HISTOIRE
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SUR L’ESSENCE DIVINE DE JESUS…

Jésus l'enquête 2

 

A quelques jours de Noël, voilà un sujet qui mérite d’être abordé.

Jean STAUNE, philosophe des sciences et prospectiviste, dans un livre étonnant, propose une vision renouvelée  de l’Evangile de Saint-Jean. Analysant les propos du Christ rapportés par  l’apôtre, à la lumière de  la  physique quantique, ceux-ci montreraient qu’il n’est pas seulement un homme mais  l’incarnation de celui qui est à l’origine de notre Univers ! Ainsi,  les derniers progrès de la science donneraient une crédibilité nouvelle à cette conception  du dieu fait homme qui a pu paraître absurde à beaucoup pendant deux mille ans. Guillaume Roquette a interviewé l’auteur, Je vais essayer de vous en faire partager l’essentiel, à défaut de lire le livre.

Une enquête sur Jésus.

D’abord, l’auteur tranche dans le débat sur les évangiles en faveur de celui de Jean qu’il  affirme être le plus fiable  et le seul écrit par un témoin direct de l’enseignement de Jésus, ce que n’étaient pas Marc, Luc et  Matthieu. Pour lui, Jean était le fils spirituel du Christ, bien qu’il  n’ait jamais fait partie des 12 apôtres. Il ressort de l’évangile de Jean une particularité qu’on ne retrouve pas  dans les autres textes : Jésus y tient des propos qui peuvent paraître aberrants à un non-croyant. Ainsi il affirme qu’il existait avant la création du monde, qu’il peut donner la vie à qui il veut, qu’il est la seule voie que l’on peut emprunter pour aller au ciel… Cet Evangile nous donne la vision la plus exacte de ce que Jésus a enseigné et a dit lui-même.

L’apport de la physique quantique et de la technologie des hologrammes.

Jean Staune nous embarque dans son cheminement qui implique, pour comprendre la vraie nature de Jésus, de faire appel  à des concepts de la physique du XXème siècle. Quand Jésus nous dit : « Qui m’a vu a vu le  Père, moi et le Père nous sommes un » et « Le Père est plus grand que  moi », Jean, le fameux « disciple que Jésus aimait » avait tout compris, ce qui pour nous ne peut se comprendre qu’avec un concept comme celui de l’hologramme. Je vous passe les détails techniques de la démonstration, c’est un peu comme  Polnareff au piano qui joue pendant que son hologramme  le représentant quand il avait trente ans, sur la scène, chante en même temps.  De même, l’idée qui peut paraître absurde qu’on pourrait être à la fois « Homme et Dieu », devient réaliste avec la notion de dualité en physique quantique. Celle-ci explique en effet, que les fondements des objets sont en même temps des ondes et des particules, soit deux états complètement contradictoires, et pourtant ce sont réellement les composants de notre corps et du monde qui nous entourent. L’auteur emprunte à Bernard d’Espagnat l’illustration de notre monde d’après la physique quantique avec l’image de la caverne de Platon : ce que nous prenons pour la réalité serait en fait des ombres projetées depuis un autre niveau de réalité plus profond. Ce niveau de réalité au-delà du temps, de l’espace, de l’énergie et de la matière, d’autres  physiciens ont affirmé qu’il y avait justement une structure holographique…

Jésus et l’éternité.

Conséquence logique de ce que le Christ dit lui-même : IL existe avant  la création du monde… Il est  le « tunnel » qui permet de passer de ce monde où nous sommes au monde véritable. C’est la seule voie possible pour sortir de la caverne de Platon. Il y a plus de  4 000 ans, les Egyptiens avaient prévu dans les moindres détails ce qui allait être l’incarnation de Jésus sous le nom d’Osiris. D’autres civilisations ont également eu cette intuition. Un archétype universel en quelque sorte. Jésus serait donc dans notre Univers quelque chose d’aussi fondamental que la gravitation et la vitesse de la lumière.

