LE JOURNAL DE BORD DE VIRGINIE CALMELS
31 mars 2018
L'éloge du lieutenant-colonel Beltrame prononcé par Emmanuel Macron est probablement l'un des plus beaux discours prononcés par un président de la République. Histoire, patriotisme, valeurs nationales : tout y était ... même Jeanne d'Arc et de Gaulle, c’est dire ! Citer les grandes figures de la Résistance pour honorer sa mémoire, c’est reconnaître la valeur de son sacrifice et on ne peut qu’y souscrire. Mais il prononce son discours avec la froideur de l’énarque, sans aucune émotion.
La violence des mots.
Le Président loue la « grandeur » de l'homme et rêve de « cohésion de la nation ». Il est dans son rôle. Emmanuel Macron se met dans la posture d'un « chef des armées » prêt à combattre. Manifestement il connaît, à la différence de son prédécesseur, tous les codes de la fonction. Il nomme l'ennemi sans ménagement : « Hydre islamiste », « obscurantisme barbare », « ennemi insidieux », « islamisme souterrain », « errance fanatique »… il dit les mots et leur adjoint des qualificatifs qui ne laisse aucune place à la complaisance. Il va même plus loin : il lie « le terroriste de Trèbes » et « le meurtrier de Mireille Knoll... qui profanent nos valeurs sacrées » et il se rend aux obsèques de cette dernière dans la foulée, « assassinée parce qu'elle était juive ». On a compris : il y a un antisémitisme islamiste. « L'un d'entre nous venait de se dresser », rappelle-t-il, lorsqu'il relate la tuerie. Le colonel Beltrame, incarnation de « l'esprit français de résistance » par son courage. Définir l'ennemi et se mettre en posture de combat. Son acte héroïque, le président veut en faire un point de départ : « Il a conjuré l'esprit de renoncement et d'indifférence », « nous l'emporterons », « combattons », précise-t-il. On croit entendre les accents de la Marseillaise ! Ah quel talent de comédien ! On aimerait bien lui faire confiance, mais on commence à connaître M. Macron : « grand diseux, petit faiseux », comme on dit chez moi. La violence des mots est là pour cacher la réalité, celle d’une grande naïveté et d’un angélisme bien connus et répandus dans la gauche progressiste.
En attendant le prochain attentat…
Il ne suffit pas de dénoncer l’obscurantisme, il faut le combattre. N’en doutez pas, après ce beau discours, rien ne changera. D’ailleurs nous sommes prévenus. La froide détermination présidentielle qu’annonce : « On surmontera sans faiblesse et sans emportement, avec lucidité et méthode », ne se traduira pas par un changement de politique. « Ce combat n'est pas de ceux que l'on mène sabre au clair », paraît-il. Est-il autiste ? Toujours est-il qu’il ne veut rien entendre, sûr de lui, comme d’habitude. Le combat sera long, certes ; la justice fera son travail, on le voudrait bien ; la croissance et l’emploi, le dédoublement des cours préparatoires, feront le reste, ça n’est pas inutile mais rien n’est certain. Tout ça n’est pas suffisant : des mots, des symboles, des signaux, cela ne fait pas une politique. Lionel Jospin avait fait la même erreur au début des années 2000 : résultat Jean-Marie Le Pen était au 2ème tour de l’élection présidentielle en 2002. D’ailleurs, le Premier ministre a opposé une fin de non-recevoir aux demandes des leaders de la droite et les a aussi accusés d'irresponsabilité. Le même courage que pour N-D des Landes !
Des actes puissants sont nécessaires.
L’exécutif ne peut ignorer la progression galopante de l’islamisme dans les quartiers. A Trappes, certains jugent déjà la situation irréversible. Ce que le Président et son premier ministre envisagent n’est pas à la hauteur. Si l’action en profondeur est nécessaire, il faut qu’elle s’accompagne de gestes dissuasifs forts sur la laïcité et la mise en œuvre de moyens décuplés dans le renseignement, et le démantèlement de l’économie de la drogue qui fait partie du même combat. L’ennemi, puisqu’on nomme les choses, est largement embusqué à l'intérieur de nos 800 « quartiers », et on ne va rien faire pour l’en déloger ? Si cette action n’est pas menée, celle « en profondeur » souhaitée par le Président ne pourra se faire, c’est évident. L’école sera impuissante. Non, nous attendons des mesures et des actes puissants, un plan de combat contre ceux qui nous ont déclaré la guerre chez nous. Et commençons par interdire le salafisme, puisqu’il est le vecteur d’un intégrisme incompatible avec les valeurs de la République. Contrairement à ce qu’affirme Edouard Philippe, c’est possible, il suffit de le vouloir, car l’argument de l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme ne tient pas : « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi ». Mais justement, il faut être aveugle pour ne pas constater qu’il y a trouble à l’ordre public, notamment avec le port du voile intégral qu’on devrait réprimer… Affirmer qu’on ne peut pas interdire une idée, en feignant d’ignorer qu’elle place la charia au-dessus de nos lois, c’est avoir décidé de ne rien faire ! Quant aux « fichés S », on doit comprendre qu’ils ne servent pas à grand-chose. Pourtant des juristes nous disent que nous avons déjà les outils juridiques pour prononcer des internements administratifs. Et « en même temps », on va accueillir les djihadistes syriens qui veulent revenir en France ! Rien que sur les quelques sujets que je viens d’énumérer, l’Etat a les moyens d’agir.
Comme 83% des Français,
n’en déplaise à mon ami Gérard Longuet et avec Laurent Wauquiez, j’attends des actes ! Il faut écouter le peuple ! Sinon, « l’appel présidentiel à la résistance », faut-il que les Français y répondent, comme pendant la seconde guerre mondiale, en agissant dans la clandestinité : est-ce cela que l’on veut ? Si le pouvoir n’agit pas, ça finira en guerre civile !
Il se dit que dans les « quartiers », les jeunes ont beaucoup applaudi à l'annonce de la mort de l'officier de gendarmerie, et qu'ils se sont bien amusés à l'écoute de l’éloge prononcé par le président ! Probablement vrai. Tristement vrai !
Cocorico pour un mensonge !
L'annonce d'un déficit public ramené à 2,6 % du PIB en 2017 permet enfin une sortie de la procédure de déficit excessif par Bruxelles. Il fait dire à Bruno Le Maire que ce résultat a été obtenu « grâce aux efforts de réduction des dépenses et à la politique de redressement entamée par le gouvernement ». Un énorme mensonge ! Car les autres indicateurs clefs que sont la dette, les dépenses ou la pression fiscale, constatés à l’heure qu’il est, vont à rebours des objectifs gouvernementaux.
La croissance, cet écran de fumée.
Le regain de croissance ne permet pas à lui seul un rétablissement pérenne des comptes publics. Ainsi, le taux de prélèvements obligatoires a atteint les 45,4% du PIB : 45,4% de toute la richesse créée par les Français sont prélevés par la puissance publique ! Historique ! Une pression fiscale record, du jamais vu, de quoi relancer le « ras-le-bol fiscal ». La France reste toujours la terre de la pression fiscale. Et le gouvernement aurait tort de crier victoire trop vite parce que notre pays reste en queue du peloton européen en matière de déficit : le déficit moyen de la zone euro est à 0,9 %. Alors à 2,6%, il n’y a pas de quoi pavoiser. Et si le déficit s’est effectivement réduit, c’est parce que la croissance a fait rentrer davantage d’impôts.
