des preuves ! Il y aurait encore beaucoup à commenter au sujet des réformes dont  les médias « ébaubis » nous vantent la multiplicité et la ferme volonté, comme si ouvrir des chantiers suffisait à garantir la fin. Je reviendrai bientôt  sur celles de l‘apprentissage et de la formation professionnelle, où l’on voit l’Etat laisser les organisations patronales mettre la  main sur le pactole que représentent les cotisations pour le gérer à sa guise, mettant sciemment de côté les Régions qui ont pourtant en charge la compétence dans ces domaines. Dans quel but, sinon affaiblir les  territoires !

L’affaire Wauquiez.

Ce dernier sujet me permet d’enchaîner sur ce qu’il  faut bien appeler « l’affaire Wauquiez ».  S’il  y a bien un scandale, il  n’est pas dans les propos tenus mais dans le procédé. Nous vivons dans un monde où l’éthique et la morale professionnelle ont disparu. Tous les coups sont permis.  C’est non seulement inacceptable mais insupportable ! J’ai eu la curiosité d’aller voir à quoi correspondaient les paroles prononcées qui ont fait les choux gras médiatiques jusqu’à l’overdose pendant plusieurs jours. Il suffit d’écouter à quelles questions il répondait pour comprendre tout de suite qu’il n’y avait pas de quoi retenir cinq minutes l’attention. Ainsi, ses propos sur « le Médef  qui ne pense qu’à ramasser du fric sans se préoccuper des cotisations payées par les entreprises » répondaient précisément à une question sur la réforme de l’apprentissage qui retire aux Régions 4 milliards d’euros au profit des branches professionnelles, alors que les entreprises de moins de 11 salariés, en même temps, se voient assujetties à la taxe de 0,85% de la masse salariale pour participer au financement. Connaissant bien le sujet, j’aurais été  bien plus violent ! Tout le reste est à la même aune. Il suffit de remettre dans le contexte pour comprendre. Evidemment le ton employé dans la formulation n’était pas fait pour être rendu public. La tempête médiatique n’aurait pas dû concerner Laurent Wauquiez mais ceux qui utilisent ces méthodes de voyous.

C’est la méthode qui est scandaleuse.

Qu'est-ce qui est scandaleux, la parole libre d'un homme politique ou ce qu'on voudrait lui faire dire en l'enregistrant clandestinement ? Car le vrai scandale, c’est qu’aucun média n’ait condamné la méthode qui aurait pourtant mérité la « furia » plus que les propos révélés. D’abord, le fait même que l’enregistrement soit clandestin. Il  est vrai que depuis l’affaire Bettencourt, c’est à la mode. Tout le  monde va  pouvoir se sentir autorisé  à agir de la sorte, puisque ce n’est pas répréhensible. Si c’est ça le  journalisme d’investigation, il vole bien bas. Chers amis, il va vous falloir éviter les confidences ou les propos douteux dans les repas entre amis ou au restaurant sur untel ou untel, car un smartphone pourrait vous trahir. Je pense aussi aux enseignants qui devront  plus que tout autre peser leurs propos à chaque instant, et éviter l’humour qui pourrait être mal interprété. Et si vous avez des critiques à faire sur le personnel politique haut placé, méfiez-vous, des « oreilles ennemies vous écoutent ». La  dictature n’est pas loin et les médias y participent, car quand il n’y a plus de bornes, il n’y a plus de limites. Le deuxième scandale qui aurait dû provoquer la condamnation unanime du procédé, c’est le « montage » auquel s’est livré le journaliste de « Quotidien ». Il est tellement facile de rendre des propos insultants alors qu’ils ne le sont pas. Il suffit de les sortir de leur contexte. Le but était manifeste : faire le plus de mal à droite. On ne me fera pas croire que c’est un hasard. Ils nous ressortiront le coup de la théorie du complot en guise de dénégation. Il n’empêche, c’est un procédé bien connu des régimes staliniens : cela ne grandit pas les auteurs. Ce sont les mêmes qui, alors que nous attendions pour entrer à un meeting de François Fillon pendant la campagne électorale, s’insinuaient parmi les gens avec des micros-perches, pour tenter de « voler » ici ou là des conversations qui pourraient être exploitées ensuite.  Nous avions dû les « inviter fermement » à s’écarter ! Toujours le même procédé. « En même temps » il est tout de même  dommage que des Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, Elisabeth Morin, Valérie Pécresse, et même Jean-François Copé (manque pas d'air celui-là !) cautionnent ce genre de procédé pour en tirer un prétexte politique, sans même le dénoncer. Presque trop facile !  

Entre poubelles et caniveaux.

Malheureusement, c’est ce journalisme de caniveau qui est à la mode aujourd’hui. La dictature du scoop qui fait l’audience pour attirer la pub. Et si pas de pub, pas d’argent et dans ce cas-là on vire. « Il faut bien que je mange, alors je fais les poubelles ! » Voilà résumé le  modèle sur lequel vivent toutes ces pseudos chaines d’infos et leurs hommes de main. Monsieur Barthès a de beaux jours devant lui. Laurent Wauquiez peut porter plainte, le temps que la justice lui donne éventuellement raison, comme pour tous ceux dans son cas, les dommages et intérêts qu’il pourrait percevoir ne seront rien comparés aux profits immédiats engrangés par ces entreprises de destruction. C’est pourquoi on n’entend plus parler de l’affaire Fillon. Il y a gros à  parier que l’instruction menée à pas  de charge pendant la campagne, avec  fuites organisées, s’éternise maintenant pour aboutir le plus loin possible de la dernière présidentielle… Et pour cause : imaginons le scandale si la procédure aboutissait aujourd’hui à un non-lieu, ce qui n'est pas exclu !

On ne pourra pas éternellement nous faire prendre des vessies pour des lanternes, alors qu’ils se méfient bien de la lucidité des Français. Car, j’en suis le témoin, ces épisodes tumultueux de furia médiatique lassent de plus en plus, et de plus en plus vite : « ça ne va pas recommencer ! » est la phrase que j’ai entendue le plus souvent. Dans ces conditions, ils ont peut-être rendu service à celui qu’ils voulaient descendre. Les premiers sondages valident cette réflexion.

 


APPRENTISSAGE : UNE MAUVAISE REFORME

Apprentissage

 

Le projet présenté par le gouvernement part dans la mauvaise direction, en voulant confier le pilotage de l’apprentissage aux branches professionnelles, après une concertation pipée comme d’habitude. Le  premier ministre a suivi  le choix de sa  ministre du travail, qui,  ça n’est un secret pour personne, voulait absolument que  le bébé soit pris en charge par ses amis du patronat. Tout n’est pas encore joué,  car le projet doit encore être discuté au parlement. Il importe que les  Régions continuent de faire entendre leur voix.

Un tabouret à trois pieds.

L’apprentissage repose sur un tabouret à trois pieds : l’Etat, les entreprises et les Régions.  Il  importe qu’un équilibre soit respecté entre ces trois partenaires dans la définition des rôles, sinon  le système sera bancal. Et  l’on sait ce qui arrive  quand on s’assoit sur un tabouret  bancal. Ce sont les Régions qui devraient recevoir la mission principale du pilotage de l’apprentissage, je suis bien placé pour  le savoir,  ayant eu en charge son développement pendant six ans au Conseil Régional des Pays de la Loire, de 1992 à  1998. Nous avions multiplié par deux le nombre des apprentis, car c’est d’abord une question de volonté politique. J’ai pu mesurer alors combien l’exercice était périlleux, car le nerf de la guerre,  la taxe d’apprentissage, était capté par les branches professionnelles et les réseaux consulaires, qui  l’utilisaient à leur guise pour financer leurs  propres outils de formation. La plus grande  partie de  la  collecte nationale allait à  la Région Ile-de-France.  Les  Régions s’étaient vu confier l’organisation de l’apprentissage par les lois de décentralisation mais n’avaient pas les moyens correspondants. Il a fallu lutter pour obtenir qu’une péréquation plus équitable des fonds soit mise en place.

Le projet comporte des avancées appréciables.

Le volet « Etat » du tripode propose plusieurs points qui sont des progrès utiles : la hausse de la rémunération de l’apprenti de 30€ par mois, l’élargissement de l’accès à Erasmus, l’allongement de l’âge à 30 ans au lieu de 26 pour entrer en apprentissage, l’aide de 500 € pour passer  le permis de conduire… De même la simplification de la  taxe qui devient unique avec un taux de 0,85% de la masse salariale pour financer les contrats d’apprentissage. Une manne de 4 milliards d’€ qui ira aux centres de formation en fonction du nombre d’apprentis. Le gouvernement veut aussi cibler les aides à l’embauche d’apprentis vers  les petites entreprises, c’est bien vu et bienvenu. Les artisans ne s’en plaindront pas. C’est aussi une bonne chose que les Régions récupèrent l’orientation.  

Les  branches professionnelles ne sont pas les mieux placées.

Le projet prévoit de simplifier le financement en confiant aux branches professionnelles le  pilotage de la  distribution des fonds collectés. Cela peut paraître logique. Mais c’est oublier qu’elles ne couvrent pas tous les champs de formation ouverts à l’apprentissage : la fonction publique, les carrières médico-sociales et les réseaux des  maisons familiales qui ont en charge des formations multiples très impliquées dans la ruralité. Qui prendra en charge le financement de tous ces outils ? Se pose aussi une autre question et qui n’est pas anodine : qui régulera le taux de l’heure de formation dans les différents CFA ? Il y a un grand risque de rendre les branches professionnelles à la fois juges et parties. Sans parler du risque d’opacité sur l’utilisation des fonds collectés comme on l’observe pour ceux de la formation professionnelle. Enfin,  ce n’est pas au monde professionnel de décider de la  place de l’apprentissage, mais à la puissance publique, élue démocratiquement.

La Région devrait être le pôle d’équilibre de  l’apprentissage.

C’est la Région qui est la mieux à même d’organiser un développement harmonieux de  l’apprentissage sur l’ensemble de son territoire. Parce qu’elle est déjà au centre du dispositif et à l’expérience de la négociation avec tous les partenaires concernés,  avec un panel beaucoup  plus large que les seules branches professionnelles qui sont loin de couvrir tous les métiers. C’est donc vers elle que devrait converger toute la taxe d’apprentissage, à charge pour elle de financer les CFA, qu’ils soient de branche ou pas.  Elle est encore la mieux placée pour savoir quels types de formations il faut développer, ayant en charge  par ailleurs le développement économique. Or, pour le développement de l’apprentissage, la connaissance des besoins des bassins d’emplois est essentielle. La réduire à un rôle de concertation avec les branches professionnelles est à la fois dérisoire et pitoyable. C’est méconnaitre gravement l’expérience qu’elles ont acquise depuis plus de vingt ans. Je ne peux  m’empêcher de penser que derrière cette recentralisation, car c’en est une, il y a une volonté d’affaiblir les Régions. Il  est clair  là encore que la vision métropolitaine l’emporté sur celle des  « territoires ».

Pour que l’apprentissage réussisse, il faut aussi faire évoluer les mentalités des  parents et surtout celles qui dominent au sein de  l’éducation nationale. Quant à faire de  l’apprentissage une filière d’excellence, il y a longtemps que c’est une réalité dans les Pays de la Loire !

 

 


POUR LA DROITE, TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS

Laurent-wauquiez- la droite de retour
 

 

Intéressante cette synthèse de la fondation Jean Jaurès parue le 31 janvier dernier dans Le Figaro. A la lumière de  différentes études d’opinion, réalisées notamment pour le Cevipof, elle nous montre à la fois la « droitisation » de l’opinion,  qui n’est pas une surprise et une résistance de la droite pourtant mise  à mal par les tentatives de déstabilisation récurrentes du « macronisme ». On ne s’étonnera pas  non plus, qu’au moment où elle est réalisée, cette étude constate un manque de crédibilité des Républicains aux yeux des Français, quoique moindre auprès de ses sympathisants. Cette situation est bien normale après l’année de tourmente que nous avons vécue en 2017.

L’appel d’air de Macron.

Après son élection, et compte-tenu de l’effondrement du PS qui lui a permis des marges de manoeuvre, le Président de la République a mis l’accent sur des mesures susceptibles de plaire  à l’électorat de la droite, avec un certain succès, il faut bien le reconnaître. Et d’abord  en mettant les transfuges à des postes clés tels Le Maire et Darmanin, à l’économie et aux finances. Ils ne font pas vraiment une politique de droite, mais l’affichage est là. Cet appel d’air contribue à déplacer le centre de gravité de l’opinion vers la droite avec une note moyenne de 5,4 sur une échelle de 10 (moyenne à peu près constante depuis juin 2014), avec une poussée à 5,8 en novembre 2017. Le positionnement de Macron est à 6 dans les enquêtes Ifop fin 2017 : il s’est manifestement « droitisé » depuis son élection. Il profite ainsi du vide provoqué par la défaite de Fillon, plus que Le FN, autre concurrent sur le segment de la droite. Les Républicains doivent donc livrer une bataille sur deux fronts pour reconquérir leur place. Il faut relativiser le positionnement droitier de Macron qui est perçu comme tel autant par des électeurs de droite que de gauche. Au passage, il n’est pas anodin de noter que cette étude souligne, statistiques à l’appui, que la perception des Républicains est demeurée quasi inchangée entre septembre 2016 et octobre 2017 : la droitisation dénoncée par certains dirigeants LR sous l’effet de la campagne de Fillon puis de la désignation de Laurent Wauquiez est donc un fantasme ou un prétexte, parce qu’elle n’est pas perçue par les Français.

