HISTOIRE

BREXIT, TU M’EXCITES !

Brexit

Voir sortir les godons de l’Union, pour le quidam hexagonal qui ne leur a toujours pas pardonné d’avoir brûlé Jeanne, c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le temps qu’ils nous cassent les pieds avec leurs demandes extravagantes pour ne pas faire comme tout le monde, au moins sans eux, on vivra heureux !  Voire… Ce discours, c’est celui du chauvinisme « béret-baguette-pinard », avec en plus : « Ils roulent à gauche ». Argument définitif ! La raison nous dit tout autre chose.

Le pari dangereux de Cameron.

La date du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne se rapproche : il aura lieu le 23 juin prochain. Ce jour-là, les citoyens britanniques décideront de rester ou non dans l’Union. Beaucoup d’entre eux sont tentés par ce qu’ils appellent le « Brexit ». La sortie n’est donc pas une hypothèse à prendre à la légère. Mais surtout pour eux. Car aucun argument rationnel ne la justifie, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Toutes les études, quel que soit l’origine, soulignent les conséquences économiques très défavorables au Royaume-Uni dont l’impact négatif est évalué entre 3% et 8% du PIB. Le coût sera la conséquence de barrières commerciales plus élevées, une baisse des investissements directs étrangers, un impact sur la Livre Sterling, sans parler de l’incertitude causée par la longue période intermédiaire de transition post-Brexit. En outre, bien que le Royaume-Uni n’ait pas rejoint la zone euro, Londres reste la place financière de l’Europe, statut que la capitale britannique perdra. Il faudra probablement un nouvel accord commercial avec l’Union européenne qui ne se fera pas sans contreparties coûteuses pour le sortant. Ainsi les Britanniques supporteront le coût de l’Europe s’ils veulent maintenir leurs échanges, sans être à la table des décisions. En face, le seul avantage bien maigre sera l’économie de la contribution nette au budget de l’Union européenne. Un pari dangereux pris par Cameron quand on sait que les échanges extérieurs du Royaume-Uni sont liés pour près de 50% à l’Europe, son premier partenaire commercial ! Son gouvernement se trouvera contraint à des politiques d’ajustement brutal pour rétablir ses comptes extérieurs. Cela ressemble à un suicide politique. D’autant plus que les entreprises installées en Angleterre, qui exercent souvent des métiers mondiaux et ont fait de ce pays une base d’exportation vers l’Europe comme l’automobile, seraient tentées de se délocaliser pour des territoires plus compatibles avec l’immense marché de 500 millions d’habitants, de surcroit stable grâce à la monnaie unique. Vouloir quitter la première zone économique du monde est donc un non-sens.

De plus en plus de Britanniques prennent conscience de ces enjeux.

Un ancien haut fonctionnaire a lancé la semaine dernière un avertissement aux électeurs britanniques : s’ils choisissent de quitter l’Union européenne, le processus de sortie sera long et compliqué. En effet, le traité de Lisbonne prévoit une période minimale de deux ans de transition si un Etat-membre décide de quitter le groupe des Vingt-Huit. Mais pour Gus O’Donnell, qui a dirigé l’administration britannique sous trois premiers ministres entre 2005 et 2011, il est « hautement improbable » que ce délai soit tenu. Londres devra négocier son accès au marché unique européen, ses relations futures avec l’UE et tous ses traités commerciaux avec les pays tiers. Le gouvernement Cameron qui s’est engagé pour le maintien dans l’Union, a estimé qu’une période de dix ans serait nécessaire pour cette vaste remise à plat. Dans l’intervalle, le pays passerait par deux élections législatives et donc, potentiellement, deux changements de gouvernement, ce qui ne faciliterait pas les choses. Sans compter que les autres Etats-membres, à commencer par l’Allemagne et la France, n’auraient pas intérêt à faciliter la tâche du pays sortant, car ils sont eux-mêmes confrontés à la montée de mouvements anti-européens. Et la règle impose qu’à la fin de la période de deux ans, tout ce qui n’aura pas été négocié devra être prorogé par un vote unanime de tous les autres Etats-membres sauf le sortant ! Effrayant, n’est-il pas ?

Cependant, les dés ne sont pas encore jetés.

La campagne anti-Europe va s’intensifier en Grande-Bretagne où les populistes ne manqueront pas de décrire l’Union sous des traits désavantageux, comme ils n’ont cessé de le faire depuis des années, avec l’aide d’une presse « tabloïd » qui n’en est pas à une outrance près. Ils ne se rendent pas compte que pour le reste de l’Europe, l’enjeu strictement économique est bien plus faible en raison des tailles relatives : l’Union européenne est plus importante pour le Royaume-Uni que l’inverse. Les conséquences économiques éventuelles seraient diluées en termes de croissance et d’échanges, à l’échelle du continent. D’ailleurs les pays européens ne cessent de mettre les Anglais en garde contre un choix historique qu’ils jugent désastreux, moins pour l’Union elle-même que pour la Grande-Bretagne.

Pour l’Europe, l’enjeu est surtout politique.

Le débat sur le Brexit porte en germe le risque d’un retour en arrière de la construction européenne et d’une fragmentation. La sortie du Royaume-Uni serait un symbole dévastateur pour l’avenir du projet européen. Au-delà du rêve,  c’est la force de frappe que représente l’Union pour relever les défis de demain, dans le domaine numérique ou de la propriété intellectuelle, face aux Etats-Unis et à la Chine, qui sera entamée. Et face au terrorisme, comme les attaques dramatiques de Bruxelles viennent de le souligner, l’Europe a davantage besoin de se renforcer que de se désunir. Mais ce peut être aussi une fantastique occasion de rebondir : une nouvelle étape d’approfondissement de la construction européenne pourrait s’ouvrir sous l’impulsion forte d’un couple franco-allemand raffermi.

Un autre contre-exemple pour les souverainistes.

Enfin, ceux qui, chez nous, devraient ouvrir les yeux, ce sont les souverainistes, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen en passant par Mélenchon. Eux qui persistent dans leurs programmes anti-euro, anti-Europe, le Brexit pourrait être une belle occasion de leur montrer les conséquences négatives d’une rupture de la France avec l’Union. Un peu comme pour la Grèce et Tsipras dont ils chantaient les louanges et tressaient les lauriers. Si on ne tient pas à ce que le Front national continue à s’adjuger chaque année une part plus grande de l’électorat, il est important de rappeler à quoi la famille Le Pen nous exposerait si, une fois à la tête de l’Etat, elle prenait le risque d’une rupture aussi périlleuse.

Le Brexit n’est pas fait.

Un sondage indique que 62 % des Européens sont hostiles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et montre qu’une majorité d’entre-eux reste favorable au maintien de l’euro. L’enquête a été conduite dans cinq pays européens : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Il indique aussi que les Britanniques souhaitent à 55% le maintien de leur pays dans l’Union et que les Français se prononcent de la même manière, à 54%. C’est un bon présage pour David Cameron qui réussit donc à faire entendre sa voix.  La perspective consternante d’un départ du Royaume-Uni semble s’éloigner. On a bien compris qu’une rupture avec l’EU serait catastrophique pour les Britanniques, surtout que l’Écosse, dans ce cas de figure, n’hésiterait plus à se déclarer indépendante afin de maintenir ses liens économiques avec l’Europe.

Il faut donc marteler les faits et les arguments rationnels.

Il ne faut pas que le débat reste sur le seul plan émotionnel. Le Brexit, qui permettrait soi-disant au Royaume-Uni de mieux profiter du libre-échange avec d’autres zones et de se libérer de la bureaucratie bruxelloise, plus que jamais, est une illusion ! Puisse Cameron se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est fourré. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 


ARRETONS D’ETRE NAIFS ET LAXISTES !

Attentats Bruxelles

 

La riposte de Daech à l’arrestation de Salah Abdeslam n’a pas tardé. Des terroristes ont fait exploser deux bombes à l’aéroport et une dans le métro de Bruxelles à une station proche des bâtiments abritant les institutions européennes. Ces attentats ont fait 30 morts et 300 blessés. L’interpellation de Salah Abdeslam, très impliqué dans les terribles événements du 13 novembre à Paris, constitue pour Daech une menace considérable. En effet les djihadistes ne sont pas censés survivre à leurs crimes. S’ils restent vivants, ils risquent de révéler des secrets et l’Etat islamique tient à ce que le silence absolu soit fait sur l’organisation de ses crimes, de sorte que le manque de renseignements rende plus difficiles la prévention ou la riposte en cas de nouvelle agression. Il ne faut donc pas s’étonner que la réaction ait été si rapide car c’est une caractéristique de l’État islamique de chercher à avoir le dernier mot. Cette réaction extrêmement violente montre qu’il a subi un sérieux revers avec l’arrestation d’Abdeslam. Il fallait d’une part assurer la vengeance et d’autre part utiliser les islamistes prêts à se faire sauter pendant qu’ils étaient encore opérationnels. Il savait évidemment que la police belge pourchassait plusieurs suspects, et notamment ceux qui ont hébergé Abdeslam dans une douzaine de caches différentes. Cela, d’autant plus que les médias ont relayé un peu vite une information cruciale qui a pu précipiter le passage à l’action : « Abdeslam a décidé de parler ». Il s’est, en effet, déjà beaucoup exprimé et a même affirmé qu’il envisageait de participer à une nouvelle action terroriste.

Abdeslam est une pièce essentielle du puzzle.

Dans les semaines qui viennent, il sera appelé à expliquer pourquoi il est resté vivant, pourquoi il s’est débarrassé de sa ceinture explosive dans une poubelle, pourquoi il a fait organiser son rapatriement en Belgique, comment, ensuite, il a pu se cacher pendant plusieurs mois. Il a forcément bénéficié de l’aide de nombreux complices qui pourront ainsi être appréhendés eux aussi.  Mais l’important réside dans le fait qu’il ne s’est pas résolu au suicide : vivant, il a une valeur inestimable. Il se trouve que non seulement Abdeslam n’a pas voulu mourir, mais qu’il accepte de raconter sa vie. Il devient une source essentielle pour alimenter enfin le renseignement. D’ailleurs le déploiement exceptionnel de nos forces de sécurité témoigne de ce que la prévention a pris d’importance en raison de la faiblesse du renseignement, jugé notoirement insuffisant en général. Certes, notre terroriste peut tenter de balader les enquêteurs mais ceux-ci ont les moyens de faire le tri. Il n’est pas du tout impossible qu’il fournisse des informations sur les filières qui fournissent Daech en chair humaine, au moins pour les réseaux auxquels il appartenait. L’essentiel est que nous tenions ce monstre, que nous lui fassions avouer ses motivations, dénoncer ses complices, énumérer les moyens qui lui ont été fournis et par qui, et, si possible, loger les autres cellules terroristes qu’il connaitrait. L’essentiel, quoi que tente son avocat, est que tôt ou tard, il sera transféré à Paris. Ainsi, il y aura un procès indispensable pour que les familles des victimes retrouvent un peu de sérénité et fassent complètement leur deuil.

La réplique doit être l’occasion d’un sursaut.

Les terroristes ont plongé Bruxelles dans le chaos. Que ce soit par précipitation ou prévu de plus longue date, c’est le cœur de l’Europe qu’ils ont voulu toucher. Ce n’est pas un hasard. Les dégâts, physiques, psychiques et matériels, causés par les trois attentats sont considérables. Plus que jamais, la coopération entre les services belges et français est indispensable. Les critiques réciproques que les deux pays étaient tentés de s’adresser ne sont plus d’actualité. Les terroristes ignorent les frontières et les gouvernements européens doivent s’organiser en conséquence. Il serait indécent d’opposer à la menace terroriste des européens divisés, plus préoccupés par leurs différends sur les procédures que par leurs ennemis. Molenbeek est un nid de terroristes, protégés par des lois démocratiques mais capables de semer une violence épouvantable. Mais combien de Molenbeek ignorés en France, en Allemagne, partout en Europe ? Seule une réponse européenne au terrorisme sera efficace. La preuve en est que les Britanniques et les Allemands, comme les Français, ont pris des mesures supplémentaires de sécurité. Notre solidarité avec les Belges ne relève pas de la simple compassion pour les victimes, elle est une nécessité vitale. Cela fait des années qu’il est question d’établir un PNR (passenger name record), mais il n’a toujours pas vu le jour, alors que les djihadistes de Daech tuent par dizaines des civils à la bombe et à la kalachnikov. Notre Ministre de l’Intérieur a raison d’exhorter ses amis socialistes du parlement européen à se décider à le voter. Il est grand temps de passer à l’action et de mettre fin à une situation ubuesque qui voit les terroristes circuler librement en Europe quand la police ne peut pas circuler dans certaines banlieues de Bruxelles ou de Paris, des attentats se préparer alors qu'on n'a pas encore enterré les morts de Bruxelles…

Aujourd'hui, nous sommes tous bruxellois comme nous étions tous Parisiens ou Charlie. Hier Bamako et la Côte d’Ivoire étaient frappés. Mais à quoi bon si demain nous devons tous être à nouveau « quelque chose ». Toute la planète est concernée. Le terrorisme est une atteinte à l'humanité toute entière, une négation des droits de l'homme les plus fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à la liberté, à la sûreté. Les attentats de Bruxelles constituent un coup de boutoir contre l'Union européenne parce que Bruxelles est considérée comme la capitale de l'Europe. C’est une occasion à saisir pour resserrer ses rangs, coordonner les politiques et renforcer les coopérations. Ne la ratons pas ! Car, tant que nous combattrons la barbarie par la naïveté et le laxisme, il y aura d'autres attentats meurtriers en France, en Belgique ou ailleurs. Les fanatiques se réjouiraient de voir l'Europe exploser. Ne leur donnons pas cette victoire !

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE !

Draghi

 

C’est le dernier scénario mis en place par Mario Draghi, dit « Super Mario », avec les dernières décisions prises par la BCE, annonçant des mesures très agressives qui vont bien au-delà des attentes du marché. Rappelons l’intérêt supposé de cette politique « non conventionnelle » : il s’agit d’abaisser les taux d’intérêts quasiment à zéro, et cette fois-ci on y est, et de créer massivement de la monnaie par  « Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif) pour empêcher les faillites de banques, re-solvabiliser les Etats surendettés et stimuler la reprise, avec un objectif de sortir de la déflation. La BCE a donc décidé la semaine dernière une politique de taux de refinancement amené à zéro, de taux sur les dépôts enfoncé en territoire négatif, de rachats d’actifs en quantité toujours plus importante… Des décisions sévèrement critiquées par la presse allemande.

Des politique monétaires discutables.

Car, en effet, il y a tout juste un an, la BCE lançait son programme de rachat de dettes souveraines dans le but de faire remonter l'inflation et de booster l'économie. Force est de constater qu’un an plus tard, le bilan est plus que mitigé. La planche à billets a peut-être permis d'éviter la spirale de la déflation, mais l'inflation est toujours aussi basse et l'économie est restée très molle. De quoi jeter le doute sur l'efficacité de ces politiques monétaires. On se souvient également du flop de la Banque centrale japonaise après la mise en place de taux négatifs. Alors bien sûr, à l'annonce de ces dernières décisions massives, les marchés se sont envolés, l'euro s'est effondré. Mais quelques minutes plus tard, l'euro rebondissait violemment et les indices boursiers rechutaient. Ce qui veut dire que les marchés eux-mêmes doutent de l'efficacité des politiques des banques centrales. L’arme monétaire, c’est comme un antibiotique : il ne faut s’en servir que sur de courtes périodes. Sinon, on perd l’effet potion magique. Non seulement le malade ne guérit pas, mais il peut subir de graves effets secondaires ! En effet, en entretenant ces brutales oscillations des marchés, à la hausse comme à la baisse, les banquiers centraux découragent l’investissement dans les actifs risqués, notamment les actions ou les obligations d’entreprises. Ils n’incitent pas non plus les Etats – drogués à l’argent bon marché – à se désendetter. Et les gouvernements ne font pas les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance et l’emploi.

Peu d’effets bénéfiques.

On a fini par s’apercevoir que les taux négatifs, ce n'était pas normal, et surtout que leur effet à long terme pouvait être destructeur. Des grands patrons de banques commerciales européennes ont déclaré qu'ils ne pourraient pas supporter longtemps les taux négatifs. Pour l'instant ces taux ne peuvent pas être répercutés aux dépôts des clients mais cette situation est intenable. D’autant plus que cela nuit à la profitabilité des banques et donc la survie de leur modèle est mis en péril. On voit bien que la magie des banques centrales n'opère plus, ce dont on se doutait depuis quelques semaines. Mais elle permet tout de même de limiter la casse : de fait, les marchés ont rechuté mais ils restent, pour l'instant, à des niveaux de relative stabilité. Le CAC a même repris 13% depuis son niveau le plus bas de l'année. Ce n'est donc pas un échec total pour Mario Draghi. Avec tout ce qu'il a annoncé et ce qu'il pourrait continuer à annoncer si la situation économique se dégradait, les marchés reçoivent quand même une dose de dopage monétaire exceptionnelle. Elle n’est peut-être pas suffisante pour alimenter l'euphorie mais elle permet de rester en lévitation dans des paradis artificiels.

L’assouplissement quantitatif semble inadapté.

Si certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, ont profité de cette manne financière pour s’adapter au nouvel environnement mondial, d'autres comme la France n'ont absolument rien fait. Et quand les mesures exceptionnelles deviennent une habitude, c’est une accoutumance malsaine. Il vaudrait mieux prendre en main notre destin économique. C’est d’autant plus nécessaire que ce type de politique a plus d’inconvénients que d’avantages. Le Japon, qui a poussé l’expansion monétaire à l’extrême, n’a pas vaincu sa déflation… Et l’on voit bien que la BCE n’arrive ni à atteindre son objectif de 2 % d’inflation, ni à faire redémarrer l’économie. Au contraire, les liquidités qu’elle injecte donnent des munitions à la sphère financière, sans profiter à l’économie réelle. Comme les banquiers centraux se trompent de diagnostic, ils appliquent de mauvais remèdes. Ils ont des objectifs d’inflation qui datent des années 1980 quand on stimulait l’économie en ouvrant en grand les vannes de liquidités. Or la croissance faible que l’on connait est due à des problèmes sur lesquels la politique monétaire n’a aucune prise : ralentissement démographique, gains de productivité insuffisants, manque d’investissements dans les nouvelles technologies, inégalité dans la répartition des richesses… Mais plus cette politique laxiste dure, plus il sera difficile d’en sortir.

Les marchés restent fébriles.

L'autre élément intéressant de ces derniers jours, c'est l'importance du pétrole pour les marchés. Celui-ci se maintient pour l'instant autour de 40 dollars et tant qu'il ne rechute pas les marchés trouvent là aussi un point de stabilisation. Après la BCE, les marchés vont attendre probablement les annonces de la Banque centrale américaine dont ils espèrent qu'elle va donner des indications sur le fait qu'elle va continuer à relever ses taux… ou pas. Et la prochaine tendance des marchés sera déterminée par les indicateurs économiques. Et en particulier ceux des américains. Alors la panique du début 2016 va-t-elle devenir un lointain souvenir ? Il ne faut pas trop rêver : les problèmes fondamentaux demeurent. Malgré les projections à 5 ans de la croissance chinoise,  la Chine est toujours en phase de transition économique majeure. Malgré la trêve décidée par l'Arabie Saoudite, le pétrole, et les matières premières en général demeurent en surplus. Et surtout, l'économie mondiale ne montre aucun signe de rebond. Il ne faut  donc pas s’étonner si les doutes sur l'efficacité des interventions des banques centrales sont de plus en plus vifs. D’ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux vient de lancer un cri d'alarme sur les conséquences néfastes des taux négatifs.

La BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux s’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera –comme avec un retour de l’inflation dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Les emprunteurs, à commencer par les états, seront insolvables. Quant aux prêteurs, banques et assurances, ils encaisseraient des pertes considérables en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements. On comprend que les Allemands aient la dent dure, d’autant plus que, à elle seule, la politique des taux d’intérêt bas n’a quasiment rien rapporté, fragilise les banques et ruine les épargnants !

Personne ne sait vraiment sur quoi peut déboucher la politique actuelle, en dehors de la catastrophe, ce qui est le plus facile à envisager !

