JE PARIE QUE MACRON VA SE PLANTER !
08 avril 2018
Je reprends à mon compte la célèbre formule de Blaise Pascal.
Dans un texte un peu obscur et complexe, presqu’autant que la pensée du Président, Eric Le Boucher, d’habitude chroniqueur avisé, peine à nous convaincre de « l’explicabilité » du macronisme. Que le Président n’arrive guère à inscrire sa « révolution » dans les têtes est un euphémisme. Il y a à cela des raisons que le journaliste n’a pas vu ou ne veut pas voir. Ce qui me paraît certain c’est qu’elles conduiront Emmanuel Macron à échouer, et ce ne sera pas seulement le trou entre l’action et l’explication qui en sera la cause.
Les maux du macronisme.
Les « marcheurs » et leur patron ont beau jalonner leur parcours de « j’assume » maintes fois répétés et de « il fait ce qu’il a annoncé », il n’en reste pas moins que seuls 24% des Français majoritairement de gauche ont voté pour son programme. Le score du second tour est fondé sur un malentendu qui persiste, à savoir le rejet de marine le Pen. De fait, Macron n’a pas de socle électoral et sa politique reste en apesanteur. Sa cote de popularité en atteste. Le renfort de quelques traîtres, soi-disant de droite, attirés par le l’odeur du maroquin, qui ont franchi le Rubicon avant même les législatives et de la poignée de « collabos » d’Agir qui n’ont qu’une antienne à la bouche pour se justifier : « Wauquiez se rapproche du FN » mais pas grand-chose à proposer, n’y change rien.
La deuxième difficulté qu’il rencontre, c’est l’impact dérisoire des réformes réalisées. L’opinion publique n’a retenu que la suppression de l’ISF, « cadeau fait aux riches », la « flat taxe » à 30% ne concerne que la petite minorité qui place en bourse, et la réforme de code du travail, on sait déjà qu’elle n’a rien changé. Pour le reste, beaucoup de chantiers sont ouverts, et tant qu’ils n’ont pas abouti, les Français ne retiennent que le décalage entre l’annonce tonitruante et les concessions faites au fur et à mesure que les réformes se précisent. Par contre, l’erreur monumentale de la hausse de la CSG qui frappe injustement les retraités et la confusion qui règne autour de la suppression de la taxe d’habitation créent doute et mécontentement. De nombreux concitoyens qui attendaient de voir, commencent à se faire une idée plus précise du « ni droite - ni gauche » : une arnaque. Le pouvoir confond grandiloquence et explications : le mode péremptoire, c’est la pédagogie du 19ème siècle ! Macron le réformateur, c’est Monsieur « grands discours et petits chèques ».
La troisième difficulté qui complique la tâche de « transformation », c’est l’incapacité à faire partager une vision, un idéal. Cette absence d’idéal est volontaire puisqu’elle veut signer la fin du « politique », considéré comme appartenant au « vieux monde ». Sauf que le pragmatisme technocratique est vide de sens. Il en est réduit à des « coups médiatiques » pour tenter de reprendre la main. Mais même au 13H ce sera un Pernaud et sept volumes d’eau …
L’apogée du pouvoir de la haute fonction publique.
La mise en scène de l’action gouvernementale au service de la « transformation » s’adresse à une société « assujettie » comme nous l’explique Jean-Thomas Lesueur du Think Tank libéral « Thomas More ». « L’étatisme technicien » du président a besoin pour se déployer d’une société française passive, consentante, attendant les solutions d’en haut, bonne à appliquer les consignes. Même si l’égalitarisme auquel on est arrivé met la société sous « conditions de ressources » dans tous les domaines, il reste un peu de discernement politique que l’exécutif s’emploie à museler. Jamais les technocrates n’ont eu autant d’influence : ils sont partout, à la direction des ministères, dans les cabinets, et même au gouvernement où l’on vante les ministres « techniciens », sans oublier les ministres « politiques » énarques eux-mêmes. C’est le triomphe de l’énarchie. C’est le retour de l’Etat tout puissant et les mesures technocratiques pleuvent, à commencer par les taxes. L’impératif égalitaire persiste jusqu’à l’école obligatoire dès 3 ans, la formation professionnelle est partiellement étatisée et laisse peu de place aux Régions qui ont pourtant la compétence, l’abaissement de la vitesse est imposé avec la même justification que si on importait du sable au Sahara, la décentralisation est vidée de son sens et bientôt ce sera la régression démocratique avec l’abaissement du parlement. L’Etat veut être partout et le seul recours.
Le retour du politique.
La société ligotée et hyper-administrée ça ne peut pas marcher ! Cette politique fait courir un risque énorme à notre pays, déjà on voit s’affaiblir l’initiative locale, privée, associative, se décourager le bénévolat ; elle rend impossible les liens immédiats de solidarité et peut-être pire encore, demain, jusqu’à l’esprit de liberté. Macron attend les résultats de sa politique comme Sœur Anne… Il a reporté à la fin du quinquennat les gros efforts qui rétabliraient la France, déficits publics et dette, et il attend les bons chiffres économiques et sociaux qui prouveraient le bien-fondé de son action. Mais c’est un pari, car il n’est pas certain du tout que le climat favorable actuel se prolonge. Il faudrait que la conjoncture reste bonne, que les taux d’intérêts demeurent sages, que Trump ne viennent pas tout mettre par terre… alors que de nombreux signes indiquent que nous sommes à la fin d’un cycle.
Ni droite, ni gauche, les Français voient bien que c’est un camouflage commode pour continuer la même politique que celle menée par Hollande. L’échec de Macron aura au moins un mérite : celui d’ouvrir les yeux cette énarchie gauchisante qui, de sa forteresse de Bercy, est aux commandes avec les mêmes recettes : toujours plus d’impôts, de déficits, de dette, de chômeurs et de pauvres. Cet échec signera le retour du politique. Celui-ci se construit à droite, méthodiquement par la proximité avec le peuple.
Les technocrates sont au service exclusif de l’Etat, les politiques sont au service des Français.
Là est toute la différence. Il faudra en priorité supprimer l’ENA. En attendant, il faut s’activer pour limiter les dégâts.
BRAVO Daniel.
Rédigé par : Richard | 09 avril 2018 à 10:15