Le seul avantage de ce rayon de soleil, c’est que la voie est désormais grande ouverte pour que la Commission européenne mette fin le 23 mai prochain à la procédure de déficit excessif lancée contre la France en 2009. Il faut pour cela rester deux années de suite avec un déficit sous les 3 %, et tout indique que le pari sera tenu également cette année. Sauf retournement imprévu de conjoncture toujours possible. Ces perspectives devraient aussi faciliter le passage du cap de 2019, où le déficit devait à nouveau tutoyer les 3% en raison de la transformation du CICE en baisse directe de charges (ce qui occasionnera un surcoût temporaire).
« En même temps » une réalité plus sévère.
Ces bonnes nouvelles ne laissent pas pour autant un ciel bleu horizon. Car dans « en même temps », les chiffres dévoilés lundi par l'Insee vont à rebours des objectifs budgétaires que s'était fixés Emmanuel Macron pour son quinquennat. Non seulement le taux de prélèvement obligatoire augmente, mais les dépenses publiques aussi : celles-ci s'établissent à 56,5 % du PIB preuve que la réduction du déficit en pourcentage s'explique avant tout par des raisons conjoncturelles. La croissance des dépenses s'est établie l'an dernier à +2,5 %, alors que la loi de finances initiale tablait sur +1,6 %. La hausse de la rémunération de la fonction publique (+2,2 % contre +0,6 % en 2016) y a pris une grande part, du fait de mesures prises telles que le dégel du point d'indice et les diverses améliorations catégorielles, décidées sous François Hollande. Enfin, le dernier indicateur clef n'est pas non plus là où il était attendu. Malgré une croissance plus forte que prévu et un déficit plus bas, la dette publique repart logiquement à la hausse, à 97 % du PIB contre 96,6 % un an auparavant. Le gouvernement ne prévoit pas de baisse avant 2020, même s'il a promis récemment de redoubler d'efforts dès cette année.
Une pente dangereuse.
On est loin, en effet, des objectifs affichés pour le quinquennat, soit la baisse promise pour la dette de 5 points de PIB en moins, pour les dépenses publiques de 3 points et pour le taux de prélèvements obligatoires de 1 point. Et comme le penchant du gouvernement est toujours le même : il n’y a pas de cagnotte, mais je ne peux m’empêcher de dépenser plus, c’est plutôt mal parti ! Car comme le souligne Eric Woerth : « il n’y a pas l’ombre d’un début d’action sur la dépense publique ». On cherche toujours les décisions courageuses dont parle Bruno Le Maire et son compère Darmanin. Sauf que sans baisse des dépenses, pas de baisse des impôts. Impossible alors pour l’économie française de se libérer, c’est l’échec des réformes assuré.
Les attentats commis à Carcassonne et à Trèbes par un Franco-Marocain radicalisé ont de nouveau plongé le pays dans le deuil et la frustration. Au fil des jours, des semaines, et même des mois sans attaques, la France avait fini par oublier le danger islamiste. Une coupable insouciance entretenue par le gouvernement qui nous berçait d’illusions : en Syrie, la guerre contre Daech était gagnée, dans l’Hexagone, les tentatives d’attentats étaient déjouées les unes après les autres, faisaient savoir les autorités, laissant croire aux Français que la situation était sous contrôle et le pire derrière eux. Dormez en paix braves gens … Cette période s’est refermée brutalement vendredi avec l’assassinat de quatre personnes – dont un gendarme, Arnaud Beltrame, au comportement héroïque – par un petit délinquant radicalisé de Trèbes, dans l’Aude. L’impact est fort, car c’est la France rurale qui est touchée pour la première fois, celle d’un petit village où tout le monde se connaît. Mais au-delà du sacrifice du lieutenant-colonel de gendarmerie, c’est Monsieur Tout-le-monde qui est pris pour cible !
On ne peut se contenter de ne retenir que le sacrifice héroïque.
Arnaud Beltrame, a donné sa vie pour sauver une otage. Ceux qui le connaissaient n’ont exprimé aucune surprise : « Il était comme ça », disent-ils. Voilà un homme valeureux, brillant à tous égards, assuré d’une belle carrière qui donne sa vie en échange de celle d’un otage. On sait grâce à ses états de service, qu’il lui semblait logique, inévitable, que sa propre vie comptât moins que celle d’un civil, qu’il était formé pour cette éventualité. Il était tout le contraire d’un homme qui méprisait la vie, mais il croyait la devoir à ceux qu’il fallait protéger à n’importe quel prix. Il n’a donc pas été téméraire, mais purement courageux. Il nous laisse un exemple admirable : celui d’une immense beauté morale ! Cela mérite bien un hommage de la nation et nous nous inclinons respectueusement devant sa mémoire. Cela ne doit pas nous faire oublier les autres victimes, ordinaires, innocentes et impuissantes, à commencer par le boucher abattu d’une balle dans la tête. Combien de temps encore allons-nous tolérer que des concitoyens qui ne demandent rien à personne soient livrés à la mort par des individus pétris de haine que rien n'empêche de tuer lâchement des hommes sans défense ?
La responsabilité de ceux qui nous gouvernent est engagée.
Emmanuel Macron, élu il y a dix mois, se retrouve frontalement confronté au terrorisme islamiste dont il faut rappeler qu'il a fait 212 victimes en France depuis 2012. Or tout n’est pas fait pour mener avec détermination la guerre contre ce fléau. L’islamisme se répand et continue de progresser dans les quartiers, et dans des villes comme Trappes, la situation est catastrophique. Au point que cent intellectuels ont cru bon de tirer la sonnette d’alarme. Quelques jours après la parution de cette tribune dans le Figaro, l’attentat de Trèbes résonne sinistrement. La réaction de Benjamin Griveaux à cet appel au sursaut, qu’il juge « stigmatisant », est navrante, et celle de Christophe Castaner qui précise encore hier que les terroristes français de Syrie doivent pouvoir revenir en France, à côté de la plaque et inquiétante. Cela en dit long sur la naïveté des raisonnements qui hantent les allées du pouvoir. On va encore avoir droit à de grands discours bien creux et bien péremptoires du Jupiter de la rue Saint-Honoré, mais on ne peut s’en contenter. Car ce qu’on nous propose comme réplique est risible. Que nous dit Monsieur Griveaux : Il reconnait que le « salafisme a pris le pouvoir » dans certains quartiers, mais appelle contre lui à une croisade pacifique : « La reconquête, elle ne se fait pas dans les tribunes, en stigmatisant, en expliquant que c’est des zones d’apartheid, elle se fait avec la police de sécurité du quotidien, elle se fait en dédoublant les classes et en ayant deux fois moins d’élèves dans les quartiers difficiles ». On pourrait aussi distribuer des kits de « vivre ensemble » ou des bonbons au caramel sans lécithine de soja ni gras de porc ! Combien faudra-t-il de morts encore pour leur ouvrir les yeux ?
Il faut de la fermeté face à l’islam politique.
Laurent Wauquiez a pris la parole dans une déclaration solennelle : « Face à l’islamisme il ne peut pas y avoir d’un côté le courage, le sens du devoir et l’esprit de sacrifice de nos forces de l’ordre, et de l’autre l’aveuglement et l’irresponsabilité politique à la tête de la France depuis beaucoup trop d’années. L'islamisme a déclaré la guerre à la France. Nous faisons face aujourd'hui à un ennemi intérieur. La contagion islamiste doit être éradiquée. Je demande que l’on s’en donne les moyens et que l’état d’urgence soit rétabli. De nombreux individus de nationalité étrangère et proches des mouvances islamistes continuent à résider sur notre territoire. Il faut le dire clairement : nous ne voulons pas d'eux sur notre sol. Quand on part pour le djihad, on trahit la France. C’est aux autorités syriennes et irakiennes de s'occuper d’eux, et je le dis tout net : peu m'importe leur sort. Je demande solennellement à Emmanuel Macron de sortir de sa coupable naïveté et d'avoir enfin le courage de prendre les mesures pour protéger les Français. » Le président des Républicains a raison : des mesures peuvent être prises pour réduire l’influence des radicaux sur le sol français : il suffit d’interdire certaines organisations et de fermer certaines mosquées. Il ne faut pas avoir peur d’expulser tous ceux qui peuvent l’être et interner tous les fichiers S considérés comme dangereux. Cela fera déjà moins de cas susceptibles de passer à l’acte en situation de le faire.