Les rapports avec les dogmes de l’Eglise catholique.

La seule chose qui peut poser problème ce  sont les textes  mystiques qui ne sont connus que par quelques centaines de  personnes sur terre, ceux qui sont « nés de l’Esprit »,  selon l’enseignement de Jésus et qui forment la véritable « communion des saints » au-delà de tous les dogmes et de toutes les Eglises constituées. Jean Staune cite à l’appui de sa démonstration le cas du Padre Pio, prêtre capucin mort en 1968 et canonisé en 2002,  qui a guéri des aveugles de naissance et fait bien d’autres miracles… Nous sommes tous potentiellement capables de faire ce qu’il a fait. Encore faut-il avoir le « code source ». On peut être totalement fidèle à l’Eglise tout en affirmant qu’elle n’est pas le fin mot de l’Histoire. Une manière de répondre à la quête de sens d’une très grande majorité de nos contemporains.

Matrix et la physique quantique nous aident à comprendre qui est vraiment Jésus, ce nouveau-né au fond d’une crèche de Galilée, que nous célébrerons dans la nuit du 24 au 25 décembre.

« Jésus, l’enquête » de Jean Staune, Plon.

Interview de Guillaume Roquette, Le Figaro magazine du 11 novembre 2022.

 


LES MIRAGES DE NOS GOUVERNANTS

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Nous vivons une époque fantastique.

Nos gouvernants et leurs propagandistes vivent dans un monde parallèle dont de trop nombreux médias font la promotion. C’est un monde fait de croyances parfois fort naïves, reposant sur un socle désormais bien planté : la facilité partout pour éviter l’effort. On s’étonnera ensuite que ce monde ne coïncide  pas avec la réalité d’un pays endetté jusqu’au cou, dont la  désindustrialisation se paie au prix fort, incapable  de réduire ses dépenses et donc ses déficits, s’entêtant dans la politique de la  planche à billets à l’abri, peut-être de plus en plus précaire, du parapluie de l’Euro.

Le premier mirage est celui de la dette inoffensive.

 Ainsi, d’aucuns continuent d’affirmer qu’une dette élevée ne posera jamais de problème. D’autres qu’on ne la remboursera jamais.  Aussi, le gouvernement s’apprête-t-il à lever encore  270 milliards d’euros d’emprunts en 2023, alors que nous sommes à 3 000 milliards d’en cours, tout en tenant un discours opposé  de retour à la rigueur. La vérité c’est que la dette, nous la remboursons en permanence,  elle « roule » comme on dit, et pèse toujours plus sur nos marges de manœuvres économiques et financières, d’autant  plus que la remontée des taux est là et risque de  s’accentuer, nous étranglant encore un peu plus. Le risque est « minime » puisque c’est la banqueroute qui nous guette comme au temps des assignats.

Le deuxième mirage, c’est celui d'une désindustrialisation anodine.

Merci Strauss Kahn,  mais pas que. Mais c’est bien lui qui en décrétant les 35 heures sur un coin de table du café du commerce a engagé le mouvement du grand déménagement des « délocalisations » de nos industries vers  l’Asie, au début des années 80, pronostiquant le grand remplacement par le « super tertiaire ». La désindustrialisation ne devait pas être un drame puisque les  services faisaient l’affaire. La  France  a perdu ainsi un bon tiers de son industrie qui nous manque cruellement aujourd’hui. Et réindustrialiser ne sera pas simple quand  le manque de capitaux pour investir est patent, anémiés qu’ils sont par les charges qui  pèsent sur la création de richesse : conf. La dette et ce qui suit…

Le troisième mirage est celui d'un déficit commercial bénin.

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre d’où il vient : on ne produit plus grand-chose et nos entreprises ont perdu en compétitivité malgré les béquilles fiscales laborieusement  mises en place par Hollande et Macron. Résultat, notre balance commerciale n’a cessé de se creuser depuis dix ans, atteignant ces temps derniers des records. Mais il paraît que c’est normal et que nous regagnons du terrain. Tu parles !

