HISTOIRE
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AU 31 DU MOIS D’AOUT …

 

Feu-dartifice- 

Le mois d’août se termine en feu d’artifice par un florilège de petites phrases et de déclarations politiques. Voilà qui augure de temps agités pour la campagne présidentielle. Promesses en tous genres, réactions, provocations, insinuations malveillantes ou confidences émaillent l’actualité de mille couleurs : notre personnel politique n’est manifestement pas en manque d’inspiration.

C’est ainsi que Marine Le Pen promet 5 millions de pauvres en moins si elle est élue. Plus c’est gros, plus ça passe. C’est la fée Marine et sa baguette magique. C’est sûrement en quittant l’euro et l’Europe qu’on arrivera à un tel exploit. Mais c’est bien le contraire qu’il faudrait craindre.

« Je serai la présidente de la sécurité » déclare sans sourciller à Marseille, Martine Aubry, venue faire un coup médiatique pour se remettre en selle dans la course poursuite du lièvre Hollande : c’est le retour de la « mèremptoire » qui croit qu’il suffit d’affirmer pour changer la réalité. Car côté propositions, on est en manque. Notez : la patronne du PS qui promet plus de flics, c’est-y pas drôle ?

Et puis avez-vous entendu notre Michel Rocard ? Sorti de son hibernation (à la fin de l’été, il est temps), il vient déclarer à propos de DSK, avec  beaucoup de lucidité : « Cet homme a visiblement une maladie mentale qui l’empêche de contrôler ses pulsions ». Une manière de dire tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas. Dans le même entretien, interrogé sur Ségolène Royal, il nous surprend encore avec cette sortie : « Nous sommes dans une société de libre expression, le droit de dire n’importe quoi est un droit fondamental de la personne humaine ». Comme quoi il connaît bien son monde.

Harlem Désir est un professeur de morale qui oublie que lui-même a été condamné (18 mois avec sursis et 30 000F d’amende pour des salaires fictifs) quand il évoque le sort de Jean-Noël Guérini. Celui-ci s’est chargé de le lui rappeler.

Même Hervé Morin s’y est mis sur i-télé: il est sorti de ses gonds, interrompant en plein direct son portrait, qui affirmait qu'il avait "(lâché) son vieux copain" François Bayrou en 2007 pour Nicolas Sarkozy. « C’est insupportable ! Je ne m'énerve pas, je veux simplement rappeler une réalité historique, c'est que le choix politique que nous avons fait en 2007 est le choix des électeurs de François Bayrou qui ont voté Nicolas Sarkozy à 70% », ce qui n’est rien de plus vrai. La bataille du centre fait rage !

Le paysage ne serait pas complet sans le président de République « solitaire », Dominique de Villepin, qui a regretté mercredi sur son blog que « les résultats » de Nicolas Sarkozy sur la pauvreté, malgré « les engagements clairs » de 2007, ne soient « pas là », la crise ne pouvant, à ses yeux, « tout expliquer ». Ah bon ? Mais elle y a fortement contribué. C’est curieux comme tout le monde sous-estime « la crise » qui a pourtant été la plus grave jamais enregistrée et qui, d’ailleurs n’a pas encore fini de nous en faire baver.

Enfin, on ne pouvait pas terminer le mois sans la cerise sur le gâteau. Est-ce pour faire oublier l’affaire Guérini dont on commence à parler un peu trop, est-ce pour faire oublier les frasques de DSK qui embarrassent par son retour tous ses amis ? Voilà qu’on nous ressert un remake de l’affaire Bettencourt. Dans « Sarko m'a tuer », un ouvrage de deux journalistes du Monde, Isabelle Prévost-Desprez qui est à la droite ce que le jambon blanc est à la gastronomie italienne, affirme que l'un des témoins, l'ancienne infirmière de Liliane Bettencourt, avait « confié à (sa) greffière, après son audition par (elle) : J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy mais je ne pouvais le dire sur procès-verbal ». Ce que l’intéressée conteste… Le Premier ministre est monté au créneau et « regrette qu’au mépris de toute règle déontologique, de telles allégations visant le Président de la République, à l’évidence dénuées de tout fondement, viennent nourrir la rumeur dans ce qu’elle a de plus détestable et de plus insidieux ».

Première à ouvrir le feu, Martine Aubry, a réclamé l'ouverture d'une nouvelle enquête. "C'est ce qui se passe normalement dans un pays où la justice est indépendante et libre", a-t-elle relevé. Arnaud Montebourg a lui aussi réclamé de nouvelles investigations. François Hollande va même plus loin et parle d’une cellule qui existerait (au conditionnel) à l’Elysée pour exercer des pressions sur la justice. Ben voyons ! Qui passe la prochaine couche ?

Mais ne soyons pas naïfs, il fallait s’y attendre, tous les coups, y compris les plus bas seront assénés pour tenter d’abattre le Président. Il fallait à tout prix ré-instiller le soupçon sur son honnêteté. C’est lamentable. La juge devrait être révoquée, voilà ce qui serait juste !

Vivement septembre. Je sens qu’on va bien s’amuser

 


LES RICHES DOIVENT-ILS ETRE SURTAXES ?

 

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C’est une idée devenue courante dans notre pays que les riches bénéficieraient d’un régime de faveur largement dû à un pouvoir politique servile. On nous abreuve tellement à longueur de médias du sort malencontreux des plus pauvres toujours plus pauvres et des riches toujours plus riches qu’on finit par croire à un discours largement alimenté par la gauche qui en a fait son fonds de commerce. Au point que même les riches courent  pour demander qu’on les impose davantage, probablement pour se déculpabiliser de posséder une fortune. On en est donc  arrivé là ! Merci Martine. Passons le ridicule de commentaires comme celui de Charles Aznavour, trouvant que 3% ce n’est pas assez, alors que lui-même vit à Genève.

