HISTOIRE
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TREMBLEMENT DE TERRE A GAUCHE

Taubira départ

La démission de Christiane Taubira « pour désaccord politique majeur » est un vrai séisme pour la gauche avec des répliques qui se prolongent au sein même du parti socialiste où les déclarations hostiles au chef de l’Etat se multiplient. Elle met en échec la stratégie de François Hollande, qui voulait, peu ou prou, se rabibocher avec la gauche pour imposer sa candidature et se présenter à un second mandat.

La situation est résumée par Jean-Luc Mélenchon.

Le procureur des premières heures du quinquennat n’y va pas avec le dos de la cuillère, avec son habituel sens de la formule, il résume assez bien la situation : « Sur tous les marqueurs de l'époque - et au premier rang le chômage - la situation est pire que sous Sarkozy, quant aux dommages moraux, ils sont vertigineux. François Hollande est le nom de toutes nos misères et de toutes nos désillusions… » Le départ de la Taubira a été salué par des cris de joie à droite, mais il ne faut pas que cela occulte l’hommage que lui a rendu une bonne partie du PS et de toute l’extrême gauche. Il a le mérite de délier toutes les langues, de relancer les opposants à gauche qui espèrent récupérer une hégérie à défaut d’un leader. Chacun se croit obligé d’y aller de son avis, et il faut reconnaitre qu’ils sont bien peu nombreux ceux qui défendent l’actuel président. De Christian Paul à Laurent Hamon en passant par Duflot et Montebourg, le front TSH (Tout Sauf Hollande) se met en place, ce qu’a bien perçu le Camba de Solférino.

Le pingouin sur un morceau de glace qui se détache de la banquise.

Et il va bientôt se retrouver tout seul au milieu de l’océan déchainé. Le président de la République et ses amis tentent encore de défendre l’idée qu’il est le candidat « naturel » de la gauche en 2017. Il est vrai que même s’il n’est pas soutenu par trois-quarts des électeurs, il a une notoriété que ne possède aucun de ses concurrents putatifs. Et il peut imposer sa volonté et faire renoncer la gauche à l’organisation de la primaire pourtant prévue par les statuts du PS. Encore qu’il ne soit pas avéré qu’il puisse imposer son point de vue à tous ceux qui contestent son autorité. Beaucoup d’anciens ministres, comme Arnaud Montebourg et Aurélie Filipetti souhaitent qu’une primaire soit organisée à gauche et que Mme Taubira se présente à cette consultation.

Double impasse pour la gauche.

Si l’actuel locataire de l’Elysée accepte qu’une primaire soit organisée, ce sera avouer publiquement qu’il ne dispose plus de l’autorité suffisante pour représenter la totalité de son camp. Même s’il peut légitimement espérer vaincre des candidats qui n’ont pas fait leurs preuves, plus bruyants que populaires, et montrer que ceux-ci risquent de conduire le pays dans une nouvelle mésaventure, il restera les obstacles que sont un chômage toujours en hausse et une popularité très basse. L’humiliation que serait une primaire, en l’obligeant à se distraire momentanément des affaires de l’Etat, n’est pas de nature à améliorer son image déjà bien écornée. En plus elle ne résoudrait rien. En effet il restera toujours l’obstination d’un Mélenchon qui réfute tout compromis et se présentera contre vent et marée. Il risque de ne pas être le seul. Christiane Taubira, Cécile Duflot sont démangées par le prurit de la candidature elles aussi. Si ces hommes et femmes se présentent, ils assureront la défaite du sortant dès le premier tour. En effet, même si les unes ou les autres ne recueillent qu’un nombre limité de voix, ce sera suffisant pour que Hollande ne passe pas le cap.

C’est tellement prévisible que l’on se demande pourquoi il y en a encore à vouloir en découdre avec lui, comme s’ils n’avaient pas compris que leur projet n’offre, au second tour, que le choix entre la droite et le Front national. C’est une stratégie suicidaire et ne doutons pas qu’en habile manœuvrier il va se servir de cet argument ultime. On peut douter qu’il parvienne à ses fins.

Le retrait ne résout rien.

La gauche est en manque de rassembleur. Imaginons que le chef de l’État tienne son engagement de ne pas se présenter parce que la courbe du chômage ne sera pas inversée. Cela donnerait à Manuel Valls une occasion unique de se porter candidat tout en n’excluant pas qu’Emmanuel Macron, le populaire ministre de l’Économie, tente sa chance lui aussi. Dans ce cas on peut être assuré que la gauche dure fera tout pour faire barrage à l’un et à l’autre et présentera son propre candidat. Toutes ces hypothèses aboutissent au même constat : la gauche court au-devant de l’une de ses défaites les plus cuisantes. On peut même craindre le pire : comme le pays sera, en 2017, à ramasser à la petite cuillère, les Français mécontents exprimeront leur colère ou leur désarroi en votant encore plus pour le Front National et augmenteront ses chances de conquérir le pouvoir.

C’est l’autre aspect incompréhensible de la stratégie de la gauche. Mais la gauche du PS, le PC et d’autres, continuent de croire dans leurs certitudes et qu’ils peuvent proposer un projet inspiré du socialisme, pour ne pas dire du marxisme alors que près de deux-tiers des Français se positionnent désormais à droite. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, des gens de gauche prennent des initiatives citoyennes comme celle de Claude Posternak avec « La Transition », pour bousculer le système politique en se servant des réseaux sociaux et tenter de construire un « Podemos » à la française. Confusion assurée !

Il arrive même que les tremblements de terre déclenchent des éruptions volcaniques !

 


DEUX BONNES NOUVELLES !

 

Voilà deux journées à marquer d’une pierre blanche. Oublions les désagréments causés par tous les désordres auxquels un pouvoir incompétent et incapable doit faire face : ce sont ceux de la France en colère. Hier, selon un scénario bien préparé, La Taubira a décidé de quitter le pédalo en perdition. On ne s’en plaindra pas. C’est la première bonne nouvelle. Et aujourd’hui, c’est Alain, qui est reçu à l’Académie Française, je veux dire « MR » Finkielkraut. C’est la seconde bonne nouvelle et on va pouvoir dire : « taisez-vous, Mr Finkielkraut… parle ! ».


Taubira 2La justice est passée !

Ouf, elle est partie. 80% des Français sont satisfaits, c’est dire la popularité de l’ex-Ministre de la Justice. Elle ne pourra plus nuire. Elle laisse derrière elle un bilan catastrophique et (heureusement) bien maigre : déconstruction de l’arsenal répressif avec la suppression des peines planchers, des tribunaux correctionnels pour mineurs, arrêt du programme de construction des prisons puisqu’elle veut les vider, mise en place de la contrainte pénale qui fait de la probation la règle et de l’incarcération l’exception. Heureusement son vaste programme de « justice du XXIème siècle » en est resté aux palabres. On a échappé au pire. Notamment la réforme de la justice des mineurs. Il restera néanmoins son œuvre « totem » : le « mariage pour tous ». On retiendra surtout son « angélisme judiciaire » et son absence de retenue militante : le Syndicat de la Magistrature lui fournit les équipes et les idées avec une cogestion de fait. Sa conduite personnelle, autoritaire et insensible aux opinions contraires, souvent arrogante et même triomphaliste, l’a rendue insupportable, elle était davantage guidée par un sentiment d’injustice né de ses origines guyanaises que par la réalité sécuritaire qui n’autorisait plus le laxisme à l’égard des criminels et l’indifférence que lui inspirent les victimes. Elle est restée animée par la « furia révolutionnaire » de l’époque où elle militait pour l’indépendance de la Guyane, comportement peu en adéquation avec un ministère qui exige recul, retenue et hauteur de vue. On peut lui reprocher d’avoir fait passer la militante politique sectaire avant la Ministre.

Les positions personnelles de la garde des Sceaux n’étaient plus en adéquation avec la politique judiciaire du gouvernement, son départ était devenu inévitable. Elle sera regrettée par la gauche dure, celles des « frondeurs » qui perdent une figure de proue, les communistes, les mélenchonistes, ce dont  on n’a cure. Sa démission apporte une clarification indispensable de la politique conduite par l’exécutif au moment où Manolito présente le projet de réforme constitutionnelle. « Parfois, résister, c’est partir », a dit la Taubira dans une expression laconique qui en dit long. Le président de la République, qui l’a gardée au gouvernement en dépit de divergences éclatantes, sait à quoi il doit s’attendre. Elle ne sera ni inerte, ni muette et combattra ouvertement le gouvernement actuel. Jusqu’à se présenter à la présidentielle comme en 2002 où elle avait fait chuter … Jospin ?! La démission de Taubira « pour désaccord politique majeur » fait échec à la stratégie de « François l’embrouille », qui voulait se rabibocher avec sa gauche pour se présenter à un second mandat. Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

Alain FinkielkrautBienvenue sous la coupole.

Cette jeune professeure d’Anglais, soi-disant apolitique, qui a pris à partie le philosophe sur le plateau de « Des paroles et des Actes » n’y pourra rien : aujourd’hui Alain Finkielkraut parlera, il va prononcer son discours de réception sous la coupole parmi les « Immortels ». On retiendra de cet échange comme seule la télévision populiste sait nous en proposer,  la grande dignité de notre penseur qui venait de mener un débat courtois de grande qualité avec Daniel Cohn Bendit, face à un discours « victimaire » appris par cœur dans la pure tradition khmère rose chère à notre Ministre de l’inéducation nationale. Comment peut-on reprocher à l’auteur de "La défaite de la pensée" (mon bréviaire) d’être "approximatif", « vaseux » et de contribuer à obscurcir les esprits. Le sourire niais qu’elle afficha pour conclure : « Taisez-vous Mr Finkielkraut ! » est la signature de son inculture. A-t-elle seulement lu les ouvrages du philosophe ? Et si c’est le cas, il faut qu’elle retourne à l’école, car elle a fait la démonstration qu’elle n’a rien compris.

L’idéologie en prêt-à-porter ne fait illusion que trente seconde. A quoi bon lui répondre. La langue utilisée par Finkielkraut n’est pas audible pour elle, d’ailleurs elle n’écoutait pas. Ce qui est grave, c’est l’injonction téléguidée du « taisez-vous ! ». Elle est l’expression du gauchisme culturel dont le journal Le Monde se fait régulièrement le porte-parole : il faut « fuir les débats imposés, refuser de constituer certains idéologues comme des interlocuteurs, certains thèmes comme discutables, certains problèmes comme pertinents. Ces thèmes rendent la confrontation d’idées impossible, les évacuer est la condition du débat ». Ainsi sévit le terrorisme culturel gauchiste. Heureusement, personne n’empêchera Alain Finkielkraut de continuer à se faire « l’accoucheur de notre inquiétude collective ». Il continuera à célébrer et défendre les acquis de notre civilisation qu’il a reçus en partage et si bien intégrés. Aujourd’hui, l’affront est réparé. C’est l’héritier d’une généalogie, d’une histoire, d’une littérature, qui s’avance parmi les Académiciens.

« Taisez-vous, Mr Alain Finkielkraut parle ! »

 


NOTRE-DAME-DES-LANDES : IL EST PLUS QUE TEMPS !

ND Landes oui

 

L’aéroport Nantes-Atlantique vient de battre à nouveau son record de l’année écoulée : avec une croissance de 5,7% en 2015, il a servi 4 395 000 passagers, ce qui le place comme l’un des aéroports régionaux les plus performants. Mais cela n’est pas sans conséquence. Il a fallu gérer 135 journées à forte densité, à plus de 14 000 passagers/jour. C’était 80 en 2014 et 6 en 2011. Août 2015 a même connu une pointe à plus de 500 000 passagers sur le mois, et cinq autre mois ont dépassé les 400 000.

L’aéroport connait donc un trafic de plus en plus dense, qui se concentre sur l’Europe (44% du trafic total), en augmentation de 20% en 2015. De fait, les compagnies aériennes sont de plus en plus nombreuses à venir servir les destinations assurées par l’aéroport. Elles sont aujourd’hui 23.