Un crédit entamé.

L’annus horribilis a laissé des traces. La défaite entraîne toujours des querelles et des défections. Les Républicains ont donc perdu en lisibilité et en crédibilité sur un grand nombre de sujets, y compris sur ceux qui formaient des points forts : réduction des déficits, autorité et sévérité des  peines,  l’immigration, sur tous ces thèmes, la perte de confiance est considérable. Quand on dit qu’il faut refonder le parti, le diagnostic est évident. Le rebond du parti Les Républicains viendra de sa capacité à retrouver un ou plusieurs chevaux de bataille qui feront sa singularité et résonneront vrai dans la tête des sympathisants de la droite : l’abandon des territoires, les attaques contre les classes moyennes, le pouvoir d’achat … peuvent lui conférer un avantage comparatif décisif par rapport au macronisme et à l’extrême droite en pleine débâcle.

Un potentiel de vote et une attente forte.

Le parti « Les Républicains » se retrouve comme les autres partis, fragilisé par l’élection présidentielle et la recomposition qui a suivi. Mais, en raison de la forte concurrence exercée sur l’électorat de droite, le parti garde une probabilité de forte progression, notamment sur le FN (ne parlons pas des autres partis de gauche). L’avenir dépend donc de la capacité prioritaire à récupérer les électeurs de droite qui constitue en partie le potentiel de vote LREM.  Les résultats des élections partielles sont de ce point de vue, assez encourageants. Il semble bien que le discours de Laurent Wauquiez et sa percée dans l’opinion des gens de droite traduise concrètement les prémisses d’une nouvelle envie de droite. Car 78% des sympathisants LR  continuent de  juger leur parti proche de leurs préoccupations (Ifop).  Le socle de confiance n’est pas réellement érodé ce qui permet de consolider l’hypothèse d’un rebond. Les mêmes sont à 75%  persuadés que leur parti reprendra le pouvoir en 2022. C’est donc sur sa « capacité d’incarnation » que Laurent Wauquiez va jouer sa réussite ou son échec. Il a du pain sur la  planche et n’a rien à perdre en s’opposant fortement au chef de l’Etat : 46%  seulement des sympathisants estiment que le parti s’oppose suffisamment. La base partisane des Républicains croit en l’avenir du parti, ce qui invalide ou marginalise les tentations de départ ou les tactiques personnelles. Elle veut que le combat se déroule en interne. Cette base est aussi en attente d’une doctrine claire. La mise en place d’un centre d’études et d’un « shadow cabinet » est destinée  précisément à répondre à ces deux préoccupations : s’opposer et avoir un projet solide et innovant.

Un chemin tout tracé.

Si les Français jugent dans leur ensemble que le parti n’a pas de projet et estiment (68%) qu’il ne pourra pas revenir au pouvoir en 2022,  c’est tout simplement qu’il faut un peu de temps. L’essentiel c’est que le socle sur lequel se refonder soit là, et il est  là. D’abord rassembler la famille, puis toute la droite pour s’adresser ensuite à tous les Français. Le chemin est tout tracé. Car l’exercice d’équilibre auquel se livre le Président de la République a ses limites. Les  sujets qui fâchent ne vont pas tarder à réapparaître comme l’approbation de la  PMA ou l’accueil des réfugiés, et viendront s’ajouter à la superficialité des réformes engagées. Le travail remarquable de Jean-Michel Blanquer à l’éducation ne suffira plus à faire illusion. A  la différence du PS, la droite n’a pas perdu son âme, elle semble même avoir retrouvé un brillant porte drapeau. Tous les espoirs lui sont permis.

 


A MOI, COMTE, DEUX MOTS !

A  moi comte  ...

 

Soyons nous-mêmes !

La droite doit être elle-même pour se différencier de la gauche. Mais nous avons pris de mauvaises habitudes, en grande partie à cause du langage utilisé par les médias, imprégnés depuis  1968 du vocabulaire de la gauche. Sans le  vouloir nous parlons tous le « gaucho ». Comment nos concitoyens alors ne seraient-ils pas perdus ? Il importe donc que nous nous astreignions à l’exercice salutaire qui consiste à parler le « dextro ». C’est d’autant plus important que les Français se situent majoritairement à droite (5,4 sur une échelle de 0 à 10) !

Voici quelques exemples de différenciation :

Est-ce qu’on dit : la gauche républicaine ? Non ! Alors  pourquoi se croit-on obligé de dire « droite républicaine ». Y aurait-il  une droite qui ne le soit pas ? Non plus. Le FN  n’est pas un prolongement de la droite. Donc, disons la  « droite » tout simplement. Nous n’avons pas à justifier son  appartenance à la République qui va de soi.

Dans le même genre, ne parlons pas des « valeurs de la  République », lexique gaucho s’il en est, dont on nous rebat les oreilles. Pour la droite, la référence ce sont les « libertés fondamentales ».  De même, à la place de « l’école républicaine » évoquons « l’instruction publique », locution plus précise et plus signifiante. Remplaçons le mot « justice » mis à toutes les sauces par la gauche (sociale, fiscale, sociétale, pénale  …) et sert d’appui à toutes  les mises sous conditions de ressources, par la notion « d’équité ». Si la droite avait à proposer une refonte de la fiscalité de notre pays, il faudrait qu’elle soit fondée sur l’équité et non la justice. Nous éviterons de parler de « capitalisme » forcément « sauvage », mais plutôt de « l’économie de marché » et surtout pas de « libéralisme » qui n’existe pas autrement que sous la forme « ultra » mais de « liberté d’entreprendre ». Vous remarquerez combien le mot « liberté » est peu employé par la gauche. On devrait en faire un étendard de la droite.

Les éléments de langage.

La  droite, peut-être parce qu’elle n’aime pas l’embrigadement pratique peu l’art des « éléments de langage ».  A une époque où la communication est essentielle, elle devrait le pratiquer davantage pour renforcer l’effet de cohésion. Ainsi devraient être mis davantage « en scène » tous ces  mots qui ont une vraie signification dans la pensée de droite tels que « autorité », « confiance », « famille », « nation », « responsabilité » (le pendant de la « liberté individuelle »). Arrêtons d’employer la  « solidarité » à  toutes  les sauces, mais insistons sur le  « bien commun ». Ainsi, Quand Murielle Pénicaud justifie l’assommoir de la CSG pour les retraités, c’est au nom de la « solidarité intergénérationnelle ». Voilà bien la traduction politique d’une pensée de gauche. L’Etat, donc, se substitue à la « famille » qui est  l’espace dédié à ce type de solidarité, qu’à droite on nomme « fraternité ».

En ces temps de confusion où l’on veut nous faire croire que le clivage droite-gauche appartient à un monde dépassé, au moment où nous nous attelons à redéfinir  un projet  politique pour notre famille politique, notre mouvement, il  est important,que nous nous réapproprions la langue qui correspond à nos idées. Alors quand vous entendez « créer du lien social », « espace de solidarité », « imposer un ordre juste », « rechercher le vivre ensemble », ne cherchez pas, c’est un gaucho qui parle.  Réfléchissez aux éléments de langage que vous utiliseriez en lieu et place : « relations humaines », « coopération » ou « entraide », « respect de la loi », « communauté nationale »… Il y a toujours un mot qui correspond à notre façon de penser et qui nous différencie.

Prochainement : Les  attentes des Français sur la droite (d’après une étude de la  fondation Jean Jaurès)

 


LA REGRESSION DEMOCRATIQUE EN MARCHE

Macron jupiter

 

Le  comportement du groupe LREM à l’assemblée nationale entre amateurisme et naïveté, incompétence et caporalisme, est déjà en soi une régression du mandat de député. Mais le mal est bien plus grave. Il touche à l’exercice du pouvoir tel  que Macron le conçoit, Jupiter dominant le monde, et aux projets de « transformations » qu’il nous concocte.

La gouvernance Macron.

Il se compare à Bonaparte, dit-on. Il en a la jeunesse et voudrait s’attribuer le même « esprit de conquête ». De ce dernier il n’a que l’arrogance. Il n’a  pas l’audace de Bonaparte tirant au canon sur les émeutiers devant l’église St-Roch pour rétablir l’ordre, on l’a bien vu avec l’épisode calamiteux de Notre-Dame des Landes. De la comparaison avec De Gaulle, il n’a retenu qu’une idée qui lui va bien : l’exercice du pouvoir suprême exige une certaine distance par rapport au « vulgum », mais si pour le  premier c’est un éloignement conféré par le prestige, pour le second il est surtout le fait du mépris du peuple. Macron a une vision verticale du pouvoir qu’il voudrait fondée sur l’autorité, bien dans la logique du technocrate de Bercy. Un pouvoir personnel, centralisé, qui entre en opposition avec le régime parlementaire, synonyme de pluralisme et tendant à la limitation de  l’exécutif. D’où la nécessité d’une majorité reposant non sur un parti, mais plutôt un club  de supporters (En Marche), à la botte, et un gouvernement qui est l’un des plus faibles de la Vème République, car, hormis Jean-Michel Blanquer et Jean-Yves Le Drian, comme personnalités marquantes, les « hommes forts » du macronisme, Ferrand, Castaner ou Griveaux sont plutôt fades. En sommes Macron ne doit son  pouvoir qu’à son premier tour présidentiel et à la loi électorale majoritaire. A  l’intérieur de son camp, il est seul. Pour l’instant il est resté le président des « CSP+ » et des « bobos ». Il n’a pas réussi à transcender la fonction en devenant aussi le président de ceux qui n’ont pas voté pour lui.

La centralisation au détriment des territoires.

L’identité urbaine du président qui imprime la marche de  l’exécutif l’empêche de voir  le reste de la France. En témoignent de nombreux exemples dans la pratique et dans les projets. Ainsi la « conférence nationale des territoires » est mise en place pour établir une concertation avec les  acteurs locaux mais c’est aussitôt pour prendre des décisions sans les consulter : diminution des dotations, suppression de la taxe d’habitation… L’abandon du projet de l’aéroport nantais est dans la même veine de renoncement à l’aménagement du territoire où l’on décentralise les équipements structurants. La réforme de la taxe d’apprentissage aurait dû faire des Régions les pôles d’équilibre de la formation en alternance, entre tous les acteurs dont elles ont la pratique et l’expérience, renforçant leur compétence en matière de formation professionnelle. Au lieu de cela, on impose un cadre centralisé sur les branches professionnelles assis sur la vision parisienne du Medef. Et  du même coup  on affaiblit les Régions comme la suppression de la taxe d’habitation met les collectivités locales sous tutelle. C’est un jeu dangereux : les communes qui comptent moins de 2 000 inscrits, représentent 14 millions d’électeurs contre 7 millions dans les villes de plus de 50 000 inscrits. Une poignée de métropoles va continuer d’imposer sa loi à des campagnes désindustrialisées, cantonnées dans le rôle résidentiel. La révolte est inévitable.

L’affaiblissement de la démocratie.

Vouloir la fin du clivage gauche –droite  est en soi une régression démocratique. Le consensus est possible au niveau local quand il s’agit du choix d’un réverbère, mais quand il s’agit des affaires de l’Etat, il en va tout autrement. Cela dit, le pouvoir présidentiel est en train de tout faire pour avoir les coudées franches. Toutes les décisions qu’il prend et tous ses projets convergent vers un affaiblissement de la démocratie. Déjà les modalités de désignation des élus des communautés de communes et agglo éloignent un peu plus les conseillers municipaux et les maires de leurs administrés. C’est une première régression. Le retour à des listes nationales pour la prochaine élection du parlement européen revient au système qu’on avait abandonné parce qu’il rendait inconsistant le lien entre les députés et le peuple. C’est une seconde régression. Le projet de réforme de la constitution qui prévoit de diminuer le nombre des parlementaires, s’il est populiste à souhait, n’en est pas moins une troisième régression : 400 députés et 240 sénateurs, cela veut dire que certains départements n’auront que deux élus. Or, on sait qu’après le maire, c’est la proximité de contact avec le député qui est la plus recherchée par le citoyen. Et que dire de l’idée de fusionner le Sénat, cet empêcheur de tourner en rond, avec le CESE pour en faire un « machin » illisible ! Comme on ne renforcera pas les moyens de contrôle du parlement, c’est bien un affaiblissement programmé de la fonction parlementaire, d’autant plus que la  dose de proportionnelle à 25% ne va rien arranger en matière de majorité pour gouverner. La  France, contrairement aux idées reçues, n’a pas trop  de parlementaires. Il y avait un moyen très simple de diminuer le nombre des élus, c’était de revenir à la réforme intelligente du « conseiller territorial » en lieu et place des conseillers départementaux et régionaux. Et encore il y aurait beaucoup à dire sur le  caractère antidémocratique de "l'encadrement des mandats" et les limites qu'on veut leur imposer en nombre et en durée. 