 


MIGRANTS, REFUGIES : L’EUROPE PATAUGE !

Europe324

La Grèce en première ligne

Désormais, ce n’est plus l’Italie et Lampeduza qui doit affronter les flux de migrants. C’est la Grèce, qui n’en demandait pas temps qui est la nouvelle porte d’entrée sur le continent européen. Ce pays a beau avoir triché pour entrer dans la zone euro et son dirigeant actuel enterré ses idéaux pour se maintenir à son poste en réussissant à nous extorquer des milliards d'euros avec des promesses qu'il ne tient pas,  on a tort de le laisser se débrouiller seul avec un flot massif de migrants et de l'enfermer dans ses frontières... Jusqu’à il y a peu, la Grèce réclamait de l'aide à Bruxelles mais tout le monde s'en foutait.

La route des Balkans.

Les États membres de l’UE se révèlent incapables de gérer ensemble la crise migratoire, qui mêle immigration clandestine et réfugiés. « L’Europe est confrontée à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait » avertit le Haut-commissariat aux réfugiés. En effet, les barbelés qui ferment la route des Balkans transforment la Grèce en un vaste « Calais », où les migrants se concentrent. 30 000 personnes y sont dans l’attente d’un hébergement d’urgence et ils seront plus de 100 000 à la fin du mois. On comprend bien que le pays, qui connait par ailleurs de graves difficultés économiques n’est pas capable de suivre. La Commission européenne vient de débloquer 700 millions d’euros (sur trois ans) qui devraient lui aller en priorité, mais cela ne suffira pas, si ce n’est pour installer au bord de la mer Egée les mêmes « jungles » que celles qui prospèrent sur le rivage de la mer du Nord. La Grèce se retrouve à nouveau au cœur d’une crise européenne grave, mais cette fois-ci, elle n’est pas seulement la victime de l’incurie de ses dirigeants, mais plutôt de sa position géographique et des mafias turques. Pas plus que d’autres en Europe, la Grèce ne peut gérer cette situation seule. C’est pourquoi Angela Merkel en a appelé à la solidarité avec Athènes et tenter de dissuader  les états européens de se barricader chez eux. Comme toujours, c’est elle qui a raison. 

Le flux ne tarit pas.

Au cours des deux derniers mois, plus de 120 000 migrants ont débarqué en Grèce et pour la plupart ont traversé le pays… Même si les choses se calmaient en Syrie, ce sont sans doute encore des centaines de milliers de personnes qui tenteront leur chance dans les mois à venir. Et l’Union européenne  est restée comme sidérée devant cette menace qui risque pourtant de la détruire. Les pays qui jalonnent la route entre la Grèce et l’Allemagne pratiquent le « chacun pour soi » et ont érigé des murs et des barrières le long de leurs frontières, au mépris des traités qui nous lient. Leurs policiers, quand ce n’est pas l’armée, tentent de dissuader les migrants de marcher vers l’Allemagne, la Suède, l’Angleterre. Devant la pression ils finissent par les laisser passer. La chancelière Angela Merkel est le seul chef de gouvernement à préconiser une juste répartition des migrants entre les pays membres de l’UE, mais beaucoup des États d’Europe centrale et orientale font la sourde oreille.

Les européens se contentent de subir.

Bien qu’Angela Merkel campe sur sa position (« Nous pouvons le faire »), elle est isolée. Jusqu’à maintenant, la France a été quasi absente alors que François Hollande aurait dû lancer une grande négociation européenne sur le sujet des migrants, mais il est resté inerte. Les Européens se sont contentés de subir, faute d’un leadership que l’Allemagne, elle-même divisée, ne peut assumer seule. Il n’y a pas eu de concertation européenne digne de ce nom, pas vraiment de négociations, peu d’espoir de trouver des solutions, même provisoires. On n’a vu que des égoïsmes qui s’additionnaient. A croire que les Européens ne sont pas tous conscients de l’enjeu. Selon les pays, on assiste à des comportements discordants : le Danemark veut confisquer les économies des immigrés pour qu’ils contribuent au financement de leur accueil, tandis que d’autres s’efforcent de traiter les migrants avec humanité et sans coercition. Mais comme à Calais, vient tout de même un moment où il faut imposer une solution. Les pays de l’Union qui refusent tout sacrifice ne veulent pas comprendre que leur politique de l’autruche finira mal parce que l’Europe elle-même baissera les bras devant un phénomène dont seul un traitement radical peut venir à bout. Il est donc temps de mettre un peu d’ordre dans cette situation anarchique qui contribue à détruire l’Union, la discrédite aux yeux des peuples et peut lui porter un coup fatal.

Un sommet européen, enfin !

Il était temps ! Car le temps est compté maintenant pour qu’une solution collective soit trouvée. Les concertations du président français avec Cameron hier et Merkel aujourd’hui semblent annoncer un début de réveil. La réussite du sommet de lundi prochain sera d’abord une question de volonté politique. Les « rustines » financières ne sont pas suffisantes. La pression exercée sur les territoires concernés par le passage des migrants pose mille problèmes. Deux logiques s’affrontent en effet : la première veut accueillir et répartir, la seconde se veut pragmatique et pense qu’une réponse collective est trop compliquée, il faut donc dissuader, fermer les frontières. Ce qui revient à isoler la Grèce. Impensable !

L'Europe se grandirait en sortant du sommet avec des décisions collectives.

 

 


DANS QUEL MONDE SOMMES-NOUS ENTRES ?

Chantier

 

Quelques éléments du baromètre mondial.

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Europe s'est installée dans la déflation : moins 0,2% en février. La voilà sur le même chemin que le Japon. Ce n’est pas rassurant car c’est une déflation durable. L'euro a accusé le coup en chutant au-dessous des 1,09 malgré (ou à cause ?) les anticipations d'une intervention musclée de la Banque Centrale Européenne en mars. Certains commencent à douter que Mario Draghi a encore ses super-pouvoirs.

En Chine, à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire qui doit entériner le plan quinquennal 2016-2020, de nouveaux indicateurs dévoilés pour le mois de février montrent que la deuxième économie mondiale continue de ralentir. Voilà qui ne va pas manquer d’inquiéter les investisseurs.

Les Américains, eux, indifférents à la montée de Trump, affichent de bons indicateurs sur la production industrielle, et veulent une relance. Ils ont clairement dit au G20 qu'ils en avaient assez de tirer la croissance mondiale, ils craignent qu’elle finisse par les ralentir.

On attendait le G20 avec impatience.

Le G20 a frôlé le fiasco. Les voix ont été dissonantes, provoquant une déception des marchés. Il a néanmoins permis à chacun des pays d'exprimer sa différence. Mais aucune mesure concrète de relance coordonnée de l’économie mondiale. Ce G20 est probablement le premier d'une longue série car il faudra plusieurs sommets avant qu'on obtienne ces mesures concrètes qui sont inévitables. Tout le monde est conscient qu’une concertation est nécessaire, inévitable même. Mais il faudra du temps faute d’un chef d’orchestre qui entraine derrière lui. Pour tout dire, il manque au G20 un Sarkozy ! Mais où était donc la France ? Faudra-t-il encore plus  de volatilité sur les marchés pour que les dirigeants politiques se mobilisent ? Toujours est-il que le G20 s'était à peine achevé sur le thème : « Ce n'est plus aux banques centrales de booster la croissance mais aux gouvernements », que la Banque centrale chinoise a mis plus de 100 milliards de dollars sur le marché en réduisant les réserves obligatoires des banques. Comme pied de nez aux autres pays, on ne fait pas mieux ! Ce serait drôle si ce n’était pas un signe tragique de chacun pour soi.  

Un nouveau monde éclot peu à peu sous nos yeux.

Nous sommes à un tournant pour l'économie mondiale comme le prouve l'extrême fébrilité des marchés depuis le début d'année. Le monde connait des situations aux effets durables qui bouleversent nos données habituelles et notre perception : vieillissement démographique qui touche l’Europe et le Japon, mais pas seulement, universalisation du capitalisme qui s’affranchit des frontières et des Etats, réveil des empires tels que Chine, Russie, Iran, sous la pression des réflexes nationalistes et des tensions religieuses, transition écologique traduite par la Cop 21 et imposée par les conséquences du réchauffement climatique, sans parler de l’émergence de Daech et de sa terreur panislamique… Il en résulte des crises aigües qui se superposent à l’échelle planétaire : terrorisme, pandémies, catastrophes industrielles, désastres naturels… Et quand une entreprise comme Apple refuse de collaborer avec le FBI pour lutter contre le terrorisme, on comprend que les Etats tels que nous les concevons ne sont plus vraiment opérationnels face à la montée du cybermonde, l’ubérisation des économies ou la percée de l’intelligence artificielle.

Un monde sans puissance(s) dominante(s), voué à lui-même.

Aussi Les Etats sont-ils à la peine pour garantir la paix civile et la souveraineté telle que nous les concevons. D’ailleurs ils sont affaiblis par le surendettement autant que par la fragilité de leurs régimes politiques, notamment les démocraties, plus vulnérables que les dictatures totalitaires. L’Europe est particulièrement concernée. Elle est sous le feu croisé d’un choc déflationniste qui va ruiner les classes moyennes et de menaces intérieures et extérieures –terrorisme et migrations- qui déstabilisent les pouvoirs en place. Les pays  de l’Union voient leurs institutions déligitimées et le populisme se développer. Elle se divise avec la menace de sortie de la Grèce et du Royaume-Uni, au lieu de se renforcer. Même les Etats-Unis n’échappent pas à la règle –on le voit avec le succès de Trump-, en se désengageant du monde, n’ayant plus ni la volonté ni les moyens de dominer le capitalisme et d’assurer la sécurité planétaire.

Et la France continue de sombrer.

En France, le quinquennat de François Hollande fait basculer progressivement le pays dans la révolte sous toutes ses formes. Plus que jamais, l’étatisme connait une crise de légitimité et toute réforme est bloquée par des institutions balkanisées défendant leur pré carré. Face à l’arrogance de l’exécutif avec sa fiscalité confiscatoire, ses dépenses publiques non maitrisées, sa fonction publique privilégiée au détriment des activités privées, la prolifération de ses réglementations jusqu’à la prétention de dicter les comportements individuels, les Français ont commencé par opposer un droit de retrait de citoyenneté en boudant les élections voire en votant pour le Front National pour manifester leur mécontentement. Mais les données sociétales et économiques montrent d’autres formes de révolte : grève des naissances (- 19 000 en 2015) pour riposter à l’attaque en règle menée contre la famille, grève de la production qui stagne pour l’industrie à son niveau de 1994, grève de l’investissement toujours très au-dessous de son niveau d’avant-crise (- 7%), grève de l’emploi marchand figé à son niveau de 2002, grève du dialogue social qui n’a plus aucun sens puisque bloqué systématiquement par les syndicats. Les parents et les enseignants contestent les réformes stupides, les médecins mettent en échec le tiers payant généralisé, les professions agricoles refusent d’appliquer le compte pénibilité, bientôt suivis par les artisans. Chaque année, 80 000 personnes à haut potentiel quittent la France et son enfer fiscal. Le Ministre des Finances se targue de faire revenir quelques dizaines de millions d’euros d’avoirs cachés en Suisse ou ailleurs, mais ce sont près de 300 milliards d’euros de capital productif qui se sont exilés. Les entreprises changent leurs statuts pour pouvoir devenir « européennes » et se réinstaller plus facilement ailleurs dans l’Union… Enfin, il y a les formes plus violentes de contestation  comme le montrent actuellement les professions agricoles, mais aussi les conflits autour des taxis. La France est au bord de la faillite et même de l’implosion. Voilà la réalité. Et elle n’est pas gouvernée, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il y a pourtant des signes positifs qui permettent de garder l’espoir. C’est ce qu’on verra dans le prochain billet du bloc-notes.

 


SI L’EUROPE NE CONVIENT PAS, OUSTE !

Brexit

David Cameron va organiser un referendum pour demander aux Britanniques de dire s’ils veulent rester ou non dans l’Union européenne. Je serais curieux de voir la réponse si on posait la même question aux Français. Personnellement je répondrais « non » sans hésiter. Non pas que je fasse de l’anglophobie à propos de notre « ennemi héréditaire », mais enfin voilà des gens qui veulent bien le beurre sans trop s’engager avec la fermière. L’Europe on est dedans ou on est dehors !

Il faut dire que depuis son entrée dans la CEE de l’époque, en 1973, le Royaume-Uni s’est toujours comporté comme un associé difficile réclamant sans cesse des régimes d’exception. Il a fallu multiplier les « options de retrait » pour les sujets de « sa gracieuse majesté ». Autrement dit « jamais complètement d’accord ». A tel point qu’on rapporte que Jacques Chirac, agacé par les exigences thatchériennes, avait murmuré à la table du Conseil : « Et mes cou…es, tu les veux sur un plateau ! ». Ambiance.

Voilà donc un membre de l’Union qui ne fait pas partie de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’espace judiciaire, et qui n’a pas ratifié non plus à la « charte fondamentale » ni la fiscalité. Il n’y a que sur le « marché unique » que les Anglais sont d’accord. Depuis son adhésion, Londres ne voit dans l’Union Européenne qu’un grand marché pour faire ses affaires. Et encore, à condition que la « City » ait son régime particulier.

Je ne dis pas que tous les autres pays sont exemplaires. Mais aucun n’a jamais mis en avant des réticences et des exigences, disons « les bâtons dans les roues » comme les Britanniques. Et c’est au moment où l’Europe est fragilisée par la mondialisation et les vagues migratoires que la Grande Bretagne menace ses partenaires d’un « Brexit ». Retranchés dans leur île, de quoi ont-ils donc peur, ces godons ? Les migrants, ils nous les bloquent sur les rives du « Channel » à Calais ! Leur indépendance n’est même pas menacée puisqu’ils ont gardé leur monnaie et pratiquement toutes leurs prérogatives souveraines. S’il y a bien un pays dont la souveraineté n’est pas partagée, c’est bien celui-là ! Ils veulent retourner vers le grand large en se désarrimant du continent : grand bien leur fasse ! Mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite s’il faut payer des droits de douane pour commercer avec l’Union.

Le signal envoyé par Cameron est irresponsable. Il se garde bien de dire à ses compatriotes (encore que ça peut venir...) quel serait le coût d’une sortie de l’Union, à commencer par tous les traités dont la Grande Bretagne bénéficie dans le cadre de l’Union et qu’il lui faudrait renégocier un à un, car dès lors que le pays aurait quitté l’UE, ils seraient caduques. Il y en aurait pour dix à quinze ans, selon les experts. Et qu’en penseront les Ecossais qui sont eux très europhiles ? Que se passera-t-il s’ils décident de prendre leur indépendance pour rester dans l’UE ? Il y a gros à parier que l’Angleterre ne s’en remettrait pas de sitôt. Le repli, c’est le retour des nations, des frontières, de la guerre des monnaies avec leur lot de dévaluations compétitives assassines.

Au moment où nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun, il y a autre chose à faire de l’Europe. Elle seule peut donner des réponses coordonnées aux problèmes que nos vieux pays rencontrent. Le moment est venu de relancer le projet européen en s'appuyant sur le noyau dur des fondateurs : à six au pire, à douze comme au temps de la CEE, ou à dix-neuf pour coller avec la zone euro… peu importe. On prend tous les volontaires qui veulent participer à un bond en avant de l’Union.

On cherche des refondateurs ! Urgent !

 


LA GRECE A L’EPREUVE DU POPULISME

Tsipras

La Grèce paie le prix fort pour avoir choisi Syriza. Le PIB a reculé de 7 points et elle est paralysée par les contraintes imposées par ses créanciers en raison de réformes attendues qui tardent à se réaliser. Où est passé la « superbe » de celui qui annonçait un matin de janvier 2015 « il en sera fini de l’humiliation nationale. Nous mettrons un terme aux ordres venus de l’étranger ! » Eloquence et promesses intenables se sont fracassées contre la réalité. Un an après on cherche vainement les effets du « miracle » attendu.  L’austérité sévit plus que jamais, Alexis Tsipras et sa gauche radicale ont dramatiquement échoué. Ils voulaient imposer à l’Europe un autre modèle économique, c’est l’Europe qui continue de dicter sa loi, et il ne faut pas que les Grecs se plaignent, parce que sans elle le pays se serait complètement effondré. 

Le Populisme, ça ne marche pas.

On n’entend plus Marine Le Pen louer le gouvernement d’Athènes.  Et pour cause, il a fait perdre à son pays un temps précieux. Alors que la Grèce était en train de sortir de l’ornière fin 2014, l’économie affichait une croissance de 1,3% et on attendait 2,9% pour 2015. Aujourd’hui elle est toujours en récession. L’économie vit en quasi autarcie avec un contrôle des capitaux toujours en vigueur. Les 55 milliards d’euros qui ont fui ailleurs ne sont pas revenus, obligeant les banques à une nouvelle recapitalisation. Il faut dire que les réformes imposées ont un impact récessif, alors même qu’elles ne vont pas assez loin, comme celle des retraites. Conséquence : à Athènes les manifestations ont repris : agriculteurs, avocats, entrepreneurs sont dans la rue pour protester contre les réformes. 

Tsipras n’a même pas changé les habitudes.

Le népotisme demeure, sauf qu’il bénéficie maintenant aux proches du nouveau pouvoir. De quoi alimenter une grogne croissante. La dette atteint 187,8% du PIB et le pays est à nouveau menacé par la faillite. « Tsipras-du-vent », dont la popularité était restée longtemps intacte suscite désormais déception et colère. Incapable de rigueur, maniant le double langage, il est contraint, à chaque bras de fer, de rendre les armes. Le cynisme a remplacé l’habileté tactique qui lui avait permis d’obtenir un « oui » au referendum du 5 juillet dernier. L’heure du reniement est venue. Il a bien été obligé de demander un plan d’aide puisqu’il ne pouvait pas changer l’Europe, faute d’être suivi d’aucun partenaire. Il a bien remporté de nouvelles élections mais au prix d’une scission de son parti, avec son aile gauche qu’il retrouve aujourd’hui dans les opposants. Combien de temps pourra-t-il tenir le rôle de Sisyphe avant d’être écrasé par le rocher des réalités ? Le pays va droit dans le gouffre.

La Grèce est dans une impasse politique.

Le nouveau leader de la droite ne fera aucun cadeau à Tsipras et fera tout pour précipiter sa chute. Mais son projet politique ne peut que reprendre les mesures impopulaires du memorandum européen face à une société grecque qui subit de plein fouet les aléas politiques qu’elle a provoqués, et comme prise au piège, continue de résister aux mesures d’austérité. Où trouver les assises pour une reconstruction durable et acceptée par une majorité ?

Comme on le voit, la Grèce n’est pas sortie de l’auberge. Pour arranger les choses, elle est en première ligne de Schengen et faute de contrôle aux frontières, certains européens envisagent son exclusion provisoire… Une autre humiliation supplémentaire peut-être pas souhaitable !

Plus de pauvres encore plus pauvres, merci Alexis !

 


2016 : ETAT DES LIEUX (4) - LA FRACTURE EUROPEENNE

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Avec les élections espagnoles, l’Europe bascule à nouveau dans l’incertitude.

Le fossé se creuse à nouveau entre les pays du Nord et ceux du Sud. Après la Grèce, puis le Portugal, c’est au tour de l’Espagne de quitter le chemin de l’effort et du redressement en sanctionnant le gouvernement sortant.  L’échec pourtant monumental de Syriza n’aura donc pas suffi. Aujourd’hui la Grèce qui a donné le pouvoir à Syriza, en est réduite à faire de la résistance pour retarder les réformes, et à chaque fois Tsipras doit manger un peu plus son chapeau. Le Portugal a choisi une coalition de gauche improbable et hétéroclite, pourtant battue, mais le score obtenu par le gouvernement sortant ne lui assurait pas la majorité absolue… d’un cheveu. Et évidemment le chômage repart à la hausse. Quant aux élections espagnoles, elles sont riches en enseignements. deux nouveaux partis émergent et viennent perturber le tête-à-tête entre le parti populaire et le PSOE qui n’obtient que 90 sièges. Podemos avec 69 sièges sur 350 et Ciudadanos avec 40 sièges ne sont pas en mesure de construire une majorité d’appoint dans chaque camp. Le parti Populaire de Rajoy, au pouvoir depuis 2011 est premier, mais avec 123 sièges seulement, il n'a pas la majorité non plus. Et donc, depuis bientôt un mois, l’Espagne n’a pas de 1er Ministre. Si on ajoute à ça le basculement de la Pologne, un autre bon élève européen, vers le populisme, on pourrait avoir un effet de dominos qui donne toutes les raisons d'inquiéter.