Le quatrième mirage est celui de déficits publics habituels .

Avoir des dépenses publiques représentant 60% du PIB n’est pas inquiétant, d’après nos technocrates, aussi compétents en la matière que pour le nucléaire. Cette situation explique pourtant largement la perte de compétitivité de nos entreprises. Les crédits d’impôts qu’on leur octroie ne sont que cautères sur jambes de bois. Le  goût prononcé de nos gouvernants pour « l’Etat nounou », grand dispensateur de pouvoir d’achat à crédit aux ménages et « stratège » en matière d’investissements, nous a conduits là où nous en sommes : des entreprises incapables d’augmenter les salaires, qui investissent insuffisamment dans l’innovation, avec pour résultat une chute vertigineuse de la richesse par habitant (PIB) qui nous classe en 2022 au 28ème rang des pays développés avec 44 770 $ (Allemagne 58 150, R.U. 48 693). Et la gabegie continue. Le FMI vient de mettre en garde la France sur la dérive dangereuse de sa dette alors que nous ne sommes pas encore sortis de la folie dépensière, comme en témoigne les « chèques » annoncés pour le début  de l’année à certaines catégories  de Français. Pourtant, nos pilotes ont tous les indicateurs souhaitables à leur disposition  avec les Chambres régionales des comptes, la Cour des Comptes et les rapports de la Banque de France.

Le cinquième mirage est celui de la planche à billets facile .

Combler la panne d’investissement et de production par la création monétaire était sage, soi-disant, alors qu’elle  est à  l’origine de l’inflation et crée des bulles. La fin du « quantitative easing » avec le resserrement des rachats par la BCE va probablement permettre de mettre un terme à la glissade expansive de  la monnaie. Mais ce sera moins de facilité pour le gouvernement qui va devoir faire sans… Le programme pour 2023 est relativement simple : ce sera récession et décrue de l’inflation.

La réalité finit toujours par s’imposer. On aimerait un réveil en douceur et  des gouvernants qui prennent les  problèmes à bras-le-corps. Les solutions existent. S’ils manquent d’idées ils peuvent toujours lire  la double interview de Philippe Aghion et de Jean Tirole aujourd’hui dans le Figaro, qui traitent justement de ces sujets !

 

 


FACE A UNE GUERRE SAINTE

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La philosophe Sylviane Agacinski est une voix singulière dans le paysage intellectuel français. Elle sait aller à la racine des sujets qu’elle traite avec le souci permanent de l’honnêteté intellectuelle. Dans son dernier livre « Face à une guerre sainte »,  la philosophe aborde un sujet, sur lequel elle avait toujours eu des positions discrètes: la question de l’islam.

Deux attachements vitaux.

Dans ce livre aux accents personnels, elle confesse deux attachements vitaux. D’abord son « attachement à la France et son angoisse de la voir déchirée». Fils d’un père polonais arrivé en France pour être boiseur dans les mines, celui-ci est tombé amoureux de la langue française grâce à l’école communale : « Il a échangé les rois de Pologne pour les rois de France», confesse-t-elle joliment, exprimant son admiration pour ce modèle d’intégration dont elle est l’héritière. « Je n’ai pas souvenir qu’on nous ait fait réciter nos ancêtres les Gaulois, mais cette formule n’est pas si sotte si on veut bien considérer que la référence à des ancêtres communs prend un sens ici éminemment symbolique. ». Son deuxième attachement est son souci de la liberté des femmes et de leur égalité avec les hommes, souci féministe qu’elle voit menacé par l’islamisme et l’assujettissement de la femme qu’il porte comme un projet politico-religieux, un véritable patriarcat que beaucoup ne veulent pas voir. Sylviane Agacinki avoue sa propre évolution sur le sujet. En 1989, lors de l’affaire du voile de Creil, première grande polémique nationale sur le sujet, elle ne faisait pas partie de ces intellectuels qui, comme Élisabeth Badinter, Régis Debray ou Alain Finkielkraut, dénonçaient un « Munich de l’école républicaine ». Elle a d’abord pensé que « l’impératif majeur était l’instruction de quelques filles rebelles ». Mais elle a fini par se rendre à l’évidence, et reconnaît que la prescription du foulard était l’effet direct de la pression des mouvements islamistes et n’hésite pas à affirmer aujourd’hui : « Le voile devrait être considéré en tout premier lieu comme un emblème politique ».