Certes, le Président fait de beaux discours. César sait être convaincant. Mais il a autant de discours que d’interlocuteurs. Il est capable de dire  tout et son contraire, en changeant de langue, comme à Davos. C’est satisfaisant pour son ego. Mais, faute de convaincre une majorité de Français, il  souhaite faire le vide autour de lui pour gouverner à sa guise. Ce n’est pas de cette manière qu’on va inciter les abstentionnistes à revenir aux urnes. On ne tardera pas à voir que le roi est nu ! La régression démocratique n’est pas une bonne chose pour la France.

 


PETITE CHRONIQUE DE TRAHISONS PROGRAMMEES…

Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé

 

Ils n’en finissent pas de prendre leurs distances, en attendant… on ne sait quoi. La  cible  c’est Laurent Wauquiez et ses positions soi-disant droitières et surtout son supposé souverainisme sur l’Europe. Pourtant, émissions télé et articles de presse ont mis les choses au clair. Ce ne sont que des procès d’intention. Des prétextes quoi ! Pour rejoindre Macron le moment venu, et si possible à une date cruciale qui  fasse bien le buzz  pour nuire aux Républicains. C’est comme  ça  que je vois  les choses : chacun ses procès. C’est une attente cousue de fil blanc ! Ils ne me feront pas croire que leur décision n’est  pas prise.

Le cas Juppé.

Sa "réserve" semble suivre un plan de com’ bien huilé. Etape par étape il se rapproche de Macron. Cela a commencé  par une  déclaration aussitôt suivie d’une rétractation sur les « convergences européennes » avec la vision du Président. Puis il a annoncé qu’il n’avait pas renouvelé sa cotisation à son parti en 2017, dont il est pourtant le fondateur. Enfin il a déclaré récemment se mettre en retrait de sa  propre fédération dont il était le président naturel. Seraient en cause un méli-mélo de raisons parmi lesquelles l’influence excessive supposée de Sens commun (risible), les positions droitières de Wauquiez et ses propositions trop souverainistes sur l’Europe. Bref, Alain Juppé  prépare sa mue macronienne. Il est chaperonné en cela par tout son ancien état-major passé chez Edouard Philippe, qu’il avait, parait-il, dissuadé de prendre le poste de PM, et dont il chante les louanges aujourd’hui. Je ne vois pas en quoi la politique social-démocrate qu’il mène peut convaincre le Maire de Bordeaux. Alors, comment expliquer ce virage ? Probablement par un mélange d’aigreur : il n’aurait pas digéré sa défaite à la primaire de la droite et encore moins le refus de Fillon de lui laisser la place quand il s’avérait que la droite allait « droit dans le mur ». A l’aigreur peut s’ajouter le souci de  garder la mairie en 2020 en imaginant que LREM pourrait encore tout balayer. Un pari risqué. L’histoire nous a appris que les élections intermédiaires sont rarement en faveur du pouvoir central. Il reste que ce comportement me déçoit fortement, moi qui ai toujours eu de l’affection, et même de l’admiration, pour lui. Allez, Alain, n’écoute pas les sirènes de Matignon, elles vont te perdre !

Adresse à mon ami Jean-Pierre.

Jean-Pierre Raffarin a mis le parti sous observation jusqu’à la fin 2018. Pour quelqu’un qui a dit se retirer de la vie politique, il reste très présent dans le paysage. On ne se refait pas : couper le cordon lui est impossible. La longue interview qu’il a donnée au journal « Les Echos » m’a néanmoins laissé pantois. Il y montre une fascination pour Macron qui m’étonne et me surprend, lui, d’habitude si réaliste. Je ne veux pas croire qu’il revit un « effet Giscard », dans « l’effet Macron » qu’il décrit, car ce serait un signe de sénilité. Macron est certes jeunes et semble remplir correctement la fonction présidentielle –après Hollande, c’est plutôt facile- mais je ne lui reconnais en rien le génie et la vision prospective de Giscard. Il accorde au Président un désir de réformer qui se résume pour l’instant à ouvrir toutes les portes, sans emprunter aucun couloir, sauf peut-être celui de la finance et des banques. Ces dernières sont bien les seules à profiter pleinement des réformes. C’est tout au plus un « président courants d’air », plus dans le discours que dans l’action.

Cher Jean-Pierre, tu voudrais qu’Emmanuel Macron réussisse, mais c’est un vœu pieux car à l’inverse de ce que tu souhaites, la France continue de perdre du temps sur l’essentiel, les déficits et la dette. Comme le dit Agnès Verdier-Molinié, « la France continue d’aller dans le mur,  mais plus doucement ». Tu ne mesures pas non plus l’effet dévastateur de la hausse de la CSG et en janvier 2019 celui du prélèvement à la source, sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Non, Macron ne mène pas une politique de centre droit. Ce sont les médias qui répercutent cet « élément de langage » dont tu te fais le relais. La politique économique menée par l’actuel exécutif est classiquement keynésienne : une relance financée par l’impôt et l’emprunt.  C’est au mieux, une politique de centre-gauche, social-démocrate, camouflée  par un discours volontairement droitier. Je ne retrouve pas, comme tu dis « le libéralisme économique et la volonté de modernisation de la société » qui animait Giscard, dans cette conduite des affaires qui fait la part toujours plus belle à l’économie administrée et aux lobbies bobos. Et quand tu cites l’action du Premier Ministre au sujet de N.D. des Landes, plus le temps passe et plus on s’aperçoit que c’est une reculade qui bat en brèche la vision d’aménagement du territoire qui animait Dominique Bussereau quand il avait signé la DUP en 2008. Sur l’Europe, je suis effrayé de voir que le procès fait à Wauquiez, qui reprend pourtant une grande part des idées exposées par Giscard dans « Europa », repose sur une vision fédéraliste qui ne change pas et c’est celle qui nous a fait perdre aux précédents scrutins et dont les Français ne veulent plus. Cette vision ne mérite pas la trahison que tu prépares. Pour le reste, c’est toujours beaucoup d’indulgence, même quand tu reconnais que Macron ne fait pas ce qu’il faut. Au lieu d’essayer de convaincre Macron d’infléchir son action, tu ferais mieux d’apporter ton expérience aux Républicains dans leur reconstruction. Alors j’ai envie de te crier : « Jean-Pierre, réveille-toi, Macron va échouer, et on a besoin de tout le monde dans le parti pour reprendre le flambeau le moment venu ! ». Il n’y a plus deux droites. La France a changé. Par contre, comme toujours, l’union fera la force !

Le bloc-notes rattrapé par l’actu.

Je ne pensais pas si bien dire dans ma note du 5 février : « La dette, cette bombe à retardement ». C’est venu plus vite que je ne le pensais. Les Bourses sont en train de connaître une correction logique, mais plusieurs variables indiquent que l'économie est en train de connaître le retournement de situation plus rapide qu'attendu. Les diverses notes de conjoncture montrent que les opérateurs redoutent l'apparition d'un cycle économique caractérisé par la hausse des taux et par la réapparition d'une inflation significative. Concernant l'Europe, le choc risque d'être rude car des liquidités américaines vont nécessairement quitter notre continent (rapatriement de 3 000 milliards de dollars voulu par Trump) d'autant plus nettement que les taux américains seront plus élevés – comparativement - que ceux de la zone euro. Du pain noir pour Macron au moment où son gouvernement souhaitait orienter l’épargne vers les marchés d’action. A bon entendeur !

 


WAUQUIEZ : LA PASSE DE TROIS !

Laurent Wauquiez

 

Les réussites, c’est comme les ennuis, ça  peut voler grouper.

Après une « Emission politique » maîtrisée et réussie brillamment, dont j’ai pu mesurer l’impact auprès de nos amis et sympathisants autour de  moi, Laurent Wauquiez a enchaîné avec  un  Conseil national du parti Les Républicains parfaitement orchestré.   Les séances de travail à huis clos ont été très  appréciées des cadres et la séance plénière de l’après-midi, émaillée de nombreux échanges avec la  salle, a inauguré un nouveau style de gouvernance plus proche des  militants. L’incident provoqué par Valérie Pécresse n’aura été qu’un coup d’épée dans  l’eau : que peuvent penser nos adhérents et cadres d’une personnalité qui vient « faire la leçon » en arrivant en retard et en s’éclipsant sans attendre le discours final ? On a beau être présidente de Région, tout de même, ça manque de  respect.

Le parti bel est bien en ordre de marche.

Les  Républicains sont opérationnels. Dotés d’une direction rajeunie, d’un nouveau bureau politique rassemblant les diverses sensibilités, d’un centre d’études  dirigé par le talentueux Bernard Accoyer et d’un Conseil national présidé par Jean Léonetti dont on sait la modération, ils peuvent repartir de l’avant. On a vu déjà à l’œuvre les membres de la nouvelle direction  avec une mission sur le terrain en Maine-et-Loire pour se mettre à l’écoute des  territoires. Les  mois qui viennent seront déterminants pour  imposer le parti à la place qui est la sienne : le premier parti d’opposition.

Des  législatives bienvenues.

Voilà deux victoires qui tombent à point nommé. Certes, on arguera qu’un électeur sur cinq, ça fait pas  beaucoup. Mais il en va souvent ainsi dans les  partielles. Cela n’empêche pas  d’en tirer quelques leçons. D’abord, même faiblement, ce sont les électeurs républicains qui se sont le mieux mobilisés. Et voilà deux élus et un député de plus ! Le FN et Les Insoumis sont dans les choux, le PS inexistant. La République en marche n’est  apparue que ce  qu’elle est : la droite ne vote pas pour elle quand il n’y a  pas de menace. Et la gauche,  probablement agacée par le discours droitier n’a eu guère envie d’y revenir. Pour les Républicains, est-ce un effet Wauquiez ? Trop tôt pour le dire, encore que la prestation de l’intéressé à l’Emission politique n’a pas pu nuire. Mais si les Républicains avaient perdus, on aurait bien su désigner le fautif. Nous sommes bien le  premier parti d’opposition au parlement et en nombre d’adhérents (payants). Voilà de quoi faire réfléchir tous ceux qui auraient des velléités de « prise de distance ».

Et si Macron, finalement, n’était pas ce  magicien qu’on nous vend du matin au soir sur BFMTV ! C’est que les ennuis, à notre époque, ça peut venir vite. Les  situations se retournent rapidement comme on le voit en ce moment avec les soubresauts boursiers. Je ne pensais pas si bien dire dans ma note précédente. Après le pain blanc … Certains vont commencer à imaginer qu’après tout, il pourrait bien échouer. Ben oui, chacun son tour. Les ennuis aussi ça vole en escadrille. Et le vote du Parlement européen qui a flingué son idée farfelue de listes transnationales pour les  européennes, ça n’est peut-être qu’un début !

En attendant, pour Wauquiez, c’est  tout bon !

 


L'INTERVIEW DE VIRGINIE CALMELS

 

Je donne aujourd'hui la parole à Virginie CALMELS, N°2 des Républicains. 

Interview donnée à ATLANTICO.

 

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VIRGINIE CALMELS 2

 

ATLANTICO : La semaine dernière lors de votre discours au Conseil National des Républicains, une partie de votre intervention était consacrée à réfuter l’idée qui vous est souvent opposée selon laquelle Emmanuel Macron mènerait une politique de droite. Peut-être ne mène-t-il pas une politique de droite en effet si on s’en fie à ce qu’étaient les programmes des républicains pour la présidentielle et les législatives mais il fait et c’est ce que semblent lui reconnaître les Français dans les sondages.
Au regard des corporatismes, des archaïsmes et des rigidités françaises, en quoi considérez-vous que vous feriez mieux ?

VIRGINIE CALMELS : Cela dépend à quoi l’on s’attache. Est-ce qu’aujourd’hui on a le sentiment qu’Emmanuel Macron a œuvré contre ces corporatismes ? Lorsque l’on a des représentants syndicaux qui quittent l’Elysée avec le sourire c’est rarement l’exemple d’un immense bras de fer qui a été mené. J’aurais tendance à dire que bien sûr on ne peut pas reprocher à Emmanuel Macron de ne pas travailler ou de ne pas vouloir traiter un certain nombre de sujets, d’être passif ou d’être mou. Maintenant est-ce que vraiment en profondeur il s’attaque aux syndicats, aux statuts de la fonction publique, aux régimes spéciaux… Toutes ces choses-là pour moi aujourd’hui il n’y a pas touché. Si l’on parle vraiment des carcans français et du poids de l’administration ou de la lourdeur de la fiscalité on voit qu’il n’y touche pas. L’absence totale de réduction de la dépense publique est pour moi la continuité de ce que l’on a subi pendant des dizaines d’années et on en arrive à des chiffres de dette colossaux (2.200 milliards) avec une dépense publique gigantesque (57% du PIB). Au fond, si l’on creuse, il n’a pas tordu le cou à beaucoup de ce qui fait le fondement de l’Etat providence dans lequel nous sommes enfermés. Il faut avoir le courage de s’attaquer à tout ce que l’on vient de citer avec un accent mis sur la redéfinition du périmètre de la fonction d’Etat. Emmanuel Macron est lui dans la reconduction d’un modèle classique et l’on est loin de la révolution promise. Il faudrait avoir une approche beaucoup plus courageuse et quelque part beaucoup plus innovante de la gestion à la fois de la dépense publique et des missions de l’Etat.
 
