HISTOIRE

LA GRECE : ET MAINTENANT ?

Sirtaki

 

A voir la réaction des marchés au lendemain de la victoire de Tsipras, on a envie de dire, la Grèce, tout le monde s’en fout !

Il est vrai que les élections n’offraient aucun suspense : qui aurait pu avoir le moindre doute quant à la politique économique qui serait conduite par les gagnants : droite ou gauche, ils étaient condamnés à mettre en oeuvre l’accord conclu avec la zone euro. Alexis Tsipras l’a emporté assez largement, avec près de 36 % des voix contre 28,05 seulement à ses opposants de droite, Nouvelle Démocratie, malgré ce qu’indiquaient les sondages qui en Grèce se trompent toujours. Une belle manœuvre qui montre qu’il s’y entend pour garder le pouvoir. La Grèce est le berceau de la démocratie dit-on dans tous nos beaux livres d’histoire. On oublie de compléter en indiquant que c’est aussi celui des démagogues depuis l’Antiquité.

Quels enseignements faut-il tirer néanmoins de ce résultat tout de même paradoxal ?

 Les Grecs avaient de bonnes raisons d’en vouloir à celui qui vient de l’emporter. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas tenu parole ce qui conduit Marine Le Pen , qui l’avait soutenu à affirmer qu’il a trahi ses électeurs en se soumettant au diktat de la zone euro. Elle n’a pas tort. Et ça explique la forte abstention à 44%. Mais où elle se trompe, c’est qu’en réélisant Tsipras, et en préférant Syriza aux autres partis, les Grecs ont montré leur attachement à l’Europe et à l’euro, avec la conviction qu’il n’y avait pas de solution sérieuse dans un retour à leur monnaie nationale. Tout au plus, on concédera qu’ils ne l’ont pas fait sans arrière-pensée : ils auraient souhaité obtenir le plan d’aide de quelque 80 milliards sans avoir à lancer le plan d’austérité qui reste à appliquer. Tout le monde sait bien que l’austérité trop « austère » conduirait à une catastrophe, tout autant que la pente des promesses de Syriza, première version. D’ailleurs, s’il est réélu, il reste néanmoins comptable d’avoir annihilé le peu de résultats acquis sur les efforts de ses prédécesseurs, et d’avoir mis son pays dans une situation encore plus dramatique, qui rend le relèvement plus délicat.

Et d’abord, ne plus emprunter.

Les Grecs ne sont pas sortis de l’auberge dès lors que l’endettement de leur pays s’accroît au point que personne, parmi les créanciers, ne croit vraiment que la Grèce pourra rembourser tout ce qu’elle doit. Tout au plus peut-on caresser l’espoir que M. Tsipras, grâce à la confiance qu’il vient d’obtenir, saura rapidement mettre son pays sur les rails qui conduisent à l’équilibre des comptes. Car, le vrai problème, ce n’est pas de rembourser, c’est de ne plus emprunter. D’ailleurs, il est à peu près certain que le plan infligé à la Grèce produira des accès de fièvre et des désordres. Et donc il sera difficile de la maintenir durablement dans un régime sévère. C’est pourquoi il faut bien mesurer ce qui s’est passé : voilà un peuple ulcéré par les sacrifices qui sont exigés de lui, qui vote quand même pour la zone euro. Il maintient au pouvoir un homme qui a adopté la politique qu’il avait dénoncée en janvier dernier avec une telle virulence qu’il a été élu sur le principe d’une rupture, celle-là même qu’il n’a pas voulu consommer. Il n’est pas interdit de penser qu’un certain nombre d’électeurs ont cru que M. Tsipras, qui sait prendre des virages à 180°, va changer une fois de plus de position et tenter de revenir au bon vieux laxisme qui a permis aux Grecs de vivre à crédit pendant tant d’années. Ce serait un pari hasardeux, car le moindre manquement à ses engagements priverait aussitôt la Grèce de tout financement européen.

L’Europe reste la solution.

Le résultat des élections en Grèce est donc principalement européen. Il administre la preuve que l’abandon de l’euro n’est pas une issue crédible ; il indique aux autres pays européens qu’il y a davantage de réalisme dans la monnaie unique et dans la rigueur financière que dans les plans irresponsables que proposent l’extrême droite et l’extrême gauche en France. La victoire de Syriza expurgé de ses jusqu’au boutistes, c’est la défaite de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen tout à la fois. Tous ceux qui prônent la dislocation de l’Europe et le repli national comme remèdes magiques sont disqualifiés. C’est une bonne leçon à rappeler, à quelques semaines des élections régionales, de montrer à l’électorat français que même un Tsipras n’a pas voulu aller jusqu’au bout de la logique qu’il préconisait, avec tous les risques inhérents, et que les Grecs n’ont pas cru qu’il y avait un avenir heureux dans le retour à la Drachme, que l’illusion et l’outrance sont possibles dans l’opposition, jamais quand on gouverne.

 


QUI SE RESSEMBLE, S’ASSEMBLE

Allez, une dernière note politique avant de passer à autre chose. Bientôt vous retrouverez "Souriez, c'est l'été" et ses billets humoristiques.

 

Hollande pit

Tsipras

 

C’est bien la leçon qu’on peut tirer du dernier épisode de la négociation avec les Grecs : finalement rien n’est surprenant ! Hollande a soutenu Tsipras, Montebourg invite Varoufakis … Qui se ressemble s’assemble ! Le dicton n’a jamais été aussi vrai.

Quoi d’étonnant à voir notre pingouin soutenir un menteur et un manipulateur ? Le seul fait que le Grec soit revenu à la table des négociations avec des propositions plus sévères que celles contre lesquelles il a fait voter non, en dit long sur sa capacité à brouiller les cartes et à utiliser la démagogie. Il se battait contre la « rigueur » imposée par le « libéralisme », avec l’appui complaisant d’un Président français qui pensait y trouver son compte, puisque c’est au nom de la même réthorique qu’il a refusé depuis trois ans de faire les réformes drastiques qui s’imposaient pour remettre la France sur les rails de la croissance. Ils ont perdu, le week-end dernier tous les deux. Le grand soir que souhaitaient la gauche radicale et l’extrême-droite n’aura pas lieu. Ceux qui voyaient dans la réaction grecque un modèle et un exemple et qui en espéraient au mieux un affaiblissement des institutions européennes, au pire un éclatement de la zone euro en sont pour leurs frais. Leurs rêves se sont brisés sur le refus de la chancelière de se laisser balader par les doubles discours du tandem franco-grec. Merci Angela ! Tsipras doit maintenant s’expliquer devant son peuple abusé. Et le triomphalisme élyséen n’abusera personne. Le populisme vient de subir un revers en étant déshonoré par le gouvernement grec. On n’utilise pas le referendum pour s’exonérer de réalités qui vous rattrapent toujours. Comme le discours de Marine Le Pen sonne faux depuis !

Quoi de surprenant de retrouver dans la même barque des dirigeants qui ont le même bilan économique. Aussi nuls en la matière l’un que l’autre ! La Cour des Comptes est là pour nous le rappeler tant on serait tenté de l’oublier avec l’enfumage permanent de Sapin et consorts : la France continue de s’endetter, la dépense publique ne recule pas, elle ne dégage pas d’excédents susceptibles de commencer à assainir la situation financière. C’est bien du même mal dont souffre la Grèce : d’avoir eu des gouvernements qui ont vécu de la manne des crédits sans jamais se poser la question de savoir comment on allait rembourser. Présenter aujourd’hui les « méchants créanciers » comme des profiteurs, ce qui constitue l’essentiel du discours des Mélenchon de service, c’est oublier l’essentiel : voilà ce qui arrive quand un pays vit au-dessus de ses moyens. Ceux qui veulent nous faire croire qu’une autre politique, plus facile, qui n’imposerait pas d’efforts, afin de rembourser en monnaie de singe les créanciers, conduiraient le pays à la pire catastrophe autant pour ses entreprises que pour les travailleurs et épargnants. Hollande n’a plus qu’à faire en France les réformes qu’il impose aux Grecs… puisqu’il est, parait-il, audacieux !

Quoi de surprenant enfin, à constater l’enflure du surmoi chez l’un et l’autre. Notre François-les-bas-rouges se découvre « audacieux » et ce cher Alexis ose faire des pieds de nez à ses partenaires généreux. A peine revenu à Athènes, ce dernier n’affirmait-il pas qu’il ne croyait pas dans les accords qu’il venait de signer ! On ne peut pas faire plus machiavélique. La prestation d’autosatisfaction béate à laquelle s’est livrée notre pitre élyséen le jour du 14 juillet permet de mesurer la vacuité de sa politique : pas un mot sur la dégradation de la situation en France. Nos chômeurs ne méritent pas autant d’attention que le leader grec, dans la tête d’un personnage d’abord soucieux d’envoyer des signaux à la gauche de sa gauche en vue de l’échéance présidentielle. Il n’a réussi qu’à déchainer un discours outrancièrement anti-allemand chez ceux-ci, sans qu’il n’en désavoue le moindre propos. Oui, l’Allemagne peut être un modèle de gestion, et la France continue de se prélasser au dernier rang, celui des cancres. L’enflure idéologique qui encombre les esprits fumeux qui nous gouvernent conduit à l’inversion des valeurs : on préfère l’échec à la réussite, la manipulation à l’application de la règle ; on pratique la culture de l’excuse, le rejet de l’autorité, et on s’étonne que les choses aillent mal dans tous les domaines. Pour les deux peuples, les dégâts se ressemblent.

Heureusement, dans cette affaire, la lucidité d’Angela Merkel a permis à la fois de sauver les meubles et de mettre des limites là où nos deux lascars auraient bien voulu s’en abstraire. Le « ça suffit » de l’Allemagne est là pour nous rappeler que l’Union ne peut survivre que dans le respect des uns et des autres et cela commence par respecter les règles communes librement acceptées. L’échec de Tsipras s’apparente à une reddition. La mise au pas de la société libérale par les rêveurs enténébrés de l’idéologie marxiste n’est pas pour demain. Cette défaite devrait nous encourager en France à affronter les populistes. La droite traditionnelle a une opportunité pour rebondir sur le « ça suffit » qui trotte dans la tête de nombre de nos concitoyens : le naufrage de l’école, les provocations de l’islamisme radical, l’impuissance des éternels Manolitos donneurs de leçons, les catholiques méprisés, la désinformation des médias sous tutelle de la pensée unique, l’insécurité grandissante, … Le Front National s’est fourvoyé en soutenant les farfelus d’Athènes.

L’occasion est trop belle !

 


UNE VICTOIRE A LA PYRRHUS … POUR HOLLANDE

  Pyrrhus_poussin

Cocorico ! A l’aube dorée qui se lève après une nuit de négociations sans fins, le coq français est monté sur ses ergots pour clamer la nouvelle : un accord avait enfin été trouvé avec le Grec Tsipras. Et il ne cachait pas son plaisir, s’attribuant tous les mérites de cette fin heureuse, au point que son Manolito de service s’est cru obligé de rajouter quelques rodomontades. L’animal emblématique des Français n’a jamais autant mérité son nom : c’est le seul qui peut chanter en ayant les deux pieds dans la m…. , enfin, dans le fumier, je veux dire. C’est que l’état de nos propres finances ne devrait pas permettre de pavoiser et encore notre gouvernement devrait-il s’appliquer à lui-même les mêmes exigences que celles qui sont imposées aux Grecs.

Vous y comprenez quelque chose ?

Voilà un gouvernement grec qui avait mis l’Europe au défi et un peuple qui avait rejeté massivement l’austérité par référendum, pour passer, moins d’une semaine après, sous les fourches Caudines de l’Allemagne. Voilà une Allemagne qui voulait en finir avec la Grèce et qui finalement a accepté de la garder au sein de la zone euro. Voilà un gouvernement français qui n’a pas fait le quart de la moitié des efforts grecs pour redresser ses comptes, et qui participe à un nouveau plan d’austérité pour les Grecs qu’il estime avoir bien défendus. L’accord intervenu est celui de tous les rebondissements pour ne pas dire reniements.

La démonstration est faite à tous les mouvements européens qui rejettent l’austérité qu’il n’existe pas d’autre politique quand on a fait faillite. Le chef du gouvernement grec vient de le démontrer, contre son gré : il a cru qu’il pouvait renverser la situation, en se servant du référendum, mais les chiffres sont têtus et la manœuvre s’est soldée par une aggravation de la crise financière. Il s’est littéralement rendu à la chancelière allemande, laquelle était obligée de manœuvrer face à une opinion qui ne voulait plus entendre parler de la Grèce.

Quant à notre Jocrisse, il a peut-être sauvé la cohésion européenne en rappelant qu’un « Grexit » pouvait compromettre l’avenir de l’Union, mais si la France n’est pas la Grèce, et si les économies des deux pays ne sont pas comparables, il y a tout de même une contradiction dans sa position : son gouvernement n’a cessé de reculer depuis trois ans pour éviter les affres de l’austérité, et il la juge logique quand il s’agit des Grecs.

La réalité c’est bien que, Allemagne comme France, vont devoir présenter à leur opinion un plan de sauvetage qui va encore coûter 80 milliards d’euros.

Encore faut-il que l’accord soit appliqué !

Aujourd’hui, les Grecs ne peuvent ressentir les mesures imposées par l’Europe que comme une « humiliation ». Le référendum a été inutile, catastrophique même ! Pourquoi les avoir consultés pour aller aussitôt après à Canossa ? Mr Tsipras n’est pas le mieux placé, avec les discours qu’il tient, pour leur faire comprendre qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens depuis quinze ans. Le mécontentement des amis de Syriza ajouté à celui du peuple autorise le scepticisme quant à la solidité de l’accord, d’autant plus que plusieurs parlements européens devront aussi l’avaliser, ce qui n’est pas gagné. En Grèce, les effets désastreux des allers-retours du chef du gouvernement pourraient se retourner contre lui : a-t-il encore le ressort politique nécessaire pour faire adopter le plan par son Parlement ? Son gouvernement, en admettant qu’il se maintienne, appliquera-t-il les mesures qu’il s’est engagé à mettre en vigueur dès mercredi ?

Cet accord a néanmoins un avantage : il décrédibilise les thèses de l’extrême droite comme de l’extrême gauche. Une démonstration vient d’être faite grâce à l’Allemagne, sinon à la France : on peut constater qu’il n’y a pas d’euro, pas d’Union européenne, sans une discipline de fer dans chaque pays membre. Les économistes qui prétendent qu’une dette ne compte pas, même quand elle dépasse largement 100 % du PIB font de l’économie « magique ». La réalité est tout autre !

Un accord et des dégâts collatéraux.

Même s'il a donné l'impression de capituler, Alexis Tsipras a pourtant obtenu une montagne d'argent et d'aides à fonds perdus pour son pays. Du coup, il pourrait peut-être même se payer le luxe de démissionner et de provoquer des élections anticipées en clamant qu'il ne veut pas trahir son peuple qui avait dit non à l'austérité mais qu'il a agi sous contrainte (thèse de Mélenchon)... et il serait réélu triomphalement. Possible !

Le plus grave, c’est que cet accord aura été une occasion supplémentaire de creuser le fossé au sein du couple franco-allemand. Le président français, a voulu à tout prix éviter un échec des négociations qu’il considérait comme un camouflet. Il n’a pas hésité à dramatiser la situation en se faisant l’allié d’un interlocuteur en qui plus personne n’avait confiance. Face à lui, la chancelière Angela Merkel en revanche a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas signer un accord à n'importe quel prix alors même que « la valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, avait été perdue avec Athènes. Avec le contenu de l’accord, on voit bien qu’elle a cédé peu de terrain. Car, il ne faut jamais oublier que L’Allemagne a fait pour elle-même ce que les pays dits du Sud de l’Europe n’ont pas encore fait. Il y a au moins dix ans que la France aurait dû s’adapter aux exigences de la zone euro et, avec les élections qui arrivent, il n’y a pas une chance qu’elle adopte de nouvelles réformes inspirées de celles qui vont être infligées à la Grèce.

L’affaire grecque est un avertissement à tous les européens : si vous voulez tuer le populisme, apprenez que le rayonnement d’un pays se mesure à une économie équilibrée, à un niveau d’endettement soutenable, à une croissance régulière et à un chômage jugulé. Dure leçon pour le gouvernement français !

A Bruxelles, Hollande s’est payé une démonstration de force à la Pyrrhus !

 


Y’A COMME UN DEFAUT !

 

Fernand-Raynaud

C’est ce qu’aurait pu dire Fernand Raynaud avec sa voix inimitable à propos de la situation grecque. Mais c’est un remake de « Moi ou le Chaos » que le Fantoche qui la gouverne est en train de nous jouer. KO pour les Grecs et leur porte-monnaie, ça c’est certain ! La dernière tentative, hier, d’approbation des propositions des créanciers sous conditions est une manipulation de plus. Pourtant tout reste encore possible, même si les ressorts idéologiques qui pilotent le gouvernement actuel de la péninsule laisse peu de place à une solution « raisonnable ». Celle qui permettrait à l’Euroland de continuer la perfusion à fonds perdus d’un pays qui n’a pas su se réformer et qui continue à refuser les efforts que cela supposerait. L’économie parallèle a encore de beaux jours devant elle, qui constitue à recycler les euros dépensés en cash par les touristes sans passer par la case « Etat » et donc à perpétuer l’enflure d’une dette démesurée par rapport au PIB du pays.

La Grèce est en faillite.

La Grèce est donc officiellement en défaut de paiement puisqu’elle n'a pas payé l'échéance de 1.6 milliard d'euros hier à minuit au FMI. C'est une première pour un pays « développé » en 71 ans d'existence du FMI. Par conséquent elle n'a plus le droit de recevoir de l'argent de l’organisation mondiale ni d'avoir accès à ses réserves. L’Alexis-matamore a bien tenté encore un coup de poker de la dernière heure pour obtenir un délai de l'Europe mais Angela Merkel a tenu bon. Le referendum devrait donc avoir lieu et les Grecs faire leur choix. Evidemment, quel que soit le vote, il y aura des nouvelles négociations. Le coeur du problème c'est un réaménagement de la dette : si l'Europe et le FMI acceptent, il y aura un accord. S'ils refusent, la Grèce courra inexorablement vers une sortie de l'euro. Même si tout le monde s’activera pour l'éviter. Avec une victoire du « oui », le plan d'aide sera acté et on gagnera quelques mois en perdant quelques dizaines de milliards d'euros de plus sans résoudre ces deux problèmes essentiels que sont le poids de la dette grecque et l'absence d'infrastructure économique et fiscale du pays.

Donc comme une épée de Damoclès, la crise grecque pèse sur l’avenir de l’Europe.

Son issue définira l’équilibre du pouvoir au sein de la zone euro entre les créditeurs et les emprunteurs. Si la Grèce arrive à arracher davantage de concessions, elle fera nécessairement des émules et la tentation de recourir à l’endettement en sortira renforcée tandis que la pression pour respecter les règles de rigueur budgétaire sera moindre. Autant dire que ceux qui sortiront gagnants du bras de fer en cours auront la haute main sur les décisions futures. Céder au chantage grec revient à faire gagner les populistes. Les projets de renforcement de l’architecture de la zone euro seront compromis et, un jour ou l’autre, notre monnaie commune sera balayée par leurs agissements. Angela Merkel a raison : le projet européen aura vécu, tant il est lié à l’euro. Si, au contraire, la Grèce est contrainte d’accomplir les vraies réformes qu’on lui demande, ce sont les dirigeants européens qui ont collectivement tiré les leçons de la crise, qui auront la main. En ayant mis fin aux latitudes d’incurie budgétaire et à leur conséquence mortifère, la grave carence de compétitivité.

Un renforcement de la zone euro.

Il sera temps de jeter les bases d’une zone euro renforcée, avec un gouvernement économique œuvrant à une plus grande convergence et une union fiscale garantissant un environnement favorable aux entreprises pour affronter la concurrence mondiale. Plus d’Europe, c’est possible et c’est nécessaire. Même les Grecs y gagneraient une fois leur pays remis à niveau. Les présidents des cinq institutions européennes majeures (Commission, Conseil, Banque centrale, Parlement et Eurogroupe) ont publié lundi dernier des propositions de bon sens à ce sujet. Il s’agit de permettre au capital et au travail de circuler plus librement au sein de la zone afin de créer les conditions d’une reprise durable de la croissance et de l’emploi. Plutôt que d’endettement, de crise et de chômage, l’euro deviendrait alors synonyme de prospérité économique et de bien-être social. On ne pourra en arriver là que si l’Europe reste un ensemble où les créanciers décident, et pas les emprunteurs. Pour l’instant, ce n’est pas encore gagné.

D’ailleurs l’euro se porte bien.

Si les bourses réagissent de manière erratique, en sanctionnant par une baisse très modérée la nouvelle situation, du côté de l’Euro, aucune réaction : il se maintient plutôt bien, déjouant les rêves Philipponesques d’une déroute.  C’est vrai que c’est étonnant si l’on prend en compte que ce sont les fondements même de la zone euro qui sont ébranlés par le « défaut » de l’un des pays qui la composent. Probablement les investisseurs ne croient pas à la réalité d’un « Grexit » et attendent « LA solution » de dernière minute. Mais plus certainement, et l’explication est beaucoup plus rassurante, c’est que ceux-ci jugent que la zone euro et sa monnaie seraient plus forte sans la Grèce. Rappelons quand même que c'est la Grèce qui a provoqué la crise financière européenne et qui a failli faire tomber l'euro de son piédestal. Constatons que plus personne ne remet en cause l'existence de l'euro et que plus personne ne parle de son explosion. N’en déplaise à la Marine.

