HISTOIRE
PETITE CHRONIQUE DE LA DESERTIFICATION MEDICALE…
LA CHIENLIT, C’EST MAINTENANT !

BREXIT, TU M’EXCITES !

Brexit

Voir sortir les godons de l’Union, pour le quidam hexagonal qui ne leur a toujours pas pardonné d’avoir brûlé Jeanne, c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le temps qu’ils nous cassent les pieds avec leurs demandes extravagantes pour ne pas faire comme tout le monde, au moins sans eux, on vivra heureux !  Voire… Ce discours, c’est celui du chauvinisme « béret-baguette-pinard », avec en plus : « Ils roulent à gauche ». Argument définitif ! La raison nous dit tout autre chose.

Le pari dangereux de Cameron.

La date du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne se rapproche : il aura lieu le 23 juin prochain. Ce jour-là, les citoyens britanniques décideront de rester ou non dans l’Union. Beaucoup d’entre eux sont tentés par ce qu’ils appellent le « Brexit ». La sortie n’est donc pas une hypothèse à prendre à la légère. Mais surtout pour eux. Car aucun argument rationnel ne la justifie, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Toutes les études, quel que soit l’origine, soulignent les conséquences économiques très défavorables au Royaume-Uni dont l’impact négatif est évalué entre 3% et 8% du PIB. Le coût sera la conséquence de barrières commerciales plus élevées, une baisse des investissements directs étrangers, un impact sur la Livre Sterling, sans parler de l’incertitude causée par la longue période intermédiaire de transition post-Brexit. En outre, bien que le Royaume-Uni n’ait pas rejoint la zone euro, Londres reste la place financière de l’Europe, statut que la capitale britannique perdra. Il faudra probablement un nouvel accord commercial avec l’Union européenne qui ne se fera pas sans contreparties coûteuses pour le sortant. Ainsi les Britanniques supporteront le coût de l’Europe s’ils veulent maintenir leurs échanges, sans être à la table des décisions. En face, le seul avantage bien maigre sera l’économie de la contribution nette au budget de l’Union européenne. Un pari dangereux pris par Cameron quand on sait que les échanges extérieurs du Royaume-Uni sont liés pour près de 50% à l’Europe, son premier partenaire commercial ! Son gouvernement se trouvera contraint à des politiques d’ajustement brutal pour rétablir ses comptes extérieurs. Cela ressemble à un suicide politique. D’autant plus que les entreprises installées en Angleterre, qui exercent souvent des métiers mondiaux et ont fait de ce pays une base d’exportation vers l’Europe comme l’automobile, seraient tentées de se délocaliser pour des territoires plus compatibles avec l’immense marché de 500 millions d’habitants, de surcroit stable grâce à la monnaie unique. Vouloir quitter la première zone économique du monde est donc un non-sens.

De plus en plus de Britanniques prennent conscience de ces enjeux.

Un ancien haut fonctionnaire a lancé la semaine dernière un avertissement aux électeurs britanniques : s’ils choisissent de quitter l’Union européenne, le processus de sortie sera long et compliqué. En effet, le traité de Lisbonne prévoit une période minimale de deux ans de transition si un Etat-membre décide de quitter le groupe des Vingt-Huit. Mais pour Gus O’Donnell, qui a dirigé l’administration britannique sous trois premiers ministres entre 2005 et 2011, il est « hautement improbable » que ce délai soit tenu. Londres devra négocier son accès au marché unique européen, ses relations futures avec l’UE et tous ses traités commerciaux avec les pays tiers. Le gouvernement Cameron qui s’est engagé pour le maintien dans l’Union, a estimé qu’une période de dix ans serait nécessaire pour cette vaste remise à plat. Dans l’intervalle, le pays passerait par deux élections législatives et donc, potentiellement, deux changements de gouvernement, ce qui ne faciliterait pas les choses. Sans compter que les autres Etats-membres, à commencer par l’Allemagne et la France, n’auraient pas intérêt à faciliter la tâche du pays sortant, car ils sont eux-mêmes confrontés à la montée de mouvements anti-européens. Et la règle impose qu’à la fin de la période de deux ans, tout ce qui n’aura pas été négocié devra être prorogé par un vote unanime de tous les autres Etats-membres sauf le sortant ! Effrayant, n’est-il pas ?