Dans sa campagne de surenchère permanente entre ses candidats, le PS a lancé une chasse aux riches que pour ma part je trouve malsaine. N’ayant aucune fortune personnelle, je ne puis être taxé de défendre dans cette cause un intérêt personnel. Je me place dans le cadre d’une conception de la société à laquelle je suis attaché, où la liberté d’entreprendre, de réussir ne doit pas être entravée par un état « big brother » et des compatriotes jaloux à l’affût de tout ce qui peut être facteur d’inégalité. Ce qui est en question c’est un projet de société nivelé au point qu’il n’y aurait plus de riches, plus d’écarts de revenus ; on sait ce que cela donne : c’est l’enfer ! Quand il n’y a plus de riches, il ne reste plus que des pauvres.

Les riches en France doivent-ils être surtaxés, ne serait-ce que pour participer à l’effort d’assainissement de nos comptes publics. L’idée couramment admise est que les plus riches bénéficient d’un taux de prélèvement plus faible que celui qui frappe les autres contribuables. C’est vrai que l’imposition des revenus du capital peut bénéficier du prélèvement forfaitaire libératoire de 19%, auquel s’ajoute 12,3% pour les prélèvements sociaux. C’est évidemment plus faible que le taux de 41% de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. Mais s’en tenir là relève de la falsification intellectuelle, car pour ce qui concerne les dividendes, il faut ajouter ce qui a été payé à l’administration fiscale avant leur distribution, en particulier l’impôt sur les sociétés, au taux de 33,3%. On voit alors que le taux d’imposition effectivement supporté par le propriétaire du capital est proche de 46%, sans compter les prélèvement sociaux, ce qui devient au final, considérable.

En France, les riches et le capital ne sont pas sous-taxés, comme on essaie de nous le faire croire. L’impôt sur le revenu conduit même à une sur-taxation du capital, si l’on considère que le capital est constitué à partir d’une épargne qui provient elle-même d’un revenu net déjà amputé par plusieurs impôts. Cette partie épargnée sera ultérieurement taxée par toutes sortes d’impôts, faute d »’avoir été consommée. De ce point de vue, le prélèvement libératoire n’est qu’une atténuation d’une double taxation dont le capital est victime. Imposer davantage les riches constitue donc une injustice fiscale.

Cependant, je distinguerais deux sortes de constitution du capital. Une qu’il faut ménager car elle est porteuse de richesse pour tous, c’est celle qui contribue à la richesse globale en participant au développement de l’entreprise. Cette richesse-là n’est pas prélevée sur les autres, elle est le résultat de ce qui a été créé et a répondu aux besoins d’autrui. Ce capital-là crée de l’emploi, des produits, des services qui, au final profitent à tous. Et puis il y a celle qui s’est bâtie sur l’économie virtuelle par des manipulations financières sans rapport avec l’économie réelle. Elle a permis des fortunes rapides et considérables et est aussi à l’origine des déséquilibres qui ont alimenté la plus grave crise financière depuis 1929. Ce capital-là, celui des traders et des spéculateurs, mérite un sort particulier et même la sévérité fiscale. Les mesures qui ont été prises restent malheureusement insuffisantes parce qu’il faudrait un accord planétaire.

Excepté ce cas, s’opposer à une augmentation de la taxation des plus riches ne constitue pas une défense des intérêts spécifiques de ces derniers, mais la défense des intérêts de tous. C’est tellement vrai, que la gauche au pouvoir met rarement ses actes en accord avec ses discours : Lionel Jospin n’est-il pas le premier ministre qui a le plus « privatisé », et sous Mitterrand la bourse ne s’est jamais aussi bien portée.

On va leur prendre 200 millions de plus. Quand bien même on leur prendrait 2 ou 3 milliards, ce n’est pas ça qui bouchera le gouffre, quand les seuls intérêts de la dette s’élèvent à 45 milliards d’euros. Non, le choix qui se pose à la France est simple : veut-on décourager encore davantage et pousser à l’exil ceux qui sont les plus créateurs de richesse ou veut-on au contraire attirer les plus productifs en éloignant la France de son modèle « d’enfer fiscal » ?

 


MASCARADE ROCHELAISE

 

 

L’union est un combat, c’est une constante en politique. A La Rochelle, le PS nous a fait le coup de « l’unité dans la diversité » ou plutôt de « l’union dans la confrontation ». La carte postale finale ne doit pas faire illusion. Parce que les candidats à la primaire ne sont d’accord sur rien. Ils découvrent un peu plus chaque jour combien leur programme de parti est encombrant.

Quand les masques vont-ils tomber ? Là est la question. Martine Aubry est à la peine et cela la rend fébrile, cela se voit : il est certain qu’elle n’aura pas tiré les dividendes du rendez-vous Rochelais, comme l’année dernière. Ses petites phrases sur le parti « à la renverse » qu’elle a trouvé en arrivant, petits cadeaux destinés à son prédécesseur qui justement la précède dans les sondages, en témoignent. Partie en campagne au pire moment, sa déclaration éclipsée par l’arrivée de Christine Lagarde au FMI, elle n’a pas réussi à refaire son retard sur la tortue Hollande, partie de loin, mais bien en rythme. Au cours de cette université, elle s’est fait des petits plaisirs en promettant à tout venant, mais le contexte n’y est pas et joue contre ses propositions dépensières. La dette elle la pire ennemie du PS et elle ne l’a pas encore vraiment compris.