La compétition est forte entre les plates-formes aéroportuaires. « Nous sommes au début de l’ère des aéroports », affirme Augustin de Romanet, PDG d’Aéroport de Paris, qui doit veiller à la place de Roissy Charles de Gaulle comme l’un des cinq ou six grands équipements de la planète. La concurrence qui règne entre les aéroports internationaux se fait à l’échelon mondial. Elle est la partie émergée de l’iceberg des nécessaires dessertes. Cette concurrence existe aussi au niveau régional. Aujourd’hui, un aéroport performant est nécessaire à la croissance économique à tous les niveaux. Il est l’infrastructure du XXIème siècle autour de laquelle se concentrera de plus en plus l’activité économique.  Le transport aérien connait un essor très dynamique au rythme de 4,5% à 5% par an pour les vingt prochaines années. Le trafic va donc doubler d’ici 20 ans.

L’explication tient dans l’avènement des classes moyennes dans le monde : près de 5 milliards d’individus en 2030 seront à même de voyager. Une chance de développement économique phénoménale quand on sait que le tourisme pèse aujourd’hui 9% du PIB mondial, plus que le secteur agroalimentaire ou automobile. Le trafic aérien se concentre sur les villes qui ont la plus forte puissance d’attraction.  Un aéroport est donc un élément clé de la puissance économique d’un pays ou d’une région. Les équipements parisiens sont des portes d’entrée pour la France. Ceux des Régions ont un rôle de relais important, notamment à l’échelon intra-européen. Dans ce contexte, les terminaux doivent pouvoir suivre l’évolution du trafic : pouvoir augmenter le nombre des pistes devient alors capital.

Dans ce contexte, le transfert de Nantes-Atlantique va devenir urgent, à l’horizon 2020. D’autant plus que les résultats de 2015 sont obtenus avec une chute à l’international (- 27%) liée aux événements de Turquie ou de Tunisie. Qu’en sera-t-il quand ces destinations reprendront à un rythme normal, ce qui arrivera bien un jour. Il faut donc commencer les travaux sans attendre. Cela mettra fin, en même temps, à une situation inacceptable, celle d’une zone où le droit de la République ne peut plus s’exercer normalement, où des individus imposent la loi par la terreur et l’intimidation. L’Etat doit se faire respecter. Il en va du développement de la Région des Pays de la Loire, pour laquelle un aéroport moderne est désormais un atout stratégique indispensable, tant pour la métropole nantaise que pour tout l’arrière-pays ligérien et breton.

Chaque époque a ses exigences : l’Antiquité avait ses ports pour assurer la prospérité, le XIXème siècle ses chemins de fer et le XXème ses autoroutes. Le XXIème sera celui des aéroports.

 


LA PRIMAIRE : « FAIRE », UN LONG CHEMIN POUR FILLON !

Fillon homme_2
 

 

« Road-movie » en continu.

Les mois se suivent et se ressemblent pour François Fillon. Il est sur la route, à la rencontre des Français et des militants,  il travaille, il voyage. Ne rien négliger pour être « au niveau » du combat, qu’il mène comme un sacerdoce. L’été dernier, il a sillonné les Etats-Unis  avant de rencontrer Christine Lagarde et de faire une brève étape à New York, histoire de peaufiner une stature internationale. De retour dans l’hexagone, il a suivi de près l’évolution de la crise agricole. Et pour finir, il s’est imposé une séquence studieuse pour mettre la dernière main à son livre « FAIRE » paru à la rentrée.

Le programme le plus abouti ne suffit pas.

Ce livre-programme est un succès d’édition : plus de 80 000 exemplaires. Je l’ai lu (voir mon article à ce sujet) et affirmer qu’il contient le programme le plus abouti pour redresser la France n’est pas un slogan en l’air, c’est la vérité reconnue par nombre d’observateurs crédibles. La campagne des régionales lui aura permis ensuite d’aller aux quatre coins de la France pour le décliner devant des assemblées souvent nombreuses et enthousiastes. Les sujets collaient parfaitement avec l’actualité : éducation, Europe, sécurité, immigration, économie et finances… Une conception exigeante du redressement national. Et pourtant le sentiment que le candidat piétine persiste. L’adhésion qui devrait être massive ne vient pas. La concurrence est rude.

Un léger décollage dans les sondages.

Depuis le mois de septembre dernier, les efforts de François Fillon lui ont permis de grappiller quelques points dans les études d’opinion. Mais la percée n’est pas vraiment là malgré tous les efforts consentis pour exister. Cela ne semble pas le décourager. L’arrivée est encore loin, et il sait par expérience qu’il suffit de peu de choses pour que ça bascule. Il sait aussi que la ténacité en politique est toujours récompensée. Alors il continue de creuser son sillon, tout en essayant de faire entendre sa différence. Inlassablement, il reprend son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des Français, à raison d’une réunion au moins par semaine.

Une capacité opérationnelle certaine.

De tous les candidats à la primaire actuellement connus, il est de loin celui qui a le plus de parlementaires et d’anciens parlementaires pour le soutenir. Ce sont autant de relais dans toute la France. Il retrouve de ses proches à la tête de régions : Bruno Retailleau, Valérie Pécresse. Il a inauguré un siège de campagne dès le début du mois de janvier et son nouveau site internet est un modèle du genre pour son interactivité. Voilà un candidat qui a un programme, des troupes, un siège avec une équipe opérationnelle composée de gens aguerris… Il a de l’avance dans sa préparation.  Alors, pourquoi la mayonnaise tarde-t-elle à prendre ?

Qu’est-ce qui empêche la percée ?

De nombreuses causes peuvent expliquer ce relatif marasme que suscite sa candidature. Il est possible que les électeurs de la droite et du centre attendent de connaître toutes les candidatures avant de se prononcer. Relativisons en effet les sondages qui prennent en compte des aspirations très larges et peuvent contribuer à gonfler des baudruches. Mais surtout, François FILLON doit se faire une image d’homme qui a la carrure. Il l’a certainement, mais on retient de lui le Premier Ministre du quinquennat précédent : une solide expérience… de second. Et la sotte question revient en boucle : «  Ce que vous préconisez aujourd’hui, pourquoi ne l’avez-vous pas fait alors ? ». Son image reste celle d’un « notable de province », de premier de la classe discret et pudique. Et pourtant, il suffit de l’écouter pour s’apercevoir que derrière ce portrait d’homme réservé se cache une détermination, une autorité, un tempérament de décideur. Cela transparait dans son livre. Mais voilà, le grand public ne vient pas aux meetings et les plateaux de télé sont réducteurs. Enfin, dans ce qui nuit encore à son image, il reste le souvenir persistant de son duel avec Copé. Un désastre à la fois médiatique et militant. Combien ont quitté le parti à ce moment-là et j’en rencontre encore qui n’ont pardonné ni à l’un, ni à l’autre. Le retour de son ancien rival sur la scène politique, de ce point de vue, n’est pas une bonne nouvelle.

La ligne d’arrivée est encore lointaine.

Le chemin est long et la pente est rude, aurait dit Raffarin. Mais le Sarthois aime l’escalade. François Fillon n’a rien à perdre. Il a dit qu’il irait jusqu’au bout. Il va donc continuer à battre la campagne. Il est passé de 6% à 12% dans les sondages. Il a encore une bonne marge de progression. La surprise peut sortir des isoloirs. Il va tout faire pour la créer.

 

 


PAS D’EMPLOIS, PAS DE CROISSANCE !

Chômeur pro

 

L’emploi crée la croissance.

C’est le b-a ba de l’économie. L’opinion  publique mal informée par des médias incultes en économie croit évidemment l’inverse, à savoir que c’est la croissance qui crée l’emploi. Et nombre de politiques, surtout à gauche mais pas que, font la même erreur. Ne me faites pas dire pour autant que la croissance nuit à l’emploi. L’un entraine l’autre et réciproquement. Mais c’est bien l’artisan qui, refusant une embauche alors qu’il a du travail, bloque son chiffre d’affaires et une hausse du PIB pour le pays. Curieusement la France s’est blindée, armée, cuirassée contre l’emploi. Embaucher c’est trop cher, trop compliqué, trop aventureux. Dans notre pays, c’est devenu un réflexe : il est préférable de refuser un marché ou un client. Mieux vaut ne pas croître plutôt que de prendre un salarié de plus. Ce qu’on constate souvent dans la vie courante, lorsqu’il s’agit de trouver un plombier, de faire réparer sa voiture ou rénover une façade, s’est généralisé à l’ensemble de l’économie. Le résultat, nous le connaissons : notre faible croissance vient de la non-création d’emplois. Pourtant avec l’alignement historique des planètes – les taux d’intérêt nuls voire négatifs, le pétrole à 30 dollars ou moins, le dollar en baisse de 30 % depuis deux ans, la reprise chez nos clients importants, américains, britanniques, espagnols – la croissance française devrait être bien supérieure à celle que nous connaissons. Si elle est si atone, la cause est en nous-mêmes : un mélange de découragement, d’attentisme, aggravé par les départs à l’étranger des talents et des capitaux. A la préférence pour le chômage, s’est ajoutée une préférence pour le non-emploi et la non-croissance. Les Verts peuvent applaudir !

L’échec véritable de François Hollande.

Il est là : non seulement il n’a pas pu inverser la courbe du chômage (mais reconnaissons que d’autres ont échoué avant lui), mais il a ajouté avec ses décisions inappropriées du début de son quinquennat, le blocage de la création d’emplois privés, les vrais emplois. La France avait depuis vingt ans un taux de chômage élevé, mais elle réussissait quand même à créer des emplois : environ un million par décennie. Ce qui est nouveau, c’est l’arrêt brutal ces deux dernières années de ce mouvement. Le gouvernement tente de l’expliquer par la faible croissance : 0,3 % en 2013, 0,4 % en 2014, 1,1 % l’an dernier. Ce sont en effet des chiffres trop faibles pour faire baisser le chômage, mais pas pour créer des emplois ! Selon les statistiques tirées  des chiffres d’Eurostat, de juillet 2013 à septembre 2015, la France n’aurait créé que 57.000 emplois privés alors que dans le même temps, l’Allemagne en a créé 482.000, soit près de dix fois plus, l’Espagne 651.000 et même l’Italie, pourtant en récession, 288.000, six fois plus que la France. L’erreur de François Hollande a été à son arrivée en 2012 de n’avoir pas senti que l’économie qui sortait à peine d’une série de crises dévastatrices, n’était pas en mesure de supporter des taxes et des contraintes réglementaires, juridiques, sociales, supplémentaires. Le choc fiscal infligé par le gouvernement Ayrault, comme je l’avais prédit alors, a été mortel.

La conversion à « la politique de l’offre »

Le chef de l’Etat a bien vu cette paralysie et  il s’est donc converti à « la politique de l’offre », tout en tentant de mener parallèlement une relance de la consommation par la fiscalité allégée des bas revenus. Il a engagé son gouvernement  à réaliser  une baisse du coût du travail (de 6 % pour le Cice). Mais, d’une part les mesures arrivent tard dans un climat dégradé par les premiers mois du quinquennat, et, d’autre part, il commet l’erreur de laisser continuer des politiques contraires comme « la pénibilité », et laisse ses « camarades » tenir des propos qui font penser qu’un retour sur la vieille ligne est toujours possible sinon attendu, en tout cas prévisible parce qu’électoralement nécessaire à l’union de la gauche. Comme la suspicion demeure, la moindre petite mesure anti-business ruine tous les coûteux efforts pour la compétitivité. Toutes les semaines nous apportent leur lot de telles mesures qui décrédibilisent la politique favorable à l’emploi. Au budget 2016, deux taxes seront supprimées mais cinq nouvelles apparaîtront. On voit bien que les syndicats bloquent les ouvertures des magasins le dimanche. Le gouvernement semble désemparé, irrésolu entre les deux politiques contradictoires : entre la volonté de moderniser et celle de préserver le dialogue social. Il ne suffit pas qu’un ministre constate qu’il y a « trop de syndicats » et qu’ils se radicalisent par concurrence, personne ne fait rien pour poursuivre ce qu’avait utilement fait le précédent président en la matière afin de simplifier la représentation syndicale.