La France est mal placée.

Petit paradoxe qui fait sourire (jaune). Alors que la France tente d'imposer des nouvelles mesures d'austérité à la Grèce, elle affiche une explosion de sa dette publique. Nous affichons une dette de 2100 milliards d'euros soit 97.5% de notre PIB. La France n'est certes pas la Grèce, mais elle n'est pas en position de donner des leçons. Elles pourraient, en effet, un jour concerner notre pays. Pourtant, contrairement à la Grèce, les Français paient l'intégralité de leurs impôts dont le montant augmente mois après mois. Mais alors où va cet argent ? Le gouvernement Français n'a fait aucune vraie réforme et n'a fait aucune économie dans les dépenses publiques. Ceci explique peut-être la modération de notre Président quant aux exigences que les instances européennes veulent imposer.

 


LA COMEDIE A ASSEZ DURE !!

  Grexit

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a claqué la porte des négociations sur la dette de la Grèce. Les Européens continuent de rechercher un accord avec Athènes qui la contraigne à honorer ses engagements sans pour autant qu’elle quitte la zone euro. Mais le malaise général des places financières devient insupportable. Maintenant, il faut trancher !

Trop c’est trop !

Le FMI a décidé de se retirer de la table des négociations parce que cette histoire n'en finit pas. On avait déjà eu un ultimatum vendredi dernier suivi cette semaine de signaux d'accord imminent, et hier à nouveau la rupture des négociations. Les négociateurs du FMI et de l'Europe sont à bout de nerfs tant Tsipras et ses ministres jouent le blocage pour ne rien céder. Résultat: énième jour J, jeudi prochain avec la réunion des ministres des Finances de la zone et la volonté affichée d’Angela Merkel de parvenir à un accord. Mais un accord serait-il une meilleure nouvelle qu'un défaut de la dette ou un Grexit ? A court terme peut-être. A long terme, certainement non. La réalité c'est que la Grèce est en défaut, c’est-à-dire en faillite ! Elle a une dette colossale qu'elle sera incapable de rembourser. Les mois qui viennent d'être perdus en palabres ont accéléré l'effondrement des dépenses publiques et de la croissance. Si quelques milliards suffisaient encore pour colmater les brèches il y a 6 mois, aujourd'hui c'est 10 ou 20 milliards qui seront nécessaires. Et tout ça pour gagner quelques mois, gagner du temps pour perdre encore de l'argent. C'est ce qu'applaudissent les marchés à chaque rumeur sur un accord. Une folie !

Une situation devenue intenable.

Le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde (sans rapport avec Christine Lagarde, directrice du FMI), s’est prononcé pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Il estime, à juste titre, que le programme d’Alexis Tsipras est incompatible avec une monnaie forte. L’économie grecque ne peut retrouver un minimum de compétitivité qu’avec une monnaie dévaluée, ce qui implique un retour au Drachme. Si les marchés applaudissent chaque fois qu’un accord se profile, c’est parce qu’ils veulent que les dirigeants de la zone euro maintiennent à n’importe quel prix le principe en vertu duquel l’euro protège toutes les économies situées dans la zone. Mais ce principe, en l’état, est inapplicable, sauf à jeter encore et encore des milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Le Grexit devient inévitable.

Un « Grexit » entraînerait évidemment des perturbations, d’ailleurs de nature plus psychologique que financière, car la Grèce ne représente que 5 % du produit intérieur brut de l’Union européenne. Mais, après quelques turbulences, les marchés reviendraient vite à la raison et M. Tsipras pourrait appliquer le programme pour lequel son parti, Syriza, a été porté au pouvoir par les électeurs grecs qui nous décrivent à l’envie leurs souffrances économiques et sociales. Ils ne veulent pas comprendre que les ajustements de leurs salaires et de leurs retraites, l’ascension vertigineuse du chômage, corrigent des avantages factices qui leur ont été accordés grâce au trucage de leurs comptes pour obtenir l’adhésion de leur pays à la zone euro.

La Grèce victime de ses démagogues.

Cinq ans d’austérité, c’est trop long, mais est-ce injuste ? La Grèce à 300 milliards de dettes, soit 177 % de son produit intérieur brut. La générosité des européens a été immense. Cependant, elle a ses limites, car si nous continuions à prêter de l’argent aux Grecs, ils nous entraîneraient dans un désastre continental. À quoi il faut ajouter que M. Tsipras négocie à la Grecque, en présentant des concessions illusoires qui ne risquent pas de duper des négociateurs avertis par les mensonges de naguère. Le gouvernement, qui se classe lui-même à l’extrême gauche, s’est montré à ce jour incapable de procéder aux réformes indispensables telles que la fiscalité de l’Église orthodoxe, la création d’un cadastre pour l’impôt foncier, la répression de la fraude fiscale qui va des plus riches aux propriétaires de café ignorant la TVA. C’était pourtant un rôle que ses convictions lui assignaient.
La Grèce n’a donc pas d’autre choix que de pratiquer la dévaluation compétitive et, pour cela, elle doit retourner au Drachme, ce qui se traduira pas un nouvel appauvrissement de son peuple, mais lui permettra de retrouver des marges de manoeuvre dans la production et l’export.

Dans une Europe interdépendante, la déroute financière est contagieuse. Le sauvetage des Grecs ne saurait se traduire par l’affaiblissement et même la destruction de la zone euro. Nous avons beaucoup donné aux Grecs et nous l’avons fait au nom de la solidarité européenne. Il faut néanmoins avoir les pieds sur terre et, surtout, cesser de tergiverser. Ou bien les Grecs acceptent les conditions de leurs créanciers, qui se sont adoucies au long de la négociation, ou bien, au plus tard la semaine prochaine, nous leur signifions la rupture.

 


MELI-MELO ZAPPING

Copie de longue vue

 

La croissance américaine s’est contractée de 0,7% sur les trois premiers mois de l’année, un chiffre qui contraste fortement avec ceux des deux trimestres précédents (5 % et 2,2 %). Elle anéantit pratiquement tout espoir de voir la Réserve fédérale relever les taux d’intérêt au mois de juin. Depuis la crise financière, l’économie américaine ne peut s’empêcher de faire du yo-yo. Elle affiche un grand dynamisme pendant deux ou trois trimestres, avant de retomber comme un soufflé ensuite.

Christine Lagarde a parlé de la possibilité d'un Grexit. C'est la confusion depuis quelques jours. Tsipras annonce l'imminence d'un accord et provoque l'envolée des indices boursiers, le lendemain le FMI évoque la sortie de la Grèce de l’euro et les marchés perdent leur latin, ou plutôt leur grec ! On sait que les négociations n'ont pas encore abouti. On sait aussi que le FMI est plus ferme que l'Europe et veut des engagements plus sérieux du côté des Grecs. Ce qu'on sait encore c'est que le gouvernement Grec ne veut pas faire, officiellement, plus de sacrifices : une posture pour satisfaire l’aile gauche de Syriza. Mais en réalité, Tsipras est prêt à tout accepter pour obtenir les quelques milliards dont il a cruellement besoin à très court terme pour payer les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités. Les dettes, au fond, il s’en tape, car il sait pertinemment qu'il ne pourra pas respecter ses engagements. On est de toute façon dans un marché de dupes. Personne n'a le courage de prendre la décision difficile mais nécessaire alors que le Grexit n'a plus l'air de faire peur.

Deux ans après avoir enclenché un gigantesque programme d’assouplissement quantitatif, qui constitue le principal élément des « Abenomics » du Premier ministre, l’exécutif japonais assiste à une détérioration des indices économiques qu’il espérait réveiller. La BoJ et l’exécutif avaient pourtant promis, dès 2013, que leurs initiatives allaient permettre de générer, en un peu plus de deux ans, une inflation « saine » d’au moins 2%. Rien à faire, la déflation est toujours là !

Au lendemain d’une rencontre avec Manuel Valls, François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), a présenté une étude sur « l’évolution des finances des communes et des intercommunalités et la forte baisse des investissements publics locaux ». L’AMF estime que l’investissement local, qui représente 70% de l’investissement public, pourrait chuter de 25% à 30% du fait de la baisse des dotations de l’Etat. Manuel Valls ne bougera pas pour autant et a confirmé qu’il n’y aurait « pas de retour sur la diminution programmée des dotations de l’Etat sur trois ans ». Après le rapport de la Cour des comptes, on voit bien qui doit faire les efforts et qui n’en fait pas !

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé Eric Woerth, soupçonné « d'abus de faiblesse » et de « trafic d’influence » dans l'affaire Bettencourt. On se souvient avec quelle violence les socialistes l’avaient trainé dans la boue en 2010, Ségolène Royal en tête, l’amère de Lille à la rescousse… On aimerait des excuses !!! Si ce n’est pas trop demander à nos mères-la-vertu.

La dégringolade de la part des exportations françaises de biens et services sur le marché mondial est spectaculaire, de 6,1 en 1995 elles passent à 3,5% en 2013. Autre signe inquiétant, notre appareil exportateur reste concentré autour des grands groupes et de leurs filiales, qui réalisent 99% des exportations, bien qu'ils ne représentent que la moitié des exportateurs.  

Merkel et Hollande vont présenter un nouveau projet pour l'Europe. Celui-ci vise une Europe plus resserrée, plus intégrée économiquement, avec une convergence plus forte notamment sur la fiscalité et les lois sociales. Tout le contraire de ce que souhaite la Grande-Bretagne qui veut encore plus de liberté au sein de l'Europe et surtout moins de droits pour les membres de l'Union Européenne qui viennent dans le pays. L'heure de vérité a sonné et chacun semble prêt à assumer sa différence. L'Europe n'a pas peur du Brexit : on ne veut pas sacrifier la construction européenne aux contraintes électoralistes de Cameron. Les électeurs Britanniques devront choisir : plus d'Europe ou pas d'Europe. Il n'y aura pas de compromis. Et c’est tant mieux !

Karine Berger, la gaucho qui a fait sa belle dans les courants du PS avec  sa motion, a déclaré : « Nicolas Sarkozy abîme la République ». Et son « bouffon » de président, il fait quoi, lui ? Il laissera la France dans un état pitoyable bien pire que celui dans lequel il l’a trouvée en arrivant.

 


CANCER GREC (SUITE)

Tsipras

Cela fait un an exactement que le Portugal a pu revenir emprunter sur les marchés après avoir évité la faillite. Ce pays a fait un travail courageux considérable et le résultat est visible : la croissance repart (0.4% au premier trimestre), le déficit public est à 4.5% et il emprunte à 10 ans à 2.30%. Un chemin difficile mais qui apporte l’amélioration dont les Portugais profiteront, et avec eux le reste de la zone euro. Et pendant ce temps, en Grèce, toujours rien.

La Grèce en est aux expédients.

Si les négociations qui ont lieu en ce moment n’aboutissent pas, la sortie de route de la Grèce devient très probable. A court de liquidités, le pays ne pourra pas sans aide honorer son prochain remboursement au FMI prévu le 5 juin et payer ses fonctionnaires. Déjà, il avait utilisé une manœuvre le 12 mai pour régler sa dernière traite à l’institution de Washington, qui relève du tour de passe-passe : Athènes a puisé dans ses cotisations obligatoires au FMI pour rembourser son dû à l’institution en temps et en heure. Selon un expert, cela ne s’était jamais produit dans l’histoire du Fonds. Le ministre des Finances, l’imprévisible Varoufakis, a plaidé pour que la BCE accepte le report du remboursement des 6,7 milliards d’obligations grecques attendues en juillet et en août, un autre signe qu’il est aux abois. En preuve de bonne volonté, la Grèce aurait débloqué le processus de privatisation du port du Pirée à hauteur de 51% des parts au lieu des 67% envisagés précédemment. Mais c’est sur le dossier des retraites, que les négociations achoppent. Elles doivent de toute urgence être réduites, car le pays consacre 9 % de son PIB à leur paiement, ce qui est un record mondial ! Des 28 pays européens, c’est chez les Hellènes qu’on part le plus tôt à la retraite et que les prestations sont les plus généreuses : les retraites de base moyennes versées en Grèce par des systèmes publics atteignent 1.152 euros contre 1.287 euros en Allemagne, alors que le salaire moyen allemand est d’environ 2.900 euros, contre 1.400 euros en Grèce... On n’a pas tout compris !

Quand l’idéologie prime sur les réalités.

Il n’y a que notre Pierre Moscovici qui estime « qu’avec beaucoup de travail et de la volonté politique, il reste une possibilité de trouver un accord ». Ce n’est pas l’avis du Ministre des Finances Allemand,  Wolfang Schaüble,  qui a dit tout haut ce que tout le monde sait et ne veut pas voir : « Je réfléchirais longuement avant de répéter qu'il n'y aura pas de faillite de la Grèce ». Voilà qui est clair. Voilà ou l’aura conduite l’équipe Tsipras-Varoufakis, aveuglée par leur idéologie qui passe avant les réalités concrètes. Et ils ont l’audace de lancer un ultimatum à leurs créanciers ! C’est le monde à l’envers. On voit bien dans cette affaire que le peuple grec, pris en otage de son vote, ne compte pas. Mais quand bien même un consensus serait dégagé sur un programme qui doit être voté par le Parlement grec, le Premier ministre Aléxis Tsípras doit se décider sur le recours ou non à un référendum. Car, sauf miracle, il n’obtiendra pas de vote majoritaire au sein de son parti. Les réformes souhaitées par le « groupe des trois » passeraient, mais avec les voix de l’opposition, et le Premier Ministre serait affaibli.  Le referendum est le seul moyen qui lui permettrait d’obtenir une large majorité sur le compromis conclu avec les créanciers, qu’il présenterait évidemment comme le meilleur possible, et il pourrait ainsi affirmer son leadership tout en menant une politique très éloignée de ses promesses électorales.  Une manière de mettre les Grecs qui sont majoritaires à ne pas vouloir sortir de l’euro devant leurs responsabilités…  Mais ce serait sans compter avec l’idéologie des dirigeants grecs actuels.

La Grèce est déjà en faillite.

Aussi, il faut en finir avec le simulacre de la négociation : combien de fois a-t-on utilisé les expressions comme « réunion de la dernière chance » ou «  compte à rebours pour un accord » … La gauche du parti Syriza n’a-t-elle pas réclamé le refus du plan européen, le défaut, même si ça débouche sur une sortie de l'euro. L'Europe et la Grèce sont coincées. On voit bien  qu’il n'y a pas de bonnes solutions. Elles sont toutes mauvaises et arrêter le massacre le plus tôt possible serait encore le mieux. On dit que plus de 40 milliards d’euros auraient fui le pays depuis le début de l’année. Alors à quoi bon remplir ce puits sans fond et « sans fonds » ! Ne vaudrait-il pas mieux accepter la réalité de la faillite grecque. La Grèce n'a rien à faire dans la zone euro. La BERD a averti Athènes qu’en cas d’échec des négociations, le pays devait s’attendre à replonger dans une profonde récession, après avoir déjà perdu 25 % de PIB depuis six ans… L’Europe  aura perdu 330 milliards d'euros, dont une cinquantaine que vous et moi devront payer d'une façon ou d'une autre.

 

 


LA VICTOIRE DE CAMERON

 

Cameron

L’électeur, ce souverain…

C’est bien la première leçon qu’il faut tirer du scrutin britannique : foin des sondages qui donnaient travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. Aucun n’avait prévu la brillante victoire David Cameron, qui plus est avec une telle amplitude : la majorité absolue aux Communes ! L’électorat n’a donc pas cédé à l’intoxication sondagière devenue frénétique dans les derniers jours de la campagne, jusqu’à quatre résultats par jour. Il y a des bookmakers qui ont dû se faire une petite fortune. Ceux qui auront parié sur les « blues ».

Le courage politique paie !

C’est vrai en Grande Bretagne et je me garderai bien d’extrapoler. Le succès de David Cameron témoigne qu’une politique active de réformes peut être comprise par la population même lorsqu’elle implique des mesures douloureuses, dès lors que les résultats sont là. Reprenant un pays sinistré par la crise mondiale mais aussi par les dérives financières des Travaillistes qui avaient conduit le déficit budgétaire à plus de 10 % du PIB, Cameron a mis en oeuvre une série de réformes fondées sur le bon sens économique : baisse de la dépense publique qui est passée de 50 % à 43 % du PIB (57 % en France), fiscalité favorables aux activités et aux intitiatives, flexibilité accrue du marché du travail avec notamment le contrat à zéro heure, contrôle des dépenses de l'assurance chômage et mise en place progressive de contrepartie aux allocations. Mais rien n’aurait été possible si les résultats n’avaient pas été à la hauteur. Et ils l’ont été : baisse du déficit public à 5,4 % du PIB, baisse du chômage à 5,4 % de la population active, croissance de 2,6 % en 2014 (à comparer au 0,4 % français). On a même imaginé outre-manche que les résultats calamiteux de la France socialiste de François Hollande ont largement contribué à décrédibiliser le Labour d'Ed. Milliband.

Le premier Ministre a parfaitement géré son quinquennat.

Il avait une vision claire de son calendrier. Les réformes les plus difficiles ont été engagées dès la première année de son accession au 10 Downing street en 2010. Ensuite, il a attendu qu'apparaissent les premiers résultats, sans s’inquiéter de l’impopularité qu’elles suscitaient. Il y a deux ans, les populistes de l'UKIP étaient à leur sommet et la plupart des commentateurs prévoyaient un triomphe travailliste. Ainsi, le premier ministre a pu créer deux millions d’emplois en Grande-Bretagne depuis 2010, pendant que le chômage ne cessait d’augmenter en France. Outre-Manche, la croissance est la plus forte du continent tandis que le taux de pauvreté a pu être réduit.  La réussite britannique est le fruit d'une volonté politique, elle est le fruit de réformes structurelles. Elle a été rendue possible aussi par la culture anglo-saxonne où la réussite est perçue comme la contrepartie du mérite et du talent et les différences de conditions choquent moins qu’en France où le culte de l'égalité est élevé au rang de religion. Ce qui rend la politique conservatrice difficilement exportable dans notre pays, même si les mentalités commencent à bouger. En se faisant réélire après un train de réformes ambitieux, David Cameron peut poursuivre son chemin, avec les coudées franches, cette fois.

Le populisme n’est pas une fatalité.

L'UKIP, le parti eurosceptique et anti-immigration n'a pas réussi à dépasser les 14 %. Il ne compte qu'un seul député à Westminster. Son leader, Nigel Farage a même été battu dans sa circonscription. Mais pour en venir à bout, David Cameron a été contraint de promettre un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne et de prendre des positions fermes sur l'immigration, s'engageant notamment à réduire drastiquement les aides aux nouveaux arrivants durant les deux premières années de séjour sur le territoire anglais. Sur l'Europe, le premier ministre a annoncé une renégociation des traités plus exigeants en termes notamment de frontière commune et de libre circulation, mais sans jamais remettre en cause l'adhésion à l'Union Européenne. Il entend soumettre au peuple un projet d'Europe améliorée, en aucun cas soutenir une sortie de l'Europe. Cette position qu’un Sarkozy n’aurait pas désavoué, a permis de faire un barrage efficace à l'extrémisme. Tout cela peut évoluer évidemment. L’hypothèque électorale ne sera définitivement levée que lors du référendum de 2017. Car le scrutin du 7 mai a aussi été marqué  par le raz de marée plébiscitaire du parti national écossais qui emporte 56 des 59 circonscriptions écossaises. Cela témoigne d'un malaise profond du nord de l'Angleterre victime de la désindustrialisation et de la nouvelle économie de services, et il ne faut pas sous-estimer le particularisme écossais, où se mêle le sentiment d'une revanche à prendre sur Londres après le demi échec du referendum, et sa volonté de bénéficier seul des retombées du pétrole de la Mer du Nord. Pour éviter que le l’esprit de sécession politique se transforme en sécessionnisme tout court, la défense des territoires, de la ruralité et des régions de la périphérie est une urgence absolue pour le nouveau gouvernement. Comme quoi on retrouve la même problématique que celle que nous rencontrons dans notre pays avec le vote FN et la France des périphéries.

La déroute des Travaillistes.

Elle constitue un avertissement pour François Hollande qui  devrait méditer sur les résultats des socialistes anglais qui prônaient une politique de relance par la demande. Les commentaires de son entourage, que l’on a pu entendre et qui relèvent de la méthode Coué, comme quoi, les réformes menées par l’actuel gouvernement produiront le même effet en 2017, sont surréalistes. On ne parle vraiment pas de la même chose. En fait de réformes courageuses, on ne trouve que des avortons et des demi-mesures aussitôt édulcorées par une majorité socialiste sourcilleuse. Oui, c’est une belle leçon que notre pingouin voyageur devrait apprendre par cœur pour le faire sortir de l’immobilisme dans lequel il se confine sous prétexte que l’embellie de la conjoncture européenne va entraîner la France dans son sillage. La Commission de Bruxelles constate que la France reste à la traîne dans la reprise européenne, que l’investissement ne redémarre pas et que le nombre des sans-emploi continue de s’accroître de mois en mois.  D’autant que l’embellie économique internationale pourrait connaître une éclipse. Les remous des derniers jours sur les marchés financiers sont un signe avertisseur de sa fragilité, avec la remontée des cours du pétrole, le rebond des taux d’intérêt, le repli du dollar qui entraîne une hausse de l’euro, le ralentissement de la conjoncture américaine et de certains pays du nouveau monde. Autant d’éléments qui réduiraient, s’ils étaient confirmés, le souffle prometteur de la reprise escomptée.

