HISTOIRE
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L’ECONOMIE VUE PAR LE PLOMBIER

économie plomberie

 

Voilà une démonstration parlante et concrète qui va vous permettre de comprendre comment fonctionne l’économie mondiale. Je l’ai tirée de l’excellente lettre de Marc Fiorentino et ne résiste pas à l’envie de vous en faire profiter.

Partons du vieux problème de la baignoire que tous ceux de ma génération ont eu à résoudre :

« Une baignoire a une contenance de 150 litres. Elle a 3 robinets. Le premier peut la remplir en 3h, le second en 5h et le dernier en 10h.
Sachant que la baignoire a une fuite de 35 litres par heure :
- Combien faut-il de temps, malgré la fuite, pour remplir la baignoire en ouvrant les 3 robinets simultanément ?
- Et combien aura-t-on consommé d'eau ? »

La baignoire, c’est l’économie réelle.

Mais c’est une baignoire qui se remplit difficilement, comme le montrent les faibles taux de croissance et surtout les taux faibles d’inflation, alors que les banques centrales y déversent des milliards de litres de liquidités (les  politiques de Quantitative Easy). Mais la baignoire fuit.  Et pas  qu’une fuite !

Trois trous béants : démographie, technologie, révolutions sociétale.

Ces trois trous proviennent de la démographie qui explose, de la technologie  qui nécessite beaucoup d’investissements et provoque beaucoup de transformations  des  modèles économiques, de la révolution sociétale que suscitent l’environnement, des « millenials » la génération qui balaie  tous les codes, et donc la déconsommation et bientôt la décroissance qui vont avec, sous la pression écologiste et des changements de mentalité. Résultat : plus les banques centrales déversent leurs liquidités et moins l’impact sur la croissance réelle et l’inflation est fort car les trous s’agrandissent.

Les mauvaises dérivations.

Mais le problème de plomberie n’est pas le seul. Il y en a un autre : cette masse phénoménale d’argent qui ne reste pas dans la baignoire  ne va pas là où il faudrait. Elle ne se volatilise pas, elle va dans des réservoirs immenses : ceux des actifs financiers et immobiliers, entre autres. Et c’est là où le bât blesse : dans ce jeu de tuyaux, il y a l’énorme dérivation du système financier. Car si l’inflation réelle est faible, celle des actifs est explosive. L’argent qui ne reste pas dans la baignoire du fait des trois trous béants s’écoule, à travers le gros tuyau du système financier, dans des réservoirs qui débordent : la Bourse, l’immobilier et toutes les classes d’actifs. Au lieu d’alimenter l’économie réelle !

Déperdition de l’économie productive.

D’un milliard de litres d’eau déversés dans la baignoire de l’économie réelle, il ne reste peut être que 100 000 litres…une goutte d’eau, les 999 900 000 litres restants vont dans les réservoirs d’actifs. Cette gigantesque dérivation entraîne une frustration grandissante du côté de l’économie réelle et un phénoménal gonflement des réservoirs d’actifs,  avec comme conséquence une autre explosion,  par le haut, celle des inégalités. Les banquiers centraux ne comprennent pas que la baignoire est percée, et même s’ils le comprenaient, ils ne sauraient pas boucher les trous. On voit bien que les politiques comprennent encore moins,  d’autant moins qu’ils profitent de la masse de liquidités dans les réservoirs d’actifs pour financer leurs dettes et déficits. Une spirale sans fin qui ne peut déboucher que sur une catastrophe. Ainsi s’explique qu’on est 2 200 milliards de dette publique et 4 000 milliards de dette  privée.

C’est simple non ?

Bon, il nous faut un plombier….Vite, très vite ! On comprend les inquiétudes de Christine Lagarde et ce qui l’attend à la tête de la BCE…

 

 


MIGNONNE ALLONS VOIR SI LA ROSE…

Podium du tour

 

La sortie de Fatima Benomar qui demande qu’on retire les  jeunes filles qui remettent les bouquets sur le podium du Tour de France, au nom du féminisme, me  fait bondir.