L'Allemagne et l'Europe sont à nouveau montrées du doigt.

Elles seraient responsables de tous les maux de ces pays et de la colère de leurs électeurs. Les critiques vont bon train de la part des leaders des nouveaux partis contestataires. A commencer par Podemos, qui s’est empressé de déclarer que l'Espagne ne serait plus le vassal de l'Allemagne. Matteo Renzi s’est fendu d’une interview au Financial Times dans laquelle il juge que c'est l'austérité imposée par l'Allemagne qui a provoqué ce mini-séisme, considérant qu'il avait désormais le droit de critiquer à la fois l'Allemagne et l'Union Européenne, car il a fait le job qu'on lui avait demandé. Pour lui, l'heure est venue de privilégier l'Europe de la relance à celle de l'austérité si on ne veut pas voir tous les pays basculer vers le populisme ou devenir ingouvernables. De quoi inquiéter l’Allemagne qui se retrouve de plus en plus isolée. Mais à quoi sert donc le « Quantitative Easy » de Draghi ?

L'Allemagne et l'Europe sont les boucs émissaires commodes.

On connait le discours : il est pratiqué en France par l’aile gauche de la gauche. Mais sans l'Allemagne et sans l'Europe, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, et le Portugal, seraient en faillite. Il est peut-être bon de le rappeler. Ces pays n'auraient pas pu surmonter leur crise de la dette. La baisse des taux, grâce à la BCE, mais aussi grâce à la garantie de l'Allemagne, permet à tous ces pays, et à la France au passage, d'économiser des dizaines de milliards d'euros. Les pays d'Europe du Sud, et la France aussi, veulent tous les avantages de l'Europe et de l'euro sans les inconvénients d'une gestion rigoureuse, voilà la réalité. L'Europe se retrouve donc à nouveau coupée en deux. Et on va à nouveau parler d'une Europe à deux vitesses. Cela n’empêche pas Tsipras, pour le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros que la Grèce a obtenu en Juillet, de préférer n'avoir que l'Union Européenne comme partenaire car il trouve le FMI trop exigeant et trop contraignant. Autrement dit, il il veut être tranquille et sait qu'il pourra manipuler plus facilement l'Europe. On ne fait pas mieux pour se moquer du monde : et pourquoi se gênerait-il puisque ça marche.

Un avenir bien incertain.

Reste maintenant à savoir ce qui va se passer avec la nouvelle crise boursière qui pointe le bout de son nez. L’Europe est chahutée, de tous les côtés, et particulièrement l’Allemagne, avec la crise migratoire ; la France a clairement annoncé qu’elle ne ferait pas les efforts demandés au nom de la lutte contre le terrorisme islamique ; l’Angleterre se dirige tranquillement vers le « Brexit »… En ce début d’année 2016, l’Europe pour laquelle tous les signaux de la croissance sont au vert, ne se présente pas au mieux de sa forme, c’est le moins qu’on puisse dire.  Ainsi sont les peuples européens : inconstants en général et ceux du Sud, inconsistants !


UNE BELLE LECON !

 

Ce sont les électeurs portugais qui nous donnent une belle leçon ! Ils ont reconduit la majorité de centre droit qui a pourtant mené une politique d’austérité que d’aucuns chez nous auraient qualifié « d’effroyable ». Au Portugal, en effet, on a taillé dans le vif pour permettre de redresser le pays. Diminution du salaire des fonctionnaires et des retraites et quantité de mesures impopulaires. Mais celles-ci ont permis au pays de sortir du plan de soutien qui lui était imposé et de retrouver des marges de compétitivité.

Tout n’est pas résolu, bien sûr, et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être sorti réellement d’affaires. Mais la croissance est de retour et facilite quelque peu la tâche. En tout état de cause, le peuple portugais a préféré continuer dans la voie des efforts plutôt que de répondre à l’appel des sirènes « anti-austérité ». Le Portugal c’est l’anti-Grèce, le contre-exemple qui est là pour donner tort aux promesses démagogiques du « démiurge » en papier de soie Alexis Tsipras, dont le discours s’est fracassé sur le mur des réalités.

L’opposition entre les deux « modèles » ne s’arrête pas là. On a d’un côté un peuple laborieux, dont les habitants ont la réputation d’être des travailleurs impénitents, n’ayant pas peur de se lever tôt et de se coucher tard. On est bien loin de la langueur grecque. J’arrête là la comparaison pour qu’on ne m’accuse pas de manichéisme sordide. Les procès en sorcellerie étant fréquents par les temps qui courent (suivez mon regard).

La consultation portugaise a pourtant un point commun avec la grecque. Elle est aussi une victoire pour l’euro, en plus nette, en plus clair. Cela fait chaud au cœur de voir qu’il y a encore des peuples qui croient en l’Europe. Car cette volonté de continuer la politique de redressement si elle est un acte de foi dans leur pays pour les Portugais, elle est aussi un signal positif envoyé aux partenaires européens. Voilà un pays qui mérite notre solidarité !

Un exemple à méditer pour nous Français, au moment où notre pays boucle son budget 2016 avec la même « clarté » obscure que les précédents sur les économies réalisées, sur les fausses baisses d’impôts selon Sapin les bas roses, alors que le produit augmente, sur ces petites taxes qui se multiplient en douce, planquées dans les lignes du budget,  comme celle sur les huiles végétales, margarines ou matières grasses tartinables  (mais oui !) -certainement pour lutter contre l’obésité-, et celle sur les produits d’industrie ou de fonderie, secteurs on ne peut plus prospères en France, comme on sait : inouï ! Sans oublier la hausse de la redevance… En matière d’obésité, le gouvernement ferait bien de traiter sa maladie, la « taxite aiguë » puiqu’on en arrive à exactement  364 prélèvements de toute nature, soit … un impôt par jour que Dieu fait (je ne parle pas de Hollande).

On ne fera rien pour permettre à nos entreprises de retrouver des marges de compétitivité, pour assouplir le code du travail, pour permettre l’augmentation du temps de travail. Au sommet de l’Etat, on est en campagne, on vend du vent, on ment pour se faire réélire… Tout ce qui intéresse les Français quoi.

Enfin, ne vous étonnez pas si les billets sont un peu espacés sur le calepin. J’ai une excuse. Je suis impliqué (un peu)  dans la préparation de la campagne pour l’élection régionale dont je suis une cheville ouvrière (beaucoup). Je reviens vers vous dès que je peux. Je vous parlerai de quelques bricoles (et un peu plus) qui m’agacent à droite. Et je ne pense pas qu’à « l’affaire » Nadine.

 


LA GRECE : ET MAINTENANT ?

Sirtaki

 

A voir la réaction des marchés au lendemain de la victoire de Tsipras, on a envie de dire, la Grèce, tout le monde s’en fout !

Il est vrai que les élections n’offraient aucun suspense : qui aurait pu avoir le moindre doute quant à la politique économique qui serait conduite par les gagnants : droite ou gauche, ils étaient condamnés à mettre en oeuvre l’accord conclu avec la zone euro. Alexis Tsipras l’a emporté assez largement, avec près de 36 % des voix contre 28,05 seulement à ses opposants de droite, Nouvelle Démocratie, malgré ce qu’indiquaient les sondages qui en Grèce se trompent toujours. Une belle manœuvre qui montre qu’il s’y entend pour garder le pouvoir. La Grèce est le berceau de la démocratie dit-on dans tous nos beaux livres d’histoire. On oublie de compléter en indiquant que c’est aussi celui des démagogues depuis l’Antiquité.

Quels enseignements faut-il tirer néanmoins de ce résultat tout de même paradoxal ?

 Les Grecs avaient de bonnes raisons d’en vouloir à celui qui vient de l’emporter. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas tenu parole ce qui conduit Marine Le Pen , qui l’avait soutenu à affirmer qu’il a trahi ses électeurs en se soumettant au diktat de la zone euro. Elle n’a pas tort. Et ça explique la forte abstention à 44%. Mais où elle se trompe, c’est qu’en réélisant Tsipras, et en préférant Syriza aux autres partis, les Grecs ont montré leur attachement à l’Europe et à l’euro, avec la conviction qu’il n’y avait pas de solution sérieuse dans un retour à leur monnaie nationale. Tout au plus, on concédera qu’ils ne l’ont pas fait sans arrière-pensée : ils auraient souhaité obtenir le plan d’aide de quelque 80 milliards sans avoir à lancer le plan d’austérité qui reste à appliquer. Tout le monde sait bien que l’austérité trop « austère » conduirait à une catastrophe, tout autant que la pente des promesses de Syriza, première version. D’ailleurs, s’il est réélu, il reste néanmoins comptable d’avoir annihilé le peu de résultats acquis sur les efforts de ses prédécesseurs, et d’avoir mis son pays dans une situation encore plus dramatique, qui rend le relèvement plus délicat.

Et d’abord, ne plus emprunter.

Les Grecs ne sont pas sortis de l’auberge dès lors que l’endettement de leur pays s’accroît au point que personne, parmi les créanciers, ne croit vraiment que la Grèce pourra rembourser tout ce qu’elle doit. Tout au plus peut-on caresser l’espoir que M. Tsipras, grâce à la confiance qu’il vient d’obtenir, saura rapidement mettre son pays sur les rails qui conduisent à l’équilibre des comptes. Car, le vrai problème, ce n’est pas de rembourser, c’est de ne plus emprunter. D’ailleurs, il est à peu près certain que le plan infligé à la Grèce produira des accès de fièvre et des désordres. Et donc il sera difficile de la maintenir durablement dans un régime sévère. C’est pourquoi il faut bien mesurer ce qui s’est passé : voilà un peuple ulcéré par les sacrifices qui sont exigés de lui, qui vote quand même pour la zone euro. Il maintient au pouvoir un homme qui a adopté la politique qu’il avait dénoncée en janvier dernier avec une telle virulence qu’il a été élu sur le principe d’une rupture, celle-là même qu’il n’a pas voulu consommer. Il n’est pas interdit de penser qu’un certain nombre d’électeurs ont cru que M. Tsipras, qui sait prendre des virages à 180°, va changer une fois de plus de position et tenter de revenir au bon vieux laxisme qui a permis aux Grecs de vivre à crédit pendant tant d’années. Ce serait un pari hasardeux, car le moindre manquement à ses engagements priverait aussitôt la Grèce de tout financement européen.

L’Europe reste la solution.

Le résultat des élections en Grèce est donc principalement européen. Il administre la preuve que l’abandon de l’euro n’est pas une issue crédible ; il indique aux autres pays européens qu’il y a davantage de réalisme dans la monnaie unique et dans la rigueur financière que dans les plans irresponsables que proposent l’extrême droite et l’extrême gauche en France. La victoire de Syriza expurgé de ses jusqu’au boutistes, c’est la défaite de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen tout à la fois. Tous ceux qui prônent la dislocation de l’Europe et le repli national comme remèdes magiques sont disqualifiés. C’est une bonne leçon à rappeler, à quelques semaines des élections régionales, de montrer à l’électorat français que même un Tsipras n’a pas voulu aller jusqu’au bout de la logique qu’il préconisait, avec tous les risques inhérents, et que les Grecs n’ont pas cru qu’il y avait un avenir heureux dans le retour à la Drachme, que l’illusion et l’outrance sont possibles dans l’opposition, jamais quand on gouverne.

 


QUI SE RESSEMBLE, S’ASSEMBLE

Allez, une dernière note politique avant de passer à autre chose. Bientôt vous retrouverez "Souriez, c'est l'été" et ses billets humoristiques.

 

Hollande pit

Tsipras

 

C’est bien la leçon qu’on peut tirer du dernier épisode de la négociation avec les Grecs : finalement rien n’est surprenant ! Hollande a soutenu Tsipras, Montebourg invite Varoufakis … Qui se ressemble s’assemble ! Le dicton n’a jamais été aussi vrai.

Quoi d’étonnant à voir notre pingouin soutenir un menteur et un manipulateur ? Le seul fait que le Grec soit revenu à la table des négociations avec des propositions plus sévères que celles contre lesquelles il a fait voter non, en dit long sur sa capacité à brouiller les cartes et à utiliser la démagogie. Il se battait contre la « rigueur » imposée par le « libéralisme », avec l’appui complaisant d’un Président français qui pensait y trouver son compte, puisque c’est au nom de la même réthorique qu’il a refusé depuis trois ans de faire les réformes drastiques qui s’imposaient pour remettre la France sur les rails de la croissance. Ils ont perdu, le week-end dernier tous les deux. Le grand soir que souhaitaient la gauche radicale et l’extrême-droite n’aura pas lieu. Ceux qui voyaient dans la réaction grecque un modèle et un exemple et qui en espéraient au mieux un affaiblissement des institutions européennes, au pire un éclatement de la zone euro en sont pour leurs frais. Leurs rêves se sont brisés sur le refus de la chancelière de se laisser balader par les doubles discours du tandem franco-grec. Merci Angela ! Tsipras doit maintenant s’expliquer devant son peuple abusé. Et le triomphalisme élyséen n’abusera personne. Le populisme vient de subir un revers en étant déshonoré par le gouvernement grec. On n’utilise pas le referendum pour s’exonérer de réalités qui vous rattrapent toujours. Comme le discours de Marine Le Pen sonne faux depuis !

Quoi de surprenant de retrouver dans la même barque des dirigeants qui ont le même bilan économique. Aussi nuls en la matière l’un que l’autre ! La Cour des Comptes est là pour nous le rappeler tant on serait tenté de l’oublier avec l’enfumage permanent de Sapin et consorts : la France continue de s’endetter, la dépense publique ne recule pas, elle ne dégage pas d’excédents susceptibles de commencer à assainir la situation financière. C’est bien du même mal dont souffre la Grèce : d’avoir eu des gouvernements qui ont vécu de la manne des crédits sans jamais se poser la question de savoir comment on allait rembourser. Présenter aujourd’hui les « méchants créanciers » comme des profiteurs, ce qui constitue l’essentiel du discours des Mélenchon de service, c’est oublier l’essentiel : voilà ce qui arrive quand un pays vit au-dessus de ses moyens. Ceux qui veulent nous faire croire qu’une autre politique, plus facile, qui n’imposerait pas d’efforts, afin de rembourser en monnaie de singe les créanciers, conduiraient le pays à la pire catastrophe autant pour ses entreprises que pour les travailleurs et épargnants. Hollande n’a plus qu’à faire en France les réformes qu’il impose aux Grecs… puisqu’il est, parait-il, audacieux !

Quoi de surprenant enfin, à constater l’enflure du surmoi chez l’un et l’autre. Notre François-les-bas-rouges se découvre « audacieux » et ce cher Alexis ose faire des pieds de nez à ses partenaires généreux. A peine revenu à Athènes, ce dernier n’affirmait-il pas qu’il ne croyait pas dans les accords qu’il venait de signer ! On ne peut pas faire plus machiavélique. La prestation d’autosatisfaction béate à laquelle s’est livrée notre pitre élyséen le jour du 14 juillet permet de mesurer la vacuité de sa politique : pas un mot sur la dégradation de la situation en France. Nos chômeurs ne méritent pas autant d’attention que le leader grec, dans la tête d’un personnage d’abord soucieux d’envoyer des signaux à la gauche de sa gauche en vue de l’échéance présidentielle. Il n’a réussi qu’à déchainer un discours outrancièrement anti-allemand chez ceux-ci, sans qu’il n’en désavoue le moindre propos. Oui, l’Allemagne peut être un modèle de gestion, et la France continue de se prélasser au dernier rang, celui des cancres. L’enflure idéologique qui encombre les esprits fumeux qui nous gouvernent conduit à l’inversion des valeurs : on préfère l’échec à la réussite, la manipulation à l’application de la règle ; on pratique la culture de l’excuse, le rejet de l’autorité, et on s’étonne que les choses aillent mal dans tous les domaines. Pour les deux peuples, les dégâts se ressemblent.

Heureusement, dans cette affaire, la lucidité d’Angela Merkel a permis à la fois de sauver les meubles et de mettre des limites là où nos deux lascars auraient bien voulu s’en abstraire. Le « ça suffit » de l’Allemagne est là pour nous rappeler que l’Union ne peut survivre que dans le respect des uns et des autres et cela commence par respecter les règles communes librement acceptées. L’échec de Tsipras s’apparente à une reddition. La mise au pas de la société libérale par les rêveurs enténébrés de l’idéologie marxiste n’est pas pour demain. Cette défaite devrait nous encourager en France à affronter les populistes. La droite traditionnelle a une opportunité pour rebondir sur le « ça suffit » qui trotte dans la tête de nombre de nos concitoyens : le naufrage de l’école, les provocations de l’islamisme radical, l’impuissance des éternels Manolitos donneurs de leçons, les catholiques méprisés, la désinformation des médias sous tutelle de la pensée unique, l’insécurité grandissante, … Le Front National s’est fourvoyé en soutenant les farfelus d’Athènes.

L’occasion est trop belle !

 


UNE VICTOIRE A LA PYRRHUS … POUR HOLLANDE

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Cocorico ! A l’aube dorée qui se lève après une nuit de négociations sans fins, le coq français est monté sur ses ergots pour clamer la nouvelle : un accord avait enfin été trouvé avec le Grec Tsipras. Et il ne cachait pas son plaisir, s’attribuant tous les mérites de cette fin heureuse, au point que son Manolito de service s’est cru obligé de rajouter quelques rodomontades. L’animal emblématique des Français n’a jamais autant mérité son nom : c’est le seul qui peut chanter en ayant les deux pieds dans la m…. , enfin, dans le fumier, je veux dire. C’est que l’état de nos propres finances ne devrait pas permettre de pavoiser et encore notre gouvernement devrait-il s’appliquer à lui-même les mêmes exigences que celles qui sont imposées aux Grecs.

Vous y comprenez quelque chose ?

Voilà un gouvernement grec qui avait mis l’Europe au défi et un peuple qui avait rejeté massivement l’austérité par référendum, pour passer, moins d’une semaine après, sous les fourches Caudines de l’Allemagne. Voilà une Allemagne qui voulait en finir avec la Grèce et qui finalement a accepté de la garder au sein de la zone euro. Voilà un gouvernement français qui n’a pas fait le quart de la moitié des efforts grecs pour redresser ses comptes, et qui participe à un nouveau plan d’austérité pour les Grecs qu’il estime avoir bien défendus. L’accord intervenu est celui de tous les rebondissements pour ne pas dire reniements.

La démonstration est faite à tous les mouvements européens qui rejettent l’austérité qu’il n’existe pas d’autre politique quand on a fait faillite. Le chef du gouvernement grec vient de le démontrer, contre son gré : il a cru qu’il pouvait renverser la situation, en se servant du référendum, mais les chiffres sont têtus et la manœuvre s’est soldée par une aggravation de la crise financière. Il s’est littéralement rendu à la chancelière allemande, laquelle était obligée de manœuvrer face à une opinion qui ne voulait plus entendre parler de la Grèce.

Quant à notre Jocrisse, il a peut-être sauvé la cohésion européenne en rappelant qu’un « Grexit » pouvait compromettre l’avenir de l’Union, mais si la France n’est pas la Grèce, et si les économies des deux pays ne sont pas comparables, il y a tout de même une contradiction dans sa position : son gouvernement n’a cessé de reculer depuis trois ans pour éviter les affres de l’austérité, et il la juge logique quand il s’agit des Grecs.

La réalité c’est bien que, Allemagne comme France, vont devoir présenter à leur opinion un plan de sauvetage qui va encore coûter 80 milliards d’euros.

Encore faut-il que l’accord soit appliqué !