ATLANTICO : Des affrontements violents ont eu lieu à Calais, vous souligniez la semaine dernière également que votre approche des questions migratoires étaient plus ferme que celle de gouvernement mais que feraient concrètement les républicains de différents s’ils étaient au pouvoir aujourd’hui ?
 
VIRGINIE CALMELS : Là encore l’habileté de Macron est de rependre un thème (généralement emprunté à la droite dans la perception du grand public) comme l’immigration et de faire semblant de le traiter alors qu’en fait il ne s’attaque qu’à un petit bout du problème.

Aujourd’hui le projet de loi ne touche qu’à l’asile politique (40 000 personnes par an) alors qu’il y a eu l’année dernière 262 000 titres de séjour délivrés soit un record depuis 40 ans. Cela veut dire qu’en fait on est en train de mettre en avant une action du gouvernement qui ne touche qu’une petite partie d’un problème bien plus grand. Nous, nous voulons la restauration des peines plancher, l’instauration de quotas d’immigration à l’instar de ce qu’a pu faire le Canada, un durcissement des conditions du regroupement familial, une réflexion sur le droit du sol en durcissant les règles sur ce dernier ou encore la révision totale de l’Aide Médicale d’Etat (AME) qui pèse directement un milliard d’euros par an… Ces six ou sept mesures n’apparaissent pas dans le projet de loi Macron ni dans ses propos.  Comme toujours c’est beaucoup de communication, on donne l’impression de s’emparer de thèmes importants pour les Français mais en restant très parcellaires.

 
ATLANTICO : Autre point fort de votre discours de la semaine passée et vous avez même commencé par ça, vous rejetez en bloc les affirmations de ceux qui considèrent que les républicains sont proche du Front National : pour vous, le parti véritablement proche du FN en France, c’est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. C’est certainement vrai si on raisonne en termes de programme économique mais n’est-ce pas appuyer là où ça fait mal aussi pour les républicains : certains, comme Guillaume Peltier l’un des deux autres vice-présidents du parti, ne semblent plus du tout être libéraux ? Laurent Wauquiez lui-même a attisé les inquiétudes avec ses propos sur le protectionnisme. Vous qui êtes libérale, quelle serait la ligne rouge que vous refuseriez dans les programmes à venir du parti ?
 
VIRGINIE CALMELS : La distinction par rapport au FN doit porter sur l’ensemble. Bien sûr sur la partie économique mais aussi sur la partie régalienne car nous n’avons résolument pas la même approche. Nous vivons dans un monde ouvert et nous refusons le repli sur nous-mêmes, nous ne sommes pas protectionnistes sur les frontières de la France. Nous considérons que c’est une chance d’être pro européens et de s’inscrire résolument dans une construction européenne. S’agissant en revanche du protectionnisme, je préfère la notion de défense des intérêts de nos acteurs économiques, qui doit se faire à mon sens au niveau européen et c’est donc bien à cette échelle qu’il faut définir notre ligne économique. Que l’on ne veuille pas être naïf par rapport aux grandes puissances qui elles-mêmes fixent un certain nombre de restrictions et que la puissance européenne doive en conséquence se doter d’actions réciproques me semble être la bonne direction.
 
La question de la ligne rouge n’est pas à poser au niveau des individualités selon moi mais plutôt au niveau du parti. Si ce dernier évoluait vers une ligne qui serait très souverainiste se recroquevillant sur ses frontières nationales ce serait effectivement s’éloigner de ma vision d’une France forte et ouverte dans une Europe forte à reconstruire. Je ne crois pas au protectionnisme français. De surcroît, au regard de notre balance commerciale ce serait une erreur totale.
 
ATLANTICO : Vous appeliez au rassemblement et à la reconstruction de la droite, Jean Pierre Raffarin a annoncé dans les Échos ce vendredi qu’il envisageait lui aussi de quitter les républicains. Alain Juppé pour sa part s’est posé ouvertement la question sur une chaîne de télévision Suisse de savoir s’il était encore de droite tout en reconnaissant trouver beaucoup de charme à Emmanuel Macron… Pensez-vous que ces départs affaiblissent la droite en la rétrécissant ou la consolident en lui permettant de ne plus être écartelée idéologiquement ?
 
VIRGINIE CALMELS : Il ne faut pas surjouer les différences et ce que vous appelez l’écartèlement idéologique. Lorsque l’on regarde les projets portés lors des primaires, l’on s’aperçoit qu’ils étaient très voisins entre Sarkozy, Fillon ou Juppé avec 90% de tronc commun. Evidemment les primaires se sont focalisés sur les différences mais nous avons dans les faits un socle de valeur qui est commun. Je réfute l’idée saugrenue que les pro-européens devraient se tourner vers Macron et que les antieuropéens se retrouveraient dans Les Républicains. C’est une imposture intellectuelle car la quasi-totalité des membres des Républicains aujourd’hui sont pro-européens. C’est la ligne de notre famille politique. A mon avis ce sont plus des affaires d’individus que d’idéologie.  A titre personnel je pense qu’il faut garder les sensibilités politiques différentes au sein de ce parti et qu’une grande famille politique comme la nôtre ne peut pas être monochrome. Ce serait se rétrécir. Il faut cette pluralité de sensibilités mais sans être dans l’antagonisme.  Il faut que le socle de valeur soit le même.
 
ATLANTICO : Certains murmurent qu’Alain Juppé se rapproche de la république en marche pour des considérations de politique personnelle afin de pouvoir garder sa mairie de Bordeaux grâce à LREM, vous qui connaissez et Bordeaux et Alain Juppé, qu’en pensez-vous ?
 
VIRGINIE CALMELS : A Bordeaux on constate certes que Macron et Mélenchon sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle mais j’observe que l’élection municipale est plus une élection de personnes que d’étiquettes. Compte-tenu de ce qu’Alain Juppé représente à Bordeaux, son historique et son excellent bilan, il peut se passer d’étiquettes.
 
ATLANTICO : Vous dites que la France est le parent pauvre de l’Europe en matière de chômage malgré le retour de la croissance ? Où en serions-nous de ce point de vue-là si Les Républicains nouvelle version étaient au pouvoir ?
 
VIRGINIE CALMELS : On aurait pris des mesures beaucoup plus fortes. Quelles sont celles qui permettraient d’inverser la courbe du chômage ? D’abord le doublement des seuils sociaux, cela ne coûte rien mais cela modifie le rapport avec la représentation syndicale. C’était d’ailleurs dans le projet Fillon. Autre point, nous pensons que le chômage ne sera endigué que par une baisse massive des charges. Pour cela, il fallait une baisse massive de la dépense publique et pour baisser cette dépense publique il y a plusieurs leviers mais un levier important (pour n’en citer qu’un) aurait été de s’attaquer aux retraites. On est dans une configuration aujourd’hui où Emmanuel Macron ne s’est pas attaqué à ce qui permettrait de réduire les charges des entreprises. C’est même l’inverse. Lorsqu’il transforme le CICE en baisse de charge, au passage il augmente le coût du travail de 9 milliards en 2018, ce qui pour moi est une hérésie dans le contexte qui est le nôtre où nous devrions faire du chômage une priorité. Nous sommes finalement à l’inverse de ce que nous aurions fait nous si nous avions gagné.
 
ATLANTICO : Plus d’Europe, moins d’Europe, une autre Europe ?
 
VIRGINIE CALMELS : L’Europe oui. Mais il faut surtout « mieux d’Europe ». Oui nous sommes résolument européens, oui nous voulons une Europe forte mais nous sommes capables de dire que cette Europe actuelle ne fonctionne pas en l’état. Elle ne fonctionne pas car il y a eu des vagues d’élargissement qui ont finalement diminué ce qu’était le pacte initial. Il faut se concentrer à renforcer une Europe qui protège, qui soit en mesure de protéger nos intérêts économiques et de peser sur la scène internationale. Mais l’Europe que nous voulons c’est un système qui n’est en rien une technocratie qui rajoute des normes à n’en plus finir qui sont au final autant de freins à l’émergence de champions européens.
 
ATLANTICO : Les Républicains ont appelé à la démission de Darmanin mais plusieurs personnalités du parti ont fait entendre une voix différente, ne redoutez-vous pas un effet boomerang comme celui vécu par François Fillon avec son évocation du général de Gaulle impossible à imaginer mis en examen ? Est-ce que nous ne sommes pas en train d’entrer dans une ère ou de simples dénonciations non traitées encore par la justice peuvent abattre une personnalité ?
 
VIRGINIE CALMELS : Ma position est de dire que si les faits étaient avérés ce serait très grave mais que de fausses allégations seraient également très graves. Je me méfie toujours des dénonciations, je fais confiance à la justice de mon pays et crois en la présomption d’innocence. Elle reste un axe indispensable à mettre en avant dans tout dossier quelle que soit l’appartenance politique de la personne incriminée.

Je ne commente pas un dossier que je ne connais pas. Mais au-delà du motif de l’ouverture de l’enquête préliminaire, sur lequel je laisse à la justice le soin de se prononcer, ce que j’ai trouvé extrêmement choquant dans le récit qui a été fait, et qui apparemment n’a pas été contesté, c’est qu’il y aurait eu « un accord » pour interférer dans l’effacement d’un casier judiciaire moyennant une contrepartie « en nature ».
Quant à l’effet boomerang, à titre personnel je ne me sens pas menacée (rires).

 
ATLANTICO : Vous qui venez du privé, que pensez-vous du projet de Big Bang annoncé par Edouard Philippe et Gerald Darmanin sur la fonction publique avec en particulier le recours à des méthodes venues de l’entreprise ?
 
VIRGINIE CALMELS : Je serais toujours favorable à essayer d’importer certaines méthodes managériales comme la mobilité, les primes au mérite. Je suis contre l’évolution à l’ancienneté. De ce point de vue là, je ne pourrais que saluer l’initiative si elle était mise en œuvre. Mais là encore on ne va pas assez loin. C’est intéressant de parler de plans de départ volontaires des fonctionnaires mais il faudrait s’attaquer au périmètre de la fonction publique et recourir à des contractuels dans les périmètres non régaliens. Et là encore ce n’est pas traité par Emmanuel Macron ou son gouvernement.
 
ATLANTICO : Emmanuel Macron doit se rendre en Corse pour le 20e anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac. Des manifestations ns sont prévues ce week-end. La situation dans l’île de beauté vous inquiète-t-elle ?
 
VIRGINIE CALMELS : La République est Une et indivisible. On peut entendre des revendications sans pour autant les partager. La Corse a déjà un statut différent. Ce qui m’importe c’est plus de respecter les identités, les cultures, les bassins d’emploi et de raisonner au niveau régional. Je suis profondément décentralisatrice et je pense que le périmètre régional est le bon niveau. Je plaide même pour une autonomie fiscale pour donner aux régions de vrais moyens d’action et beaucoup plus de responsabilisation aussi. Mais les revendications des indépendantistes vont bien au-delà et cela pourrait rompre cette notion juste et nécessaire de République Une et indivisible.
 
ATLANTICO : Que vous inspirent les polémiques du moment sur les commémorations incluant Charles Maurras ou les suites du mouvement MeToo/ #BalanceTonPorc ? Laurent Wauquiez défend l’intérêt de la droite à ne plus céder aux intimidations idéologiques et au politiquement correct, jusqu’où faut-il aller pour ne pas prêter le flanc aux accusations qui vous réduisent à un parti réactionnaire ?
 
VIRGINIE CALMELS :

Je crois en la liberté d’expression et je m’inquiète toujours de protéger cette liberté sans tomber dans le caniveau de la dénonciation calomnieuse. On a la chance de vivre dans un pays qui normalement n’est pas répressif sur un certain nombre de choses et je ne pense pas qu’il faudrait que l’on s’enferme pas à pas dans un système un peu caricatural et oppressant. On était un pays qui avait trouvé cet équilibre entre les pays latins et les pays nordiques. C’est notre force et ce serait dommage de s’en éloigner.
Pour moi et à l’instar de Laurent Wauquiez, vouloir affirmer haut et fort ses convictions, ne pas vouloir plaire à tout le monde, ce n’est pas être réac. Dire que l’on ne va pas céder au politiquement correct et dire ce que l’on pense, partager nos valeurs y compris quand ça froisse, ce n’est pas être réac. C’est d’ailleurs le piège qui nous est souvent tendu et dans lequel il ne faut pas que l’on tombe. On peut être clair sur ses convictions, ne pas plier l’échine, sans tomber dans la caricature. C’est à nous de savoir livrer ce débat en répondant sur le fond à nos adversaires qui chercheront toujours à nous enfermer dans cette caricature de réactionnaires.

 

Demain : "LAURENT WAUQUIEZ  : LA PASSE DE TROIS !" 