 


LE POKER MENTEUR GREC

Sirtaki

 

Nouvelle échéance, nouveaux acteurs, mais même conte à dormir debout. Après avoir reculé la date limite plusieurs fois en avril pour la conclusion d’un accord, les créanciers de la Grèce espèrent désormais conclure le 11 mai, lors de la réunion de  l’Eurogroupe. Mais l’espoir reste très mince, tant l’effort à fournir reste imposant. Les négociations ont repris jeudi dernier entre le « groupe de Bruxelles », (Commission, FMI et BCE), « ex-Troïka », et la nouvelle équipe grecque, considérée par les partenaires financiers comme moins folklorique que celle menée jusque-là par Yanis Varoufakis, l’improbable ministre des Finances. Il semble que ce nouveau départ n’ait pas bouleversé la donne : « Cela avance lentement, mais les positions demeurent distante sur plusieurs fronts », a estimé un officiel européen. Quelques avancées auraient été faites en matière de TVA, mais on reste loin du compte sur les retraites ou la réforme du marché du travail, les dossiers les plus sensibles.

Des négociations pour amuser la galerie.

La délégation grecque chargée de négocier avec ses partenaires créanciers danse le sirtaki depuis le début, avec gesticulations, pas latéraux, fausses sorties, tensions, apaisements et promesses non tenues… « Depuis le début, la stratégie des Grecs a été de jouer la montre. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant, mais cela pourrait devenir leur ennemi en mai » commente un négociateur. Le 12 mai, Athènes a en effet une échéance importante de remboursement auprès du FMI, et les caisses se vident. Cela n’empêche pas Yanis Varoufakis de continuer à souffler le chaud et le froid. Samedi dernier, dans une interview, il a décrit ses homologues européens comme « des partenaires gouvernés par la peur». Lui, il est inconscient. Surtout le responsable grec a relancé une ancienne idée fixe de Syriza, mise de côté depuis février, à savoir une réduction de la dette grecque. La Grèce « peut s’en sortir (sans un nouveau prêt). L’une des conditions cependant est une importante restructuration de la dette », a-t-il expliqué. Ben voyons ! Comme ça il est certain de mettre ses interlocuteurs de bonne humeur.

De deux choses l’une, ou « Varoufa-kis-s’y-croit » veut aboutir, et alors il faudra bien qu’il mange son chapeau, ou bien il organise méthodiquement le défaut grec pour aboutir au résultat qu’il recherche : ne pas payer les dettes de son pays. Car il a en face de lui des nordiques qui savent compter et qui, s’ils pratiquent « l’orthodoxie », c’est uniquement en matière de finances ! Néanmoins les Européens se sont donnés jusqu’à la fin juin pour négocier un éventuel nouveau plan d’aides au pays, mais le retard pris pour la conclusion du précédent met en péril cette autre échéance.

Les Grecs sont des escrocs.

S’ils pratiquent de la sorte, alors les Grecs sont des escrocs. Ils ont triché pour entrer dans l’euro et continuent de se comporter comme des brigands sans foi ni loi, ne respectant pas les traités qu’ils ont signés. Le gouvernement Tsipras voudrait inverser les rôles. Il ne respecte pas l’Europe. Son ministre des Finances est un plaisantin incompétent : c’est « Varoufa-kis-la-pète », torse bronzé bodybuildé, qui met un pays en faillite mais qui claque les euros avec une indécence rare. Il se fait photographier par un hebdomadaire connu pour le choc de ses photos sur la terrasse de sa luxueuse villa avec vue sur l’Acropole, devant un buffet pantagruélique, évoquant plus les fêtes de Dyonisos que la misère.  La presse a aussi révélé qu’il mettait en location 5 000 euros par semaine, sa villa sur l’île d’Egine, dotée d’une piscine et d’un home cinéma ! Quel crédit peut-il avoir pour venir plaider ensuite « l’asphyxie de liquidités de son pays ». On comprend que Tsipras l’ait sorti de la première ligne des négociations.

Avec ses amis, au lieu d’accuser l’Europe, il devrait commencer par la remercier de tout ce qu’elle a fait pour eux. La vérité c’est que le gouvernement d’extrême gauche a dû en rabattre sur son rêve de changer à lui seul la donne en Europe.  Il a commis l’erreur d’attaquer avec violence les européens rendus responsables de tous les maux de la Grèce, et il a cru que l’Allemagne était seule à lui être hostile. Il s’est retrouvé isolé et confronté à un front uni des 18 autres pays de la zone euro, et n’a entraîné dans son sillage aucun des autres pays méditerranéens qui, à force d’efforts commencent à récolter les fruits de leurs sacrifices.

Alexis Tsipras qui se prend pour le Che, mais version « feta », n’a pas hésité à s’allier avec la droite nationaliste, comme si en France, Mélenchon et Marine Le Pen se pacsaient. Il espère que dans des pays comme l’Espagne, les prochaines élections porteront au pouvoir des « Podemos », mais le pari est plus qu’incertain. C’est pourquoi le gouvernement Tsipras pratique la stratégie du faible au fort : il parie que les européens préfèreront céder en gardant la « brebis galeuse » pour éviter à la zone euro une crise que sa sortie provoquerait. Mais le temps joue contre lui. Il sait depuis le mois de février qu’annuler la dette grecque est impossible. Donc il s’agit plutôt de se servir des négociations pour provoquer sciemment une faillite de l’Etat grec, et sortir de l’euro en faisant porter le chapeau aux méchants créanciers. Le contribuable français doit savoir qu’au passage, il en sera pour 68 milliards d’euros de sa poche. Une véritable escroquerie.

Le « Grexit » serait une catastrophe pour les Grecs, pas pour l’Europe, bien au contraire.

76% des Grecs veulent rester dans l’euro, mais ils veulent le beurre et l’argent du beurre, et en plus se taper la fermière. Les 18 partenaires de la Grèce ont certes des engagements vis-à-vis de celle-ci de l’ordre de 300 à 400 milliards d’euros. Cependant il ne faut pas oublier que l’Union monétaire s’est considérablement renforcée et que les effets d’une contagion n’ont guère lieu d’être aujourd’hui.  Hormis les banques grecques, aucun investisseur privé ne détient de titres à Athènes. Ce sont les Etats européens qui devraient faire face, eux qui sont exposés à hauteur de 2 à 4% de leur PIB au risque grec. Un risque qui n’est pas négligeable mais encore supportable. Au demeurant, la zone euro, à l’inverse de ce que d’aucuns voudraient croire, pourrait en sortir renforcée, car il serait alors possible, plus facilement, de resserrer les liens d’une union budgétaire et politique. Donc, si les Grecs font le pari que la troïka finira par céder pour éviter une sortie de l’euro, ils se trompent lourdement.

Le leader de Syriza serait plus utile à son pays s’il s’attaquait à le transformer sérieusement en le dotant de tous les outils modernes de gestion qui lui font cruellement défaut comme un cadastre et une comptabilité publique sérieuse, en luttant contre la corruption, le travail au noir et l’évasion fiscale, au lieu de s’accrocher à des promesses démagogiques intenables comme l’augmentation des salaires et des retraites ou l’embauche de fonctionnaires. En aidant financièrement la Grèce,  la communauté européenne a prouvé sa solidarité. Mais si celle-ci décide de ne pas appliquer le programme de réformes convenu avec ses créanciers, elle devra en supporter toutes les conséquences. En attendant, la BCE a de nouveau relevé le plafond du financement d’urgence qu’elle accorde aux banques grecques. Cette enveloppe a été augmentée de 1,4 milliards d’euros à 76,9 milliards d’euros. Jusqu’à quand ? La réouverture de la télé publique avec la réintégration de plus de 1500 employés n’est pas un bon signe envoyé par Athènes.

Si l’Europe a à perdre en cas d’échec des négociations, les Grecs encore plus : depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, les capitaux ont fui, la croissance s’est effondrée, les caisses publiques se sont vidées, les impôts ne rentrent plus, bref, le pays est revenu à une situation plus grave qu’au moment de la crise qui a conduit au premier abandon d’une partie de sa dette et à son rééchelonnement. Sauf que sans l’Europe, ils se retrouveront sans filet de protection. A défaut d’austérité qu’ils ont refusée, ils auront la faillite et la misère. Même au soleil, la pauvreté fait souffrir !


TSIPRAS… P’TIT BRAS !

Tsipras

 

Un peu plus de 40 jours après sa victoire, le nationalo-gaucho d’Athènes doit en rabattre. Il s’est retrouvé impuissant au pied du mur des réalités qu’il avait niées pendant toute sa campagne, faisant miroiter aux Grecs des lendemains enchantés. Le moins qu’on puisse dire c’est que même son (Varou)fakir de service n’a pas les dons de Circée la magicienne. Et que l’Eurogroupe, s’il veut bien faire preuve de bonne volonté, n’est tout de même pas prêt à servir de paillasson, et a refusé de céder sur l’essentiel. Les rodomontades n’y changeront rien. Le contrôle de la "Troïka"  tant honnie continue sur les finances hellènes, même si ses inspecteurs le font en tenue de camouflage, pour ne pas trop froisser l’amour propre des nouveaux gouvernants qui, pour tromper le bon peuple, continuent de danser le sirtaki devant le buffet.

Où en est la Grèce ?

La situation financière de la Grèce ne s’arrange pas. Le temps qui passe vide les caisses de l’Etat alors que les premières échéances sur la dette approchent. Celui-ci a du mal à trouver des liquidités pour payer les salaires de la fonction publique, les retraites et les dépenses courantes. L’excédent budgétaire, hérité du précédent gouvernement, qui était de 4 milliards fin 2014 a fondu comme neige au soleil printanier, et il n’en restait que 400 millions fin janvier. A ce jour, il ne resterait même plus rien ! Or, ce mois-ci la Grèce doit rembourser 4,3 milliards d’euros, dont 1,5 milliard au FMI dont la première tranche de 300 millions tombait le vendredi 6 mars dernier. L’Etat pioche dans les caisses de retraites et de sécurité sociale pour payer ses fins de mois. Les dépôts bancaires ont fondu de 20 milliards en février, et le pays a de plus en plus de mal à placer ses billets de trésorerie (T-Bills) : sur 1,4 milliards empruntés début mars, 750 millions d’euros n’ont pas trouvé preneurs. La Banque de Grèce a dû combler le besoin en urgence via un fonds de réserve public. Pour un gouvernement élu avec un score quasi-plébiscitaire, le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance interne comme externe n’y est pas ! En un mot : le résultat des élections n’a pas sauvé les Grecs, il a accru leur misère. Dites-le donc à Marine Le Pen et à la Méluche.

C’est la faute à Voltaire…

Comme toujours, comme le programme approuvé massivement par le peuple ne pouvait pas être mauvais, c’est donc la faute aux autres : à l’Europe, aux capitalistes, aux bourgeois qui retirent leur pognon des banques, aux commerçants qui ne paient pas la TVA… Un peu facile. Si les maigres réserves financières ont fondu aussi vite, ce n’est pas seulement parce que l’argent s’est enfui, c’est aussi parce que la récession est de retour. De plus, les impôts ne rentrent pas notamment parce que le gouvernement grec autorise ses contribuables à échelonner leurs paiements. Déjà qu’ils en paient si peu … Les recettes fiscales ont chuté de plus de 15% pour atteindre 6 à 8 milliards d’euros ce qui est loin de permettre l’équilibre des comptes au moment où les dépenses augmentent avec la récession qui revient. Athènes a beau avoir conclu un accord avec l’Eurogroupe pour prolonger de 4 mois l’aide financière qui devrait lui assurer un prêt de 7,2 milliards d’euros, aucun euro ne sera versé avant que le pays n’ait rempli ses engagements, a prévenu le ministre allemand Wolfgang Schaüble, d’autant plus intraitable que Varoufakis menace de ressortir les vieilles lunes de la période nazie en matière d’indemnisations dues par l’Allemagne. On comprend que les Allemands (le peuple) soient de mauvaise humeur et majoritairement opposés à cette rallonge financière. Vous l’avez compris, si la Grèce va mal, ce n’est pas à cause de sa mauvaise gouverne, mais bien du méchant et égoïste peuple allemand. On croit rêver.

Tsipras devra sortir du bois.

La Grèce est donc renvoyée à ses engagements pris, il y a trois semaines, de mener à son terme le programme de redressement engagé en 2010. Une potion amère dure à avaler pour le révolutionnaire de pacotille. Car, ce qui pose problème, ce n’est pas seulement la modestie des réformes annoncées par le Ministre des Finances grec, une liste faite pour amuser la galerie avec notamment l’idée d’utiliser des touristes comme contrôleurs du fisc (si, si), c’est aussi l’absence d’informations fiables sur la situation financière réelle. Six semaines après la victoire de Syriza, entre Bruxelles et Athènes, tout reste à discuter. Même la méthode de travail. Il faut dire qu’entre la rigueur des nordiques et la fantaisie de gouvernants à la tête d’un état digne du Tiers-Monde, le fossé est large. La menace d’Athènes de recourir à un referendum pour revenir sur les engagements pris n’est pas faite pour calmer le jeu. En attendant la Troïka est de retour pour vérifier l’état des lieux, sur place. C’est la condition mise par les créanciers pour financer et suivre le malade au quotidien. Le dernier passage du bel Alexis vendredi dernier à Bruxelles n’a guère fait avancer les choses, malgré la bonne volonté affichée par Jean-Claude Juncker.L’un des principaux responsables européens résume la situation en ces termes : « Jamais l’exaspération n’a été aussi grande, les Européens veulent trouver une solution avec la Grèce mais les déclarations quotidiennes du gouvernement à Athènes sapent toute possibilité de confiance ». Et jeudi prochain, la Grèce sera à nouveau écartée du conseil européen pour éviter un dérapage fatal. Samedi, les dirigeants grecs avaient un discours plus apaisant, jusqu’à quand ?

Le peuple grec finira par se réveiller.

En attendant, les réformes promises par Tsipras à son peuple sont peu à peu mises au … congélateur. Il arrive à tenir pour l’instant en pratiquant le double langage, un à Bruxelles, l’autre à Athènes. Mais il ferait bien de faire attention, aujourd’hui avec internet, il n’y a plus de filtre possible. Une seule réalité compte : la Grèce va plus mal, elle est au bord du défaut et elle est isolée. Pas un état européen n’est venu conforter ses demandes et le « front méditerranéen » ne s’est pas réalisé. Le programme du parti Syriza est impossible à mettre en œuvre et il lui faudra bientôt choisir dans quel camp il veut jouer : avec l’Europe ou sans l’Europe. Le choix entre l’austérité et ses misères et la misère tout court, et pour longtemps !

La Grèce serait en faillite sans la perfusion de la BCE et le « défaut » (faillite) menace toujours ! Une leçon que les Français qui croient aux croassements mariniens devraient méditer, parce que c’est ce scénario qu’elle propose pour notre pays …

 


LA FRANCE SOUS TUTELLE

"Désolé, j'ai pris un peu de retard cette semaine dans mes publications. Une intense activité de "boitage" en est la cause et vous me pardonnerez certainement."

                                                                                                                                   Daniel

 

Hollande Merkel

 

« Delayed »

Comme sur les tableaux des arrivées dans les grands aéroports internationaux, la France bénéficierait de la mention : « delayed » (retardé). En échange d’une étroite surveillance des comptes publics français, les ministres des finances européens ont confirmé la semaine dernière l’octroi à Paris d’un délai supplémentaire de deux ans pour se mettre en conformité avec le traité de stabilité de l’euro, soit un déficit maximum de 3% du PIB. Si pour certains c’est une victoire, elle n’est guère reluisante, car elle concrétise l’incapacité de notre pays à assainir ses comptes publics, ce dont s’inquiètent et s’irritent de plus en plus de nos partenaires qui comprennent de plus en plus mal l’indulgence dont il bénéficie.

Comme Pyrrhus…

ViseurUne faveur qui a un prix : la France devra suivre à la lettre une feuille de route très stricte, qui prévoit  une réduction supplémentaire de son déficit structurel. Un effort de trente milliards, risqué pour une croissance hexagonale déjà balbutiante, auquel le « Sapinos de Bercy » espère échapper… on se demande bien comment. Si on n’a pas à subir l’humiliation des pénalités financières, pour l’instant, on a tout de même celle du contrôle « renforcé ».  La décision des 28 ministres n’allait pas de soi. Notre amnésique de Mosco a dû batailler ferme pour empêcher les sanctions dont les partisans étaient nombreux après deux sursis déjà accordés et peu probants. C’est l’arbitrage de Jean-Claude Juncker qui a fait la décision contre les avis du vice-président Valdis Dombrovskis, mentor de notre commissaire, et de plusieurs représentants d’Europe du nord.

Un traitement de faveur au goût amer.

Alors que l’Eurogroupe s’affiche intransigeant face à la Grèce, beaucoup s’inquiètent de ce « traitement de faveur » accordé à la France autant que du déficit de crédibilité qui sape la discipline budgétaire commune. Bien entendu notre « pseudo-grand-argentier-marchand-d’illusions » s’est engagé à respecter scrupuleusement la décrue du déficit exigée par Bruxelles : 4% cette année, 3,4% en 2016 et 2,8% en 2017 ! La pente est plutôt raide, mais pour Bercy elle correspond aux 50 milliards d’euros d’économie déjà programmées sur les trois années qui conduisent à l’élection présidentielle. Enfin, si elles sont réalisées !  Et encore faudrait-il qu’elles ne soient pas décompensées par des dépenses inconsidérées à l’approche de l’échéance fatale.

Le bouffon de Bruxelles.

MoscoPierre Moscovici, toujours aussi inénarrable, s’est fendu d’une interview dans le Figaro  pour déclarer : « L'effort de la France n'est pas suffisant ». Il a juste oublié qu'il n'en avait fait aucun pour réduire le déficit quand il était à Bercy... Et même il s’autorise quelques conseils précis, tel le prof sur le carnet de notes du mauvais élève, où l’on retrouve les mots « sanction », « agenda » comme pour indiquer le parcours à suivre pour faire des « progrès ».  Discours pitoyable de la part de celui qui siégea pendant deux ans à Bercy et qui s’en prend aujourd’hui à ceux qu’il accompagnait. Comme c’est facile quand on est à l’abri à Bruxelles, loin des contraintes électorales et des promesses insensées. Avec lui, on mesure le gouffre socialiste qui existe entre les mots et les réalités. Mais, pas plus que ses anciens acolytes au gouvernement, on ne peut le prendre au sérieux. Au contraire, son propos contribue à dévaloriser la parole publique.

Merci Angela.

C’est la bénédiction silencieuse d’Angela Merkel qui a contribué  de façon décisive à la décision de la commission de Bruxelles. Elle ne veut pas déstabiliser la France, encore deuxième économie de l’euro, alors que le contexte politique est pour le moins délicat. Car la mise sous tutelle renforcée est pain béni pour le vote extrême à quelques jours des « départementales », mais dans une bien moindre mesure que si Bruxelles avait asséné des sanctions à la France.  Il n’en reste pas moins que pour Mario Draghi, à qui on doit la mise en œuvre d’une politique financière enfin audacieuse par ailleurs, « la mise en œuvre intégrale et systématique du pacte de stabilité et de croissance est essentielle à la confiance ». Ce qui veut dire, en clair, que notre pays n’a plus la moindre marge de manoeuvre pour entrer dans les clous communautaires. Bon gré mal gré, il faudra bien faire ce qui est demandé. Mi-avril, La France aura à décliner les économies supplémentaires nécessaires pour ramener son déficit sous le plafond européen. Et convaincre nos partenaires ! Du boulot pour Sapin alors que les nouvelles dépenses s’accumulent : lutte contre le terrorisme dans l’hexagone et à l’extérieur, éducation, contrats aidés, plan banlieues, remboursement d’aides indûment perçues…  Autant de mesures qui appelleront des recettes complémentaires pour près de 20 milliards et vous devinez où on va les prendre … Car notre ministraillon des finances est tout sauf un magicien !

 


A L’ULTRA GAUCHE, LES LENDEMAINS CHANTENT RAREMENT !

 Comédie grecque 

Alexis Tsipras le découvre à ses dépens. Les chiffres sont têtus. On peut changer les mots, pas les réalités. Trois semaines après sa victoire, en effet, il a eu la peau de la « Troïka » (Commission, FMI, BCE), honnie par les Grecs pour avoir imposé un calendrier de réformes sévères. Mais le Turlupin de la zone euro n’en a pas pour autant fini avec ces mêmes instances. Ce n’est pas parce que le mot « troïka »  et l’expression « plan de sauvetage » se sont évaporés, qu’ils n’existent plus. Au dernier sommet de Bruxelles, c’était bien « un contre 27 », explique un participant à la réunion. Bref, la coalition méditerranéenne souhaitée contre l’orthodoxie berlinoise ne s’est pas concrétisée.

Les Grecs ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

On sait bien qu’ils ont inventé la comédie et ils sont experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont réussi, avec l’aide de médias bien compatissants à nous faire pleurer sur le triste sort que ces « méchants » imposaient au pauvre peuple qui n’en peut mais. C’est vraiment inverser les rôles. L’Europe a été depuis le début de la crise, d’une grande générosité avec les Grecs. Il ne faudrait quand même pas oublier que ce pays est entré dans la zone euro avec des statistiques truquées (Giscard était contre), qu’il n’a toujours pas mis en place un système correct de collecte des impôts et que ses riches armateurs n’en paient pas, pas plus que la riche église orthodoxe. C’est encore l’Europe qui a accepté un effacement de 107 milliards d’euros de dette il y a à peine trois ans.  Ce pays a vécu au-dessus de ses moyens en s’endettant plus que de raison, et n’accepte pas aujourd’hui d’en payer le prix. Voilà la réalité.