Aujourd’hui, les Grecs ne peuvent ressentir les mesures imposées par l’Europe que comme une « humiliation ». Le référendum a été inutile, catastrophique même ! Pourquoi les avoir consultés pour aller aussitôt après à Canossa ? Mr Tsipras n’est pas le mieux placé, avec les discours qu’il tient, pour leur faire comprendre qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens depuis quinze ans. Le mécontentement des amis de Syriza ajouté à celui du peuple autorise le scepticisme quant à la solidité de l’accord, d’autant plus que plusieurs parlements européens devront aussi l’avaliser, ce qui n’est pas gagné. En Grèce, les effets désastreux des allers-retours du chef du gouvernement pourraient se retourner contre lui : a-t-il encore le ressort politique nécessaire pour faire adopter le plan par son Parlement ? Son gouvernement, en admettant qu’il se maintienne, appliquera-t-il les mesures qu’il s’est engagé à mettre en vigueur dès mercredi ?

Cet accord a néanmoins un avantage : il décrédibilise les thèses de l’extrême droite comme de l’extrême gauche. Une démonstration vient d’être faite grâce à l’Allemagne, sinon à la France : on peut constater qu’il n’y a pas d’euro, pas d’Union européenne, sans une discipline de fer dans chaque pays membre. Les économistes qui prétendent qu’une dette ne compte pas, même quand elle dépasse largement 100 % du PIB font de l’économie « magique ». La réalité est tout autre !

Un accord et des dégâts collatéraux.

Même s'il a donné l'impression de capituler, Alexis Tsipras a pourtant obtenu une montagne d'argent et d'aides à fonds perdus pour son pays. Du coup, il pourrait peut-être même se payer le luxe de démissionner et de provoquer des élections anticipées en clamant qu'il ne veut pas trahir son peuple qui avait dit non à l'austérité mais qu'il a agi sous contrainte (thèse de Mélenchon)... et il serait réélu triomphalement. Possible !

Le plus grave, c’est que cet accord aura été une occasion supplémentaire de creuser le fossé au sein du couple franco-allemand. Le président français, a voulu à tout prix éviter un échec des négociations qu’il considérait comme un camouflet. Il n’a pas hésité à dramatiser la situation en se faisant l’allié d’un interlocuteur en qui plus personne n’avait confiance. Face à lui, la chancelière Angela Merkel en revanche a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas signer un accord à n'importe quel prix alors même que « la valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, avait été perdue avec Athènes. Avec le contenu de l’accord, on voit bien qu’elle a cédé peu de terrain. Car, il ne faut jamais oublier que L’Allemagne a fait pour elle-même ce que les pays dits du Sud de l’Europe n’ont pas encore fait. Il y a au moins dix ans que la France aurait dû s’adapter aux exigences de la zone euro et, avec les élections qui arrivent, il n’y a pas une chance qu’elle adopte de nouvelles réformes inspirées de celles qui vont être infligées à la Grèce.

L’affaire grecque est un avertissement à tous les européens : si vous voulez tuer le populisme, apprenez que le rayonnement d’un pays se mesure à une économie équilibrée, à un niveau d’endettement soutenable, à une croissance régulière et à un chômage jugulé. Dure leçon pour le gouvernement français !

A Bruxelles, Hollande s’est payé une démonstration de force à la Pyrrhus !

 


Y’A COMME UN DEFAUT !

 

Fernand-Raynaud

C’est ce qu’aurait pu dire Fernand Raynaud avec sa voix inimitable à propos de la situation grecque. Mais c’est un remake de « Moi ou le Chaos » que le Fantoche qui la gouverne est en train de nous jouer. KO pour les Grecs et leur porte-monnaie, ça c’est certain ! La dernière tentative, hier, d’approbation des propositions des créanciers sous conditions est une manipulation de plus. Pourtant tout reste encore possible, même si les ressorts idéologiques qui pilotent le gouvernement actuel de la péninsule laisse peu de place à une solution « raisonnable ». Celle qui permettrait à l’Euroland de continuer la perfusion à fonds perdus d’un pays qui n’a pas su se réformer et qui continue à refuser les efforts que cela supposerait. L’économie parallèle a encore de beaux jours devant elle, qui constitue à recycler les euros dépensés en cash par les touristes sans passer par la case « Etat » et donc à perpétuer l’enflure d’une dette démesurée par rapport au PIB du pays.

La Grèce est en faillite.

La Grèce est donc officiellement en défaut de paiement puisqu’elle n'a pas payé l'échéance de 1.6 milliard d'euros hier à minuit au FMI. C'est une première pour un pays « développé » en 71 ans d'existence du FMI. Par conséquent elle n'a plus le droit de recevoir de l'argent de l’organisation mondiale ni d'avoir accès à ses réserves. L’Alexis-matamore a bien tenté encore un coup de poker de la dernière heure pour obtenir un délai de l'Europe mais Angela Merkel a tenu bon. Le referendum devrait donc avoir lieu et les Grecs faire leur choix. Evidemment, quel que soit le vote, il y aura des nouvelles négociations. Le coeur du problème c'est un réaménagement de la dette : si l'Europe et le FMI acceptent, il y aura un accord. S'ils refusent, la Grèce courra inexorablement vers une sortie de l'euro. Même si tout le monde s’activera pour l'éviter. Avec une victoire du « oui », le plan d'aide sera acté et on gagnera quelques mois en perdant quelques dizaines de milliards d'euros de plus sans résoudre ces deux problèmes essentiels que sont le poids de la dette grecque et l'absence d'infrastructure économique et fiscale du pays.

Donc comme une épée de Damoclès, la crise grecque pèse sur l’avenir de l’Europe.

Son issue définira l’équilibre du pouvoir au sein de la zone euro entre les créditeurs et les emprunteurs. Si la Grèce arrive à arracher davantage de concessions, elle fera nécessairement des émules et la tentation de recourir à l’endettement en sortira renforcée tandis que la pression pour respecter les règles de rigueur budgétaire sera moindre. Autant dire que ceux qui sortiront gagnants du bras de fer en cours auront la haute main sur les décisions futures. Céder au chantage grec revient à faire gagner les populistes. Les projets de renforcement de l’architecture de la zone euro seront compromis et, un jour ou l’autre, notre monnaie commune sera balayée par leurs agissements. Angela Merkel a raison : le projet européen aura vécu, tant il est lié à l’euro. Si, au contraire, la Grèce est contrainte d’accomplir les vraies réformes qu’on lui demande, ce sont les dirigeants européens qui ont collectivement tiré les leçons de la crise, qui auront la main. En ayant mis fin aux latitudes d’incurie budgétaire et à leur conséquence mortifère, la grave carence de compétitivité.

Un renforcement de la zone euro.

Il sera temps de jeter les bases d’une zone euro renforcée, avec un gouvernement économique œuvrant à une plus grande convergence et une union fiscale garantissant un environnement favorable aux entreprises pour affronter la concurrence mondiale. Plus d’Europe, c’est possible et c’est nécessaire. Même les Grecs y gagneraient une fois leur pays remis à niveau. Les présidents des cinq institutions européennes majeures (Commission, Conseil, Banque centrale, Parlement et Eurogroupe) ont publié lundi dernier des propositions de bon sens à ce sujet. Il s’agit de permettre au capital et au travail de circuler plus librement au sein de la zone afin de créer les conditions d’une reprise durable de la croissance et de l’emploi. Plutôt que d’endettement, de crise et de chômage, l’euro deviendrait alors synonyme de prospérité économique et de bien-être social. On ne pourra en arriver là que si l’Europe reste un ensemble où les créanciers décident, et pas les emprunteurs. Pour l’instant, ce n’est pas encore gagné.

D’ailleurs l’euro se porte bien.

Si les bourses réagissent de manière erratique, en sanctionnant par une baisse très modérée la nouvelle situation, du côté de l’Euro, aucune réaction : il se maintient plutôt bien, déjouant les rêves Philipponesques d’une déroute.  C’est vrai que c’est étonnant si l’on prend en compte que ce sont les fondements même de la zone euro qui sont ébranlés par le « défaut » de l’un des pays qui la composent. Probablement les investisseurs ne croient pas à la réalité d’un « Grexit » et attendent « LA solution » de dernière minute. Mais plus certainement, et l’explication est beaucoup plus rassurante, c’est que ceux-ci jugent que la zone euro et sa monnaie seraient plus forte sans la Grèce. Rappelons quand même que c'est la Grèce qui a provoqué la crise financière européenne et qui a failli faire tomber l'euro de son piédestal. Constatons que plus personne ne remet en cause l'existence de l'euro et que plus personne ne parle de son explosion. N’en déplaise à la Marine.

La France est mal placée.

Petit paradoxe qui fait sourire (jaune). Alors que la France tente d'imposer des nouvelles mesures d'austérité à la Grèce, elle affiche une explosion de sa dette publique. Nous affichons une dette de 2100 milliards d'euros soit 97.5% de notre PIB. La France n'est certes pas la Grèce, mais elle n'est pas en position de donner des leçons. Elles pourraient, en effet, un jour concerner notre pays. Pourtant, contrairement à la Grèce, les Français paient l'intégralité de leurs impôts dont le montant augmente mois après mois. Mais alors où va cet argent ? Le gouvernement Français n'a fait aucune vraie réforme et n'a fait aucune économie dans les dépenses publiques. Ceci explique peut-être la modération de notre Président quant aux exigences que les instances européennes veulent imposer.

 


LA COMEDIE A ASSEZ DURE !!

  Grexit

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a claqué la porte des négociations sur la dette de la Grèce. Les Européens continuent de rechercher un accord avec Athènes qui la contraigne à honorer ses engagements sans pour autant qu’elle quitte la zone euro. Mais le malaise général des places financières devient insupportable. Maintenant, il faut trancher !

Trop c’est trop !

Le FMI a décidé de se retirer de la table des négociations parce que cette histoire n'en finit pas. On avait déjà eu un ultimatum vendredi dernier suivi cette semaine de signaux d'accord imminent, et hier à nouveau la rupture des négociations. Les négociateurs du FMI et de l'Europe sont à bout de nerfs tant Tsipras et ses ministres jouent le blocage pour ne rien céder. Résultat: énième jour J, jeudi prochain avec la réunion des ministres des Finances de la zone et la volonté affichée d’Angela Merkel de parvenir à un accord. Mais un accord serait-il une meilleure nouvelle qu'un défaut de la dette ou un Grexit ? A court terme peut-être. A long terme, certainement non. La réalité c'est que la Grèce est en défaut, c’est-à-dire en faillite ! Elle a une dette colossale qu'elle sera incapable de rembourser. Les mois qui viennent d'être perdus en palabres ont accéléré l'effondrement des dépenses publiques et de la croissance. Si quelques milliards suffisaient encore pour colmater les brèches il y a 6 mois, aujourd'hui c'est 10 ou 20 milliards qui seront nécessaires. Et tout ça pour gagner quelques mois, gagner du temps pour perdre encore de l'argent. C'est ce qu'applaudissent les marchés à chaque rumeur sur un accord. Une folie !

Une situation devenue intenable.

Le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde (sans rapport avec Christine Lagarde, directrice du FMI), s’est prononcé pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Il estime, à juste titre, que le programme d’Alexis Tsipras est incompatible avec une monnaie forte. L’économie grecque ne peut retrouver un minimum de compétitivité qu’avec une monnaie dévaluée, ce qui implique un retour au Drachme. Si les marchés applaudissent chaque fois qu’un accord se profile, c’est parce qu’ils veulent que les dirigeants de la zone euro maintiennent à n’importe quel prix le principe en vertu duquel l’euro protège toutes les économies situées dans la zone. Mais ce principe, en l’état, est inapplicable, sauf à jeter encore et encore des milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Le Grexit devient inévitable.

Un « Grexit » entraînerait évidemment des perturbations, d’ailleurs de nature plus psychologique que financière, car la Grèce ne représente que 5 % du produit intérieur brut de l’Union européenne. Mais, après quelques turbulences, les marchés reviendraient vite à la raison et M. Tsipras pourrait appliquer le programme pour lequel son parti, Syriza, a été porté au pouvoir par les électeurs grecs qui nous décrivent à l’envie leurs souffrances économiques et sociales. Ils ne veulent pas comprendre que les ajustements de leurs salaires et de leurs retraites, l’ascension vertigineuse du chômage, corrigent des avantages factices qui leur ont été accordés grâce au trucage de leurs comptes pour obtenir l’adhésion de leur pays à la zone euro.

La Grèce victime de ses démagogues.

Cinq ans d’austérité, c’est trop long, mais est-ce injuste ? La Grèce à 300 milliards de dettes, soit 177 % de son produit intérieur brut. La générosité des européens a été immense. Cependant, elle a ses limites, car si nous continuions à prêter de l’argent aux Grecs, ils nous entraîneraient dans un désastre continental. À quoi il faut ajouter que M. Tsipras négocie à la Grecque, en présentant des concessions illusoires qui ne risquent pas de duper des négociateurs avertis par les mensonges de naguère. Le gouvernement, qui se classe lui-même à l’extrême gauche, s’est montré à ce jour incapable de procéder aux réformes indispensables telles que la fiscalité de l’Église orthodoxe, la création d’un cadastre pour l’impôt foncier, la répression de la fraude fiscale qui va des plus riches aux propriétaires de café ignorant la TVA. C’était pourtant un rôle que ses convictions lui assignaient.
La Grèce n’a donc pas d’autre choix que de pratiquer la dévaluation compétitive et, pour cela, elle doit retourner au Drachme, ce qui se traduira pas un nouvel appauvrissement de son peuple, mais lui permettra de retrouver des marges de manoeuvre dans la production et l’export.

Dans une Europe interdépendante, la déroute financière est contagieuse. Le sauvetage des Grecs ne saurait se traduire par l’affaiblissement et même la destruction de la zone euro. Nous avons beaucoup donné aux Grecs et nous l’avons fait au nom de la solidarité européenne. Il faut néanmoins avoir les pieds sur terre et, surtout, cesser de tergiverser. Ou bien les Grecs acceptent les conditions de leurs créanciers, qui se sont adoucies au long de la négociation, ou bien, au plus tard la semaine prochaine, nous leur signifions la rupture.

 


MELI-MELO ZAPPING

Copie de longue vue

 

La croissance américaine s’est contractée de 0,7% sur les trois premiers mois de l’année, un chiffre qui contraste fortement avec ceux des deux trimestres précédents (5 % et 2,2 %). Elle anéantit pratiquement tout espoir de voir la Réserve fédérale relever les taux d’intérêt au mois de juin. Depuis la crise financière, l’économie américaine ne peut s’empêcher de faire du yo-yo. Elle affiche un grand dynamisme pendant deux ou trois trimestres, avant de retomber comme un soufflé ensuite.

Christine Lagarde a parlé de la possibilité d'un Grexit. C'est la confusion depuis quelques jours. Tsipras annonce l'imminence d'un accord et provoque l'envolée des indices boursiers, le lendemain le FMI évoque la sortie de la Grèce de l’euro et les marchés perdent leur latin, ou plutôt leur grec ! On sait que les négociations n'ont pas encore abouti. On sait aussi que le FMI est plus ferme que l'Europe et veut des engagements plus sérieux du côté des Grecs. Ce qu'on sait encore c'est que le gouvernement Grec ne veut pas faire, officiellement, plus de sacrifices : une posture pour satisfaire l’aile gauche de Syriza. Mais en réalité, Tsipras est prêt à tout accepter pour obtenir les quelques milliards dont il a cruellement besoin à très court terme pour payer les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités. Les dettes, au fond, il s’en tape, car il sait pertinemment qu'il ne pourra pas respecter ses engagements. On est de toute façon dans un marché de dupes. Personne n'a le courage de prendre la décision difficile mais nécessaire alors que le Grexit n'a plus l'air de faire peur.

Deux ans après avoir enclenché un gigantesque programme d’assouplissement quantitatif, qui constitue le principal élément des « Abenomics » du Premier ministre, l’exécutif japonais assiste à une détérioration des indices économiques qu’il espérait réveiller. La BoJ et l’exécutif avaient pourtant promis, dès 2013, que leurs initiatives allaient permettre de générer, en un peu plus de deux ans, une inflation « saine » d’au moins 2%. Rien à faire, la déflation est toujours là !

Au lendemain d’une rencontre avec Manuel Valls, François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), a présenté une étude sur « l’évolution des finances des communes et des intercommunalités et la forte baisse des investissements publics locaux ». L’AMF estime que l’investissement local, qui représente 70% de l’investissement public, pourrait chuter de 25% à 30% du fait de la baisse des dotations de l’Etat. Manuel Valls ne bougera pas pour autant et a confirmé qu’il n’y aurait « pas de retour sur la diminution programmée des dotations de l’Etat sur trois ans ». Après le rapport de la Cour des comptes, on voit bien qui doit faire les efforts et qui n’en fait pas !

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé Eric Woerth, soupçonné « d'abus de faiblesse » et de « trafic d’influence » dans l'affaire Bettencourt. On se souvient avec quelle violence les socialistes l’avaient trainé dans la boue en 2010, Ségolène Royal en tête, l’amère de Lille à la rescousse… On aimerait des excuses !!! Si ce n’est pas trop demander à nos mères-la-vertu.

La dégringolade de la part des exportations françaises de biens et services sur le marché mondial est spectaculaire, de 6,1 en 1995 elles passent à 3,5% en 2013. Autre signe inquiétant, notre appareil exportateur reste concentré autour des grands groupes et de leurs filiales, qui réalisent 99% des exportations, bien qu'ils ne représentent que la moitié des exportateurs.  

Merkel et Hollande vont présenter un nouveau projet pour l'Europe. Celui-ci vise une Europe plus resserrée, plus intégrée économiquement, avec une convergence plus forte notamment sur la fiscalité et les lois sociales. Tout le contraire de ce que souhaite la Grande-Bretagne qui veut encore plus de liberté au sein de l'Europe et surtout moins de droits pour les membres de l'Union Européenne qui viennent dans le pays. L'heure de vérité a sonné et chacun semble prêt à assumer sa différence. L'Europe n'a pas peur du Brexit : on ne veut pas sacrifier la construction européenne aux contraintes électoralistes de Cameron. Les électeurs Britanniques devront choisir : plus d'Europe ou pas d'Europe. Il n'y aura pas de compromis. Et c’est tant mieux !

Karine Berger, la gaucho qui a fait sa belle dans les courants du PS avec  sa motion, a déclaré : « Nicolas Sarkozy abîme la République ». Et son « bouffon » de président, il fait quoi, lui ? Il laissera la France dans un état pitoyable bien pire que celui dans lequel il l’a trouvée en arrivant.

 


CANCER GREC (SUITE)

Tsipras

Cela fait un an exactement que le Portugal a pu revenir emprunter sur les marchés après avoir évité la faillite. Ce pays a fait un travail courageux considérable et le résultat est visible : la croissance repart (0.4% au premier trimestre), le déficit public est à 4.5% et il emprunte à 10 ans à 2.30%. Un chemin difficile mais qui apporte l’amélioration dont les Portugais profiteront, et avec eux le reste de la zone euro. Et pendant ce temps, en Grèce, toujours rien.

La Grèce en est aux expédients.

Si les négociations qui ont lieu en ce moment n’aboutissent pas, la sortie de route de la Grèce devient très probable. A court de liquidités, le pays ne pourra pas sans aide honorer son prochain remboursement au FMI prévu le 5 juin et payer ses fonctionnaires. Déjà, il avait utilisé une manœuvre le 12 mai pour régler sa dernière traite à l’institution de Washington, qui relève du tour de passe-passe : Athènes a puisé dans ses cotisations obligatoires au FMI pour rembourser son dû à l’institution en temps et en heure. Selon un expert, cela ne s’était jamais produit dans l’histoire du Fonds. Le ministre des Finances, l’imprévisible Varoufakis, a plaidé pour que la BCE accepte le report du remboursement des 6,7 milliards d’obligations grecques attendues en juillet et en août, un autre signe qu’il est aux abois. En preuve de bonne volonté, la Grèce aurait débloqué le processus de privatisation du port du Pirée à hauteur de 51% des parts au lieu des 67% envisagés précédemment. Mais c’est sur le dossier des retraites, que les négociations achoppent. Elles doivent de toute urgence être réduites, car le pays consacre 9 % de son PIB à leur paiement, ce qui est un record mondial ! Des 28 pays européens, c’est chez les Hellènes qu’on part le plus tôt à la retraite et que les prestations sont les plus généreuses : les retraites de base moyennes versées en Grèce par des systèmes publics atteignent 1.152 euros contre 1.287 euros en Allemagne, alors que le salaire moyen allemand est d’environ 2.900 euros, contre 1.400 euros en Grèce... On n’a pas tout compris !

