BECHU EST-IL FACHE AVEC L’HONNETETE INTELLECTUELLE ?
07 juin 2019
Christophe Béchu a voulu tourner le dos à sa famille politique, c’est son choix. Il est respectable, encore que…
Mais depuis qu’il a rejoint le camp de la REM, je trouve qu’il multiplie les accommodements avec les faits, surtout quand il se prétend toujours de droite. Passons sur les conditions dans lesquelles il a provoqué le changement d’affectation de son ami Capus, muté en quelques heures de n°2 de la liste Des Républicains à tête de liste « En Marche » pour les sénatoriales. Il veut, dit-il, que Macron réussisse pour éviter l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. En soit, c’est louable, sauf que ça le conduit à soutenir une politique dont il a toujours combattu nombre des choix : le libéral qu’il était approuve aujourd’hui la politique dirigiste du gouvernement dont on mesure l’efficacité avec les dossiers Général Electric, Ascoval ou encore Renault-Fiat ; le gestionnaire partage sûrement la fuite en avant des dépenses publiques pratiquée par le gouvernement de son ami Philippe ; et le catholique que j’ai connu, plutôt défavorable au mariage pour tous, va certainement soutenir le projet de « PMA sans père » et l’artificialisation de la filiation qu’il officialise.
Du relativisme argumentaire.
Christophe Béchu lance une association nationale pour rassembler les maires macronistes, en vue des municipales. Et à cette occasion il donne une interview à l’hebdomadaire Le Point dont le contenu contient des affirmations « discutables », en restant poli. Je lui laisse son jugement sur la participation électorale à tout juste un électeur sur deux qui le réjouit. Il explique la défaite des socialistes et des Républicains par le fait qu’ils ont fait de l’opposition systématique. Généralisation hâtive et curieuse conception de la démocratie. Il est vrai que le Macronisme n’aime pas ce qui s’oppose. Sans doute Christophe Béchu soutiendrait-il la réforme du règlement de l’Assemblée nationale qui restreint les droits de l’opposition, comme si la Nation se réduisait à un parti politique aux ordres d’un Président qui serait répartiteur du temps de parole… sauf pour lui. J’ajouterai que faire référence à la période où la droite a été au pouvoir pour critiquer ses prises de position par exemple sur les dotations aux collectivités locales, en s’affranchissant des contextes qui peut les expliquer, est une ficelle pas très honnête. La droite n’a plus été au pouvoir depuis 2012 et sous-entendre qu’elle n’a pas réformé est une contre-vérité. Il oublie les 80 réformes réalisées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy malgré la crise de 2008. Il n’est pas certain que Macron en réalise autant. Je ne partage pas du tout son avis sur l’action qui est menée : le Président parle beaucoup mais agit peu, et quand il agit, il le fait mal : la réforme de la taxe d’habitation est une erreur monumentale, la réforme de la formation professionnelle aussi. Cette recentralisation qu’il aurait combattue en un autre temps, il semble aujourd’hui s’en accommoder. La vérité, c’est que le pouvoir actuel mène une politique « radicale-socialiste » shootée à la dépense publique et ne réforme qu’à la marge. Et si le pays est en crise et en triste état, ça n’est pas le fait de l’opposition, mais bien celui d’une gouvernance inadaptée et inefficace. Les Républicains n’ont cessé de tirer le signal d’alarme sur le mécontentement qui couvait dans la France profonde depuis le début de l’année 2018, sans jamais être ni entendus ni compris par une majorité arrogante et sûre d’elle-même. Soutenir Macron dans ces conditions, c’est faire le lit du Rassemblement national.
Etre de droite exige de la cohérence.
« On peut ne pas avoir voté LR et rester pour autant de droite, non ? Continuer de penser que le travail, le mérite et la liberté sont des valeurs essentielles, que l'assistanat n'est pas une solution, que notre pays a besoin de réformes, que diminuer les dépenses publiques est un impératif et qu'il faut se garder de tout angélisme et naïveté sur l'immigration... ? » dit-il, mais alors comment peut-il être solidaire d’un gouvernement qui pratique tout le contraire : jamais l’assistanat n’a autant fleuri, jamais le communautarisme ne s’est aussi bien porté jusque dans les quartiers d’Angers, jamais les déficits n’ont été aussi importants puisque nous sommes la lanterne rouge en Europe et les champions du monde des prélèvements, quant à la naïveté sur l’immigration j’aimerais savoir ce qu’il pense des 255 000 titres de séjours accordés en 2018…
En politique, il n’y a pas de défaite, il n’y a que des échecs.
Les Républicains viennent de connaître un grave échec malgré une campagne enthousiasmante. Les causes en sont multiples, comme toujours et les conséquences douloureuses, bien que les résultats de ce genre de scrutin soient rarement « fondateurs » de quelque chose de durable. Pourtant ce qui est sidérant c’est le déluge d’indignité généré par une partie de la classe politique, assorti d’une sorte de jubilation hystérique de la part de certains. Ceux qui rêvent de se partager les dépouilles du parti, lepénistes d’un côté, marcheurs de l’autre, unis dans un songe commun, pourraient bien en être pour leurs frais. Le pire est venu du comportement des transfuges de LR qui après avoir trahi par opportunisme –personne ne croit à la fable « des valeurs »- se comportent aujourd’hui en charognards cyniques, faisant penser à ces pillards qui font les poches des victimes d’une catastrophe : ceux d’Agir, en première ligne, qui se ruent pour chercher à affaiblir un peu plus les Républicains, n’hésitant pas comme Frédéric Lefebvre ou Thierry Solère à pratiquer l’outrance, comme s’ils voulaient exorciser leurs démons – quand je m’entends traité d’hyperdroitisé, c’est du même ordre que Clémentine Autain qui juge Macron ultralibéral- . La dignité leur a définitivement échappé. Mais voilà, il se trouve encore chez les Républicains des gens qui ont des convictions. Celles-ci sont nobles et respectables. Des discours emprunts d’humanisme de Bellamy, je ne retranche pas une seule virgule. Le parti se relèvera. « Tenons bon, soyons fermes, soyons fidèles… » et il nous restera l’honneur. Ce qui manque tant à ceux qui nous dénigrent.
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