Non, comme le pense et le dit Emmanuel Macron, « nous ne nous habituerons pas à vivre avec le terrorisme ! ». Le sacrifice du Colonel Beltramme nous engage tous : il nous invite à tout faire pour l’éradiquer. Collectivement. A commencer, évidemment, par ceux qui nous gouvernent.
J’ai vu un Nicolas Sarkozy en colère. Venu au 20H de TF1 pour prendre les Français à témoin et leur assurer qu’il n’avait jamais trahi leur confiance, la nouvelle mise en examen dont il fait l’objet paraît être la goutte d’eau supplémentaire insupportable. A juste titre ! Car l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 par la Libye ressemble trop à un mauvais polar. Et puis quelle stature ! A côté, l’actuel titulaire passe pour un freluquet. Personnellement, je crois vraiment au mauvais procès, avec une justice qui ne recule devant aucun moyen pour l’humilier : de la garde à vue à la liste des chefs d’accusation fondant sa mise en examen.
Le soupçon d’acharnement
Le fait que ce soit le juge Tournaire qui est à la manœuvre participe du soupçon d’acharnement. Dans l’affaire du financement de la campagne de 2012, le juge Renaud Van Ryumbeke a refusé de signer le renvoi en procès de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes pour financement illégal de campagne. C’est le juge Serge Tournaire qui a tenu à exiger un procès. C’est le même juge qui vient de mettre à nouveau l’ancien président en examen. Ce juge est partout dans les affaires Sarkozy. Pour éviter tout soupçon d’acharnement, on pourrait très bien penser qu’un autre juge aurait pu être désigné. Une chose est sûre : les accusations portées contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire libyenne sont d’une gravité sans précédent. Si elles étaient confirmées, ce qui est très peu probable, elles porteraient un coup historique à la Vè République. L’hypothèse d’un acharnement des Libyens proches de l’ancien dictateur paraît tout de même le plus vraisemblable, ce qui nous amène à nous demander pourquoi la justice prend au sérieux des déclarations de gens irresponsables dont on devine sans effort l’intérêt qu’ils ont à salir l’ancien président, sinon que le juge instructeur est animé du même désir ? Après tout l'aveuglement idéologique, ça existe, non ?
C’est la France qui est atteinte
Nicolas Sarkozy ne plaide pas pour lui-même. En l’humiliant, c’est la France qu’on humilie. A travers lui, il pense, à juste titre, que c’est la fonction présidentielle qu’il a occupée qui est atteinte. C’est parce qu’il a une haute idée du service du pays qu’il ne souffre pas qu’on le soupçonne de malversations. Car on peut voir un acharnement excessif de la justice qui, jusqu’à présent, n’a abouti à aucune condamnation. En dehors des affaires liées à ses dépenses électorales et à des besoins de financement qui allaient beaucoup plus loin que ce que la loi autorise, on a en effet essayé de l’impliquer dans l’affaire Karachi, dans un réseau de transport de drogue (Air Cocaïne), dans une tentative de trafic d’influence à partir d’écoutes destinées à autre chose (l’affaire libyenne, en l’occurence), il doit répondre des sondages qui ont été commandés par l’Elysée, sans appel d’offres… sans parler de "l'affaire Bettencourt" dont il a été blanchi, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme. D’autant plus que bien des actes de procédures sont « bordure-line », comme les écoutes de son avocat. On est bien dans un « enfer de la calomnie » !
L’affaire libyenne va trop loin
N’importe qui peut constater que la première « révélation » sur cette énorme affaire de transfert de « cinquante millions d’euros » a été faite entre les deux tours de la présidentielle de 2007. L’énormité de la somme suffirait en soi à en montrer le caractère fantaisiste. Ségolène Royal, qui fut la candidate du parti socialiste à l’époque, intervient aujourd’hui sur les ondes pour dire que, si Nicolas Sarkozy a touché autant d’argent, cela a faussé les résultats de 2007. La chèvre du Poitou a toujours l’esprit d’à-propos. Lui-même, Nicolas Sarkozy, dans la déclaration qu’il a faite au juge au terme de la garde vue et qu’il a transmise au « Figaro », estime que l’affaire libyenne, à ses yeux inventée de toutes pièces, lui aura coûté son second mandat, qu’il a perdu avec seulement 1,5 point d’écart avec François Hollande. Sa mise en examen est motivée par « la corruption passive, le financement illégal de campagne électorale et le recel de fonds publics libyens » : des faits d’une gravité exceptionnelle mais s’appuyant sur des accusations qui ne sont étayées par aucune preuve, sinon des déclarations prononcées par des personnages troubles qui, de toute évidence haïssent l’ancien président, qui, rappelons-le a détruit le régime qui les abritait. Il n’existe absolument aucune trace physique d’un quelconque transfert de fonds libyens, sinon des déclarations écrites ou parlées, qui ne sont soutenues par aucun document fiable, et comment un document de la Libye de Kadhafi le serait-il ? Et c’est là où le bât blesse : est-il normal que la justice influe à ce point sur le destin d’un homme et aussi du pays ? Le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, clame qu’il s’agit « du plus gros scandale de la Vème République ». Il va même jusqu’ à établir un lien entre la culpabilité supposée de Nicolas Sarkozy et l’intervention militaire en Libye, dont le moment-clé a été l’assassinat de Kadhafi, comme si le président de l’époque avait voulu se débarrasser d’un témoin gênant. C’est vraiment aller un peu vite en besogne. La campagne de Libye était aérienne et internationale. La France n’a pas été le seul pays à y participer. Les assassins du dictateur étaient libyens. Mais on ne se surprend plus de rien de nos jours, surtout quand il s’agit de journalistes « bien comme il faut » ! Mais imaginer qu’un président français a entraîné plusieurs pays dans une guerre uniquement pour régler ses comptes personnels avec un homme qui l’aurait aidé financièrement, c’est tout de même pousser un peu loin une analyse torturée, d’autant que, dans cette affaire, personne n’a de preuves, même pas les juges, qui ne disposent que de déclarations contradictoires et fluctuantes.
Empêcher la droite d’exister par le soupçon permanent
Les multiples poursuites dont le parti Les Républicains (et avant lui l’UMP) fait l’objet, toujours à propos de financements, ne cessent de créer un malaise dans l’opinion. Certes, d’autres partis politiques ont eu maille à partir avec la justice, mais le cas des Républicains devient obsédant à cause de la longueur des procédures. Au moment où l’on est conduit à stigmatiser les truquages électoraux en Russie et dans d’autres pays qui bafouent les règles démocratiques, la possibilité qu’un parti politique français ait répétitivement tenté de dépenser beaucoup plus que ce qui est autorisé jette une ombre sur le fonctionnement même de notre propre démocratie. On est en droit de se demander comment tous les paratonnerres institutionnels ont pu laisser passer de tels procédés. Rappelons que les comptes de campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ont été passés au laser et validé par la commission ad hoc. L’affaire libyenne fait passer ses instructeurs pour des guignols. Enfin, pourquoi cette mise en examen maintenant ? Certains y voient une double préoccupation : celle du pouvoir de distraire l’opinion d’une conjoncture qui lui est défavorable et discréditer à la fois l’ancien président et la nouvelle direction du parti au moment où ils mettent des bâtons dans les roues de la réforme constitutionnelle. De là à imaginer un coup de téléphone du « château » à la Chancellerie pour réveiller une procédure … Dans ce mauvais roman, tout est possible. Imaginons ce qui arriverait si l’affaire Fillon débouchait sur un non-lieu !