Quand l’idéologie prime sur les réalités.

Il n’y a que notre Pierre Moscovici qui estime « qu’avec beaucoup de travail et de la volonté politique, il reste une possibilité de trouver un accord ». Ce n’est pas l’avis du Ministre des Finances Allemand,  Wolfang Schaüble,  qui a dit tout haut ce que tout le monde sait et ne veut pas voir : « Je réfléchirais longuement avant de répéter qu'il n'y aura pas de faillite de la Grèce ». Voilà qui est clair. Voilà ou l’aura conduite l’équipe Tsipras-Varoufakis, aveuglée par leur idéologie qui passe avant les réalités concrètes. Et ils ont l’audace de lancer un ultimatum à leurs créanciers ! C’est le monde à l’envers. On voit bien dans cette affaire que le peuple grec, pris en otage de son vote, ne compte pas. Mais quand bien même un consensus serait dégagé sur un programme qui doit être voté par le Parlement grec, le Premier ministre Aléxis Tsípras doit se décider sur le recours ou non à un référendum. Car, sauf miracle, il n’obtiendra pas de vote majoritaire au sein de son parti. Les réformes souhaitées par le « groupe des trois » passeraient, mais avec les voix de l’opposition, et le Premier Ministre serait affaibli.  Le referendum est le seul moyen qui lui permettrait d’obtenir une large majorité sur le compromis conclu avec les créanciers, qu’il présenterait évidemment comme le meilleur possible, et il pourrait ainsi affirmer son leadership tout en menant une politique très éloignée de ses promesses électorales.  Une manière de mettre les Grecs qui sont majoritaires à ne pas vouloir sortir de l’euro devant leurs responsabilités…  Mais ce serait sans compter avec l’idéologie des dirigeants grecs actuels.

La Grèce est déjà en faillite.

Aussi, il faut en finir avec le simulacre de la négociation : combien de fois a-t-on utilisé les expressions comme « réunion de la dernière chance » ou «  compte à rebours pour un accord » … La gauche du parti Syriza n’a-t-elle pas réclamé le refus du plan européen, le défaut, même si ça débouche sur une sortie de l'euro. L'Europe et la Grèce sont coincées. On voit bien  qu’il n'y a pas de bonnes solutions. Elles sont toutes mauvaises et arrêter le massacre le plus tôt possible serait encore le mieux. On dit que plus de 40 milliards d’euros auraient fui le pays depuis le début de l’année. Alors à quoi bon remplir ce puits sans fond et « sans fonds » ! Ne vaudrait-il pas mieux accepter la réalité de la faillite grecque. La Grèce n'a rien à faire dans la zone euro. La BERD a averti Athènes qu’en cas d’échec des négociations, le pays devait s’attendre à replonger dans une profonde récession, après avoir déjà perdu 25 % de PIB depuis six ans… L’Europe  aura perdu 330 milliards d'euros, dont une cinquantaine que vous et moi devront payer d'une façon ou d'une autre.

 

 


LA VICTOIRE DE CAMERON

 

Cameron

L’électeur, ce souverain…

C’est bien la première leçon qu’il faut tirer du scrutin britannique : foin des sondages qui donnaient travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. Aucun n’avait prévu la brillante victoire David Cameron, qui plus est avec une telle amplitude : la majorité absolue aux Communes ! L’électorat n’a donc pas cédé à l’intoxication sondagière devenue frénétique dans les derniers jours de la campagne, jusqu’à quatre résultats par jour. Il y a des bookmakers qui ont dû se faire une petite fortune. Ceux qui auront parié sur les « blues ».

Le courage politique paie !

C’est vrai en Grande Bretagne et je me garderai bien d’extrapoler. Le succès de David Cameron témoigne qu’une politique active de réformes peut être comprise par la population même lorsqu’elle implique des mesures douloureuses, dès lors que les résultats sont là. Reprenant un pays sinistré par la crise mondiale mais aussi par les dérives financières des Travaillistes qui avaient conduit le déficit budgétaire à plus de 10 % du PIB, Cameron a mis en oeuvre une série de réformes fondées sur le bon sens économique : baisse de la dépense publique qui est passée de 50 % à 43 % du PIB (57 % en France), fiscalité favorables aux activités et aux intitiatives, flexibilité accrue du marché du travail avec notamment le contrat à zéro heure, contrôle des dépenses de l'assurance chômage et mise en place progressive de contrepartie aux allocations. Mais rien n’aurait été possible si les résultats n’avaient pas été à la hauteur. Et ils l’ont été : baisse du déficit public à 5,4 % du PIB, baisse du chômage à 5,4 % de la population active, croissance de 2,6 % en 2014 (à comparer au 0,4 % français). On a même imaginé outre-manche que les résultats calamiteux de la France socialiste de François Hollande ont largement contribué à décrédibiliser le Labour d'Ed. Milliband.

Le premier Ministre a parfaitement géré son quinquennat.

Il avait une vision claire de son calendrier. Les réformes les plus difficiles ont été engagées dès la première année de son accession au 10 Downing street en 2010. Ensuite, il a attendu qu'apparaissent les premiers résultats, sans s’inquiéter de l’impopularité qu’elles suscitaient. Il y a deux ans, les populistes de l'UKIP étaient à leur sommet et la plupart des commentateurs prévoyaient un triomphe travailliste. Ainsi, le premier ministre a pu créer deux millions d’emplois en Grande-Bretagne depuis 2010, pendant que le chômage ne cessait d’augmenter en France. Outre-Manche, la croissance est la plus forte du continent tandis que le taux de pauvreté a pu être réduit.  La réussite britannique est le fruit d'une volonté politique, elle est le fruit de réformes structurelles. Elle a été rendue possible aussi par la culture anglo-saxonne où la réussite est perçue comme la contrepartie du mérite et du talent et les différences de conditions choquent moins qu’en France où le culte de l'égalité est élevé au rang de religion. Ce qui rend la politique conservatrice difficilement exportable dans notre pays, même si les mentalités commencent à bouger. En se faisant réélire après un train de réformes ambitieux, David Cameron peut poursuivre son chemin, avec les coudées franches, cette fois.

Le populisme n’est pas une fatalité.

L'UKIP, le parti eurosceptique et anti-immigration n'a pas réussi à dépasser les 14 %. Il ne compte qu'un seul député à Westminster. Son leader, Nigel Farage a même été battu dans sa circonscription. Mais pour en venir à bout, David Cameron a été contraint de promettre un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne et de prendre des positions fermes sur l'immigration, s'engageant notamment à réduire drastiquement les aides aux nouveaux arrivants durant les deux premières années de séjour sur le territoire anglais. Sur l'Europe, le premier ministre a annoncé une renégociation des traités plus exigeants en termes notamment de frontière commune et de libre circulation, mais sans jamais remettre en cause l'adhésion à l'Union Européenne. Il entend soumettre au peuple un projet d'Europe améliorée, en aucun cas soutenir une sortie de l'Europe. Cette position qu’un Sarkozy n’aurait pas désavoué, a permis de faire un barrage efficace à l'extrémisme. Tout cela peut évoluer évidemment. L’hypothèque électorale ne sera définitivement levée que lors du référendum de 2017. Car le scrutin du 7 mai a aussi été marqué  par le raz de marée plébiscitaire du parti national écossais qui emporte 56 des 59 circonscriptions écossaises. Cela témoigne d'un malaise profond du nord de l'Angleterre victime de la désindustrialisation et de la nouvelle économie de services, et il ne faut pas sous-estimer le particularisme écossais, où se mêle le sentiment d'une revanche à prendre sur Londres après le demi échec du referendum, et sa volonté de bénéficier seul des retombées du pétrole de la Mer du Nord. Pour éviter que le l’esprit de sécession politique se transforme en sécessionnisme tout court, la défense des territoires, de la ruralité et des régions de la périphérie est une urgence absolue pour le nouveau gouvernement. Comme quoi on retrouve la même problématique que celle que nous rencontrons dans notre pays avec le vote FN et la France des périphéries.

La déroute des Travaillistes.

Elle constitue un avertissement pour François Hollande qui  devrait méditer sur les résultats des socialistes anglais qui prônaient une politique de relance par la demande. Les commentaires de son entourage, que l’on a pu entendre et qui relèvent de la méthode Coué, comme quoi, les réformes menées par l’actuel gouvernement produiront le même effet en 2017, sont surréalistes. On ne parle vraiment pas de la même chose. En fait de réformes courageuses, on ne trouve que des avortons et des demi-mesures aussitôt édulcorées par une majorité socialiste sourcilleuse. Oui, c’est une belle leçon que notre pingouin voyageur devrait apprendre par cœur pour le faire sortir de l’immobilisme dans lequel il se confine sous prétexte que l’embellie de la conjoncture européenne va entraîner la France dans son sillage. La Commission de Bruxelles constate que la France reste à la traîne dans la reprise européenne, que l’investissement ne redémarre pas et que le nombre des sans-emploi continue de s’accroître de mois en mois.  D’autant que l’embellie économique internationale pourrait connaître une éclipse. Les remous des derniers jours sur les marchés financiers sont un signe avertisseur de sa fragilité, avec la remontée des cours du pétrole, le rebond des taux d’intérêt, le repli du dollar qui entraîne une hausse de l’euro, le ralentissement de la conjoncture américaine et de certains pays du nouveau monde. Autant d’éléments qui réduiraient, s’ils étaient confirmés, le souffle prometteur de la reprise escomptée.

 


LE POKER MENTEUR GREC

Sirtaki

 

Nouvelle échéance, nouveaux acteurs, mais même conte à dormir debout. Après avoir reculé la date limite plusieurs fois en avril pour la conclusion d’un accord, les créanciers de la Grèce espèrent désormais conclure le 11 mai, lors de la réunion de  l’Eurogroupe. Mais l’espoir reste très mince, tant l’effort à fournir reste imposant. Les négociations ont repris jeudi dernier entre le « groupe de Bruxelles », (Commission, FMI et BCE), « ex-Troïka », et la nouvelle équipe grecque, considérée par les partenaires financiers comme moins folklorique que celle menée jusque-là par Yanis Varoufakis, l’improbable ministre des Finances. Il semble que ce nouveau départ n’ait pas bouleversé la donne : « Cela avance lentement, mais les positions demeurent distante sur plusieurs fronts », a estimé un officiel européen. Quelques avancées auraient été faites en matière de TVA, mais on reste loin du compte sur les retraites ou la réforme du marché du travail, les dossiers les plus sensibles.

Des négociations pour amuser la galerie.

La délégation grecque chargée de négocier avec ses partenaires créanciers danse le sirtaki depuis le début, avec gesticulations, pas latéraux, fausses sorties, tensions, apaisements et promesses non tenues… « Depuis le début, la stratégie des Grecs a été de jouer la montre. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant, mais cela pourrait devenir leur ennemi en mai » commente un négociateur. Le 12 mai, Athènes a en effet une échéance importante de remboursement auprès du FMI, et les caisses se vident. Cela n’empêche pas Yanis Varoufakis de continuer à souffler le chaud et le froid. Samedi dernier, dans une interview, il a décrit ses homologues européens comme « des partenaires gouvernés par la peur». Lui, il est inconscient. Surtout le responsable grec a relancé une ancienne idée fixe de Syriza, mise de côté depuis février, à savoir une réduction de la dette grecque. La Grèce « peut s’en sortir (sans un nouveau prêt). L’une des conditions cependant est une importante restructuration de la dette », a-t-il expliqué. Ben voyons ! Comme ça il est certain de mettre ses interlocuteurs de bonne humeur.

De deux choses l’une, ou « Varoufa-kis-s’y-croit » veut aboutir, et alors il faudra bien qu’il mange son chapeau, ou bien il organise méthodiquement le défaut grec pour aboutir au résultat qu’il recherche : ne pas payer les dettes de son pays. Car il a en face de lui des nordiques qui savent compter et qui, s’ils pratiquent « l’orthodoxie », c’est uniquement en matière de finances ! Néanmoins les Européens se sont donnés jusqu’à la fin juin pour négocier un éventuel nouveau plan d’aides au pays, mais le retard pris pour la conclusion du précédent met en péril cette autre échéance.

Les Grecs sont des escrocs.

S’ils pratiquent de la sorte, alors les Grecs sont des escrocs. Ils ont triché pour entrer dans l’euro et continuent de se comporter comme des brigands sans foi ni loi, ne respectant pas les traités qu’ils ont signés. Le gouvernement Tsipras voudrait inverser les rôles. Il ne respecte pas l’Europe. Son ministre des Finances est un plaisantin incompétent : c’est « Varoufa-kis-la-pète », torse bronzé bodybuildé, qui met un pays en faillite mais qui claque les euros avec une indécence rare. Il se fait photographier par un hebdomadaire connu pour le choc de ses photos sur la terrasse de sa luxueuse villa avec vue sur l’Acropole, devant un buffet pantagruélique, évoquant plus les fêtes de Dyonisos que la misère.  La presse a aussi révélé qu’il mettait en location 5 000 euros par semaine, sa villa sur l’île d’Egine, dotée d’une piscine et d’un home cinéma ! Quel crédit peut-il avoir pour venir plaider ensuite « l’asphyxie de liquidités de son pays ». On comprend que Tsipras l’ait sorti de la première ligne des négociations.

Avec ses amis, au lieu d’accuser l’Europe, il devrait commencer par la remercier de tout ce qu’elle a fait pour eux. La vérité c’est que le gouvernement d’extrême gauche a dû en rabattre sur son rêve de changer à lui seul la donne en Europe.  Il a commis l’erreur d’attaquer avec violence les européens rendus responsables de tous les maux de la Grèce, et il a cru que l’Allemagne était seule à lui être hostile. Il s’est retrouvé isolé et confronté à un front uni des 18 autres pays de la zone euro, et n’a entraîné dans son sillage aucun des autres pays méditerranéens qui, à force d’efforts commencent à récolter les fruits de leurs sacrifices.

Alexis Tsipras qui se prend pour le Che, mais version « feta », n’a pas hésité à s’allier avec la droite nationaliste, comme si en France, Mélenchon et Marine Le Pen se pacsaient. Il espère que dans des pays comme l’Espagne, les prochaines élections porteront au pouvoir des « Podemos », mais le pari est plus qu’incertain. C’est pourquoi le gouvernement Tsipras pratique la stratégie du faible au fort : il parie que les européens préfèreront céder en gardant la « brebis galeuse » pour éviter à la zone euro une crise que sa sortie provoquerait. Mais le temps joue contre lui. Il sait depuis le mois de février qu’annuler la dette grecque est impossible. Donc il s’agit plutôt de se servir des négociations pour provoquer sciemment une faillite de l’Etat grec, et sortir de l’euro en faisant porter le chapeau aux méchants créanciers. Le contribuable français doit savoir qu’au passage, il en sera pour 68 milliards d’euros de sa poche. Une véritable escroquerie.

Le « Grexit » serait une catastrophe pour les Grecs, pas pour l’Europe, bien au contraire.

76% des Grecs veulent rester dans l’euro, mais ils veulent le beurre et l’argent du beurre, et en plus se taper la fermière. Les 18 partenaires de la Grèce ont certes des engagements vis-à-vis de celle-ci de l’ordre de 300 à 400 milliards d’euros. Cependant il ne faut pas oublier que l’Union monétaire s’est considérablement renforcée et que les effets d’une contagion n’ont guère lieu d’être aujourd’hui.  Hormis les banques grecques, aucun investisseur privé ne détient de titres à Athènes. Ce sont les Etats européens qui devraient faire face, eux qui sont exposés à hauteur de 2 à 4% de leur PIB au risque grec. Un risque qui n’est pas négligeable mais encore supportable. Au demeurant, la zone euro, à l’inverse de ce que d’aucuns voudraient croire, pourrait en sortir renforcée, car il serait alors possible, plus facilement, de resserrer les liens d’une union budgétaire et politique. Donc, si les Grecs font le pari que la troïka finira par céder pour éviter une sortie de l’euro, ils se trompent lourdement.

Le leader de Syriza serait plus utile à son pays s’il s’attaquait à le transformer sérieusement en le dotant de tous les outils modernes de gestion qui lui font cruellement défaut comme un cadastre et une comptabilité publique sérieuse, en luttant contre la corruption, le travail au noir et l’évasion fiscale, au lieu de s’accrocher à des promesses démagogiques intenables comme l’augmentation des salaires et des retraites ou l’embauche de fonctionnaires. En aidant financièrement la Grèce,  la communauté européenne a prouvé sa solidarité. Mais si celle-ci décide de ne pas appliquer le programme de réformes convenu avec ses créanciers, elle devra en supporter toutes les conséquences. En attendant, la BCE a de nouveau relevé le plafond du financement d’urgence qu’elle accorde aux banques grecques. Cette enveloppe a été augmentée de 1,4 milliards d’euros à 76,9 milliards d’euros. Jusqu’à quand ? La réouverture de la télé publique avec la réintégration de plus de 1500 employés n’est pas un bon signe envoyé par Athènes.

Si l’Europe a à perdre en cas d’échec des négociations, les Grecs encore plus : depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, les capitaux ont fui, la croissance s’est effondrée, les caisses publiques se sont vidées, les impôts ne rentrent plus, bref, le pays est revenu à une situation plus grave qu’au moment de la crise qui a conduit au premier abandon d’une partie de sa dette et à son rééchelonnement. Sauf que sans l’Europe, ils se retrouveront sans filet de protection. A défaut d’austérité qu’ils ont refusée, ils auront la faillite et la misère. Même au soleil, la pauvreté fait souffrir !


TSIPRAS… P’TIT BRAS !

Tsipras

 

Un peu plus de 40 jours après sa victoire, le nationalo-gaucho d’Athènes doit en rabattre. Il s’est retrouvé impuissant au pied du mur des réalités qu’il avait niées pendant toute sa campagne, faisant miroiter aux Grecs des lendemains enchantés. Le moins qu’on puisse dire c’est que même son (Varou)fakir de service n’a pas les dons de Circée la magicienne. Et que l’Eurogroupe, s’il veut bien faire preuve de bonne volonté, n’est tout de même pas prêt à servir de paillasson, et a refusé de céder sur l’essentiel. Les rodomontades n’y changeront rien. Le contrôle de la "Troïka"  tant honnie continue sur les finances hellènes, même si ses inspecteurs le font en tenue de camouflage, pour ne pas trop froisser l’amour propre des nouveaux gouvernants qui, pour tromper le bon peuple, continuent de danser le sirtaki devant le buffet.

Où en est la Grèce ?

La situation financière de la Grèce ne s’arrange pas. Le temps qui passe vide les caisses de l’Etat alors que les premières échéances sur la dette approchent. Celui-ci a du mal à trouver des liquidités pour payer les salaires de la fonction publique, les retraites et les dépenses courantes. L’excédent budgétaire, hérité du précédent gouvernement, qui était de 4 milliards fin 2014 a fondu comme neige au soleil printanier, et il n’en restait que 400 millions fin janvier. A ce jour, il ne resterait même plus rien ! Or, ce mois-ci la Grèce doit rembourser 4,3 milliards d’euros, dont 1,5 milliard au FMI dont la première tranche de 300 millions tombait le vendredi 6 mars dernier. L’Etat pioche dans les caisses de retraites et de sécurité sociale pour payer ses fins de mois. Les dépôts bancaires ont fondu de 20 milliards en février, et le pays a de plus en plus de mal à placer ses billets de trésorerie (T-Bills) : sur 1,4 milliards empruntés début mars, 750 millions d’euros n’ont pas trouvé preneurs. La Banque de Grèce a dû combler le besoin en urgence via un fonds de réserve public. Pour un gouvernement élu avec un score quasi-plébiscitaire, le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance interne comme externe n’y est pas ! En un mot : le résultat des élections n’a pas sauvé les Grecs, il a accru leur misère. Dites-le donc à Marine Le Pen et à la Méluche.

