HISTOIRE
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CHOUETTE, HULOT QUITTE LE NAVIRE !

N.HULOT
 

 

Le  navire serait-il en train de sombrer ?

La décision a été annoncée au débotté dans une « matinale » à la radio. Hulot a décidé de quitter  le  gouvernement sans tambours ni trompettes, surtout avec la suprême inélégance de ne prévenir ni le Premier Ministre ni le Président de la République. Du jamais vu. On le savait colérique,  mais quelle marque de mépris ! Quel orgueil ! Avec  cette excuse minable d’avoir eu la crainte d’être « retourné » une fois de plus s’il les en avait informés. Une confidence qui confirme  son caractère immature. Quant au prétexte, il est risible  et d’ailleurs démenti vigoureusement par celui qu’il  incrimine, le conseiller des chasseurs, et dont les arguments  sont  tous vérifiables. Il voulait donc faire  mal. Il aura réussi visiblement même si la  réaction de Macron  s’est voulue mesurée en la jouant « grand prince ». Hulot voulait faire un « coup d’éclat »  médiatique, c’est pourquoi il a attendu que le souffle de l’affaire Benalla retombe. Il fait carton plein : on n’a  parlé que de ça hier et ça va durer quelques jours. Ainsi va le  « nouveau monde » !

On ne lui dira pas  merci.

Les  Français sont parait-il  majoritaires (55%) à  penser que son départ est une mauvaise chose pour la France.  Ils ne sont pas rancuniers. Je n’en suis pas. Je paie chaque fois que  je fais le  plein de mon réservoir d’essence,  « plein  pot »  sa conception de  la transition énergétique. Hulot pratique l’écologie punitive comme naguère sa consoeur Royal. Son plan éolien est une ineptie coûteuse comme le dénonce Jean-Marc Jancovici. Je lui reproche aussi sa participation à l’abandon du projet  d’aéroport de Notre-Dame des Landes,  en dépit de  la  volonté majoritaire exprimée  par  les habitants, ce qui dénote de sa part le souci d’imposer ses idées au mépris  de  la  démocratie : cela s’appelle la tyrannie de l’idéologie. Ce qui me permet de dénoncer au passage une certaine inconséquence, puisque le nombre des vols ne diminuant pas, le trafic se détourne sur Paris où il va ajouter ses nuisances à toutes les pollutions dont souffre la région Ile-de-France. Comme si la centralisation était la meilleure des choses. Et c’est donc au nom de cette tyrannie idéologique qu’il  préfère aujourd’hui démissionner. La  planète s’en remettra.

Le cynisme se paie toujours.

Le  Président de la République ne s’est jamais caché que son ministre « de la Transition écologique » était d’abord une prise de guerre pour étouffer électoralement les écologistes, au même titre que les débauchages pratiqués à droite et à gauche. Il faut croire que le cynisme élyséen était devenu insupportable au point de provoquer ce départ, non pas inattendu car il  couvait depuis quelques  temps, tout au moins inopiné. Le départ fracassant de Nicolas Hulot du gouvernement marque la faillite de cette pratique cynique. Il  faut y voir aussi le manque de marge de manœuvre laissé aux ministres pour mener leur action, Hulot comme les autres, par un  Macron jupitérien de qui tout doit procéder. De quoi décevoir la très haute opinion que Nicolas Hulot a de lui-même,  confortée  par son aura populaire. Il n’a pas supporté l’inconfort des contraintes gouvernementales,  les arbitrages perdus vécus comme des humiliations, et la vision du « en  même temps » peu compatible avec des certitudes considérées comme indiscutables. Les raisons de fond que l’ex-ministre de la Transition écologique a invoquées le démontrent : Emmanuel Macron n’a pas recruté Nicolas Hulot pour servir des convictions écologiques profondes. D’ailleurs, aux dires mêmes de l’ex-ministre, le bilan écologique de  son passage au gouvernement est particulièrement faible. Ce qui est, heureusement, vrai.  En effet, rien ne sert d’être plus écologiste que le  reste de la planète dans notre petit hexagone, sinon à s’auto-flageller. 

Une autre transition écologique est possible.

Aussi, nous ne nous reconnaissons pas dans bon nombre des propositions de cette écologie décliniste et  souvent irresponsable au regard des impératifs économiques. Nous sommes, pourtant, convaincus que la priorité écologique ne peut plus être absente d’un projet crédible pour l’avenir de la France. Comme  l’écrit Bernard Accoyer, « Depuis plusieurs décennies, la droite a toujours été au rendez-vous de l’écologie et de la protection de l’environnement. Tous les présidents de la République appartenant à notre famille politique et, récemment encore, … Nicolas Sarkozy, qui a voulu le Grenelle de l’environnement, ont inscrit la dimension écologique au cœur de leur action. Aujourd’hui, alors que notre planète, que notre environnement au quotidien sont confrontés à des mutations, voire à des menaces, considérables, il nous revient de renouveler notre réflexion, de refonder les bases d’une véritable écologie de droite. » A la vision dogmatique et punitive, qui conduirait à la ruine nos agriculteurs, nos industriels et qui interdit les grands projets d’infrastructures, nous préférons une écologie de projets respectueuse du développement économique et social, qui concourt à la préservation de nos paysages et de  nos terroirs. C’est  une écologie qui s’appuie  sur l’innovation technologique,  porteuse d’emplois, qui oblige  aux changements des habitudes et  des modes de vie en faisant confiance au génie humain et à la capacité des sciences à trouver des solutions. Cette écologie positive peut relever tous les défis. Nous pouvons faire de la France un pôle mondial d’influence diplomatique, scientifique et industriel en matière de l’écologie et du développement durable.  C’est le chemin auquel les Républicains réfléchissent et qu’ils proposeront.  

 


LE « POUVOIR D’ACHAT », CURIEUSE OBSESSION

Pouvoir d'achat 3

 

Le sacro-saint « pouvoir d’achat ».

Darmanin prétend baisser les impôts pour donner du « pouvoir d’achat » aux Français, Wauquiez  veut « qu’on rende l’argent aux Français »  avec  le même but. Si on regarde à gauche et du côté  des extrêmes, on trouvera des discours ayant la même préoccupation avec des modalités  différentes…
Bref,  le « pouvoir d’achat » c’est l’alpha et  l’oméga de la politique française. S’il  y a des revendications pour l’augmenter, je n’ai trouvé personne pour expliquer vraiment d’où il vient,  et c’est pourtant essentiel.  Le « pouvoir d’achat » des ménages n’est que la résultante de la richesse produite qui permet aux entreprises et à l’Etat de verser des salaires. Excusez-moi d’enfoncer le clou !