L’Islamophobie.

Elle analyse ensuite l’instrumentalisation de l’islamophobie par les islamistes. Elle relève comment ces derniers utilisent la CEDH, Cour européenne des droits de l’homme, pour justifier le voilement au nom de la liberté individuelle, prônant une forme de « liberté de se soumettre », ce qu’elle appelle le paradoxe de Martine, du nom de l’héroïne de Molière qui dans Le Médecin malgré lui s’exclame : « Et s’il me plaît d’être battue ? ». Mais on est loin du comique de Molière. Elle dénonce les féministes occidentales, qui, telle Christine Delphy, se font complices de cette exploitation stratégique des droits de l’homme par le prosélytisme islamiste, par un retournement rhétorique par lequel l’abolition d’une pratique essentiellement sexiste qui sépare et discerne les femmes se trouve transformée en acte de discrimination et d’exclusion.

L’école républicaine.

Elle se veut aussi inflexible sur la défense de l’école républicaine. Défenseuse de la laïcité, Sylviane Agacinski ne s’enferre pas pour autant dans le laïcardisme, n’ayant pas de mépris pour le fait religieux. Mais elle se refuse à céder à la mode, inspirée de penseurs anglo-saxons, appuyant l’exclusion d’une culture commune au profit d’une « constellation post-nationale ». Examinant l’alternative entre assimilation et intégration, sa conviction est qu’il lui paraît impossible de déchirer ce qui lie la communauté politique à la communauté culturelle, c’est-à-dire la nation historique. 

Quel universalisme ?

Et elle en vient à examiner le principe d’universalisme, autre totem porté par la France. Contrairement au think tank Terra Nova, fervent défenseur des « minorités » plus que des salariés et partisan de la discrimination positive, Sylviane Agacinski défend l’« universalisme ». Mais de la même manière qu’on ne peut pas séparer l’âme du corps, on ne peut pas promouvoir un universalisme abstrait, désincarné, aussi froid que les murailles du Panthéon, constatant que « Les communautés humaines ne sont ni purement spirituelles, ni purement rationnelles». De même, elle est sévère avec l’« universalisme utopique et désincarné » de Jürgen Habermas, qui participe selon elle de « l’évidement de la nation comme entité historique ».

Par ce livre, Sylviane Agacinski s’inscrit dans le sillage d’un mouvement profond de l’intelligentsia française, qui a vu progressivement une partie de la gauche se réveiller face aux mirages du multiculturalisme. Avant elle, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Pascal Bruckner furent traités de réactionnaires pour avoir ouvert les yeux. Sa réflexion nous propose de redécouvrir la définition d'un certain nombre de principes et de valeurs qui fondent notre République, dans leur confrontation à une réalité parfois hostile. 

Le retour du religieux sous la forme de la guerre sainte islamiste était inattendu pour des intellectuels européens. Elle nous oblige à définir qui nous sommes. Sylviane Agacinski s’attelle à la tâche avec brio.

FACE A UNE GUERRE SAINTE, Sylviane Agacinski, Editions du Seuil


LE POISON DU BREXIT

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Depuis le  Brexit, rien ne va plus pour le Royaume-Uni.