Mais l’Europe et les instances internationales ont une responsabilité dans la réaction des Grecs.

L’élection du candidat de l’ultra gauche s’explique par des erreurs d’appréciation qui ont conduit à une situation intenable. La générosité européenne s’est traduite par une explosion de la dette publique grecque, la rendant insoutenable. Les conditions imposées en échange des prêts ont conduit à une récession profonde qui a plongé les classes moyennes dans la pauvreté. Les réformes structurelles réclamées étaient infaisables.  Malgré tout, hors paiement de la dette, le budget grec est aujourd’hui légèrement excédentaire.  Il existe donc une petite marge de manœuvre à condition que le nouveau chef du gouvernement soit frappé d’amnésie et qu’il oublie ses promesses électorales les plus coûteuses qui empêcheront tout compromis. Le bras de fer qu’il a entamé avec les principaux chefs de gouvernement afin de réaménager ses 320 milliards d’euros d’endettement ne pourra pas se conclure par un abandon pur et simple, comme il l’a proclamé pendant toute sa campagne électorale. En face, l’Europe affiche un langage clair, grâce à Angela Merkel : elle a fermé la porte à toute idée d’annulation partielle de la dette hellène.  Et l’enjeu est de taille. D’autres pays sont à l’affût de la moindre faiblesse. Il en va de l’existence de la monnaie européenne.

Après les moulinets, les postures et les jérémiades, les masques tomberont forcément.

Pour trouver une solution raisonnable pour les deux parties : donner un peu d’oxygène à l’économie grecque en échange de garanties de quelques réformes emblématiques, il faut d’abord en passer par les chiffres. Quel est le déficit réel pour 2014 ? Que peut-on attendre de 2015 ? Quels sont les projets pour 2016 ? A ces questions, Athènes a-t-elle les moyens de répondre ? la Commission, avec  Jean-Claude Junker, la BCE avec Mario Draghi et le FMI avec Christine Lagarde sont toujours en piste pour dresser l’inventaire de ce que le gouvernement grec accepte et refuse dans le programme mis en place,  et trouver les moyens de compenser chaque perte par une recette comparable. Alors, ce ne sera plus le « plan de sauvetage », mais un « nouveau contrat »… Mais la contrainte reste identique, à savoir que le bel Adonis et son « Varoufakir » de financier devront se plier à des conditions acceptables pour les créanciers s’ils veulent obtenir les crédits officiels dont ils ont besoin pour ne pas tomber en faillite dans les trois mois. A eux de préparer leur opinion aux lendemains qui déchantent.

La crise grecque aura de toute façon un effet malsain.

Les opinions publiques sont devenues schizophrènes. La « rigueur budgétaire » est devenue un gros mot, alors qu’elle devrait au contraire être ressentie comme la règle et la nécessité. La baisse des dépenses publiques, que la France ne respecte toujours pas (la part a encore augmenté en 2014 à 57% du PIB), est vécue comme une contrainte insupportable. Le respect des traités européens qui est bien le moins est traité par-dessus la jambe, à commencer par la France qui ne cesse de se faire rappeler à l’ordre. Doit-on en blâmer les instances qui ont la charge de faire respecter ce que nous avons signé ! C’est facile de brandir le réveil des peuples contre la technocratie bruxelloise, mais après, est-ce que les réalités changent ? Que veut dire le fait que 30% des Français sont en faveur d’une annulation complète ou partielle de la dette grecque ? Savent-ils que cela coûterait à chaque foyer fiscal 1166 euros. Merci, je ne suis pas « Syriza », comme peut l’être Mme Le Pen, comme d’autres sont « Charlie ».  Prenons en considération que n’importe quel geste qui sera fait en faveur de la belle Hellène  sera scruté de très près par les pays qui ont connu ou connaissent des épreuves aussi dures et qui ont eu le courage de prendre des mesures drastiques pour rétablir leur situation, comme l’Espagne. Si la Grèce pèse 2% de la zone euro, l’Espagne représente 11% de son PIB. On mesure ce qu’un effet domino pourrait produire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement grec lâche petit à petit dans son bras de fer. Ils viennent de concéder la mise en place de réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption en échange de la prolongation de six mois de l’aide européenne. Trop flou et insuffisant et pour Berlin c’est « nein ». L’Eurogroupe prévu demain va être musclé !   

En échange des réformes promises, le gouvernement grec obtiendra, n’en doutons pas, des facilités de remboursement, mais il devra s’expliquer devant son peuple, par petites nuances. On n'en a pas fini de voir les "50 nuances de Grec"... Après tout, le mot « démagogie » est aussi un mot « grec ». 

 


CE « QE » C’EST QUOI ?

Un peu d'économie pour les nuls, comme moi.

 

Draghi

La Banque centrale européenne a lancé une opération monétaire inédite pour relancer la croissance en zone euro. De quoi s'agit-il ? Pourquoi l'Allemagne est-elle réticente? Qui va en profiter? Explications pour les non-initiés.

 

Qu'est-ce que le « Quantitative Easing » (QE) ?

Planche à billetsLe « Quantitative Easing » (QE) ou assouplissement quantitatif, c'est la version moderne de « la planche à billet ». Il s'agit d'un instrument de politique monétaire « non conventionnel ». Habituellement, la Banque centrale européenne (BCE) utilise comme principal outil, le taux d'intérêt auquel elle accorde des prêts aux banques. Taux directeur qui détermine celui des crédits auxquels souscrivent les ménages et les entreprises. En raison de l'ampleur de la crise, les banques centrales ont été amenées à prendre des mesures dès 2008, consistant notamment à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par les entreprises, à reprendre les actifs de banque ou des prêts au secteur privé transformés en obligations (ABS). C’est pour cela qu’on qualifie ce type de politique comme « non conventionnelle ». Mais le «QE» dont on parle aujourd'hui est différent, il s'inspire de ce que fait la « Fed » aux États-Unis, la Banque d'Angleterre ou la Banque du Japon depuis les années 2000.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le « QE » consiste à racheter des dettes souveraines, des obligations d'États à long terme, à 7 ans ou 10 ans, sur les marchés. En échange de ces achats, la BCE crée de la monnaie, des liquidités nouvelles, qu'elle injecte dans les circuits financiers. Les pays de la zone euro étant très endettés, les dettes d'État abondent. Il en existe 7 000 milliards d'euros en circulation. Evidemment, La BCE ne peut racheter que des titres biens cotés par les agences de notations, ce qui exclut les titres grecs ou chypriotes. La BCE peut acheter elle-même les titres et les garder sur son bilan, ce qui fait partager les risques financiers à l'ensemble des États membres de la zone euro.

 

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En quoi cette opération est-elle inédite?

La zone euro ne s'est jamais lancée dans l'aventure d'un « QE » à l'américaine, car le traité de Maastricht -repris dans le traité de Lisbonne aujourd'hui en vigueur- interdit expressément le « financement monétaire » des États. Si elle sert à financer les déficits des États membres, la « planche à billets » est proscrite. C'était l'une des conditions fixées par l'Allemagne, pour renoncer au Deustch Mark, au profit de l'euro. L'assouplissement quantitatif n'est acceptable, aux yeux de la justice européenne, que s'il s'agit d'un instrument exceptionnel permettant à la BCE d'atteindre son objectif d'inflation de 2 % à moyen terme ou de sauver l'euro.

Pourquoi la BCE s’est résolue à lancer cette opération?


Baisse des prixDepuis un an et demi, l'inflation est à un niveau jugé « extrêmement bas » par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. En décembre, les prix dans la zone euro ont reculé de 0,2%. Or, selon son mandat, l'institution financière doit maintenir le taux de l'inflation sous les 2 % « mais pas à un niveau trop éloigné de ce seuil maximal », rappelle Jean-Claude Trichet, ancien président de la BCE. Cette tendance fait craindre à la plupart des pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne, que l'Europe s'installe dans la déflation, c'est-à-dire la « diminution générale et durable des prix », selon la définition de l'Insee. Le risque c'est que la baisse des prix se transmette aux salaires, et affaiblisse encore la croissance. Le « QE » est donc une arme anti-déflation.

La déflation, c'est grave?

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La déflation est au moins aussi grave que l'inflation, mais plus difficile à combattre. C'est le cauchemar des banques centrales, car il est très difficile d'en sortir, si ce n'est en recourant massivement à la planche à billets… Ce fléau économique sévit depuis deux décennies au Japon et Shinzo Abe vient de se casser les dents dessus malgré ses « Abenomics ». La déflation a accompagné le krach boursier de 1929 aux États-Unis et en Europe, avec les millions de chômeurs qu’elle a créés. Cependant, la zone euro n’est pas encore en déflation. Les prix reculent surtout en raison de la chute des prix du pétrole considérée comme une bonne nouvelle, mais le danger est là, notamment dans les pays du sud où les prix baissent depuis plusieurs mois. Et c'est pour éviter de tomber dans le piège que la BCE veut agir avant qu'il ne soit trop tard.

L'Allemagne n’était pas favorable à cette opération.

L'Allemagne n'aime pas la « planche à billets », synonyme de laxisme. Elle craint, à juste titre, que cela n'alimente des bulles financières et qu'en dépréciant l'euro et en facilitant l'endettement, cela décourage les réformes structurelles dans les États du sud de l'Europe. L'inflation est également une crainte historique des Allemands, traumatisés par la folle envolée des prix des années 1920, qui a ruiné les petits épargnants et les classes moyennes, et dans la conscience collective fait le lit du régime nazi. Néanmoins, toutes les études ont démontré que le recours au « QE » » n'augmenterait pas l'inflation. Mais surtout l'Allemagne ne croit pas au risque de déflation brandi par la BCE. Il n'y avait donc pour elle aucune urgence à décider d'un assouplissement monétaire pour lequel la peur de la déflation n’est qu’un prétexte pour répondre à la demande des pays comme la France et l’Italie qui espèrent ainsi retrouver une croissance à bon compte.

Quels seront les gagnants et les perdants ?

Baisse de l'euroLes pays périphériques de la zone euro (Italie, Espagne, Portugal, Irlande), seront probablement les plus grands gagnants d'un « QE » à l'américaine. L'Italie et l'Espagne vont  bénéficier d'une offre de crédit plus abondante et moins onéreuse, alors qu'aujourd'hui, ils font face à une pénurie de crédit. Ils bénéficieront aussi de la dépréciation de l'euro entraîné par ce surcroît d'offre de monnaie pour exporter plus. Et de ce point de vue, la manœuvre a réussi au-delà des espérances. Cela dit, l'Allemagne gagnera aussi beaucoup d'une baisse de l'euro, car sa croissance dépend de plus en plus des exportations vers les pays émergents.

En France, le «QE» aura un impact moindre. Le Trésor français emprunte déjà à des taux historiquement bas et le crédit est disponible et bon marché. C'est la demande de crédit qui ne suit pas, par manque de confiance. Pourquoi, en effet, demander un crédit lorsque l'on est assommé d'impôts et de réglementations tatillonnes ? L’exécutif ne l’a toujours pas compris qui accuse les patrons de ne pas embaucher. La France qui s'est tant plainte de « l'euro fort » sera surtout aidée par la dépréciation du change. Ses exportations en zone dollar seront plus compétitives. Mais ce sont les entreprises du CAC 40 qui seront les grandes gagnantes. Du côté des ménages, les emprunteurs seront avantagés -ils peuvent emprunter moins cher ou renégocier leur crédit-, alors que les épargnants verront leur épargne leur rapporter moins. Le « QE » incite, en principe, à demander un crédit, à dépenser, à prendre des risques en Bourse, et non à épargner sur un livret A, ou en obligations d'État par le biais d'assurances vie en fonds euros…

Voilà, vous savez tout… ou presque.

 


PLUS DE BEURRE QUE DE PAIN

 

Tsipras

Ventre affamé n’a pas point d’oreilles. Les Grecs qui ont dû faire face à la pire crise économique de tous les pays européens, n’ont donc entendu aucun des arguments des sortants, qui pourtant ont réussi à faire avancer le pays vers le retour à la croissance tout en le désendettant. Etait-ce suffisant ? Certes non, mais il aurait peut-être mieux valu continuer sur le même chemin plutôt que d’écouter les sirènes tentantes de l’ultra gauche de Syriza. Car, dans un contexte de ce type, il est facile de gagner en promettant « plus de beurre que de pain ». Les Grecs auraient pourtant pu se souvenir de la mésaventure survenue à Papandréou élu sur des promesses intenables et balayé par le vent de déception qu’il souleva. La même mésaventure pourrait bien arriver à Alexis Tsipras, malgré son charisme médiatique.

La victoire d’un marchand d’illusions.

Syriza, le parti de la gauche radicale qu’il dirige a remporté les élections grecques en s’adjugeant 149 sièges (la majorité absolue est de 151), ce qui crée un nouveau rapport entre la Grèce et l’Europe. Celle-ci lui a imposé un programme économique d’austérité en échange de prêts dont le montant s’élève à quelque 300 milliards d’euros. Syriza réclame un effacement d’une partie de la dette. Il entend bien adopter un salaire minimum et une revalorisation des petites retraites et des bas salaires. Sans en avoir les financements. M. Tsipras a remporté une victoire sans bavures qui relègue le Pasok, le parti socialiste, dans le camp des partis ultra-minoritaires. Les Grecs et beaucoup de Français, croient que, grâce à leur vote, ils ont subitement guéri le mal qui les accable. Ils voient en M. Tsipras le foudre de guerre, le révolutionnaire qu’il n’est pas. Celui-ci ne souhaite pas l’abandon de l’euro par la Grèce ; il veut seulement négocier des modalités de remboursement plus confortables, assorties d’un effacement supplémentaire de la dette. Il lui faudra négocier ferme car il n’est pas en position de force. Il a besoin en effet d’argent frais rapidement, sinon, il ne pourra pas payer les fonctionnaires grecs à partir du mois de mars. L’enthousiasme populaire n’y change rien et il ne suffit pas de chanter l’Internationale à Paris avec le Front de Gauche : les Grecs restent dépendants de l’Europe. Ils auraient tort de croire leurs tourments terminés.

Qui se ressemble s’assemble.

L’aversion pour l’euro et l’Europe est devenue telle chez certains que les frontières idéologiques ont disparu : Marine Le Pen s’exclame : « une gifle monstrueuse pour l’Europe », Nicolas Dupont-Aignan applaudit et ils se retrouvent, curieusement, dans le camp de l’extrême gauche, avec tous Les Verts, les communistes, les écologistes, les frondeurs, qui rêvent de constituer une gauche alternative qui supplanterait le parti socialiste et s’emparerait du pouvoir, tandis que Jean-Luc Mélenchon se réjouit de ce que « la toute-puissance arrogante des libéraux » se soit « fracassée en Grèce ». Ils ont le droit de rêver. Car les Grecs ne pourront survivre que si, dans les négociations avec Bruxelles,  Alexis Tsipras fait des concessions. S’il renonce à les faire, la Grèce sortira de la zone euro.Mme Le Pen, qui propose la même démarche pour la France, pourra alors en mesurer les effets dévastateurs sur l’économie grecque. On ne peut pas souhaiter aux Grecs une telle expérience. Elle aurait néanmoins un énorme effet de dissuasion sur le reste de l’Europe et sur la France en particulier. 

Du bon usage de Syriza pour la Grèce.

Le triomphe de Syriza n’inquiète  pas les Européens : la victoire est annoncée depuis longtemps et ils ont eu le temps de s’y préparer. Il sera difficile au nouveau gouvernement grec de renoncer aux acquis obtenus grâce aux réformes : le budget grec serait excédentaire si le poids de la dette n’existait pas. Le pays a redressé son commerce extérieur et le chômage commence à baisser. S’il n’y avait pas d’accord avec Bruxelles, si la Grèce finissait par quitter l’euro donc l’Europe, ce que personne ne souhaite, la dévaluation de la monnaie nationale produirait des effets bien plus graves que ceux des réformes. Par ailleurs, la situation de l’Union européenne n’est plus celle de 2008. Aujourd’hui, grâce aux dispositions prises depuis six ans, les banques privées et publiques sont beaucoup mieux armées contre un défaut grec. La gauche française qui se réjouit tant du succès de Syriza oublie que la France est exposée à la dette grecque à hauteur de 55 milliards d’euros. Une somme que nous risquerions de ne plus jamais revoir si le nouveau gouvernement grec manquait de réalisme. Mais sa marge de manœuvre est mince. Il devra réussir là où les autres avant lui ont échoué  en réalisant enfin les réformes essentielles : celles du cadastre, de l’Église orthodoxe et de la marine marchande. Si ces réformes avaient été mises en oeuvre, il aurait été possible d’alléger le fardeau fiscal qui écrase les classes pauvre et moyenne. Au lieu de chercher à ne pas rembourser, les Grecs seraient plus avisés d’exiger que leurs riches commencent à faire des sacrifices. Après tout, M. Tsipras est bien placé pour le réaliser. Ce n’est pas nous qui nous en plaindront qui devraient payer à leur place en cas de défaut !

 


25 ANS DEJA !

Berlin

Que le temps passe vite. Voici 25 ans, le 9 novembre 1989 tombait le mur de Berlin, symbole hautement emblématique de l’enfermement des peuples derrière le rideau de fer communiste. L’Europe coupée en deux par une frontière fortifiée quasiment infranchissable, avec miradors, barbelés électrifiés, « vopos » armés jusqu’aux dents prêts à bondir, sur des centaines de kilomètres entre le monde libre et « l’enfer communiste ». Et à Berlin, un mur pour isoler l’Ouest rattaché à l’occident du reste de la ville, au milieu de la RDA, l’Allemagne communiste.

Voilà qui est difficile à imaginer pour celui qui, né depuis, n’a pas connu. Et pourtant ça a bien existé. Je l’ai vu, lors d’un de mes voyages en Allemagne avec les élèves de mon collège, à Lubeck : une route coupée, le pont sur la rivière disparu, en face les miradors et des ombres à l’intérieur dont on voit bien qu’ils n’ont pas des sucettes dans les mains, et un explicite panneau arborant : « Halt, Minnen ! » … Une question d’un élève : « Mais ils n’ont pas le droit de sortir de leur pays ? »… Atmosphère pesante. Au retour, un étrange silence règne dans le car. On vient de toucher du doigt le bonheur indicible de la « liberté ».

C’est pourquoi, 25 ans après, il est important de commémorer l’événement. Il est nécessaire que ceux qui ont vécu ce moment-là, racontent, témoignent, expliquent. D’autant plus que la réunification de l’Allemagne, personne n'y croyait. Quand le mur s’est ouvert sous les poussées de la foule déterminée des Allemands de l’Est, personne ne s’y attendait. Helmut Kolh venait de dire quelques jours plus tôt, commentant la « pérestroïka » de Gorbatchev, que la réunification n’était pas pour demain ! Mitterrand n’avait rien vu venir, il embrassait encore le kremlin sur la bouche…  Bref, ce fut un miracle !

Un miracle qui changea la donne. L’Allemagne redevenait la première puissance de l’Europe, par sa population, près de 81 millions d’habitants et son poids économique, mais elle dut en payer le prix pendant quinze ans, car elle héritait d’un pays en ruine. La réunification aura coûté deux mille milliards d’euros, et mis en danger l’équilibre de l’Allemagne de l’Ouest. Le choc a été violent : des millions de postes supprimés par le passage à l’économie de marché, 2 millions de départs vers l’Ouest, un budget qui explose avec la généralisation des généreuses aides sociales de la République fédérale. Le déficit public a doublé entre 1990 et 1995, et l’inflation s’est envolée à 5%. Mais sous la conduite de Gerhard Schröder et d’Angela Merkel, qui a vécu sa jeunesse à l’Est, le pays a su faire les bonnes réformes pour s’adapter. On a craint la tentation de l’ost-politique, tournée vers le continent et la Russie, mais il n’en fut rien. Les chanceliers successifs eurent à cœur de continuer la construction européenne et d’ancrer leur pays à l’Ouest.  Mais alors que les Allemands commencent à souffler, ce sont les pays de l’Union qui leur demandent de mettre à nouveau la main au portefeuille. On peut comprendre leurs réticences !

La face du monde en fut changée. La Hongrie s’était déjà libérée. Le « mur de la honte » par terre, c’est déjà l’annonce de l’effondrement de l’empire soviétique et des démocraties populaires de l’Est européen. Et la découverte, sinon la confirmation, de la faillite économique du communisme. C’est ce qui nous vaut, quand nous allons en Slovaquie, de s’entendre dire par ses habitants, que nous habitons en France dans le dernier pays communiste d’Europe ! Et il suffit de voir le monument de Budapest consacré au communisme, pour comprendre que ce ne fut pas un paradis pour les peuples qui ont subi le joug de l’idéologie totalitaire.

Jours d’ivresse, comme seule le recouvrement de la liberté peut en inventer, jours d’euphorie par les retrouvailles de familles trop longtemps séparées, jours historiques par le caractère hautement impactant sur le cours des choses en Europe et dans le Monde. Rostropovitch ne s’y trompa pas qui bondit aussitôt sur les lieux pour aller jouer devant la brèche une … fugue !