Depuis l'affaire des "diamants" de Giscard, on sait que la calomnie est meurtrière.
Rappel !
Samedi prochain 24 mars,
j'animerai un nouveau Forum "PLACE DES REPUBLICAINS" sur le thème :
"COMMENT LA POLITIQUE DE LA REGION DYNAMISE LA CROISSANCE ECONOMIQUE"
avec pour invité :
Paul JEANNETEAU
Vice-président du Conseil Régional
Président de la commission Entreprise, développement international, tourisme, innovation, enseignement supérieur et recherche
à 15h00, Fédération de Maine-et-Loire, 72 rue Rabelais – Angers
La retransmission video sur les réseaux sociaux qui était prévue ne pourra malheureusement pas avoir lieu encore cette fois-ci pour des raisons matérielles non résolues. J'en suis le premier désolé.
Les retraités sont en colère et ils veulent le faire savoir.
Ils expriment un ressentiment justifié. Le parcours du combattant a commencé pour eux en 1993 : ça n’est donc pas d’aujourd’hui que l’Etat change constamment les règles à leur désavantage. Depuis il y a eu la contribution d’assurance solidarité autonomie (CASA), prélevée au taux de 0,3 % sur différents revenus bruts (retraites, mais aussi pension d’invalidité et allocations de préretraite) instituée en 2004 et le calcul de leur retraite indexé sur les prix et non sur les salaires. Si Nicolas Sarkozy avait tenu sa promesse d’augmenter de 25% le minimum vieillesse au cours de son quinquennat, rectifiant un peu la tendance, le quinquennat de Hollande aura été désastreux pour eux : la réintégration de la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants dans le revenu imposable, le gel des pensions depuis cinq ans … ont fait régresser graduellement et considérablement leur pouvoir d’achat. Macron est victime de l’exaspération des retraités qui ont trop souvent été mis à contribution ces dernières années. Il y a de quoi comprendre leur ras-le-bol.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase.
La hausse de la CSG, non pas de 1,7% (qui est le taux) comme ils avaient pu le comprendre et comme persiste à le faire croire Macron, mais bien de 25%, sans aucune compensation, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car la facture est salée. Le Président dit aux séniors qu’il a rencontrés qu’il veut encourager le travail, qu’il doit d’abord augmenter le pouvoir d’achat des actifs. C’est un discours de technocrate raisonnant sur des chiffres et des statistiques qu’on ne peut pas entendre, tellement il est loin de la réalité humaine de ses interlocuteurs. Si ceux-ci avaient été économistes, ils auraient pu lui répondre qu’ils sont des consommateurs comme les autres. Ils ont simplement constaté qu’ils se serrent de plus en plus la ceinture ! Les retraités souffrent de ne pas être traités équitablement, et en plus, il y a d’autres moyens sûrement plus efficaces pour relancer l’emploi que de prélever 25 milliards d’euros d’impôts dont une faible partie est restituée aux salariés.
Les retraités ne sont pas des nantis !
Autre point : cette volonté de présenter les retraités comme des nantis, issus d’une génération dorée : un pur scandale ! Récemment un député LREM a tenu des propos comparables. Le pacte qui les liait à l’État a été trahi par le gouvernement, car le principe de répartition sur lequel est assise leur pension est baffoué. Comme pour d’autres mesures perçues par l’opinion comme autoritaires ou cavalières, la déception des seniors est très grande car beaucoup ont voté Macron. Le gouvernement se prive ainsi d’une fraction de son électorat et cela durablement car ses explications ne sont guère convaincantes. Ainsi, on entend que les retraités ont eu leur cadeau avec la réforme de la taxe d’habitation. C’est faux ! Cette réforme n’est pas un cadeau pour les retraités, c’est un cadeau pour tout le monde, sous condition d’éligibilité. Sans compter que la suppression potentielle de la taxe d’habitation annoncée par le président de la République entraîne de nombreuses interrogations, d’autant plus qu’elle sera progressive et ne les concernera pas forcément tous.
Un sort injuste.
En attendant, ce sont les retraités qui financent la résorption du déficit des assurances vieillesse complémentaires. Il ne faut pas oublier qu’ils ont cotisé pendant toute leur vie professionnelle,et souvent au prix de sacrifices. Certes, ils ont payé non pas pour leurs propres pensions mais pour celles des retraités qui les ont précédés. Ce n’est vrai toutefois que pour le retraité de base de la Sécurité sociale. Les régimes complémentaires fonctionnent selon un système d’acquisition de points. Or ceux qui veillent au fonctionnement des régimes de retraite n’ont cessé à travers les âges de diminuer le montant prévu de la pension et d’augmenter les cotisations. Quand on dit qu’il n’y a pas de meilleur système parce qu’il est public et non privé, ceux qui touchent leur pension doivent se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de gérer eux-mêmes l’épargne qu’ils ont confiée aux régimes. En réalité, les décisions qu'ils subissent sont dures et créent une injustice à leur égard, car ils ne devraient pas être la cible des économies souhaitées par le gouvernement. La vraie solution aurait résidé dans la prolongation des carrières, un plus grand nombre d’années de cotisations, une date de départ à la retraite ajournée à 64, 65 ou même 66 ans. C’est l’état de la société qui le veut. Nous vivons plus longtemps et en meilleure forme. Nous pouvons travailler au-delà de 62 ans et il est plus bénéfique de rester actif que de se retirer complètement du monde du travail. Un salarié qui travaille un an de plus permet de faire une double économie : il ne puise pas dans les caisses de retraite et il cotise un an de plus aux régimes.
Mais ça, ce serait vraiment courageux !
Candidat, Emmanuel Macron avait fait figurer dans son programme une réforme constitutionnelle, celle-ci est en train de prendre forme. Elle contiendrait la suppression de la Cours de justice de la République, la reconnaissance de la Corse dans la Constitution, l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives, la diminution du nombre de parlementaires, mais aussi la limitation de leurs droits d’amendement. Les différentes révisions constitutionnelles seront adoptées selon trois modalités : pour certaines il s’agira de lois ordinaires et organiques, mais pour d’autres une inscription dans la Constitution sera nécessaire. Pour cela, l'exécutif devra obtenir le vote des 3/5 du parlement, et donc l’approbation des sénateurs, majoritairement LR. Le président de la République a envoyé des signes en direction de Gérard Larcher, le président du Sénat, et hiérarchiquement deuxième personnage de l’Etat, avec lequel la discussion semblait jusqu’alors possible. Mais en forçant le trait de la domination de l’exécutif sur le législatif, comme la réforme semble y conduire, le gouvernement ne laisse pas d’autre choix à ce dernier que de montrer au créneau, en vieux sage qu’il est.
L’affaiblissement du parlement : c’est non!