 


LA DETTE, CETTE BOMBE A RETARDEMENT …

étau des taux

 

Depuis 2008, en raison de la crise, les  politiques économiques budgétaires et  monétaires, menées dans les pays de l’OCDE ont ouvert largement les vannes de la facilité, notamment en inondant les marchés généreusement : emprunts et émissions de monnaie.  Les gouvernements et les  banques centrales ont privilégié le court terme sans mesurer sur le long terme les conséquences de leurs décisions. La récession est pourtant terminée depuis longtemps : la reprise économique  est  effective depuis 2010 aux Etats-Unis et depuis 2014 en Europe, et malgré tout, ces  politiques se sont poursuivies. L’accumulation de dette publique se poursuit encore aujourd’hui aux Etats-Unis et en zone euro, hors Allemagne qui n’a plus de déficit depuis 2012, au Royaume-Uni, au Japon.  La dette atteint 135% du PIB en Italie, 230% au Japon, 100%  en France et en Espagne, 90% au Royaume-Uni,  110% aux Etats-Unis… Soit un doublement des taux d’endettement public en 15 ans ! Entre 2008 et aujourd’hui, la quantité de monnaie offerte par la banque centrale américaine est passée de 900 milliards à 4 400 milliards de dollars, et de 900 à 3 100 milliards d’euros dans la zone euro.

On aurait pu imaginer que l’amélioration de la conjoncture conduirait à l’amélioration de la situation des finances publiques : il n’en est rien. Si les déficits se redressent quelque peu, c’est parce que la croissance est plus forte, pas du tout parce que les politiques budgétaires sont devenues plus restrictives. Mais lorsqu’il y aura normalisation des taux d’intérêt à long terme, processus qui est entamé aux Etats-Unis et atteint maintenant l’Europe,  les Etats, pour assurer  leur solvabilité devront augmenter la pression fiscale et réduire les dépenses publiques qui peuvent être utiles à la croissance et n’auront pas le choix. C’est pourquoi les banques centrales craignent les effets de la contraction monétaire et de la hausse des taux d’intérêt sur la situation des emprunteurs et des investisseurs en obligations, et aussi sur les marchés d’action.  Ils avancent donc la main tremblante, en sachant que prolonger cet excès de liquidité est très dangereux : il peut générer des bulles sur les prix des actifs, sur les actions des entreprises de l’internet , sur les cryptomonnaies, et déjà actuellement à nouveau sur les prix  de l’immobilier, et déstabiliser les taux de change (ex : l’euro trop fort).

La France est particulièrement exposée en cas de nouvelle déflagration. Celle-ci parait encore improbable à court terme,  mais le temps presse. Ce qui nous distingue de nos voisins c’est le  poids de nos charges sociales. Si la protection sociale n’a pas de prix, elle a un coût, et ce coût reste supporté essentiellement par les employeurs. Il  est donc coupable  de ne pas engager, alors que la croissance est de retour, les efforts structurels pour réduire significativement la dépense publique et la dette qui asphyxient les capacités d’action du pays dont la capacité d’investissement est totalement saturée par la place démesurée des dépenses de fonctionnement et l’expansion des transferts sociaux incontrôlés.

Pendant 5 ans sous Hollande, on a  laissé filer les dépenses malgré « l’alignement des planètes » (euro faible, faibles taux, énergie peu coûteuse), et le gouvernement actuel prolonge  la même passivité alors que la croissance libère des marges. La France s'est habituée à l'ère de l'argent gratuit. Les marchés ont été d'une incroyable mansuétude et nous ont bercés d'illusions. Nous avons continué de vivre au-dessus de nos moyens et à nous droguer à la dette, sans que les investisseurs ne s'en émeuvent. Nous avons repoussé les vrais efforts de redressement des comptes publics, tant qu'ils continuaient à nous apporter les doses de morphine...

Or depuis le début de cette année, les taux se tendent partout. Celui de la dette française s’est hissé à 1% alors qu’il se situait autour de 0,60% au printemps 2017. C’est un mouvement a priori durable qui marque la fin d’un âge d’or pour les marchés obligataires et la banque centrale européenne commence à s’engager dans la même voie. Cette hausse peut être vécue dans un premier  temps, comme  un signe de bonne santé de l’économie,  mais elle alimente la remontée du rendement des obligations souveraines, et en parallèle un mouvement de prises de bénéfices sur les marchés boursiers. Le spectre de l’éclatement de la bulle resurgit et pourrait concerner les actions et les obligations …

Si elle ne réagit pas rapidement, la France va se télescoper au mur de la dette. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le pays doit encore lever 180 milliards d'euros cette année - il reste l'un des plus gros emprunteurs mondiaux. La dette française est une bombe à retardement, surtout dans un environnement où les taux commencent à remonter. Il suffirait ainsi qu’ils augmentent de 1% (déjà + 0,40% en ce début d’année) pour que la dette nous coûte 2 milliards de plus chaque année. En 2023, dans à peine cinq ans, ce point supplémentaire représenterait une surcharge de 12,9 milliards d'euros dans le budget de l'Etat, l'équivalent de tout l'argent que nous consacrons aujourd'hui à la police et la gendarmerie nationale ! Et rien ne dit que la hausse ne serait que d’1 point. Voilà pourquoi reporter l’effort  à la fin du quinquennat est irresponsable, d’autant plus que la conjoncture favorable offerte par une croissance inespérée risque de s’amoindrir.  Nous sommes dans une reprise cyclique. En France nous l’avons découverte très tardivement.  Elle  ne fait que commencer chez nous alors que la zone euro en est à son 18ème trimestre consécutif de croissance. Le retournement est  donc pour bientôt et il ne faut pas croire qu’il serait retardé chez nous.

Il  manquait une pièce au puzzle : l’augmentation des salaires qui relancerait  l’inflation. Le mouvement est enclenché aux Etats-Unis et a fait chuter Wall-Street, il ne tardera pas en Europe. Ce sera l’accélérateur de la remontée des taux.

La course de vitesse est engagée. Si nous ne prenons pas nous-même des mesures vigoureuses pour réduire notre endettement, si nous ne faisons pas nous-même des choix difficiles, ce sont les marchés qui nous les imposeront. L’euphorie économique actuelle est forcément grisante mais ne doit pas nous leurrer : nous  avançons sur une corde raide et elle est peut-être le signe avant-coureur de la tempête qui se prépare. Rappelons-le une dernière fois : l’ampleur des deux déficits budgétaire et commercial, le niveau du chômage, l’endettement de l’Etat, des entreprises et des ménages nous rendent très vulnérables.

C’est là qu’on  verra si Macron est à la hauteur, car les mots ne suffiront pas.



LA CROISSANCE EST LA, PAS L’EMPLOI !

Croissance 2014 panne

 

La  croissance tellement attendue.

Non sans triomphalisme, le gouvernement a annoncé que la croissance du produit intérieur brut français (PIB) avait progressé de 1,9 % en 2017. Ce succès est revendiqué par tous, y compris les amis de François Hollande. Le gouvernement, bien sûr, qui travaille depuis sept mois, mais aussi les hollandais qui affirment qu’elle résulte des mesures adoptées par l’ancien président, CICE et pacte de compétitivité. C’est de bonne guerre, pourtant ils n’y sont pas pour grand-chose, car elle vient surtout par l’extérieur.

On ne peut s’empêcher de se poser d’autres questions.

La croissance à 1,9 % est-elle suffisante, car elle n’a eu qu’un impact très modéré sur l’évolution de l’emploi : la France a créé 250 000 emplois en 2017, mais huit cent mille personnes se sont présentées sur le marché du travail alors que seulement 660 000 seniors prenaient leur retraite, et il en résulte un « surplus » de chômeurs de l’ordre de 140 000. Le taux de chômage n’a donc diminué que de manière insatisfaisante et se situe aujourd’hui à 9,6 %.

Autre question : dans l’Union européenne, le PIB a bondi de 2,5 %. Ce qui signifie que, si notre croissance est honorable, elle est tout de même inférieure à la moyenne européenne et que cette différence de 0,6 % nous empêche de retrouver des indices comparables à ceux de l’Union, qu’il s’agisse du commerce extérieur, de l’emploi et du taux d’industrialisation de notre pays, figé à 12% de la production brute alors que, ailleurs , il est de 15 ou 17 %.

Un modèle  économique inefficace.

Si la croissance traîne les pieds en France,  c’est à cause d’un modèle économique suranné : celui de l’économie administrée qui perdure derrière les quelques réformettes libérales engagées par le gouvernement actuel, qui ne redonnent pas suffisamment de liberté d’action et de marges de  manœuvre à notre appareil productif. Par ailleurs on continue de relancer la consommation par le  prélèvement d’impôts (la CSG et les taxes) et les déficits, qui font davantage travailler le travailleur asiatique que l’hexagonal, creusent notre dette et le déficit de notre commerce extérieur, si bien qu’au terme de la boucle, notre  pays n’a pas créé de richesse supplémentaire et s’est même appauvri. L’Etat continue d’acheter une croissance faiblarde à crédit en assommant  d’impôts au passage les classes moyennes. Si vous avez regardé votre bulletin de salaire, vous savez maintenant à quoi vous en tenir.

Le  chômage résiste.

Si la situation française semble s’être franchement améliorée en quelques mois, avec un rebond porté essentiellement par l’investissement, il n’en est pas de même de la création d’emplois. Le volet confiance du côté  des ménages comme des entreprises est indiscutable. Mais d’une part, la réforme du marché du travail ne produira  des effets –si elle en produit- pas avant 2019, et d’autre part, les entreprises  ne trouvent pas sur le marché les qualifications dont elles ont besoin. On pointe ici l’urgence de mettre la formation des jeunes et  moins jeunes en adéquation avec le contenu des offres d’emplois,  l’autre urgence d’accélérer la réforme de l’apprentissage qui  facilite l’embauche (c’est prouvé), et aussi  la nécessité  de rendre le travail beaucoup plus attractif que  les prestations qui permettent de s’y soustraire. Les exemples abondent de ces « jeunes » qui font le  choix de travailler en pointillé, se complaisant dans une alternance entre CDD et « inactivité sous alloc’ ».

Un rythme d’avant crise.

La zone euro a connu une croissance de 2,5% en 2017, pour les 19 pays qui la composent. Elle n’avait pas connu une telle progression depuis  dix ans. On voit qu’avec 1,9%, la France reste largement sous la moyenne du club de l’euro. Mieux, l’union à 28 affiche la même performance. Au palmarès, citons l’Allemagne (inévitable) avec 2,2%, la Pologne avec 4,6% (!), l’Espagne avec 3,1%  malgré la Catalogne (même pas peur). L’économie de la zone euro qui a profité du redémarrage mondial tourne à bon régime et s’accompagne d’une hausse  des valeurs européennes. La baisse du chômage va de pair, sauf en France. En zone euro il est passé de 9,6%  à 8,7%.

Mais cet élan a un revers : il contribue à une autre hausse, celle de l’euro. En 2018, il faudra surveiller l’impact de l’euro dont la vigueur pourrait annuler les effets de l’amélioration de la demande extérieure (en clair : les exportations). Et puis, les risques politiques ne sont pas nuls : en Allemagne la grande coalition peine à se mettre en place laissant un espace que l’AFD a mis à profit  pour s’emparer de la présidence de la commission des finances et de la commission des lois du Bundestag, et en Italie où les élections législatives sont à haut risque avec la nouvelle percée prévisible des populistes. 

Enfin, à noter le consensus  des  analystes : ralentissement prévisible en 2019. Même s’il n’est pas avéré, il serait prudent de l’envisager.

A suivre : la dette, bombe à retardement...


REPUBLICAIN ? … PLUS QUE JAMAIS !

Daniel Houlle001

 

Les Républicains ont un leader.

Ceux qui en doutaient n’ont pu être que convaincus par la prestation de Laurent Wauquiez à « l’Emission politique », ce parcours du combattant où tous les coups  sont permis quand il s’agit d’une personnalité de droite. Dieu sait que tout a été fait par ses adversaires et certains médias  pour donner de lui une image exécrable auprès des Français, depuis  son élection.  On ne sera  donc pas étonné qu’il n’ait pas attiré un très large public. L’absence d’enjeu autre que l’actualité de la vie politique  a pu contribuer  aussi à banaliser sa venue sur France 2. Néanmoins, il lui fallait transcrire en terme médiatique sa victoire écrasante du 10 décembre, qui l’a placé à la tête du principal parti d’opposition. Il est au début d’une tâche immense puisqu’il arrive sur les ruines encore fumantes des deux défaites cinglantes de 2017. Il a beau avoir été député et ministre, présider la Région Rhône-Alpes-Auvergne, son déficit de notoriété est considérable. S’il fallait que l’émission valide son entrée dans la cour des grands, eh bien, c’est fait !

Maîtrise et compétence.

