QUELLE DRÔLE DE CAMPAGNE !
18 avril 2017
Voilà François Fillon revenu au niveau d’avant les « affaires ».
Il talonne Marine Le Pen et le fringant Emmanuel Macron qui font feu de tout bois. Il n’empêche, l’éventualité qu’il soit au second tour grandit un peu plus chaque jour qui nous rapproche du 1er tour. Pour une raison simple : les voix de la droite ne se sont pas volatilisées et la brusque montée de Mélenchon a pu jouer le rôle de « châtaigne » pour les réveiller. Le débat sur la moralité, initié par la gauche, qui se croit toujours la mieux placée pour donner des leçons, aura été une diversion pour empêcher qu’on aborde les sujets essentiels de cette campagne présidentielle : quelle souveraineté pour la France, comment remettre le pays à flot avec ses déficits et sa dette, quelle sécurité à l’intérieur et à l’extérieur, comment mettre fin au chômage de masse… Car ce qui se joue dans cette élection, comme jamais peut-être sous la Vème République, c’est la survie de la démocratie, d’autant plus menacée que les forces à vocation totalitaire des extrêmes de droite comme de gauche, sont aux portes du pouvoir.
Les « affaires » n’auront finalement servi qu’à occulter un temps le débat.
Heureusement, François Fillon a tenu bon sous la mitraille. Car il est la principale cible, étant le seul à proposer la véritable alternance qui pourrait nous sortir à la fois du socialisme honteux et de l’ornière. Après avoir été enterré vivant par les scénaristes faiseurs d’élection qui faisaient la promotion de Macron, et qui se prennent maintenant à rêver avec Mélenchon à la victoire d’un populiste à leur goût, Fillon revient dans la course à force d’une campagne qui suscite l’étonnement et l’admiration. Lors, l’électeur, furieux que les polémiques annexes aient pris le dessus sur le débat de fond, pourrait bien se donner à celui qui par son acharnement démontre qu’il est bien le chef dont la France a besoin pour affronter un monde dangereux. Pourtant, tout est fait pour lui brouiller la vue en polémiques subalternes. Les affaires que juges et journalistes tentent d’accrocher aux basques du candidat de la droite et du centre font finalement chou blanc. Elles n’auront pas réussi à évacuer notamment la soif d’identité qui taraude les Français et à laquelle François Fillon répond en élevant le débat sur la vocation universelle de la France.
Le « totalitarisme cool » du macronisme.
Ceux qui voient Emmanuel Macron à l’Elysée vantent l’image attrayante du personnage : jeunesse, optimisme, agilité intellectuelle. Une agilité brillante au recto-technocrate mais indigente au verso-culture. Il y a trop de creux, trop de flou, et beaucoup de faux dans cet avatar « hollandais ». Il a les trucages du jongleur, mais avec l’accumulation le tour tourne à la farce de Garcimore quand le voilà obligé d’avouer au public qu’il ne comprend pas ce qu’il est en train de lire. On a tout dit sur la platitude de ses affirmations, la virtualité de ses projections, l’évanescence de sa pensée et sur le côté « manager » ectoplasmique de « teams » à slogan « corporates » aussi éculés que le souvenir de Lecanuet. La seule nouveauté c’est le bleu pastel de ses affiches qui évoquent un « Lalaland » de pacotille. Ce qu’il propose n’est ni plus ni moins qu’un « totalitarisme cool » saturé de médias, d’Etat (beaucoup d’Etat), et de puissants (très puissants) intérêts privés. Il est l’ami de tout le monde, même de ceux à qui il a déclaré la guerre ou qu’il a insultés la veille. Il est le disciple de Paul Ricoeur et cela lui a donné une méthode : faire réussir la modernité en conciliant la « verticalité » et « l’horizontalité »… Un exemple : que fera-t-il de la dette ? Il répond qu’il faut « régler le problème » (logique verticale de l’inspecteur des finances) mais qu’en même temps il ne faut pas tuer les gens en le réglant (logique horizontale du contribuable). Donc on règle sans tuer ! On n’ira pas plus loin, on ne saura pas qui crachera au bassinet. Macron c’est tout le temps « en même temps ». C’est la méthode qui compte, tant pis si elle débouche sur le vide.
Et à la fin c’est Fillon qui gagne.
C’est bien pour cette raison que François Fillon va finir par tirer bénéfice des attaques qu’il a subies pendant deux mois et dont la violence inouïe était faite pour le détruire. « Toujours l’inattendu arrive », nous prévient d’Ormesson. Il va s’imposer parce qu’il est le seul à aborder ce que personne d’autre ne propose : le redressement du pays, et autres babioles telles la sécurité, la dette, l’éducation, le chômage massif, le sauvetage des générations perdues, le retour des capitaux, les élites qui fuient… Quel régime politique pourrait tenir sans plan rigoureux et déterminé face à la montagne de dettes, quelle société pourrait rester viable face à un système qui produit chaque année 150 000 jeunes sans aucun diplôme et sans autre espoir qu’une vie de chômeur-précaire et face à la multiplication des attaques contre son mode de vie et sa culture ? François Fillon a au moins un mérite : il dit ce qu’il entend faire. Il est le seul à avoir des réponses sérieuses et ça commence à se voir. En cela il est grandement coupable !
Autant de problèmes dont les démagogues populistes se moquent du tiers comme du quart.
Il n’y a rien de plus urgent que de se constituer en soviets partout pour passer les « nuits debout » à discuter sur « l’acte fondamental », se grise Mélenchon devant les foules qu’il rassemble ; ou à quitter l’euro et l’Europe, comme le décline rageusement Marine Le Pen, ce contresens monumental en guise de pied de nez à l’Histoire qui nous indique chaque jour que les grands empires sont de retour. Pour eux, peu importe que la France soit au bout du rouleau ! Heureusement, il reste Lassalle pour nous divertir !
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