C’est un rituel incontournable, à la fin de chaque étape de la Grande Boucle : les gagnants du jour grimpent sur le podium, accueillis par deux élégantes jeunes femmes qui les aident à enfiler leur maillot avant de conclure par une bise sur la joue. Tradition sexiste ?  Il  y a bien assez à faire  avec le voile islamique et la burqua, sans parler du scandale de l’excision,  autrement dégradants pour la condition des femmes.  Mais surtout quelle méconnaissance de notre culture  qui puise  ses racines dans le monde gréco-romain. J’ai envie de crier : « A moi Praxitèle ! ». Oui, nous avons hérité du culte de la beauté que  les Grecs puis les Romains ont sacralisée avec la plastique féminine. Faudra-t-il retirer de nos musées les statues grecques et romaines qui les peuplent ?  Faudra-t-il censurer la « Naissance de Vénus », chef d’œuvre de Boticcelli ? Faudra-t-il renoncer aux défilés de haute couture,  animés  par des mannequins triés sur le volet ?  Faudra-t-il renoncer  à élire nos « miss quelque chose » à commencer par « Miss France » ? Et que dire de « l'origine du monde » de Courbet, avec  son gros  plan sur le sexe féminin !!!  Les Grecs et les  Romains avaient le culte du beau et nous ont transmis le  goût  pour l’esthétique dont le corps féminin est devenu le symbole. 

Plus près de nous la geste « courtoise »,  qui a codifié les relations entre les femmes et les hommes, à travers la « courtoisie » qui permettait et permet encore je l’espère, de reconnaitre un homme « bien élevé », nous rappelle l’attention que les hommes doivent porter aux femmes, à commencer par le respect…  Alors oui, il y a un métier qui consiste  à être « hôtesse ». Dans notre culture, une jolie femme est une façon de mettre en valeur un événement. C’est une tradition,  et il n’y a là aucune discrimination, mais plutôt une admiration qui se perpétue. Il n’y a que dans les cerveaux malades  que peut prospérer l’idée d’une ségrégation, à  moins que ce ne soit l’expression d’un égalitarisme forcené. Une telle interprétation ne peut reposer que sur une culture lacunaire et l’ignorance.  Fatima Benomar devrait réserver ses forces pour lutter contre l’obscurantisme  où il y a beaucoup à faire par les temps qui courent.

Pour ma part, je continuerai de célébrer la Femme comme « l’avenir de l’Homme » , comme le chantait Jean Ferrat et je garderai en référence le  poème de Ronsard : « Mignonne allons voir si la rose … ». Je déplore que dans notre classe politique,  personne n'ait pensé à rappeler  ces fondamentaux et l'on a dû supporter en plus les inepties de Mme Schiappa.

Non mais !

 


BOJO AU PIED DU MUR

Boris Johson

Boris Johnson a obtenu ce qu’il voulait : il campe désormais au « Ten » (10 Downing Street). Une rue qui pourrait bien porter son nom avec son arrivée : « la rue en pente » !  Car la place, il l’a obtenue avec une surenchère sur le Brexit qui risque fort de se retourner comme  un boomerang.  Fidèle à lui-même, il a commencé par réclamer  une renégociation du traité  obtenu par Theresa May. Fin de non-recevoir de Michel Barnier  sur le même ton. On en est là.  Le 31 octobre verra-t-il  le Royaume-Uni sortir de l’Union sans accord ? L’hypothèse devient très probable. Car on ne voit pas comment Le  fougueux Boris  obtiendrait ce que Theresa n’a pas obtenu après 3 ans de négociations.

Pourtant un « Hard-Brexit »  serait désastreux économiquement.

Les  conséquences  d’une sortie sans accord sont autant sous-estimées qu’occultées et d’autant plus redoutables que personne ne s’y est vraiment préparé. Les britanniques devraient ouvrir les yeux. Le  Brexit leur coûte déjà très cher :  perte de croissance depuis 2016, chute de 20% de la Livre, regain d’inflation, effondrement de l’investissement, chute vertigineuse des entrées de capitaux divisées  par trois… Autrement dit, s’il   y a une certitude au bout du chemin c’est  celle de la  récession économique assortie d’un choc financier pour la City qui n’aura pas de période  d’adaptation pour gérer ses relations financières avec l’Union.