C’est la faute à Voltaire…

Comme toujours, comme le programme approuvé massivement par le peuple ne pouvait pas être mauvais, c’est donc la faute aux autres : à l’Europe, aux capitalistes, aux bourgeois qui retirent leur pognon des banques, aux commerçants qui ne paient pas la TVA… Un peu facile. Si les maigres réserves financières ont fondu aussi vite, ce n’est pas seulement parce que l’argent s’est enfui, c’est aussi parce que la récession est de retour. De plus, les impôts ne rentrent pas notamment parce que le gouvernement grec autorise ses contribuables à échelonner leurs paiements. Déjà qu’ils en paient si peu … Les recettes fiscales ont chuté de plus de 15% pour atteindre 6 à 8 milliards d’euros ce qui est loin de permettre l’équilibre des comptes au moment où les dépenses augmentent avec la récession qui revient. Athènes a beau avoir conclu un accord avec l’Eurogroupe pour prolonger de 4 mois l’aide financière qui devrait lui assurer un prêt de 7,2 milliards d’euros, aucun euro ne sera versé avant que le pays n’ait rempli ses engagements, a prévenu le ministre allemand Wolfgang Schaüble, d’autant plus intraitable que Varoufakis menace de ressortir les vieilles lunes de la période nazie en matière d’indemnisations dues par l’Allemagne. On comprend que les Allemands (le peuple) soient de mauvaise humeur et majoritairement opposés à cette rallonge financière. Vous l’avez compris, si la Grèce va mal, ce n’est pas à cause de sa mauvaise gouverne, mais bien du méchant et égoïste peuple allemand. On croit rêver.

Tsipras devra sortir du bois.

La Grèce est donc renvoyée à ses engagements pris, il y a trois semaines, de mener à son terme le programme de redressement engagé en 2010. Une potion amère dure à avaler pour le révolutionnaire de pacotille. Car, ce qui pose problème, ce n’est pas seulement la modestie des réformes annoncées par le Ministre des Finances grec, une liste faite pour amuser la galerie avec notamment l’idée d’utiliser des touristes comme contrôleurs du fisc (si, si), c’est aussi l’absence d’informations fiables sur la situation financière réelle. Six semaines après la victoire de Syriza, entre Bruxelles et Athènes, tout reste à discuter. Même la méthode de travail. Il faut dire qu’entre la rigueur des nordiques et la fantaisie de gouvernants à la tête d’un état digne du Tiers-Monde, le fossé est large. La menace d’Athènes de recourir à un referendum pour revenir sur les engagements pris n’est pas faite pour calmer le jeu. En attendant la Troïka est de retour pour vérifier l’état des lieux, sur place. C’est la condition mise par les créanciers pour financer et suivre le malade au quotidien. Le dernier passage du bel Alexis vendredi dernier à Bruxelles n’a guère fait avancer les choses, malgré la bonne volonté affichée par Jean-Claude Juncker.L’un des principaux responsables européens résume la situation en ces termes : « Jamais l’exaspération n’a été aussi grande, les Européens veulent trouver une solution avec la Grèce mais les déclarations quotidiennes du gouvernement à Athènes sapent toute possibilité de confiance ». Et jeudi prochain, la Grèce sera à nouveau écartée du conseil européen pour éviter un dérapage fatal. Samedi, les dirigeants grecs avaient un discours plus apaisant, jusqu’à quand ?

Le peuple grec finira par se réveiller.

En attendant, les réformes promises par Tsipras à son peuple sont peu à peu mises au … congélateur. Il arrive à tenir pour l’instant en pratiquant le double langage, un à Bruxelles, l’autre à Athènes. Mais il ferait bien de faire attention, aujourd’hui avec internet, il n’y a plus de filtre possible. Une seule réalité compte : la Grèce va plus mal, elle est au bord du défaut et elle est isolée. Pas un état européen n’est venu conforter ses demandes et le « front méditerranéen » ne s’est pas réalisé. Le programme du parti Syriza est impossible à mettre en œuvre et il lui faudra bientôt choisir dans quel camp il veut jouer : avec l’Europe ou sans l’Europe. Le choix entre l’austérité et ses misères et la misère tout court, et pour longtemps !

La Grèce serait en faillite sans la perfusion de la BCE et le « défaut » (faillite) menace toujours ! Une leçon que les Français qui croient aux croassements mariniens devraient méditer, parce que c’est ce scénario qu’elle propose pour notre pays …

 


LA FRANCE SOUS TUTELLE

"Désolé, j'ai pris un peu de retard cette semaine dans mes publications. Une intense activité de "boitage" en est la cause et vous me pardonnerez certainement."

                                                                                                                                   Daniel

 

Hollande Merkel

 

« Delayed »

Comme sur les tableaux des arrivées dans les grands aéroports internationaux, la France bénéficierait de la mention : « delayed » (retardé). En échange d’une étroite surveillance des comptes publics français, les ministres des finances européens ont confirmé la semaine dernière l’octroi à Paris d’un délai supplémentaire de deux ans pour se mettre en conformité avec le traité de stabilité de l’euro, soit un déficit maximum de 3% du PIB. Si pour certains c’est une victoire, elle n’est guère reluisante, car elle concrétise l’incapacité de notre pays à assainir ses comptes publics, ce dont s’inquiètent et s’irritent de plus en plus de nos partenaires qui comprennent de plus en plus mal l’indulgence dont il bénéficie.

Comme Pyrrhus…

ViseurUne faveur qui a un prix : la France devra suivre à la lettre une feuille de route très stricte, qui prévoit  une réduction supplémentaire de son déficit structurel. Un effort de trente milliards, risqué pour une croissance hexagonale déjà balbutiante, auquel le « Sapinos de Bercy » espère échapper… on se demande bien comment. Si on n’a pas à subir l’humiliation des pénalités financières, pour l’instant, on a tout de même celle du contrôle « renforcé ».  La décision des 28 ministres n’allait pas de soi. Notre amnésique de Mosco a dû batailler ferme pour empêcher les sanctions dont les partisans étaient nombreux après deux sursis déjà accordés et peu probants. C’est l’arbitrage de Jean-Claude Juncker qui a fait la décision contre les avis du vice-président Valdis Dombrovskis, mentor de notre commissaire, et de plusieurs représentants d’Europe du nord.

Un traitement de faveur au goût amer.

Alors que l’Eurogroupe s’affiche intransigeant face à la Grèce, beaucoup s’inquiètent de ce « traitement de faveur » accordé à la France autant que du déficit de crédibilité qui sape la discipline budgétaire commune. Bien entendu notre « pseudo-grand-argentier-marchand-d’illusions » s’est engagé à respecter scrupuleusement la décrue du déficit exigée par Bruxelles : 4% cette année, 3,4% en 2016 et 2,8% en 2017 ! La pente est plutôt raide, mais pour Bercy elle correspond aux 50 milliards d’euros d’économie déjà programmées sur les trois années qui conduisent à l’élection présidentielle. Enfin, si elles sont réalisées !  Et encore faudrait-il qu’elles ne soient pas décompensées par des dépenses inconsidérées à l’approche de l’échéance fatale.

Le bouffon de Bruxelles.

MoscoPierre Moscovici, toujours aussi inénarrable, s’est fendu d’une interview dans le Figaro  pour déclarer : « L'effort de la France n'est pas suffisant ». Il a juste oublié qu'il n'en avait fait aucun pour réduire le déficit quand il était à Bercy... Et même il s’autorise quelques conseils précis, tel le prof sur le carnet de notes du mauvais élève, où l’on retrouve les mots « sanction », « agenda » comme pour indiquer le parcours à suivre pour faire des « progrès ».  Discours pitoyable de la part de celui qui siégea pendant deux ans à Bercy et qui s’en prend aujourd’hui à ceux qu’il accompagnait. Comme c’est facile quand on est à l’abri à Bruxelles, loin des contraintes électorales et des promesses insensées. Avec lui, on mesure le gouffre socialiste qui existe entre les mots et les réalités. Mais, pas plus que ses anciens acolytes au gouvernement, on ne peut le prendre au sérieux. Au contraire, son propos contribue à dévaloriser la parole publique.

Merci Angela.

C’est la bénédiction silencieuse d’Angela Merkel qui a contribué  de façon décisive à la décision de la commission de Bruxelles. Elle ne veut pas déstabiliser la France, encore deuxième économie de l’euro, alors que le contexte politique est pour le moins délicat. Car la mise sous tutelle renforcée est pain béni pour le vote extrême à quelques jours des « départementales », mais dans une bien moindre mesure que si Bruxelles avait asséné des sanctions à la France.  Il n’en reste pas moins que pour Mario Draghi, à qui on doit la mise en œuvre d’une politique financière enfin audacieuse par ailleurs, « la mise en œuvre intégrale et systématique du pacte de stabilité et de croissance est essentielle à la confiance ». Ce qui veut dire, en clair, que notre pays n’a plus la moindre marge de manoeuvre pour entrer dans les clous communautaires. Bon gré mal gré, il faudra bien faire ce qui est demandé. Mi-avril, La France aura à décliner les économies supplémentaires nécessaires pour ramener son déficit sous le plafond européen. Et convaincre nos partenaires ! Du boulot pour Sapin alors que les nouvelles dépenses s’accumulent : lutte contre le terrorisme dans l’hexagone et à l’extérieur, éducation, contrats aidés, plan banlieues, remboursement d’aides indûment perçues…  Autant de mesures qui appelleront des recettes complémentaires pour près de 20 milliards et vous devinez où on va les prendre … Car notre ministraillon des finances est tout sauf un magicien !

 


A L’ULTRA GAUCHE, LES LENDEMAINS CHANTENT RAREMENT !

 Comédie grecque 

Alexis Tsipras le découvre à ses dépens. Les chiffres sont têtus. On peut changer les mots, pas les réalités. Trois semaines après sa victoire, en effet, il a eu la peau de la « Troïka » (Commission, FMI, BCE), honnie par les Grecs pour avoir imposé un calendrier de réformes sévères. Mais le Turlupin de la zone euro n’en a pas pour autant fini avec ces mêmes instances. Ce n’est pas parce que le mot « troïka »  et l’expression « plan de sauvetage » se sont évaporés, qu’ils n’existent plus. Au dernier sommet de Bruxelles, c’était bien « un contre 27 », explique un participant à la réunion. Bref, la coalition méditerranéenne souhaitée contre l’orthodoxie berlinoise ne s’est pas concrétisée.

Les Grecs ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

On sait bien qu’ils ont inventé la comédie et ils sont experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont réussi, avec l’aide de médias bien compatissants à nous faire pleurer sur le triste sort que ces « méchants » imposaient au pauvre peuple qui n’en peut mais. C’est vraiment inverser les rôles. L’Europe a été depuis le début de la crise, d’une grande générosité avec les Grecs. Il ne faudrait quand même pas oublier que ce pays est entré dans la zone euro avec des statistiques truquées (Giscard était contre), qu’il n’a toujours pas mis en place un système correct de collecte des impôts et que ses riches armateurs n’en paient pas, pas plus que la riche église orthodoxe. C’est encore l’Europe qui a accepté un effacement de 107 milliards d’euros de dette il y a à peine trois ans.  Ce pays a vécu au-dessus de ses moyens en s’endettant plus que de raison, et n’accepte pas aujourd’hui d’en payer le prix. Voilà la réalité.

Mais l’Europe et les instances internationales ont une responsabilité dans la réaction des Grecs.

L’élection du candidat de l’ultra gauche s’explique par des erreurs d’appréciation qui ont conduit à une situation intenable. La générosité européenne s’est traduite par une explosion de la dette publique grecque, la rendant insoutenable. Les conditions imposées en échange des prêts ont conduit à une récession profonde qui a plongé les classes moyennes dans la pauvreté. Les réformes structurelles réclamées étaient infaisables.  Malgré tout, hors paiement de la dette, le budget grec est aujourd’hui légèrement excédentaire.  Il existe donc une petite marge de manœuvre à condition que le nouveau chef du gouvernement soit frappé d’amnésie et qu’il oublie ses promesses électorales les plus coûteuses qui empêcheront tout compromis. Le bras de fer qu’il a entamé avec les principaux chefs de gouvernement afin de réaménager ses 320 milliards d’euros d’endettement ne pourra pas se conclure par un abandon pur et simple, comme il l’a proclamé pendant toute sa campagne électorale. En face, l’Europe affiche un langage clair, grâce à Angela Merkel : elle a fermé la porte à toute idée d’annulation partielle de la dette hellène.  Et l’enjeu est de taille. D’autres pays sont à l’affût de la moindre faiblesse. Il en va de l’existence de la monnaie européenne.

Après les moulinets, les postures et les jérémiades, les masques tomberont forcément.

Pour trouver une solution raisonnable pour les deux parties : donner un peu d’oxygène à l’économie grecque en échange de garanties de quelques réformes emblématiques, il faut d’abord en passer par les chiffres. Quel est le déficit réel pour 2014 ? Que peut-on attendre de 2015 ? Quels sont les projets pour 2016 ? A ces questions, Athènes a-t-elle les moyens de répondre ? la Commission, avec  Jean-Claude Junker, la BCE avec Mario Draghi et le FMI avec Christine Lagarde sont toujours en piste pour dresser l’inventaire de ce que le gouvernement grec accepte et refuse dans le programme mis en place,  et trouver les moyens de compenser chaque perte par une recette comparable. Alors, ce ne sera plus le « plan de sauvetage », mais un « nouveau contrat »… Mais la contrainte reste identique, à savoir que le bel Adonis et son « Varoufakir » de financier devront se plier à des conditions acceptables pour les créanciers s’ils veulent obtenir les crédits officiels dont ils ont besoin pour ne pas tomber en faillite dans les trois mois. A eux de préparer leur opinion aux lendemains qui déchantent.

La crise grecque aura de toute façon un effet malsain.

Les opinions publiques sont devenues schizophrènes. La « rigueur budgétaire » est devenue un gros mot, alors qu’elle devrait au contraire être ressentie comme la règle et la nécessité. La baisse des dépenses publiques, que la France ne respecte toujours pas (la part a encore augmenté en 2014 à 57% du PIB), est vécue comme une contrainte insupportable. Le respect des traités européens qui est bien le moins est traité par-dessus la jambe, à commencer par la France qui ne cesse de se faire rappeler à l’ordre. Doit-on en blâmer les instances qui ont la charge de faire respecter ce que nous avons signé ! C’est facile de brandir le réveil des peuples contre la technocratie bruxelloise, mais après, est-ce que les réalités changent ? Que veut dire le fait que 30% des Français sont en faveur d’une annulation complète ou partielle de la dette grecque ? Savent-ils que cela coûterait à chaque foyer fiscal 1166 euros. Merci, je ne suis pas « Syriza », comme peut l’être Mme Le Pen, comme d’autres sont « Charlie ».  Prenons en considération que n’importe quel geste qui sera fait en faveur de la belle Hellène  sera scruté de très près par les pays qui ont connu ou connaissent des épreuves aussi dures et qui ont eu le courage de prendre des mesures drastiques pour rétablir leur situation, comme l’Espagne. Si la Grèce pèse 2% de la zone euro, l’Espagne représente 11% de son PIB. On mesure ce qu’un effet domino pourrait produire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement grec lâche petit à petit dans son bras de fer. Ils viennent de concéder la mise en place de réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption en échange de la prolongation de six mois de l’aide européenne. Trop flou et insuffisant et pour Berlin c’est « nein ». L’Eurogroupe prévu demain va être musclé !   

En échange des réformes promises, le gouvernement grec obtiendra, n’en doutons pas, des facilités de remboursement, mais il devra s’expliquer devant son peuple, par petites nuances. On n'en a pas fini de voir les "50 nuances de Grec"... Après tout, le mot « démagogie » est aussi un mot « grec ». 

 


CE « QE » C’EST QUOI ?

Un peu d'économie pour les nuls, comme moi.

 

Draghi

La Banque centrale européenne a lancé une opération monétaire inédite pour relancer la croissance en zone euro. De quoi s'agit-il ? Pourquoi l'Allemagne est-elle réticente? Qui va en profiter? Explications pour les non-initiés.

 

Qu'est-ce que le « Quantitative Easing » (QE) ?

Planche à billetsLe « Quantitative Easing » (QE) ou assouplissement quantitatif, c'est la version moderne de « la planche à billet ». Il s'agit d'un instrument de politique monétaire « non conventionnel ». Habituellement, la Banque centrale européenne (BCE) utilise comme principal outil, le taux d'intérêt auquel elle accorde des prêts aux banques. Taux directeur qui détermine celui des crédits auxquels souscrivent les ménages et les entreprises. En raison de l'ampleur de la crise, les banques centrales ont été amenées à prendre des mesures dès 2008, consistant notamment à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par les entreprises, à reprendre les actifs de banque ou des prêts au secteur privé transformés en obligations (ABS). C’est pour cela qu’on qualifie ce type de politique comme « non conventionnelle ». Mais le «QE» dont on parle aujourd'hui est différent, il s'inspire de ce que fait la « Fed » aux États-Unis, la Banque d'Angleterre ou la Banque du Japon depuis les années 2000.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le « QE » consiste à racheter des dettes souveraines, des obligations d'États à long terme, à 7 ans ou 10 ans, sur les marchés. En échange de ces achats, la BCE crée de la monnaie, des liquidités nouvelles, qu'elle injecte dans les circuits financiers. Les pays de la zone euro étant très endettés, les dettes d'État abondent. Il en existe 7 000 milliards d'euros en circulation. Evidemment, La BCE ne peut racheter que des titres biens cotés par les agences de notations, ce qui exclut les titres grecs ou chypriotes. La BCE peut acheter elle-même les titres et les garder sur son bilan, ce qui fait partager les risques financiers à l'ensemble des États membres de la zone euro.

 

Quantitative-easing-01

 

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En quoi cette opération est-elle inédite?

La zone euro ne s'est jamais lancée dans l'aventure d'un « QE » à l'américaine, car le traité de Maastricht -repris dans le traité de Lisbonne aujourd'hui en vigueur- interdit expressément le « financement monétaire » des États. Si elle sert à financer les déficits des États membres, la « planche à billets » est proscrite. C'était l'une des conditions fixées par l'Allemagne, pour renoncer au Deustch Mark, au profit de l'euro. L'assouplissement quantitatif n'est acceptable, aux yeux de la justice européenne, que s'il s'agit d'un instrument exceptionnel permettant à la BCE d'atteindre son objectif d'inflation de 2 % à moyen terme ou de sauver l'euro.

Pourquoi la BCE s’est résolue à lancer cette opération?


Baisse des prixDepuis un an et demi, l'inflation est à un niveau jugé « extrêmement bas » par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. En décembre, les prix dans la zone euro ont reculé de 0,2%. Or, selon son mandat, l'institution financière doit maintenir le taux de l'inflation sous les 2 % « mais pas à un niveau trop éloigné de ce seuil maximal », rappelle Jean-Claude Trichet, ancien président de la BCE. Cette tendance fait craindre à la plupart des pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne, que l'Europe s'installe dans la déflation, c'est-à-dire la « diminution générale et durable des prix », selon la définition de l'Insee. Le risque c'est que la baisse des prix se transmette aux salaires, et affaiblisse encore la croissance. Le « QE » est donc une arme anti-déflation.

La déflation, c'est grave?

Déflation 2

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La déflation est au moins aussi grave que l'inflation, mais plus difficile à combattre. C'est le cauchemar des banques centrales, car il est très difficile d'en sortir, si ce n'est en recourant massivement à la planche à billets… Ce fléau économique sévit depuis deux décennies au Japon et Shinzo Abe vient de se casser les dents dessus malgré ses « Abenomics ». La déflation a accompagné le krach boursier de 1929 aux États-Unis et en Europe, avec les millions de chômeurs qu’elle a créés. Cependant, la zone euro n’est pas encore en déflation. Les prix reculent surtout en raison de la chute des prix du pétrole considérée comme une bonne nouvelle, mais le danger est là, notamment dans les pays du sud où les prix baissent depuis plusieurs mois. Et c'est pour éviter de tomber dans le piège que la BCE veut agir avant qu'il ne soit trop tard.

L'Allemagne n’était pas favorable à cette opération.