Ainsi, il a pu, plus de deux heures durant, s’adresser à un auditoire dépassant le  cercle  des adhérents convaincus, et affirmer sa crédibilité, avec une expression claire et ferme sans jamais   sombrer dans l’agressivité. Ceux qui attendaient des positions outrancières en ont été pour leurs frais, Laurent s’appuyant même sur celles d’Alain Juppé pour évoquer le regroupement familial et le droit du sol, ce qui clouera le bec à ceux qui espéraient avoir un prétexte pour prendre leurs distances avec le  parti. Même Alain Minc, convoqué dans le rôle du « triste sire » en s’enfermant dans un procès à peine voilé en « pétainisme », s’est fait laminer par des réponses ancrées  dans la réalité et des convictions assises sur un substrat de culture éloquent. Quant à l’arpette du gouvernement,  Benjamin Griveaux, il n’a pas fait le poids, avec ses arguments imprécis et tellement attendus…  C’est donc un Laurent Wauquiez jugé convainquant qui  a terminé l’émission. Il a pu rôder son réquisitoire de premier opposant,  se plaçant sur le terrain du pouvoir d’achat plus que sur celui de l’identité. Même la vision de l’Europe qu’il dessine paraîtra frappée au coin du bon sens pour le plus grand nombre. Là aussi, il faudra beaucoup de mauvaise foi pour justifier d’aller voir ailleurs,  n’est-ce pas cher Alain…

Une droite pas si « à droite ».

Le patron assume son credo d’appartenir à une droite « qui ne s’excuse pas d’être à droite ».  Or, il a pu s’expliquer sur l’immigration, la  laïcité, la PMA, la sécurité, avec clarté et affichant des convictions qu’on  partagera d’autant  plus qu’elles sont pour le moins raisonnables, et tranchent avec le flou présidentiel dans les mêmes domaines. C’est bien pour cette raison que tout ce que la planète politique compte de courtisans et experts en chausse-trappes s’est aussitôt activé  à caricaturer et à dénaturer, telle Fabienne Keller dans le débat qui a suivi. Mais quand le contact direct avec l’opinion a été établi, le travail de sape est bien plus compliqué. Laurent Wauquiez a été entendu sur ses positions de fond et elles  mettent les « embarras partisans » au second plan.  Alors, ceux-là peuvent bien partir ou quereller sur leur part d’influence  d’autant plus bruyamment qu’elle est réduite, au moins les électeurs ont aujourd’hui une bonne raison de se réjouir : la droite a un nouveau patron, et il a la  pointure ! Et qui plus est, il a montré sa capacité à rassembler.

La faute de Pécresse.

Le conseil National du 27 janvier était attendu : il consacre  la  remise en route officielle et complète des Républicains. Le succès remporté  à « l’Emission politique », a permis à Laurent Wauquiez de  l’aborder dans les meilleures conditions. Et d’ailleurs ce fut une journée de mise en place studieuse, au cours de laquelle  les cadres du parti auront pu découvrir une équipe nationale renouvelée, un bureau politique rajeuni, un président du Conseil national, Jean Léonetti, inspiré et réfléchi comme à son habitude.  Il fallait évidemment  compter avec la fausse note  et les  médias n’ont retenu que ça. C’est l’arrivée tonitruante de Valérie Pécresse, en retard (volontairement ?), en plein milieu du discours Jean Léonetti, qui a valu à la Présidente de la Région Ile-de-France une bronca  et des sifflets d’une poignée de participants,  que Laurent Wauquiez s’est empressé de calmer pour faire  « applaudir chaleureusement » la perturbatrice. Banal dans un congrès. Mais celle-ci est trop avisée pour ne pas avoir agi sciemment.  Avait-elle peur de passer inaperçue ? A-t-elle à ce point besoin d’exister ? Toujours est-il  que ces agissements, puisés à l’aune de postures alimentées par des ambitions personnelles, ne grandissent pas ceux qui les pratiquent. Dans le contexte de reconstruction actuelle, alors que Macron est à l’affût, agir de la sorte est une faute. D’ailleurs, après avoir lâché ses deux pets nauséabonds, elle est partie sans avoir attendu la réponse du Président du parti. Valérie, il n’y a pas deux droites, il n’y en a qu’une !  On accepte qu’elle soit diverse. Ce n’est pas en divisant qu’on rassemble !

Bref, militer a encore du sens. Ce n’est pas le moindre enseignement de cette fin janvier. Et si je manquais de motivations, le prélèvement de la CSG que je viens de découvrir sur ma  feuille de paie, m'en fournirait. 

 


CONJURER LA MENACE POPULISTE

Laurent Wauquiez

 

Le populisme continue de prospérer en Europe.

Il a été à l’origine du Brexit qui tourne pour le Royaume-Uni au cauchemar, avec instabilité politique à la clé ; l’Allemagne a mis plusieurs mois avant de former un nouveau gouvernement à cause d’une poussée de l’AFD ; en Autriche l’extrême-droite est entrée au gouvernement ; et maintenant l’Italie connait une campagne électorale de toutes les surenchères démagogiques avec un mouvement 5 Etoiles à près de 30% malgré la gestion calamiteuse de Rome par Virginia Raggi… Les démocraties restent minées par la déstabilisation des classes moyennes  -qui constituent leur socle sociologique et politique-  sous l’effet conjugué de la baisse de la mobilité sociale, des effets de la révolution numérique, de la déstabilisation des territoires, de la perte des repères culturels, de la peur de l’immigration et de la montée des menaces djihadistes… Chez nous, le naufrage de Le Pen n’a rien résolu. Pourtant le populisme est une impasse partout où il s’installe mais il reste à en convaincre les électeurs, et en France, où Marine Le Pen s’est complètement déconsidérée, la tâche n’est pas mince. Si les électeurs qui ont  voté « populiste » ne voient pas la vacuité du populisme, comme les malades qui n’accusent jamais leurs gourous pour l’inefficacité de leurs remèdes miracles, ils refusent de considérer ceux prescrits à travers les réformes dont les résultats paient.

Les réformes paient, mais …

La zone euro renoue avec la croissance, le chômage commence à diminuer, les pays méditerranéens bénéficient pleinement de leurs efforts, à l’image de l’Espagne où l’activité progresse de 3,1% et de la Grèce qui sort de récession. En vérité, ce sont les peuples et non les élites qui sont les premières victimes des populistes et les gagnants des réformes. Mais cela n’empêche pas qu’il existe un vrai danger que l’échec des populismes en nourrisse de nouveaux, plus radicaux encore, comme le montre la course aux promesses insensées en Italie. La difficulté pour la France, c’est que l’élection de Macron apporte une amélioration trop faible pour séduire cet électorat en déshérence, c’est que notre pays reste à la traîne des réformes qui lutteraient vraiment contre les racines du mal. Le signal envoyé par le renoncement à Notre-Dame des Landes, traduisant le mépris pour les Territoires et pour la démocratie, en est un exemple emblématique. L’option social-démocrate proposée par Macron n’est pas de nature à combler la vacuité populiste ni à en convaincre les électeurs.

En France, s’il existe une alternative, elle est entre les mains de la droite.

Avec l’éclipse du FN et du PS, Laurent Wauquiez est le seul à pouvoir construire un projet crédible de redressement réel, susceptible de faire recoller la France périphérique et les classes moyennes à un projet collectif. La tâche ne sera pas aisée, car les solutions exigent une dose plus forte de libéralisme et en France, le libéralisme fait l’objet d’un rejet puissant. Il faudra donc beaucoup de pédagogie, notamment pour convaincre les jeunes qu’on a vu contester une loi El Khomry sur le travail qui servait objectivement leurs intérêts en donnant de la fluidité sur le marché de l’emploi. Mais c’est toute une frange de la population qu’il faut ramener dans le giron de la logique de croissance, qui croit que le capitalisme « mondialisé » conduit à la dégradation générale des conditions de vie : environnement, épuisement des ressources, désertification des territoires, chômage, inégalités … alors que c’est au contraire les freins mis à tous les niveaux à la constitution du capital et à l’initiative privée qui en sont responsables, particulièrement en France. La vision social-démocrate du Président actuel obéit aux mêmes tropismes que celle de son prédécesseur : déshabiller les classes moyennes pour habiller les plus modestes sans créer de richesses nouvelles et poursuivre le mouvement de métropolisation. Redresser la France, c’est se donner les moyens de créer plus de richesses à partager. Voilà pourquoi il faut privilégier une croissance inclusive en investissant massivement dans l’éducation et l’innovation pour accompagner la révolution digitale, tout en restaurant la sécurité et ne cédant rien sur la défense de l’Etat de droit et des libertés. Bien évidemment, il faut en même temps renforcer la coopération au sein de l’Union européenne et même du G20, sans rien lâcher sur les repères identitaires dont les Français ont besoin pour se rassurer. L’offre politique de Laurent Wauquiez doit donc s’adresser en priorité aux Français des classes moyennes et de la France périphérique qu’il s’agit de remobiliser sur des thèmes simples : plus de liberté c’est plus d’emplois, l’équité fiscale, l’égalité des territoire, la défense de notre culture en tous lieux, une Europe de la raison et des projets lisibles.  

 


QUAND LES « FAKE NEWS » SONT BIEN UTILES…

Nicolas Beytout

Ce texte est de Nicolas Beytout de l’Opinion :

« En présentant ses vœux à la presse, il y a quinze jours, Emmanuel Macron a promis une loi contre les « fake news », cette nouvelle forme de désinformation pratiquée par certains à une échelle industrielle. Cela peut prendre la forme de véritables campagnes déstabilisantes, parfois même orchestrées par des puissances étrangères. Cela peut n’être aussi que de petits arrangements avec la réalité, une manière biaisée de réécrire les faits pour crédibiliser un argumentaire et soutenir un raisonnement évidemment faux. Un sport très prisé dans les milieux politiques, comme le prouve la séquence que l’on vient de vivre à l’occasion de l’abandon de Notre-Dame-des-Landes.

Le projet d’aéroport, a-t-on ainsi entendu dire, avait été conçu « pour faire atterrir le Concorde ». Fake news : il a été voulu pour augmenter le trafic passager et, nuance, il se trouve que sa piste plus longue aurait permis au Concorde de se poser... Le gouvernement, affirme-t-on encore, « a fait preuve d’esprit de décision, refusant de repousser à plus tard son choix ». Fake news : il n’avait plus aucune possibilité de report puisque l’autorisation de lancer les travaux ne courait juridiquement que jusqu’au 9 février prochain. « Un courage que n’ont pas eu les précédents gouvernement, de gauche comme de droite », argumentent ceux qui feignent d’ignorer que l’invraisemblable kyrielle de recours en justice ne s’est achevée qu’en 2012-2013 ; le moindre coup de pioche donné avant ce terme aurait été illégal.

Certes, la politique n’a jamais été avare de mauvaise foi. Mais quel florilège, tout de même, que de fake news ! Et jusqu’à la plus audacieuse d’entre elles : « J’ai décidé, et j’assume », soutient le Premier ministre et claironne la majorité. Emmanuel Macron serait donc resté cette fois sur le bord de la piste ? Fake news. »

Les  commentaires sont inutiles, non ?

 


APRES LES TARTUFFE, LA MASCARADE !

Ena

 

Un secret de polichinelle.

Approximations et contre-vérités en boucle depuis ce matin sur les médias pour préparer le terrain à « LA » décision sur Notre-Dame des Landes. « De toute façon, quelle qu’elle soit, elle sera courageuse ! » Que nenni. Une seule pouvait être courageuse : celle de poursuivre le  projet de construction d’un  nouvel  aéroport. Le Président de la République avait là une occasion de  montrer qu’il  était capable  de faire respecter l’Etat de droit.  Il ne l’a pas saisie. Comment transformer une capitulation en décision courageuse ? Comme  pour le  reste, plutôt que d’affronter une réalité déplaisante, il a préféré faire de la com’ et de l’enfumage comme à son habitude, et  mettre en avant son Premier Ministre, mais ça ne trompe personne. Dès la décision de faire une nouvelle étude et la constitution de l’équipe des experts pour la mener, on savait que les dés étaient pipés. Par les propos des uns et des autres, le Ministre de l’Intérieur ou le préfet de Région, les indiscrétions d’un José  Bové  ou d’un proche de Nicolas Hulot, malgré la montée au créneau de la  quasi-totalité des élus concernés pour plaider en faveur du projet, rien n’y a fait. Le chantage politique des écolos et la peur d’engager le combat avec les zadistes  l’ont emporté. Décidément,  ce gouvernement n’a pas beaucoup de courage. Quant à l’exposé d’Edouard Philippe il est effrayant de mensonge et de cynisme. Il faudra s’en souvenir.

La démocratie piétinée.

Cette décision est grave, et même dramatique pour la démocratie dans notre pays. Comment peut-on  bafouer ainsi la décision de collectivités unanimes pour savoir ce qui est bon pour leur développement, un projet validé à  plusieurs reprises par le vote aux élections, puis par un référendum, validé  par  près de 200 décisions de  justice.  Le gouvernement n’a aucune excuse. Il va précipiter dans  l’abstention de nombreux électeurs dégoûtés qui, de surcroît, ont eu pour nombre d’entre eux à supporter les exactions des zadistes. Que faut-il donc de plus pour qu’un projet soit réalisé ? Macron apparaîtra pour beaucoup comme un fossoyeur de  la démocratie. On retiendra surtout qu’il « n’en a pas » !

Une mauvaise nouvelle pour l’Ouest.