On peut comprendre la nécessité de l’augmenter en période d’inflation pour compenser la hausse des prix ou pour partager de la meilleure façon une prospérité effective. Pourtant la France n’est pas dans une période d’excédent de richesse, ce serait plutôt  l’inverse,  quant à  l’inflation, elle vient tout juste de redémarrer à 2,3% après une longue période de stabilité des prix. Alors cette idée fixe d’augmenter le « pouvoir d’achat »  doit bien avoir une justification. Et cette justification, on la connait, elle est une aberration économique : il faut augmenter le « pouvoir d’achat » pour relancer la croissance par  la consommation.

Le jeu malsain de l’Etat-providence.

Comme les entreprises ne sont pas en situation de pouvoir augmenter les salaires, à quelques exceptions près, c’est la puissance publique par  le  jeu de la fiscalité qui va se charger d’en distribuer.  On va donc ponctionner  les  uns pour redonner aux autres,  avec  une justification imparable –la justice sociale-, de façon à relancer la production par la consommation. Créer une demande pour augmenter l’offre… Au passage, précisons que comme  le niveau de ponction fiscale a atteint un niveau quasi-confiscatoire, nos technocrates augmentent la marge de manœuvre en recourant à l’emprunt,  qui gonfle la dette.  Tout irait pour le mieux si c’était les entreprises hexagonales qui profitaient de la  manne providentielle. Mais nous sommes en économie ouverte  et il y a belle lurette que les chemises, chaussures, articles ménagers et autres smartphones ne sont plus fabriqués chez nous. Ce sont donc les  entreprises chinoises, indiennes ou coréennes qui vont être mises à contribution et donc des produits importés que nos concitoyens vont acheter.  Pour 100€ de « pouvoir d’achat » supplémentaire, 70€ vont aux importations. De ce  fait, notre balance du commerce extérieur est lourdement déficitaire.

Nos politiques marchent sur la tête.

La  quête du « pouvoir d’achat » est profondément démagogique. Le poids des prélèvements obligatoires, des charges et de la fiscalité la plus lourde d’Europe font déjà que notre croissance potentielle endogène est poussive, entre 1% et 2% du PIB. En la stimulant artificiellement, comme nous faisons depuis plus de trente ans (rappelez-vous la « cagnotte » de Jospin, sous Chirac), et en exceptant celle de 2010, vraiment utile, justifiée par la crise de 2008, nous creusons un peu plus à chaque relance, déficits, dette et chômage… Pour une raison toute simple : le petit plus de recettes du PIB produit par 1,5% de croissance, soit environ 35 milliards d’euros, avec son cortège négatif d’augmentations d’impôts et de déficits publics, est largement repris par les 65 milliards de déficit commercial, même si les produits importés génèrent de la TVA. En réalité, à chaque fois,  la France s’appauvrit un peu plus. Et comme notre contexte socio-économique est déprimé, la croissance induite s’essouffle tout de suite si elle n’est pas confortée par l’environnement extérieur. Ce qui vient de se produire : 2,2% en 2017, 1,7% (peut-être) en 2018, 1,5% prévu en 2019.

Il y aurait mieux à faire.

Il faudrait arrêter de prendre  le problème à l’envers et commencer par se  préoccuper de restaurer notre capacité  à créer de  la richesse  en redonnant à toutes nos entreprises, pas seulement les grandes, les marges de manœuvre nécessaires. La tâche est énorme, tant le retard accumulé est important. Il faut que nos entreprises  se  modernisent, rattrapent leur retard en robots  et en informatique, se spécialisent davantage, ce  qui nécessitent des investissements sur plusieurs années.  Il faut susciter les vocations exportatrices : nous n’avons que 124 000 entreprises tournées  vers l’export quand les Allemands en ont 300 000. Il faut permettre aux start-up  de devenir PME,  et aux PME de devenir ETI. Cela suppose des politiques fiscales adaptées avec un allègement drastique des charges, il faut   moderniser les rouages de support à l’action internationale,  comme le fait la Région des Pays de la Loire. Nos gouvernants devront avoir  la  force  d’âme de résister à l’appétit des investisseurs internationaux pour notre dette, ce qui maintient des taux encore très  bas et entretient la facilité de l’emprunt. Il faudrait certainement travailler  plus et revenir enfin sur les 35 heures qui coûtent 20 milliards par an à l’Etat. Et viser le plein emploi qui sera la récompense  des  efforts déployés. Personne ne parle du plein emploi ! Pourtant l’atteindre éviterait  bien des réformes compliquées dès lors que les cotisations seraient au rendez-vous ! Ensuite, le temps viendrait d’augmenter le  « pouvoir d’achat »… comme la résultante logique, une fois notre balance commerciale rétablie. Après, et seulement après !

Quand j’entends que nos technocrates au pouvoir se préoccupent de faire un plan contre la pauvreté, je crains le  pire. Quelle meilleure lutte contre la pauvreté que de procurer des emplois à ceux qui n’en ont pas et de la stabilité à tous les précaires. C’est le meilleur plan qu’on puisse mettre en place.

 


LA FRANCE VA MAL !

Ena

 

C’est la rentrée pour l’exécutif. Pas encore pour les Français dont beaucoup traînent encore leur flemme sur les plages ou ailleurs. Tout le monde nous dit que ça va mal pour Macron et que son équation de rentrée est compliquée. On veut bien le croire : Jupiter en a pris un sérieux coup derrière la crinière avec l’affaire Benalla et son premier recul sur la réforme de la constitution. Mais c’est la France qui va mal. Beaucoup à cause de sa politique, mais pas seulement.

Une équation politique compliquée.