La  Grande Bretagne s’enfonce  dans la récession et la pauvreté à  l’ombre « glorieuse » de son drapeau. Depuis le Brexit, rien ne va  plus. Les rivalités internes des Conservateurs ont d’abord sapé la tâche de Theresa May jusqu’à la faire démissionner pour laisser la place à Boris Johnson afin de négocier fermement avec l’Union européenne le  Brexit. Il ne savait pas qu’il quitterait le  10 Downing Street piteusement, remplacé par une Lizz Truss plus éphémère que jamais  et finalement mettre en place Rishi Sunak pour sauver ce qui pouvait l’être. De quoi donner le tournis. Sans pour autant que le Royaume-Uni soit sorti d’affaire. En cause, la crise sanitaire et la  conjoncture internationale que tous les pays ont dû ou doivent affronter, et en plus le Brexit dont la classe dirigeante au pouvoir ne veut toujours pas admettre les effets venimeux.

Tout ce qu’il ne faut pas faire.

Et, en la matière, nos voisins d’outre Manche sont devenus un laboratoire expérimental de tout ce qu’il ne faut pas faire. Leur principale qualité étant le pragmatisme, ils reculent avec méthode, en se vantant d’avancer. La  recette est  simple :  un discours interne complètement décalé  digne de  la méthode Coué,  affirmant que le Royaume n’aurait plus jamais à accepter une relation avec l’Europe et des paiements inutiles à lui faire au profit des avantages que procurent les accords commerciaux dans le monde entier… Un pays financiarisé dont l’économie a  été dépouillée consciencieusement de son appareil productif sur lequel on applique une politique sociale d’un système très libéral. De quoi provoquer un sourd  mécontentement dont Lizz Truss fera d’ailleurs les frais avec sa provocante baisse des impôts. Bref, tout va aller mieux : il suffit de plaquer sur ce  paysage un discours populiste : « si des pauvres gens atteints de cancers  devaient attendre six mois pour avoir un rendez-vous, c’était à cause de l’Europe qui pompait terriblement la pauvre Albion au point qu’elle  n’avait plus les moyens de se payer des hôpitaux. » 

Une autre histoire que celle des  Brexiters.

Les  milieux d’affaires, eux, sont  plus que dubitatifs, s’appuyant sur la réalité des chiffres qui racontent  une autre histoire. D’abord l’investissement des entreprises qui a incontestablement encaissé le choc de la sortie de l’Union européenne, à 9,2% en dessous de ce qu’il était fin 2019.  Une faiblesse  attribuable au Brexit. A cet égard, la courbe de l’investissement des dix dernières années est éloquente : elle grimpe jusqu’au referendum de juin 2016, stagne sur plusieurs années avant de connaître un trou d’air avant la pandémie, avec un manque à gagner de 58 milliards de livres. L’accord commercial signé fin décembre avec l’UE aurait dû clarifier l’horizon  pour les industriels mais la crise du Covid,  particulièrement mal gérée par Bojo, est venu s’ajouter aux difficultés. Les perturbations logistiques liées à la fois au Brexit et au Covid ont conduit nombre d’entreprises à reporter  leurs investissements, malgré l’amortissement exceptionnel sur deux ans mis en place  par le gouvernement.

Les dégâts du populisme.

Le  décor était planté pour la montée en première ligne d’un populiste. Le  cas  Johnson est exemplaire ! Malgré son bagou et ses coups d’éclat, l’interminable litanie des scandales et des  mensonges qui lui sont propres, la  cause profonde de son échec tient dans le fait qu’il laisse son pays durablement affaibli et divisé. Et s’il a été l’homme du Brexit, il est aussi celui qui n’a jamais cessé de chercher à en occulter les conséquences désastreuses. Avec une gestion à son image : erratique et imprévisible, alternant lourdes erreurs et improvisations brillantes, prisant les coups médiatiques sans souci de cohérence ou de responsabilité. Michel Barnier avait parlé de méthodes de « flibustier ». Le même militant sans complexe pour l’adhésion rapide  de l’Ukraine à l’Union européenne alors qu’il n’a eu de cesse de voir le Royaume-Uni la quitter.  Loin des mirages du projet Global Britain qui devait concurrencer victorieusement l’Union, Johnson laisse en héritage une économie dans la tourmente. Et le comble : la place financière de Paris arrive désormais devant celle de Londres !