L'Allemagne n'aime pas la « planche à billets », synonyme de laxisme. Elle craint, à juste titre, que cela n'alimente des bulles financières et qu'en dépréciant l'euro et en facilitant l'endettement, cela décourage les réformes structurelles dans les États du sud de l'Europe. L'inflation est également une crainte historique des Allemands, traumatisés par la folle envolée des prix des années 1920, qui a ruiné les petits épargnants et les classes moyennes, et dans la conscience collective fait le lit du régime nazi. Néanmoins, toutes les études ont démontré que le recours au « QE » » n'augmenterait pas l'inflation. Mais surtout l'Allemagne ne croit pas au risque de déflation brandi par la BCE. Il n'y avait donc pour elle aucune urgence à décider d'un assouplissement monétaire pour lequel la peur de la déflation n’est qu’un prétexte pour répondre à la demande des pays comme la France et l’Italie qui espèrent ainsi retrouver une croissance à bon compte.

Quels seront les gagnants et les perdants ?

Baisse de l'euroLes pays périphériques de la zone euro (Italie, Espagne, Portugal, Irlande), seront probablement les plus grands gagnants d'un « QE » à l'américaine. L'Italie et l'Espagne vont  bénéficier d'une offre de crédit plus abondante et moins onéreuse, alors qu'aujourd'hui, ils font face à une pénurie de crédit. Ils bénéficieront aussi de la dépréciation de l'euro entraîné par ce surcroît d'offre de monnaie pour exporter plus. Et de ce point de vue, la manœuvre a réussi au-delà des espérances. Cela dit, l'Allemagne gagnera aussi beaucoup d'une baisse de l'euro, car sa croissance dépend de plus en plus des exportations vers les pays émergents.

En France, le «QE» aura un impact moindre. Le Trésor français emprunte déjà à des taux historiquement bas et le crédit est disponible et bon marché. C'est la demande de crédit qui ne suit pas, par manque de confiance. Pourquoi, en effet, demander un crédit lorsque l'on est assommé d'impôts et de réglementations tatillonnes ? L’exécutif ne l’a toujours pas compris qui accuse les patrons de ne pas embaucher. La France qui s'est tant plainte de « l'euro fort » sera surtout aidée par la dépréciation du change. Ses exportations en zone dollar seront plus compétitives. Mais ce sont les entreprises du CAC 40 qui seront les grandes gagnantes. Du côté des ménages, les emprunteurs seront avantagés -ils peuvent emprunter moins cher ou renégocier leur crédit-, alors que les épargnants verront leur épargne leur rapporter moins. Le « QE » incite, en principe, à demander un crédit, à dépenser, à prendre des risques en Bourse, et non à épargner sur un livret A, ou en obligations d'État par le biais d'assurances vie en fonds euros…

Voilà, vous savez tout… ou presque.

 


PLUS DE BEURRE QUE DE PAIN

 

Tsipras

Ventre affamé n’a pas point d’oreilles. Les Grecs qui ont dû faire face à la pire crise économique de tous les pays européens, n’ont donc entendu aucun des arguments des sortants, qui pourtant ont réussi à faire avancer le pays vers le retour à la croissance tout en le désendettant. Etait-ce suffisant ? Certes non, mais il aurait peut-être mieux valu continuer sur le même chemin plutôt que d’écouter les sirènes tentantes de l’ultra gauche de Syriza. Car, dans un contexte de ce type, il est facile de gagner en promettant « plus de beurre que de pain ». Les Grecs auraient pourtant pu se souvenir de la mésaventure survenue à Papandréou élu sur des promesses intenables et balayé par le vent de déception qu’il souleva. La même mésaventure pourrait bien arriver à Alexis Tsipras, malgré son charisme médiatique.

La victoire d’un marchand d’illusions.

Syriza, le parti de la gauche radicale qu’il dirige a remporté les élections grecques en s’adjugeant 149 sièges (la majorité absolue est de 151), ce qui crée un nouveau rapport entre la Grèce et l’Europe. Celle-ci lui a imposé un programme économique d’austérité en échange de prêts dont le montant s’élève à quelque 300 milliards d’euros. Syriza réclame un effacement d’une partie de la dette. Il entend bien adopter un salaire minimum et une revalorisation des petites retraites et des bas salaires. Sans en avoir les financements. M. Tsipras a remporté une victoire sans bavures qui relègue le Pasok, le parti socialiste, dans le camp des partis ultra-minoritaires. Les Grecs et beaucoup de Français, croient que, grâce à leur vote, ils ont subitement guéri le mal qui les accable. Ils voient en M. Tsipras le foudre de guerre, le révolutionnaire qu’il n’est pas. Celui-ci ne souhaite pas l’abandon de l’euro par la Grèce ; il veut seulement négocier des modalités de remboursement plus confortables, assorties d’un effacement supplémentaire de la dette. Il lui faudra négocier ferme car il n’est pas en position de force. Il a besoin en effet d’argent frais rapidement, sinon, il ne pourra pas payer les fonctionnaires grecs à partir du mois de mars. L’enthousiasme populaire n’y change rien et il ne suffit pas de chanter l’Internationale à Paris avec le Front de Gauche : les Grecs restent dépendants de l’Europe. Ils auraient tort de croire leurs tourments terminés.

Qui se ressemble s’assemble.

L’aversion pour l’euro et l’Europe est devenue telle chez certains que les frontières idéologiques ont disparu : Marine Le Pen s’exclame : « une gifle monstrueuse pour l’Europe », Nicolas Dupont-Aignan applaudit et ils se retrouvent, curieusement, dans le camp de l’extrême gauche, avec tous Les Verts, les communistes, les écologistes, les frondeurs, qui rêvent de constituer une gauche alternative qui supplanterait le parti socialiste et s’emparerait du pouvoir, tandis que Jean-Luc Mélenchon se réjouit de ce que « la toute-puissance arrogante des libéraux » se soit « fracassée en Grèce ». Ils ont le droit de rêver. Car les Grecs ne pourront survivre que si, dans les négociations avec Bruxelles,  Alexis Tsipras fait des concessions. S’il renonce à les faire, la Grèce sortira de la zone euro.Mme Le Pen, qui propose la même démarche pour la France, pourra alors en mesurer les effets dévastateurs sur l’économie grecque. On ne peut pas souhaiter aux Grecs une telle expérience. Elle aurait néanmoins un énorme effet de dissuasion sur le reste de l’Europe et sur la France en particulier. 

Du bon usage de Syriza pour la Grèce.

Le triomphe de Syriza n’inquiète  pas les Européens : la victoire est annoncée depuis longtemps et ils ont eu le temps de s’y préparer. Il sera difficile au nouveau gouvernement grec de renoncer aux acquis obtenus grâce aux réformes : le budget grec serait excédentaire si le poids de la dette n’existait pas. Le pays a redressé son commerce extérieur et le chômage commence à baisser. S’il n’y avait pas d’accord avec Bruxelles, si la Grèce finissait par quitter l’euro donc l’Europe, ce que personne ne souhaite, la dévaluation de la monnaie nationale produirait des effets bien plus graves que ceux des réformes. Par ailleurs, la situation de l’Union européenne n’est plus celle de 2008. Aujourd’hui, grâce aux dispositions prises depuis six ans, les banques privées et publiques sont beaucoup mieux armées contre un défaut grec. La gauche française qui se réjouit tant du succès de Syriza oublie que la France est exposée à la dette grecque à hauteur de 55 milliards d’euros. Une somme que nous risquerions de ne plus jamais revoir si le nouveau gouvernement grec manquait de réalisme. Mais sa marge de manœuvre est mince. Il devra réussir là où les autres avant lui ont échoué  en réalisant enfin les réformes essentielles : celles du cadastre, de l’Église orthodoxe et de la marine marchande. Si ces réformes avaient été mises en oeuvre, il aurait été possible d’alléger le fardeau fiscal qui écrase les classes pauvre et moyenne. Au lieu de chercher à ne pas rembourser, les Grecs seraient plus avisés d’exiger que leurs riches commencent à faire des sacrifices. Après tout, M. Tsipras est bien placé pour le réaliser. Ce n’est pas nous qui nous en plaindront qui devraient payer à leur place en cas de défaut !

 


25 ANS DEJA !

Berlin

Que le temps passe vite. Voici 25 ans, le 9 novembre 1989 tombait le mur de Berlin, symbole hautement emblématique de l’enfermement des peuples derrière le rideau de fer communiste. L’Europe coupée en deux par une frontière fortifiée quasiment infranchissable, avec miradors, barbelés électrifiés, « vopos » armés jusqu’aux dents prêts à bondir, sur des centaines de kilomètres entre le monde libre et « l’enfer communiste ». Et à Berlin, un mur pour isoler l’Ouest rattaché à l’occident du reste de la ville, au milieu de la RDA, l’Allemagne communiste.

Voilà qui est difficile à imaginer pour celui qui, né depuis, n’a pas connu. Et pourtant ça a bien existé. Je l’ai vu, lors d’un de mes voyages en Allemagne avec les élèves de mon collège, à Lubeck : une route coupée, le pont sur la rivière disparu, en face les miradors et des ombres à l’intérieur dont on voit bien qu’ils n’ont pas des sucettes dans les mains, et un explicite panneau arborant : « Halt, Minnen ! » … Une question d’un élève : « Mais ils n’ont pas le droit de sortir de leur pays ? »… Atmosphère pesante. Au retour, un étrange silence règne dans le car. On vient de toucher du doigt le bonheur indicible de la « liberté ».

C’est pourquoi, 25 ans après, il est important de commémorer l’événement. Il est nécessaire que ceux qui ont vécu ce moment-là, racontent, témoignent, expliquent. D’autant plus que la réunification de l’Allemagne, personne n'y croyait. Quand le mur s’est ouvert sous les poussées de la foule déterminée des Allemands de l’Est, personne ne s’y attendait. Helmut Kolh venait de dire quelques jours plus tôt, commentant la « pérestroïka » de Gorbatchev, que la réunification n’était pas pour demain ! Mitterrand n’avait rien vu venir, il embrassait encore le kremlin sur la bouche…  Bref, ce fut un miracle !

Un miracle qui changea la donne. L’Allemagne redevenait la première puissance de l’Europe, par sa population, près de 81 millions d’habitants et son poids économique, mais elle dut en payer le prix pendant quinze ans, car elle héritait d’un pays en ruine. La réunification aura coûté deux mille milliards d’euros, et mis en danger l’équilibre de l’Allemagne de l’Ouest. Le choc a été violent : des millions de postes supprimés par le passage à l’économie de marché, 2 millions de départs vers l’Ouest, un budget qui explose avec la généralisation des généreuses aides sociales de la République fédérale. Le déficit public a doublé entre 1990 et 1995, et l’inflation s’est envolée à 5%. Mais sous la conduite de Gerhard Schröder et d’Angela Merkel, qui a vécu sa jeunesse à l’Est, le pays a su faire les bonnes réformes pour s’adapter. On a craint la tentation de l’ost-politique, tournée vers le continent et la Russie, mais il n’en fut rien. Les chanceliers successifs eurent à cœur de continuer la construction européenne et d’ancrer leur pays à l’Ouest.  Mais alors que les Allemands commencent à souffler, ce sont les pays de l’Union qui leur demandent de mettre à nouveau la main au portefeuille. On peut comprendre leurs réticences !

La face du monde en fut changée. La Hongrie s’était déjà libérée. Le « mur de la honte » par terre, c’est déjà l’annonce de l’effondrement de l’empire soviétique et des démocraties populaires de l’Est européen. Et la découverte, sinon la confirmation, de la faillite économique du communisme. C’est ce qui nous vaut, quand nous allons en Slovaquie, de s’entendre dire par ses habitants, que nous habitons en France dans le dernier pays communiste d’Europe ! Et il suffit de voir le monument de Budapest consacré au communisme, pour comprendre que ce ne fut pas un paradis pour les peuples qui ont subi le joug de l’idéologie totalitaire.

Jours d’ivresse, comme seule le recouvrement de la liberté peut en inventer, jours d’euphorie par les retrouvailles de familles trop longtemps séparées, jours historiques par le caractère hautement impactant sur le cours des choses en Europe et dans le Monde. Rostropovitch ne s’y trompa pas qui bondit aussitôt sur les lieux pour aller jouer devant la brèche une … fugue !

 

 


"EUROPA" : L’ANTIDOTE AU VENIN MORTEL DU PROTECTIONNISME

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La dernière élection au Parlement européen en témoigne, les Français n’aiment plus l’Europe. C’est grave ! D’abord parce que la désaffection s’est soldée par une abstention massive avec une conséquence quasi logique d’avoir amplifié le score du Front national qui a su capter 25% des voix exprimées. Ensuite parce que le mal est bien plus profond qu’il n’y parait. Au-delà des sempiternels reproches qui sont faits aux « eurocrates » de Bruxelles et de la lâcheté de la classe politique nationale qui s’est trop souvent défaussée sur l’Europe pour s’exonérer de leurs propres décisions,  une majorité de Français ne voit plus d’avenir dans la construction européenne devenue illisible et incompréhensible.  Passons sur l’ingratitude qui nous fait oublier tout ce que nous devons à l’Union comme progrès et confort de vie, même si la période récente n’a pas été florissante. Il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Mais passons !  Et pourtant, qui ne voit que c’est notre destin qui se joue, ce que la France pèsera demain en Europe et dans le monde : qui peut croire que seule, isolée, avec ses quelques 60 millions d’habitants elle sera encore souveraine et en capacité d’imposer sa volonté ?

C’est parce que le Front National a envoyé ¼ des députés qui représentent la France au Parlement de Strasbourg, où ils votent contre tout pour tenter vainement de bloquer un peu plus la machine, distiller le venin mortel du protectionnisme, accentuer un peu plus la tentation du repli sur soi, que j’ai envie de réagir. Le livre de Valéry Giscard D’Estaing tombe à pic.

L’ancien président de la République porte un regard inquiet sur la situation de la France et de l’Europe. Lui qui a eu l’occasion, quand il était jeune député, de voter la ratification du traité de Rome créant la CEE (Communauté Economique Européenne), juge un demi-siècle plus tard que la construction européenne s’est dévoyée. Elle doit retrouver l’esprit des grands fondateurs qu’ont été Robert Schuman et Jean Monnet pour avancer à nouveau. Son livre est une tentative, heureuse à mes yeux, pour reprendre cette longue marche vers une Europe unie. Il propose dans son livre « Europa, la dernière chance de l’Europe » des solutions pragmatiques, réalisables  et surtout  facilement compréhensibles pour le commun des mortels. Ces propositions qui, si elles étaient appliquées, pourraient redonner confiance dans une Europe enfin à nouveau en marche et créatrice de croissance et de progrès pour les peuples qui la composent.

Préfacé par Helmut Schmidt, ce qui n’est pas un hasard, le Chancelier ayant entretenu avec VGE une amitié et une complicité quasi uniques entre nos deux pays, et ayant à leur palmarès nombres d’avancées de la construction européenne, de la création du conseil européen à l’élection au suffrage universel du Parlement de Strasbourg, le livre « Europa » est avant tout un traité pédagogique en même temps qu’un manuel d’histoire. Il comprend deux parties. La première, elle-même divisée en deux, « la Ligne droite » et « le mouvement circulaire », retrace les évolutions de l’Europe de 1974 à nos jours, avec les temps forts que constituent la mise en place de la monnaie unique, l’échec de la ratification de la constitution et l’élargissement sans approfondissement,  pour se terminer sur un constat : l’Etat présent de l’Europe.

L’ancien président croit toujours en l’Europe qu’il a contribué à façonner, mais il n’hésite pas, en expert, à dénoncer ses blocages, son impuissance quand ce n’est pas son délabrement. Il nous invite à réagir en dépassant une double imposture : celle qui consiste à nous faire croire qu’on peut sauver la France en sabordant l’Union européenne, et celle qui prétend qu’on peut sauver l’Europe sans rien y changer. L’Europe n’est pas responsable de notre chômage de masse, de nos déficits, de nos conservatismes, de notre incapacité à faire des réformes courageuses. Il ne faut pas croire ceux qui font de Bruxelles le bouc émissaire des nations qui n’ont pas le courage de se réformer et de se dépasser. 

Le chemin qu’il propose pour relancer l’Europe ne vaudrait rien s’il n’y avait pas en lui la conviction profonde, que nous pouvons partager, que l’Europe n’est pas seulement un édifice institutionnel mais une culture partagée, une association entre des nations millénaires et brillantes, c’est-à-dire une civilisation que nous devrions nous faire un devoir de défendre face aux nouveaux empires. Ce chemin était compliqué et difficile, l’Europe d’hier n’était pas plus facile à conduire que celle d’aujourd’hui, bien que le nombre des partenaires ait été plus réduit, mais les bâtisseurs dont il a fait partie étaient déterminés à avancer et la France et l’Allemagne savaient unir leurs efforts pour être le moteur des avancées nécessaires.

Le dessein qui anime Valéry Giscard d’Estaing est le même : comment faire pour que la France compte demain dans le monde, qu’elle reste une grande nation souveraine ? La réponse à la question passe par la construction européenne qu’il faut reprendre en se donnant un objectif : créer une fédération d’Etats-nations qui laisserait aux états membres de très nombreuses compétences. Europa, c’est une Europe-noyau constituée des partenaires qui le souhaiteraient au sein de la zone euro, et qui accepteraient une démarche commune de convergence permettant progressivement d’aller vers l’union monétaire, budgétaire et fiscale, et qui serait au final dotée d’un Trésor public et d’un mécanisme de solidarité financière, gouvernée par un Directoire doté d’une légitimité parlementaire. En fin connaisseur, il illustre la faisabilité concrète des étapes successives pour y parvenir. Ce n’est pas un rêve, ce pourrait être la réalité en moins de quinze ans.

Une ambition qui se fonde aussi sur la nécessité de cette construction que nous avons progressivement perdue de vue. Et l’urgence est là. Ce défi, s’il n’était pas relevé, à cause de la tentation du renoncement ou du repli, nous jetterait  dans la défaite et le déclin parce que nous ne participerions pas à cette nouvelle étape de la mondialisation qui change les équilibres du monde. Europa est un cri d’espoir et nous rappelle que l’Union Européenne est la fille des nations qui la composent. Elle sera forte si notre pays est fort. C’est aussi un appel à retrousser les manches pour redresser notre pays, étape primordiale si l’on veut relancer l’Europe.

Lucidité, clarté, vision lucide du cap… l’intelligence toujours fascinante de Giscard est à l’œuvre.

Sans Europa, dans vingt ou trente ans, avertissent VGE et H. Schmidt, l’Europe et chacun des pays qui la composent ne compteront plus sur la scène mondiale.

« Ce projet d’Europa vous appartient. Pour le mener à bien, il vous faudra abandonner beaucoup de vos pensées négatives. L’égoïsme individuel, la peur du changement, et croire dans l’espoir de bâtir une des grandes civilisations du XXIème siècle » concluent-ils !

A lire absolument, pour croire un peu, à nouveau, dans l’avenir.

 


LA FRANCE EN RADE ! (et pas qu’à Marseille !)

Sncm

 

Le titre m’est venu en lisant la « glorieuse » histoire des grévistes CGT de la SNCM. Si cette compagnie maritime n’est pas le symbole du fiasco dirigiste, je veux bien renoncer au pastis pour toujours. Et ce n’est pas faute pour l’Etat d’y avoir englouti des dizaines de millions d’euros des contribuables. Cette « épopée » du partenariat social est assez emblématique de l’état de notre pays : en rade ou à la dérive, comme on veut.

Le dialogue social est à plat.

La conférence sociale, qui se veut être le temps fort annuel de la concertation avec les partenaires sociaux a tourné cette année au véritable fiasco. Les deux CGT ont claqué la porte. Celle de Lepaon parce qu’il n’a plus rien à négocier, étant dépassé partout par sa base, celle de Mailly pour tenter de continuer à exister. Alors en fait de grand-messe, la montagne a accouché d’une souris sous forme de quelques annonces de négociations à la rentrée et de mesurettes (200 millions) en faveur de l’apprentissage pour réparer l’erreur de la suppression des aides dont le résultat a été une baisse de 8% du nombre des apprentis en 2013 et une chute de 14% des contrats au début de cette année. En guise de nouveauté, on prévoit de recruter 10 000 apprentis dans la fonction publique !!! Pour remplacer les fonctionnaires qu’on supprime ? En matière de dialogue social, on aura été servi ce printemps avec les mouvements à la SNCF, ceux des intermittents du spectacle et cerise sur le gâteau, la paralysie de la SNCM. A quoi ça sert d’avoir un gouvernement de gauche si en plus on doit avoir les grèves ? Le paritarisme à l’allemande est encore bien loin.