Il paraît qu’il ne faut pas qu’il arrête les réformes. Il a besoin de maintenir son tropisme « libéral » pour continuer de capter un centre-droit qui commence à lui échapper. Mais qu’a-t-il de libéral ? Il faut que l’intelligentsia parisienne, Yves Tréhard y compris, arrête de le présenter comme tel. S’il s’agit des réformes votées depuis un an et demi, il y a de quoi rester sur sa faim en matière de libéralisme. Aucune n’a vraiment transformé en profondeur le secteur qu’elle visait, qu’il s’agisse du droit du travail, de la formation professionnelle, de la sécurité et de l’immigration. La suppression partielle de l’ISF et la « flat tax » de 30% sur les revenus mobiliers ont de quoi faire hurler la gauche et l’ultra gauche, mais c’est un libéralisme de banquier. Les effets alimentent la valse mondiale des milliards  qui tournent au-dessus de nos têtes sans vraiment toucher l’économie réelle. On a surtout vu un renforcement de la fiscalité tous azimuts et de l’emprise technocratique sur l’Etat et les collectivités par le biais de la suppression de la taxe d’habitation et des dotations.  On est loin du rêve libéral qui libérerait nos entreprises. Alors ne nous étonnons pas que les résultats ne soient pas au rendez-vous : croissance molle, chômage persistant, commerce extérieur à la rue, et encore et toujours déficits publics et dette… D’autant plus que l’Allemagne émettant de moins en moins de titres pour cause d’excédents budgétaires, les investisseurs internationaux privilégient la dette française, permettant de maintenir des taux bas. Donc, rien d’étonnant, les fondamentaux de la politique de Macron sont les mêmes que ceux de Hollande.

Le « en même » temps et l’omnipotence de la technocratie.

Le fonctionnement de la démocratie est altéré par l’arrivée du macronisme. Il a tué le débat démocratique en même temps que la technocratie, relayée par les ministres qui en sont issus, a pris le pouvoir s’accommodant fort bien de la disparition provisoire des « clivages ». La France est devenue une « technocrature ». A tel point qu’un tiers des ministres ne sont même pas connus des Français. On peut parler de dictature de la technocratie qui fait imposer sans concertation des décision stupides comme la limitation de vitesse à 80km/h généralisée,  méprise les fonctions décentralisées entre les mains des collectivités territoriales, et impose –le mot n’est pas trop fort- le prélèvement à la source pour parachever son pouvoir. En effet, au premier janvier prochain, la France va entrer dans une ère nouvelle : celle du paiement de l’impôt qui supprime le consentement du contribuable. L’impôt sera prélevé sans qu’il ait son mot à dire. Avec la suppression envisagée de l’argent liquide, c’est un état fiscaliste  Big Brother  auquel rien n’échappera. C’est comme ça que les technocrates de Macron tuent la démocratie. Résultat : les Français à qui on a vendu un renouveau vertueux du personnel politique et la promesse d’une transformation profonde  des pratiques, ne croient plus à rien. En effet, depuis dix-huit mois on n’a fait que tourner en rond.

La droite républicaine dispersée façon puzzle.

Ils en avaient tous après Laurent Wauquiez. Certains étaient attirés par les sirènes d’un pouvoir d’autant plus charmeuses que l'exécutif cherchait à se débarrasser d’une opposition des Républicains comme d’un caillou dans la chaussure. La plupart reviennent sur Terre, désenchantés. Mais leurs critiques acerbes contre l’exécutif et le pouvoir présidentiel ne serviront à rien tant qu’elles seront individuelles, et surtout alimentées par un égo ou des ambitions pour 2022, bien trop précoces. Xavier Bertrand, Dominique Bussereau font des observations justes. Alain Juppé, toujours aussi prudent qu’un sioux sur le sentier de la guerre, campe sur son Aventin avant de se décider à franchir le Rubicon qui lui collerait définitivement une étiquette de traître dans une grande partie de l’électorat de la droite et du centre. Dans le contexte actuel, le maire de Bordeaux peut faire mieux, surtout s’il songe à se représenter en 2020. Valérie Pécresse, un pied dedans, un pied dehors, continue de jouer le petit jeu malsain de sa carte personnelle. Se rend-elle compte à quel point elle sape le parti auquel elle prétend adhérer ?  Rassemblés, Les Républicains seraient la seule force crédible de l’opposition, dispersés, nous sommes inutiles ! J'aimerais être persuadé qu'ils ne sont pas tous, eux aussi, accros au dogme du "pouvoir d'achat" comme la proposition inepte d'augmenter le smic de 20% peut le laisser penser.

Un tableau de bord calamiteux.

Les chiffres du chômage qui stagne et de notre commerce extérieur qui sombre en sont la partie la plus visible. Inutile de s’étendre. Si on en est arrivé là, sans qu’aucune amélioration digne de ce nom ne se dessine, alors qu’au contraire des vents contraires s’annoncent, c’est parce que depuis deux ans, on a tourné en rond. Tant qu’on fera du pouvoir d’achat l’alpha et l’oméga de nos politiques, la France continuera d’être un pays de « shaddoks ». On pompe de l’impôt et on emprunte pour redistribuer aux « pauvres » qui s’empressent de consommer des produits que nous importons… Cela s’appelle une « relance » et cela fait trente ans que ça dure. Et la France continue de se désindustrialiser.

Deux chiffres pour comprendre : notre PIB s’est élevé à 2 300 milliards d’euros en 2017. Avec la relance nous générons 1, 8 à 2% de croissance, soit environ 45 milliards d’euros supplémentaires de PIB. Mais dans le même temps nous avons emprunté 70 à 80 milliards d’euros pour financer l’Etat, les prestations sociales, le remboursement des emprunts arrivés à maturité plus les intérêts, et notre déficit du commerce extérieur  a plongé à 70 milliards d’euros. Conclusion : la France a continué de s’appauvrir !  Notre pays présente donc de plus en plus les stigmates du sous-développement : infrastructures mal entretenues, services de moins en moins bien assurés, dette qui croit… On fait du pouvoir d’achat un objectif alors qu’il ne devrait être que la résultante de la production de richesse constatée.

Un seul chemin permettrait de remonter la pente : créer à nouveau de la richesse. En commençant par le bon bout : c’est le chemin qui conduirait notre économie à regagner des parts de marché, à rendre notre commerce extérieur excédentaire.  Ce serait redonner à nos entreprises les marges de compétitivité dont elles ont besoin et les capacités d’investissements pour accompagner initiatives et créativité. Pour financer la baisse des charges massives qu’il faudrait instaurer, il existe un levier efficace et universel : la TVA dont le taux  pourrait passer à 23 ou 24%. Avec que des avantages.  Il faudrait aussi « décorseter » notre système de production de sa gangue de réglementations technocratiques. Ce chemin c’est celui de la liberté. Alors, on pourrait parler vraiment de politique « libérale ». Il ne sert à rien de courir après le pouvoir d'achat, si c'est pour le financer avec des impôts et de la dette, sans réduire  les dépenses.

« En même temps » expliquer aux Français qui sont nuls en économie, que les pays qui pratiquent le libéralisme  produisent plus de richesses que les autres. Il est  frappant de voir que l'excédent commercial de l'Allemagne est accompagné d'un excédent budgétaire record :  CQFD !