Cependant, les dés ne sont pas encore jetés.

La campagne anti-Europe va s’intensifier en Grande-Bretagne où les populistes ne manqueront pas de décrire l’Union sous des traits désavantageux, comme ils n’ont cessé de le faire depuis des années, avec l’aide d’une presse « tabloïd » qui n’en est pas à une outrance près. Ils ne se rendent pas compte que pour le reste de l’Europe, l’enjeu strictement économique est bien plus faible en raison des tailles relatives : l’Union européenne est plus importante pour le Royaume-Uni que l’inverse. Les conséquences économiques éventuelles seraient diluées en termes de croissance et d’échanges, à l’échelle du continent. D’ailleurs les pays européens ne cessent de mettre les Anglais en garde contre un choix historique qu’ils jugent désastreux, moins pour l’Union elle-même que pour la Grande-Bretagne.

Pour l’Europe, l’enjeu est surtout politique.

Le débat sur le Brexit porte en germe le risque d’un retour en arrière de la construction européenne et d’une fragmentation. La sortie du Royaume-Uni serait un symbole dévastateur pour l’avenir du projet européen. Au-delà du rêve,  c’est la force de frappe que représente l’Union pour relever les défis de demain, dans le domaine numérique ou de la propriété intellectuelle, face aux Etats-Unis et à la Chine, qui sera entamée. Et face au terrorisme, comme les attaques dramatiques de Bruxelles viennent de le souligner, l’Europe a davantage besoin de se renforcer que de se désunir. Mais ce peut être aussi une fantastique occasion de rebondir : une nouvelle étape d’approfondissement de la construction européenne pourrait s’ouvrir sous l’impulsion forte d’un couple franco-allemand raffermi.

Un autre contre-exemple pour les souverainistes.

Enfin, ceux qui, chez nous, devraient ouvrir les yeux, ce sont les souverainistes, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen en passant par Mélenchon. Eux qui persistent dans leurs programmes anti-euro, anti-Europe, le Brexit pourrait être une belle occasion de leur montrer les conséquences négatives d’une rupture de la France avec l’Union. Un peu comme pour la Grèce et Tsipras dont ils chantaient les louanges et tressaient les lauriers. Si on ne tient pas à ce que le Front national continue à s’adjuger chaque année une part plus grande de l’électorat, il est important de rappeler à quoi la famille Le Pen nous exposerait si, une fois à la tête de l’Etat, elle prenait le risque d’une rupture aussi périlleuse.

Le Brexit n’est pas fait.

Un sondage indique que 62 % des Européens sont hostiles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et montre qu’une majorité d’entre-eux reste favorable au maintien de l’euro. L’enquête a été conduite dans cinq pays européens : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Il indique aussi que les Britanniques souhaitent à 55% le maintien de leur pays dans l’Union et que les Français se prononcent de la même manière, à 54%. C’est un bon présage pour David Cameron qui réussit donc à faire entendre sa voix.  La perspective consternante d’un départ du Royaume-Uni semble s’éloigner. On a bien compris qu’une rupture avec l’EU serait catastrophique pour les Britanniques, surtout que l’Écosse, dans ce cas de figure, n’hésiterait plus à se déclarer indépendante afin de maintenir ses liens économiques avec l’Europe.

Il faut donc marteler les faits et les arguments rationnels.

Il ne faut pas que le débat reste sur le seul plan émotionnel. Le Brexit, qui permettrait soi-disant au Royaume-Uni de mieux profiter du libre-échange avec d’autres zones et de se libérer de la bureaucratie bruxelloise, plus que jamais, est une illusion ! Puisse Cameron se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est fourré. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 

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