L’ouest entier avait besoin de  cette plate-forme moderne pour son développement.  Le gouvernement abandonne la presqu’île de l’Europe qui risque de rester  encore longtemps à  l’écart, ce qui sera  très préjudiciable  à son développement. Il oppose à la vision décentralisée d’ouverture  sur  le monde dans le contexte de la globalisation,  celle d’une centralisation jacobine sur quelques « hubs » pour la dimension internationale, réservant aux aéroports départementaux la seule possibilité de relier les métropoles  européennes entre elles. Nous sommes face à un Etat qui méprise les territoires, qui tourne le dos à la France périphérique. De la part du Maire du Havre, c’est plutôt surprenant. C’est aussi une mauvaise nouvelle  pour  les riverains de l’actuel  aéroport qui vont devoir s’habituer à l’aggravation des nuisances d’un trafic en pleine croissance. C’est enfin une mauvaise nouvelle pour les contribuables  qui vont devoir payer les indemnités à Vinci : plusieurs dizaines de  millions d’euros.

Rien n’est réglé.

Rien ne dit que les collectivités vont en rester là. Comme pour les opposants,  les procédures de recours existent pour contester cette décision. D’autre part, on sait que les possibilités d’aménagement sont réduites, notamment en raison de l’enclavement de l’aéroport entre l’agglomération et le lac de Grandlieu. Il sera probablement impossible d’allonger la piste suffisamment pour les gros porteurs. Il faudra aussi compter avec la  défense des riverains actuels qui ne vont pas se gêner  pour empêcher toutes les extensions possibles. Cela veut dire des années de procédures à nouveau. Franchement, il faut beaucoup de bonne volonté pour voir dans la décision d’Emmanuel Macron et  d’Edouard  Philippe du courage et une vision d’avenir. Reste à évacuer la « zad ». Mais là encore, ce sera une Tartufferie : on va nous faire croire au départ des ultras,  mais il y a gros à parier que les anarchos-gauchos qui occupent illégalement le territoire vont rester.

Macron avait la  possibilité d’endosser véritablement son costume de Président particulièrement auprès des électeurs de droite. De  plus, il a donc menti pendant sa campagne électorale puisqu’il renie sa parole. Tant pis pour lui !

 


UN AVION EST TOMBE SUR NANTES ! (Fiction)

Airbus-crash

 

« 4 mars 2020, 16H50 : un avion en phase d’atterrissage à Nantes-Atlantique s’est écrasé sur le quartier pavillonnaire du Bourneau à Rezé, faisant 150 morts parmi les passagers et des dizaines de blessés. Plusieurs maisons ont été ravagées. Les secours n’ont pas fini de dénombrer les victimes parmi les  habitants.… Le bilan s’annonce dramatique. Le  Président de la  République a réuni  immédiatement un conseil de crise.  C’est que l’événement tombe particulièrement mal à un mois du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle. En effet, de nombreuses personnalités mettent en cause sa décision de janvier 2018 de renoncer à construire le nouvel aéroport de Notre-Dame des Landes. Une décision aujourd’hui lourde de conséquences qui engage directement sa responsabilité dans la catastrophe qui vient de se produire. Ses chances de réélection sont désormais très compromises quoi qu’il décide.

Si l’aéroport avait été déplacé à Notre-Dame des Landes, on n’en serait pas là. 

Pourtant toutes les conditions étaient réunies qui justifiaient de le décider : quasi-unanimité des élus locaux, 169 décisions de justice favorables, referendum voulu par l’Etat positif avec 55% de oui, … le gouvernement de l’époque avait toutes les cartes en main.  Il avait préféré reculer devant quelques dizaines de zadistes extrémistes, il  avait choisi de céder à des « hors-la-loi » plutôt que de respecter ce que la  démocratie avait décidé et tranché, en appliquant l’ordre républicain. Il avait opté pour la solution du réaménagement de la  plate-forme existante, pourtant enclavée entre l’agglomération nantaise et le Lac de Grandlieu. Depuis la situation était restée figée,  les nombreux recours des riverains de l’aéroport existant ayant bloqué par toutes les arcanes juridiques et recours, tous les projets d’agrandissement, d’ailleurs eux-mêmes très contraints par la localisation. Cela n’avait pas  pour autant empêché le trafic d’augmenter et d’atteindre 7 millions de passagers fin 2019. Nantes-Atlantique était devenu un aéroport sursaturé, fonctionnant à la limite des sécurités réglementaires, avec un trafic insupportable pour près de 80 000 habitants de l’agglomération nantaise.

Déjà à l’époque, on savait que le maintien de l’activité à Bouguenais exigeait la réfection complète de la piste (communiqué de l'aviation civile du 6/11/2013). Dont l’état n’était pas conforme à la réglementation et aux recommandations de l’OACI (Organisation de l'aviation civile internationale). La planéité de la piste n’était pas satisfaisante, son profil en long montrait plusieurs creux et bosses, avec des écarts de près de trois mètres. On avait  passé  sous silence que la direction de la sécurité de l’aviation civile Ouest avait accepté une dérogation provisoire dans l’attente du transfert de l’activité aéronautique vers l’aéroport du grand ouest à Notre-Dame des Landes. On avait pu, de justesse, respecter l’évolution des règlementations de sécurité européennes qui imposaient des espaces de sécurité de 240 mètres en amont et en aval de la piste. Mais l’allongement de la piste, vers le sud, rendu indispensable par la croissance du trafic n’avait pu être réalisé et la structure de l’ensemble des chaussées aéronautiques était restée insuffisante pour assurer un niveau de portance adapté. Seuls les travaux de rénovation de l’ensemble des voies de circulation et des aires de stationnement des avions avaient pu être menés à bien. Mais pour le long terme, dans une perspective de 9 millions de passagers, la situation était bloquée : l’aéroport  devrait, en effet, être capable d’accueillir tous les types d’avions, et pour cela un allongement de la piste à 3 600 mètres était nécessaire…. »

C’est évidemment une fiction. Ce scénario catastrophe, il n’est pas de bon ton de l’évoquer, il est  pourtant dans beaucoup de têtes. Il suffit d’aller sur internet et de regarder un plan de l’agglomération nantaise avec l’aéroport au sud-ouest, pour comprendre que la fiction pourrait devenir réalité. Chacun doit savoir que cela pourrait arriver. Je suis un utilisateur de Nantes-Atlantiques. Plusieurs fois l’approche s’est faite par le nord : l’avion survole le centre-ville de Nantes à à peine 300m d’altitude, on passe à la verticale de la tour Bretagne avec  la sensation de pouvoir presque la toucher, avant de plonger brusquement au-dessus des quartiers de Rezé et Bouguenais pour se poser sur la piste. Et que dire de la pollution aérienne et sonore pour les populations qui sont en-dessous ! L’atterrissage en arrivant par le sud n’est guère mieux : l’avion survole le lac de Grandlieu à quelques dizaines de mètres. Là encore, c’est dangereux, et la pollution de cette réserve naturelle semblent n’émouvoir personne, en dehors des quelques défenseurs de la nature qui se sont époumonés et qu’on a refusé d’entendre. Le transfert à Notre-Dame des Landes ne devrait même pas poser question. On le présente comme un vieux projet, dépassé par notre temps. C’est un grossier  mensonge. J’ai été douze ans Conseiller Régional à l’époque d’Olivier Guichard, de 1986 à 1998. Ce dossier, je le connais bien. La vérité c’est que le Conseil Général de Loire-Atlantique a voulu prendre son temps pour constituer la réserve foncière qui était nécessaire pour un équipement qui s’annonçait un jour indispensable. De fait, il y a eu très peu d’expropriation. La décision de construire l’aéroport a été prise au début des années 2000 par le gouvernement Jospin. Même l’écologiste Dominique Voynet lui trouvait des vertus, à l’époque. Si la réalisation a pris tant de retard, c’est en raison des nombreux recours qui ont été intenté et de l’occupation de  la zone par les « professionnels » de la contestation violente. Enfin, il est temps de prendre en considération les arguments économiques : c’est tout le Grand Ouest qui est concerné par cet  équipement.

Je ne souhaite pas qu’une telle tragédie arrive. Mais de grâce, qu’on arrête de donner la parole à tous ces ouvriers de la 25ème heure qui ne connaissent pas grand-chose du dossier, mais dont le but est de faire croire à l’opinion publique que renoncer, ce serait finalement la bonne solution. Si le transfert ne se fait pas, Jupiter ne sera jamais Napoléon, car avant d’y parvenir, il faut savoir d’abord, être Bonaparte !

 


PLUS JE PEDALE MOINS VITE, MOINS J’AVANCE PLUS VITE ! MAIS JE PAIE…

Limitation de vitesse

 

60 % des Français y sont hostiles !  La limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes départementales est accueillie par la grogne générale. Les  autos  sont-elles plus dangereuses ? Non, ce  serait plutôt le contraire. Alors ce sont les routes ? Oui, peut-être : dans certains départements sous la pression des restrictions budgétaires, des choix socialistes et écolos, les routes n’ont pas été entretenues comme il aurait fallu. La  baisse de  la vitesse autorisée est-elle pour autant justifiée ? Un Francilien aura du mal à l’admettre, lui qui patiente dans les bouchons. Le rural qui emprunte sa départementale déserte tout autant. Encore une fois l’ajustement se fait sur le dos de l’automobiliste, comme  si  notre temps de régression du savoir, de l’économie devait s’accompagner inéluctablement d’un retour progressif à la lenteur. Ce sont les écologistes qui se réjouissent, qui voient poindre le temps de la calèche et de la lampe à huile. Trèves de  plaisanterie, le vrai sujet est ailleurs : il réside dans le sort de l’automobiliste.

Le  cynisme de l’Etat.

Depuis toujours, les pouvoirs publics sont confrontés à une contradiction flagrante face à l’industrie automobile : ils l’encouragent, parce que son expansion est signe d’emplois et de prospérité mais ils en font aussi la source première des recettes fiscales, en traitant le conducteur systématiquement comme un criminel potentiel. Un cynisme doublement gagnant ! Ainsi, l’usage de la voiture est ravalé au rang d’un vice comme l’alcoolisme ou le tabagisme. Il est considéré comme une addiction et à ce titre il est nocif du double point de vue de la sécurité et de l’environnement. Le civisme consisterait à adopter les transports en commun, le vélo ou la marche, toutes options qui ne sont pas universelles pour les trajets longs ou pour les personnes âgées et pour lesquelles la puissance publique devrait d’abord se demander si elle fait bien tout ce qu’il faut. La voiture électrique, elle-même est déjà douteuse dès lors qu’elle consomme une électricité qu’il faut bien produire par ailleurs. L’auto est pourtant d’abord un outil de déplacement pour aller au boulot avant d’être considérée comme ce merveilleux instrument de liberté qu’elle a été.

Nouvelle politique et vieilles méthodes.

Le gouvernement actuel n’échappe pas à la règle. Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’inventent pas l’eau chaude. Comme par le passé, ils ont très bien vu qu’ils ne peuvent pas se passer d’une production industrielle aussi importante ni des recettes fiscales qu’elle produit, 65 milliards d’euros par an, ce qui ne les empêchent pas de continuer à faire de l’automobiliste la « vache à lait » de l’État. Ils ne sont pas gênés de recourir aux bonnes vieilles méthodes qui ont déjà rapporté tant d’argent : le tarif du gazole a été augmenté pour rattraper le prix de l’essence (mais on se demande pourquoi la baisse de cette dernière n’a pas été envisagée), pour des raisons officiellement liées à l’environnement, sauf que le prix de l’essence a augmenté lui aussi. Les péages des autoroutes sont également à la hausse. La voiture, plus que jamais, est devenue un luxe alors qu’elle fait partie de la vie quotidienne dans tous les ménages. Cet acharnement à en tirer des taxes a donc créé un déséquilibre de fait, une sorte d’injustice, entre les ruraux qui ne peuvent pas se passer de leur voiture et les urbains qui ont un accès direct aux transports en commun.  Encore que ces derniers sont souvent contraints à utiliser leur voiture personnelle faute d’avoir accès à des conditions de transport supportables. On ne vous demande pas de comprendre, mais de payer !

Le royaume d’Ubu .

Certes, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h ne constitue pas une mesure scandaleuse en soit, même si rien n’en prouve l’avantage au niveau de la sécurité et des vies « économisées ». À faible allure, l’auto est toujours plus sûre, sans qu’on en soit vraiment certain, sauf à zéro km/h. En fait, le vrai sujet concerne cette « politique automobile » qui associe l’hypocrisie publique à la sauvagerie fiscale. Nos gouvernements ont compris que, jusqu’à présent, les administrés n’acceptent pas de se priver de leur voiture. À partir de là, tous les prétextes sont bons pour les assommer d’impôts et de contraventions : il ne faut pas polluer, donc payez ; il ne faut pas aller vite, donc payez de nouveau. Un jour arrivera où ces gouvernants auront fini par décourager une bonne partie de la population : ils seront alors désolés des pertes d’emplois dans l’industrie et de la baisse des rentrées fiscales. Le salut résiderait dans un plan qui cesserait de faire du conducteur le bouc émissaire de toutes les frustrations de l’État, dans une fiscalité raisonnable, et surtout dans l’unification des décisions : il est, par exemple, pour le moins  curieux que la mairie de Paris applique une politique qui met la priorité sur la lutte contre la pollution, mais reste totalement indifférente aux conséquences économiques de ses interdits. D’un côté, l’État vous encourage à acheter une voiture, pour les emplois et pour les taxes ; de l’autre, les autorités municipales vous reprochent de l’avoir achetée et de vous en servir.