 

 


"EUROPA" : L’ANTIDOTE AU VENIN MORTEL DU PROTECTIONNISME

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La dernière élection au Parlement européen en témoigne, les Français n’aiment plus l’Europe. C’est grave ! D’abord parce que la désaffection s’est soldée par une abstention massive avec une conséquence quasi logique d’avoir amplifié le score du Front national qui a su capter 25% des voix exprimées. Ensuite parce que le mal est bien plus profond qu’il n’y parait. Au-delà des sempiternels reproches qui sont faits aux « eurocrates » de Bruxelles et de la lâcheté de la classe politique nationale qui s’est trop souvent défaussée sur l’Europe pour s’exonérer de leurs propres décisions,  une majorité de Français ne voit plus d’avenir dans la construction européenne devenue illisible et incompréhensible.  Passons sur l’ingratitude qui nous fait oublier tout ce que nous devons à l’Union comme progrès et confort de vie, même si la période récente n’a pas été florissante. Il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Mais passons !  Et pourtant, qui ne voit que c’est notre destin qui se joue, ce que la France pèsera demain en Europe et dans le monde : qui peut croire que seule, isolée, avec ses quelques 60 millions d’habitants elle sera encore souveraine et en capacité d’imposer sa volonté ?

C’est parce que le Front National a envoyé ¼ des députés qui représentent la France au Parlement de Strasbourg, où ils votent contre tout pour tenter vainement de bloquer un peu plus la machine, distiller le venin mortel du protectionnisme, accentuer un peu plus la tentation du repli sur soi, que j’ai envie de réagir. Le livre de Valéry Giscard D’Estaing tombe à pic.

L’ancien président de la République porte un regard inquiet sur la situation de la France et de l’Europe. Lui qui a eu l’occasion, quand il était jeune député, de voter la ratification du traité de Rome créant la CEE (Communauté Economique Européenne), juge un demi-siècle plus tard que la construction européenne s’est dévoyée. Elle doit retrouver l’esprit des grands fondateurs qu’ont été Robert Schuman et Jean Monnet pour avancer à nouveau. Son livre est une tentative, heureuse à mes yeux, pour reprendre cette longue marche vers une Europe unie. Il propose dans son livre « Europa, la dernière chance de l’Europe » des solutions pragmatiques, réalisables  et surtout  facilement compréhensibles pour le commun des mortels. Ces propositions qui, si elles étaient appliquées, pourraient redonner confiance dans une Europe enfin à nouveau en marche et créatrice de croissance et de progrès pour les peuples qui la composent.

Préfacé par Helmut Schmidt, ce qui n’est pas un hasard, le Chancelier ayant entretenu avec VGE une amitié et une complicité quasi uniques entre nos deux pays, et ayant à leur palmarès nombres d’avancées de la construction européenne, de la création du conseil européen à l’élection au suffrage universel du Parlement de Strasbourg, le livre « Europa » est avant tout un traité pédagogique en même temps qu’un manuel d’histoire. Il comprend deux parties. La première, elle-même divisée en deux, « la Ligne droite » et « le mouvement circulaire », retrace les évolutions de l’Europe de 1974 à nos jours, avec les temps forts que constituent la mise en place de la monnaie unique, l’échec de la ratification de la constitution et l’élargissement sans approfondissement,  pour se terminer sur un constat : l’Etat présent de l’Europe.

L’ancien président croit toujours en l’Europe qu’il a contribué à façonner, mais il n’hésite pas, en expert, à dénoncer ses blocages, son impuissance quand ce n’est pas son délabrement. Il nous invite à réagir en dépassant une double imposture : celle qui consiste à nous faire croire qu’on peut sauver la France en sabordant l’Union européenne, et celle qui prétend qu’on peut sauver l’Europe sans rien y changer. L’Europe n’est pas responsable de notre chômage de masse, de nos déficits, de nos conservatismes, de notre incapacité à faire des réformes courageuses. Il ne faut pas croire ceux qui font de Bruxelles le bouc émissaire des nations qui n’ont pas le courage de se réformer et de se dépasser. 

Le chemin qu’il propose pour relancer l’Europe ne vaudrait rien s’il n’y avait pas en lui la conviction profonde, que nous pouvons partager, que l’Europe n’est pas seulement un édifice institutionnel mais une culture partagée, une association entre des nations millénaires et brillantes, c’est-à-dire une civilisation que nous devrions nous faire un devoir de défendre face aux nouveaux empires. Ce chemin était compliqué et difficile, l’Europe d’hier n’était pas plus facile à conduire que celle d’aujourd’hui, bien que le nombre des partenaires ait été plus réduit, mais les bâtisseurs dont il a fait partie étaient déterminés à avancer et la France et l’Allemagne savaient unir leurs efforts pour être le moteur des avancées nécessaires.

Le dessein qui anime Valéry Giscard d’Estaing est le même : comment faire pour que la France compte demain dans le monde, qu’elle reste une grande nation souveraine ? La réponse à la question passe par la construction européenne qu’il faut reprendre en se donnant un objectif : créer une fédération d’Etats-nations qui laisserait aux états membres de très nombreuses compétences. Europa, c’est une Europe-noyau constituée des partenaires qui le souhaiteraient au sein de la zone euro, et qui accepteraient une démarche commune de convergence permettant progressivement d’aller vers l’union monétaire, budgétaire et fiscale, et qui serait au final dotée d’un Trésor public et d’un mécanisme de solidarité financière, gouvernée par un Directoire doté d’une légitimité parlementaire. En fin connaisseur, il illustre la faisabilité concrète des étapes successives pour y parvenir. Ce n’est pas un rêve, ce pourrait être la réalité en moins de quinze ans.

Une ambition qui se fonde aussi sur la nécessité de cette construction que nous avons progressivement perdue de vue. Et l’urgence est là. Ce défi, s’il n’était pas relevé, à cause de la tentation du renoncement ou du repli, nous jetterait  dans la défaite et le déclin parce que nous ne participerions pas à cette nouvelle étape de la mondialisation qui change les équilibres du monde. Europa est un cri d’espoir et nous rappelle que l’Union Européenne est la fille des nations qui la composent. Elle sera forte si notre pays est fort. C’est aussi un appel à retrousser les manches pour redresser notre pays, étape primordiale si l’on veut relancer l’Europe.

Lucidité, clarté, vision lucide du cap… l’intelligence toujours fascinante de Giscard est à l’œuvre.

Sans Europa, dans vingt ou trente ans, avertissent VGE et H. Schmidt, l’Europe et chacun des pays qui la composent ne compteront plus sur la scène mondiale.

« Ce projet d’Europa vous appartient. Pour le mener à bien, il vous faudra abandonner beaucoup de vos pensées négatives. L’égoïsme individuel, la peur du changement, et croire dans l’espoir de bâtir une des grandes civilisations du XXIème siècle » concluent-ils !

A lire absolument, pour croire un peu, à nouveau, dans l’avenir.

 


LA FRANCE EN RADE ! (et pas qu’à Marseille !)

Sncm

 

Le titre m’est venu en lisant la « glorieuse » histoire des grévistes CGT de la SNCM. Si cette compagnie maritime n’est pas le symbole du fiasco dirigiste, je veux bien renoncer au pastis pour toujours. Et ce n’est pas faute pour l’Etat d’y avoir englouti des dizaines de millions d’euros des contribuables. Cette « épopée » du partenariat social est assez emblématique de l’état de notre pays : en rade ou à la dérive, comme on veut.

Le dialogue social est à plat.

La conférence sociale, qui se veut être le temps fort annuel de la concertation avec les partenaires sociaux a tourné cette année au véritable fiasco. Les deux CGT ont claqué la porte. Celle de Lepaon parce qu’il n’a plus rien à négocier, étant dépassé partout par sa base, celle de Mailly pour tenter de continuer à exister. Alors en fait de grand-messe, la montagne a accouché d’une souris sous forme de quelques annonces de négociations à la rentrée et de mesurettes (200 millions) en faveur de l’apprentissage pour réparer l’erreur de la suppression des aides dont le résultat a été une baisse de 8% du nombre des apprentis en 2013 et une chute de 14% des contrats au début de cette année. En guise de nouveauté, on prévoit de recruter 10 000 apprentis dans la fonction publique !!! Pour remplacer les fonctionnaires qu’on supprime ? En matière de dialogue social, on aura été servi ce printemps avec les mouvements à la SNCF, ceux des intermittents du spectacle et cerise sur le gâteau, la paralysie de la SNCM. A quoi ça sert d’avoir un gouvernement de gauche si en plus on doit avoir les grèves ? Le paritarisme à l’allemande est encore bien loin.

Les politiques sont en folie.

C’est la querelle et la discorde partout. A l’UMP, on est passé de « stupeur et tremblements » à « règlement de comptes à OK Koral ». Malgré la mise en place du triumvirat pour tenter d’apurer la situation, les francs-tireurs s’emploient à pourrir la situation. Il y a pourtant mieux à faire que ces chamailleries dont le citoyen lambda n’à que faire. Ils feraient bien mieux de s’interresser à l’Eta de la France. La gauche leur fait un boulevard politique et ils ne s’intéressent qu’à leur nombril ! Au PS, c’est pas mieux. Les frondeurs continuent de créer des problèmes à l’Assemblée. Il a fallu que Valls menace de démissionner pour que le vote contre se transforme en abstention. Les quelques mesures du pacte de « responsabilité » vont enfin pouvoir être mises en application. Trop tard , mais c’est mieux que rien. Chez les Verts, c’est guère mieux. Dans le parti écologiste, on se regarde en chiens de faïence et les clans ne se font pas de cadeaux. La tutelle de la miss Duflot ne fait pas l’unanimité et pour elle, c’est « Noël » plus qu’à son heure. Et puis il y a le centre où les chapelles n’en finissent pas de se chercher : un seul Borloo vous manque et tout est dépeuplé ! Au moins pour la présidence de l’UDI, il n’y a pas la crise des vocations.

L’économie est en déroute.

La production industrielle a reculé en mai de 1,7% alors qu’on l’attendait en hausse. Le pingouin de la rue St-Honoré ne va pas nous refaire le coup du 14 juillet 2013 : « la croissance, elle est là » ! Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Si Hamon la sent, elle n’est pas perceptible, mais il la sent. Et puis tout va bien puisque notre Sapin-la-vie-en-rose est devenu l’ami de la finance (c’est lui qui le dit), de la « bôôônne finance ». Nuance ! En attendant le déficit du commerce extérieur continue de se creuser et la consommation des ménages ne se réveille guère. Tous les moteurs restent en panne. Je vous passe le couplet sur la dette qui frôle les 2000 milliards d’euros et les déficits qu’on creuse. C’est pourquoi, notre formidable ministre de l’économie-bis, Arnaud Montebourg, a décidé de faire une loi pour la croissance. La croissance par décret, il faut être socialiste pour croire à ça ! Mais voyons, il fallait y penser ! La croissance est absente : convoquez-là !

En Europe la France est en marge.

Au Parlement européen, notre pays est marginalisé. Il n’a réussi à décrocher que 2 présidences de commission sur 20. Au moment où Renzi préside, c’est l’Italie qui fait figure de pays dynamique. On risque d’avoir un bien piètre lot de consolation : en effet, il est possible que Mosco deviennent commissaire à l’Economie. Une nomination, si elle intervient, qui doit certainement trouver sa justification dans les « excellents résultats » qu’il a obtenus au même poste en France : en matière de croissance en berne et de hausse du chômage, c’est un expert !

Si avec ça vous passez de bonnes vacances, c’est que vous avez la foi du charbonnier chevillée au corps. Heureusement, il est possible qu’avec l’été, l’activité se ralentisse aussi pour les mauvaises nouvelles ! 


LA BCE, OUTIL DE LA CROISSANCE !... SAUF POUR LA FRANCE ?

  Euro

Chose promise, chose due. Je vous avais promis de revenir sur les principales mesures prises par Mario Draghi pour booster la zone euro, menacée par la déflation.

La politique menée par la banque centrale européenne s’est longtemps contentée d’une maîtrise de l’inflation comme objectif et ses dirigeants n’avaient qu’à monter les taux d’intérêt quand ils s’inquiétaient de la hausse des prix. Avec la crise de 2007-2008, le contexte s’est profondément modifié. Ce n’est pas à une menace inflationniste que la zone euro est confrontée, mais plutôt à une baisse des prix qui en perdurant pourrait déboucher sur la déflation et son corollaire, la « décroissance ». Un mal que le Japon connait bien et contre lequel il a tenté depuis plusieurs mois le remède des « Abenomics ».

La Banque centrale avait plutôt bien réussi dans sa principale mission : maintenir la hausse des prix dans un couloir étroit autour de 2 % l'an, en montant et baissant ses taux. Mais la crise a inversé la tendance. Avec des dettes devenues trop lourdes, les prix ont désormais tendance à ralentir - voir à baisser avec les politiques drastiques de rééquilibrage budgétaire adoptées dans plusieurs pays. Sur la dernière année écoulée, les prix n'ont augmenté que de 0,5 % et le proche avenir ne s'annonce guère mieux. La déflation se pointe. Au lieu de freiner les prix, la BCE cherche donc à les accélérer. 

Mais le remède n’est pas simple. C’est qu’en même temps, il faut continuer de contraindre les pays dont les finances publiques restent en déficit, à tenir leurs objectifs d’assainissement budgétaire. Elle a donc recours à des outils de plus en plus complexes censés mettre fin à la crise… Elle baisse ses taux et offre 400 milliards de liquidités en plus aux banques qui prêteront au secteur privé et accès illimité à taux fixe aux liquidités jusqu’à fin 2016. La relance de la croissance passera par donc une relance des prêts bancaires des banques privées … aux entreprises privées. Car c’est là que le bât blesse. Les marchés ne s’y sont pas trompés qui ont plutôt bien réagi. Une position dynamique de la BCE dont le FMI s’est félicité.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a fini par admettre que l’Italie, la France, l’Espagne et le Portugal ne pouvaient pas se contenter d’une cure d’austérité qui entame à peine les déficits tout en empêchant la croissance. Elle a évidemment refusé que les règles du jeu soient changées, c’est-à-dire qu’elle a rejeté toute idée de modification des principes régissant le fonctionnement de l’Union, mais elle a consenti à ce que soient davantage utilisés les mécanismes de relance prévus par les traités, ce qui avalise les dispositions extrêmement importantes que vient de prendre la Banque centrale européenne. Ces mesures devraient soulager quelques pays encore en proie aux déficits et au chômage, et donner un peu d’oxygène au président français qui est noyé dans le chômage de masse.

Ce qui a le plus favorablement surpris les investisseurs et les responsables politiques européens, ce sont les injonctions de liquidités en faveur des banques pour les encourager à prêter en priorité aux PME qui n’ont pas accès aux marchés financiers et aux ménages, à l’exception des crédits immobiliers. Il ne s’agit pas non plus  d’encourager la création de « bulles » aux effets toujours néfastes. Reste à savoir si cet « arsenal » de mesures sera suffisant pour réveiller l’économie du vieux continent.

Souhaitons à la banque centrale qui s’aventure sur le terrain de la croissance et de l’emploi, le même succès dans cette nouvelle politique que dans celle de la maîtrise de l’inflation. On pourra alors dire merci à « Super Mario ». Car sa politique audacieuse s’inspire directement de celle de la fed, la banque centrale américaine. Il profite de l’indépendance de son institution prévue par les traités pour briser tous les tabous : taux directeur abaissé à presque zéro, taux de dépôts négatif, rachats illimités de dettes d’Etat, … Sa politique économique combine la baisse des dépenses publiques, la baisse des impôts, les réformes structurelles et une relance de l’investissement. Avec en prime une baisse du taux de change. On ne pouvait rêver mieux !

Une politique qui, avec l’union bancaire européenne et le renforcement de l’union budgétaire, donne enfin à l’Union européenne les moyens de rivaliser avec ses concurrents planétaires. En tout cas, c’est le pari de Mario Draghi.

Dans le même sillage, Madrid baisse les impôts pour les ménages et les entreprises, après avoir exécuté sans sourciller l’austérité imposée par Bruxelles et les marchés financiers. L’Espagne espère désormais atteindre ses objectifs de diminution de son déficit par une augmentation de la croissance. La France aimerait bien en faire autant, mais en mettant la charrue de la croissance avant les bœufs de l’austérité et des réformes…

 


MACHIAVEL A LA MANŒUVRE

 

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Bureau 105 à Monplaisir à Angers. Un quartier de cités comme la périphérie des grandes villes en compte tant. Ici, depuis longtemps on vote à gauche, très à gauche même. Il est 19H, le scrutin est clos : sur les 965 inscrits, seuls 278 électeurs se sont présentés. Les résultats : FN : 78 voix, UMP 45, PS : 40… Que peut-on penser de tels résultats aussi peu représentatifs et une déformation du scrutin qui peut prêter à toutes les interprétations ce que les médias ne vont pas se gêner de faire pour en rajouter. Dans ce bureau, on a bien vu qui a voté Le Pen : ces Français, victimes du chômage et sous la pression communautariste, clients habituels du Front de Gauche et du PC réduits pour la circonstance à un score confidentiel !

Hollande a atteint ses trois objectifs

Derrière la dramatisation de façade, Hollande doit savourer son plaisir. De fait, tout a été fait, depuis un mois pour faire monter le FN, volontairement ou incidemment, avec la complicité des médias : il fallait éviter à tout prix une nouvelle victoire de l’UMP. Mieux valait sans doute que ce soit le FN dont on sait que les élus seront impuissants à Strasbourg. Nous avons un piètre Président, mais reconnaissons que c’est un politicien redoutable d’habileté et de manipulation. Car avec le résultat de dimanche soir, il a atteint ses trois objectifs : déstabiliser l’UMP, vider le Front de Gauche de sa substance et faire oublier la déroute de son parti, affaiblissant au passage son Premier Ministre un peu trop « encombrant » en l’envoyant au charbon à sa place. Voilà pourquoi "sa sérénité élyséenne" a fait profil minimum dans cette campagne en signant une tribune insipide dans le journal Le Monde, aussitôt oubliée trois jours après.

Mais avec 60% d’abstentions, et 30% de Français qui disent avoir voulu sanctionner Hollande, l’image que donne notre pays n’est pas brillante. Quels enseignements en tirer ?

Un immense désintérêt

Si les Français n’ont pas voté, je pense que c’est en grande partie pour exprimer leur désintérêt pour un vote dont ils ne comprennent pas les implications. L’Europe n’est pas la priorité d’un quotidien où les urgences sont ailleurs et nombreuses entre se nourrir, se loger, trouver du travail … la campagne a été trop courte, il n’y a pas eu suffisamment de pédagogie pour montrer les enjeux, la multiplication des listes que favorise le scrutin proportionnel, des débats d’où il ne ressort rien, tout a concouru à semer le doute et la confusion. Et les partis eux-mêmes ont rarement eu un message clair. Soulignons au passage le peu d’intérêt des médias audiovisuels français pour traiter le sujet.

Une victoire du FN aux pieds d’argile

Le Rassemblement Bleu-Marine est arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés. De quoi susciter l’émotion, surtout des belles âmes qui vont larmoyer dans les salons bobos. L’honnêteté devrait obliger à rappeler que ce sont toujours des victoires sans lendemain, comme celle de l’UMP en 2009, parce qu’elles sont acquises sur une base très étroite en pourcentage des inscrits. Le FN, premier parti de France, est une extrapolation qui peut donner l’occasion à Marine Le Pen de se faire plaisir, mais la réalité est toute autre. Le seul résultat tangible est le hold-up réussi sur les sièges, acquis au prorata des exprimés. Mais ils ne serviront pas à grand-chose à Strasbourg où les députés frontistes se trouveront confrontés à un large bloc européiste.

L’UMP déstabilisée

La victoire aux municipales, comme on pouvait s’y attendre a ravivé les tensions à l’intérieur, pour empêcher Le Président Jean-François Copé d’en tirer trop profit. Le dossier du financement a été relancé opportunément par le Nouvel Obs, afin de mettre de l’huile sur le feu et les journalistes se sont concentrés là-dessus chaque fois qu’il a été possible, ce qui a rarement permis de parler de la campagne et du projet  européen. Nombre de militants m’ont fait part de leur agacement du comportement de François Fillon qui vendredi dernier soufflait encore sur les braises pour se transformer en sauveur du « rassemblement » dimanche soir, jouant ainsi le rôle du pompier pyromane. On lui dira que n’est pas De Gaulle qui veut, et que plus de la moitié des adhérents n’est pas prête à le suivre. De toute façon, malheur à celui qui cassera la maison ! La sagesse voudrait, dans le contexte actuel, qui est une belle piqûre de rappel de 2002, qu’on recherche l’union plutôt que la division. Tout cela a découragé nos électeurs qui ont boudé le scrutin... Constater qu’ en ajoutant au 20% obtenus les 10% de l’UDI-Modem, le résultat est comparable au 29% réalisés au précédent scrutin avec une liste UMP-Nouveau Centre, est une bien maigre consolation. Avec son statut de premier parti d’opposition, en tant que force structurée, l’UMP aurait dû faire plus de voix. Il est urgent de mettre de l'ordre dans la maison quoi qu'il en coûte aux uns ou aux autres.

La déroute de la Majorité présidentielle

Les électeurs de gauche se sentent bafoués et ils l’ont fait savoir au pouvoir en s’abstenant massivement d’aller voter. Quelques socialistes sont allés alimenter les listes vertes, mais sans grand succès. La campagne de Manuel Valls s’est époumonée dans le désert. Il a au moins le courage de reconnaître la défaite et de l’assumer. Au moins, lui, il a un peu d’élégance. La figure marquante du PS, en cette soirée électorale, en dehors des visages fermés sur les plateaux et des sanglots de Mélenchon, aura été l’apparition effarante du nouveau Premier Secrétaire : les Français ont découvert qu’on avait remplacé un ectoplasme par un bouledogue ! Décidément, la reconquête sera dure.