En ces temps où les démocratures triomphent ( Russie, Chine), la tentation est grande pour le président français de se « putiniser » afin de pouvoir gouverner sans contre-pouvoir. Pour cela, une seule solution : affaiblir le parlement. La réforme constitutionnelle prévoit deux dispositions qui y conduisent : la diminution du nombre des parlementaires et la limitation du pouvoir d’amendement. Moins de députés ayant chacun un pouvoir limité de discussion ou de contestation. La diminution du nombre des députés et des sénateurs est un sujet populiste à souhait. Les Français croient majoritairement que c’est une source de dépenses considérables, cause de tous nos déficits. En diminuer le nombre leur paraît donc évident. C’est une connerie largement entretenue par le vieux fond antiparlementariste bien relayé par les réseaux sociaux. Contrairement à ce qui est régulièrement avancé, la France n’a pas trop de parlementaires. Elle se situe dans la moyenne des pays européens. Diminuer le nombre de parlementaires ne permettra aucune économie : moins nombreux sur des circonscriptions plus grandes, il faudra augmenter le nombre de leurs collaborateurs. De plus on accroîtra la distance avec la population ce qui n’est pas le meilleur moyen de réduire la « fracture démocratique ». S’il y a des économies à faire sur le nombre des élus, c’est dans les autres strates qu’il faut les chercher : pourquoi ne pas rétablir, par exemple réforme du « conseiller territorial », votée en 2011, qui fusionnait conseiller départemental et régional ? Quant à la limitation du pouvoir d’amendement, c’est purement et simplement une atteinte à la liberté de parole et de proposition du parlementaire. C’est un droit inaliénable !
La proportionnelle : c’est non !
Il suffit de regarder autour de la France pour voir les ravages du scrutin proportionnel qui rend les pays ingouvernables : l’Allemagne, l’Italie en sont deux exemples qui devraient faire réfléchir les Français. Or, Macron prévoit de ramener l’Assemblée nationale à 400 députés dont ¼ seraient élus à la proportionnelle. C’est la garantie d’une majorité introuvable ! Même à 10% des sièges, ce mode de scrutin est un poison. On évoque toujours la IVème République et ses gouvernements éphémères, pour fustiger le chaos démocratique qu’il engendre. Mais à part les anciens, qui s’en souvient ? Pour un président en mal de pouvoir « jupitérien » ce serait pain béni pour gouverner sans partage avec un parlement réduit à l’impuissance. Et pour faire monter le « populisme » il n’y a pas mieux.
La Corse dans la constitution : c’est non !
La réforme constitutionnelle devient une espèce de fourre-tout. L’exécutif prévoit d’inscrire un paragraphe consacrant la Corse comme une sorte de territoire à part dans la République. Une bien étrange concession faite aux « nationalistes ». Là encore, c’est contrevenir au principe fondateur d’une « nation une et indivisible ». Et c’est dangereux car c’est inscrire dans la Constitution un précédent communautaire qui sera facilement exploitable par d’autres revendications. Il faut savoir si les habitants de l’ile de beauté sont Français avant d’être corses, car l’inverse n’est pas possible.
Une formidable régression démocratique.
Le projet de réforme constitutionnelle présenté par Macron, s’il était adopté, constituerait une formidable régression démocratique, accentuant le déséquilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, au profit de ce dernier. La dernière modification introduite par Nicolas Sarkozy visait à améliorer l’équilibre entre les deux, en renforçant le pouvoir de contrôle du parlement. Cette fois-ci, ce qui est proposé c’est un retour en arrière vers l’archaïsme désuet d’une dictature qui ne dirait pas son nom. La tentation de passer par le referendum, d’ailleurs très discutable en droit, en dit long. Cependant, face au saucissonnage des textes par la multiplication des procédures, il n’y a qu’une réponse possible, elle est globale, et c’est : NON ! Assez de tripatouillages, Monsieur Macron !
Le titre de cet article peut paraître violent. Pourtant c’est une réalité contenue dans son programme et qu’il met méthodiquement en œuvre. La « nation est une et indivisible » : c’est le principe premier de l’identité française qui fonde notre conception de la République. La laïcité en est le ciment. Elle est une spécificité de notre pays, unique en Europe. Voilà pourquoi la France est ce pays singulier où l’acquisition de la nationalité suppose de « s’intégrer » en ayant assimilé les principes fondamentaux de notre culture, langue et principes.
Une vision exclusivement économique et sociétale.
Emmanuel Macron ignore la spécificité du politique. Il confond nation et société. S’il utilise le mot « Nation », il ne lui donne pas de contenu, il s’arrange pour que chacun entende ce qu’il a envie d’entendre. D’où ce sentiment récurrent de discours creux quand il s’exprime. Le seul objectif qu’il se donne c’est de poursuivre le processus de déstructuration et de décomposition de la France. Il préside à nos destinées mais notre nation lui est parfaitement indifférente. Le contenu de la réforme constitutionnelle qu’il prépare est dans le droit fil de cette volonté : il compte jouer « le peuple contre les élites » pour diminuer le nombre des parlementaires et le nombre de mandats, et surtout réduire le rôle du parlement. Son entourage fait tout pour présenter la résistance du Sénat comme une volonté du « monde ancien » d’empêcher d’avancer, et faire passer Gérard Larcher pour un vieux con, alors qu’il présente des arguments de sagesse. L’équilibre des pouvoirs et la solidité des institutions de la Vème République, Macron n’en a rien à faire, il est un adepte du « post-national » qui envisage la France comme une « start-up » dont il serait le dirigeant dynamique et souriant. La nation n’est pour lui qu’une entité qu’il convient de dynamiser, de mettre en mouvement, sans mémoire, sans passé, sans histoire. Une nation devenue selon le concept de Zygmunt Bauman « la société liquide ». Macron veut une société de mobilité, ce qui explique ses attaques réitérées contre la « propriété » via l’IFI et la « super taxe foncière » en préparation à Bercy.
Adapter la France à la marche du monde.
Dans le discours macronien on ne « réforme pas », on « transforme » ! La France sera parfaitement adaptée lorsqu’elle vantera la fluidité des identités sexuelles, le « gender fluid », lorqu’elle aura autorisé la PMA pour tous, et ensuite permis la GPA, lorsque l’école sera entrée dans les clous des injonctions de l’OCDE et des tests PISA, pour acquérir des compétences et non des savoirs qui permettraient ensuite de lire Racine ou Victor Hugo pour se cultiver. Il ne s’agit que d’insertion professionnelle, le reste n’est pas utile ! Quelle réponse donne-t-il à la question : « Pourquoi l’école ? » Former des agents économiques efficaces lui suffit, alors qu’il faudrait ne pas perdre de vue la promotion de citoyens héritiers d’une civilisation. Macron est totalement acquis à l’idée de « société inclusive » et c’est ce qu’il met en œuvre. L’adaptation de la France à la marche du monde, c’est convertir notre société au multiculturalisme, en faire une mosaïque de communautés vivant les unes à côté des autres, chacun selon ses mœurs, son calendrier. Nos mœurs, notre culture chrétienne (pour ce qu’il en reste) ne seront plus que des composantes parmi d’autres. Ce qui met en lumière ses déclarations successives : l’art et la culture français n’existent pas. « Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France ! » C’est on ne peut plus clair.
La laïcité à la mode anglo-saxonne.
C’est la conception de la laïcité du Président de la République : il la comprend comme un principe de liberté alors qu’elle est avant tout chez nous la passion du monde commun. La laïcité française est une exigence de discrétion afin de faire prévaloir l’identité nationale à laquelle chacun doit prendre part. On remarquera que la question des « territoires perdus de la République » ne fait pas partie, ni de son discours, ni de ses priorités de reconquête. Le port du foulard et du voile qui met en danger la condition des femmes est toléré au nom du « libre arbitre » personnel, ce qui est un contresens fondamental (il est avant tout un signe d’oppression). Quant au terrorisme djihadiste qui a pourtant fait de la France sa cible privilégiée, il ne le conçoit que comme une résultante de l’ordre mondial qui nous l’imposerait. L’Etat entre ses mains n’a d’autorité que pour affirmer son pouvoir personnel et broyer ce qui s’oppose à la transformation qu’il veut imposer. Le « régalien » qui voudrait que l’Etat impose sa loi partout n’a pas de sens pour lui. On l’avait compris quand il a fait voter la loi qui a mis fin à l’état d’urgence.
