2016 : ETAT DES LIEUX – RETOUR SUR 2015
03 janvier 2016
Commençons par le nerf de la guerre : l’économie.
Voici deux aperçus significatifs sur l’économie de la France : la croissance et l’épargne.
La croissance.
Si l’on en croit les discours officiels complaisamment relayés par des médias serviles ou aux ordres, nous aurions terminé l’année avec une reprise de croissance qui aurait permis à notre pays d’atteindre les objectifs que Bercy s’était fixé. Il suffit de s’appuyer sur les faits pour s’apercevoir que c’est une supercherie de plus. Certes, factuellement, les statistiques du ministère de l’Economie font état d’une progression de 1,1% sur l’année 2015. C’est un trompe l’œil !
Le premier économiste venu fera observer qu’au cours de la période, la France a bénéficié d’un environnement ultra favorable : le pétrole, qui a perdu les 2/3 de sa valeur, a apporté un supplément de croissance de 0,4 à 0,5% ; les taux d’intérêt, historiquement bas grâce à la BCE, constituent un appoint majeur pour les acteurs économiques, lui aussi de 0,4 à 0,5% en impact positif ; enfin l’euro, qui navigue au-dessous de 1.10 $, est à un niveau très avantageux pour l’économie française que l’on peut évaluer prudemment à au moins 0,3% de supplément de croissance. Faites-le compte : Ces trois facteurs favorables nous ont forcément rapporté au moins 1,3% d’activité supplémentaire.
La réalité apparait alors toute crue : en 2015, la France n’a pas progressé. Au mieux, elle a fait du surplace, plus vraisemblablement elle a régressé de 0,2 à 0,5%. C’est un constat. Il explique pourquoi nous avons plus de 5,7 millions de chômeurs et de précaires. Et nous permet de comprendre pourquoi ça ne redémarre pas vraiment. La vérité, c’est que notre modèle économique, dirigiste et paperassier, détruit de la croissance et donc l’emploi.
D’ailleurs nos voisins, qui bénéficient du même environnement ultra-favorable ont tous fait entre 1,5% et 2,5% de croissance réelle.
C'est le constat d'un terrible échec politique et d'une incompétence politique qui a été sanctionnée lors des dernières élections, comme on sait. Comment ne pas se révolter !
On pourrait rêver d'un réveil en 2016. Mais voilà, il faudrait pour cela que les « planètes » restent alignées et que nos gouvernants changent leur fusil d’épaule (de la gauche à la droite). Autant dire que le cauchemar ne peut que continuer. D’ailleurs le FMI commence à alerter sur les tendances faiblardes de la croissance mondiale. Et de plus, malheureusement pour nous, nous sommes déjà entrés en période électorale : les annonces de pépère en témoignent, le chéquier à la main. Nous allons frôler les 100% du PIB avec notre dette : gageons que ce seuil sera allègrement franchi. Pendant ce temps, l'Allemagne serait en dessous des 75%.
Déprimant !
L’épargne.
Avec la crise, les Français sont des fourmis. Nous avons, malgré notre croissance nulle, malgré ou à cause d’un chômage dramatique, un des taux d'épargne les plus élevés au monde. Il est le signe d'un manque de confiance dans l'avenir. Et aussi, compte tenu de ce qui est expliqué ci-dessus, le signe d'un manque de confiance total dans la capacité de l'État à faire face. Les Français voient bien que les réformes ne sont pas faites ou pas à la hauteur et s’inquiètent à juste titre du paiement des retraites. Les Français épargnent beaucoup et ceux qui le peuvent gèrent donc cette épargne au mieux.
L'année 2015 en est une belle illustration.
Ils ont tout d'abord sorti l'argent de leurs livrets d'épargne qui connaissent une décollecte record. Ils ont compris que le Livret A n'était plus un placement à long terme, avec un rendement en-dessous de 1%. Tout au plus peut-il servir à de l’épargne de précaution. Une première décision emprunte de sagesse.
Cet argent, ils ont préféré le placer sur l’assurance-vie qui a connu un succès considérable. Et avec une inflation nulle et des rendements supérieurs à 2%, tout en gardant l’avantage d’une vraie liquidité, cela s’est avéré judicieux. Nouvelle bonne décision.
Les plus astucieux sont allés jusqu’à mettre quelques œufs dans le panier boursier, avec un marché français qui finit l’année sur une performance raisonnable, même si elle n’est pas spectaculaire avec un gain de 10 à 15%sur l’année. D’ailleurs, ils ne l’ont pas fait sans précaution : ils ont placé à travers des fonds logés dans leur assurance-vie, ce qui permet une fiscalité avantageuse, ou à travers le PEA, une des dernières niches fiscales.
Enfin, c’est aussi un réflexe connu, les Français ont investi dans l’immobilier.
Globalement, ils ont obtenu des rendements supérieurs à l’inflation. Comme quoi, même avec une gauche confiscatoire, on peut encore s’en sortir.
Voilà le vrai visage de la France : un pays immobile, avec une économie bloquée et des Français qui épargnent dès qu’ils le peuvent. Un cercle vicieux qui s’auto-alimente, mais qui conduit au gouffre.
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