Les conséquences politiques sont encore  pires.

On ne voit pas comment la démocratie britannique va pouvoir retrouver son équilibre devant cette fuite en avant populiste, incarnée par les trois leaders Jeremy Corbin, Nigel Farage et Boris Johnson, qui se révèlent incapables  de mettre fin à l’instabilité gouvernementale et à la paralysie du parlement. A  croire qu’aucun n’a en tête l’intérêt supérieur du pays. Le Brexit menace même l’unité de la nation, car il ne manquera pas de relancer la revendication indépendantiste de l’Ecosse aussi bien que la reprise de la lutte armée par l’IRA en Irlande du Nord puisque aucune solution ne peut-être trouvée pour la frontière entre les deux Irlandes.

L’Europe aura sa part  du fardeau.

Même si le continent peut minimiser les effets d’une sortie sans accord, il n’est pas pour autant immunisé. Toute récession est forcément communicative,  d’autant plus que le  contexte n’est  pas brillant : trou d’air de l’Allemagne, ralentissement mondial. L’union sera-t-elle aussi unanime qu’elle  l’a été jusqu’à maintenant ? Le dernier sommet a montré des divergences de stratégie, et  la France n’est pas  sur la même ligne que l’Allemagne.  Pour l’instant le front tient, mais jusqu’à quand …

Les marchés financiers sont fragiles.

Une secousse comme celle d’un hard Brexit pourrait avoir des conséquences désastreuses.  Dans un paysage dominé  par le ralentissement  de l’activité et la montée des risques qu’une expansion monétaire incontrôlée, le gonflement des bulles spéculatives, la volatilité des actifs, rendent tout choc périlleux. L’augmentation des dettes publiques  et  le développement du marché de l’ombre non régulé sont des facteurs d’amplification  en cas de déclenchement de la crise. Et cette fois-ci les  Etats seront bien démunis  car  on ne voit pas comment ils auraient les  moyens de réagir, ayant déjà épuisé toutes leurs marges de manœuvre avec la politique de la planche à billets. Un choc sur la City dont l’importance reste encore prépondérante sur la planète financière, provoquerait  inévitablement une cascade « d’ajustements » impossible à mesurer.

Le Parlement ne veut pas d’une sortie sans accord.

Mais Boris Johnson, malgré ses gros bras et ses coups de menton  n’a pas  résolu  le problème  sur lequel Theresa  May a buté : le Parlement britannique a certes refusé de voter l’accord qu’elle a négocié,  mais il a voté aussi le refus de la sortie sans accord.  Et  encore dernièrement il a voté  en ce sens en obligeant BoJo  à passer par lui. Insoluble !  Il  ne resterait alors que le retour devant les électeurs.  Des élections générales très périlleuses avec  des populistes prêts à tous les mensonges, même les plus gros pour faire  gagner leur camp.  Sans aucun respect  pour l’intérêt supérieur de leur pays. Avec une quasi-certitude : les conservateurs en paieraient le prix par une lourde défaite et le « crash » de BoJo…  

Si les « Anglais » imaginent recouvrer seuls la  maîtrise de leur destin, face aux empires qui dominent actuellement le  monde, ils risquent de voir ce rêve se terminer en cauchemar. Quant à la main tendue de Trump, elle est trop  intéressée pour être honnête. Le Royaume-Uni ferait  bien de se  méfier.

 


MA REVUE DE PRESSE COMMENTEE

 

Quand délation vaut condamnation.

Dans la  jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir…  Rugy a  finalement  jeté l’éponge sous la pression du feuilleton des révélations de Médiapart .  Une technique habituelle pour ce  média qui fait de la délation son métier. Le coup de grâce : un montage de défiscalisation pas très clair….  Une semaine après, on s’aperçoit qu’il  n’y avait  pas scandale, sous réserve de plus ample informé.  Le  problème c’est  qu’il n’est jamais possible d’attendre que les  faits soient établis, la sanction de l’opinion publique est impitoyable. Le « robespierrisme » se porte bien.  Mais ceux qui coupent les têtes feraient bien de se méfier. Ils devraient se rappeler comment Robespierre  est  mort.