Une récession de  deux  ans menace le Royaume-Uni. 

La montée des risques qui pèsent sur les britanniques est indissociable de son incapacité à surmonter  le choc du Brexit. Faute de volonté et de préparation, ils  ne tiennent aucun de leurs engagements vis-à-vis de l’Union, ce qui empoissonne les relations avec son  premier partenaire. Les contentieux se multiplient sans fin, des vaccins au statut douanier de l’Irlande du Nord, les  droits de pêches, les flux de migrants, la régulation financière avec à la clé le risque d’une guerre commerciale destructrice. L’augmentation des prix et la spirale inflationniste des salaires ont débuté avec la chute des importations et la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de la santé et des services, résultat du départ de plus d’un million de travailleurs européens. Donc, il ne faut pas  s’étonner  si le  royaume est entré en récession et n’en sortira pas avant la mi-2024, ce qui pourrait amputer le  PIB de près de 3%  selon la Banque d’Angleterre. Avec  un inflation à 10% et un moindre soutien du pouvoir d’achat que ses voisins, le  Royaume-Uni se trouve dans une situation économique difficile, et doit faire face à des taux d’intérêts qui grimpent, augmentant les craintes de récession. D’ailleurs la  Cour des comptes a  estimé que la  dette publique britannique suivait « une trajectoire  insoutenable ». Qu’il s’agisse de la hausse des prix et de la pénurie  de main d’œuvre, nombre d’économistes conviennent désormais que le Brexit est en cause.

Le déni n’arrange rien.

Si Rishi Sunak reste dans le déni en affirmant : « le Brexit peut apporter et apporte déjà d’importants bénéfices et opportunités  pour le pays »,  l’organisme officiel  des prévisions économiques (OBR)  a estimé que « le Brexit  a eu un impact négatif important » sur les échanges commerciaux du pays.  L’OCDE a enfoncé le clou, avançant que l’économie britannique devrait être la moins performante des pays du G20  au cours des deux  prochaines années, estimant que l’ajustement économique en cours (le Brexit) avait aggravé les  problèmes vus ailleurs en Europe., et les  préoccupations de longue date concernant la faible croissance de la productivité du pays. D’ailleurs  dans les sphères politiques et économiques, on ne masque plus le désappointement et l’inquiétude. Selon un sondage Yougov 56% des britanniques estiment maintenant que le Brexit était une erreur contre 32% pensant que c’était le  bon choix. Pas étonnant alors que le ministre des Finances, Jeremy Hunt présente un budget avec un tour de vis de 54 milliards de Livres, dont 24 milliards de hausses d’impôts, un coup de massue justifié par la dégradation des perspectives budgétaires.

La situation n’est donc pas près de s’arranger dans une Grande-Bretagne qui  pourrait devenir petite en perdant à terme l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, sans pouvoir se raccrocher à un  Commonwealth de moins en moins « Common » et de moins en moins « wealth » ! Et on ne nous fera pas croire qu'il est facile de prospérer en tournant le dos à un marché de 400 millions d'individus, qui plus est, situé à sa porte   !

Global but "Small" Britain !

En corollaire, doit-on s’attendre à une vague migratoire d’Anglais encore un  peu fortunés vers les campagnes françaises qui restent toujours deux fois moins chères que la Cornouaille… C’est aussi une sacrée leçon pour nos populistes locaux. Il va falloir qu’ils remisent au placard leurs vieux thèmes antieuropéens. A moins qu’ils ne fassent comme Méloni, qu’ils oublient leur programme une fois élus  …

 


CROISSANCE ET INFLATION POUR LES NULS

Croissance économique

 

On le voit, l'inflation est et demeure le facteur essentiel pour l'économie et pour les marchés.

L’inflation, qu’il faut faire reculer !