Le Président a réussi à inverser la courbe ... de l'emploi !

Bref, un mauvais départ, l’incohérence ensuite et, sur le fond, l’irrésolution : le chef de l’Etat ne peut pas raisonnablement espérer parvenir à ses fins sur le chômage, malgré les grands moyens utilisés pour en améliorer les statistiques. Le plus grave, c’est que le corps économique est prêt pour l’embauche. Il est vrai que la politique de l’offre a rétabli en partie la compétitivité. Mais trop de décisions sottes et trop de discours anti-business bloquent les projets. L’économie française reste donc congelée. 

 


LE PHENOMENE MACRON : MOI, MOI ET MOI … UNE ESCROQUERIE !

Macron barbu

 

De manière générale, les Français souhaitent qu'il y ait un renouvellement du personnel politique (56%), actuellement insuffisant à leurs yeux (88%).

C’est une vieille antienne.

On a connu ça avec les « quadras » dans les années 80, avec le succès que l’on sait : c’est toujours un vieux renard qui tire l’épingle du jeu. Et c’est logique. Notre république s’inscrit par son histoire et sa « pyramide des pouvoirs » du local au national, dans la logique du « cursus honorum » de la république romaine, dont nous sommes les lointains héritiers. Impossible de faire l’impasse dessus, et c’est préférable. L’élection de François Hollande en est la preuve un peu iconoclaste : par accident, il a pu s’affranchir du parcours et être élu sans avoir jamais participé à un gouvernement. On mesure chaque jour ce que son manque d’expérience des rouages de l’exécutif nous coûte.

Que signifie la popularité d’un Macron.

Il suffit d’une belle gueule et d’une intelligence brillante pour être propulsé en tête de gondole. Il faut dire que ça n’est pas trop difficile dans l’univers de médiocrité idéologique où il navigue, lui qui n’a aucun engagement ni idéologie, sauf peut-être celle apprise dans la finance. Entouré de bras cassés, au sens propre comme figuré, il jaillit comme une pépite au milieu des scories. Il parle un langage différent, pratique l’empiètement permanent sur les plates-bandes de l’opposition tout en criant sa loyauté à son camp. Voilà de quoi plaire au microcosme médiatique gaucho-bobo-parisien. Celui qui crache dans la soupe est toujours mis en exergue, fût-il minoritaire. Alors, évidemment, il est celui qui incarne le mieux le renouvellement en politique, selon 55% des personnes interrogées (contre 43%). Il est le seul à obtenir une approbation majoritaire, aussi bien à gauche qu'à droite. Il devance la députée FN Marion Maréchal-Le Pen (43%) et le député Les Républicains Bruno Le Maire (36%). Une unanimité factice !

Le culte de l’image.

Devenu la coqueluche des médias, Emmanuel Macron peut se permettre de donner une interview sans rien à annoncer. Dans la page que « Le Monde » lui a consacré, pas de mots qui dérangent ni de totem dénoncé, pour une fois la transgression n’est pas dans les mots,  elle est dans la photo. Emmanuel Macron a « la barbe de trois jours ». Changement de « look », pour attirer l’attention et du coup le « tout Paris » bruisse. Histoire de faire parler de lui au moment où les attentats ont relégué au second plan les priorités économiques. Les moulinets sécuritaires de Manuel Valls conviennent mieux à la période que les coups de bélier verbaux portés aux rigidités françaises par son ministre de l’Economie. La loi Macron2 est d’ailleurs passée à la trappe, absorbée par celle que la ministre du Travail, Myriam El Khomri, prépare sur l’emploi et le Code du travail. Dans ce contexte défavorable il faut pourtant continuer à exister. Donc, il procède par expressions mesurées, le mot « responsabilité » répété. Emmanuel Macron porte la barbe d’un sage ou d’un homme d’affaire parisien où elle est très « mode ». Dans « Le Monde » on fait de la pédagogie, on rappelle l’état de la France, on explique ses fondamentaux car on s’adresse à des « intellos ». On ponctue le tout de quelques aphorismes : « La croissance n’est pas assez riche en emplois », « le devoir qui est le nôtre, c’est d’acter que la croissance ne viendra pas de l’extérieur », « on n’a pas tout fait pour l’emploi ». S’il s’agissait de convaincre le « patron » de donner du contenu au plan pour l’emploi détaillé  le 18 janvier, il en a été pour ses frais. On a vu où menait « l’état d’urgence économique et sociale » ! Alors, Emmanuel Macron bouge à nouveau : il ira chez « Bourdin » et dégainera à nouveau ses vérités, sur un ton beaucoup plus trivial, défendant le patron qui risque son argent…  en semant le trouble chez ses « amis » du côté de sa majorité. Avec ou sans loi, il est là, il ne renoncera pas, avec la complicité des médias, mais jusqu’à quand ? Réponse : tant qu’il fera de l’audience.

Mais c’est une escroquerie intellectuelle.

Rien de ce beau langage réaliste sur l’entreprise, les rigidités qu’il faudrait supprimer dans le marché du travail, le code du même nom, les marges … ne sera appliqué. C’est une « disruption », c’est-à-dire un écran de fumée pour exister soi-même et déstabiliser le camp d’en face. Personne n’est dupe. Macron peut croire à son destin, l’ivresse ministérielle y conduit. Mais en fait, il ne peut aller très loin. Car un destin national ne peut pas se construire sans le soutien solide d’un parti de gouvernement, ses militants, ses électeurs. Sans appareil, pas de conquête du sommet. Et le soutien médiatique fond alors comme neige au soleil.

Le désir de changement est aussi une escroquerie…

Je dirai même que c’est une « tarte à la crème ». Bruno Le Maire tente de surfer sur cette tentation et déploie une énergie phénoménale, mais peine à se faire une place. Si c’était si vrai, il devrait être au « hit-parade » à la place de Juppé.  C’est donc vrai qu’on peut avoir le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui reviennent. Pourtant il suffit de gratter un peu pour s’apercevoir que le renouvellement se fait par le bas : combien de nouvelles têtes ont pris des villes, des départements, des régions et sont promises à un avenir national : les Pécresse, Béchu, NKM, et bien d’autres encore. Parmi les mesures à même de favoriser le renouvellement en politique, les Français plébiscitent le non-cumul des mandats (86%) : une autre naïveté héritée du culte égalitariste imposé par la gauche et totalement incongrue dans un pays jacobin et centralisé comme la France où il faut avoir un mandat national pour faire aboutir quelques grands projets locaux. Quant au cumul des indemnités, le trouble est alimenté par les informations qui circulent sur internet, toutes fausses parce qu’elles oublient systématiquement le plafonnement imposé par la loi et l’écrètement. Plus justes ou réalistes seraient l'obligation pour tout élu concerné de démissionner de la fonction publique (84%) et l'interdiction d'exercer plus de 10/15 ans un mandat électif (81%).

En fait, c’est surtout le manque de résultats obtenus par les gouvernements successifs qui crée la lassitude. Comme s’il suffisait de changer le personnel sans se soucier de l’état de l’établissement que celui-ci fait tourner. La gauche, par le désenchantement qu’elle crée et ses erreurs, ses dénis, a aggravé le mal. Mais, les Français seraient bien inspirés  de regarder ce qui se passe autour d’eux : à quoi ont servi les initiatives nées d’internet et des réseaux sociaux ? Réponse : au Portugal et en Espagne à rendre les pays ingouvernables. Belle réussite en effet ! 

Au lieu de critiquer le système, que les Français adhèrent donc massivement dans les partis de gouvernement existants,  ils seront à même alors de provoquer le renouvellement. Mais ce serait trop facile et peut-être trop contraignant de participer ainsi à la vie démocratique.


REJETER SARKOZY ET HOLLANDE DOS-A-DOS : QUELLE INJUSTICE !

Sarko 2012

 

Huit Français sur dix.

Huit Français sur dix ne souhaitent pas voir Nicolas Sarkozy se présenter à l'élection présidentielle de 2017. Selon les sondages successifs, de moins en moins d'électeurs souhaitent voir l'ancien président de la République se présenter. Ils étaient 33% en juillet 2014 et 22% en février 2015. Autre constat, l’actuel locataire de l’Elysée et son prédécesseur font exactement jeu égal : seuls 24% des Français veulent qu'ils soient candidats à la prochaine élection présidentielle, 74% étant d'un avis opposé.

C’est ce constat qui me scandalise le plus.

Vous allez tout de suite penser que je suis un sarkozyste inconditionnel comme on en rencontre dans le noyau dur chez « Les Républicains ». C’est mal me connaître. Je peux comprendre que des électeurs n’aient pas envie de rejouer la même pièce qu’en 2012. Je sais que la multitude des « affaires » que la gauche lui colle sur le dos fait peser un inévitable soupçon sur le personnage. Je vois bien que le financement de sa campagne de 2012 n’est pas clair. J’admets que le personnage à des travers qui peuvent paraître détestables, sa vulgarité parfois, ses petites phrases assassines, ses manies que des stars du show biz ne désavoueraient pas. Mais je ne comprends pas la violence du rejet de certains, même dans mes amis. Ce sont le plus souvent des gens de la bourgeoisie aisée, ou membres de certaines corporations qui ont pu avoir à souffrir de quelques-unes de ses réformes. On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. Ce ne sont pas les handicapés ou les personnes âgées qui ont vu indemnités et minimum vieillesse augmenter de 25% entre 2007 et 2012 qui viennent se plaindre. Et les Français, en général, devraient plutôt le remercier pour avoir pris les mesures qui s’imposaient en 2008, pour sauver les banques et donc leur épargne. C’est pourquoi renvoyer François Hollande et Nicolas Sarkozy dos-à-dos m’apparait comme une injustice, une ingratitude même. Il suffit de comparer les deux bilans pour en prendre conscience.

Bilan de l’action de l’actuel président :

Le chômage sous Hollande :

Sur cinq indicateurs clés, les résultats au bout de 43 mois de présidence sont plus catastrophiques que ceux enregistrés par son prédécesseur sur l'ensemble de son quinquennat. Son bilan en matière de lutte contre le chômage et de créations d'emploi est catastrophique.  C’est plus de chômeurs par mois, 16.351 chômeurs supplémentaires chaque mois soit près de 3000 de plus que lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Élysée. En 2016 il affichera un aussi mauvais bilan en 4 ans que Nicolas Sarkozy en 5, la crise mondiale de 2008 en moins. C’est plus de chômeurs de longue durée, à fin novembre 2015, on ne compte 782.500, soit 254.700 de plus, au bout de 3,5 ans, que la hausse enregistrée pendant les cinq ans de mandat de Nicolas Sarkozy. C’est plus de chômeurs seniors : depuis mai 2012, Pôle emploi compte 294.400 demandeurs d'emploi de plus de 50 ans en plus, soit 40 000 de plus que le total atteint sous Nicolas Sarkozy, en cinq ans. C’est plus de destructions d'emploi : au troisième trimestre 2015, la France avait détruit pas moins de 191.000 emplois depuis l'élection de François Hollande, soit en 13 trimestres. Sur l'ensemble du quinquennat de Nicolas Sarkozy les compteurs se sont arrêtés à -255.200 emplois, soit en 20 trimestres. Ce qui porte la moyenne du nombre d'emplois détruits par trimestre à 14.692 pour l'actuel chef de l'État, contre 12.760 pour son prédécesseur. 2 000 emplois de plus détruits chaque trimestre qui passe.