Les politiques sont en folie.

C’est la querelle et la discorde partout. A l’UMP, on est passé de « stupeur et tremblements » à « règlement de comptes à OK Koral ». Malgré la mise en place du triumvirat pour tenter d’apurer la situation, les francs-tireurs s’emploient à pourrir la situation. Il y a pourtant mieux à faire que ces chamailleries dont le citoyen lambda n’à que faire. Ils feraient bien mieux de s’interresser à l’Eta de la France. La gauche leur fait un boulevard politique et ils ne s’intéressent qu’à leur nombril ! Au PS, c’est pas mieux. Les frondeurs continuent de créer des problèmes à l’Assemblée. Il a fallu que Valls menace de démissionner pour que le vote contre se transforme en abstention. Les quelques mesures du pacte de « responsabilité » vont enfin pouvoir être mises en application. Trop tard , mais c’est mieux que rien. Chez les Verts, c’est guère mieux. Dans le parti écologiste, on se regarde en chiens de faïence et les clans ne se font pas de cadeaux. La tutelle de la miss Duflot ne fait pas l’unanimité et pour elle, c’est « Noël » plus qu’à son heure. Et puis il y a le centre où les chapelles n’en finissent pas de se chercher : un seul Borloo vous manque et tout est dépeuplé ! Au moins pour la présidence de l’UDI, il n’y a pas la crise des vocations.

L’économie est en déroute.

La production industrielle a reculé en mai de 1,7% alors qu’on l’attendait en hausse. Le pingouin de la rue St-Honoré ne va pas nous refaire le coup du 14 juillet 2013 : « la croissance, elle est là » ! Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Si Hamon la sent, elle n’est pas perceptible, mais il la sent. Et puis tout va bien puisque notre Sapin-la-vie-en-rose est devenu l’ami de la finance (c’est lui qui le dit), de la « bôôônne finance ». Nuance ! En attendant le déficit du commerce extérieur continue de se creuser et la consommation des ménages ne se réveille guère. Tous les moteurs restent en panne. Je vous passe le couplet sur la dette qui frôle les 2000 milliards d’euros et les déficits qu’on creuse. C’est pourquoi, notre formidable ministre de l’économie-bis, Arnaud Montebourg, a décidé de faire une loi pour la croissance. La croissance par décret, il faut être socialiste pour croire à ça ! Mais voyons, il fallait y penser ! La croissance est absente : convoquez-là !

En Europe la France est en marge.

Au Parlement européen, notre pays est marginalisé. Il n’a réussi à décrocher que 2 présidences de commission sur 20. Au moment où Renzi préside, c’est l’Italie qui fait figure de pays dynamique. On risque d’avoir un bien piètre lot de consolation : en effet, il est possible que Mosco deviennent commissaire à l’Economie. Une nomination, si elle intervient, qui doit certainement trouver sa justification dans les « excellents résultats » qu’il a obtenus au même poste en France : en matière de croissance en berne et de hausse du chômage, c’est un expert !

Si avec ça vous passez de bonnes vacances, c’est que vous avez la foi du charbonnier chevillée au corps. Heureusement, il est possible qu’avec l’été, l’activité se ralentisse aussi pour les mauvaises nouvelles ! 


LA BCE, OUTIL DE LA CROISSANCE !... SAUF POUR LA FRANCE ?

  Euro

Chose promise, chose due. Je vous avais promis de revenir sur les principales mesures prises par Mario Draghi pour booster la zone euro, menacée par la déflation.

La politique menée par la banque centrale européenne s’est longtemps contentée d’une maîtrise de l’inflation comme objectif et ses dirigeants n’avaient qu’à monter les taux d’intérêt quand ils s’inquiétaient de la hausse des prix. Avec la crise de 2007-2008, le contexte s’est profondément modifié. Ce n’est pas à une menace inflationniste que la zone euro est confrontée, mais plutôt à une baisse des prix qui en perdurant pourrait déboucher sur la déflation et son corollaire, la « décroissance ». Un mal que le Japon connait bien et contre lequel il a tenté depuis plusieurs mois le remède des « Abenomics ».

La Banque centrale avait plutôt bien réussi dans sa principale mission : maintenir la hausse des prix dans un couloir étroit autour de 2 % l'an, en montant et baissant ses taux. Mais la crise a inversé la tendance. Avec des dettes devenues trop lourdes, les prix ont désormais tendance à ralentir - voir à baisser avec les politiques drastiques de rééquilibrage budgétaire adoptées dans plusieurs pays. Sur la dernière année écoulée, les prix n'ont augmenté que de 0,5 % et le proche avenir ne s'annonce guère mieux. La déflation se pointe. Au lieu de freiner les prix, la BCE cherche donc à les accélérer. 

Mais le remède n’est pas simple. C’est qu’en même temps, il faut continuer de contraindre les pays dont les finances publiques restent en déficit, à tenir leurs objectifs d’assainissement budgétaire. Elle a donc recours à des outils de plus en plus complexes censés mettre fin à la crise… Elle baisse ses taux et offre 400 milliards de liquidités en plus aux banques qui prêteront au secteur privé et accès illimité à taux fixe aux liquidités jusqu’à fin 2016. La relance de la croissance passera par donc une relance des prêts bancaires des banques privées … aux entreprises privées. Car c’est là que le bât blesse. Les marchés ne s’y sont pas trompés qui ont plutôt bien réagi. Une position dynamique de la BCE dont le FMI s’est félicité.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a fini par admettre que l’Italie, la France, l’Espagne et le Portugal ne pouvaient pas se contenter d’une cure d’austérité qui entame à peine les déficits tout en empêchant la croissance. Elle a évidemment refusé que les règles du jeu soient changées, c’est-à-dire qu’elle a rejeté toute idée de modification des principes régissant le fonctionnement de l’Union, mais elle a consenti à ce que soient davantage utilisés les mécanismes de relance prévus par les traités, ce qui avalise les dispositions extrêmement importantes que vient de prendre la Banque centrale européenne. Ces mesures devraient soulager quelques pays encore en proie aux déficits et au chômage, et donner un peu d’oxygène au président français qui est noyé dans le chômage de masse.

Ce qui a le plus favorablement surpris les investisseurs et les responsables politiques européens, ce sont les injonctions de liquidités en faveur des banques pour les encourager à prêter en priorité aux PME qui n’ont pas accès aux marchés financiers et aux ménages, à l’exception des crédits immobiliers. Il ne s’agit pas non plus  d’encourager la création de « bulles » aux effets toujours néfastes. Reste à savoir si cet « arsenal » de mesures sera suffisant pour réveiller l’économie du vieux continent.

Souhaitons à la banque centrale qui s’aventure sur le terrain de la croissance et de l’emploi, le même succès dans cette nouvelle politique que dans celle de la maîtrise de l’inflation. On pourra alors dire merci à « Super Mario ». Car sa politique audacieuse s’inspire directement de celle de la fed, la banque centrale américaine. Il profite de l’indépendance de son institution prévue par les traités pour briser tous les tabous : taux directeur abaissé à presque zéro, taux de dépôts négatif, rachats illimités de dettes d’Etat, … Sa politique économique combine la baisse des dépenses publiques, la baisse des impôts, les réformes structurelles et une relance de l’investissement. Avec en prime une baisse du taux de change. On ne pouvait rêver mieux !

Une politique qui, avec l’union bancaire européenne et le renforcement de l’union budgétaire, donne enfin à l’Union européenne les moyens de rivaliser avec ses concurrents planétaires. En tout cas, c’est le pari de Mario Draghi.

Dans le même sillage, Madrid baisse les impôts pour les ménages et les entreprises, après avoir exécuté sans sourciller l’austérité imposée par Bruxelles et les marchés financiers. L’Espagne espère désormais atteindre ses objectifs de diminution de son déficit par une augmentation de la croissance. La France aimerait bien en faire autant, mais en mettant la charrue de la croissance avant les bœufs de l’austérité et des réformes…

 


MACHIAVEL A LA MANŒUVRE

 

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Bureau 105 à Monplaisir à Angers. Un quartier de cités comme la périphérie des grandes villes en compte tant. Ici, depuis longtemps on vote à gauche, très à gauche même. Il est 19H, le scrutin est clos : sur les 965 inscrits, seuls 278 électeurs se sont présentés. Les résultats : FN : 78 voix, UMP 45, PS : 40… Que peut-on penser de tels résultats aussi peu représentatifs et une déformation du scrutin qui peut prêter à toutes les interprétations ce que les médias ne vont pas se gêner de faire pour en rajouter. Dans ce bureau, on a bien vu qui a voté Le Pen : ces Français, victimes du chômage et sous la pression communautariste, clients habituels du Front de Gauche et du PC réduits pour la circonstance à un score confidentiel !

Hollande a atteint ses trois objectifs

Derrière la dramatisation de façade, Hollande doit savourer son plaisir. De fait, tout a été fait, depuis un mois pour faire monter le FN, volontairement ou incidemment, avec la complicité des médias : il fallait éviter à tout prix une nouvelle victoire de l’UMP. Mieux valait sans doute que ce soit le FN dont on sait que les élus seront impuissants à Strasbourg. Nous avons un piètre Président, mais reconnaissons que c’est un politicien redoutable d’habileté et de manipulation. Car avec le résultat de dimanche soir, il a atteint ses trois objectifs : déstabiliser l’UMP, vider le Front de Gauche de sa substance et faire oublier la déroute de son parti, affaiblissant au passage son Premier Ministre un peu trop « encombrant » en l’envoyant au charbon à sa place. Voilà pourquoi "sa sérénité élyséenne" a fait profil minimum dans cette campagne en signant une tribune insipide dans le journal Le Monde, aussitôt oubliée trois jours après.

Mais avec 60% d’abstentions, et 30% de Français qui disent avoir voulu sanctionner Hollande, l’image que donne notre pays n’est pas brillante. Quels enseignements en tirer ?

Un immense désintérêt

Si les Français n’ont pas voté, je pense que c’est en grande partie pour exprimer leur désintérêt pour un vote dont ils ne comprennent pas les implications. L’Europe n’est pas la priorité d’un quotidien où les urgences sont ailleurs et nombreuses entre se nourrir, se loger, trouver du travail … la campagne a été trop courte, il n’y a pas eu suffisamment de pédagogie pour montrer les enjeux, la multiplication des listes que favorise le scrutin proportionnel, des débats d’où il ne ressort rien, tout a concouru à semer le doute et la confusion. Et les partis eux-mêmes ont rarement eu un message clair. Soulignons au passage le peu d’intérêt des médias audiovisuels français pour traiter le sujet.

Une victoire du FN aux pieds d’argile

Le Rassemblement Bleu-Marine est arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés. De quoi susciter l’émotion, surtout des belles âmes qui vont larmoyer dans les salons bobos. L’honnêteté devrait obliger à rappeler que ce sont toujours des victoires sans lendemain, comme celle de l’UMP en 2009, parce qu’elles sont acquises sur une base très étroite en pourcentage des inscrits. Le FN, premier parti de France, est une extrapolation qui peut donner l’occasion à Marine Le Pen de se faire plaisir, mais la réalité est toute autre. Le seul résultat tangible est le hold-up réussi sur les sièges, acquis au prorata des exprimés. Mais ils ne serviront pas à grand-chose à Strasbourg où les députés frontistes se trouveront confrontés à un large bloc européiste.

L’UMP déstabilisée

La victoire aux municipales, comme on pouvait s’y attendre a ravivé les tensions à l’intérieur, pour empêcher Le Président Jean-François Copé d’en tirer trop profit. Le dossier du financement a été relancé opportunément par le Nouvel Obs, afin de mettre de l’huile sur le feu et les journalistes se sont concentrés là-dessus chaque fois qu’il a été possible, ce qui a rarement permis de parler de la campagne et du projet  européen. Nombre de militants m’ont fait part de leur agacement du comportement de François Fillon qui vendredi dernier soufflait encore sur les braises pour se transformer en sauveur du « rassemblement » dimanche soir, jouant ainsi le rôle du pompier pyromane. On lui dira que n’est pas De Gaulle qui veut, et que plus de la moitié des adhérents n’est pas prête à le suivre. De toute façon, malheur à celui qui cassera la maison ! La sagesse voudrait, dans le contexte actuel, qui est une belle piqûre de rappel de 2002, qu’on recherche l’union plutôt que la division. Tout cela a découragé nos électeurs qui ont boudé le scrutin... Constater qu’ en ajoutant au 20% obtenus les 10% de l’UDI-Modem, le résultat est comparable au 29% réalisés au précédent scrutin avec une liste UMP-Nouveau Centre, est une bien maigre consolation. Avec son statut de premier parti d’opposition, en tant que force structurée, l’UMP aurait dû faire plus de voix. Il est urgent de mettre de l'ordre dans la maison quoi qu'il en coûte aux uns ou aux autres.

La déroute de la Majorité présidentielle

Les électeurs de gauche se sentent bafoués et ils l’ont fait savoir au pouvoir en s’abstenant massivement d’aller voter. Quelques socialistes sont allés alimenter les listes vertes, mais sans grand succès. La campagne de Manuel Valls s’est époumonée dans le désert. Il a au moins le courage de reconnaître la défaite et de l’assumer. Au moins, lui, il a un peu d’élégance. La figure marquante du PS, en cette soirée électorale, en dehors des visages fermés sur les plateaux et des sanglots de Mélenchon, aura été l’apparition effarante du nouveau Premier Secrétaire : les Français ont découvert qu’on avait remplacé un ectoplasme par un bouledogue ! Décidément, la reconquête sera dure.

« L’alternative » n’en est pas une

Avec seulement 10% des exprimés, le rassemblement UDI-Modem, qui a pourtant assumé une campagne de conviction clairement fédéraliste, aux arguments souvent convaincants, n’a pas réussi son pari. Si on ramène aux inscrits, on s’aperçoit que le centre campe sur la même représentativité. On remarquera les scores intéressants dans la grande région Ouest, bastion traditionnel naguère des Chrétiens Démocrates, que le PS avait réussi à capter. S’agit-il d’un début de retour au bercail de cet électorat ? Si c’était le cas, ce serait une bonne nouvelle. En attendant, « l’Alternative » ne fait pas le poids.

Quant aux petites listes, excusez-moi, mais on aurait pu s’en passer.

Il reste que malgré tout, certains ne vont pas se priver de ces résultats tronqués et déformés par l’abstention pour alimenter le bal des prétentions.

Un terrain de manœuvre dégagé

Ainsi Hollande a le terrain dégagé pour manœuvrer. On peut donc s’attendre au pire !  Il va jouer de la dramatisation et le PS en ruine ne va pas pouvoir s’opposer à ses projets, avec la menace d’une dissolution implicite en cas d’indiscipline. Il va vouloir activer la réforme territoriale, pour empêcher l’UMP de rafler les Régions en appliquant le même scénario : élection à la proportionnelle et vote des étrangers en chiffon rouge pour faire monter la mayonnaise FN… On peut parier qu’il  va du même coup changer les modalités d’élection de l’Assemblée nationale par l’introduction de la proportionnelle dans la désignation des députés, rendant tout majorité absolue impossible. C’est sur ce champ de ruines qu’il compte bâtir sa victoire en 2017. Une victoire à la Pyrrhus !

Il y a un antidote à ce scénario noir 

Que l’opposition joue plus fin que lui et reprenne la leçon de 2002. C’est pour faire barrage au FN qu’on avait créé l’UMP, rassemblant la droite et le centre. Sans imposer aux transfuges de revenir à la maison, évitons au mois de finir de la démolir et faisons pour les prochaines échéances une plate-forme commune avec les centristes !

 


L’EUROPE MERITE MIEUX QU’UN VOTE DEFOULOIR

 

  Européennes campagne 2014


Cette campagne décidément trop courte n’aura pas permis d’aborder les vrais enjeux de l’élection de dimanche. Toutes les conditions sont réunies pour qu’en France, comme dans d’autres pays de l’Union, les électeurs se réfugient dans l’abstention ou le vote de punition. Punition, non pas de l’Europe, dont la plupart ne savent pas comment elle fonctionne, mais des gouvernants, des politiques, des responsables de tout poil…

Pire, beaucoup d’entre eux ne savent même pas qu’il y a une élection dimanche, et quand ils le savent, ils n’ont pas compris qu’il n’y a qu’un tour ou sont submergés par le nombre incroyable de listes, dont beaucoup ne sont même pas identifiables, faute d’affiche sur les panneaux, de circulaires dans les enveloppes officielles, voire même de bulletin de vote qu’il faudrait aller chercher sur internet… De quoi semer le trouble et la confusion et renforcer encore le discrédit de la consultation.

Et pourtant, voter dimanche est important. Je ne cherchera pas à convaincre ceux qui s’apprêtent à voter Le Pen de ne pas le faire. Leur comportement échappe au rationnel et ils n’écouteront pas.

Au moins quatre raisons de voter. Moi, j’irai voter.


Europe circonscriptions001Parce que le parlement européen est la seule institution de l’Union européenne à être directement élue par les citoyens
. C’est une des plus grandes assemblées démocratiques avec 751 députés (nombre défini par le traité de Lisbonne) choisis tous les 5 ans par près de 400 millions d’électeurs. En France ils sont élus à la proportionnelle au prorata du score obtenu par chaque parti politique sur la base d’un scrutin de listes. En France, il y a huit eurocirconscriptions. Les 751 sièges sont répartis entre les états membres en fonction de leur population : la France élit 74 députés. Avec le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen adopte la majorité des textes législatifs et le budget européen. Son pouvoir s’étend à de nombreux domaines comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, les transports, la santé publique et la justice. Il approuve les accords internationaux négociés par l’UE. Il aura donc a voter le traité transatlantique ! Le Parlement exerce aussi un contrôle politique sur la Commission européenne.

Parce que le Parlement européen vote des législations qui touchent notre quotidien. Environ 1/3 des législations et des ordonnances appliquées en France sont issues de textes européens. Cette proportion dépasse 50% dans certains secteurs comme la pêche, l’économie et l’écologie. Le Parlement européen est à l’origine de progrès significatifs en matière d’efficacité énergétique, de protection des victimes, d’emploi avec le FSE et la « garantie pour la jeunesse », d’éduction avec le programme Erasmus, de protection bancaire avec l’union bancaire.

Parce que je peux choisir un projet politique pour l’Europe.

En effet, les députés Europe parlement001européens se regroupent non par nationalités mais par sensibilités politiques. Il y a sept groupes politiques. Choisir un candidat, c’est décider d’avoir un impact sur les législations adoptées. Le Parlement compte 20 commissions permanentes qui sont le lieu des négociations et des accords politiques. Si je vote UMP, c’est parce que je souhaite que le PPE (Parti Populaire européen) qui regroupe les députés de droite et du centre, continue d’être dominant et parce que ses députés travaillent assidûment, comme Alain Cadec, tête de liste pour l’Ouest, classé parmi les 10 premiers députés de l’assemblée.

Europe institutions001Parce que mon vote contribuera à désigner le prochain président de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne a créé un lien direct entre le résultat de l’élection et le choix du candidat à la présidence de la Commission, qui est en quelque sorte l’exécutif de l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui proposent un candidat, mais ils doivent tenir compte du résultat démocratique. Les députés valideront le choix OU NON après avoir auditionné ce candidat. Mais le Parlement influence aussi la composition de l’ensemble exécutif européen.

Voilà quatre bonnes raisons d’aller voter.

En plus, en me déplaçant, j’ai conscience d’appartenir à un ensemble unique dans le monde de 28 pays qui ont décidé de joindre leur destin pacifiquement. C’est souvent difficile à 28, il y a certainement des progrès à faire dans le fonctionnement, mais nous devrions avoir davantage conscience que cette construction nous dépasse, nous permet de compter dans le monde et surtout qu’elle défend, malgré tous ses défauts, une civilisation, un art de vivre, uniques au monde.

Européennes 14