Ce qui me fait le plus mal, c’est que cette politique soit mise en œuvre par des individus qui ont naguère appartenu à ma famille politique. Sont-ils aveugles à ce point ?
ATTENTION : le bloc-notes va faire une pause pour raisons familiales. Il reviendra le 19 mars !
A bientôt !
Chers amis,
Si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est parce que je crois nécessaire de remettre un certain nombre de choses en place. Le départ d’un certain nombre de personnalités du Parti « Les Républicains », tels Christophe Béchu ou Marc Laffineur, au prétexte que la ligne suivie par Laurent Wauquiez serait dangereuse, et au nom de leur sensibilité humaniste, a pu jeter le trouble dans votre esprit.
Vous le savez, j’appartenais par le passé à cette sensibilité de la droite et du centre incarnée par l’UDF, et j’ai adhéré aussitôt à l’UMP quand la plus grande partie de ma famille politique s’est regroupée avec le RPR. J’ai d’ailleurs été le premier secrétaire départemental du nouveau parti, il y a quinze ans.
Aujourd’hui, non seulement je reste au sein des Républicains, mais j’ai décidé de reprendre du service actif en participant à l’animation de la fédération de Maine-et-Loire. Je voudrais sereinement vous en exposer les raisons.
D’abord, j’ai beau chercher des raisons au-delà des postures, mais je ne sens pas mon humanisme menacé par Laurent Wauquiez. Que lui reproche-t-on, en effet ?
-La ligne qu’il défend en matière de défense de notre identité culturelle et de lutte contre l’immigration, notamment clandestine, est dans le droit fil de celles défendues par François Fillon et avant lui, par Nicolas Sarkozy. J’ajouterai que le contrôle de l’immigration est fondé sur le plan éthique : un peuple n’est pas une simple juxtaposition d’individus mais une collectivité partageant un ensemble de caractéristiques culturelles et un projet commun de société. Cela justifie de contrôler l’ampleur et la nature des flux, en tenant compte de la facilité d’intégration des immigrés et du degré d’acceptation par la population. Un des corollaires de ces principes, c’est l’application indépassable de notre conception de la laïcité qui veut que les lois de la République soient premières.
-Laurent Wauquiez se fait le chantre des territoires face à la métropolisation, de la défense des classes moyennes face aux injustices fiscales répétées, de l’assainissement de nos finances publiques alors que la dette se creuse. Il défend donc une conception de l’action publique économe de ses moyens et de l’aménagement du territoire qui vise à rétablir un équilibre entre la France des agglomérations et la France dite « périphérique ».
-En ce qui concerne l’Europe, dont certains font leur « ligne rouge », les propositions que Laurent Wauquiez a exposées dans le Figaro en novembre dernier sont frappées au coin du bon sens, à mi-chemin entre le fédéralisme technocratique et la fuite en avant de Macron qui veut élargir l’Union jusqu’aux Balkans et le jusqu’auboutisme des souverainistes. L’idée d’une Europe des réalités à plusieurs cercles, déjà émise par Giscard est reprise par Christian Saint-Etienne dans son livre « Osons l’Europe des nations ». Ces deux derniers ne sont pas des extrémistes, que je sache.
-enfin, je voudrais souligner l’importance que revêt le débat démocratique. Celui-ci ne peut pas se passer de l’échange entre gauche démocratique et droite républicaine au risque de limiter l’alternance qui arrivera forcément un jour au choix problématique avec les extrêmes. Le ni-droite, ni gauche n’a aucun fondement. Qu’on le veuille ou non, qu’on les aime ou pas, les partis politiques ont un rôle à jouer. Et puisqu’il y a une majorité, il est bon et sain qu’une opposition s’exprime. Et au premier rang, celle des « Républicains ».
Alors j’’entends dire qu’il faut à tout prix aider Macron à réussir, sinon la prochaine fois … Mais réussir quoi ?
-la recentralisation à tout crin sur l’Etat central : de la formation, de l’indemnisation du chômage, des impôts locaux, des décisions d’aménagement du territoire : non, merci !
-l’affaiblissement du parlement et la régression démocratique qui accompagne les réformes institutionnelles envisagées aussi bien que le retour à des listes nationales pour les européennes : non merci !
-le laxisme contenu dans le plan d’application des peines, récemment énoncé, dans le droit fil de la réforme Taubira, alors qu’il faudrait augmenter le nombre des places de prison, et le même laxisme face aux dérives communautaires et aux menées islamistes, soulignées dans un rapport : non, merci !
Emmanuel Macron a lui-même qualifié son élection « d’effraction », et nous devons dénoncer son mépris et sa brutalité quand il assomme de nouveaux impôts ceux déjà étrillés sous François Hollande. La « violence » des propos « volés » à Laurent Wauquiez est peu de chose en regard. Le Président actuel ne s’attaque pas aux problèmes de fond. Rien sur le temps de travail ; rien sur la protection de nos entreprises face à la guerre économique, et la transformation du CICE en baisse de leurs charges est une nouvelle entourloupe qui fera peser sur elles une ponction de 8 à 9 milliards d’euros ; rien sur l’Europe ouverte à tous les mauvais vents de la mondialisation ; rien sur la baisse de la dépense publique et la réforme de l’État ; rien sur l’islamisme qui gangrène les cités, les prisons et même certains territoires ruraux ; rien non plus sur le rétablissement de l’autorité de l’État… Et maintenant on apprend que Mr Darmanin envisage de calculer la taxe foncière en fonction des revenus !
Comme vous le voyez, s’opposer est une nécessité quand on croit aux valeurs et aux idées de la droite et du centre. Faites comme moi, confortez l’action de l’opposition. Le moment est venu de réadhérer, si vous ne l’avez déjà fait. « Les Républicains » ont besoin de vous !
Avec mon amitié fidèle et militante,
Daniel Houlle
Vous pouvez me retrouver régulièrement sur mon bloc-notes : www.calepindh.typepad.fr
Je vous invite à suivre le prochain forum « Place des Républicains » consacré à l’économie Régionale avec Paul Jeanneteau, vice-président du Conseil Régional, le 24 mars à 15h, à la fédération rue Rabelais ou sur la page Facebook des Républicains de Maine-et-Loire.
J'aime bien ces journaux de bord : c'est bref, concis et Virginie va à l'essentiel. Retenez bien les rendez-vous qu'elle nous fixe.
Daniel
Une manne importante mal utilisée.
La formation professionnelle coûte chaque année autour de 32 milliards d’euros et on ne peut pas s’empêcher de mettre en relation cet effort colossal avec la hausse du taux de chômage qui l’a accompagné. Il y a donc un problème, c’est le moins qu’on puisse dire. La formation gérée paritairement par les syndicats et le patronat était une bonne idée, mais seulement en apparence, car depuis quarante ans le dispositif ne semble pas avoir lutté avec succès contre les crises économiques qui se sont succédé. Nous avons un modèle de formation qui coûte très cher, qui a vieilli, et qui a surtout généré des rentes de situation. Un constat s’impose : il ne profite pas suffisamment à ceux de nos jeunes concitoyens qui espèrent entrer sur le marché du travail et surtout à tous les autres de rester dans le monde du travail. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve à la fois juge et partie. Une réforme est donc indispensable.
L’Etat choisit la pire solution.