 

 


COULIS D’ETE

 

Self service

 

A LA CAFET’

La cafétéria c’est le bon compromis entre le restaurant traditionnel et le fast-food type Mac Do’. Au restaurant, il faut pouvoir prendre son temps, et le fast-food propose des menus stéréotypés qui vont un temps. A la sortie de l’autoroute, une grande enseigne de supermarché s’est installée et offre les services d’une cafétéria où nous mangeons de temps en temps : c’est bon, c’est économique et c’est suffisamment rapide. Le self est organisé en deux parties : la première propose en plusieurs étals et îlots tout ce qui est froid : salades de fruits, salades en tout genre, assiettes froides avec jambon cru ou saumon, pizzas, fromages, pâtisseries, et les boissons. Ensuite on franchit la barrière des caisses où l’on peut commander éventuellement un des plats chauds proposés, viandes grillées, poissons, plats cuisinés, à aller chercher une fois installé à une table. Les légumes sont accessibles à volonté. Nous voilà donc à faire la queue au self-service de cette grande enseigne. Il faut dire que nous avons choisi la bonne heure : midi et demie, l’heure du coup de feu. C’est l’occasion de vérifier trois travers bien de chez nous dont nos compatriotes ont la spécialité.

La peur de manquer.

Le petit hall des plats froids est assez encombré entre ceux qui cherchent à se servir une entrée ou/et un dessert, du pain, une boisson, et ceux qui font la queue aux deux caisses ouvertes. Il pourrait y en avoir trois, mais deux seulement sont opérationnelles. A cette heure d’affluence, c’est assez incompréhensible, mais c’est toujours comme ça. Le mois d’août sans doute … Nous tentons donc de cheminer, plateaux en mains, dans cet agglomérat compact. Etant donné le monde en quête d’objets de sustentation, les vitrines réfrigérées ont tendance à se dégarnir. C’est là que la « peur de manquer » entre en action. Certains n’hésitent pas à bousculer pour atteindre leur objectif : la dernière assiette au saumon, où sur l’îlot des desserts, la dernière tartelette aux myrtilles. Ces goujats sont sans retenue. Ils vous passent devant sans vergogne sans même un « pardon ». S’il n’y en avait qu’un encore. Nous avons donc droit à une « vestale » plantureuse qui profite d’un espace étroit et éphémère entre la personne qui me précède et moi, pour plonger littéralement sur l’assiette dont j’allais me saisir.  Ce manque de délicatesse est bien inutile parce que dans les minutes qui suivent l’étal est réapprovisionné par un service qui a l’œil. Cela ne nous empêche pas de parvenir à nos fins : j’ai opté pour une assiette de jambon cru, un wrap et un bol de fruits rafraîchis en salade. De quoi faire un repas complet agrémenté d’une carafe de 25 cl de rosé remplie à la tireuse. En raison de la foule, inutile d’envisager un plat chaud, il y a gros à parier qu’une queue monumentale s’étirera devant le grill. Il s’agit de ne pas perdre trop de temps. Personne ne nous attend, mais rien n’y fait : on ne change pas les habitudes acquises avec quarante années de vie professionnelle.

La resquille.

Il faut maintenant faire la queue pour payer. Et évidemment, nous devons composer avec ceux qui sont plus pressés que les autres et qui « grugent ». J’en vois deux qui étaient derrière nous et qui se retrouvent maintenant devant. Ils ont profité des mouvements de ceux qui sont en train de se servir et nécessairement coupent la file pour se faufiler et gagner trois ou quatre places. A quelques mètres de la caisse, il faut néanmoins choisir entre la caisse de gauche et celle de droite. Mauvaise pioche : ils ont opté pour la droite et c’est justement dans cette queue-là que devant eux sévit cet autre archétype social : l’emmerdeur qui n’a rien compris, n’a pas ce qu’il faut, cherche éperdument sa carte de paiement, demande des détails, que sais-je encore ! En l’occurrence c’est une « emmerdeuse » qui a oublié de prendre ses couverts et tente de payer avec des tickets restaurants que l’établissement n’accepte pas, c’est écrit en grosses lettres. Nos resquilleurs patientent derrière, impuissants et visiblement énervés. C’est ainsi que, ayant choisi l’autre alternative, nous nous retrouvons bien avant eux dans la salle pour nous installer à deux pas de l’îlot des légumes d’accompagnement. Il y a une justice quand même !

Les yeux plus grands que le ventre.

Ce qui est apprécié dans ce genre de restaurant, c’est la partie « buffet à volonté ». C’est le cas de celui des légumes que chacun peut librement choisir pour accompagner son plat. Les plats sont disposés en cercle sur une plate-forme installée autour d’un pilier : il y a là, côte à côte : les inévitables frites, les pommes sautées, des beignets de fleurs de courgettes, des pâtes, des haricots verts, des mogettes,  des choux fleurs… Alors que nous sommes occupés à déguster notre repas, je ne peux m’empêcher d’observer le va et vient continuel des gens qui viennent se servir. Et je constate alors que pour beaucoup « à volonté » signifie à satiété, voire plus… C’est incroyable ce qu’on peut entasser de frites sur une assiette déjà bien garnie. C’est vrai, elles sont bonnes et toutes fraîches, mais tout de même ! Elles semblent faire l’unanimité. Je remarque aussi que les portions sont proportionnelles au gabarit de celui qui se sert et visiblement personne n’a entamé un régime pour diminuer sa surcharge pondérale. Un peu comme la dette de la France. On y pensera demain. On pourrait y voir aussi comme une volonté de se refaire sur le dos du prestataire, une compensation du prix, pourtant très raisonnable,  qu’il a fallu payer pour le reste. J’en étais là de mes réflexions quand une petite fille plutôt menue est venue s’asseoir à la table voisine avec une énorme assiette de moules…  Nous avions fini notre repas. Je ne saurais jamais si elle l’a terminée !

 


COULIS D’ETE

Blonde sur la plage

 

LA BLONDE SOPHISTIQUEE

La plage est un spectacle.

Pour qui est observateur, elle devient rapidement un observatoire de nos contemporains que le sociologue n’hésiterait pas à classer en catégories, tant les typologies sont variées et révélatrices des tendances comportementales et de l’évolution de nos us et coutumes. Mais il y a des constantes. La « blonde sophistiquée » en fait partie.

