L’EMBOBINEUR : PEUT-ON LE CROIRE ?
07 avril 2017
Il a réponse à tout.
Il sait tout mieux que tout le monde. Il a une élocution vibrionnante au point d’empêcher ses interlocuteurs de s’exprimer. Comme Ségolène Royal, il a toujours raison, même quand il a tort. Il a plusieurs vérités successives qui varient d’une émission à l’autre. Et pourtant, il aurait fait mieux que tous ses concurrents avec 51% de convaincus parmi ceux qui ont regardé « l’émission Politique ». Miracle de l’audiovisuel qui donne la prime à l’image et au spectacle aussi superficiels soient-il !
Emmanuel Macron ferait-il un bon président de la République ? Peut-être. En tout cas pas pour moi. J’aurai du mal à confier les clés de l’exécutif à un béotien qui confond dépenses de fonctionnement et d’investissement dans un budget public, et qui n’en démord pas. Je n’aime pas sa façon méprisante de traiter ses interlocuteurs en « Monsieur-détenteur-de-la-seule-vérité-qui-vaille ». Lui seul est moderne, sous prétexte qu’il est jeune : il a, d’évidence, encore beaucoup à apprendre et je ne donne pas cher de sa peau après quelques mois de pouvoir. Il découvrira alors que la roche tarpéienne est proche du Capitole. La difficulté, avec M. Macron, c’est que ses versions changent tout le temps, selon le moment, l’interlocuteur et l’air du temps. Que croire ? Forcément, à un moment donné la réalité vous revient dans la figure comme un boomerang. Mais avant d’aller voter, on voudrait bien y voir clair.
Beaucoup de baratin et un jeu de bonneteau.
Quelques exemples. Certes, M. Macron veut baisser les charges et les impôts qui pèsent sur les entreprises, mais on peut douter que ce geste soit suffisant pour relancer la croissance. Le discours sur le temps de travail, la place du dialogue social est plein de contradictions. On cherche en vain la capacité à réduire les déficits et la dette quand on considère la facture des promesses : Les 60 milliards d’économies annoncés sont un affichage plus qu’une volonté réelle, avec 15 milliards de dépenses nouvelles auxquelles il faut ajouter les 50 milliards qualifiés « d‘investissement » alors que le contenu sera affecté à du financement de fonctionnement. La mise en place d’un système de retraite universel par points ne règle en rien le problème du financement qui ne sera équilibré à l’horizon 2030 qu’en reculant l’âge de départ. Et on ne sait pas comment sera trouvé l’équilibre à long terme. En réalité, le taux de remplacement n’est pas garanti ce qui veut dire que les pensions diminueront au moment de la liquidation sans compter que les pensions en cours de versement seront aussi affectées. Le choix d’augmenter la CSG n’est pas le meilleur en terme de pouvoir d’achat et pour l’activité, alors que 2 points supplémentaires de TVA sur le taux à 20% auraient un moindre impact sur la croissance, n’aurait pas de répercussion significative sur les prix et permettrait de faire participer les produits importés au financement de notre protection sociale. L’amélioration du pouvoir d’achat qui est prévue oblige à repousser l’application du prélèvement à la source qui en annulerait l’effet au 1er janvier 2018. Encore un tour de passe-passe. Par ailleurs, l’étatisation de l’assurance chômage mettrait fin au paritarisme sans raison sérieuse et aurait l’inconvénient de la transformer en assistance-chômage assise sur l’’impôt (la CSG). Le résultat à en attendre, compte-tenu des marges de financement de l’Etat, c’est une indemnisation faible et de courte durée. Le projet de suppression de 120 000 postes d’agents publics, c’est mieux que rien ou que de les augmenter, mais c’est notoirement insuffisant en regard des enjeux de modernisation et pour l’accompagner de contreparties en rémunération et amélioration des carrières.
Un projet plus à gauche qu’il ne veut le dire.
Macron pratique l’habillage habilement. Il communique volontiers sur les ralliements venant de la droite. Mais la plupart des politiques qui le soutiennent sont de gauche, ses collaborateurs sont de gauche et viennent d’organismes conseils du gouvernement, tout comme ses experts. M. Macron, bien qu’il s’en défende, est le candidat de contrebande des socialistes, et l’héritier en ligne directe d’une politique qui a échoué. On se demande par quelle magie son projet deviendrait de droite et lui « nulle part » sur l’échiquier politique. Et les prescriptions de M. Laine, chantre du libéralisme, nous vantant les charmes macroniens, et appelant au ralliement de la droite réformatrice, il serait plus convainquant s’il n’avait pas délocalisé toutes ses activités à Londres il y a deux ans. En bon libéral universaliste, il est bien dans la ligne de celui qu’il soutient.
S’il M. Macron est élu, on n’en aura pas fini avec les contorsions, les arrangements, les majorités de circonstance et bonjour l’instabilité … Une situation périlleuse pour la France alors que la guerre gronde un peu partout !
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