François Hollande a su éviter ces pièges. Il se garde bien de tomber dans la surenchère des promesses, reste prudent sur les prévisions économiques et se contente d’ironiser sur le plan de rigueur gouvernemental en ayant recours à son humour légendaire, ce qui témoigne de sa forme. Un sans faute qui lui permettra de garder encore les faveurs de son électorat. Il sait bien que moins on en dit, mieux ça vaut, mais il faudra bien qu’il se découvre : sera-ce lors des fameux débats ? On attend avec impatience ses solutions en matière de fiscalité, car, hier, Michel Sapin a paru bien vague et politicien face à Valérie Pécresse, sur BFM TV.

Il fallait voir aussi Ségolène Royal. Tous unis, certes, mais elle, plus que les autres. Sur ses terres, elle n’a pu s’empêcher de monter une petite opération dont elle a le secret, avec ses partisans tous équipés d’une écharpe rouge… comme sa veste : effet médiatique assuré. A la ramasse dans les sondages, elle n’a pas dit son dernier mot. Vocabulaire « citoyen » emprunté au parti communiste et propositions décalées, elle est certainement la plus « poétique » des prétendants, son programme évoluant au gré de ses inspirations, tout en restant, comme celui de ses concurrents, dans le mode incantatoire. Elle est aussi la plus imprévisible, tant pour elle-même que pour ses « compagnons » de route.

Les trois autres compères, même s’ils voudraient prendre place dans le paysage, ont des positions trop « pointues » par rapport au centre de gravité de leur parti. Ils ont donc beaucoup de mal à se faire entendre. Et pourtant, mettre en face-à-face Manuel Valls et Arnaud Montebourg, ça ne manquerait pas de sel. Ces deux derniers, en effet, ne manquent pas d’épaisseur.

Il y a bien les sourires et les embrassades, mais on sent bien que les couteaux ne sont pas loin. Il n’y a qu’une chose qui peut les sauver : la haine de Nicolas Sarkozy qu’ils ont distillé pendant cinq ans et qui leur est commune. Mais que tous ces jeux sont éloignés des réalités que sont la dette, la réduction des déficits et la stabilité financière de la zone euro, grands absents de La Rochelle !

Enfin, une certitude : Harlem Désir n’est pas à sa place, même si c’est provisoire.…

 


LA RENTREE D’ARCHIBALD

 

Longue vue 2 

MAUVAISES NOUVELLES. « C’est une mauvaise nouvelle pour la justice, c’est une mauvaise nouvelle pour les femmes ! » C’est ainsi que Marie-Georges Buffet a commenté la levée des charges qui pesaient sur DSK. Elle est la seule à avoir dit tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas. Merci Marie-Georges (pour une fois).

OVERDOSE. Pour le bon peuple qui ne vote pas à gauche, la médiatisation de la campagne interne du PS commence à être pesante. Et c’est Le Guen qui penche pour Hollande puis tartempion qui se prononce pour Aubry, … On s’en tape. C’est leur cuisine interne. Voilà qu’on va nous imposer six débats d’ici début octobre. Je demande un temps d’antenne égal pour la majorité.

TRIBUN. Le front de gauche a trouvé son tribun. Jean-Luc Mélenchon a au moins le mérite de nous faire rire par sa truculence, ses saillies, ses envolées lyriques révolutionnaires. Ah, il y a longtemps qu'on ne s’était pas amusé à ce point. Sur les plateaux télé, c’est un « bon client » ! … Si, dans le rôle du bouffon !

SENATORIALES. Décidément Gilles Bourdouleix reste fidèle à sa réputation d’élu sans boussole qui passe son temps à être pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Pousser des listes « parasites » est sa spécialité, c’est même comme ça qu’il est entré en politique. C’est aussi une manière de tirer contre son camp. Cette fois-ci, il est derrière la constitution d’une quatrième liste en Maine-et-Loire, menée par Isabelle Leroy, son adjointe (Quand on connait le sort qu’il a réservé à Géraldine Delorme, après les régionales…) Que voulez-vous, il ne peut pas s’empêcher de jouer les « orchinoclastes », c’est son meilleur rôle.

T’AS VU MONTESSORI ? –Non, j’ai vu monter personne. Cette plaisanterie accompagnait le cours de pédagogie générale quand j’étais normalien. Cette vieille doctrine pédagogique, qui confine au préceptorat, n’est pas morte. Elle a inspiré une nouvelle école à Angers. Pas donnée la pédagogie personnalisée. Pas adaptée à l’enseignement de masse non plus.

 

Les brèves :

KADHAFI : les Libyens voient le bout du tunnel ?

MARTINE : elle se rêve en Xynthia… pour submerger tous les Hollandais.

DS-KALAMITES : La fin de son procès pénal a déclenché un tremblement de terre à New-York et son arrivée à Washington, un ouragan. On comprend que les socialistes ne soient pas pressés de le voir revenir en France.

                                                                                                Mille sabords !

 


A LA RIGUEUR…

  

Fillon aout 11 
Le mot « rigueur », tabou il y a un an est aujourd'hui brandi comme un étendard, y compris à gauche. Comme quoi les temps changent et tout le monde doit s’y faire.

« Le train de mesures annoncé par François Fillon est la fois très sérieux et très politique. Un plan très sérieux parce que le Premier ministre a annoncé des mesures crédibles. Il y en avait un paquet, c’était horriblement technique mais sur le fond assez réaliste. Et ça ne devrait pas casser la croissance car ces mesures visent d’abord les gens et les entreprises qui ont beaucoup d’argent. Elles pèseront donc sur l’épargne plus que sur la dépense… ». Ce commentaire de Jean-Marc Vittori me paraît plus crédible que toutes les rodomontades que l’on a pu entendre en réaction, de la plus irresponsable, celle de Benoit Hamon qui utilise des mots (cynisme) dont l’outrance le fige dans le registre de la haine, à la plus inadaptée, celle d’Eva Joly qui évoque l’échec de « l’idéologie » de Sarkozy, comme si le président en avait une. Il est vrai qu’on voit souvent les autres à l’aune de ses propres constructions mentales.  Ce que le Premier Ministre a proposé n’est pas non plus du « bricolage » comme le prétend François Hollande qui commentait les mesures avant de les connaître. Et surtout, les nouvelles mesures épargnent les classes moyennes, faisant mentir Marine Le Pen.