Encore plus de transparence.

C’est comme les lessives  avec Coluche : « Plus  blanc  que Blanc, c’est  quoi ? ». La  Rem veut encore plus de transparence après l’affaire De Rugy. Et on se demande : « plus transparent que transparent, c’est quoi ? – invisible ? ». Voilà à quoi on arrive dans ce monde où l’éthique se fait rare. A ne pas  confondre avec les tics, ni les tiques (celles-là elles prolifèrent). Cependant trop c’est trop. L’exigence de  pureté va la rendre suspecte ! Et on finira par élire des ectoplasmes. On aura au moins la transparence !

La disparition de la déclaration.

On ne pourra plus dire à Bercy qu’on l’aime. 12 millions de contribuables n’auront plus à déclarer leurs revenus.  Dormez en paix braves  gens, l’Etat s’occupe de tout.  Plus rien à déclarer  et pour beaucoup, souvent les mêmes, plus rien à payer. Douce  France  … pays de l’insouciance. Et  après  on voudrait que les Français soient des gens responsables ! Pourtant ce qui suit n’est pas drôle.

La dette publique.

Alerte rouge sur la dette « hors bilan » (Les Echos). Ah, vous ne le saviez pas, il existe des engagements « hors bilan », c’est la dette dite « implicite ».  Par exemple la provision visant à honorer les retraites futures des agents publics se monte à … 2 400 milliards d’euros.   Avec  une myriade d’autres  engagements,  ça monte à 4 000 milliards d’euros, et ça augmente de 360 milliards par an ! Et le drame,  c’est que le Parlement n’a aucun contrôle sur cette dérive. Alors Bercy peut bien se vanter de  gratter 9  milliards d’économies du fait des taux bas sur la dette implicite (100% du Pib), c’est une goutte d’eau dans la mer. La  signature de la France ne tient que par les 5 300 milliards d’épargne des Français : nous sommes tous les cautions de la dette publique.  Quand on observe que le débat à l’Assemblée  se focalise sur  moins de 10 milliards d’économies budgétaires, on est vraiment loin du compte : en comparaison,  la dynamique haussière des deux dettes atteint des sommes facteur 10 ! La dette  boule de neige n’est pas une hypothèse virtuelle,  alors que les ressources n’ont jamais été aussi rares.

Réforme des retraites.

Le rapport est enfin sorti. On a compris que l’âge de départ serait reculé à 64 ans (dit âge pivot). Delevoye nous a pondu un projet bien techno,  bien enveloppé, qui fusionne tous les régimes en un régime  universel  par points, qui dépossède les  partenaires sociaux et qui donnera aux gouvernements la haute  main sur les  montants par le  biais du prix accordé au point. Déjà,  les cadres sont menacés d’une baisse de leur pension. Application en 2025. On en reparle à la rentrée.

Habits de clown.

« Qu’est-ce qu’elle  a pas dit là ! » Nadine est  incorrigible.  Elle a osé dire que la  porte-parole du gouvernement s’habillait comme un  clown, ce qui est vrai, et que la référence au kebab était impropre à la gastronomie française, ce qui est encore vrai.  Accusation aussitôt en racisme !  Tellement facile. Nadine dit tout haut ce que beaucoup  pensent tout bas ! Qu’on se le dise !

On a marché sur la Lune.

Un anniversaire qu’il ne fallait pas  manquer et qui arrive  à point nommé comme  marronnier  pour les médias : il y a 50 ans « on marchait sur la Lune ». De quoi réactiver Jules Verne, Cyrano de Bergerac et évidemment Tintin, Tonnerre de Brest !  Tant pis  pour les adeptes du complot, Neil Amstrong  a bien mis le pied sur notre satellite. Et ce fut un authentique exploit ! 

Macron explose le budget.