Nous sommes installés au pied de la  dune, à l’abri des sautes de vent.  A  droite, la plage s’étale jusqu’à Saint-Vincent sur Jard, à quelques encablures. A gauche elle court sur près de 8 km jusqu’à la  pointe du Grouin du Cou. Un beau cordon littoral continu couronné du vert sombre de la forêt de Longeville. Devant, la  marée à mi-hauteur dégage un large espace de  sable en pente douce, avec un léger ressaut qui marque la limite de  la marée haute. C’est sur cette partie légèrement surélevée qu’elle s’est posée, juste en face de nous.

Sur sa serviette de plage, elle a pris la pose.

La « blonde sophistiquée » ne laisse rien au hasard. Elle est allongée sur le ventre avec une posture précise : elle tient dans sa main, d’un geste étudié, sa jolie tête dont ses cheveux dorés tirés vers le haut et rassemblés par une petite barrette accentuent la  rondeur. Elle porte évidemment une paire de lunettes de soleil d’un jaune réfléchissant très mode et accordé à sa chevelure. Je ne connaitrai donc pas la couleur de ses  yeux. Je les imagine verts, pour le fun…

Le moment d’aller se rafraîchir est venu.

Evidemment, elle se trouve sur mon chemin.  Passant près d’elle, je prolonge mon observation d’un coup d’œil panoramique : son corps  bien proportionné arbore un maillot de bain deux pièces noir, très pudique, agrémenté, on s’en serait douté, d’une petite bande de broderies dorées. Le côté pile, en tout cas est uniformément  bronzé, d’une belle  couleur pain brûlé,  sans le moindre défaut. On sent là aussi le soin et la précision  pour éviter la moindre imperfection. Près d’elle est disposée à portée de main une petite trousse carrée rose, décorées de bandes tressées dorées, qui appartient sans nul  doute à l’univers des  poupées  Barbie.

Un peu plus tard, le corps correctement refroidi, je refais le chemin vers mon parasol  en sens inverse. Cette fois-ci j’ai droit au côté face. Elle est allongée sur le dos. Même constat sur les proportions du corps et le décorum du maillot de bain, haut et bas, même hâle parfait. Visage impassible.

Une rôtissoire programmée.

Et de fait, de ma  place, prolongeant mon observation, je constate que la « crêpe » est retournée tous  les quarts d’heure, montre en main, en un mouvement de métronome lent. Et à chaque fois, elle plonge la main dans sa trousse  pour en saisir un flacon de produit solaire dont elle s’enduit méticuleusement. Pour elle, bronzer sur la  plage est une activité à temps plein. Pas de lecture, pas de jeu, pas de bain. Juste prendre  le soleil et  le faire savoir,  car la place choisie n’est certainement pas  le fait du hasard. Elle est jolie et elle le sait, elle veut que nous aussi on le sache ! Une blonde à la peau brunie comme ça, ce n’est pas courant.

Je n’ai pas voulu prendre de photo, ce n’est pas l’envie qui manquait. Respect de l’image de la personne oblige. Je ne me voyais pas  lui  demander l’autorisation. Aussi l’illustration ci-dessus ne correspond-elle pas…

 

 


COULIS D’ETE

Achille Talon

 

« TU AS RONFLE ! »

Le ton faussement détaché  a quand même gardé son côté comminatoire : « si, si, tu as ronflé ! ».  Une sentence qui vient sortir l’interpelé de sa torpeur, surpris l’œil quelque peu torve assorti du regard du « ravi de la crèche ». Et cela, juste au moment où il goûtait la volupté de fermer les yeux  tout en suivant une conversation dont les éclats de voix lui parvenaient de plus en plus lointains dans une atmosphère progressivement cotonneuse. Que répondre ? Il n’y était plus !

Devant ses dénégations, car on n’aime pas être accusé de ronfler en public, la question le crucifie : « Ah oui ! Qu’est-ce qu’on disait ? ». Le réveillé est acculé, alors qu’il est encore ébloui par la luminosité de la nappe blanche d’une table  en fin de déjeuner. Le soleil est radieux, l’air embaume les roses toutes proches,  l’ombre est délicieuse. Son regard balaie l’assistance des convives qui, mi-goguenards, mi-ironiques, attendent sa réponse. Avec indulgence bien sûr. De quoi replonger.

Les yeux refermés, l’intéressé marmonne une réponse complètement à côté. Dans sa tête a surgi le visage de la tombe inca qui surprend Tintin dans le tunnel du Temple du soleil. La digestion doit s’accompagner d’une petite sieste, c’est bien connu. Et quand on a des invités et un repas un peu trop riche, l’âge aidant, le résultat est garanti. « Tu devrais aller t’allonger » lui suggère alors la même voix sur un ton bien plus doux. Message reçu dans les nimbes alors que déroulant le fil de l’histoire, on ne sait pourquoi, il en était  à la dalle qui bascule dans la grande salle du trône de l’Inca…

Mécaniquement, le somnolent s’exécute, sans chercher à résister. Les rires ponctuent son parcours sans qu’il cherche à savoir si c’est lui qui en est l’objet. Alors défile la liste des résolutions qu’il avait  prises  pour ces vacances et toujours en rade : faire du vélo, ranger le garage, lire le dernier Pennac… Livré à ses réflexions, tout en marchant vers le canapé, ce coup de pompe lui paraît vraiment surprenant. Ce n’était pas la  première fois qu’un petit coup de mou le prenait après le repas,  mais il trouvait l’excuse dans son activité débordante. Mais là ?  Enigme !

« Finalement, c’est crevant les vacances », dit-il en balbutiant au milieu d’un baillement, en forme de conclusion logique.

 


COULIS D’ETE

Chilienne-double-


 

ATTAQUE DE CHILIENNE EN RASE-MOTTES.

On ne  peut  pas vraiment dire qu’on ne s’y attend pas. Depuis début août, ça couvait,  comme on dit ! Et puis subitement, le 6 août, l’attaque a eu lieu,  sans  prévenir évidemment.  Une  attaque  surprise dans la touffeur méridienne  au pire moment de  la   journée,  quand on sait  l’adversaire sans défense.

Et l’on se retrouve affalé dans la chilienne qui se demandait bien quand ça allait arriver.  Et  vous voilà alangui,  paralysé, inerte, le dos en arc de cercle, les bras ballants. C’est traître une attaque de Chilienne !  J’aimerais vous y voir !  C’est vrai qu’on ne doit pas avoir l’air très malin,  la tête  à moitié à la renverse et la mâchoire à demi pendante. Mais une fois qu’on est dedans,  essayez donc de trouver la force de vous en sortir quand tout le corps dit non et que votre cerveau est aux abonnés absents.