Au contraire, il y a trois autres indices de sérieux, qui visent à rassurer nos voisins européens et les investisseurs des marchés. D’abord, le gouvernement abaisse sa prévision de croissance à moins de 2%, au lieu de faire semblant de croire à un avenir meilleur. Ensuite, il annonce 11 milliards d’euros de hausse d’impôts et 1 milliard de baisse des dépenses, ce qui va au-delà des 10 milliards évoqués précédemment. Enfin, si le Premier ministre rejette l’austérité, terme qu’il réserve au Royaume-Uni, ou à l’Espagne qui baisse les salaires des fonctionnaires, il endosse le mot de rigueur un mot qui était devenu véritablement tabou dans la politique française. Le gouvernement fait preuve de cohérence et de pragmatisme en s’adaptant à une conjoncture internationale qui s’impose à lui. Alors bien sûr, voilà Nicolas Sarkozy accusé de se renier par ceux-là mêmes qui lui reprochaient jusqu'alors de s'entêter. Plutôt que le nier, la majorité a intérêt à l'assumer. Et à admettre que la nécessité économique ne va pas sans prise de risque politique. Et il n’est pas le premier à avoir été confronté à ce genre de difficulté qui oblige à corriger le tir.

Force est de constater que c’est aussi un ensemble de propositions très politique, parce qu’il a été pesé au trébuchet. Les mesures les plus lourdes visent les grandes entreprises, les gros épargnants et l’argent qui dort, comme disait François Mitterrand. Rien donc qui puisse fâcher la grande majorité des électeurs ni mettre en péril le tissu des PME. La gauche aurait pu prendre les mêmes mesures. Mais François Fillon a pris deux mesures qui alimentent  tous les commentaires et font oublier le reste alors qu’elles font seulement 3% du total : la taxe exceptionnelle sur les Français qui gagnent plus de 500.000 euros (on pouvait faire plus qu’ajouter 3%) et l’impôt sur les sodas sucrés. Ajouter un zest de préoccupation sanitaire dans la démarche n’est pas anodin : lutter contre le tabagisme, l’obésité et la « biture expresse » en taxant un peu plus les produits concernés, c’est aussi un moyen de lutter contre le déficit chronique de nos dépenses de santé. Et personne ne se plaindra que  les géants américains que sont Coca-Cola et Pepsico soient visés. Médiatiquement, c’est même plutôt bien joué.

Au-delà du tintamarre politicien, ce qui est le plus important à savoir, c’est que ce plan devrait suffire si la croissance résiste. A la veille des élections, on se contente d’ajustements, de racler les fonds de tiroir. Les vraies décisions sont renvoyées au débat de la présidentielle, voire à l’après-présidentielle, ce qui est logique. Dans la perspective de la bataille de 2012, Nicolas Sarkozy sait que son bilan n'échappera pas à l'ironie de ses concurrents, mais que les Français lui seront davantage reconnaissants de sa « lucidité » et de sa capacité d'adaptation.  C'est la crédibilité de l'action politique qui est en jeu. 

C'est d'ailleurs sur ce terrain de la crédibilité que François Fillon a défié la gauche dès hier, en annonçant le plan gouvernemental. La campagne interne au Parti socialiste le montre : la crise contraint la gauche aussi à revoir ses promesses. Les 300.000 emplois publics promis par le projet du PS sont défendus ces jours-ci avec moins d'enthousiasme... Et la « règle d’or » que la droite a accepté de voter en Espagne, enferme la gauche française dans son aveuglement sectaire… et irresponsable, sans parler de ses arrières-pensées dépensières.

 


PENDANT LES VACANCES, LE SPECTACLE CONTINUE…

 

Longue vue 2 
Tous les étés, les Ibères sont plus rudes, disait le vacancier d’autrefois qui revenait d’Espagne bronzé mais désargenté. Au moins avait-il pu faire pendant deux ou trois semaines une cure d’abstinence de JT.

Force est de constater que la rentrée politique se fait de plus en plus tôt. C’est à qui précédera l’autre pour lui voler l’audimat. Les verts ont déjà fait leur devoir de fin de vacances en réunissant leur campus d’été, une manière pour Eva de planter le décor et de signifier au PS qui fera le sien bientôt à la Rochelle, ses exigences, notamment sur le nucléaire ; sans Hulot disparu dans la nature, son lieu préféré qu’il n’aurait jamais dû quitter, mais avec Cohn Bendit  pour la nécessaire part de doute (dire qu’il est cartésien c’est une autre affaire).

Les maisons d’édition sont mises à contribution, et c’est édifiant, comme on s’en doute. Bayrou a troqué son tracteur contre la plume pour nous gratifier d’un « Etat d’urgence ». « Il faudra qu’il se présente » : nous tenons notre « Sauveur ». C’est Bayrou d’Arc !

Et puis il y a l’autre « habitée », le messie en jupons du Poitou, qui s’est fendue d’une « lettre aux résignés et aux indignés » pour nous signifier qu’elle a des solutions à tous nos maux. Exemple, pour les jeunes : « elle fera en sorte qu’ils aient tous un emploi… » (dixit) . Comment on n’y avait pas pensé plus tôt : « faire en sorte », voilà qui résout tout.