Dépensier notre Président, bien plus que De Rugy. Il a dépassé son budget de 5,6 millions d’euros en 2018.  Par ces temps de disette budgétaire et  de déficits récurrents, ça fait un peu tache, non ? Il faudrait peut-être donner l’exemple et pas se  contenter de pérorer dans la lucarne pour exhorter les Français à se calmer.

Le nouveau monde.

Il  ne s’agit pas de celui de Macron, il est virtuel. Non, il s’agit du nouveau monde économique. Un monde avec une croissance molle et une inflation contenue, des taux nuls, voire même négatifs. Les États, mais aussi les entreprises (et un jour peut-être les particuliers ?) empruntent à taux négatifs, c’est-à-dire qu’on les paye pour leur prêter de l’argent. Les anciennes théories ne fonctionnent plus. Les politiques de relance des banques centrales auraient dû, en théorie, faire grimper l’inflation, mais elle reste basse, du fait de causes structurelles comme la démographie, l'impact déflationniste de la technologie et l'évolution sociétale vers la déconsommation subie ou volontaire. Conséquence : les raisonnements classiques ne fonctionnent plus. Il va falloir réécrire les traités d’économie. Mince !

Et vous trouvez ça normal  !

Eglises vandalisées, cloches volées de deux chapelles du Haut Var, statue du Général De Gaulle dessoudée à Evreux  ... Et on voudrait nous faire croire que la  France va bien !

 

 


LA FRANCE DANS LA PEAU !

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Nicolas Sarkozy vient de publier « Passions », un ouvrage dans lequel il a rassemblé ses souvenirs d’une vie politique bien remplie. C’est à la fois une chronique, des mémoires, une introspection, des portraits. C’est toujours une rencontre avec l’Histoire vécue. On est frappé d’abord par l’aspect fouillis d’un recueil qu’on sent écrit d’un seul jet, sautant d’un sujet  à l’autre sans fil conducteur apparent. On ne tarde pas à se rendre compte qu’il y en a un : l’engagement politique au service d’une « certaine idée de la France », avec une évidence que le récit foisonnant met en scène : une énergie jamais démentie. Sarkozy se raconte, il  empile les souvenirs depuis ses débuts en politique jusqu’à  son élection en 2007, vécue un peu comme un aboutissement,  ce qui n’empêche pas quelques  flashes sur son quinquennat. Au fil des pages, c’est le portrait d’un homme qui se dessine comme une incarnation de la France. Nicolas Sarkozy se livre, et tous ceux qui le connaissent le reconnaissent, tant son ouvrage transpire de sincérité et d’authenticité et se veut le reflet honnête d’une vie consacrée à l’amour du pays, placé au-dessus de tout.

Sincère.

C’est la  première impression qui ressort de la  lecture des premières pages : voilà un homme qui aborde  les sujets et les anecdotes qui lui reviennent sans aucun artifice.  Et quand il affirme « moi, on ne m’a rien donné, j’ai dû prendre, me servir moi-même » on le croit d’autant plus que nous sommes nombreux  à  pouvoir témoigner des obstacles que ses amis  ou adversaires n’ont jamais cessé de dresser devant lui  pour l’empêcher d’avancer. A chaque page, on reconnait celui qu’on a rencontré, côtoyé, tel qu’en lui-même.  Jamais l’image qu’on en a gardé n’est déformée par le récit qu’il  nous propose.

Authentique.

Ce qui intéressera le lecteur, me semble-t-il  c’est  le feuilleton complexe  de ses relations avec Jacques Chirac. Qu’il se soit appuyé sur lui, comme le jour où il lui permet de prendre la parole dans un  meeting, ou qu’il se soit imposé à lui en se rendant incontournable, ce sont des rapports qui peuvent passer du glacial au plus chaleureux.  Cela tient certainement aux deux tempéraments, mais aussi et surtout au talent d’organisateur,  à la force de conviction,  au dévouement jamais démenti, à l’enthousiasme communicatif de Nicolas Sarkozy. Avec  un moteur,  toujours  le même : la  soif d’avancer, la  volonté de brûler les étapes pour atteindre ce qu’il désire.  Ainsi il  devient maire, député, ministre, … et président.  Sa recette : l’énergie, les  convictions et l’amour de la France et des Français. Un leitmotiv : rassembler !

