LA MACHINE A REMONTER LE TEMPS : MELENCHON
09 avril 2017
La décomposition de la gauche socialiste.
Les socialistes peuvent maudire une primaire qui, en définitive, aura fait beaucoup de ravages au PS où elle a permis à la fraction minoritaire, les frondeurs, de s’emparer du parti. Du coup Manolito s’est vu dans une posture qui l’a obligé à renier son engagement de soutenir le vainqueur et Hollande lui-même obligé de demander à M. Hamon de défendre le bilan du quinquennat qui s’achève. Une absurdité qui consiste à réclamer à son adversaire de tresser les lauriers à celui qu’il a combattu et finalement vaincu puisqu’il n’a pas pu se représenter. Des contorsions qui ont fini de dégoûter un électorat dont une partie ne peut se reconnaître dans le projet chimérique du candidat officiel qui s’effondre dans les sondages.
La gauche radicale se régale.
C’est Mélenchon qui récolte ce que la zizanie de la majorité du quinquennat a semé. Son score, est longtemps resté inférieur à celui de Benoît Hamon ; il prend son essor depuis deux ou trois semaines. Il devance maintenant le candidat du PS d’au moins six points. Sa progression, qui n’assure pas encore sa qualification pour le second tour sème l’épouvante au PS, où l’on craint fort que, le 24 avril, le parti ne soit plus qu’un « cadavre à la renverse », pour reprendre une expression célèbre. Mais sa progression, le « leader maximo », mi-castriste mi-chavezien, la doit aussi à son talent et à sa formidable capacité à faire le show aussi bien sur les plateaux télévisés que sur les estrades de ses meetings. Jean-Luc Mélenchon qui, ayant choisi de se présenter en candidat indépendant, niant à la gauche tout ascendant sur lui, pourfendant avec le même triomphalisme ses concurrents de gauche et ses ennemis de droite, se montre maintenant plus drôle, plus efficace dans ses analyses critiques, et moins donneur de leçons. Une recette qui suffit à faire de lui une idole des Français. Le voilà « populaire », la jouissance suprême pour lui. Le problème c’est que son projet nous ferait plonger directement dans les affres des régimes communistes du 20ème siècle. Un véritable retour en arrière. Mélenchon, c’est une machine à remonter le temps à 200 milliards !
Une progression qui doit faire peur.
La question qu’il faut poser ne porte pas sur Mélenchon et le mélenchonisme, mais sur les conséquences d’une popularité suffisamment ascendante pour secouer les dés une fois de plus. Que se passera-t-il si le chef du parti de gauche devance Fillon et Macron au premier tour ? Les dégâts sur la droite importent peu. C’est la perspective d’avoir à choisir entre deux programmes qui sont deux versions marxistes : celle de Mélenchon, plus contemporaine et celle des années 60 de Marine Le Pen. Voilà la France dans une impasse catastrophique si un 2nd tour Le Pen-Mélenchon se produisait. Or, il n’est pas impossible de l’imaginer aujourd’hui. Car une des nombreuses remarques qu’inspire cette campagne électorale d’un style inédit, c’est l’extraordinaire plasticité de l’électorat. Il n’a pas encore fait tout-à-fait son choix et il se porte successivement sur des candidats différents. Le retrait du président sortant dont l’impopularité perdure, a déverrouillé l’électorat de gauche et permis sa remobilisation. Il faut faire avec. A contrario, ceux de droite, émus par les « affaires » sont en partie démobilisés et peuvent avoir envie de trouver refuge chez Le Pen ou Macron. Ceux de gauche, au fur et à mesure que Macron apparaît comme le « recycleur de ceux qui ont trahi », vont donc chez Mélenchon. C’est qu’avec 300 milliards de dettes supplémentaires, et un million de chômeurs de plus, il peut y avoir chez les « laissés pour compte » de politiques qui ont échoué, une amertume suffisante pour alimenter le besoin de se venger. Voilà où nous aura conduit l'impéritie du président "normal". Voilà pourquoi tous les vases communiquent ? Le critère du choix pour un nombre croissant d’électeurs, n’est plus la tendance idéologique, mais le besoin viscéral de régler son compte à la classe politique.
Le réflexe du vote de raison.
Reste à espérer, que devant la situation internationale qui se tend, l’électorat revienne à la raison. Qui confierait les clés de la maison « Elysée » à des apprentis dans un tel environnement ? Dans ce cas, il n’y a qu’un candidat qui émerge et qui présente les garanties suffisantes par son projet et son expérience, pour y faire face : c’est François Fillon. Son discours, à la porte de Versailles, devant plus de 25 000 personnes en fait foi. Les Français doivent en percevoir le sérieux et la gravité. La tourmente se prépare, on voit de mauvais vents se lever. Il faudra un capitaine à la barre, et qui la tienne fermement ! On a jusqu’au 21 avril pour les en persuader.
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