Et ce n’est pas fini. Il y a d’autres ouvrages à paraître nous dit-on.

J’ai aussi admiré la trouvaille géniale de Fabius pour éviter la mort de nos soldats en Afghanistan : « se retirer le plus tôt possible ». Pas de soldats = zéro mort ! Pas bête le gaillard.

Le climat économique ne prête guère à rire et même à sourire. Et pourtant, il y a encore de quoi. Tiens, voilà nos riches (de gauche) qui veulent payer plus d’impôts pour enrayer la dette. Envoyez les milliards qu’on rigole un peu !  Il faut imposer les très riches. Pourquoi pas, mais il n’est pas sûr qu’ils soient tous d’accord et sauf à faire une contribution volontaire, le remède pour être pire que le mal. Trop facile. On sent plutôt la manip’ politicienne au moment où le gouvernement met la pression sur la gauche pour voter la « règle d’or ».

Une dernière pour ce soir qui m’a franchement fait marrer : c’est le mot « gabegie » dans la bouche d’Harlem Désir, pour qualifier la gestion financière de Fillon. A utiliser ces mots-là, on sera bien en peine pour en trouver s’il faut qualifier leur politique. Bah, on aura toujours la possibilité d’ajouter devant le préfixe « super » ou « hyper »…

                                               Tonnerre de Brest !

 


L’ART DU POSSIBLE…

 

Il est bon parfois de rappeler à nos politiciens en verve les bonnes paroles de ceux qui les ont précédés dans la carrière. Ainsi Léon Gambetta, ce grand républicain s’il en est, disait : «  la politique, c’est l’art du possible ». Cette vérité, tant de fois vérifiée par l’expérience, nos zélés responsables du Parti Socialiste auraient bien dû s’en rappeler avant de commenter les propositions énoncées par le Président de la République après la rencontre avec Angela Merkel.

Ce serait évidemment trop leur demander de voir quelque chose de positif dans les positions communes prises hier par la France et l’Allemagne : mise en place d’une gouvernance économique de l’Euro, généralisation aux 17 de la « règle d’or budgétaire », impôt sur les sociétés harmonisé entre les deux pays, taxe sur les transactions financières… Ce mini-sommet avait un but éminemment politique qui est de montrer la cohésion des deux pays parmi les plus puissants d’Europe ce qui est en fin de compte une manière de protéger le triple A dont nous bénéficions. Etait-il possible d’aller plus loin ? Il faut croire que non, sauf à mettre de la confusion  et de la discorde au grand jour entre nos deux pays. Effet désastreux garanti.

Quand j’entends Martine Aubry affirmer qu’il fallait obtenir de l’Allemagne la mise en place des « euro-obligations », elle ne dit pas comment elle aurait pu faire pour convaincre la chancelière de plomber de quelques 20 milliards supplémentaires les intérêts annuels de la dette germanique, oubliant au passage que le coût pour la France avoisinerait les 25 milliards d’euros (2 points d’intérêts de plus). Irresponsable. Il faut être gonflée comme elle l’est (sans jeu de mot) pour parler de sommet de « l’impuissance ». Sa prise de position, comme celle de ses concurrents, est strictement à usage interne. De la basse politique qui plombe la France.

De même, Mme Royal peut toujours pérorer sur les contraintes qu’il faudrait imposer aux banques : aurait-elle le pouvoir d’agir sur le système mondial, ou au pis-aller européen ? Car, à l’évidence, voilà des mesures qui ne pourraient s’imposer aux seules banques françaises sans en provoquer la ruine.

Et Mr Hollande qui veut réformer tout notre dispositif fiscal avec comme leit motiv de faire payer les riches : combien cela pendra-t-il de temps et qu’escompte-t-il en tirer de plus ? Il semble ignorer que les riches sont aussi ceux qui ont les moyens de la mobilité… Et quand j’entends Michel Sapin parler de prélever 50 milliards d’euros sur les 74 milliards des « niches fiscales », il ferait bien de préciser lesquelles il supprime, parce que les Français visés, en l’occurrence ce sont les classes moyennes qui paient l’impôt et qui cherchent à en atténuer le poids en investissant là où l’état donne des avantages, ou en finançant des emplois, ou en faisant des enfants. 50 milliards c’est le montant de l’impôt sur le revenu. Le PS veut donc tout simplement le doubler ! En faisant payer les mêmes !!!  Cela il faut le crier !

Alors, un  peu de sérieux. L’exercice est difficile.  Affirmer que Nicolas Sarkozy est responsable des deux tiers de la dette, c’est un mensonge éhonté. Qu’il ait, par une politique délibérée de soutien aux plus défavorisés pendant la crise, continué à financer plein pot les amortisseurs sociaux au moment où les recettes fondaient, c’est vrai. Peut-on le lui reprocher et en même temps le gonflement de la dette qui s’en est forcément suivi ? C’est de la part de la gauche, de la mauvaise foi pure et simple. Les sommes en jeu sont sans commune mesure avec les 650 millions du bouclier fiscal qu’on lui a assez envoyé à la tête. Les cadeaux faits aux riches ne valent pas, loin s’en faut, ceux faits aux pauvres.