« L’alternative » n’en est pas une

Avec seulement 10% des exprimés, le rassemblement UDI-Modem, qui a pourtant assumé une campagne de conviction clairement fédéraliste, aux arguments souvent convaincants, n’a pas réussi son pari. Si on ramène aux inscrits, on s’aperçoit que le centre campe sur la même représentativité. On remarquera les scores intéressants dans la grande région Ouest, bastion traditionnel naguère des Chrétiens Démocrates, que le PS avait réussi à capter. S’agit-il d’un début de retour au bercail de cet électorat ? Si c’était le cas, ce serait une bonne nouvelle. En attendant, « l’Alternative » ne fait pas le poids.

Quant aux petites listes, excusez-moi, mais on aurait pu s’en passer.

Il reste que malgré tout, certains ne vont pas se priver de ces résultats tronqués et déformés par l’abstention pour alimenter le bal des prétentions.

Un terrain de manœuvre dégagé

Ainsi Hollande a le terrain dégagé pour manœuvrer. On peut donc s’attendre au pire !  Il va jouer de la dramatisation et le PS en ruine ne va pas pouvoir s’opposer à ses projets, avec la menace d’une dissolution implicite en cas d’indiscipline. Il va vouloir activer la réforme territoriale, pour empêcher l’UMP de rafler les Régions en appliquant le même scénario : élection à la proportionnelle et vote des étrangers en chiffon rouge pour faire monter la mayonnaise FN… On peut parier qu’il  va du même coup changer les modalités d’élection de l’Assemblée nationale par l’introduction de la proportionnelle dans la désignation des députés, rendant tout majorité absolue impossible. C’est sur ce champ de ruines qu’il compte bâtir sa victoire en 2017. Une victoire à la Pyrrhus !

Il y a un antidote à ce scénario noir 

Que l’opposition joue plus fin que lui et reprenne la leçon de 2002. C’est pour faire barrage au FN qu’on avait créé l’UMP, rassemblant la droite et le centre. Sans imposer aux transfuges de revenir à la maison, évitons au mois de finir de la démolir et faisons pour les prochaines échéances une plate-forme commune avec les centristes !

 


L’EUROPE MERITE MIEUX QU’UN VOTE DEFOULOIR

 

  Européennes campagne 2014


Cette campagne décidément trop courte n’aura pas permis d’aborder les vrais enjeux de l’élection de dimanche. Toutes les conditions sont réunies pour qu’en France, comme dans d’autres pays de l’Union, les électeurs se réfugient dans l’abstention ou le vote de punition. Punition, non pas de l’Europe, dont la plupart ne savent pas comment elle fonctionne, mais des gouvernants, des politiques, des responsables de tout poil…

Pire, beaucoup d’entre eux ne savent même pas qu’il y a une élection dimanche, et quand ils le savent, ils n’ont pas compris qu’il n’y a qu’un tour ou sont submergés par le nombre incroyable de listes, dont beaucoup ne sont même pas identifiables, faute d’affiche sur les panneaux, de circulaires dans les enveloppes officielles, voire même de bulletin de vote qu’il faudrait aller chercher sur internet… De quoi semer le trouble et la confusion et renforcer encore le discrédit de la consultation.

Et pourtant, voter dimanche est important. Je ne cherchera pas à convaincre ceux qui s’apprêtent à voter Le Pen de ne pas le faire. Leur comportement échappe au rationnel et ils n’écouteront pas.

Au moins quatre raisons de voter. Moi, j’irai voter.


Europe circonscriptions001Parce que le parlement européen est la seule institution de l’Union européenne à être directement élue par les citoyens
. C’est une des plus grandes assemblées démocratiques avec 751 députés (nombre défini par le traité de Lisbonne) choisis tous les 5 ans par près de 400 millions d’électeurs. En France ils sont élus à la proportionnelle au prorata du score obtenu par chaque parti politique sur la base d’un scrutin de listes. En France, il y a huit eurocirconscriptions. Les 751 sièges sont répartis entre les états membres en fonction de leur population : la France élit 74 députés. Avec le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen adopte la majorité des textes législatifs et le budget européen. Son pouvoir s’étend à de nombreux domaines comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, les transports, la santé publique et la justice. Il approuve les accords internationaux négociés par l’UE. Il aura donc a voter le traité transatlantique ! Le Parlement exerce aussi un contrôle politique sur la Commission européenne.

Parce que le Parlement européen vote des législations qui touchent notre quotidien. Environ 1/3 des législations et des ordonnances appliquées en France sont issues de textes européens. Cette proportion dépasse 50% dans certains secteurs comme la pêche, l’économie et l’écologie. Le Parlement européen est à l’origine de progrès significatifs en matière d’efficacité énergétique, de protection des victimes, d’emploi avec le FSE et la « garantie pour la jeunesse », d’éduction avec le programme Erasmus, de protection bancaire avec l’union bancaire.

Parce que je peux choisir un projet politique pour l’Europe.

En effet, les députés Europe parlement001européens se regroupent non par nationalités mais par sensibilités politiques. Il y a sept groupes politiques. Choisir un candidat, c’est décider d’avoir un impact sur les législations adoptées. Le Parlement compte 20 commissions permanentes qui sont le lieu des négociations et des accords politiques. Si je vote UMP, c’est parce que je souhaite que le PPE (Parti Populaire européen) qui regroupe les députés de droite et du centre, continue d’être dominant et parce que ses députés travaillent assidûment, comme Alain Cadec, tête de liste pour l’Ouest, classé parmi les 10 premiers députés de l’assemblée.

Europe institutions001Parce que mon vote contribuera à désigner le prochain président de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne a créé un lien direct entre le résultat de l’élection et le choix du candidat à la présidence de la Commission, qui est en quelque sorte l’exécutif de l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui proposent un candidat, mais ils doivent tenir compte du résultat démocratique. Les députés valideront le choix OU NON après avoir auditionné ce candidat. Mais le Parlement influence aussi la composition de l’ensemble exécutif européen.

Voilà quatre bonnes raisons d’aller voter.

En plus, en me déplaçant, j’ai conscience d’appartenir à un ensemble unique dans le monde de 28 pays qui ont décidé de joindre leur destin pacifiquement. C’est souvent difficile à 28, il y a certainement des progrès à faire dans le fonctionnement, mais nous devrions avoir davantage conscience que cette construction nous dépasse, nous permet de compter dans le monde et surtout qu’elle défend, malgré tous ses défauts, une civilisation, un art de vivre, uniques au monde.

Européennes 14


SARKOZY : POUR UNE RENOVATION DE L’EUROPE !

 

Sarko Le Point europe


A trois jours de l’élection des députés européens, dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt, Nicolas Sarkozy appelle à une rénovation en profondeur de l'UE qu’il présente comme la garantie « d’un modèle de civilisation ». Celle-ci doit s'appuyer sur « une grande zone économique franco-allemande » qu’il avait commencé à construire. Il préconise aussi la sortie de l'actuel Schengen.

« Nous devons être Européens et Français »

Résolument pro-européen, l'ancien président dit comprendre que l’actuelle Union Européenne soit source d’exaspération et de colère pour les Français mais « ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle », explique-t-il, connaissant pertinemment les nombreuses réticences de nos compatriotes envers Bruxelles et sa bureaucratie.

On ne sera pas surpris qu’il n’appelle pas à voter pour l'UMP. Mais le message est cependant clair. Quand Nicolas Sarkozy s’exprime, c’est en tant qu’ancien Président, et donc il n’est pas question pour lui d’aller ferrailler dans l’arène politique. Il s’agit de se placer au-dessus de la mêlée en prenant de la hauteur pour proposer des solutions afin de corriger les erreurs du fonctionnement actuel de l'Union : « Nous devons profondément refonder notre politique européenne », affirme-t-il.

« Une grande zone économique franco-allemande »

Lui qui qui s'était efforcé, durant son quinquennat, à faire du couple franco-allemand le moteur de l'UE (d'où le surnom de « Merkozy » qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel) défend à nouveau « la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro qui permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts (…) en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux.». Aussi dénonce-t-il « l'absence actuelle de leadership qui met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité ». Une critique à peine voilée envoyée à son successeur dont il ne cite pas le nom. Cette grande zone « nous permettra d’abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et ensuite de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges », décline l'ancien président.

« Un nouveau projet pour l’Union »

Nicolas Sarkozy souhaite plus d'intégration pour les 18 pays de la zone euro. Alors que l'étendue des pouvoirs dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée par la classe politique française, il veut supprimer pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires. Celles-ci « devront demain être assumées par les Etats nationaux, et en regroupant les compétences de l’Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l’industrie, l’agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l’énergie, la recherche... », précise-t-il. «La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen. Elle demeurera en charge de la mise en œuvre, du contrôle et éventuellement de la sanction». Une réflexion qui approfondit sa vision : il n'avait jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Elysée.

« Il faut un Schengen II »

Face à « l'échec sans appel de la question essentielle des flux migratoires » - dont le front national a fait son cheval de bataille - Nicolas Sarkozy veut « suspendre immédiatement Schengen et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration ». « C'est une évidence, affirme-il, ainsi il serait mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses », avec cette mise en garde :  « Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser ». C’est du simple bon sens.

« Une Europe qui protège »

Comme il l'avait abondamment fait durant sa campagne, Nicolas Sarkozy vante également une Europe qui « protège, notamment des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent », poursuit-il, allusion claire qui vise le pouvoir socialiste actuel. « La dérive à laquelle nous assistons serait pire encore. Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein, déficits explosés ». Mais « l'Europe a une responsabilité aujourd'hui : contribuer au règlement des crises pour éviter que (cet) anneau de révolutions ne devienne pour l'Europe une ceinture de dangers incontrôlables

Cette tribune est aussi un appel aux électeurs de droite à aller voter dimanche prochain. Si Nicolas Sarkozy ne dit pas pour quelles listes il faut voter, ce n’est pas son rôle, le message est fait pour être entendu. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !", a lancé Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting.

Si l'Europe se cherche un leader...

 


UMP : OUI A LA SYNTHESE, NON AU PARASITAGE !

 

Européennes 14

Les egos surdimensionnés de quelques-uns ne doivent pas nous dissuader de voter pour les listes UMP.

Il faut saluer le travail de Jean-François Copé à qui tous ces ténors en mal de lumière compliquent la tâche. Cela dit, le rassemblement de la droite et du centre n’a jamais été une partie de plaisir, et l’on sait bien que des divergences opposent sur la construction européenne des souverainistes à des partisans plus ou moins avoués du fédéralisme ; entre les deux, il y a un juste chemin d’équilibre qui a été choisi à la quasi-unanimité du bureau politique. Le devoir de tous serait de s’y tenir, au moins par respect pour les militants et nos électeurs. Cela ne veut pas dire que les uns et les autres doivent se taire, mais nous leur demandons simplement de la retenue et de ne pas franchir comme Henri Guaino la ligne rouge que constitue le refus de vote pour convenance personnelle.

Ne nous laissons pas abuser par quelques-uns !

L’UMP n’est pas assurée d’arriver en tête au moment où, les abstentions aidant,  tout le monde s’attend à un très bon score du Front National. La campagne officielle  qui a à peine commencé risque, à la faveur de débats aussi tonitruants qu’inutiles, d’encourager une partie des électeurs sympathisants à choisir l’abstention.  On sait bien que la querelle avec l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy s’appuie sur un désaccord sur le fond : le traité de Maestricht qu’il n’a toujours pas accepté, alors que le parti, qui rassemble la droite et le centre, propose une politique européenne dans une version tempérée pour tenter de dépasser les contradictions. Il s’agit de donner à notre électorat les arguments susceptibles de mettre fin à la perplexité qui pourrait naître de la querelle. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, estime qu’ « on ne peut pas se réclamer d’une formation politique et ne pas voter pour la liste qui porte ses idées ».  Donc, que ceux qui ne l’approuvent pas rejoignent les souverainistes de Dupont-Aignan, ce serait plus honnête ! Non au parasitage de la campagne !

Il ne s’agit pas de changer d’Europe, ce qui revient à poursuivre une chimère, mais de la faire évoluer. Le programme de l’UMP est clair et devrait donner satisfaction à tout le monde. Que propose-t-il ?

Une Europe qui protège :

Pour lutter contre l’immigration, des frontières européennes mieux respectées : plus de nouvel élargissement, refus de l’entrée de la Turquie, réforme de Schengen.

Pour une Europe plus offensive, plus active, plus protectrice afin de faire face à la mondialisation, avec de grands projets à l’échelle européenne : une politique industrielle qui fasse émerger des champions mondiaux, la réalisation d’infrastructures qui aménage le territoire européen, une politique du numérique, une politique spatiale, une politique de la recherche. Il faut aussi imposer la réciprocité dans tous les accords commerciaux et soumettre les importations à des normes éthiques sanitaires, sociales et environnementales.

Une Europe qui avance :

Pour relancer la croissance et créer des emplois en France, plus de convergence fiscale et sociale en Europe : c’est agir pour que la BCE soutienne la croissance et l’emploi, réserver une part de marché pour les PME produisant en Europe, mettre fin à la concurrence déloyale par l’harmonisation fiscale et sociale, renforcer le fonds social européen pour la formation pour faciliter l’emploi des jeunes, soutenir une politique agricole commune forte dotée d’un budget ambitieux.

Pour plus d’efficacité au service des Français, une Europe à géométrie variable, qui permette d’organiser des coopérations entre différents cercles d’états européens. Il faut renforcer le couple franco-allemand, moteur principal de l’Union. Il faut aussi simplifier et réduire les normes européennes et concentrer l’action de l’Union européenne là où elle est vraiment utile.

Pour faire entendre la voix de la France, une Europe forte et respectée dans le monde, avec une défense commune et une vraie diplomatie.

Ne perdons pas de vue l’objectif.

Ce ne sont que les têtes de chapitre. Le programme a été élaboré en tenant compte des apports de tous les « courants ». Il est réaliste et équilibré. Autrement dit, la guerre de tranchée que mènent quelques-uns est d’autant plus irresponsable.

Ils donnent le visage d’une UMP divisée alors qu’elle ne l’est pas. Il reste quelques jours pour le montrer.

Il s’agit d’envoyer à Bruxelles le plus grand nombre de députés pour que le PPE (Parti Populaire Européen), c’est-à-dire la droite, ait une majorité et permette à son candidat, Jean-Claude Junker, de devenir Président de la Commission.  

A chacun de nous de savoir ce qu’il veut. Il est important d’aller voter. Les absents ont toujours tort.

Et n'oubliez pas ce soir :

  Européennes Cadec


CEUX QUI S’APPRETENT A VOTER LE PEN DEVRAIENT SAVOIR …

Marine le Pen 2013


… Qu’ils seraient les premiers sacrifiés... !

Dans cette campagne, ce n'est pas le PS qui est dangereux, on ne tire pas sur une ambulance. Par contre le fait que les sondages mettent la liste FN en bonne position mérite qu'on en remette une couche.

L’Europe est mise au banc des accusés par les souverainistes et particulièrement par Marine Le Pen qui n’a pas de mots assez durs pour dénoncer tous ses méfaits. « Une machine folle, l’UE » clame-t-elle… tellement facile de surfer sur le désastre engendré par la gestion socialiste pour profiter du mécontentement et se livrer à tous les amalgames. Mais, ce sont ceux qui s’apprêtent à voter pour elle qui seraient les premières et douloureuses victimes de son programme s’il était appliqué.

Car la folie, c’est son programme.

A commencer par son leit-motiv, celui d’abandonner l’euro pour revenir au Franc. Le principal argument avancé est double : la perte de souveraineté qu’il a entrainée puisque la monnaie est entre les mains d’un organisme indépendant, la BCE, et sa valeur trop élevée qui nous ruine en rendant plus chères nos exportations. Deux faux problèmes ! D’ailleurs la grande majorité des Français ne la suit pas sur ce chemin et c’est heureux. Il n’est pourtant pas inutile de rappeler ce que ce projet aurait pour conséquences.

La souveraineté : nous ne l’avons pas perdue, elle est partagée, puisque la France contribue à garantir la monnaie commune. Et le fait qu’elle soit gérée par la BCE est plus une garantie qu’un handicap. La banque européenne a pour mission essentielle de maintenir l’inflation à un taux bas. Un progrès est cependant nécessaire, sur lequel tout le monde s’accorde aujourd’hui, ce serait d’ajouter à sa mission, la possibilité d’agir en faveur de la croissance en Europe.

Sa valeur trop élevée, on l’a déjà dit, provient des garanties qu’elle offre parce que le marché européen est bénéficiaire et offre une stabilité économique forte. Si la France est à la ramasse c’est à cause du manque de sérieux de sa gestion et de son manque d’adaptation à la compétition internationale. Ainsi, on ne peut mettre sur le dos de l’euro l’érosion très forte de la part de marché mondiale de la France qui a chuté de près de moitié entre 1999 et 2013. C’est même le confort apporté par la monnaie unique et les faibles taux d’intérêts qu’elle permettait qui ont alimenté la politique constante, pendant la même période, de relance par la consommation assise sur l’emprunt.

Rappelons aussi ce que l’euro nous a apporté.

Il a permis la réalisation du grand marché européen, qui est le débouché principal de l’activité de la France, en produits et services.

Il a installé un environnement de stabilité des prix dans la zone euro, propice au développement des échanges. Avant sa création, l’inflation en Europe était un fléau et compliquait les transactions.

Il nous a mis à l’abri de la tourmente financière américaine, en maintenant fortement la stabilité économique et en empêchant l’explosion des taux d’intérêt. Imaginons un seul instant ce qui se serait passé si nous avions été exposés avec nos monnaies nationales aux charges spéculatives des marchés.

Il permet à l’Europe de dégager un excédent commercial de 150 milliards en 2013 et la zone euro maintient globalement ses parts de marché.

Si des Français ont le sentiment d’avoir perdu la prospérité à cause de l’euro, ils se trompent de responsables en s’en prenant à l’Europe. Car ce sont les décisions de nos gouvernants successifs qui en sont la cause, parce qu’ils ont sans cesse retardé la modernisation nécessaire et les réformes structurelles qui auraient permis de rester dans la compétition.  Le gouvernement socialiste s’est empressé  de ruiner les efforts commencés sous Sarkozy. La Commission et la BCE n’y sont pour rien.

La sortie de l’euro serait une Bérézina.

Le supplément de compétitivité à attendre d’une sortie de la monnaie unique, en la remplaçant par un euro-franc dévalué seraient de courte durée. Regardons l’expérience japonaise ! Par contre, ce serait le signal d’une guerre commerciale avec nos partenaires : les exportations de la France hors zone euro ne représente que 11% du PIB français contre 20% intra zone. Cherchez l’erreur ! Cela n’améliorerait pas notre compétitivité réelle qui ne peut provenir que d’une réforme profonde à la fois fiscale et réglementaire.

Le surenchérissement des produits importés est à prendre en compte, d’autant plus que la balance commerciale de notre pays est déficitaire. Il faudrait s’attendre à une augmentation du coût de l’énergie et des carburants et de nombreux produits manufacturés ou issus  de l’industrie agroalimentaire.

L’augmentation des coûts de production aussi, car notre industrie est intégrée dans le tissu européen, et notre activité manufacturière a besoin de composants venant de partout, y compris de l’extérieur de notre continent.  

En conclusion, ce serait un tsunami économique, avec l’appauvrissement immédiat des épargnants, la mise à mal de notre agriculture, l’affaiblissement de nos banques, l’explosion de la charge de la dette publique, sans compter l’exposition facilitée aux attaques spéculatives qu’offrent une monnaie faible. Ce serait un choc économique estimé au moins à 12% de la richesse nationale avec la destruction d’1 million d’emplois à la clé.

Et ce sont les plus démunis que Mme Le Pen prétend défendre qui seraient en première ligne pour les dégâts.

L'union fait la force !

L’euro est la deuxième monnaie mondiale. Si l’Union européenne progressait vers une gouvernance encore plus partagée, elle serait la première. Sa création a été l’événement le plus important de ce début de 21ème siècle et constitue le levier majeur d’un ensemble qui, en PIB consolidés, est déjà la première puissance économique mondiale, regroupant 500 millions d’habitants et le quart des échanges de la planète !

L’Europe est confrontée à des défis : les dérèglements de la finance mondiale, retour de l’impérialisme russe,  déclin américain, montée en puissance de l’Asie, … Ce n’est pas en la défaisant que nous nous protégerons le mieux !

Il y a mieux que la souveraineté nationale, vaine quand on dépend complètement des autres. Il y a les souverainetés partagées avec nos voisins et partenaires chaque fois que l’Europe est un plus pour nous. Plus que jamais, l’Union fait la force !

  Européennes 14


LA FRANCE VA-T-ELLE TOURNER LE DOS A L’HISTOIRE ?

Drapeau européen

 

Le 9 mai est « la journée de l’Europe ».

Cette date a été choisie en souvenir de la déclaration du Ministre des Affaires étrangères français Robert Schuman qui, à l'instigation de Jean Monnet alors Commissaire général au Plan, proposa le 9 mai 1950 aux pays européens qui s'étaient combattus en 1914-18 et en 1939-45 de gérer en commun leurs ressources de charbon et d'acier dans une organisation ouverte aux autres pays d'Europe qui le souhaiteraient. Cette proposition, connue sous le nom de « déclaration Schuman », est considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

La Journée de l'Europe est l'occasion d'activités et de festivités qui rapprochent l'Europe de ses citoyens et ses peuples entre eux. Les associations, les écoles et les citoyens se mobilisent pour la célébrer. De très nombreuses manifestations de plus ou moins grande envergure sont organisées dans les villes et dans les écoles, à l’initiative des associations, des enseignants, des collectivités locales...

