L’EMOTION OU LA RAISON ?
27 avril 2017
Le choix par défaut
En éliminant François Fillon dès le premier tour, les Français ont tourné le dos à la raison. La logique du déni l’a emporté. Au premier tour on choisit, au second, on élimine. Cet adage bien connu s’applique pour une fois à l’électorat de la droite républicaine qui découvre que c’est bien compliqué à réaliser. Ne comptez pas sur moi pour vous donner un avis. Je sais ce que je vais faire, mais c’est un choix personnel. Certains suivront les consignes données dès le soir du 1er tour par François Fillon approuvé par un certain nombre de personnalités, d’autres, en colère contre les turpitudes assénées à leur candidat, choisiront de se venger en suivant les indications d’autres leaders, ou décideront de camper sur l’Aventin en allant à la pêche. Les arguments des uns et des autres ont leur logique, il est donc difficile de s’y retrouver. Alors, chacun n’en fera qu’à sa tête comme si l’élection n’engageait pas vraiment l’avenir du pays et la suite, le troisième tour, celui des législatives. La différence entre l’électeur de base et le ténor du parti, c’est l’analyse politique qui conduit ce dernier à la décision de raison qui permet d’envisager la suite. La politique n’est qu’une suite de rendez-vous qu’il faut gérer séparément les uns des autres et qui n’exclut pas le calcul. La vraie question, à laquelle Nicolas Sarkozy a certainement tenté de répondre, c’est : « Qu’est-ce qui est le mieux si on veut avoir une chance de remporter les législatives qui suivent ? ». On connait la suite. Mais l’important, quel que soit le choix de chacun, c’est de se retrouver ensemble pour l’élection suivante.
La soif d’alternance est toujours là
Le vote sanction, qui participe de la tradition de toute élection, pour une fois n’a pas pu s’exprimer du fait du renoncement de Hollande à se représenter. Les électeurs qui voulaient avant tout rejeter le bilan du quinquennat n’ont pas pu le faire. D’autant plus que les candidats qui auraient pu le porter s’en sont habilement défaussés, Macron parce qu’il a quitté le gouvernement avant la fin du mandat, Hamon parce qu’il faisait partie des « frondeurs ». Cela explique que la campagne n’a pas trouvé de vraie ligne directrice. Et contre toute attente, le vote-sanction s’est retourné contre Fillon en raison des « affaires » qu’on lui a imputées et dont les médias se sont emparés. Le vote d’espoir qu’il aurait pu représenter s’est alors décalé sur un autre candidat, plus inattendu en raison de son programme archaïque, Jean-Luc Mélenchon. Mais ce que montrent les études d’opinion, c’est que les Français, quel que soit le candidat élu, sont majoritaires à penser que la situation du pays ne s’améliorera pas. Ils sont partagés entre la colère d’une partie du pays en faveur de Marine Le Pen, la déception de l’électorat de gauche qui a bénéficié à Jean-Luc Mélenchon, et tous ceux qui étaient à la recherche d’un renouvellement qui a permis le succès d’Emmanuel Macron. Mais la soif d’alternance est toujours là. Aucun des candidats n’en était porteur, excepté François Fillon. Elle est elle aussi « en souffrance ». L’offre du second tour ne permettra pas de l’assouvir.
Le paysage politique à quatre
Il y a aujourd’hui quatre France : celle des métropoles, plutôt aisée et assez jeune qui a voté Macron, celle des diplômés, des retraités et des catholiques s’est prononcée en faveur de Fillon, une troisième, celle des banlieues, populaire et jeune a penché pour Mélenchon, et enfin celle, populaire, des zones rurales et des petites villes qui a davantage profité à Marine Le Pen. Ces quatre tendances ne s’agrègent pas pour former deux blocs clairement définis et le clivage auquel on assiste pour le 2nd tour entre mondialiste-européiste et national-patriotique est une caricature. Cela laisse des opportunités de recomposition pour les législatives. Si le PS sort étrillé de son incapacité à se positionner, la droite républicaine et le centre n’a pas connu une défaite si humiliante qu’elle en soit désarçonnée. Au contraire, les circonstances consolideraient plutôt son électorat prêt à en découdre à la première occasion. Car, la caractéristique du succès de Macron c’est de reposer sur une ambiguïté et une mosaïque qui rendent très friables ses positions : le gros de ses voix vient de chez Hollande (13 pts), auquel s’ajoutent celles de chez Bayrou (4 pts), et de chez Sarkozy (5 pts), par rapport au vote de 2012. Entre peur de Mélenchon et trouble sur le vote Fillon, Macron a bénéficié du vote utile pour 45% de ses électeurs. Enfin, le vote Le Pen est très en retrait des attentes et des résultats pronostiqués il y a encore peu. Des résultats en baisse même dans des fiefs comme Béziers (- 17%) ou Hénin-Beaumont (- 13%). Les explications sont multiples à commencer par la concurrence de Mélenchon qui a pu trouver à cette occasion une revanche sur 2012, avec la France insoumise. Son programme économique a dissuadé un grand nombre d’électeurs traditionnels de la droite de franchir le Rubicon. C’est un affaiblissement que sa présence au 2nd tour ne comble pas complètement. En effet, sa capacité à faire élire un grand nombre de députés s’avère altérée et sa base électorale pour gagner le 7 mai est beaucoup trop faible pour qu’elle ait une vraie chance.
Penser aux législatives n’est pas illégitime
Pour les Républicains, une victoire aux législatives, dans ce contexte, devient, contrairement à l’habitude, une perspective envisageable. On voit bien que les électeurs pourront avoir en juin des motivations différentes. Par exemple, nombre d’entre eux qui ont été détournés de Fillon pour des raisons de morale, n’auront aucune peine à revenir à leur candidat local, d’autant plus s’il est député sortant. D’ailleurs c’est bien pour ça que Macron fait des pieds et des mains pour débaucher des ténors dans les rangs LR. Il sent bien où est le danger qui pourrait le priver d’une majorité à lui pour gouverner. Et en attendant, il est obligé de différer ses investitures pour ménager d’éventuels sortants PS « macrompatibles ». La supercherie sera alors évidente : il n'incarne pas une vraie alternance. Car dans les circonscriptions, ses candidats, pour la plupart inconnus, vont se retrouver confrontés à un sortant PS et un mélenchoniste le couteau entre les dents. A droite, les candidats LR, investis depuis longtemps sont déjà sur le terrain et devraient arriver devant le FN dans de nombreuses circonscriptions, surtout si Marine Le Pen a été battue. De ce point de vue, si Macron n’est pas la solution, la solution passe par Macron. CQFD. Une revanche de la droite est tout à fait possible ! On assistera alors au transfert du pouvoir politique du Président de la République au Parlement, processus déjà engagé par l’insignifiance de Hollande. La raison triomphera alors !
Dans l'hypothèse d'une victoire de la droite et dune volonté réformatrice de celle ci, on peut envisager des difficultés, des heurts, pourquoi pas des manifs très violentes... Macron président pourra alors dissoudre l'assemblée...
Rédigé par : Adrien | 01 mai 2017 à 07:12
D'abord ce n'est pas une raison parce que ce sera difficile de ne pas essayer de gagner. Ensuite Macron ne peut pas dissoudre pendant un an.
Daniel
Rédigé par : Daniel | 01 mai 2017 à 09:26