Quelques réformes emblématiques :

Il serait fastidieux de passer en revue tous les aspects de l’action de l’actuel président et ses revirements. Retenons quelques réformes emblématiques : le mariage pour tous qui a déchiré la France, la justice en vrac avec Taubira, le matraquage fiscal avec la taxe à 75% heureusement abandonnée, une réformette des retraites qui n’a rien résolu, une réforme territoriale intelligente abrogée et remplacée par un redécoupage des cantons et des régions qui confine à l’absurde, des déficits publics qui ne se résorbent pas, une dette qui continue de croitre (il faudra encore emprunter plus de 180 milliards d’euros en 2016 sur les marchés), le nombre des fonctionnaires qui augmente sans cesse… Où est donc passé la présidence « normale » quand on prend l’avion pour aller inaugurer un cinéma à Tulle ? Et je ne parle pas des décisions prises puis abandonnées : on massacre l’apprentissage, pour le célébrer deux ans après, on surimpose les entreprises pour leur redonner ensuite des primes à l’embauche et des crédits d’impôts. Et que dire du taux de croissance en berne depuis 2012 et du pouvoir d’achat des ménages. Que retiendra l’histoire, sinon  celle d’un quinquennat zigzagant au gré des circonstances. Et tout cela sans crise majeure, ni financière, ni des dettes souveraines, ni de l’euro. Le pouvoir a, au contraire bénéficié d’une conjoncture heureuse dite « d’alignement des planètes », sans en tirer aucun profit pour notre économie. Une occasion gâchée. Sarkozy avait parait-il abîmé la France, alors que dire de l'état dans lequel Hollande va la laisser !

J’ai été un ardent défenseur du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Le « calepin » en est le reflet et je ne pourrais pas dire le contraire. Je n’ai jamais compris pourquoi le bilan de son action n’a jamais été fait réellement, d’abord avant la présidentielle de 2012, et depuis, en dehors de l’initiative (partielle) prise par Valérie Pécresse. A plusieurs reprises j’ai évoqué les nombreuses réformes réalisées. Je l’ai fait d’abord par militantisme, puis c’est davantage le regard de l’historien qui a prévalu. J’ai même été tenté de comparer l’action des deux présidents les plus réformateurs depuis De Gaulle : Giscard et Sarkozy. Mais ce bilan de 2007 à 2012, pour qu’il soit crédible, il n’y a guère que Nicolas Sarkozy qui puisse le faire. Dans son livre peut-être ?

Jetons encore un bref regard sur la période 2007-2012.

On doit à Nicolas Sarkozy la réduction des pouvoirs du Président de la République au profit du parlement et des citoyens, la limitation à deux mandats de cinq ans pour le Président de la République, le droit pour les députés de fixer 1/3 de l’ordre du jour de l’Assemblée, la loi de représentativité des syndicats, l’autonomie des universités aujourd’hui battue en brèche, la réforme des collectivités territoriales qui devait s’appliquer en 2014 et qui fusionnait le mandat de conseiller régional et général, la réforme de la carte judiciaire, de la carte militaire, de la carte hospitalière, le Grand Paris, mise en place d’une même autorité pour les gendarmes et les policiers, création du service civique… Et puis la réforme des retraites qui a permis d’ajuster le dispositif, sauver son financement et sur laquelle il vit encore, Le service minimum dans les transports, le remplacement de la taxe professionnelle, la suppression de la publicité sur les chaines publiques. Les crises successives qui ont marqué les années 2008 à 2010, dont on sait la violence et les effets dévastateurs (50% de recettes fiscales en moins en 2009), n’a pas empêché la relance de l’économie par l’investissement, la réduction de 160 000 fonctionnaires, la mise en place de la rupture conventionnelle pour mette de la souplesse et de la flexibilité dans l’emploi,…  En matière de logement, entre l’action des années 2007-2012 et celle de Duflot, c’est le jour et la nuit : 2 millions de logements dont 600 000 logements sociaux en 5 ans. Sur le plan social, il ne faut pas oublier la  création du RSA, malgré le contexte inapproprié. Un dernier chiffre pour finir : augmentation du pouvoir d’achat de 4% malgré le contexte de crise. A ce bilan intérieur partiel (il y a eu 930 réformes), il faudrait ajouter l’action décisive du président en matière de politique extérieure : au sein de l’Otan, avec la création du G20, au moment de la crise Géorgienne, etc… Une France qui assure un leadership et qui est respectée. Peut-on en dire autant aujourd’hui ?

Alors, certes, son action n’est pas exempte de faiblesses et de reproches.

Ainsi la réforme de la justice n’a pas été menée jusqu’au bout, la réforme du financement des charges familiales par transfert sur la TVA est intervenue trop tard, la baisse de la TVA aux restaurateurs était discutable, sa volonté de débattre sur l’identité nationale a tourné à l’aigre mais aurait été bien utile pour aujourd’hui ! Je pourrais allonger le propos en prouvant qu’il n’a pas gouverné pour les riches comme la gauche a tenté de le faire croire en permanence avec la complicité des médias. Et il a tenu près de 80% de ses promesses. On ne peut pas en dire autant de Hollande.

Une fois que tout cela est dit, il faut vivre avec le réel.

Son passage à Angers lors des dernières régionales m’a laissé sur ma faim. N’ayant aucune aversion à son égard, je reste disponible, comme à l’égard des autres candidats que ce soit Juppé ou Fillon. A lui de prouver qu’il peut être encore le meilleur.

 


2 MILLARDS D’URGENCE… POUR ASSURER MA REELECTION !

Pole emploi direction

 

Voilà en résumé comment il faut interpréter la collection de mesures inscrites dans le nouveau et énième « plan d’urgence pour l’emploi ». Il va mobiliser, en théorie, 2 milliards d’euros, avec un objectif : faire baisser artificiellement le chômage en gommant 500 000 personnes affectées à des formations plus ou moins adaptées et inverser par ce moyen la courbe … Ainsi le « magicien » pourra proclamer à tous les vents qu’il a réussi son pari et qu’il peut donc se … représenter. 2 milliards qu’on n’a pas pour permettre à un nul de tenter sa chance pour rester à la tête de l’Etat. Je trouve que c’est vraiment cher payé pour un pari quasiment perdu d’avance.

Une grande manipulation dans la tradition hollandienne.

Avec 5 743 600 demandeurs d’emploi, les formations proposées aux chômeurs sont déjà, en temps normal, aussi aléatoires en qualité qu’en débouchés. Pôle emploi peine déjà à convaincre entrepreneurs et chômeurs de son efficacité. Le plan d’urgence va charger un peu plus la barque d’un organisme qui est saturé avec 650 000 personnes en formation, tout le monde le sait. Et l’on se demande bien avec quelles sessions commandées à la va-vite (urgence) à des sous-traitants de sous-traitants, les demandeurs d’emplois pourront trouver une formation adaptée à un emploi … qui n’existe pas. La charrue devant les bœufs.

Le plan d’urgence continue de marcher à l’envers.

On va continuer dans la démarche de l’économie administrée avec des primes allouées par l’Etat pour favoriser artificiellement l’embauche en créant des effets d’aubaine. Il serait bien plus efficace de consacrer les mêmes sommes à la baisse des charges durable des entreprises, particulièrement les PME et TPE. Mais ce serait trop simple. 

Le gouvernement souhaite atteindre le nombre de 500 000 apprentis en 2017 : une rigolade ! Leur nombre a baissé d’année en année depuis son arrivée au pouvoir. On est rendu à 400 000. Vouloir  mettre 50 000 jeunes de plus par an sur la voie de l’alternance après en avoir perdu plus de 40 000, c’est bien, encore faut-il savoir avec qui ? Si c’est pour favoriser les Centres de formation des branches professionnelles, il y aura une meilleure chance d’insertion sur le marché du travail au bout de la formation, dans deux, trois ou quatre ans. Si c’est pour les orienter vers les centres de formation de l’Education nationale, où le personnel est encore très éloigné des réalités et figé dans des certitudes, on ne risque pas d’améliorer la situation. Et puis qui dit apprenti, dit entreprise pour signer le contrat : et là encore ça n’est pas gagné d’avance. Chat échaudé craint l’eau froide.

Le pacte de responsabilité avec le CICE sera pérennisé en 2017. La belle affaire ! On a enfin compris qu’il fallait baisser les charges des entreprises dans la durée, mais pourquoi maintenir une usine à gaz. La mise en place des allégements fiscaux et sociaux du Pacte de responsabilité, annoncés le 31 décembre 2013 n’est toujours pas achevée, au point qu’un « chèque-emploi-PME » doit être présenté pour faire patienter les petits patrons ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Par contre, il y a urgence à attendre. 

Attendre la conférence de février, attendre les conclusions de la commission Badinter qui fait un rapport sur la commission Combrexelle, attendre la loi El Khomri, attendre la loi Macron. On est bien dans le droit fil de la méthode hollandienne de procrastination permanente. On comprend pourquoi la France est le cancre de l’Europe en matière de création d’emplois privés, avec moins de 3% sur les deux dernières années. On recommence sans cesse avec les solutions qui ne marchent pas, essayées cent fois, sans que le chômage structurel recule. Et pourtant il y a d’autres chemins que le gouvernement ne veut pas voir : libérer la négociation sur le temps de travail dans les entreprises, aménager les seuils sociaux si bloquants, régénérer le contrat de travail pour le mettre en accord avec l’économie contemporaine, …

Le plan Hollande est au pire un mensonge et au mieux un habillage statistique.

Mais il a beaucoup mieux à faire. Inlassable, il entend occuper la totalité du terrain politique et ne pense qu’à la présidentielle de 2017. Il est sur tous les fronts, commémore jusqu’à l’overdose, se présente comme le père protecteur en chef de guerre, va sur tous les terrains un jour rassembleur de la gauche, le suivant s’exerçant à séduire la droite dans le nord, ou n’hésitant pas à s’emparer de la déchéance de nationalité pourtant portée par l’extrême droite. Une danse du ventre largement relayée par des médias complaisants. Mais pour quoi faire ? Pour s’imposer à l’opinion ? Manifestement ça ne marche pas.

2 milliards d'euros pour sauver 1 emploi, le sien, c'est cher !

Tout de même, il y avait moyen de dépenser 2 milliards d’euros plus utilement !

 


LA PRIMAIRE : JUPPE FAIT LA COURSE EN TÊTE

Juppé

 

Depuis le 4 janvier dernier, la campagne est lancée.

Et Alain Juppé qui avait déjà la faveur des sondages tout au long de l’année 2015 peut savourer la dernière étude qui est tombée : non seulement il reste en tête, mais creuse l’écart. Avec 38% des intentions de vote, devant Nicolas Sarkozy à 29% (IFOP), il accroit son avance. Est-ce le résultat de son offensive médiatique avec la publication de son livre sur l’Etat fort ? C’est possible. Les thèses qu’il y développe le rapprochent en effet de l’électorat traditionnel de la droite, qui attend des réponses fermes sur le régalien. Une manière de corriger l’impression que son positionnement concédait trop au centrisme.

Lors du Grand Jury RTL, en octobre dernier, il tenait encore un discours très modéré : « Je suis là pour apaiser et rassembler », répétait-il à l’envi, ajoutant même : « s’il y a des déçus du hollandisme qui veulent nous rejoindre, ou des électeurs du FN, ils sont les bienvenus ». A l’époque, il tenait aussi à se différencier de Fillon, en condamnant toute nécessité de rupture, lui préférant la notion de « changement », plus classique… et aussi moins porteuse de sens. D’ailleurs c’est le style qu’il voulait donner à sa démarche, annonçant vouloir bâtir un projet pour la France qui sorte un peu des clivages traditionnels, se revendiquant « réformiste ». Il pense qu’il ne faut pas ouvrir des fronts de tous les côtés et plaide pour les réformes en douceur. Le point de comparaison là-dessus est facile. Raffarin avait appliqué la méthode Juppé, une réforme après l’autre, avait rencontré beaucoup de difficultés et finalement réalisé peu. Nicolas Sarkozy avait mené de fronts toutes les réformes. Toutes n’ont pas été jusqu’au bout, mais contrairement à ce qui est dit couramment, le total est impressionnant. Néanmoins, le Maire de Bordeaux annonce la sortie des 35 heures, pour revenir à 39 heures, et on le sait maintenant, il veut renforcer le rôle de l’Etat, renégocier Schengen, conditionner le regroupement familial, simplifier la procédure pénale… tout en revendiquant son « identité heureuse ».