Alors autant se laisser aller en attendant le moment propice à la contre-attaque. Va pour une petite ronflette.  C’est la faute aussi à ce fichu micro-climat vendéen qui vous fait pousser des chênes-verts  comme sur la côte d’Azur.  Il  ne manque que les cigales.  Cette année la température peut rivaliser, et même le bleu de l’Océan, avec celui de la Méditerranée. Il n’y a que la température de  l’eau, dont je ne dirais mot. En attendant c’est la position « relax », car de toute manière, il  fait trop chaud pour envisager quoi que ce soit.  Même tenir un stylo  pour un sudoku n’est pas soutenable, c’est dire : manque d’énergie, cerveau trop mou.

La  chilienne était en embuscade depuis que je l’avais dépliée en arrivant et installée dans son coin habituel du balcon, à l’ombre. Et elle a attendu patiemment son heure. Joli coup très réussi. Elle savait qu’elle parviendrait à ses fins, un jour en début d’après-midi, comptant sur les effets conjugués du rosé – la cuvée « Marie du Fou » est un vrai piège-, de la digestion et de la température. Elle m’a cueilli au moment où j’allais m’endormir sur le journal.  C’est sympa une chilienne quand elle tombe à pic. Elle sait se rendre irrésistible. Même le café n’y peut rien.

Pourtant, j’aurais dû le savoir : chaque année c’est la même chose. J’essaie de faire passer  les bricoles à remettre d’équerre dans l’appartement  en premier. Il y a un an, j’ai tenu quatre jours avant de  me faire  avoir.  Cette année, la chaleur aidant, je n’ai même pas tenu deux jours !  Des  attaques de chiliennes, j’en ai connu plein : en voyage, sur le balcon de la location, à l’hôtel, au bord  de la  piscine, et même l’hiver à la neige,  il y en a toujours une à vous tendre sa toile –les chiliennes n’ont pas de bras, à la différence de leurs cousines  les chaises longues-. Et chaque fois, on se fait prendre parce qu’elle a un allié avec elle, ce rayon de soleil qui fait qu’on cède à la tentation.

Mais va bien falloir que je bouge. On a beau « tuer le temps », il s’échappe quand même et trop vite. L’heure de la contre-attaque a sonné. Ce soir j’ai un apéro à préparer et il ne faut pas que je m’y mette trop tard. C’est un autre type d’attaques, mais celles-là, c’est moi qui les mène. Bah tiens !

La chilienne admet facilement sa défaite, elle compte prendre sa revanche dès demain…

 


COULIS D’ETE.

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LA PLAGE ET LE SABLE

Une plage sans sable, c’est une plage de galets. Ce n’est pas le pied. Ou plutôt, ça fait mal aux pieds, et pas qu’aux pieds. A moins d’avoir un matelas bien épais, on peut compter ses abattis en se relevant d’une petite sieste. Donc, le mieux, c’est la plage de sable fin. Voire …

Le sable de la plage n’est jamais comme il faut. Quand il est sec, il est brûlant, on y marche malaisément, il s’insinue dans les chaussures où il nous picote. Quand il est mouillé, il colle et on ne peut plus s’en défaire. Enfiler les nu-pieds devient alors une torture. Pourtant, il ne dissuade guère les amateurs de plage qui s’agglutinent sous leur parasol, s’étalent sur leurs nattes, serviettes et autres accessoires. En fait, à la plage, quand il fait beau et chaud, il n’y a que dans l’eau qu’on est bien. A condition que des cailloux ou galets vicieux, charriés au gré du flux et du reflux, ne viennent pas meurtrir vos pieds douillets.

Je soupçonne les vacanciers d’être un brin masochistes.

En temps ordinaire, ils jugeraient cette activité insupportable s’il s’agissait de conditions de travail. Rendez-vous compte : une expédition à la plage nécessite d’emporter et transporter un parasol ou une tente pliable, autant de nattes que de personnes, les serviettes de bain, le ballon, les raquettes type Jokary, les anciens ajouteront un siège pliant et je n’oublie pas les planches de surf des enfants, sans parler des goûters et des rafraîchissements qu’il faut trimbaler dans une glacière. On y va à pied, c’est une galère. On y va en voiture, il faut charger le coffre, trouver une place pas trop loin ce qui s’avère être un pari aventureux, surtout si on en cherche une à l’ombre. Ensuite il faudra de toute façon parcourir un bout de chemin « pedibus cum jambis ».

C’est marée haute.

Les gens sont tassés, faute de place. L’océan impose ses règles : il faut tenir compte des marées. On se dit que tout-à-l’heure, il y aura un peu plus de place quand la mer commencera à redescendre. Donc, on s’adapte. Une fois installés, le parasol planté, ployant sous les coups de vent, chacun commence à s’occuper. Le plus simple c’est de s’allonger sur la serviette et de se laisser aller sous le soleil jusqu’à ce point de somnolence où tout s’estompe dans une atmosphère sirupeuse. Le cri des mouettes se fait lointain et le bruit du ressac tout proche couvre les braillements des bambins. On peut aussi reprendre la lecture du polar entamé la veille. Comment se mettre : à plat-ventre, le dos cambré ne tarde pas à protester ; sur le dos, il faut tenir le livre en l’air, à contre-jour ; allongé sur le côté, appuyé sur un coude, ça n’est pas pratique quand il faut tenir les pages à deux mains à cause du vent ; assis en tailleur alors, mais il faut changer souvent de position. Je ne vous parle pas du sudoku et des mots fléchés qui nécessitent en plus de jongler avec un crayon en main. Autant aller au bain.

Quand on est dedans, elle est bonne !

Encore faut-il entrer un corps surchauffé et gorgé de soleil dans une eau à 18-20°. L’océan est rarement plus chaud. Mieux vaut y pénétrer tout doucement. Sauf qu’une vague traîtresse va régler le problème en vous arrosant copieusement. Au moins c’est fait. Alors, c’est vrai, voilà enfin un peu de vrai plaisir. Subitement on se sent mieux dans un corps rafraîchi à se laisser porter par l’eau. Les enfants ont enfourché leur planche et surfent sur les vagues qui se forment près du rivage. Ils vont s’épuiser en allers-retours joyeux. Au moins ils dormiront bien ce soir. Le temps passe, le soleil décline. Il est temps de sortir de l’eau pour sécher un peu avant de penser à tout plier pour le retour.