Que l’Etat reprenne en main la formation professionnelle n’aurait rien de choquant si l’on évalue à la fois la somme investie chaque année dans ce secteur et les résultats peu probants qu’elle obtient en matière de réduction du chômage. Mais il est loin d’avoir toute la légitimité requise pour lancer une OPA sur la formation. Il n’alimente qu’un tiers de son budget, avec à peu près dix milliards d’euros par an (3,8 milliards directement versés par ses caisses et 5,5 milliards au titre des fonctions publiques) ; les entreprises, pour leur part, dépensent 14 milliards pour la formation professionnelle et le reste du financement est assuré par les ménages (1,4 milliard), l’Unedic (2,1), les régions (4,5), les autres collectivités territoriales (117 millions). Pourtant, désormais, la gestion des montants recueillis sera désormais gérée par l’Etat qui souhaite accélérer la formation en la finançant lui-même et en prenant toute une série de dispositions très techniques destinées à faciliter l’accès aux droits pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation professionnelle. C’est l’Etat qui recueillera les fonds par le biais des Urssaf et non plus les 6 000 collecteurs dont c’est la tâche permanente et qui ne pourront survivre que s’ils sont affectés à d’autres tâches, ce qui explique que le nouveau dispositif déplaît souverainement aux syndicats et en particulier à la CFDT, vivement opposée à cette réforme, et au patronat, mécontent qu’on le prive d’une activité lucrative et qui n’aura de cesse de rappeler qu’il apporte près de la moitié des sommes dépensées. Il faut dire que les résultats obtenus ne plaident pas en la faveur des unes et des autres. La transparence sur l’utilisation des fonds n’était pas toujours de mise. Le choix qui est fait est donc celui de la centralisation. Cet Etat déjà obèse veut tout faire. Comme le reste, il le fera mal et il y a tout à craindre malgré les bonnes intentions affichées : le CPF, compte personnel de formation, sera crédité d’une somme d’argent et non d’heures, le droit à l’accompagnement sera renforcé, les chômeurs bénéficieront d’un accès élargi au dispositif.
Ce sont les Régions qui ont la compétence.
Les technocrates de Bercy ont-ils encore frappé ? Mme Pénicaud ignore superbement une fois de plus les Conseils régionaux à qui la décentralisation a transféré la compétence en matière de formation, ce qui rend la réforme incompréhensible. En plus elle prend le risque de jeter quelques milliers de salariés au chômage, ce qui serait le résultat inverse de celui qui est recherché. Ce sont les Régions que la réforme aurait dû placer comme principal collectrices des fonds de la formation et de l’apprentissage. Elles ont une bonne connaissance du tissu économique, ayant par ailleurs la compétence du développement économique régional, et donc des besoins des entreprises, y compris en formation. Elles seules sont en contact avec tous les types d’entreprises des plus petites, artisanales, aux plus grosses. Elles ont l’expérience vécue des relations avec tous les partenaires de la formation, qu’ils soient branches professionnelles, chambres consulaires ou syndicats patronaux, avec en plus la coordination nécessaire avec la formation initiale et continue, des lycées professionnels au Cnam pour l’enseignement supérieur. Elles devraient être le lieu privilégié de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle continue, et n’étant pas partie prenante, le lieu d’arbitrage idéal pour la pérennité ou la validation de l’offre. Ne pas leur confier ce qui entre dans leurs compétences est une faute politique grave.
Il faut donc s’interroger sur les motivations réelles de l’exécutif.
Cette volonté constante de recentralisation en ignorant sciemment les opportunités offertes par la décentralisation relève d’une vision de l’aménagement du territoire passéiste qui conduira immanquablement au gaspillage et à l’inefficacité.
Une élection à hauts risques.
Ce n’est un secret pour personne, les élections des députés au parlement européen sont toujours à haut risque pour le pouvoir en place : la faible appétence des Français pour l’Europe a pour conséquence une participation électorale qui est allée rétrécissant comme une peau de chagrin au fil des rendez-vous électoraux depuis 1979. Il en résulte logiquement une survalorisation de l’électorat qui se mobilise le plus. Jusqu’à maintenant, c’était le Front National qui tirait proportionnellement les marrons du feu, à la notable exception de 2009 où l’UMP est arrivée en tête. Le pire scrutin fut celui de 2014 qui vit le FN arriver en tête avec près de 25% des voix devant l’UMP avec seulement 20%, l’UDI en faisant 10% de son côté. Le PS s’était effondré à 14% ainsi que les Verts à 9%, pour seulement 42% de votants. La régionalisation des listes avait probablement limité les dégâts en tentant de rapprocher les candidats des électeurs. Le camp des eurosceptiques et des souverainistes va-t-il encore marquer des points en 2019 ? Le résultat des élections italiennes incline à le penser, mais les conséquences du Brexit qui deviennent peu à peu visibles peuvent provoquer un effet inverse. A la dernière présidentielle les « anti-Europe » et souverainistes (Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon…) ont réuni pratiquement la moitié des suffrages. C’est un bon indicateur bien que ces résultats ne soient pas transposables. C’est néanmoins un premier écueil pour Emmanuel Macron qui campe sur des positions favorables au renforcement de l’intégration européennes et à son élargissement aux Balkans.
Les listes transnationales.
La sortie du Royaume-Uni de l’Union libère 73 sièges au Parlement de Strasbourg. D’aucun y verrait une occasion de diminuer le nombre d’élus d’autant et de faire des économies. Les cerveaux de nos technocrates n’ont pas cette logique probablement trop simple. Puisque 73 sièges sont vacants, pourquoi ne pas les utiliser pour élire des députés sur des listes transnationales. Sans entrer dans le détail, si cela se réalisait, nous voterions donc deux fois : une fois pour les listes nationales et une autre fois pour les listes transnationales. J’arrête là l’explication : inutile d’entrer dans le détail, le projet a été rejeté par le Parlement européen. Le président français s’était fait le chantre de ce double scrutin, il y voyait un moyen de renouveler l’intérêt pour la construction européenne dans la tête de nos concitoyens. A mon humble avis, il se faisait de douces illusions. Mais l’objectif était bien de faire exploser, grâce à ce tripatouillage, le rapport de force politique entre le PPE et les sociaux démocrates au sein du parlement, en faisant entrer un groupe « ni droite-ni gauche » … Or, le PPE est quasiment assuré de conserver l’an prochain la majorité au Parlement. La seule possibilité de contrer ce monopole, c’était de faire des listes transnationales, chaque citoyen européen disposant alors d’une voix nationale et d’une voix européenne. Une partie de la droite redoutait que le futur président de la commission européenne, qui doit être venir du groupe majoritaire soit issu de ces listes transnationales. Elle a logiquement dit non.
Retour aux listes nationales en France.
« En même temps », Macron a fait voter par l’Assemblée nationale, une modification du mode de scrutin avec le retour des listes nationales. C'est le "vieux monde" qu'il ressuscite ! Deuxième tripatouillage. Ce type de listes avait été abandonné parce que leur composition concoctée par les états-majors parisiens paraissait bien éloignée des électeurs qui, la plupart du temps, ne connaissaient même pas le nom de leurs députés européens finalement élus. Mais c’est un impératif pour le Président dont le parti n’a aucun enracinement local et se révélait incapable de mettre en place des candidats crédibles dans les circonscriptions régionales. C’est évidemment une régression démocratique. Il n’est pas certain que cela motive le corps électoral pour le mobiliser.
Le principe de réalité.