Honnête.

Mais Nicolas Sarkozy fait aussi preuve d’une grande honnêteté. Il sait reconnaître ses failles  et ses erreurs. Lui qui aime tout faire sait aussi faire confiance  et parfois mal la placer, à ses dépens, et le reconnaitre ensuite. On surprend dans le récit alors une grande humilité. Ainsi ses déboires avec Patrick Buisson… Certes, il n’est pas tendre avec François Bayrou, et on comprend pourquoi, mais l’ouvrage est aussi l’occasion de quelques jugements bien sentis  et pas volés. Il décrit avec beaucoup de pudeur ses relations avec François Fillon, complexes et quelques peu décevantes,  un peu comme le jeune cerf qui ferait profil bas devant le « dominant ». Pourtant, quel que soit la  personne visée, ça n’est jamais gratuit ni méchant, on reste dans le factuel, ce qui explique « qu’il n’en veut à personne » et on a envie de le croire. On partage même souvent ses constats. Je n’ai qu’une petite réserve, c’est son jugement sur Roselyne Bachelot. Il parle peu d’elle et l’expédie en disant qu’elle est méchante. J’ai pourtant connu une Roselyne très sarkozyste avant 2007, ne tarissant pas d’éloges sur le patron de l’UMP qu’il était devenu.  Il est vrai qu’elle n’a pas apprécié ce qu’on a appelé alors la « droitisation » sous  l’influence de Patrick Buisson. Et comme elle a son franc parlé…

Nicolas Sarkozy n’en a probablement pas fini avec la France et les Français. 

Et on se prend à pester contre toutes ses affaires montées  contre lui.  Il n’est vraiment pas tendre avec Hollande et  les  flèches qu’il lui décoche sont acérées. L’affaire Bettencourt s’est terminée par un non-lieu.  Il avait déjà eu à faire face à l’affaire Clearstream dont on comprend qu’elle avait pour but de l’éliminer au profit de Villepin. Le  complot fomenté par la gauche aidée  par une justice de connivence est d’une toute autre ampleur.  Le non-lieu de Tapie, le dossier du financement libyen qui s’avère complètement vide, autant d’accusations qui tombent mais qu’on a ressorties à bon escient pour nuire à ses candidatures.  Quel  homme  politique aura été autant accusé, villipendé, haï ! Et pourtant, sa sérénité étonne. Elle est celle de celui qui se sait innocent et qui a la certitude que justice lui sera rendue. En attendant, quel dommage pour la France et les Français. Imaginons seulement qu’il ait battu Hollande : la  France n’en serait pas là où elle est aujourd’hui.  Comme disent les  parlementaires qui l’ont rencontré récemment au Sénat : « Quel dommage de se priver  d’un tel talent ! ».

Il est bon de penser qu’il est toujours disponible. Sait-on jamais !

 

Nicolas Sarkozy, PASSIONS, Editions de l'Observatoire.


MA REVUE DE PRESSE COMMENTEE

Presse

Droite moderne.

Et un groupuscule de plus.  LR devient une mosaïque de chapelles. Geoffroy Didier crée son micro parti « Droite moderne ».   Un courant « progressiste » pour quoi faire ? Déjà le mot me fait fuir. Je pense comme Sarkozy (Passions, p. 258) : « Dès qu’apparait le moindre désaccord, la division semble devenue inéluctable. Ainsi Valérie Pécresse a créé Libres, Xavier Bertrand La Manufacture, Bruno Retailleau Force Républicaine… à l’arrivée, je crains fort que chacun sera déçu…  Le  seul chemin à suivre est celui du rassemblement. »  Un seul parti n’empêche pas le débat. 

Dépenses publiques.

L’exécutif renonce à baisser les dépenses publiques (figaro 15/7) . Les grandes orientations de la prochaine loi de finances ne sont pas à la hauteur de l’ambition réformatrice qu’affiche le gouvernement qui baisse les bras. Les mesures de soutien au pouvoir d’achat des Français décidées après la crise des « gilets jaunes » pèsent 27 milliards d'euros. Elles ne seront pas contrebalancées par des mesures d'économies. Aucune économie structurelle n’est prévue.