Dans son positionnement, on reconnait une posture assez chiraquienne, sur le thème du « rassemblement ». En cela, l’imprégnation gaulliste de sa manière de faire ne renie pas la source de son engagement. Comme son ancien mentor, il sait que les périodes trop longues dans la peau de favori se paient parfois très cher. Sa stratégie était de ne changer ni de tempo, ni de ligne, affichant sa sérénité face à ses concurrents. Son livre sur l’éducation n’avait pas dépassé le succès d’estime et s’était révélé assez ennuyeux à lire. Et de fait il y prenait mille précautions pour ne pas déplaire aux enseignants. C’est pourtant à un changement de pied auquel il s’est livré pour enclencher le deuxième temps de sa campagne avec son livre « Pour un Etat fort ». Il fallait de toute urgence reconquérir une partie du noyau dur de son électorat à droite, un peu hésitant à son égard en raison du soutien réitéré de Bayrou à sa candidature. Il n’a pu rester, comme il le souhaitait, à contre-courant de l’exigence actuelle de fermeté, cherchant à résister à une forme de radicalisation qu’imposait la ligne suivie par Sarkozy. Les attentats de novembre ont dû jouer le rôle d’un électrochoc. Il a visiblement ressenti le besoin d’écouter cette exaspération française qui traverse tout le spectre politique,  au risque sinon de se retrouver décalé par rapport au centre de gravité de l’électorat de droite.

Il ne suffit pas de faire la course en tête. Il faut y rester. Ses concurrents sont eux aussi en campagne. Et on connait la pugnacité d’un Nicolas Sarkozy que ne se laissera pas facilement déposséder de son désir de revenir aux affaires. Alain Juppé est capable d’infléchir sa stratégie, comme on vient de s’en apercevoir. Il a de l’expérience, non seulement pour avoir été de nombreuses fois ministres et même le Premier d’entre eux, mais aussi en matière de tactique. Il n’est pas tombé de la dernière pluie pour mener une campagne. Reste que ses deux passages en Maine-et-Loire ne m’ont pas complètement convaincu. Je l’ai trouvé à chaque fois trop académique, incapable de se passer de son papier qu’il lisait ; le discours était là, mais pas l’orateur. C’est un point qu’il devrait travailler : le souffle, l’emphase doivent emporter une salle. Les campagnes présidentielles, c’est aussi sur la capacité à convaincre par le geste et la voix qu’elles se gagnent. Personne ne conteste qu’Alain est un homme carré, solide, compétent. Son âge n’est pas un handicap a priori, encore qu’il faille tenir un rythme épuisant pendant de longs mois. Il a gardé des munitions : il a prévu de jalonner son parcours tout au long de 2016 en publiant des « livrets » et encore deux livres programmatiques, un sur l’économie et un autre à l’automne. Il a un atout de taille dans son jeu, qui est aussi un non-dit : la seule chance de Hollande, c’est que Sarkozy gagne la primaire et que Bayrou se présente. Et à droite, les électeurs le savent.

Je serais encore plus convaincu si j’étais vraiment certain qu’il est bien devenu girondin. Son dernier livre penche plutôt du côté jacobin. C’est ce qu’il dira sur avenir de l’Europe qui comptera à mes yeux.


FRANCOIS LA FINASSE PRIS DANS LA NASSE

Hollande grimace

 

La manœuvre était pourtant bien pensée : en annonçant la déchéance de nationalité dans son discours devant le congrès, pépère se mettait sur le terrain de Sarkozy pour les mesures sécuritaires et ne pouvait donc pas être soupçonné de mollesse. En même temps, il prenait la précaution de consulter le Conseil Constitutionnel, en espérant une réponse négative, ce qui lui permettait de renoncer à la mesure « malgré lui ». Mais voilà, le dit Conseil a donné son vert. Et là commence l’embrouille.

Un projet parti de travers.

L’affaire de la déchéance de nationalité s’est mise à évoluer de travers et entrave les projets présidentiels. Hollande espérait réunifier la gauche et trouver des soutiens à droite de façon à pouvoir se prévaloir d’une sorte unité nationale avant les élections de 2017. Un joli coup de dés après la séquence post-attentats. Au lieu de cela, la gauche s’étripe et la droite multiplie les exigences pour voter la réforme constitutionnelle dans laquelle il veut inscrire la mesure. Le paradoxe veut qu’il soit combattu par Mélenchon, Aubry et consorts alors que plus des deux tiers des Français souhaitent la déchéance de la nationalité française pour les binationaux terroristes. Les frondeurs, les écologistes (pas tous), les communistes se battent au nom des grands principes contre la volonté populaire, mais peu leur chaut. La violence de la controverse offre même à l’opposition une occasion en or d’exprimer ses thèmes et contraint la gauche à retomber dans le marasme de la zizanie. L’exécutif tente bien de se sortir du piège où il s’est lui-même enfermé en alimentant un débat surréaliste sur une mesure somme toute mineure au regard des difficultés que rencontrent les Français. Manuel Valls défend le projet avec toute la vigueur dont il est capable en cherchant des aménagements susceptibles d’arrondir les angles avec le front des contestataires : déchéance des droits civiques pour les mono-nationaux, par exemple… Voici donc une mesure, dont tout le monde admet qu’elle n’aura aucune efficacité pour lutter contre le terrorisme, mais qui accapare la totalité du débat ; une mesure approuvée par les Français qui, pour la plupart, se désintéressent totalement des arguments moraux, juridiques et politiques que se renvoient défenseurs et adversaires ; une mesure sur laquelle on voit se produire un étrange tour de passe-passe : au nom des valeurs républicaines et de l’égalité, ce sont les plus farouches opposants à la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux qui deviennent les plus ardents promoteurs de la déchéance pour tous. Allez comprendre quelque chose !

On en oublie l’essentiel.

Ce charivari intellectuel est d’autant plus incompréhensible qu’il masque le cœur du sujet : il s’agit de renforcer les pouvoirs de la police et de l’administration. Annoncé dès le discours du chef de l’Etat au Congrès, au lendemain des attentats de Saint-Denis et du Bataclan, le dispositif prévu  devra prendre le relais de l’état d’urgence et pérenniser les pouvoirs que la police et les services de renseignement en ont provisoirement tirés. C’est ça qui est important et répond à la gravité de la menace terroriste. On comprendrait que les débats, les arguments, les divergences se focalisent dessus. Mais non, rien : le ministère de la Justice n’existe plus. Il est comme déchu. Les prises de position intempestives de la Ministre de la Justice, sans qu’elle soit sanctionnée ni amenée à démissionner, alors que d’autres ont été débarqués pour beaucoup moins, achève de décrédibiliser le sommet de l’exécutif. Cela se traduit immédiatement par une chute vertigineuse de la cote des deux têtes de l’exécutif dans les sondages. Il faudra bien qu’on nous explique pourquoi Mme Taubira jouit d’un statut inexplicable qui défie le bon sens.  A moins que machiavéliquement ce ne soit le moyen d’envoyer le Premier Ministre au casse-pipe.

La révision de la constitution court à l’échec.

Car le vote de la réforme est de moins en moins assuré. La révision de la Constitution, nécessaire pour que la déchéance soit incluse dans le texte fondamental, doit recueillir une majorité des deux tiers des députés et sénateurs. La droite est de plus en plus réticente, et ne votera pas si les conditions qu’elle y met ne sont pas remplies, encore moins si les mesures portant réforme de la nomination des membres du Conseil Constitutionnel et du Conseil Supérieur de la Magistrature sont incluses dedans. On comprend d’autant moins cet amalgame qu’il plombe la réforme, à moins que ce ne soit une pirouette supplémentaire pour trouver des boucs émissaires à un échec cuisant : la droite !

Une fracture de plus avec l’aile gauche.

Ce débat, amplifié par les médias, ouvre une nouvelle crise avec la gauche de la gauche et, cette fois, non plus sur les orientations économiques et sociales, mais sur la Constitution, donc sur le socle démocratique du pays. Ce que Martine Aubry a rappelé en montant au front dans une conférence de presse. Si le nombre d’élus n’est pas réuni pour voter le nouveau texte, un référendum pourrait assurer la révision constitutionnelle. Il s’agit donc d’une bataille que l’exécutif peut gagner, mais à quel prix ? Avec un tel passage en force, la fracture du PS serait consommée, les élus communistes, du parti de gauche et écologistes, découvriraient alors qu’ils sont encore plus minoritaires, de quoi garder une rancune tenace contre celui qui les aura mis dans cette situation : François Hollande. De quoi hypothéquer lourdement la réconciliation indispensable (il suffit d’entendre Mélenchon tonner) avant 2017.

Machiavel ne gagne pas toujours.

L’affaire de la déchéance, quelle que soit sa conclusion, aura démontré que, avec l’empiètement éhonté sur les plates-bandes de l’adversaire, il ne faut pas aller trop loin si on ne veut pas perdre la légitimité que l’on tire de son propre camp. Hollande est bien plus machiavélique que ne le laissent croire sa bonhomie et ses blagounettes. Mais le machiavélisme ne suffit ni à se maintenir au pouvoir ni à le conquérir. Il y faut aussi de la sincérité.

En ouvrant la boîte de Pandore de la déchéance de nationalité, le locataire de l’Elysée pensait profiter du trouble que cela créerait au sein de la droite ; en réalité, le désordre qu’il est en train de provoquer à gauche l’empêchera de sortir politiquement vainqueur de cette manigance.

 

 


NOTE ICI ET LA, EN VRAC

Doigts dans le nez

 

Primaire : il y aura 10 337 bureaux de vote dans toute la France pour « la primaire de l’alternance ».

35 heures : une heure de travail en plus des fonctionnaires équivaudrait à 2 milliards d’euros d’économies.

Qui croire ? Selon Agnès Verdier-Molinié, la France sera incapable de tenir ses engagements de réduction des déficits en 2017 : elle serait au mieux à 3,8% en 2016 et 3,5% en 2017. Ce n’est pas l’avis de Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité, qui précise  que « le délai accordé à la France ne saurait être prolongé » ! … A votre avis ?

12 milliards d’euros !!! c’est l’excédent allemand en 2015. Pendant ce temps-là, nous on multiplie les dépenses non financées.

Emplois publics : on va encore augmenter leur nombre pour tenter d’infléchir la courbe du chômage. Une méthode vouée à l’échec : un emploi public détruit 1,5 emploi privé et génère 0,3 point de chômage.

Livre sterling : entre la baisse du pétrole, la chute de la Chine et les craintes de plus en plus fortes de Brexit, la monnaie britannique s'est pris une claque magistrale. Elle est au plus bas depuis plus 5 ans et ce n'est pas terminé. Je vous ai entendu, vous avez pensé « bien fait ! ». Si, si !

Inflation 0 : du jamais vu depuis … 1954, l’inflation a été nulle en France en 2015. Le pétrole est en cause. C’est bon pour le pouvoir d’achat des ménages, mais une moins bonne nouvelle pour les finances de l’Etat. On est loin de l’hypothèse de 0,9% sur laquelle a été bâti le budget.

Même l’Inde : dans mon « Etat des lieux sur les prévisions 2016 », j’écrivais que l’Inde restait un pays à croissance dynamique. En fait, c’est comme pour la Chine : les chiffres sont faux et surévalués. Elle serait entre 3 et 4% de taux de croissance, une réalité qui se mesure à de nombreuses observations comme le fret ou la consommation de ciment en baisse, etc…  Il n’y a pas de miracle. Les oasis de prospérité dans un désert de stagnation ou de ralentissement, ça n’existe que dans la tête des Dupont : mirage !

Piratage : le directeur du renseignement américain a été victime d’un hacker. Si même lui …

77% : C’est la part des individus au sein des classes moyennes inférieures qui, selon une étude du Crédoc, affirment avoir l’impression d’être « perdants » entre « ce qu’elles versent aux administrations publiques et ce dont elles bénéficient en retour à travers les allocations, l’école, la santé, le chômage ou la retraite ». Eh oui, lucides !