Ubu  ne nous quitte jamais !

 


« VOUS N’Y PENSEZ PAS, MONSIEUR LE MINISTRE ! »

Archibald en colère

 

Cette phrase combien de Ministres de nos gouvernements divers et variés, qui avaient une idée  novatrice en tête, l’ont entendue de  leurs conseillers ou de leur directeur de cabinet…

Le joug des technocrates.

Depuis bien longtemps, notre pays vit sous le  joug de ces technocrates, généralement issus de l’ENA, et formatés à souhait.  « Confiez l’administration du  Sahara à un énarque  et  il ne mettra pas un an à y importer du sable, argumentaire à l’appui » plaisantait-on déjà sous Giscard. Depuis le mal  ne s’est guère arrangé. L’énarchie sévit partout, dans tous les  Ministères, particulièrement à Bercy, et jusqu’à la  Cours des Comptes où l’on toise ceux qui ne sont pas issus de la grande école,  car ils ne sont pas « de sang pur ». La  France est une démocratie. On peut disserter sur l’équilibre des pouvoirs à l’infini,  mais on n’évoque jamais celui, très occulte mais très réel, des  hauts  fonctionnaires, qui font la loi, et fournissent les  bonnes questions et les réponses qui vont bien aux parlementaires  de la  majorité. Au fil du temps,  la  France  est devenue une « technocrature » de gauche, c’est-à-dire une sorte de « dictature de  la technocratie », qui veut conduire le pays et son économie par  la taxe, l’impôt et le règlement, et plus que jamais sous le gouvernement actuel, avec un Président qui en est le pur produit. Aussi avant d’accuser Bruxelles, balayons devant notre  porte.

La France suradministrée.

On ne s’étonnera donc pas de la difficulté à s’attaquer à la dette publique, dont les fonctionnaires sont les premiers à en vivre. Ils sont près de 6 millions, soit le quart de la population active occupée. Notre pays est donc l’un des plus administrés au monde. Mais le  mal est amplifié par le carcan que cette administration a généré au fil des décennies, en réglementations, procédures, mises sous conditions diverses qui étouffent les initiatives et freinent l’économie. Le bilan en est bien sombre : lourd chômage structurel, inertie de la production de richesses, dette approchant les 100% du PIB. Les effets pervers du système sont tels que la  France est le seul pays d’Europe où toute une partie de la  population active préfère vivre d’allocations plutôt que d’un emploi.

Des technocrates ignorants de l’entreprise.

Inutile alors de s’étonner, comme le fait Monsieur Pisani-Ferry, du peu d’effet sur l’emploi de  la réforme du code du travail,  malgré un rebond significatif de la croissance. Il met la difficulté sur le dos du système de formation, ce qui n’est pas faux, mais il n’a rien compris aux causes profondes : nos jeunes sont de  plus en plus nombreux à ne plus avoir envie de travailler même quand ils sont formés et ce phénomène perdurera tant que le dispositif de prestations auxquelles ils peuvent prétendre sera concurrentiel avec les revenus d’un travail. Et il va avoir beau jeu de dire : « Regardez, on assouplit la loi, et aussitôt PSA, Pimkie, suppriment des  emplois », sans se poser d’autres questions.

La main sur les réformes.

Cela n’empêche pas qu’il faille réformer la formation professionnelle et l’apprentissage. Sauf que le chemin que la réforme est en train de prendre est le pire : confier l’apprentissage aux branches professionnelles, je suis bien placé pour le savoir, débouchera sur la gabegie et le gaspillage, parce qu’elles seront alors juges et parties, et fera l’impasse sur les milliers d’apprentis formés par  les autres réseaux tels ceux des Chambres de Commerce, des Chambres de Métiers et des centres de formation des Familles Rurales.  C’est au contraire aux Régions qu’il faudrait confier la manne de la taxe d’apprentissage,  car elles sont les mieux placées pour juger de l’opportunité de son utilisation, elles ont l’expertise des bassins d’emplois et l’expérience du dialogue avec les acteurs concernés. Pourquoi alors ce choix ? Tout simplement parce que la technocratie n’aime pas que le politique se mêle de prendre des décisions et elle préfère bien mieux avoir les branches professionnelles sous sa tutelle. Je serais curieux de savoir qui a soufflé cette  mauvaise solution à Murielle Pénicaud.

L’économie dirigée.

La France vit donc avec une économie administrée, donc dirigée. Si Monsieur Pisani-Ferry ne croit pas à la « théorie du ruissellement », selon laquelle l’enrichissement des riches profite à l’activité et donc aux pauvres en leur fournissant un emploi, c’est qu’il a une préférence pour l’impôt et la taxe. Ainsi, celui qui a inspiré Hollande, avec les résultats que l’on sait,  puis le programme de Macron, appelle-t-il le gouvernement à se montrer très ferme en matière de taxation des contrats courts.  Comme si l’augmentation d’une taxe pouvait inciter un chef d’entreprise à une embauche sur une plus longue durée : c’est ne rien comprendre au fonctionnement de l’entreprise et au risque financier que constitue le financement d’un emploi quand la séparation avant la fin d’un contrat est un parcours du combattant. Après on s’étonne de la réticence à créer des emplois quand il est préférable de freiner son activité. Ainsi, si l’économie française ne croît pas au même rythme que celle de ses voisins, c’est parce qu’elle ne le peut pas : elle est bridée par toutes les rigidités que l’Etat lui impose et par ses capacités de production devenues insuffisantes. Le résultat, c’est que la croissance contribue à augmenter nos importations creusant du même coup notre déficit extérieur.

La préférence pour la  taxe et l’impôt.

La France est donc ce pays merveilleux où la préférence pour la taxe touche tous les domaines.  Il  suffit de consulter la liste des augmentations qui s’appliquent en ce premier janvier. En voici un inventaire à la Prévert : prix du timbre-poste, tarifs bancaires, tarifs du velib’, hausse du gaz et des carburants, prix des transports, forfait hospitalier, montant des amendes, et évidemment augmentation de la CSG. Ce qui a été calculé par l’Insee comme une hausse de près de 5 milliards prélevés sur les ménages, malgré les baisses de charges sur les salaires. Parallèlement comme l’Etat se mêle de tout, la prestation d’accueil du jeune enfant sera baissée à compter du 1er avril. Le SMIC va frôler les 1500 euros grâce à  une revalorisation de 1,24% dès ce  1er janvier, mais c’est une mauvaise mesure, typiquement de gauche, qui privilégie l’augmentation collective qui ne laisse du coup que très peu de  marge de manœuvre aux chefs d’entreprises pour procéder à des augmentations de salaires individuelles au mérite. Il a l’air malin le Darmanin et son budget de continuité démocrate-socialiste. Ainsi, au nom de la justice fiscale sans doute, ce sont les ménages ruraux et périurbains modestes qui vont subir de plein fouet le relèvement massif de la fiscalité sur  les carburants et le chauffage, une hausse non compensée par le « chèque énergie » que vient de créer le gouvernement. Hulot n’a pas de prix pour Macron,  mais il a un coût pour les Français modestes de la France périphérique. Un budget 2018 qui ressemble  donc  aux précédents, malgré quelques inflexions :  302 milliards de recettes, 386,3 milliards de dépenses … Cherchez l’erreur !

 


WAUQUIEZ REUSSIRA SI…

Laurent Wauquiez     Logo Les républicains

 

Macron a compris que son seul  adversaire crédible est désormais Laurent Wauquiez. C’est pourquoi il s’attache à empiéter par le verbe sur tous les sujets dont le nouveau patron des Républicains pourrait s’emparer pour ne lui laisser aucun espace. Mais un discours de droite ne suffit pas à cacher une politique technocratique de gauche. J’aurais l’occasion d’y revenir. Aussi  Wauquiez a-t-il d’autres sujets sur lesquels il peut espérer faire prospérer une droite rajeunie, car il est le seul à pouvoir, avec Les Républicains, proposer une alternative plausible le moment venu. A lui d’imposer son tempo et ses thèmes en déléguant à son équipe le soin de contester l’exécutif actuel.

Et d’abord incarner un renouveau politique.

On croit la droite éparpillée et éclatée, mais c’est une vision anecdotique entretenue par les médias à la solde du pouvoir. Laurent Wauquiez n’aura pas de mal à réunifier son camp d’autant plus que les quelques défections auxquelles on a assisté étaient aussi médiatiques qu’insignifiantes. Le rajeunissement de l’équipe dirigeante des Républicains et le talent des personnes choisies est un premier signe positif. Il était nécessaire, mais il n’est pas suffisant.

Laurent Wauquiez doit imposer un nouveau style de gouvernance qui renonce au culte si contemporain de la personnalité. Premier devoir : renoncer au mythe du chef tout puissant qui ne semble motivé que pour assurer son propre destin.  C’est probablement ce que les  Français méprisent le plus aujourd’hui. A l’heure actuelle, la vérité sur l’état de la  France et le rejet de  la démagogie s’imposent comme les fondements de toute rénovation politique, ce qui oblige à privilégier l’intérêt général sur les préoccupations individuelles, matérielles ou d’égo. C’est à mon sens la première clé pour retrouver la  confiance populaire.

Nous attendons donc de lui qu’il propose une aventure collective en faisant des « Républicains » le  parti de tous les Français, où l’on privilégie le débat sur tous les sujets, en profitant de la richesse apportée par les multiples sensibilités qui le traversent : gaulliste, libérale, humaniste, territoriale… C’est aussi un bon moyen pour éviter que l’expression des différences se fasse à l’extérieur en jouant contre son camp. Encore faut-il que cette aventure collective parle aux Français.  Réconcilier la vie politique avec le monde des réalités n’est pas une mince affaire. Il lui faudra donc éviter l’écueil de la politique spectacle et aborder les tourments de la vie réelle qui touchent la « France d’en bas » tels que la désindustrialisation, le chômage, la dette, les  prélèvements records, les déficits, la violence, l’exclusion,  les zones de non droit, l’échec scolaire, les territoires  en déshérence... S’adresser aussi à cette France de l’insécurité professionnelle dont les emplois sont menacés par les innovations foudroyantes de la révolution numérique, cette troisième révolution industrielle dont si peu de politiques ont pris la mesure. Son franc parler devrait être un atout pour lui. Ce sera une façon concrète de parler du rôle de l’Etat, en le  présentant comme le lieu où la nation tout entière, et pas seulement les élites, communie dans un sentiment d’appartenance.

Une nouvelle donne c’est aussi faire voir de nouvelles perspectives.

Combattre les lieux communs de la politique sur lesquels le chef de l’Etat campe aujourd’hui à coups de discours creux ne sera pas bien difficile. Mais faire sortir la France du carcan administratif qui l’étouffe, imposé par l’actuelle technocrature (dictature technocratique) est le vrai défi. Là est la difficulté car il faudra panser en même temps les plaies qui gâchent la vie des Français mais dans lesquelles ils se complaisent trop souvent : le  culte de la médiocrité qui imprègne les esprits dès l’école, l’indiscipline qui commence à  l’école et se prolonge dans l’incivilité et la criminalité routière, l’ignorance qui ouvre la  porte à tous les obscurantismes, les incivilités urbaines, le mépris de la personne dont le matraquage fiscal et les procédures bureaucratiques sont les fers de lance. Tout cet ensemble constitue une quasi-culture de l’irresponsabilité collective qui débouche sur  le pessimisme qui ronge notre pays. Ces handicaps n’ont rien à voir  avec la fracture entre les élites et le peuple.  Encore que l’on pourrait être  très sévère avec les « petits pois » qui sortent chaque année en rangs serrés de l’ENA et vont peupler ensuite les cabinets  ministériels. Cette homogénéité des décideurs, dépourvus de culture scientifique serait  à l’origine de beaucoup de nos insuffisances et des déboires que notre pays connait.

Une nouvelle donne politique commence par la promotion d’un Etat exigeant et impartial, fondé sur un régime qui abandonne le mythe du chef tout puissant et répartit les pouvoirs en les respectant. La « République exemplaire » que prônait Nicolas  Sarkozy  n’est pas démodée ! Cette nouvelle donne se poursuit par la défense de la  culture française dont Macron a été jusqu’à nier l’existence. Ce qui suppose que l’on réfléchisse sérieusement à la  place de l’Islam dans la République,  en ne niant pas sa prédisposition théocratique. Elle ne fait pas l’impasse non plus sur l’Europe, qui sera bientôt  à l’ordre du jour avec l’élection au parlement européen. L’Europe est  vitale  pour nous, mais il faudra se frayer un chemin entre  le fédéralisme à tout crin prôné par les centristes et par Macron et sa négation qui est le cheval de bataille des souverainistes. Une belle occasion pour les Républicains d’offrir une ligne équilibrée proche de la sensibilité majoritaire des français.

Voilà un chemin dont chaque pavé est une épine.  Il est possible de  mettre fin à la fracture démocratique et de rassembler à nouveau les  Français dans une grande aventure collective. Il suffit de sortir du culte de la personnalité, de soigner les plaies qui affaiblissent le pays et de parler directement au peuple en abandonnant les postures au profit d’un langage de vérité.

Y a qu’à… comme on dit !