POUR QUE L’UNION DE LA DROITE ET DU CENTRE AIT LE DERNIER MOT
30 avril 2017
Cet entre-deux tours est intéressant tant il révèle de traits du caractère des deux protagonistes qui prétendent prendre la tête de notre pays. Le choix par défaut est déjà difficile, leur comportement ne simplifie pas la tâche. Voter Le Pen, Macron, s’abstenir ? Quand on regarde la répartition que Opinionway observe chez les électeurs de François Fillon : 43% Macron, 28% abstention, 29% Le Pen, on mesure combien tous les goûts sont dans la nature. Les prises de positions des ténors du parti en reflètent parfaitement le kaléidoscope. Inutile donc de jeter la pierre aux uns ou aux autres. D’ailleurs la position officielle du parti Les Républicains est on ne peut plus claire à défaut d’être explicite : « ni abstention, ni Le Pen ». Ensuite chacun fait selon sa conscience et ce qui lui parait le mieux dans cette étrange situation, que l’on doit, ne l’oublions pas, à une supercherie –Macron serait l’alternance- et à une machination pour éliminer l’union de la droite et du centre. Je continue de penser que la « recomposition » macronienne dont on nous rebat les oreilles depuis le 23 avril ne tient pas la route et est superficielle. L’Union de la droite et du centre peut encore avoir le dernier mot en imposant l’alternance aux législatives.
Quand Marine tente de cacher Le Pen.
Avec Marine, les coups « populistes » n’ont pas de limite, on l’a vu avec l’opération « Whirlpool » où elle a passé dix minutes au milieu des ouvriers à faire des selfies et à leur dire « je suis avec vous » puis est repartie sans proposer aucune solution. Qu’importe, les images ont fait le tour des médias. Moins réussie a été la sortie en mer, où elle s’est ridiculisée à force de vouloir faire « petit peuple ». Il n’empêche, il parait qu’elle fait une bonne campagne. Néanmoins, son appel direct aux électeurs de Mélenchon en dit long : même programme, même combat, ça peut donc marcher. Et comme le Méluche n’a pas donné de consignes à ses « insoumis » -logique, non ?-, elle pense y trouver un vivier et récupérer des suffrages pour compenser le barrage qu’on lui oppose par ailleurs. Au passage, on remarquera la similitude de comportement entre Mélenchon et l’extrême gauche allemande qui avait refusé de choisir entre Hitler et les sociaux-démocrates. Dernier coup, le ralliement de Dupont Aignan. On comprend mieux son attitude, à celui-là, il roulait pour Marine ! Elle voulait pêcher du gros, elle n’a au bout de sa ligne que du menu fretin : pensez donc, le DPA a fait 1 700 00 voix dont seulement 37% voteront Le Pen. Il ne sera probablement pas premier ministre et il vient de tuer son maigre parti qui part en brioche après son « accord de gouvernement » avec l’extrême-droite. Au moins, au passage, a-t-il obtenu que MLP renonce à sa sortie de l’euro, à laquelle les Français sont très majoritairement hostile, encore que le discours sur ce sujet restât étonnamment confus et que le reste du programme y conduise inéluctablement. Donc pas rassurant pour autant. Surtout, n’oublions jamais, que derrière Marine, il y a toujours une Le Pen qui guette sa proie avec les mêmes idées : la création d’un « ordre des journalistes » devrait rappeler des souvenirs de mise au pas… Quant à son « Etat-stratège » c’est la version polie de l’Etat fasciste qui contrôle tout.
Quand sous le matamore perce l’apprenti Erdogan.
Emmanuel Macron clôt une semaine en demi-teinte par une longue interview au journal « Le Figaro ». Défié sur le terrain chez Whirlpool, il s’en est finalement à peu près sorti grâce à sa capacité de baratin phénoménale. On retiendra surtout son égocentrisme exacerbé qui s’est exprimé à deux reprises dans son discours du soir du 1er tour et dans celui de Lille : cet homme à un problème d’affirmation du moi qui confond autorité et hurlements hystériques. Ce petit monsieur serait-il un apprenti Erdogan ? Il croit être le Messie et avoir, avec 24% des suffrages, réalisé la « recomposition » du paysage politique, alors qu’il a principalement profité d’une situation inédite, à savoir la faillite d’un quinquennat et le retrait du sortant, couplée à un coup d’état institutionnel visant Fillon. Ce qu’il décrit dans le Figaro est explicite : il compte sur le débauchage pour réaliser sa majorité présidentielle et sur l’effet de souffle de son élection. Un peu présomptueux quand on sait que 43% de ses électeurs du 1er tour ont voté pour lui « par défaut », principalement en raison des deux primaires à droite et à gauche qui ont désigné des candidats décalés par rapport au centre de gravité de leur parti. Ces voix ne demanderont qu’à revenir vers leur préférence originelle si on leur en offre l’opportunité. Sa vraie base électorale se situe donc autour de 12-13% des exprimés, soit un peu plus de 5 millions de voix (sur 47 millions d’inscrits) : il lui reste beaucoup de chemin pour élargir. Ses multiples non-dits, la clique de technocrates qui l’entoure venue en droite ligne des officines de « conseils du gouvernement » -Pisani-Ferry en tête-, altèrent singulièrement son discours sur l’alternance et le changement. Comment fera-t-il 15 milliards d’économies supplémentaires sinon en augmentant le nombre des emplois publics « non remplacés », surtout s’il garde la même durée hebdomadaire du travail. Il ment beaucoup par omission. Enfin ses propos sur François Baroin sont indécents. Il voudrait jeter les voix des républicains dans l’urne Le Pen qu’il ne s’y prendrait pas mieux. La recomposition qu’il propose est un marché de dupes, avec un cheval de gauche, une alouette de droite et quelques étourneaux du centre, et sans garantie de stabilité !
Quand viser la cohabitation sert l’intérêt des Français.
Merci à François Fillon pour son courage et sa ténacité. Il n’a certes pas démérité et je souhaite que la justice mette en évidence son innocence. L’Union LR-UDI tient bon, Eric Woerth s’est mis au travail pour mettre au point la plate-forme législative à partir du programme présidentiel. Il s’agit de s’adresser davantage aux Français que de parler de la France, cette entité abstraite pour beaucoup de nos compatriotes. Passé le 2nd tour, il faudra se déployer à nouveau pour réussir à dégager une majorité de la droite et du centre et assurer la vraie alternance : celle qui relèvera le pays, le sortira de l’endettement, offrira à tous les Français et aux jeunes en particulier, un emploi, rétablira l’autorité de l’Etat et restaurera son prestige international. Imposer la cohabitation, c’est répondre à l’intérêt des Français. Nous avons une génération politique de renouvellement avec François Baroin, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, … dont les talents valent bien le ramassis poussif qui s’est aggloméré à Emmanuel Macron. Il n’y a que l’union de la droite et du centre qui puisse donner une majorité stable. Les projections que tentent les instituts de sondages à partir du vote du 23 avril sont nécessairement fausses parce que le vote du mois de juin se fera sur des bases complètement différentes. Plus le FN sera affaibli, plus l’union LR-UDI aura de chances, quant à la gauche, elle sera profondément divisée entre les Macroniens, les PS et les « insoumis ».
De quoi voir la vie en … bleu !