Pologne : La Commission européenne a décidé de lancer une procédure formelle de surveillance de l’Etat de droit en Pologne, suite à l’adoption de plusieurs mesures controversées par le nouveau gouvernement populiste. Elle souhaite mener une évaluation préliminaire de la réforme du fonctionnement du Tribunal constitutionnel, où cinq nouveaux juges ont été placés par le pouvoir. En cas d’échec des discussions, d’autres mesures pourraient être prises, pouvant aller  jusqu’au retrait des droits de vote de la Pologne au Conseil. La Commission s’inquiète également des nouvelles règles de nomination des dirigeants des médias publics. Le Parlement européen débattra de la situation en Pologne, lors de sa session plénière.  Un peu ce qui arriverait avec Marine Le Pen si elle était élue.

S’il vous plait, ne payez pas avant l’échéance ! Le canton de Zug en Suisse a décidé de supprimer la décote en cas de paiement anticipé des impôts car il faudrait placer cet argent à des taux négatifs !!  À quand un discount pour les retardataires ? Les suisses nous « étônneront »  toujours !

 


LA PRIMAIRE A DROITE AU BANC D’ESSAI (2)

Primaire à droite

 

LES CANDIDATS DANS LES « STARTING-BLOCS »

La règle du jeu est prête et les modalités sont connues. Les candidatures commencent à se préciser. Certains postulants se retirent comme Xavier Bertrand et Christian Estrosi en raison de leur élection à la tête de leur région. C’est tout à leur honneur. D’autres sont connus de longue date et battent campagne depuis de longs mois déjà comme Alain Juppé et François Fillon. D’autres encore ont fait savoir qu’ils « iraient » comme Jean-Frédéric Poisson pour le Parti Chrétien Démocrate, ou Nadine Morano, sans qu’on sache s’ils réuniront toutes les conditions, et enfin il y a ceux qui font campagne, comme Bruno Le Maire, dont la candidature est un secret de polichinelle, mais qui souhaitent ménager le suspense et évidemment Nicolas Sarkozy qui ne tardera pas à rendre publique son intention, maintenant que l’équipe nationale est remaniée et verrouillée… D’aucuns trouveront que ça commence à faire beaucoup. La liste n’est pourtant pas close. Combien d’autres encore, au centre et chez les radicaux vont tenter l’aventure : le jeu reste ouvert.

Une chose est certaine : les Français qui souhaitent participer à cette épopée unique pour désigner le champion de la droite et (peut-être) du centre pour la présidentielle de 2017 pourront voter moyennant 2 € de participation, pour le premier tour le 20 novembre prochain. Le « cirque » de la campagne va donc occuper nos longues soirées d’hiver, du printemps, de l’été et même de l’automne ! Thierry Solère qui préside le comité d’organisation n’a pas fini d’avoir des sueurs froides. 10 000 bureaux de vote sont prévus et répartis dans les 577 circonscriptions législatives selon un processus très complexe, qu’il faudra encore distribuer commune par commune et quartier par quartier dans les grandes villes. Une haute autorité, composée de quatre membres extérieurs aux partis doit contrôler la mise en oeuvre de tout le processus. Pour l’instant, ce sont les conditions d’application qui sont passées à la moulinette par certains membres du bureau politique chez les Républicains, à la recherche du « loup » qui pourrait favoriser le Président du parti. Comme on le voit, la confiance règne.

Avant de passer au détail des propositions de chaque candidat, il convient d’observer que certains sont plus avancés que d’autres. Un petit point s’impose : le plus avancé est François Fillon avec son livre-programme « Faire », il dispose d’un projet complet, financé, qu’il ne lui reste plus qu’à vulgariser. Pour ce faire (sic), il a inauguré sa permanence de campagne sans perdre de temps et un site internet qu’il veut « à la pointe », en « geek » qu’il est, et interactif. Il dispose aussi du soutien d’une partie importante du groupe parlementaire « Les Républicains », probablement le plus nombreux. L’autre concurrent qui a déjà bien démarré sa campagne, c’est Alain Juppé. Chouchou des sondages depuis de longs mois, il avance par touches progressives, selon un agenda et une méthode différents. Après un livre sur l’Education, un peu décevant reconnaissons-le, il vient d’en publier un autre sur les fonctions régaliennes. Ce qui en a transpiré dans les médias semble le ramèner dans le giron de la droite jacobine classique, mais je vais lire le document avant d’en juger. Alain Juppé fait la course en tête, mais les enquêtes d’opinion, si elles sont des indicateurs, sont néanmoins à prendre en considération avec précautions. On a connu dans le passé le phénomène Simone Veil. Enfin parmi les personnages qui y pensent et s’activent, il y a Bruno Le Maire qui mène une entreprise de labour en profondeur par ses nombreux déplacements à travers tout l’hexagone et dans les départements d’Outre-Mer, pour se faire connaître et exposer ses idées, un programme entièrement axé sur le « renouveau ». En matière de renouveau, il s’agit surtout de sa personne. Pour les idées, beaucoup sont du recyclage de déjà vu. Quand on est à droite, le champ est heureusement limité.

Il reste le cas Sarkozy. Jusqu’à maintenant, il s’est surtout consacré à la remise en ordre de marche du parti et à la réussite des élections départementales et régionales. Ces échéances passées, sa candidature officielle ne devrait plus tarder. On verra alors si le travail sur le projet engagé par Eric Woerth lui sert pour sa campagne. Nous aurons l’occasion de revenir sur la place qu’il occupe dans l’opinion publique et au sein de l’électorat de la droite et du centre.

Affaire à suivre… à petites doses pour ne pas vous lasser. Demain, promis on passe à autre chose. Hollande et le caillou Taubira dans sa chaussure, par exemple.

 


LA PRIMAIRE A DROITE AU BANC D’ESSAI (1)

Primaire à droite

 

UNE METHODE A HAUT RISQUE POUR LA DROITE ET LE CENTRE

Voici un premier article d’une série qui nous permettra de faire le tour de cette primaire dans tous ses aspects : candidats, organisation, campagne … Cette procédure est inédite pour la Droite.

La « primaire » est une nouveauté pour la droite.

D’habitude, c’est le « chef naturel », patron du parti, qui le représente dans la compétition. Ceci nous a valu des premiers tours avec des candidatures multiples de la droite et du centre, chaque sensibilité voulant être représentée pour des raisons aisément compréhensibles : il en va de l’existence et de la notoriété du parti que seule la compétition présidentielle peut valider. Nous avons donc connu les confrontations UDF-RPR, les chocs Chirac-Balladur, la concurrence Sarkozy-Bayrou, … Mais avec l’irruption du Front National à un niveau très élevé, -Merci Hollande-, ce scénario d’éparpillement des voix au premier tour serait suicidaire s’il était appliqué, aussi bien pour la droite que pour la gauche, les deux candidats arrivés en tête étant seuls qualifiés pour le second tour. Les scores obtenus par le FN lui assurant de figurer dans tous les cas. Il y a donc nécessité d’avoir la moindre dispersion des voix pour éviter un scénario à la 2002. Voilà pourquoi la gauche avait fait une « primaire » en 2012. Voilà pourquoi la droite et le centre qui doivent absolument faire front commun doivent en organiser une pour désigner leur champion pour 2017. En espérant que les « marginaux », tels Dupont Aignan, ne progressent pas trop.

Le contexte politique tel qu’il ressort des Régionales.

La droite et le centre n’ont pas fait le plein des voix, tant s’en faut, lors des dernières élections régionales. Le Front national a réalisé un score important, équivalent à celui de la présidentielle, malgré le faible taux de participation. La gauche s’est partiellement réveillée sous l’émotion suscitée par les attentats et la remontée de la cote du Président. On ne peut pas dire que le résultat soit rassurant pour la droite et le centre. Il a fallu attendre le second tour pour observer une mobilisation plus importante de ses électeurs. Certes, les « Régionales » n’attirent pas nos électeurs autant que les échéances majeures, mais l’indicateur est là : certains y lisent une lassitude devant le débat anticipé des primaires, venu polluer la campagne. De fins observateur ont même noté que toutes voix additionnées, la gauche était majoritaire au 1er tour. Un élément que nous serions bien inspirés de ne pas oublier.

Le risque d’aggraver les querelles et les clivages entre les « droites ».

Si à gauche, on est habitué aux débats, jusqu’à en abuser, à droite et au centre, la tradition n’est pas la même. Combien de fois ai-je entendu au cours de ma carrière militante, ce « quand allez-vous vous mettre d’accord ?» qui était la manifestation d’une mauvaise humeur devant nos « concurrences » qui nous paraissaient pourtant naturelles. Cela a fini, après l’avatar de 2002, par la création de l’UMP. La primaire c’est par définition la multiplicité des candidatures. Les candidats seraient bien inspirés d’éviter le dénigrement réciproque, surtout venant des entourages, les petites phrases assassines, le souci du démarquage. Ils devront gérer l’inévitable chevauchement des idées, car, quand on appartient à une même famille, on a nécessairement un capital en commun. Encore faut-il régler l’épine que représente la participation hypothétique du centre. S’il ne s’implique pas, l’initiative perd tout son sens.

Le grand risque tient dans la capacité à organiser le scrutin.

Nous avons gardé un mauvais souvenir du duel Copé-Fillon.  Avec la « primaire », on change de dimension. Faire venir voter plusieurs millions d’électeurs volontaires suppose une organisation sans faille. Il faut du personnel formé aux procédures en nombre suffisant. Il faudra des représentants de chaque candidat, le dépouillement et la collecte devront suivre des procédures à la traçabilité indiscutable. Déjà que le soupçon est permanent à l’intérieur du parti entre les grands rivaux ! En effet, rien que pour les 150 ou 160 bureaux de vote prévus dans le Maine-et-Loire, il faudrait entre 500 et 600 personnes qualifiées pour garantir la bonne tenue du scrutin. Même avec 2 500 adhérents, je ne sais pas où on trouvera les volontaires quand on voit avec quelle difficulté on a recruté quelques délégués pour surveiller ici ou là le scrutin régional. Il y aura donc prétexte à contentieux et à refuser le verdict sorti des urnes. On peut donc craindre le pire.

Le niveau de la mobilisation est un autre risque.

A moins de 2,5 millions de votants, on frisera le ridicule. Comment notre électorat va-t-il recevoir cette initiative ? Je serai tenté de répondre : diversement, selon les régions et le tempérament local. En Anjou, où l’on n’aime pas s’afficher, je vois mal nos électeurs se précipiter vers les urnes d’un scrutin qui « étiquette », au vu et au su de tous. La participation est la clé de la réussite de l’opération. Encore faut-il que la campagne se passe bien, que les candidats se respectent, que les arguments ne volent pas trop bas. Le contexte ne pardonnera pas. Une campagne trop violente ou trop agressive débouchera inévitablement sur une … démobilisation. Sans compter que « le noyau dur partisan » chez les Républicains  n’est pas forcément prêt à jouer le jeu : pourquoi payer une cotisation à 25€ ou 30€ si avec 2€ on peut avoir les mêmes droits ! C’est une remarque qui revient souvent.

C’est donc facile à comprendre : il y a la nécessité d’une déontologie partagée si on ne veut pas mener l’opposition à la catastrophe. A quoi bon dire du mal du concurrent s’il faut au final voter pour lui, je vous le demande ? Personnellement, je ne ferai campagne pour personne. Je serai un observateur scrupuleux et intransigeant du respect de la règle du jeu. J’en rendrai compte sur le calepin. Et chaque candidat aura droit à sa part de compte-rendus et de commentaires. Surtout, ne pas perdre de vue l’objectif final : battre la gauche et l’extrême-droite.

Mais cette primaire est vraiment à hauts risques.

 


2016 : ETAT DES LIEUX (5) - L'ECONOMIE MONDIALE

Tintin Bonne annee neige

 

QUAND LA CHINE ETERNUE…

… C’est l’économie mondiale qui s’enrhume !

Le ralentissement chinois.