La vérité, c’est que, par petites touches, Nicolas Sarkozy fait avancer l’Europe. Une Europe qui était restée bien en panne avant son élection. Le temps politique est aussi celui de la patience, des symboles, des convictions. Les marchés s’y feront. Comme disait le Général, « la politique de la France ne se décide pas à la corbeille » …

 


ARCHIBALD REPREND SA PLUME

  

Copie de longue vue 


On ne peut même plus compter sur les 15 premiers jours du mois d’août pour penser à autre chose. A peine tourné le dos que l’actualité se met à bouillonner, que les marchés, loin  de glisser dans la torpeur de l’été, vibrionne comme jamais au point que les politiques, interrompant leurs vacances, se sentent obligés de réunir leurs comités de crise. Il faut toujours se méfier des mois d’août !  D’autant plus que cette année, il a décidé de ressembler climatiquement parlant au mois de juillet, sans en  atteindre toutefois le même caractère maussade.

Il y a trois ans, les états étaient la solution à la crise bancaire. Voilà qu’en ce mois d’août, on découvre qu’ils sont, par leur endettement, le problème. Solidité financière mise en question, déclassement du triple A des Etats-Unis, incertitudes sur la croissance  avivée par le ralentissement avéré de l’économie mondiale, lenteur de la mise en application des décisions européennes… tout s’entremêle pour créer la nervosité des investisseurs et contribuer à faire chuter les bourses. A la vitesse où elles ont descendu, on va finir par se marcher sur les claouis…

Et bien évidemment, tous les docteurs « Yaka » et « yfautqu’on » se sont penchés sur le séisme et ont exposé les solutions pour y remédier. Le PS fait très fort, avec autant de propositions que de candidats, en ordre dispersé de préférence : Ségo relance son « ordre juste » (un peu réchauffé) et évoque la nécessité de mettre au pas le système financier (elle est toujours très forte Ségo) ; l’amère Martine propose de supprimer –entre autre- nombre de niches fiscales, sans se poser la question de savoir qu’elles servent à attirer sur les secteurs concernés, des capitaux que l’Etat ne peut plus distribuer, et de récupérer 50 milliards de « cadeaux fiscaux » pour aussitôt décréter des dépenses nouvelles (là on frise l’imposture) ; Le père François nous refait le coup des largesses fiscales faites aux riches –qu’il n’aime pas, on le sait- et on attend avec impatience ce qui sortira de son comité de crise du 24 août (pour arriver après la bataille comme les carabiniers d’Offenbach) . Le pire est venu de la Marine –de guerre- avec des propositions choc pas nouvelles mais qui tentent de surfer sur l’effet crise et ainsi faire oublier l’effet tare des commentaires à la graisse d’oie de son père sur le drame norvégien : elle décrète la mort de l’euro, elle préconise le renoncement au renflouement du bateau grec, et supplie le gouvernement de ne pas aller plus loin dans la gouvernance européenne ; de quoi déclencher une crise encore plus grave (c’est l’effet mer avec la tempête garantie). Finalement, tout le monde s’attendait à une danse de Saint-Guy de notre Président pour conjurer les maudits sorciers de la finance internationale : c’est tout le contraire qui s’est produit. Face à la tempête boursière, Nicolas Sarkozy a gardé son sang-froid, consulté ses alter égo de la planète, a certes, interrompu ses vacances pour un briefing avec ses ministres, ce qui est bien la moindre des choses. Mais point de déclarations fracassantes et surtout une froide détermination : c’est face à la crise qu’il s’est révélé le meilleur, et ça, c’est une constante.

Quoi, comme autres nouvelles : la croissance 0 du second trimestre, qui n’est pas une bonne nouvelle et sur laquelle il y aura lieu de revenir, le trou béant de notre commerce extérieur dont l’alourdissement de la facture énergétique n’explique pas tout. Au chapitre des douceurs, on mettra la stabilité du déficit de l’Etat sur un an avec 61 milliards d’euros (comparable à celui de juin 2010).

Que ceux qui sont en vacances, profitent bien de la semaine qui s’annonce ensoleillée. La rentrée risque d’être chaude…

 

                                                           Mille sabords !


MORCEAUX CHOISIS

 Chasse au Sarko002

Une dernière série pour la route…

« ... Qui obtient, lors de la création de l’impôt sur les grandes fortunes –fierté des révolutionnaires socialistes-, l’exonération de l’outil de travail afin de ne pas saigner les riches ? La force de persuasion des deux François de l’Oréal. Qui obtient, en 1992, une ristourne sur les droits de succession de Liliane Bettencourt de l’ordre de 50 millions de Francs ?Ne répondez pas tous à la fois. Quand on songe aux hurlements qui ont accueilli le fait que l’on ait rendu  tout récemment 30 millions d’euros à la même Liliane Bettencourt, au titre du bouclier fiscal, on peut se rappeler avec douceur la loi des trois D pour en finir avec Nicolas Sarkozy : diabolisation, délégitimation, deux poids, deux mesures. … »

« Quand aux amis pas nets, aux cumuls des mandats publics et des jobs privés, aux faveurs accordées aux uns et aux cadeaux prodigués aux autres, ne pas oublier que Sarkozy, élevé dans le sérail RPR, en connaît tus les détours, et qu’il ne reste qu’un apprenti même pas sorcier en comparaison de ce qui s’est passé pendant une trentaine d’années à la mairie de Paris, dans les lycées d’Ile de France, en Corrèze et ailleurs. Quelle était belle la République des fausses factures et vraies commissions, des emplois fictifs et des vases communicants de la France-Afrique, des coffres-forts pleins de billets qui sentaient si bon l’odeur de la patrie, des valises gonflées à bloc que l’on déposait sur les bureaux municipaux(…) La gauche se rappelle-t-elle la société Urba-Gracco, source d’un vaste trafic de fausses factures, qui concernait non seulement la direction socialiste mais le financement de la campagne électorale de François Mitterrand en 1988 ?... »

Quelques autres vérités :

