CE QUE J’ATTENDS D’UNE « REFONDATION »
27 juin 2019
D’abord, cessons de vivre avec des mythes.
A commencer par celui de l’UMP. J’en ai été le premier secrétaire fédéral en Maine-et-Loire, je sais de quoi je parle. Elle n’a jamais atteint l’objectif qui lui était assigné : passer la barre des 50% d’électeurs en réunissant la droite et le centre. Si dans notre département elle pouvait frôler les 46%, en moyenne, c’était autour de 40%. Encore fallait-il compter avec une UDF résiduelle transformée en Modem pour nous tirer dans les pattes avant d’essayer de tirer les marrons du feu au second tour. Grâce au scrutin majoritaire à deux tours, elle a été néanmoins efficace sinon pour gagner -on a perdu municipales et régionales – du moins pour faire barrage au Front National, ce qui était après tout le souci de Jacques Chirac. Pourtant il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour que les états d’âmes centristes ne contribuent à déliter l’assemblage initial RPR-UDF. Si bien que « Les Républicains » étaient devenus finalement un parti majoritairement issu du RPR avec quelques résidus centristes-libéraux. D’ailleurs les scores électoraux en manifestaient la déliquescence, passant progressivement sous le seuil des 30%, pour atteindre à peine 20% à la dernière présidentielle. Vouloir ressusciter une « Union de la droite et du centre », c’est poursuivre le même mythe. Cela ne veut pas dire que l’espace politique n’existe pas.
Rappeler les fondamentaux.
Issu de l’UDF, j’ai en commun avec mes amis venus d’autres horizons, un certain nombre de lignes directrices qui orientent la politique et dans lesquelles les Français pourraient se retrouver majoritairement : la liberté économique qui préfère le libéralisme et se méfie du dirigisme, le souci de la rigueur de gestion budgétaire, l’attachement à l’ordre social fondé sur l’égalité des chances et l’ascenseur social, la certitude d’appartenir à une identité nationale porteuse de valeurs universelles dans une République « une et indivisible », le devoir de sécurité dû à nos concitoyens… Ces fondamentaux sont aujourd’hui menacés par le dirigisme technocratique, l’emballement de la dette et l’accumulation des déficits, la progression de la pauvreté fruit d’une politique inepte fondée sur un fiscalisme confiscatoire dans une société bloquée ou la désespérance l’emporte sur la foi en l’avenir, le communautarisme larvé et la lâcheté devant l’islamisme qui ronge notre société et ses valeurs, l’incapacité à assurer l’ordre et la sécurité de nos concitoyens. Nous avons donc une responsabilité immense. Notre devoir est de dénoncer cette situation avec force, d’autant plus que nous devrons passer outre à la barrière médiatique qui fera tout pour nous empêcher de nous faire entendre. On l’a vécu lors de la dernière élection pour les européennes.
Apporter des solutions aux vrais problèmes.
Plus que d’un positionnement ou d’une étiquette, nous avons besoin de nous mettre au travail pour apporter des réponses concrètes aux problèmes quotidiens vécus par nos compatriotes. Ces problèmes nous pouvons les lister : le chômage, le déficit, la fiscalité, la compétitivité de nos entreprises, les déséquilibres des territoires, le communautarisme, la réponse au défi migratoire, le retour d’une éducation nationale qui « transmette », l’insécurité qui gangrène bien des quartiers, et aussi l’abstention en se posant la question : y a-t-il un lien avec l’exemption fiscale ? Le groupe du « Comité de renouvellement » formé de jeunes élus républicains de toutes sensibilités a pris une initiative qu’il convient d’encourager. Nos jeunes auraient-ils tout compris ? En proposant des ateliers de réflexion et en abordant les sujets tels que « réinventer l’alimentation », « réinventer le logement », « réinventer le handicap », … je crois qu’ils prennent les problèmes par le bon bout, celui qui peut être compris par nos concitoyens. Mais par-dessus tout, qu’on nous épargne une nouvelle course aux « egos » qui nous conduirait avec certitude à la catastrophe non seulement pour notre camp, mais aussi pour la France, en empêchant une alternance démocratique.
Ni populiste, ni progressiste : modéré !
Entre le populisme de Marine Le Pen, qui passe son temps à dénoncer mais ne propose jamais de vraies réponses aux difficultés de notre pays, et le progressisme d’Emmanuel Macron, qui confond bougisme et véritable progrès, et qui à force de vouloir concilier les contraires en est réduit au suivisme de certains lobbys quand ce n’est pas l’immobilisme, pour finalement s’en remettre aux technocrates, il y a une large place pour les modérés, gens de bon sens et pragmatiques. Modéré ne veut pas dire mou ni indécis. C’est l’approche de la vie politique qui a toujours donné le plus de progrès pour nos compatriotes. Oui, il faut être modéré face aux rodomontades d’un Trump, oui, il faut être modéré face aux hurlements de Mélenchon, oui, il faut être modéré sur les sujets sociétaux quand la science peut faire de l’être humain un apprenti sorcier, oui, il faut être modéré quand il s’agit de fiscalité… La modération n’exclut ni l’imagination ni le courage, et n’empêche pas d’avoir des convictions pour peu qu’elles s’accompagnent de l’ouverture d’esprit. Les graves problèmes posés par les déficits et la dette peuvent être compris par les Français si on s’y attaque posément et sans brutalité, tant il est possible d’engager la gestion rigoureuse en en partageant les bénéfices avec tous. Sur tous les sujets, les exemples ne manqueraient pas pour faire l’éloge de la modération. Plus fait douceur que violence, conclurait La Fontaine. C’est cette droite-là que j’appelle de mes vœux.