En cette période de campagne électorale pour l’élection des députés européens, elle prend une signification particulière.

« La double Pen »

Marine Le Pen fait une campagne de marchande de poisson à coups de formules assassines sur l’union européenne qui sont autant de mensonges. Ce faisant elle renoue avec le style familial. On lui doit l’élection de François Hollande, dont on paie tous les jours la politique désastreuse. Depuis, les voix de gauche déçues par le début du quinquennat permettent au Front National d’améliorer ses scores aux élections, d’autant plus que le vote bleu-marine est facilité par un double langage, un discours gauchisant que n’aurait pas désavoué Georges Marchais. L’immigration pour les voix de droite, la démagogie sociale pour les voix de gauche. Le 25 mai, ces voix vont-elles contribuer à nous imposer la double peine ? Après s’être trompés en votant en 2012, les Français, dans un désir de contestation bien compréhensible, vont-ils récidiver en 2014 ? Je n’ose pas imaginer le tam-tam médiatique si le score du parti d’extrême-droite le place en tête  au soir de l’élection. Ce serait dramatique à la fois pour la France et le Parlement européen. Le pays de Descartes et de Pascal, de Spinoza et d’Auguste Comte, de Montaigne et de Tocqueville, le pays de la raison et des « lumières » ne peut pas tourner le dos ainsi à l’Histoire, en suivant des prophètes de malheur qui les caressent dans ce qu’ils ont de plus sensibles : le sentiment national !

Le véritable enjeu du scrutin

C’est l’Europe, évidemment et pas nos petits problèmes franco-français. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’euro. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’intervention en Ukraine. Ces sujets-là sont à côté de la plaque. Il s’agit d’élire les députés européens et de façonner par notre vote la configuration du futur parlement de Strasbourg. Et ce n’est pas anodin : de la majorité qui se dégagera dépendra le choix du futur président de la Commission européenne. Ce sera Martin Shultz le social-démocrate allemand ou Jean-Claude Junker pour le Parti Populaire européen. Le vote défouloir n’y changera rien, pas plus que les états d’âme d’Henri Guaino ou l’esbrouf de Laurent Wauquiez pour vendre son livre. Par contre, les orientations qui suivront pour les cinq prochaines années seront déterminantes. Il ne faut donc pas se tromper d’élection.

Face à une Chine qui est en passe de devenir cette année la première puissance économique mondiale, face à une Amérique en pleine reconquête, face à une Russie redevenue impérialiste, les défis à relever sont gigantesques. Seule l’Europe est à la mesure. Croire que la France recroquevillée sur elle-même pourrait résister avec ses petits bras même pas musclés, est une farce tragique. Le dénigrement systématique et suicidaire de ce qui a été fait jusqu’à présent ne peut servir de feuille de route, pas plus que le repli sur soi ultra-souverainiste que nous servent les antieuropéens.

L’Europe est l’avenir de la France !

Je crois que la génération à laquelle j’appartiens, qui a connu la guerre froide, la division de l’Europe et le rideau de fer a le devoir de lutter contre le désenchantement qui gagne les peuples de l’Europe et particulièrement nos concitoyens. Une Europe plus dynamique, plus forte, plus démocratique, avec un gouvernement économique au service du modèle social caractéristique du vieux continent, est à notre portée. Des initiatives franco-allemandes fortes ouvertes aux autres pays, une volonté commune de mener la transition écologique au service d’une vraie politique énergétique, un esprit civique européen, peuvent donner consistance au rêve européen et nous donner les moyens de faire face souverainement aux défis du monde.

Préparer l’avenir suppose un état d’esprit offensif, du réalisme et surtout de l’audace, celle de croire encore en l’Europe. Les derniers mois des progrès importants ont été accomplis, notamment avec l’union bancaire. C’est la preuve qu’il est possible de bâtir ensemble un chemin qui donnerait du sens à l’Union, susciterait sinon la ferveur, à tout le moins l’adhésion.

 


L’EURO : CHANCE OU HANDICAP ?

 

Euro

A l'approche des élections européennes, le débat resurgit en France sur l’euro « fort ». Beaucoup d’industriels se plaignent d'être pénalisés à l'exportation. Faut-il faire baisser l'euro ? La BCE, pour une fois, semble vouloir aller dans ce sens. Mais le problème est de savoir si cela résoudrait le défi de la balance commerciale française.

Voilà maintenant près de 15 ans que la monnaie unique a été mise en place. Il circule beaucoup de bêtises à son endroit, et il n’est pas toujours facile de démêler le vrai du faux. Pour certains, elle serait la source de tous nos maux, pour d’autres, la bénédiction viendrait de l’indépendance de la BCE vis-à-vis des gouvernements. Le tropisme le plus courant, c’est la focalisation sur les exportations qu’elle rendrait plus compliquées, en tout cas pour nous, cela dit sans prendre le temps de s’interroger de son impact sur les importations. Nous vivons dans un monde compliqué, et les arguments les plus percutants sont presque toujours les plus simplistes, ils sont malheureusement, la plupart du temps, bâti sur une hérésie quand ils ne sont pas un vrai mensonge.

L’euro est-il déterminant pour la croissance ?

Entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2013, le PIB de la France a progressé de 22%.  Si on se compare à l’Angleterre, elle a fait beaucoup mieux avec 29% sur la période, mais le Danemark n’a réalisé que 13%. Intrazone, l’Espagne a fait 31%, l’Irlande 60% et l’Allemagne seulement 20%. Autrement dit, ni le fait d’être en dehors de la zone euro, ni l’appartenance n’ont garanti une performance économique. La monnaie n’est donc pas le seul déterminant ! Le fait de dévaluer la monnaie commune de 20%, ce qui correspond à notre perte de compétitivité sur la période, redonnerait de l’oxygène à notre économie. Mais c’est une illusion monétaire, car le but de la dévaluation c’est de pouvoir dépenser davantage et éviter de procéder aux réformes douloureuses. L’expérience menée par Shinzo Abe au Japon devrait nous rendre prudent. L’euro n’est pas responsable de notre déclin pas plus qu’il ne peut faire revenir la prospérité comme par magie. La France aurait dû se rénover profondément pour profiter de l’union monétaire, il ne suffisait pas de changer les billets de banque.

L’euro a-t-il provoqué une hausse des prix ?

Contrairement à l’idée couramment admise que le passage à l’Euro a fait monter les prix, notamment par le jeu des arrondis au moment de l’abandon du Franc, quinze ans après on constate des évolutions contrastées d’un produit à l’autre. Si on prend comme référence le prix d’une baguette de pain, qui était en 2000 de 4,50 F, peut-on dire que son prix d’aujourd’hui de l’ordre de 0,80 € à 1€ (soit entre 5,25 F et 6,50 F) a exagérément augmenté si on prend en compte le prix de l’énergie, de la farine, des charges diverses… sans oublier l’inflation. Si on se réfère à l’évolution des prix de l’électro-ménager, on oscillera entre stabilité et baisse. On trouvera bien des produits qui ont fortement augmenté, c’est certains, mais il est bien difficile de dire ce qui se serait passé si on avait gardé le Franc. Une certitude : ce n’est pas l’euro qui a fait baisser le pouvoir d’achat des Français.

Pourquoi sa valeur est-elle aussi élevée ?

Si l'euro affiche aujourd'hui une santé éclatante vis-à-vis des principales devises, il le doit en partie au fait que la zone euro dans son ensemble affiche… un excédent de sa balance courante. Selon les derniers chiffres d'Eurostat, elle était excédentaire de 67,4 milliards d'euros au dernier trimestre 2013, contre 42,3 milliards d'euros au dernier trimestre 2012. Si l'on isole la seule balance commerciale des biens, là encore, la zone euro affiche un confortable excédent de 44,7 milliards d'euros contre 28,2 milliards. Le Fonds Monétaire International, lui, avance dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, un excédent courant de 295 milliards de dollars pour 2013 pour la zone euro, à comparer au déficit de 473,5 milliards de dollars des Etats-Unis. Ce constat fait, il n'est guère surprenant d'assister à la revalorisation de l'euro contre le dollar.

Certains ne manquent pas de rétorquer que les excédents de la zone euro proviennent essentiellement de deux pays : l'Allemagne et les Pays-Bas dont les performances commerciales dépassent de loin celles de leurs partenaires. C'est incontestable. L'Allemagne n'a cessé d'accroître ses excédents commerciaux qui ont culminé à près de 200 milliards d'euros l'an dernier.

Dans le même temps, la France affichait un déficit de près de 76 milliards d'euros. La comparaison des performances commerciales de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et de la France dans le détail est encore plus riche d'enseignements. A l'exception de la France, ces trois pays n'ont pas cessé d'améliorer leur balance commerciale globale. La performance de l'Espagne est encore plus spectaculaire puisque les chiffres s'établissent à 10 milliards d'euros en février dernier. Parallèlement, l'Italie, elle, a doublé ses ventes. La série statistique d'Eurostat dément donc le discours voulant que la hausse de la monnaie unique handicape les exportateurs. Une tendance qui explique pourquoi la France est quelque peu isolée sur le dossier d'autant plus que la dégradation du commerce français est à rechercher ailleurs.

Dévaluer, pour quoi faire ?

Les performances des quatre pays cités depuis le début de l'année 2008 en ce qui concerne leurs exportations dans les seuls pays de la zone euro sont édifiantes. L'Espagne et l'Italie ont significativement amélioré leur balance commerciale pour revenir près de l'équilibre. L'Allemagne, elle, continue d'afficher de confortables surplus. La France, elle, n'a pas cessé de voir sa position se dégrader. Les difficultés à l'exportation des entreprises françaises, sinon la dégradation, sont concentrées sur les seuls pays partageant la même monnaie. La hausse de l'euro, si elle peut avoir des effets contraires sur les marchés hors de l'Europe, n'explique pas le déficit de la balance commerciale française. Le Conseil d'analyse économique précise que « la baisse de l'euro ne peut être la réponse unique » au déficit de compétitivité de la France, «… une dépréciation nominale n'a qu'un effet de court-moyen terme sur la compétitivité alors que les réformes structurelles permettant une baisse des coûts ou une amélioration de la qualité des biens produits ont un effet permanent sur la compétitivité. »

Aux réticences européennes face aux souhaits de la France s'ajoute l'idée même que l'euro n'est pas surévalué. C'est ce que souligne Jérôme Héricourt, chargé de recherche au Cepii. « Le taux de change effectif réel de l'euro n'est pas à son plus haut historique constaté au milieu des années 1990. Et à cette époque, la France dégageait des excédents commerciaux », dit-il.

Une baisse de l'euro ne résoudrait donc pas les problèmes de la France. Voilà sans doute pourquoi le gouvernement s'est désormais engagé, avec le « pacte de responsabilité », sur la voie d'une baisse des charges pour les entreprises. Pour doper vraiment leur compétitivité globale.

L’euro était une chance, nous en avons fait un handicap.

Nous n’avons pas respecté le traité et les cadres fixés à la monnaie. Nous avons abusé de la protection que la monnaie unique offrait en ne permettant pas les attaques monétaires, pour vivre à crédit et emprunter à tout va, pris au piège d’une erreur de stratégie économique qui nous a fait privilégier le tertiaire et le rêve d’une économie dématérialisée. Le réveil est douloureux. Mais l’abandonner serait encore bien plus pénalisant et… coûteux.

Si notre pays est sérieux, il redeviendra une chance, comme pour l’Allemagne.

 

 


TOUCHE PAS A MON EUROPE !

Europe_le_volontarisme_politique

Après le « cri d’amour » d’Alain Juppé, mon cri de protestation !

Quand Marine le Pen affirme que « tout a échoué dans l’Union européenne, absolument tout ! » elle profère un odieux mensonge. Elle peut faire la liste de tout ce qui ne lui convient pas, on le conçoit : abolition des frontières, la directive détachement des travailleurs, l’aide aux banques, l’immigration ou l’euro trop fort… Mais qu’elle ne le fasse pas avec les arguments qu’elle utilise qui sont ceux de l’ignorance de ce qui a été fait et donc ceux d’une élue qui n’a pas rempli correctement son mandat à Strasbourg !

Quand Henri Guaino et Laurent Wauquiez, avec d’autres parlementaires UMP signent une tribune dans le Figaro pour faire d’autres propositions que celles de la plate-forme de synthèse votée par le bureau politique, ils commettent une grave faute : ils plantent un coup de poignard dans le dos de nos candidats qui font campagne dans les Régions, ils sèment la confusion dans l’esprit de nos militants et de nos électeurs, et ravivent inutilement au sein de notre famille les tensions entre pro et nonistes ce qui est dépassé. Le temps n’est plus au débat, il est à la campagne active. Leur attitude profite au Front National, ce qui n’est probablement pas le but qu’ils recherchent, et peut contribuer à affaiblir le score de notre parti, ce qui n’est pas souhaitable !

A nos amis qui se demandent s’ils vont aller voter, je peux déjà leur proposer deux objectifs : empêcher le Front national d’arriver en tête, dire une deuxième fois « stop » à Hollande. Si déjà on arrivait à ça, ce ne serait pas si mal. Mais je voudrais aussi leur faire partager quelques-unes de mes réflexions pour qu’on vote en fonction du véritable enjeu : il s’agit d’élire l’instance démocratique de l’Union. Auparavant, sachons au moins de quoi on parle !

A-t-on besoin d’Europe ?

L’union fait la force. Cet adage n’a jamais eu autant de signification que sur le sujet de l’Europe. Dans le monde globalisé qui est la marque de notre époque, ne pas la vouloir est suicidaire. On le voit encore aujourd’hui avec le drame d’Alstom. Certes comme l’a très bien montré Alain Juppé, l’Union est imparfaite. Cela ne l’empêche pas d’être nécessaire et ne nous interdit pas de travailler à la renforcer. La puissance de la France passe aujourd’hui par une Europe puissante politiquement. Le 25 mai nous pouvons choisir la catastrophe et le déclin définitif en tournant le dos à l’Europe. Nous pouvons aussi choisir le chemin de la construction jamais finie de l’Union européenne, chemin difficile mais le seul porteur d’avenir pour nos enfants.

Depuis cinq ans, qu’est-ce qui a été fait ? A quoi l’Union européenne a-t-elle servie ?

Nous autres Français, en avons peu conscience, tant nos politiques savent habilement se défausser sur l’Union européenne, bouc émissaire de leur lâcheté électorale. La gauche est experte en la matière, on l’a vu avec la soi-disant renégociation du « pacte de stabilité ». Pourtant si on regarde ce qui s’est passé depuis 2008 avec les crises successives qui se sont abattues sur le Monde et sur l’Europe, l’Union aura été notre bouclier : elle a été secouée mais elle a tenu. La monnaie commune nous a mis à l’abri de la tourmente monétaire, les européens, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, puis du tandem France-Allemagne, ont été à la manœuvre et à l’origine d’avancées significatives dans la régulation de la finance mondiale, et quand les marchés s’en sont pris à l’Euro, ils ont dû reculer face à la volonté politique commune de le défendre.

Pendant ces cinq dernières années, l’Union européenne a progressé. L’adoption récente de l’Union bancaire en est un bon exemple. On lui doit nombre de décisions qui facilitent notre vie quotidienne : du brevet européen peu coûteux et unique aux frais d’itinérance des téléphones en passant par le plafonnement des bonus financiers, de l’Erasmus élargi aux non diplômés à la protection des données personnelles, la liste est longue. Une superstructure technocratique, l’Union ? C’est l’hôpital qui se fiche de la charité : il y a autant de fonctionnaires à Bruxelles qu’à …la mairie de Paris !! Derrière chaque décision de la commission, il y a une décision politique de nos représentants, voilà la vérité.

Le Parlement européen est-il important ?

C’est une platitude que de rappeler que nos députés européens sont élus au suffrage universel. Moins d’un Français sur deux le sait : consternant ! Pourtant l’Europe n’est pas plus complexe dans ses institutions que notre fameux « millefeuille ». Le parlement européen est donc un « levier de pouvoir » dont nous devons avoir pleine conscience. Il faut peser sur les choix européens et donc envoyer à Strasbourg des élus responsables. D’autant plus que l’assemblée élue en mai prochain verra son pouvoir élargi puisqu’elle désignera le Président de la Commission qui ne sera plus nommé par les chefs d’Etats. Un progrès démocratique évident.

Et l’euro ? Que faut-il en penser ?

Il serait trop fort. Tu parles ! Ce discours sert à masquer notre propre insuffisance de réformes que tous nos partenaires ont su réaliser pour se redonner des marges de manœuvre : baisse des charges sur les entreprises, retraite retardée, flexibilité du marché du travail, simplification administrative, rigueur de la dépense publique… Nous n’avons su lever aucun de ces freins qui pèsent sur notre économie et donc sur notre croissance. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, la France est un boulet pour l’Union européenne. Depuis qu’elle a abandonné la voie du redressement sur laquelle l’avait placée Nicolas Sarkozy après la crise de 2010. Ce n’est pas le cours de l’euro qui est trop élevé, c’est notre économie qui est trop faible, engluée qu’elle est dans son carcan étatique.

Mais la politique monétaire de l’Union est un véritable sujet pour l’avenir. La gestion de l’euro mérite un vrai débat. Il est possible d’en faire une arme de croissance et pas seulement de lutte contre l’inflation au même titre que le dollar. Cela suppose des inflexions dans les objectifs qui lui sont assignés et la mise en place d’une véritable gouvernance politique, déjà largement amorcée. On pourra alors aborder le sujet épineux de la « mutualisation » de la dette.

La souveraineté de la France est-elle menacée ?

Encore une farce marinesque ! La souveraineté de la France est menacée si elle s’isole et se referme sur elle-même, ça oui ! Dans l’architecture actuelle de l’Union européenne, il y a des « souverainetés partagées », c’est vrai. L’euro en est une. J’en suis partisan chaque fois que c’est nécessaire. D’ailleurs, nous aurions intérêt à élargir le domaine des « souverainetés partagées » à l’énergie, la défense, de grands projets structurants. C’est aussi la réponse aux défis de notre temps. Comment se positionner face à Moscou ? Comment exister face à la Chine ? Comment résister à l’hégémonie américaine ? Comment avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? … Voilà autant de sujets pour lesquels la réponse franco-française n’est pas à la taille du défi. L’Europe, avec nos partenaires, c’est la bonne dimension.

Et si on voyait l’Union européenne comme un écrin au sein duquel pourrait s’épanouir non seulement la France, mais l’avenir de nos enfants !

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EUROPE, MON AMOUR ! par Alain JUPPE

Je relaie ici, l'excellent texte de notre ancien Premier Ministre, dont je partage pleinement le contenu. Alain Juppé nous dit tout. C'est une manière pour moi de lancer la série d'article que le calepin va consacrer à la campagne pour l'élection du Parlement européen.

Le 25 mai, votons, faisons voter; pour les listes UMP !

Daniel

 

Juppé 2 Europe, mon amour !

"Je mesure ce qu’il y a de provocateur dans le titre que j’ai choisi de donner à ma déclaration.

Par les temps qui courent, ma douce Europe, tu inspires plus de désamour que de sentiments amoureux.

Il n’est question que d’euro-scepticisme, voire d’euro-hostilité. Chaque matin, médias et politiques te chargent de tous les péchés du monde. Tu es, à les en croire, trop peu démocratique et beaucoup trop technocratique, souvent naïve, impuissante et divisée, assoiffée d’austérité et source de chômage, j’en passe et des pires.

« Bruxelles » est devenu le grand épouvantail, que nos amis belges nous pardonnent.

Nier qu’il y ait une part de vérité dans le procès qui est instruit contre toi serait faire preuve d’aveuglement.

Ceux qui t’aiment ont beau dire que ton Parlement a conquis de réels pouvoirs de co-décision, les Européens ne se pressent pas aux urnes quand il s’agit d’élire leurs députés.

Il est vrai que la bureaucratie bruxelloise est nombreuse, lointaine, compliquée et qu’elle produit trop de normes dans trop de domaines.

Ta banque centrale gère ta monnaie sans qu’un véritable gouvernement économique puisse dialoguer avec elle comme, aux Etats-Unis, le Secrétaire au Trésor, Ministre des Finances, le fait avec la Réserve Fédérale.

Schengen, cet accord qui devrait réguler les mouvements de population, ne marche pas parce que tu n’es pas capable de contrôler tes frontières extérieures.

Les Européens ont le sentiment que tu ne sais pas répondre à leurs attentes en mettant, par exemple, en œuvre une politique de croissance efficace fondée sur l’innovation, ou en organisant une réelle transition énergétique pour relever le défi du changement climatique.

Tu n’as pas pu empêcher l’annexion de la Crimée par Poutine ni la déstabilisation de l’Ukraine.

Avant de te décider à soutenir l’action de la France au Mali où tes intérêts sont directement en jeu, tu as atermoyé pendant des mois.

La vision du commerce international qui continue d’inspirer ta Commission est en retard d’une globalisation. Le dogme de la concurrence pure et parfaite semble intangible dans tes hautes sphères, alors que nos grands partenaires, américains ou chinois, assurent la protection de leurs intérêts comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : sans user du mot mais en profitant de la chose.

La manière dont tu négocies avec les Etats-Unis d’Amérique un accord de libre-échange présenté comme stratégique n’est pas un modèle de transparence. J’entends bien que dans une négociation aussi âpre on ne met pas d’emblée toutes ses cartes sur table. Mais il est essentiel que l’exécution du mandat donné au négociateur reste sous contrôle.