Retraites.

L’exécutif renonce aux mesures d’économies de court terme. Il   attendra la réforme « systémique ». Ce renoncement va  poser un problème budgétaire pour l’an prochain. Un de plus. On cherche  le courage , mais on n’en trouve nulle part !

De Rugy.

Victime des « fouille-merde » qui tuent la démocratie, le Ministre de l’Ecologie a fini par démissionner face à  l’avalanche des révélations orchestrées  par  Mediapart. Le  chœur des  pleureuses  misérabilistes s’en est donné à cœur-joie. Ce n’est pas que les faits incriminés soient délictueux (comme pour Fillon), ni même vérifiés, mais la  « transparence » interdit de mettre le  doigt dans le pot  de confiture. Au nom de la morale !  Comme  il en a été l’un des chantres  exalté, il est rattrapé  par la patrouille… Moralité : la trahison ne paie pas, la délation oui. Piètre consolation. Car Marine Le Pen engrange… 

Cour des comptes.

Après avoir étrillé le gouvernement sur son laxisme financier et budgétaire, ce sont les « régimes spéciaux » qui sont dans son collimateur. Dans son rapport, elle épingle les conditions dont bénéficient les salariés de la SNCF, la RATP ou EDF.  Rien de nouveau en fait,  mais on croyait que le problème avait été résolu. On part en retraite en moyenne à 55,7 ans à la RATP ou 56,9 ans à la SNCF (63 ans en moyenne pour le régime général). Avec, en plus, des retraites très confortables : 3705 euros pour la RATP ou encore 2636 euros pour la SNCF et les écarts se sont creusés depuis 10 ans. Sans parler des avantages en nature… Pendant ce temps-là on réfléchit à rendre moins favorables les reversions des autres retraités. Et si on faisait grève pour protester ?

Immobilier.

Conséquence de la politique des banques centrales, les taux des crédits immobiliers continuent leur chute. Un nouveau record historique vient d’être battu : 1,25%, c'est le taux moyen des crédits immobiliers. Et rien ne semble indiquer un ralentissement de la baisse. La question qu’il faut se poser : pourra-t-on avoir un jour des taux d'intérêt négatifs ?  Mais sans attendre, c’est le moment d’acheter !

Rigueur.

Malgré des taux très négatifs, l'Allemagne ne veut pas profiter de l'opportunité pour devenir déficitaire et creuser sa dette. Au contraire, elle a annoncé que sa dette chuterait en dessous des 60% du PIB (100% pour la France). Il y aura donc de moins en moins d'emprunts d'État allemands à vendre et par conséquent de plus en plus de demande de placement insatisfaite. Donc des taux encore plus bas.... Trop tentant pour la France qui choisit le  laxisme !

Ursula.

Ursula Von der Leyen a reçu le soutien de 383 parlementaires, 327 ont voté contre et 22 se sont abstenus. Elle sera donc la prochaine présidente de la Commission Européenne. Le PPE s’en sort bien. Macron va faire la grimace, Orban a voté pour elle. La crise politique a été évitée. L’Europe va  pouvoir avancer.

Débordements.

Casse de certains «gilets ­jaunes», violences d’une ­partie des supporteurs ­algériens… le jour de la fête nationale !  Images d’une France à la dérive avec un exécutif qui fuit les solutions  et croit pouvoir tenir en dépensant de l’argent qu’il n’a pas. Et qui se révèle incapable de gérer l’afflux des  migrants.  La  France est le pays où le nombre de clandestins pèse de  plus en plus lourd. Le coût de l’allocation pour demandeur d’asile explose. Le pays va mal et ça se ressent.