L’effondrement des bourses chinoises a provoqué une belle panique en ce début d’année : mouvements en tous sens des monnaies, forte volatilité des capitaux, cris d’alarme sur l’économie mondiale et annonce d’une nouvelle crise plus violente que celle de 2008… On a constaté comme effet une chute de tous les indices boursiers. Il faut dire que les Chinois nous ont raconté un conte merveilleux pendant 10 ans, celui d'une croissance à 10% alimentée par des exportations et celle de réserves de change énormes qui leur permettraient de s'acheter une partie du monde. En fait, cette croissance était gonflée par des surinvestissements bidons et des dettes colossales. Ils nous racontent maintenant une nouvelle histoire : c'est la transition d’une économie d'exportations et de surinvestissements publics vers une économie de consommation interne à rythme de développement moins rapide, avec l'émergence d'une classe moyenne. Seulement voilà, on ne change pas de modèle sans période d’adaptation. Le changement prend du temps, car il passe par une transition longue et difficile et cela fait bien sept ans que la Chine a pris ce chemin.  La durée de cette période de transition finit par inquiéter. Mais le ralentissement économique de la Chine n’est pas une nouveauté. Pour se relancer, elle va devoir, comme l'ont fait le Japon et l'Europe, laisser filer sa monnaie. La chute boursière n’est qu’un épiphénomène. En fait, elle est surtout due à la libéralisation décidée par le gouvernement chinois qui redonne la possibilité aux investisseurs de vendre librement leurs actions après des mois de contraintes. Quant à l’impact du ralentissement chinois sur la croissance mondiale, il a déjà eu lieu, il ne fait que continuer.

La croissance mondiale sera molle de toute façon.

Le vrai problème de la croissance mondiale date de 2008. La démographie, le poids des dettes et le développement de la technologie, viennent se surajouter au ralentissement chinois  si bien que nous entrons dans un monde d'inflation nulle et de croissance molle durable. Certains décrivent ça comme les effets de la transition vers la nouvelle économie. Celle-ci a déjà fait plonger les matières premières et les marchés émergents. Donc il ne faudra pas compter sur les « BRICS » sauf peut-être l’Inde, pour relancer l’activité. C’est facile à comprendre quand l’un des plus gros consommateurs d’énergie et de matières premières, la Chine, divise par deux ou par trois son taux de croissance. Et forcément tous les autres marchés sont impactés. Il suffit de voir comment le cours actuel du prix du pétrole met en difficulté l’économie de tous les pays producteurs qu’ils soient du golfe persique, russe ou américains du Nord ou du sud. D’autre part, en période de déflation et de croissance lente, la valeur des actifs monte rarement. Or la bourse américaine a triplé depuis 2009 : l’ajustement interviendra à un moment ou un autre, forcément. Une nouvelle secousse est inévitable. Ce qu’on appelle crise est en fait le passage à une nouvelle économie, et l’histoire nous enseigne que cela se fait toujours avec des à-coups et avec une volatilité qui restera forte sur les marchés. Le problème est aggravé par l’incapacité qu’ont certains pays à retrouver un rythme de développement dynamique : le Japon est un bon exemple d’économie plombée par le vieillissement de la population. Il est incapable de se relancer.

Et la France risque le coup de froid.

Christine Lagarde nous a avertis. Il n’y aura pas grand-chose à attendre de la croissance mondiale en 2016. La France va devoir affronter l’année plus faible que jamais. Elle n’a pas mis à profit la conjoncture très favorable constituée par « l’alignement des planètes » pour réduire ses handicaps financiers et se réformer. Les taux bas masquent le poids préoccupant de ses dépenses publiques.  Ils rendent la dette potentiellement explosive en cas de retournement de tendance. Le baril peu cher entretient l’illusion d’une restauration des marges des entreprises et d’une augmentation du pouvoir d’achat des ménages, quand la bataille de la compétitivité est loin d’être gagnée. L’euro faible dope nos exportations, et encore, sans vraiment raviver l’investissement. Face à cet échec avéré, la parade est toute trouvée. Ce sera la faute à la Chine, aux pays émergents, à l’Europe, à la Réserve fédérale, aux attentats… et pour preuve de leur volontarisme, les guignols qui nous gouvernent  pourront bientôt proclamer un état d’urgence économique et social. Mais la vérité est ailleurs. Elle sort de la bouche du ministre de l’Economie : si la croissance ne se décrète pas, elle se prépare, s’entretient et « dépend d’abord de notre volonté ». On avait les Raffarinades, on a maintenant les « Macronneries », nouvelle version des vérités de la Palice ! Le gouvernement s’est trouvé un Tartuffe.

 


2016 : ETAT DES LIEUX (4) - LA FRACTURE EUROPEENNE

Europe_le_volontarisme_politique

 

Avec les élections espagnoles, l’Europe bascule à nouveau dans l’incertitude.

Le fossé se creuse à nouveau entre les pays du Nord et ceux du Sud. Après la Grèce, puis le Portugal, c’est au tour de l’Espagne de quitter le chemin de l’effort et du redressement en sanctionnant le gouvernement sortant.  L’échec pourtant monumental de Syriza n’aura donc pas suffi. Aujourd’hui la Grèce qui a donné le pouvoir à Syriza, en est réduite à faire de la résistance pour retarder les réformes, et à chaque fois Tsipras doit manger un peu plus son chapeau. Le Portugal a choisi une coalition de gauche improbable et hétéroclite, pourtant battue, mais le score obtenu par le gouvernement sortant ne lui assurait pas la majorité absolue… d’un cheveu. Et évidemment le chômage repart à la hausse. Quant aux élections espagnoles, elles sont riches en enseignements. deux nouveaux partis émergent et viennent perturber le tête-à-tête entre le parti populaire et le PSOE qui n’obtient que 90 sièges. Podemos avec 69 sièges sur 350 et Ciudadanos avec 40 sièges ne sont pas en mesure de construire une majorité d’appoint dans chaque camp. Le parti Populaire de Rajoy, au pouvoir depuis 2011 est premier, mais avec 123 sièges seulement, il n'a pas la majorité non plus. Et donc, depuis bientôt un mois, l’Espagne n’a pas de 1er Ministre. Si on ajoute à ça le basculement de la Pologne, un autre bon élève européen, vers le populisme, on pourrait avoir un effet de dominos qui donne toutes les raisons d'inquiéter.

L'Allemagne et l'Europe sont à nouveau montrées du doigt.

Elles seraient responsables de tous les maux de ces pays et de la colère de leurs électeurs. Les critiques vont bon train de la part des leaders des nouveaux partis contestataires. A commencer par Podemos, qui s’est empressé de déclarer que l'Espagne ne serait plus le vassal de l'Allemagne. Matteo Renzi s’est fendu d’une interview au Financial Times dans laquelle il juge que c'est l'austérité imposée par l'Allemagne qui a provoqué ce mini-séisme, considérant qu'il avait désormais le droit de critiquer à la fois l'Allemagne et l'Union Européenne, car il a fait le job qu'on lui avait demandé. Pour lui, l'heure est venue de privilégier l'Europe de la relance à celle de l'austérité si on ne veut pas voir tous les pays basculer vers le populisme ou devenir ingouvernables. De quoi inquiéter l’Allemagne qui se retrouve de plus en plus isolée. Mais à quoi sert donc le « Quantitative Easy » de Draghi ?

L'Allemagne et l'Europe sont les boucs émissaires commodes.

On connait le discours : il est pratiqué en France par l’aile gauche de la gauche. Mais sans l'Allemagne et sans l'Europe, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, et le Portugal, seraient en faillite. Il est peut-être bon de le rappeler. Ces pays n'auraient pas pu surmonter leur crise de la dette. La baisse des taux, grâce à la BCE, mais aussi grâce à la garantie de l'Allemagne, permet à tous ces pays, et à la France au passage, d'économiser des dizaines de milliards d'euros. Les pays d'Europe du Sud, et la France aussi, veulent tous les avantages de l'Europe et de l'euro sans les inconvénients d'une gestion rigoureuse, voilà la réalité. L'Europe se retrouve donc à nouveau coupée en deux. Et on va à nouveau parler d'une Europe à deux vitesses. Cela n’empêche pas Tsipras, pour le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros que la Grèce a obtenu en Juillet, de préférer n'avoir que l'Union Européenne comme partenaire car il trouve le FMI trop exigeant et trop contraignant. Autrement dit, il il veut être tranquille et sait qu'il pourra manipuler plus facilement l'Europe. On ne fait pas mieux pour se moquer du monde : et pourquoi se gênerait-il puisque ça marche.

Un avenir bien incertain.

Reste maintenant à savoir ce qui va se passer avec la nouvelle crise boursière qui pointe le bout de son nez. L’Europe est chahutée, de tous les côtés, et particulièrement l’Allemagne, avec la crise migratoire ; la France a clairement annoncé qu’elle ne ferait pas les efforts demandés au nom de la lutte contre le terrorisme islamique ; l’Angleterre se dirige tranquillement vers le « Brexit »… En ce début d’année 2016, l’Europe pour laquelle tous les signaux de la croissance sont au vert, ne se présente pas au mieux de sa forme, c’est le moins qu’on puisse dire.  Ainsi sont les peuples européens : inconstants en général et ceux du Sud, inconsistants !


2016 : ETAT DES LIEUX (3) – LA GAUCHE DECHIREE, LA DROITE DISPERSEE

Bataille coqs

 

« La maison brûle, mais ils regardent ailleurs »… comme aurait dit l’autre.

L’année commence en effet sur un paysage bien morne. Les nerfs des Français sont mis à rude épreuve : à la crise sociale dont ils souffrent s’est ajoutée l’insécurité morbide créée par les attentats. On aura beau leur dire que le siècle précédent a eu son cortège d’indescriptibles barbaries, à commencer par celles de la seconde guerre mondiale, ils craignent à la fois le présent et l’avenir. Et chacun au fond de soi sait bien que de nouveaux actes de terrorisme ne peuvent être exclus. La prévention, seul moyen efficace de lutter contre nos ennemis de l’intérieur, ne suffira pas à les empêcher s’ils doivent se produire.  Ils n’ont donc aucune raison de se réjouir.

Un monde devenu subitement illisible.

La multiplicité des problématiques nouvelles auxquelles ce 21ème siècle commençant nous confronte, complique sérieusement la donne : les changements fulgurants industriels et commerciaux qui font de nous des victimes désarmées, l’air du temps qui devient irrespirable et l’alternance des saisons qui est chamboulée, les « valeurs » qu’on croyait « inaliénables » et qui brutalement deviennent fragiles au point de vaciller, tous les maux dont notre société souffre depuis si longtemps qui s’aggravent au lieu de s’atténuer : persistance du chômage, précarité galopante, incivilités récurrentes, jeunes en désespérance, … L’idée même de « nation » semble atteinte. Les gens ne reconnaissent plus le monde où ils croyaient vivre : des certitudes qui ont disparu et même de simples espoirs, autrefois naturels, qu’aujourd’hui on ne peut plus nourrir, comme celui d’assurer à ses enfants un avenir meilleur. Même les sacrifices n’ont plus de sens tant les malheurs de longue durée mettent en échec la solidarité nationale, pourtant si coûteuse, et le courage personnel.

Les politiques impuissants.

Nos dirigeants ne contribuent pas à redonner du sens à ce monde tant ils semblent perplexes devant la persistance des maux dont aucune thérapie n’est venue à bout jusqu’à maintenant. Les remèdes appliqués sont loin de produire les résultats escomptés. Jusqu’à l’offre politique, qui, en ce début d’année, contribue certainement à aggraver la morosité et ce manque de confiance dans l’avenir. La « classe politique », expression que je n’aime pas parce qu’elle est utilisée par les « poujadistes » de tout poil, le plus souvent avec mépris, n’est pas au mieux de sa forme. La gauche est allégrement déchirée par la politique sinueuse d’un président virevoltant, agitant les concepts comme on fait sauter les crêpes à la chandeleur. Elle se perd en débats oiseux dont celui sur la « déchéance nationale » est un exemple parmi tant d’autres. A vouloir piéger l’adversaire, on finit par se piéger soi-même. Le PS est profondément divisé, Macron pratique quotidiennement l’escroquerie intellectuelle pour mieux valoriser sa petite personne au puissant ego, Manolito avance à coups de mentons contre ses moulins à vent, les Verts sont devenus une pétaudière où les portes claquent, et l’extrême gauche en est réduite à être extrême par la petitesse de son influence. L’extrême-droite pavoise mais campe amèrement sur son échec et ses divisions internes affleurent  quand elles ne transpirent pas dans le procès père-fifille. La droite républicaine n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir. Mais au lieu de rechercher l’unité et d’approfondir son projet pour en faire un étendard fédérateur du peuple français, elle a mis en place une machine infernale pour se désigner un champion. Par son fonctionnement même, la « primaire » ne peut que fabriquer de la division. Et pourtant on le voit bien : qu’on se tourne vers l’un ou l’autre, les idées sont les mêmes, et comme il faut bien se différencier, on se perd en querelles byzantines.