Face à la montée du populisme, tout le monde est bien d’accord qu’il faut faire repartir l’Union sur de nouvelles bases. La relance telle que la conçoit Macron, c’est la fuite en avant, avec grandes envolées lyriques et décor de théâtre, le Parthénon, en arrière-plan. Pas certain que ça fasse « bander » les Français (et les Françaises). Ceux qui tablent sur un affaiblissement de Merkel vont rapidement déchanter, maintenant qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, sa « grosko ». Comme l’émergence d’un nouveau groupe politique au Parlement européen, autour de « En Marche » est plutôt compromis, les alliés d’Agir venant d’adhérer au PPE, c’est donc aux Républicains de jouer leur partition. Face au projet de Macron qui veut construire l’Europe en continuant d’oublier les peuples européens et en premier lieu le peuple français, qui rêve d’une Europe de Schengen élargie aux Balkans avec toujours plus de fédéralisme, celui de Wauquiez pourrait paraître comme celui du réalisme. Car la solution la plus viable pour notre continent est celle d’une Europe à plusieurs vitesses autour d’un noyau dur d’Etats prêts à avancer ensemble. L’important est que l’Europe apparaisse comme la solution et non comme le problème. Le meilleur moyen de la réconcilier avec ses citoyens c’est qu’elle soit là pour leur faciliter la vie. Ce projet sera aussi un bon moyen de désamorcer le scepticisme qui alimente le souverainisme mortifère. Avec un programme qui pourrait apparaître comme celui de la raison, le scrutin européen, avec une liste « des territoires », peut être une chance pour Wauquiez : quel joli pied de nez en réponse aux tripatouillages présidentiels !
Une technocrature.
La France n’est plus vraiment une démocratie libérale. Avec l’élection de Macron, la prise de pouvoir par la technocratie atteint son apogée : c’est ça la « transformation ». Notre pays est devenu une « technocrature », contraction du mot « technocratie » avec le mot « dictature ». La démocratie est en effet confisquée par l’énarchie, présente dans tous les rouages avec une haute administration toute puissante et une prise en main politique où elle s’est infiltrée chez les élus pour s’emparer complètement du pouvoir. Le parlement est ravalé à un rôle d’approbation sans marge de manœuvre sous la domination d’un groupe majoritaire qui reçoit ses ordres directement de l’Elysée, c’est-à-dire de la haute fonction publique. Pour faire de la politique, aujourd’hui, Sciences-Po ne suffit pas, il faut avoir fait l’ENA et c’est souvent la condition pour être ministre : « énarque », c’est être de « sang pur » ! Le « ni droite-ni gauche » prend tout son sens quand on a été formaté par le même moule. C’est ainsi que Le Maire et Philippe se sont adaptés à Macron : entre énarques on se comprend. Les énarques ont un seul dieu : l’Etat, et leurs convictions fluctuent en fonction de leur appétit de pouvoir, on l’a bien vu avec Bruno Le Maire. Toute la politique actuelle menée par le gouvernement est entièrement entre les mains des énarques et de leurs raisonnements fumeux coupés de la réalité. A-t-on besoin d’un rapport ? C’est, par exemple, Spineta, un énarque qui s’y colle. Mais franchement, on pouvait en faire l’économie, « Edouard » pouvait demandé un avis autorisé à son ami Bussereau, fin connaisseur du dossier de la SNCF, avec l’avantage d’être gratuit, pour arriver aux mêmes préconisations.
L’Assemblée nationale réduite au rôle de chambre d’enregistrement, ça n’est pas encore suffisant. Il reste encore le Sénat où un peu de pouvoir politique « non aligné » s’exprime. Qu’à cela ne tienne, il faut « transformer ». Macron a dans la tête une révision constitutionnelle dans laquelle le Sénat fusionnerait avec le CESE (Comité Economique et Social), ce machin à recaser les syndicalistes retraités et les politiques en déshérence, machine à fabriquer des rapports le plus souvent inutiles, pour en faire une « assemblée des territoires ». Ainsi on pourrait supprimer les Régions, que l’on commence à priver de moyens, à commencer par la formation professionnelle dont elles ont la charge et dont on refile le pognon aux « branches ». Ainsi tout serait recentralisé et tellement plus commode à « gouverner ». L’affaiblissement du parlement, c’est un objectif, pas un mirage !
Des plans à tire-larigot.
En attendant, la machine technocratique fonctionne à plein régime pour « transformer » la France à sa main. Edouard Philippe c’est « Monsieur Plan-Plan ». C’est lui le chef d’orchestre de cette improbable symphonie dont la partition est faite de « rapports » qui débouchent sur des « plans » qui font l’objet de « comités de suivi ». C’est l’administration victime du syndrome de Parkinson. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce sont vingt-trois plans, à ma connaissance, qui ont été produits depuis son entrée en fonction : un problème ? Vite un rapport et un plan !
On a des plans pour tout. Plan pour le commerce extérieur, avec le trou qu’on a il faut bien théoriser sur la baisse de nos parts de marché, mais on n’envisage pas l’essentiel qui tient dans l’insuffisante compétitivité de notre économie, ce serait trop simple. Je continue : plan étudiants, plan d’action pour la croissance des entreprises, plan en faveur des travailleurs indépendants, plan « France à très haut débit », plan Tourisme, plan pour réguler l’immigration, plan pour l’audiovisuel public, plan d’action pour la mise en œuvre du traité CETA, plan logement, plan de soutien à l’industrie française, plan pour le développement de l’Intelligence Artificielle, plan pour renforcer le contrôle des chômeurs, plan de privatisation, plan pour isoler les détenus radicalisés… Certains sont plus emblématiques : ainsi le « Plan Climat » qui nous vaut la mobilisation de 12 milliards d’euros de prélèvements pour financer les délires de Mr Hulot. Nous avons le grand plan d’investissement sous la houlette de Pisani-Ferry, de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles et répondre à quatre défis majeurs de la France : la neutralité carbone, l'accès à l'emploi, la compétitivité par l'innovation et l'État (ouf !). Il y a même des plans dans le plan : ainsi le « Plan d'Investissement dans les Compétences » qui vise à former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés et à transformer en profondeur l'offre de formation fait partie du grand plan d’investissement. Vient de sortir récemment le « plan de prévention de la radicalisation et de lutte contre la radicalisation » en 60 mesures (ah, ce chiffre 60, un fétiche depuis Hollande) pour un coup d’épée dans l’eau. Le plus attrayant est certainement le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative » : tout un programme rien que dans le titre et il est doté d’un comité de suivi, ça va de soi ! Il faut encore citer le plan pour lutter contre la fraude fiscale pour renforcer un peu plus la traque des citoyens qui fuient l’enfer fiscal sans se demander s’il ne vaudrait pas mieux faire l’inverse : aurait-on de la fraude si la France était un « paradis » ? Pour tourner l’écueil de la diminution du nombre de fonctionnaires, le gouvernement préfère avoir recours à un « plan de départs volontaires » pour masquer son manque de volonté en la matière. Les chiffres de la première année de mandat sont éloquents : il aurait fallu ne pas remplacer 25 000 fonctionnaires pour tenir le cap promis des 120 000 à la fin du mandat présidentiel, or lors du vote du dernier budget, le gouvernement n’avait finalement supprimé que 1 600 postes de fonctionnaires au lieu des 10 000 prévus pour l’année 2018…!
Une France suradministrée.
Je suis sûr qu’il y a d’autres plans qui ont échappé à ma recherche. C’est évident qu’avec une telle activité il devient impossible de diminuer le nombre des fonctionnaires. Il ne manque plus que « le plan pour importer du sable au Sahara », pour reprendre la plaisanterie bien connue. Vous doutez encore que la France est suradministrée ? Malheureusement, tout cela a un coût, et on peut douter de la méthode. Car les plans sont faits aussi pour aller dormir dans les tiroirs : on en tire quelques mesures et le reste n’est jamais appliqué. Il suffit d’observer les réformes réellement mises en œuvre qui se contentent le plus souvent de demi-mesures. De fait, l’organisation de l’État est anormalement coûteuse et lourde dans son fonctionnement. La France est septième au classement de la part des employés publics sur l’emploi total : il y a deux fois plus d’agents publics en proportion de l’emploi total qu’en Allemagne. Les services publics sont également parmi les plus coûteux des pays de l’OCDE. Pas étonnant !
Il faut d’urgence supprimer l’ENA !