« … Il importe de ne pas laisser s’agiter en permanence les indignés à sens unique, pour qui toute arrestation d’un clandestin reconduit à la frontière devient automatiquement la rafle du Vel’ d’hiv, et le démentèlmeent d’un squat de sans-papiers l’équivalent de Drany et de Pithiviers, points de départs des wagons plombés pour Auschwitz. (…) C’est sous François Mitterrand qu’a été légalisée et organisée la rétention administrative en 1981 et que le Ministre de l’Intérieur, Paul Quilès a fait adopter par le Parlement en 1992, le système des zones d’attente< ; Eh oui, chers camarades, déjà, dans la France socialiste, Drancy et Pithiviers… »

«…L’islam ignore les normes fondatrices de la démocratie libérale, à commencer par la séparation entre autorité divine et guvernement rationnel, entre territoire de la religion et espace du politique…Or cette séparation fondamentale entre pouvoirs temporels et spirituels constitue quelque chose de récent et de fragile, l’aboutissement d’une longue bataille philosophique au sein de la chrétienté.(…) La France a légué au monde le merveilleux cadeau de la laïcité, ultime garant d’une véritable liberté… (…) En reprenant, -scandale des scandales- le thème de la laïcité à une élite longtemps incapable de dire quoi que ce soit sur l’islam radical, le port du voile et des signes religieux. Là encore, il a fallu attendre Sarkozy pour évoquer les violences urbaines et l’insécurité qui n’étaient dues, comme on sait, pour la gauche, qu’à la rage des laissés pour compte de l’économie… »

André Bercoff, La chasse au Sarko.

 


MORCEAUX CHOISIS

 Chasse au Sarko002

« …Autre angle d’attaque de la gauche socialiste et de la droite souverainiste à l’égard de celui qu’elles appellent souvent en privé, le nabot : sa dépendance à l’égard des USA, sa prétention à mettre ses pas dans les pas de son modèle d’Outre Atlantique, Sarko l’Américain(…)Et pourtant François Mitterrand était au moins aussi attaché à l’alliance avec Washington, même s’il avait l’habileté de n’en rien laissé paraître, avec le génie qu’on lui connaît dans l’art de la dissimulation(…)On voit que Sarkozy n’a rien inventé ni rompu, et encore moins innové. Simplement, comme toujours, il exhibe sans nuances ni limites. Franco de port. Préférons tout de même la franchise, si vulgaire soit-elle, à l’hypocrisie, si cultivée qu’elle paraisse. »

« François Mitterrand en prenant les rênes du parti socialiste dès 1971, sonnait fièrement le carillon des lendemains qui allaient enfin chanter. Il est important de se remémorer le chemin de la désespérance et de la désillusion pour comprendre la haine qui nimbe aujourd’hui Nicolas Sarkozy. Que la gauche était belle en effet sous Pompidou puis Giscard !... rappelez-vous les homélies sur l’argent qui corrompt, qui salit, qui pourrit tout. Le Front populaire se reformait, quarante ans plus tard, avec la sainte alliance des damnés du terroir et des fonctionnaires de l’enseignement, de la recherche et de l’intellect. La France socialiste, une fois de plus allait éclairer le monde. Nous passions de la nuit à la lumière.( …)Mais une fois les lampions éteints, les confettis nettoyés et les merguez cramés, il fallut se rendre à l’évidence : le capitalisme tenait toujours. Et même mieux qu’auparavant.(…) Mitterrand avait,  en barbouilleur talentueux, repeint de rose les barreaux de la cellule.(…) La gauche ne s’en est jamais remise. La preuve ? Le manifeste pour un nouveau modèle économique, social et écologique, pondu en mai 2010 par la dream team de Martine Aubry. Le disque dur n’a pas changé depuis les années 1970. Cela ressemble à s’y méprendre au Programme commun, avec une touche verte pour rallier les bobos.(…) Lautréamont a, comme d’habitude, présidé à la conception du rapport : il s’agit bien de la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur la table à dissection. Traduction : la rencontre de Georges Marchais et de Nicolas Hulot sur la table de Colbert. Et Martine Aubry de saluer cette gauche solidaire, forte de ses valeurs (…) La gauche de la rue de Solférino est un couteau sans lame auquel il manque un manche : c’est le legs empoisonné qu’a laissé l’artiste Mitterrand à ses lointains successeurs… »

André Bercoff, La chasse au Sarko.


MORCEAUX CHOISIS

Chasse au Sarko002 
 

 

« Etre président de la Vème République, c’est être responsable de tout : des taux de chômage et d’endettement, de la hausse des prix à la pompe, du réchauffement climatique et des relations avec la Tunisie, de la sécurité sur les trottoirs et du trafic de drogue dans les cités, de l’impôt sur la fortune et des paradis fiscaux, j’en passe et des pires. Normal : cela fait partie du job, et qui a tout fait pour y arriver n’aura pas le mauvais goût de pleurer devant l’amoncellement des travaux d’Hercule. Mais c’est bien à ce propos que le facteur humain entre en jeu. La fonction suprême si on la veut prendre au sérieux, est celle d’un numéro de trapèze sans filet : en effet, il s’agit non seulement de prendre à bras-le-corps avec toute son équipe les problèmes de la nation, de l’Europe et du monde, mais aussi de ne jamais oublier que l’on œuvre sous le regard permanent de la démocratie d’opinion médiatico-sondagiaire, qui exige des résultats dans l’instant et ne sait même pas ce que patience et longueur de temps veulent dire. C’est devenu une banalité de base que de réitérer le fait que temps médiatique et temps politique sont par essence désaccordés et même opposés, et que les fausses émotions des spectateurs n’ont strictement rien à voir avec les légitimes espérances des citoyens… »

