L’ELOGE DE LA MEDIOCRITE
22 avril 2017
Bobards jusqu’au bout.
« Je laisse la France en meilleur état que je ne l’ai trouvée ». Comme personne ne le dira à sa place, « l’encore-Président » pour quelques jours se délivre le satisfecit à lui-même. Le comble de la fatuité. On ne sait pas de quoi demain sera fait tant l’œuvre de destruction aura tout dégradé y compris son propre camp, ouvrant la porte à toutes les possibilités, y compris les plus extrêmes. Et c’est un bilan gorgé de chiffres qui sont autant de mensonges que le site de l’Elysée édite. Il est vrai que les statistiques habilement utilisées permettent à peu près tout : approximation des termes, choix tendancieux des dates de référence, corrélations truquées, ou encore données sans intérêt. C’est ainsi que le sortant-fier-de-son-bilan-mais-incapable-de-se-représenter annonce sans fausse pudeur : « 100 milliards d’€ de richesses supplémentaires créées chaque année, grâce à une croissance totale de 5% de 2012 à 2017 » ; c’est faux : la croissance cumulée sur cinq ans a été d’un peu moins de 4%, soit une vingtaine de milliards par an en moyenne. Autre annonce : « baisse du chômage depuis plus d’un an : plus de 100 000 demandeurs d’emplois en moins en 2016 » ; en oubliant que le chômage a augmenté de 540 000 (pour ne prendre que la catégorie A) sur l’ensemble du quinquennat. Il ose même affirmer : « les taux d’intérêt historiquement bas, fruit du sérieux budgétaire, au bénéfice de toute l’économie, des contribuables, des entreprises, des ménages. » Un gros bobard de plus, chacun sait que cette baisse historique des taux doit tout à la banque centrale européenne et à l’alignement des planètes (pétrole bas, euro faible). Et pour terminer les exemples un chiffre savoureux : « grâce à la loi de 2015 sur les comptes bancaires inactifs sur lesquels 3,7 milliards d’€ ont été répertoriés, ce sont 317 000 € qui ont d’ores et déjà été restitués à leurs propriétaires ! » ; quel exploit, à ce rythme il faudrait 10 000 ans pour solder tous les comptes ! Absence d’objectivité –on s’en serait douté- et surtout aucun respect de la réalité. Ce qui est excessif est insignifiant… à prendre ici au sens propre du terme.
On se contente de peu.
La France a connu un déficit record de son commerce extérieur en janvier 2017, mais le chiffre déplaisant a été masqué par un autre plus attrayant : pensez donc, la France a créé 187 000 emplois net en 2016. Un record depuis dix ans : faites sonner les trompettes ! il suffit de jeter un coup d’œil chez nos voisins pour tempérer l’enthousiasme : l’Espagne en a créé 1,5 millions en trois ans et le Royaume-Uni 450 000 l’an passé, à peu près autant que l’Allemagne. Des experts se sont félicités que notre pays ait fait 1,1% de croissance en 2016 ce qui leur paraissait très proche des 1,9% de l’Allemagne, en oubliant seulement une chose simple : à 1,1% on détruit des emplois, à 1,9% on en crée ! Une différence qui leur a échappé !
On ne regrettera pas.
Dans une quinzaine de jours, ce sera terminé pour le Président normal-casqué et ses insuffisances. On ne regrettera pas sa voix mal posée et fluette aux intonations hasardeuses, qui a donné en permanence l’impression qu’il ne croyait pas ce qu’il disait. On ne regrettera pas sa syntaxe de gamin de maternelle reprise d’ailleurs par Macron : « La France, elle est grande », « la reprise, elle est là » … combien de fois a-t-on entendu cette redite enfantine de cour de récréation. Et puis ces « e » intempestifs, ces phrases hachées et coupées au mauvais endroit, vraiment un président ne devrait pas parler comme ça. Cette voix de fausset n’exprime-t-elle pas le refus de s’engager corps et âme dans la fonction, malaise que l’on a ressenti pendant tout son mandat. On ne regrettera pas non plus ses certitudes affichées aussitôt démenties par les faits : "l’inversion de la courbe du chômage" en est l’emblématique exemple qui lui aura collé aux basques comme le sparadrap du capitaine Haddock dans l’Affaire Tournesol. Elle aura eu un effet extraordinaire, celui de créer un suspense insoutenable autour de la publication mensuelle des chiffres de Pôle Emploi. On ne regrettera pas enfin, cette cravate de travers et cette manche de veston mal ajustée, qui ont fait de lui un « culbuto » ridicule, incapable de représenter dignement notre pays. On ne s’étonnera donc pas de l’effacement de la « voix » de la France en Europe et au sein des instances mondiales.
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