Vademecum pour éviter une « annus horribilis ». 

Aux Français, il faudra d’abord s’armer de patience, continuer à refuser l’inacceptable, la barbarie, de s’insurger en silence pour ne pas céder à l’adversité. Puisque la société « s’ubérise », demander à chacun d’apporter sa propre contribution à la recherche des solutions, de se demander ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que de tout attendre de lui. De se faire un devoir de participer au débat national et d’encourager le civisme, de se sentir plus que jamais partie intégrante de la nation d’autant plus qu’elle est fragilisée par le communautarisme.  Et puis, ne pas céder aux sirènes des idées extrêmes qui, parce qu’elles le sont, ne peuvent nous apporter que des déconvenues supplémentaires.  Les reculs économique, social, sécuritaire, industriel, environnemental, plutôt que de nous abattre et nous diviser devraient au contraire nous galvaniser. Ce qui comptera en 2016, ce n’est pas vraiment le sort de nos hommes et femmes politiques mais les conditions du redressement du pays qui passe par des exigences que nous sommes encore loin de remplir.

 


2016 : ETAT DES LIEUX – LA BOULE DE CRISTAL DES PREVISIONNISTES

Fin du monde tintin

 

Avec le temps des vœux en tout genre, vient aussi celui des prévisions économiques. Chaque organisme y va de son analyse, statistiques à l’appui.

Sur 2015, tout le monde s’est planté !

Pour commencer, rappelons, histoire de prendre du recul, que  toutes les prévisions pour 2015 se sont révélées totalement fausses. En effet, il est frappant de voir à quel point personne n'avait prévu ce qui s'est passé. Au palmarès de l’erreur fatale : le pétrole. Qui aurait pu imaginer que l'Arabie Saoudite utiliserait l'arme de l'or noir de façon si brutale, au point de provoquer de graves déséquilibres dans son budget ? Même défaut d’appréciation en ce qui concerne les indices et les monnaies des pays émergents qui continuent à chercher leurs voies et à évoluer en dehors des prévisions. Au sujet des monnaies, la hausse du dollar avait bien été anticipée face aux fluctuations des monnaies des pays émergents mais contre celles des pays développés, le compte n’y est pas : on devrait être à la parité avec l'euro ou presque et on n'y est toujours pas. Les indices boursiers ne sont pas en reste : aux États-Unis toutes les grandes maisons et tous les prévisionnistes sont allés dans  le mur puisque les indices ont fini l'année dans le rouge ou au mieux à zéro. C’est le CAC qui a donné lieu aux écarts les plus fous avec une surenchère dans les prévisions : les plus pessimistes voyaient le CAC à 5200, mais les plus optimistes le mettaient avec une assurance déconcertante vers les 6000 points voire plus. Constatons simplement que nous sommes restés plantés autour des 4500 points. Peut-on en vouloir aux spécialistes de la prévision quand elle est devenue « imprévisible ». Car la réalité est là : les mouvements des marchés sont devenus de plus en plus erratiques et ce phénomène est amplifié par les masses de liquidités injectées par les banques centrales si bien qu'il devient impossible de faire des prévisions à 12 mois. Conclusion : pour 2016, évitions de prendre les prévisions pour des certitudes. Il y a gros à parier qu’elles seront toutes fausses.

Qu’est-ce qu’on nous annonce pour 2016 ?

Ce qui va se passer en 2016 est extraordinaire.  Les experts en stratégie et scénarios de toutes les agences spécialisées sont capables de nous décrire  dans le détail ce qui va nous arriver … et son contraire. Pour les marchés, les indices boursiers vont monter, surtout en Europe, considérée comme le marché préféré  des investisseurs. Les marchés émergents vont encore un peu souffrir mais ils devraient rebondir en cours d'année, quant au roi-dollar, c’est certain qu’il se renforcera car la FED va continuer à monter ses taux d'intérêt et on devrait enfin aller vers la parité avec l’euro. Pour les matières premières, à commencer par le pétrole, elles vont continuer à glisser un peu avant de rebondir. Madame « Soleil » va même plus loin : si l’on en croit les mêmes experts, qui sont tous d’accord », il n'y aura pas de Brexit, Hillary Clinton va gagner les élections aux États-Unis, Dilma Rousseff va rester à son poste bien que son pays s’enfonce dans le désordre, le Japon va enfin rebondir car les Abenomics vont fonctionner, la Chine va dévaluer sa monnaie et les Russes vont finalement participer aux Jeux Olympiques … Une cerise sur le gâteau : je vous l’annonce, c’est la Belgique qui gagnera l’Euro 2016 ! Vous conviendrez avec moi que tout ça est un peu trop « précis » comme avenir et vous aurez raison car les même prévisionnistes ont aussi prévu… l’imprévisible. Mais si ! Par exemple que le pétrole remonte sous l’effet d’un conflit régional (et c’est bien parti entre l’Iran et l’Arabie), que l'inflation se réveille subitement, que la Chine s'effondre au lieu de se stabiliser et que Donald Trump gagne les élections… Dans le même registre, la croissance européenne pourrait accélérer tandis que la croissance américaine freinerait brutalement, et tout cela affirmé avec la même autorité. Le marc de café associé à la boule de cristal.

Et la réalité !

On observe déjà l’effondrement des bourses asiatiques qui déteint sur les autres places mondiales. Les liquidités flottantes sont telles que, en effet, tout peut arriver, à commencer par une explosion de l’énorme bulle spéculative mondiale alimentée par le déluge de capitaux déversés par les Américains puis par l’Europe… sans vraiment réveiller l’économie réelle. On sait que dans ce concert, la France joue une partition fausse. Elle est devenue le boulet de l’Europe voire de l’économie mondiale, et n’est pas du tout, mais alors pas du tout, préparée à une nouvelle catastrophe financière. Pire, son endettement ne lui permettrait vraisemblablement pas de garantir les dépôts bancaires… comme en 2008 ! Et elle s’apprête à une manipulation sur le nombre des chômeurs qui coûtera 1 milliard d’euros, au lieu de s’atteler aux vraies causes du chômage !!!

Après moi le déluge !

En bref, en 2016, tout peut arriver. Mais ça, vous le saviez déjà !

 


2016 : ETAT DES LIEUX – RETOUR SUR 2015

La croissance en panne

 

Commençons par le nerf de la guerre : l’économie.

Voici deux aperçus significatifs sur l’économie de la France : la croissance et l’épargne.

 

La croissance.

Si l’on en croit les discours officiels complaisamment relayés par des médias serviles ou aux ordres, nous aurions terminé l’année avec une reprise de croissance qui aurait permis à notre pays d’atteindre les objectifs que Bercy s’était fixé. Il suffit de s’appuyer sur les faits pour s’apercevoir que c’est une supercherie de plus.  Certes, factuellement, les statistiques du ministère de l’Economie font état d’une progression de 1,1% sur l’année 2015. C’est un trompe l’œil !

Le premier économiste venu fera observer qu’au cours de la période, la France a bénéficié d’un environnement ultra favorable : le pétrole, qui a perdu les 2/3 de sa valeur, a apporté un supplément de croissance de 0,4 à 0,5% ; les taux d’intérêt, historiquement bas grâce à la BCE, constituent un appoint majeur pour les acteurs économiques, lui aussi de 0,4 à 0,5% en impact positif ; enfin l’euro, qui navigue au-dessous de 1.10 $, est à un niveau très avantageux pour l’économie française que l’on peut évaluer prudemment à au moins 0,3% de supplément de croissance. Faites-le compte : Ces trois facteurs favorables nous ont forcément rapporté au moins 1,3% d’activité supplémentaire.

La réalité apparait alors toute crue : en 2015, la France n’a pas progressé. Au mieux, elle a fait du surplace, plus vraisemblablement elle a régressé de 0,2 à 0,5%. C’est un constat. Il explique pourquoi nous avons plus de 5,7 millions de chômeurs et de précaires. Et nous permet de comprendre pourquoi ça ne redémarre pas vraiment.  La vérité, c’est que notre modèle économique, dirigiste et paperassier, détruit de la croissance et donc l’emploi.

D’ailleurs nos voisins,  qui bénéficient du même environnement ultra-favorable ont tous fait entre 1,5% et 2,5% de croissance réelle.

C'est le constat d'un terrible échec politique et d'une incompétence politique qui a été sanctionnée lors des dernières élections, comme on sait. Comment ne pas se révolter !

On pourrait rêver d'un réveil en 2016. Mais voilà, il faudrait pour cela que les « planètes » restent alignées et que nos gouvernants changent leur fusil d’épaule (de la gauche à la droite). Autant dire que le cauchemar ne peut que continuer. D’ailleurs le FMI commence à alerter sur les tendances faiblardes de la croissance mondiale. Et de plus, malheureusement pour nous, nous sommes déjà entrés en période électorale : les annonces de pépère en témoignent, le chéquier à la main. Nous allons frôler les 100% du PIB avec notre dette : gageons que ce seuil sera allègrement franchi. Pendant ce temps, l'Allemagne serait en dessous des 75%.

Déprimant !

 

L’épargne.

Avec la crise, les Français sont des fourmis.  Nous avons, malgré notre croissance nulle, malgré ou à cause d’un chômage dramatique, un des taux d'épargne les plus élevés au monde. Il est le signe d'un manque de confiance dans l'avenir. Et aussi, compte tenu de ce qui est expliqué ci-dessus, le signe  d'un manque de confiance total dans la capacité de l'État à faire face. Les Français voient bien que les réformes ne sont pas faites ou pas à la hauteur et s’inquiètent à juste titre du paiement des retraites. Les Français épargnent  beaucoup et ceux qui le peuvent gèrent donc cette épargne au mieux.

L'année 2015 en est une belle illustration.

Ils ont tout d'abord sorti l'argent de leurs livrets d'épargne qui connaissent une décollecte record. Ils ont compris que le Livret A n'était plus un placement à long terme, avec un rendement en-dessous de 1%. Tout au plus peut-il servir à de l’épargne de précaution. Une première décision emprunte de sagesse.

Cet argent, ils ont préféré le placer sur l’assurance-vie qui a connu un succès considérable. Et avec une inflation nulle et des rendements supérieurs à 2%, tout en gardant l’avantage d’une vraie liquidité, cela s’est avéré judicieux. Nouvelle bonne décision.

Les plus astucieux sont allés jusqu’à mettre quelques œufs dans le panier boursier, avec un marché français qui finit l’année sur une performance raisonnable, même si elle n’est pas spectaculaire avec un gain de 10 à 15%sur l’année.  D’ailleurs, ils ne l’ont pas fait sans précaution : ils ont placé à travers des fonds logés dans leur assurance-vie, ce qui permet une fiscalité avantageuse,  ou à travers le PEA, une des dernières niches fiscales.

Enfin, c’est aussi un réflexe connu, les Français ont investi dans l’immobilier.

Globalement, ils ont obtenu des rendements supérieurs à l’inflation. Comme quoi, même avec une gauche confiscatoire, on peut encore s’en sortir.

Voilà le vrai visage de la France : un pays immobile, avec une économie bloquée et des Français qui épargnent dès qu’ils le peuvent. Un cercle vicieux qui s’auto-alimente, mais qui conduit au gouffre.