« Ainsi alla, pendant des décennies, le train des choses et les Cassandre qui lançaient des avertissements aussi lucides qu’alarmants, se faisaient doucement rembarrer ou, pire encore, étaient sanctionnés par la non-réélection pour les uns, le pantouflage pour les autres. Cela a duré jusqu’au krach mondial de 2007 – et dont les effets sont loin d’être entièrement connus et encore moins achevés – jusqu’à la redistribution planétaire des richesses et des pouvoirs où l’on voit les pays émergents prendre peu à peu la place de ceux qui régnaient indivis depuis plus de cinq siècles. Cet emmerdeur de Sarko choisit de carburer à contre-courant, en dressant l’inventaire des plaies et bosses qui nous entourent. Il le fait maladroitement, négligeant souvent exécution et application, lançant des pistes et les brouillant ensuite, se trompant de cible et revenant en arrière pour des raisons par lui seul connues, quand il ne se laisse pas polluer par des communicants et des sondages. Reste qu’il est le premier de nos présidents à ne pas cacher les seins que nous ne saurions voir et encore moins les maux que nous n’avons nulle envie d’affronter. C’est exactement là où le bât blesse les faux-culs et hérisse les citoyens que nous sommes. Il ne peut s’empêcher de dire les choses, dans le désordre peut-être, maladroitement parfois, mais il les dit. Au risque de heurter encore une fois la diplomatie des védrineurs… »

  André Bercoff, La chasse au Sarko.


A LIRE… ABSOLUMENT !

 Chasse au Sarko002

LA CHASSE AU SARKO.

André Bercoff lance un pavé dans la mare. Ce livre est un pamphlet, mais pas forcément dans le sens que laisse entendre le titre. Le journaliste écrivain nous avait habitués à ses « humeurs » dans le Monde, le Nouvel Observateur, Libération. On ne peut pas dire qu’il soit de droite, ses nombreux écrits l’attestent. Mais peut-être que trop c’est trop et c’est en réaction au conformisme ambiant, à la pression intellectuelle des milieux journalistico-culturels qu’il commet l’ouvrage présent. Cet esprit qui se veut avant tout « libre » y dénonce l’acharnement  et l’outrance  de ce qu’il appelle « la chasse au Sarko ».

La liberté d’expression menacée ? « Heureusement, dans ce climat délétère, dans cette terreur qui vient d’en haut, de courageux samizdats montrent éloquemment que l’ère du journalisme debout n’est pas morte, loin s’en faut. Avec un courage qui défie l’imagination alors qu’elles risquent l’embastillement, l’exil ou pire encore, le chômage,  de vaillantes plumes tracent à longueur de kiosques les graffitis de la révolte depuis plus de quatre ans, bravant ainsi la dictature qui soumet la France aux pires avanies… » raille-t-il dans son prologue, ajoutant les titres vengeurs de quelques « unes » d’hebdo dont « Le voyou de la République ; Est-il si nul ? ; Cet homme est-il dangereux ? ; le président qui fait pschitt ; etc… », et « ils ont en plus l’audace de signer leurs articles ce qui prouve l’étendue de leur courage ». L’ironie se fait cinglante !

Il reprend tout ce qui se dit et écrit sur le portrait de Nicolas Sarkozy. « Donc si l’on en croit nos gazettes, le prince qui nous gouverne est un malade mental, corrompu et bling-bling, soumis à ses femmes et à ses enfants, entouré de copains, et de coquins à qui il passe tout ; en un mot comme en cent : usurpateur. Pas à sa place. Parvenu. Même pas Français de souche. Hongrois de père, Salonique sa mère. Et puis petit. Talonnettes. Et puis il bouge. Trop. S’agite. Trop. Et puis tellement vulgaire, ma chère. Cause mal. S’énerve. Trépigne. Fait pas président, quoi. Il est comme nous. Pas au-dessus de nous… » et encore ce n’est rien à côté de ce que l’on peut trouver sur internet où, constate-t-il avec effarement, les « groupes Facebook ont la fraîcheur des professions de foi où la mesure le dispute à la délicatesse », et suit une liste impressionnante de blogs tenus par « hommes et femmes, jeunes et vieux, rappeurs de banlieue et bobos du 16ème, chercheurs du CNRS et sociologues des hautes études, collégiens préoccupés par leurs retraites et nonagénaires en mal d’indignation… » dont les titres d’articles relèvent « du lynchage grand format », relevant au passage cette accusation d’Edwy Plenel qui traite le président de « délinquant constitutionnel », ajoutant à son adresse : « compliment qu’il n’avait pas décerné à François Mitterrand quand celui-ci l’avait fait mettre sur écoutes téléphonique… »

Et de fait, André Bercoff n’hésite pas à montrer l’hypocrisie et les nombreuses contradictions d’une gauche oublieuse de ses propres turpitudes, souvent plus lâche que courageuse. Il n’hésite pas non plus à dénoncer  « le sommeil » de nos élites de droite comme de gauche face à la nécessité des réformes ou à la prise en compte de certaines réalités. Ce qu’on ne peut pas reprocher à l’actuel président.

Alors, un livre à la gloire de Nicolas Sarkozy ? Non pas. Les défauts bien connus du président y sont exposés, sans concessions. Mais au moins, le portrait est-il équilibré. Avec en supplément, une analyse pertinente de la situation politique de notre pays, de ses problèmes sociétaux et des enjeux internationaux.

Bref, que l’on soit sarkophile ou sarkophage, il faut absolument le lire, ne serait-ce que pour remettre les choses à leur vraie place. Ce que réussit André Bercoff avec son talent bien connu et sa verve habituelle.

 La chasse au Sarko, André Bercoff, aux Editions du Rocher. 17€ - N'hésitez pas à la demander, car il n'est pas toujours exposé... allez savoir pourquoi ?