 


L’HOMME VRAI FACE A L’HOMME ARTIFICIEL

Humanoide

 

« Etre de son temps… »

Il faut être  « progressiste », sinon vous êtes définitivement ringards !   Etre progressiste, c’est faire  du progrès, conçu aujourd’hui comme une sorte de fourre-tout qui remplace le concept par le  jugement ex-abrupto, ce progrès qui se contente de ce qui paraît mieux, le principe de toute  évolution. Il s’exprime préférentiellement par le tweet et se contente de  la  pensée approximative, remplaçant par un gloubi-boulga insupportable toute référence un peu philosophique ou approfondie sur la nature même de l’être humain. Si la  science ou la technologie « permet », alors  c’est le  « progrès »,  cela ne se discute même pas. L’autre moteur du progressisme, c’est la  fuite en avant des droits individuels, ce que certains ont appelé la  génération « j’ai le  droit », particulièrement en vogue. Au nom de ce principe on énonce des égalités  qui n’en sont pas, et on revendique ensuite le  « droit de  les satisfaire ». C’est une conception purement matérialiste de  l’Homme, elle débouche sur les projets  progressistes que sont le transhumanisme, la  PMA sans père  et sa cousine la GPA, l’euthanasie-suicide, quand ce n’est pas l’antispécisme… La morale, l’éthique ? Des mots d’un autre temps ! Ainsi, notre ami Geoffroy Didier balaie le questionnement sur la PMA  de  cette  expression aussi vide que creuse : « il faut être de son temps » !  Personnellement,  je juge  cette  attitude et la réflexion qui l’accompagne pitoyables !  Ce mouvement qui fait penser à de la repentance pour s’adapter au monde, et gagner ainsi des voix, témoigne d’une conception bien méprisable de l’engagement politique. Si pour « être de son temps » il faut renoncer à avoir des convictions  profondes, alors c’est triste, mais c’est surtout effroyable,  parce  qu’au bout, on discerne la fin de la nature humaine.

Une conception de  l’Homme.

J’ai la faiblesse de penser que les valeurs d’une société dépendent de la conception que l’on se fait de l’être humain. La question de son essence même n’entre  pas dans le champ des programmes  politiques. Elle n’est pas une option ou un choix. Pour  moi, elle est de nature intemporelle et n’a  pas de rapport avec  les cadres habituels du débat politique. Je ne peux  me résoudre à réduire l’être humain à un simple assemblage de cellules, sans parler de la  dimension intérieure qui l’anime et le  relie à autrui. La solution aux problèmes du genre humain n’est certainement pas d’en changer la nature anthropologique.  Qui ne voit que ce que l’on propose aujourd’hui sur la filiation, la maladie et la  mort n’est rien d’autre qu’une « artificialisation » de  la nature humaine,  traité  en objet et non en sujet. On s’apprête à nous imposer la PMA sans père  qui sera inévitablement suivie de  l’adoption de la GPA au nom du sacro-saint principe d’égalité. D’ailleurs dans quelques années, on n’aura même  plus besoin ni d’homme ni de femme pour procréer : tout se fera par fécondation in vitro dans un utérus artificiel… sans se  poser la question de la nature de l’être ainsi créé. Je trouve bien triste de vouloir effacer des siècles de littératures, de débats philosophiques sur l’Homme et sa  place  dans le monde. Exit Platon et Saint-Augustin, aux orties Sénèque et Aristote, à la poubelle  Descartes et son raisonnement, et comment oublier  les  apports de Diderot, Montesquieu, Hegel, Tocqueville, Blaise Pascal et ses « paris »,  Jean d’Ormesson et son « qu’est-ce que je fais là ? »…   Là, pourtant, se trouve encore la clé de l’humanité. Et  le grand malheur des « pédagogistes » c’est d’avoir  contribué à les faire  oublier. S’adapter au monde, c’est  les relire, sans cesse, toujours et encore. Là est le salut. Car  « le progrès » n’a  jamais résolu  la question du « sens » et s’il peut modifier nos vies matérielles, par la « soif d’avoir » le plus souvent, il  ne peut pas grand-chose pour nos âmes. Faire de la politique, c’est aussi s’astreindre aux questionnements fondamentaux qui sous-tendent depuis toujours les choix idéologiques de nos sociétés, ce que manifestement Marlène Schiappa ne fait pas, et que le « progrès » ne doit pas nous faire oublier. Un peu de transcendance ne ferait pas de mal, que diable !