Tu vois, je ne suis pas complaisant avec toi. Je te dis tes quatre vérités. Qui aime bien châtie bien.

Ce qui m’autorise à parler vrai, aussi, à tes détracteurs.

Et de leur dire : non l’Europe n’est pas responsable de tous nos maux ! La crise qui a failli emporter non seulement la finance mais aussi l’économie mondiale en 2008-2009 n’est pas son fait. La pratique des «subprimes» et le dérèglement des marchés qui en est résulté a pris naissance en Amérique. Et la crise des dettes souveraines en Europe n’est pas à mettre au débit de « Bruxelles ». Il faut chercher les responsabilités à Dublin, à Athènes, à Rome, à Madrid… ou à Paris dont les gouvernements n’ont pas respecté leurs engagements de réduction des déficits publics et de maitrise de l’endettement.

Certains, en France, sont malvenus de s’insurger contre les rappels à l’ordre de la Commission : c’est nous-mêmes qui l’avons chargée de vérifier que nous nous mettons en conformité avec les règles que nous avonsnous-mêmes édictées, et, à défaut de nous sanctionner.

Je vais plus loin : non seulement tu n’es pas responsable de tous nos maux mais tu nous as protégés au milieu de la tourmente que l’économie mondiale traverse depuis quelques années.

C’est une grande chance que d’avoir une monnaie stable. A mes amis gaullistes, je demande de faire retour une cinquantaine d’années en arrière : le premier objectif du Général de Gaulle quand il revint au pouvoir ne fut-il pas de guérir la France de l’instabilité monétaire et de la doter d’un nouveau franc ?

L’euro stable, ce sont des taux d’intérêt historiquement bas, sans quoi le refinancement de notre dette nous entraînerait droit dans le mur.

Et là encore, ne rejetons pas la responsabilité de nos mauvaises performances sur autrui.

Dans le commerce des biens industriels (j’emprunte ces chiffres à l’excellent livre de Pascal Lamy, « Quand la France s’éveillera ») tu dégages, mon industrieuse Europe, « un excédent qui a triplé en dix ans pour atteindre plus de 200 milliards d’euros et maintiens [tes] parts de marché, alors que celles de [tes] concurrents américains ou japonais ont régressé. »

Aujourd’hui le Japon qui pratique les « Abenomics » c’est-à-dire une politique du yen moins fort, enregistre le pire déficit commercial de son histoire.

Si la France souffre, elle aussi, d’un lourd déficit commercial, la raison n’en est pas principalement le cours de l’euro, mais l’insuffisante compétitivité de ses entreprises et l’inadaptation de son secteur productif à la demande mondiale, faiblesses qui résultent de notre propre incapacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Faut-il ajouter que, dans le nouveau monde qui a émergé depuis trois décennies, tu es, ma puissante Europe, une extraordinaire chance ?

Avec toi, nous pesons 500 millions de citoyens, le plus grand PIB du monde, et le quart des échanges mondiaux.

Nous, Français que la mondialisation effraie… au point que quelques bons esprits chez nous vont jusqu’à prôner la « dé-mondialisation » ; nous que traumatise le déplacement du centre de gravité de la richesse et de la puissance vers d’autres horizons ; nous qui souffrons de n’être plus le centre du monde… nous devrions nous tourner, plus que jamais, vers toi, Europe, nous jeter dans tes bras, t’exprimer la confiance que nous mettons en toi pour, ensemble prendre toute notre place dans le nouveau monde, y faire rayonner nos idées et nos valeurs, y défendre nos intérêts

Et pas simplement nos intérêts économiques.

D’abord et avant tout le bien suprême que tu nous as apporté : la paix après un siècle de massacres.

Avons-nous bien conscience que ce bien n’est pas acquis pour toujours ?

La guerre a sévi dans les Balkans il y a 20 ans, à nos portes.

Notre voisinage oriental, je pense bien sûr à l’Ukraine, traverse une crise d’une grande gravité.

Et dans les frontières de l’Union elle-même, les vieux démons ne sont pas morts : quelques groupuscules défilent aujourd’hui dans les rues de Budapest un brassard à croix gammée à l’épaule.

Faire exploser la zone euro, c’est engager un processus de déconstruction de l’Europe et dès lors, tout redevient possible y compris le pire. Pascal Lamy rappelle ce message de François Mitterrand : « Le nationalisme, c’est la guerre ».

Voilà pourquoi je plaide pour toi, Europe, et suis décidé à combattre avec toute mon énergie ceux qui veulent, en le disant ou sans le dire, te déconstruire.

La meilleure manière de te défendre, c’est évidemment de te réformer. Et Dieu sait si tu as besoin de réformes.

L’urgence, c’est de doter ton cœur battant, c’est-à-dire la zone euro, d’une gouvernance efficace. Des progrès ont été récemment accomplis en ce sens, souvent à l’initiative de la France. Il faut aller plus loin et doter le Conseil Européen des moyens d’assurer le pilotage qui lui revient : une présidence forte qui devrait incomber à l’une des principales économies de l’union, un secrétariat performant qui veille à la mise en œuvre des décisions prises.

Mon choix de gouvernance, on le voit, est plutôt de nature inter-gouvernementale parce que c’est là qu’existe la légitimité démocratique.

Mais pour éviter les blocages, il faudra bien progresser vers plus d’intégration et si l’on veut notamment une réelle harmonisation fiscale, cesser de faire de l’unanimité une règle intangible.

Tout le monde ne voudra pas suivre.

L’idée que la zone euro est le cercle de solidarité maximum et qu’au-delà, la souplesse est de règle pour tous ceux qui se contentent de moins, finit peu à peu par s’imposer.

La gouvernance n’est pas tout. Ce que les Européens attendent, c’est certes une Europe qui fonctionne mais surtout une Europe qui réalise.

Il faut, dès lors, que tu choisisses. Tu ne pourras pas tout faire. Il faut abandonner ton ambition de tout régenter.

Il faut te concentrer sur quelques objectifs prioritaires.

En voici trois, qui n’épuisent pas la question :

  • une politique de stimulation de la croissance par le soutien à l’innovation sous ses diverses formes. Une suggestion : le « programme des investissements d’avenir » que la France a lancé en 2010/2011 et qui commence à produire ses premiers effets pourrait inspirer une initiative européenne.
  • une politique de l’éducation qui favorise la circulation mais aussi la compréhension mutuelle de nos jeunesses. Je préconise depuis longtemps l’apprentissage obligatoire d’au moins 2 langues vivantes étrangères dans tous nos systèmes éducatifs.
  • une politique énergétique qui semble aujourd’hui hors de portée compte tenu des choix divergents faits par la France et l’Allemagne mais que l’urgence climatique et l’urgence diplomatique -je pense au desserrement de notre dépendance vis-à-vis du gaz russe- peuvent demain rendre possible.

Suis-je en train, mon Europe, de te faire rêver, de te raconter une belle histoire, de te promettre la lune ?

Beaucoup le pensent. Mais je l’assume…

Peut-être est-il utopique de rêver d’une Europe politique, acteur à part entière de la scène mondiale, dotée des moyens de se défendre, capable de conduire une action diplomatique cohérente. Une Europe puissance, expression taboue.

C’est pourtant bien le but où nous conduit le chemin sur lequel je te propose d’avancer.

Y sommes-nous seuls ?

Sans doute aujourd’hui.

Est-il utopique de rassembler des partenaires prêts à partager notre espérance ? Peut-être.

Mais peut-on vivre sans utopie ?

J’ai deux raisons de penser que ce rêve n’est pas illusoire.

D’abord la France et l’Allemagne. C’est la clef. L’Allemagne hésite. Aujourd’hui, la France n’a pas la capacité de la convaincre parce qu’elle a perdu sa crédibilité. Si nous reprenons force et influence, nous pouvons redevenir un partenaire attractif et convaincant.

Tout en dépend.

Et puis, tu existes ma belle Europe.

Il suffit de voyager à travers le vaste monde, en Asie, en Afrique, en Amérique… pour prendre conscience d’une réalité que nous apercevons mal en vision rapprochée : tu existes. Nous, Européens, nous avons un bien commun, nous partageons une culture commune, des valeurs, des idées sur le monde.

Loin de moi de sous-estimer nos différences… ni de vouloir les effacer ; elles font notre richesse.

Mais il existe un socle commun. Démocratie, liberté, dignité de la personne humaine… où donc ces valeurs s’épanouissent-elles mieux qu’en Europe ?

Philosophie, littérature, musique, arts… n’existe-t-il pas une « marque » européenne ?

Il serait prétentieux, de ma part, de vouloir m’essayer à la définir en quelques lignes. D’autres, plus savants ou plus profonds, l’ont fait et le feront. Mais je ressens en moi-même tous les sentiments qui m’ont donné envie de te faire cette déclaration.

Les abominations dont tu as été le théâtre au siècle dernier ont certes ébranlé nos certitudes et nourri une vaste entreprise de déconstruction de l’humanisme dont nous nous enorgueillissions et qui a failli.

Mais je te sens capable, Europe, de reconstruire un humanisme du XXIème siècle, lucide et exigeant.

 Tu en as les moyens. Tu dois en avoir la volonté."

                                                                                    Alain Juppé

 

Européennes 14

 

 

 

 


« POUR LA FRANCE, AGIR EN EUROPE ! »

Drapeaux européens

Déclaration des têtes de listes régionales de l'UMP.

 

Parce que nous sommes patriotes, nous voulons transformer l’Europe

Dans moins de six semaines les Français seront appelés aux urnes afin d’élire leurs 74 députés au Parlement européen. Ce 25 mai, pour beaucoup de Français, ce sera l’occasion de sanctionner, à nouveau, la gauche au pouvoir. Après son revers cinglant aux municipales, François Hollande a gardé la même équipe et la même ligne politique. Puisque le premier avertissement adressé par les électeurs en mars a été méprisé, seul un second désaveu en mai pourra le contraindre à sortir de l’impasse dans laquelle il enferme la France.

Mais au-delà du vote sanction, ce scrutin conduira les Français à choisir entre une Europe immobile et une Europe qui agit. Acceptons-nous une Europe qui subit, une Europe qui reste léthargique face aux grands défis de la mondialisation ? Ou bien voulons-nous une Europe opérationnelle, qui passe à l’action et apporte des solutions concrètes aux attentes des Français ?

Le choix de l’immobilisme est celui du Parti socialiste.

Oui, les listes soutenues par François Hollande incarnent la faiblesse et le renoncement. Comment la gauche française pourrait-elle transformer l’Europe et relancer le couple franco-allemand alors qu’elle conduit la France sur la voie du déclin et qu’elle est incapable de tenir le moindre de ses engagements européens ? Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont su donner corps à un modèle de leadership européen. François Hollande, lui, porte une grave responsabilité dans l’absence totale d’initiatives européennes depuis son élection. Il fait décrocher la France en Europe. Il faut le sanctionner.

Le Front national veut casser l’Europe.

Le Front national, quant à lui, menace les Français en voulant casser l’Europe. Derrière les sorties grandiloquentes de la famille Le Pen contre l’Europe, qu’apportent les candidats de l’extrême-droite au Parlement de Strasbourg ? Rien ! Depuis des années qu’ils sont élus, les parlementaires FN sont les champions de l’absentéisme et des votes incohérents. Ils ne proposent aucune réponse crédible pour réformer concrètement l’Europe. Le projet du Front national est une menace directe contre l’intérêt des Français et de la France. Qui peut croire qu’une sortie de l’euro renforcerait la France alors même qu’elle ruinerait les salariés, les épargnants et les retraités ? Qui peut-croire que le rétablissement de tarifs douaniers avec nos voisins ou la fin de la Politique Agricole Commune seraient bénéfiques pour nos industries exportatrices et notre agriculture ? Qui ne voit que Madame Le Pen, après avoir fait élire François Hollande à l’Elysée, est plus que jamais l’alliée objective du Parti socialiste, à Paris comme à Bruxelles ? Voter FN aux européennes, ce serait peut-être exprimer une colère dans l’urne quelques minutes, mais ce serait surtout se priver des moyens de changer concrètement l’Europe pendant cinq longues années.

L’UMP choisit le réalisme responsable.

Au sein de l’UMP, nous faisons le seul choix réaliste, le seul choix conforme aux intérêts de la France et des Français : celui d’une Europe qui ose se transformer, une Europe qui passe à l’action.
Les batailles entre souverainistes et fédéralistes appartiennent au siècle passé. De même que nous refusons de sacrifier la Nation sur l’autel d’une utopie fédéraliste, personne ne pense que la France doit rester isolée. Pour nous, la construction européenne n’est pas une fin en soi, elle trouve sa légitimité dans son efficacité au service des Français. Là où elle fait ses preuves, nous voulons aller plus loin. Là où elle ne marche pas, nous voulons la corriger, quitte à réaffirmer les prérogatives nationales. Nous avons la conviction que l’Europe peut servir la paix et la prospérité des Européens, à condition de renouer avec ses principes fondamentaux : partager des compétences, non pour se lier les mains, mais pour peser ensemble et garder la maîtrise de notre destin, face aux autres géants planétaires.

Une Europe qui protège.

Concrètement, l’Europe que nous défendrons au Parlement européen, c’est une Europe qui assume son identité, qui stoppe l’élargissement sans fin et qui refuse l’entrée de la Turquie.
Une Europe qui fait respecter ses frontières, réforme Schengen de fond en comble, refuse l’immigration subie, réduit le regroupement familial et organise une immigration choisie.
Une Europe à géométrie variable, où les nations s’organisent en différents cercles pour pouvoir avancer, coopérer en fonction de leur capacité et de leur volonté.

Une Europe qui avance.

Une Europe plus efficace, qui lutte contre la bureaucratie, qui cesse de s’occuper de ce qui ne la concerne pas, qui n’intervient pas dans les politiques familiales et les questions de société.
Une Europe plus offensive, plus active, plus conquérante, au cœur de la mondialisation, qui exige la réciprocité des échanges, qui défend nos entreprises, nos industries, nos agriculteurs, qui offre des perspectives à toutes celles et tous ceux qui veulent créer, qui veulent se former, qui veulent travailler, qui veulent avancer, qui veulent progresser.
Une Europe qui encourage les producteurs et permet de créer plus d’emplois, en mettant fin à la concurrence déloyale, en renforçant la convergence fiscale et sociale entre les Etats. 
Une Europe innovante, qui promeut la recherche et sait bâtir, avec ambition, de grands projets industriels, énergétiques, numériques, spatiaux.

Une Europe qui compte.

Une Europe solide et respectée, qui assume enfin ses responsabilités internationales et militaires, pour défendre la paix et nos intérêts dans un monde incertain, à l’Est comme au Sud.
Une Europe qui sait faire entendre sa voix dans le monde, par une politique diplomatique et de défense digne de ce nom – alors que, en l’absence de toute initiative de François Hollande, l’Union européenne reste tragiquement absente de la crise ukrainienne.

L’UMP est le premier parti de France.

Nous sommes les seuls à dire stop au socialisme de François Hollande qui fait décrocher la France en Europe. Nous sommes les seuls à  contrer le FN qui nuit aux Français en proposant l’explosion de l’Europe. Nous sommes les seuls à vouloir et pouvoir transformer l’Europe, pour apporter des solutions concrètes aux attentes des Français. 

Michèle ALLIOT-MARIE, Jean-Pierre AUDY, Alain CADEC, Arnaud DANJEAN, Rachida DATI, Angélique DELAHAYE, Françoise GROSSETETE, Brice HORTEFEUX, Alain LAMASSOURE, Jérôme LAVRILLEUX, Nadine MORANO, Elisabeth MORIN-CHARTIER, Renaud MUSELIER, Franck PROUST, Tokia SAIFI.

 


ET MAINTENANT, L’EUROPE !

Drapeaux européens


Dans sept semaines exactement, nous serons appelés à voter pour élire nos représentants au Parlement Européen. Quoi qu’on en pense, c’est une élection plus importante qu’il n’y parait. D’abord parce que le Parlement européen voit ses prérogatives élargies, ensuite parce que, nous ne le savons pas toujours, l’Europe intervient plus qu’on ne l’imagine dans notre vie quotidienne.

Vaincre l’euroscepticisme

Il y a toujours eu parmi les Français un bon tiers d’europhobes ou d’eurosceptiques. Mais les études d’opinion montrent que deux sur trois, à gauche comme à droite sont attachés à la monnaie unique, même s’ils ont des griefs contre l’Europe. Ils sont donc convaincus qu’il nous faut vivre avec nos partenaires, ayant confusément conscience que l’Union est tout de même un bouclier qui nous protège de la mondialisation. Ce qu’ils perçoivent moins c’est que la solidité de l’Euro en fait aussi un glaive pour conquérir des marchés extérieurs, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, la preuve en est avec les 1503 Airbus vendus en 2013, deux fois plus que de Boeing !

L’Europe avance

Malgré son système imparfait et ses institutions critiquables, l’Europe finit toujours par résoudre ses problèmes. C’est ce qui s’est produit la semaine dernière. Trois bonnes nouvelles européennes d’un coup, ça s’arrose : la Grèce est parvenue à un accord avec ses créanciers de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ; la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe a donné son feu vert définitif à la création du mécanisme européen de sauvetage des pays de la zone euro en crise financière ; enfin, les Etats de l’Union et le Parlement européen se sont entendus sur les modalités de « l’union bancaire », ce nouvel organisme qui doit prévenir les crises bancaires et éviter qu’elles ne soient payées par les contribuables. Comme toujours depuis soixante ans, l’Europe avance dans des crises qui la forcent à passer une nouvelle étape de son intégration.

Et, cerise sur le gâteau, les incertitudes s’éloignent : après l’Irlande, les pays les plus en crise sortent maintenant de la récession. C’est ainsi que la Grèce devrait retrouver une croissance de son PIB de 0,6 % cette année, le Portugal de 0,8 %, l’Italie de 0,6 %, l’Espagne de 1 %. Au total, la zone euro atteindra une croissance de 1,2 %, certes fragile, souligne la Commission, mais qui est sur le chemin de la consolidation.

Combattre le dénigrement

La campagne des élections européennes va voir déferler les critiques de tous côtés, les déclarations les plus démagogiques, la plupart des partis politiques rivaliser dans les vociférations contre une Europe « en échec » et une Europe « qui se moque des citoyens ». Pourtant les faits disent l’inverse : les Européens s’entendent, l’euro n’est pas mort ; l’Europe est toujours là. Mieux, elle reste un idéal de démocratie pour d’autres peuples, regardez l’Ukraine, regardez la queue qui s’allonge pour y entrer. Enfin, aucun pays ne désire la quitter. Elle se construit difficilement, mais ce n’est pas nouveau et si elle a 12 % de chômeurs, un dynamisme insuffisant, elle réussit toujours par résoudre ses problèmes. Son système est imparfait, critiquable, mais lui permet quand même de trouver les moyens de sortir des ornières.

L’Europe fait mieux que les autres continents

Quand on regarde les crises des autres continents, on s’aperçoit que la vieille Europe réussit  malgré tous les discours pessimistes, à faire mieux que l’Inde, que la Chine, que les Etats-Unis, que les grands émergents. Regardez l’Inde qui s’enferre dans ses archaïsmes, la Chine qui suit une ligne de crête de plus en plus périlleuse entre son despotisme politique et sa liberté économique, les Etats-Unis où la lutte politique républicains-démocrates est devenue sans issue entre une élite qui capte les richesses et une classe moyenne qui s’appauvrit et s’atrophie, les pays comme le Brésil qui se débattent avec une inflation galopante pourvoyeuse de tensions sociales intenses et d’inégalités sociales criantes. Le modèle européen n’est pas dépassé et apparaît alors comme le plus enviable.

L’Europe nous protège

Sa force est dans la nature même de sa construction : la négociation. Si l’Europe a aggravé ses blessures avec une politique d’austérité en pleine récession, dont les promoteurs avaient sous-estimé les effets fortement négatifs, elle accepte aujourd’hui d’affecter une partie du surplus « primaire » dégagé à des dépenses sociales. L’Europe a compris que la politique de rigueur n’est bonne que couplée à une politique de croissance, tous les efforts doivent maintenant porter sur cette dernière. L’Allemagne y est prête. Vertu de l’austérité : la Grèce, comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal ont été contraints de changer de modèle de croissance pour ne plus dépendre, comme hier, que des facilités de l’euro. Ça a été fait avec beaucoup de douleurs mais c’est fait : ces pays sont sur un chemin qui les conduira à trouver une place à la fois en Europe et dans la mondialisation. Il reste à l’Italie et à la France à construire la leur.

Un nouvel équilibre des pouvoirs

L’accord sur l’union bancaire dégage la route de la croissance ; la confiance dans des banques saines était un préalable. Mais au-delà, il est le fruit d’un engagement fort des parlementaires de Strasbourg sur le fond des textes. Ainsi se dessine sous nos yeux une nouvelle répartition des pouvoirs entre les trois autorités : le Conseil, la Commission et le Parlement. Cela démontre, s’il en était besoin, aux Européens tentés par l’abstention, l’importance du vote à venir. L’Europe sort bien vivante de sa première crise existentielle. Et elle repart de plus belle.

Une Europe qui avance, une Europe qui protège : voilà les deux axes sur lesquels nous devons faire campagne en fixant les nouvelles frontières des souverainetés partagées et en progressant dans les convergences nécessaires pour éviter à nos économies toutes les formes de concurrences déloyales d’origine intra ou extra européennes.