Attention de ne pas exposer le corps mouillé au sable sec. Déjà, les pieds sont enveloppés d’une gangue dont il faudra se départir tout-à-l’heure. C’est tout un art que de se sécher avec la serviette, en une sorte de danse du scalp, avant de retrouver une position propice au séchage, au soleil et au vent. Mais déjà, on pense à la suite. Le petit apéro bien frais sera la récompense de tant d’efforts pour « se reposer ».

Je ne voudrais pas être grain de sable, l’été sur la plage.

 


ET MOI JE VIS TOUJOURS …

Jean d'ormesson

Pour son dernier roman, Jean d’Ormesson, toujours aussi espiègle, ne pouvait nous faire qu’un pied de nez. En l’écrivant, et en ayant choisi le titre, il ne savait pas qu’il serait publié… après sa mort, survenue aussi subitement qu’un rapt des révolutionnaires sud américains. Pour une œuvre ultime, il fallait un feu d’artifice : nous l’avons ! C’est son ami Jean-Marie Rouart qui le définit le mieux : « Jean d’Ormesson est quelqu’un qui réunit tout le monde. Le passé, le présent et l’avenir.  Il fait partie des meubles de la République. Au-delà de la politique, c’est l’homme du consensus. » Et ça n’est pas pour rien que François Hollande, son ennemi intime, l’a élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, cette décoration qui « ne se demande pas, ne se refuse pas, ne se commente pas ». Pour celui qui dit n’aimer le mot honneur qu’au singulier, a montré qu’il ne détestait pas les recevoir au pluriel, ces moments particuliers sont ceux où il s’épanouit comme une fleur quand il s’expose en pleine lumière. C’est alors qu’il cligne ses yeux bleu azur et qu’il décoche son inimitable sourire, pour commencer… Comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon : « Cet homme est une faille dans l’espace-temps de notre époque morne et cruelle ! » Ce bel hommage d’une personne dont l’académicien ne partageait aucune des idées sinon l’amour de ses adversaires, convient tout-à-fait au dernier ouvrage publié à titre posthume par les soins de sa fille.

Et moi je vis toujours…

Avant de passer au contenu, redisons que Jean d’Ormesson excellait dans l’art de la conversation, qu’on succombait immanquablement à son charme, qu’il avait au plus haut degré la faculté d’empathie. Alors quand il nous prend à témoin pour  se glisser dans l’Histoire des hommes, par le subterfuge inattendu de l’acteur qui prend tour à tour l’identité de personnages qui l’ont faite ou y ont participé, on est d’abord dérouté puis très rapidement conquis. Et il n’y va pas de main morte, c’est un vrai festival qu’il nous livre, un monument dans lequel son érudition n’a d'égale que son immense culture. La lecture n’est pourtant jamais laborieuse, toujours plaisante, à la portée du premier venu. Et on en apprend à toutes les pages. Avec Jean d’O, même le tragique n’est jamais triste. Le voilà qui aborde l’histoire de l’humanité, que dis-je, de la Terre, de l’Univers… avec un entrain d’enfer, sans jeu de mot. Il va nous mener au mur de Plank et à cette question fondamentale : le moment où « il n’y aura plus personne pour se souvenir de rien » .

"Longtemps j’ai erré dans une forêt obscure …"

Tout commence avec un petit garçon qui vit dans un grotte… La longue marche de l’Histoire commence ainsi personnifiée par ce petit garçon contemporain de l’âge du feu, peut-être. « J’ai été africain. J’ai été sumérien. J’ai été égyptien. J’ai été juif. J’ai aussi été troyen… » Un peu plus loin, après avoir énuméré Moïse, Homère, Eschyle, Sophocle, Platon, Aristote qui avaient du génie et Alexandre, Ah Alexandre, c’était autre chose, un demi-dieu, Jean d’O nous donne la clé, : « Tantôt homme, tantôt femme, je suis, vous l’avez déjà deviné, je suis l’espèce humaine et son histoire dans le temps.» Et suivent des fresques qui balaient les siècles avec une profusion de détails. Tout défile comme un film accéléré où la précision des connaissances n’omet aucun détail avec des « arrêts sur image » pour développer ce qui mérite de l’être. L’auteur se fait tour à tour le Juif errant, valet du Titien, serveuse à la Pomme de pin, en train de servir un pichet à quatre amis venus s’enivrer de vin et … de poésie, Messieurs De la Fontaine, Boileau, Molière et Racine. Une manière d’entrer dans un siècle qu’il connaît par cœur, où on le suit avec gourmandise tant il s’y meut avec aisance. Ses multiples personnages, tantôt drôles, tantôt au destin tragique, à l’image de l’Histoire qui mêle la paix et la guerre, l’amour et la haine, les splendeurs et les horreurs, se succèdent comme si « La recherche du temps perdu » était la suite de « l’Odyssée » elle-même emboitant le pas aux « Mille et une nuits »… Toutes les époques sont passées en revue avec la même fougue, le même enthousiasme pour nous en décrire le pire et le meilleur. Les portraits se succèdent, avec un art consommé, en quelques lignes tout est dit.

Blaise Pascal : « A trois ans, il perd sa mère. A six ans, il trace à la craie des figures géométriques sur le parquet. A seize ans, il rédige un Essai pour les coniques où d’après Mersenne, l’ami de Descartes, « il passait sur le ventre de tous ceux qui avaient traité le sujet » . A vingt-cinq ans, il est dissipé et futile. Après un Archimède enfant, il est un Rimbaud mondain. Il meurt à trente-neuf ans ».

Napoléon Bonaparte : «  Achille dans l’Iliade, était le modèle d’Alexandre le Grand. Alexandre le Grand était le modèle de César. Alexandre et César, à leur tour sont les modèles de Napoléon Bonaparte. Il est leur héritier. Peut-être est-il plus digne encore d’admiration que ses prédécesseurs. César descendait d’une illustre famille qui se réclamait de Vénus. Alexandre était fils de roi. Achille était fils d’une déesse. Napoléon Bonaparte sort d’une famille sinon modeste, du moins sans ancêtres ni pouvoir. Il n’est fils de personne. Il est fils de ses œuvres. Le successeur d’Alexandre, de César, de Charlemagne, de Charles Quint, est un enfant de la Révolution. Il l’achève dans les deux sens du mot… »

« Tout passe. Tout fini. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre toujours, qu’est-ce que je deviens ? »

Ultime chapitre avant « un dernier masque. ». Le bouquet final qui met fin à ce véritable feu d’artifice de culture, d’érudition et de talent d’écriture, 280 pages qu’on dévore avec en écho sa voix mélodieuse aux accents chantants ! On devine que cette interrogation ne concerne pas seulement l’Histoire, mais aussi l’auteur qui pressent que la fin n’est plus très loin. La sentait-il venir, en son for intérieur ? Lui seul le sait. Toujours est-il qu’elle est intervenue si peu de temps après que le point final de ce dernier témoignage de son talent ait été mis, qu’on peut s’interroger.  Reste que comme le titre de l’avant dernier chapitre, l’ensemble de son œuvre, comme l’Histoire, restera « une beauté pour toujours ».

Avec Jean d’Ormesson, l’Histoire devient divertissement. Son dernier roman est peut-être la synthèse de son œuvre entière tant on y retrouve la célébration de la vie qui n’ignore jamais le tragique de la condition humaine. Concilier les contraires, indifférence et passion, scepticisme et espérance, désinvolture et sérieux, respect de la tradition et dérision des institutions…   ce faux sceptique, en éternel costume beige sur une chemise bleue comme ses yeux, pieds nus dans ses mocassins vernis, nous accompagne encore une fois de sa silhouette agile d’éternel jeune homme avec la même verve charmeuse !

Jean d’O nous manque déjà. Mais non, c’est un « immortel. « Et moi, je vis toujours ! »

Puisqu’il nous le dit !

« Et moi, je vis toujours. » Roman – Jean d’Ormesson. Gallimard.


COULIS D’ETE

Mots fléchés sudo

SUDOKU OU MOTS FLECHES ?

 

Sur la plage, la guerre fait rage.

Hormis les ados courbés sur leurs petits écrans, les autres tuent le temps, stylo en main, étalés sur leur serviette de plage, assis en tailleur ou affalés sur un pliant.  Ils se partagent en deux camps : les « sudokistes » et les  « mots-fléchistes ». Quelques « cruciverbistes » font encore  de la  résistance, mais ils sont nettement minoritaires et font clairement partie d’un autre âge, généralement  vénérable.

La source d’approvisionnement.

Comme les cahiers de devoirs de vacances, ils fleurissent à l’étal du marchand de journaux du coin. Une sorte d’armistice a conduit à un partage égal du présentoir : d’un côté les recueils de grilles à neuf chiffres, classées par difficulté de 1 à 10 puis assortis d’épithètes plus ou  moins terrifiants, « expert », « diabolique » et autre ;  de l’autre, en carrés plus imposants, les recueils de grilles à définitions, eux aussi en ordre gradué par difficulté. Le  marché hésite,  bien que le jeu japonais, comme son nom l’indique, semble prendre l’avantage.  Est-ce  la perte du vocabulaire par l’usage abusif des textos qui décourage les quidams en mal  de passe-temps ?

Il n’y a pas que les recueils du  libraire.

Les vacanciers ont à  leur disposition de nombreuses autres sources d’approvisionnement : le journal quotidien, les hebdomadaires, proposent généralement  des grilles.  Et comme tout le  monde doit s’y retrouver, ils offrent la  plupart du temps  le choix, y compris des grilles de mots croisés, signe peut-être  d’un lectorat vieillissant. Je n’ai, en effet, pas encore vu un jeune s’attaquer à un problème  posé par Michel Laclos ou Claude Abitbol…  Certains hebdos proposent des jeux gagnants avec des primes de 50 ou 100 € et même des lots allant jusqu’à 500 € ! Et je remarque que ce sont la plupart du temps les sudokus qui sont ainsi mis en exergue,  preuve tangible d’un engouement. Mais les accros préfèrent les recueils qui permettent d’enchainer les problèmes, les uns après les autres.

Comme la pâte à crêpes.

Adepte de l’activité cérébrale, je préfère alterner les plaisirs.  D’abord un bon bouquin sous le coude pour toile de fond. Dans ma  panoplie de plage, un stylo à encre effaçable accompagne des grilles des deux types. Après la  lecture, la grille de mots fléchés,  au moins de force 3, garde ma prédilection : une bonne grosse et  large grille. Parfois une série de définitions me résiste. C’est qu’il faut l’inspiration. Dans ce cas-là, comme  pour le  sudoku, il faut faire une  pause, passer à une autre activité. Voilà pourquoi il faut avoir sous la main tout le nécessaire. C’est comme  les positions sur le  sable,  au bout d’un moment, il faut en changer pour éviter les courbatures. Eh bien, les grilles c’est comme la pâte à crêpes, il faut laisser reposer.  Après, c’est meilleur : souvent la solution qui ne voulait pas sortir, saute aux yeux subitement, le croisement de deux lignes dégage une case qui permet de placer le chiffre décisif, le mot qui ne prenait pas forme jaillit dans un éclair de lucidité. 

Choix des stratégies.

D’une personne à l’autre, la manière de procéder diffère. Pour  le sudoku, j’ai observé deux types d’approche. Il y a ceux qui procèdent par tâtonnement  une fois épuisées les évidences. Il s’agit d’essais successifs au crayon qui remplissent les cases de petits chiffres pouvant convenir, jusqu’à la solution qui fonctionne, au risque de s’empaler sur une erreur dans la  dernière ligne droite. Cela m’a toujours paru laborieux. La procédure par la logique  pure me convient mieux.  Il faut de la perspicacité, jouer sur les colonnes ou les lignes rendues obligatoires  pour un chiffre, sans connaître son  positionnement exact dans  un casier,  pour l’inscrire par déduction avec certitude dans le casier  où il manque. Parfois, il faut faire la manipulation sur deux « tiroirs » successivement : c’est là qu’il faut rester concentré. Là encore, il faut multiplier les démarches en les associant : par élimination, par cumul, par énumération … Une astuce : je commence toujours une grille par les trois casiers du côté droit. J’ai constaté que c’était un bon moyen de démarrer. C’est peut-être parce que le concepteur l’a terminée par ce côté-là.  Pour les mots fléchés, c’est moins complexe.  En général un premier balayage de la grille permet de trouver une première série de mots correspondants aux définitions. Ensuite, si on hésite, les lettres posées peuvent orienter la recherche. Il faut compter avec l’humour du concepteur qui donne parfois des définitions « tirées par les cheveux », mais ça fait  partie du plaisir. Tiens, par exemple, « pour la coiffure » ou « en hiver », en trois lettres : « gel » évidemment ! Bon, il y a plus subtil,  j’en conviens.

Sur ce, bonne plage !