L'inflation en zone euro a reculé au mois de novembre. C'est une première depuis 17 mois. Certes, le chiffre reste élevé, très élevé même puisqu'il s'affiche à 10%. Mais nous venons de 10,6%, un record, en octobre, et les prévisionnistes n'attendaient qu'une baisse à 10,4%. Depuis quelques mois nous attendons de savoir si le pic d'inflation est derrière nous. Nous avons eu une première confirmation il y a quelques jours avec un chiffre d'inflation en baisse aux États-Unis. En Europe, la décrue semble avoir commencé aussi et cela met du baume aux cœurs des investisseurs. Cette décrue est alimentée par la baisse du prix de l'énergie, pétrole et gaz en tête, et une baisse des matières premières alimentaires. La route jusqu'aux 2% d'inflation sera longue mais la détérioration rapide de la croissance européenne va accélérer cette décrue.

L’œil sur les Etats-Unis.

Et en particulier sur l’inflation qui sévit aux États-Unis. Deux événements ont redonné espoir aux investisseurs : le discours du patron de la FED et la publication de l'inflation en zone euro. Ils ont provoqué une envolée significative des indices boursiers, ainsi, après la clôture, le CAC frôle les 6800 points. Pour la Fed, Jérôme Powell a indiqué qu'il y aurait encore des hausses de taux d'intérêt car l'inflation était encore très loin de l'objectif de 2%, mais il a aussi clairement indiqué que les prochaines seraient moins importantes que les 4 précédentes qui étaient de 0,75%,  car les chiffres montrent qu’on est proche d’un reflux de l’inflation. La Banque centrale américaine l’a bien vu. Elle voit aussi que la consommation commence à sérieusement tanguer, du fait de l’inflation, mais aussi des hausses de taux. On est donc au point « pivot », le moment où la banque centrale américaine va modifier sa politique de hausse des taux : il fallait que ce soit ni trop tôt, pour que l’inflation baisse, ni trop tard, pour ne  pas gripper la consommation pendant de trop longs mois.

2023 sera l'année de la décrue marquée de l'inflation.

Une baisse d'environ 50% par rapport à 2022. En effet, inflation + hausse des taux = baisse de la consommation, c’est une règle basique de l’économie. Le décrochage en cours de l'inflation vient du fait de l'impact de l'inflation et de la hausse des taux sur la consommation des ménages et les investissements des entreprises, et  c’est un processus économique « normal ». La seule barrière à cette règle est l’épargne des ménages qui peut agir comme tampon à la baisse de la consommation, ce qui fut le cas ces derniers mois, avec  le  « quoi qu’il  en coûte ». Comme on l’a vu, ce décrochage de l’inflation est accentué par la baisse des prix de l'énergie, du gaz et des matières premières alimentaires.  Et s’il y a moins de consommation, il y a moins de demandes et donc l’inflation baisse. Le  cercle de désinflation est amorcé. Et la croissance va connaître un ralentissement sérieux.

Il faut compter avec la Chine. 

Au-delà du drame humain, la politique anti-Covid de la Chine a eu et aura un impact majeur sur la croissance mondiale et sur l'inflation. La politique zéro Covid de  Xi Jimping a eu deux effets négatifs, et un effet positif. Les  deux effets négatifs : elle a provoqué des pénuries, des ruptures d'approvisionnement et un ralentissement marqué de la croissance chinoise et donc des échanges commerciaux. Un effet positif : si la croissance chinoise avait tourné à plein en 2022, cela aurait amplifié la hausse du prix de l'énergie et des matières premières. Un nouveau contexte s’est mis en place : du fait du ralentissement de la croissance, mais aussi de la fin de la politique du zéro Covid chinoise, les circuits d'approvisionnement mondiaux avaient repris un fonctionnement normal.
Aujourd'hui, la croissance mondiale a donc besoin du redémarrage de la machine économique chinoise. La politique de lutte drastique contre le Covid que le gouvernement chinois maintient peut provoquer à nouveau un chaos sur les circuits d'approvisionnement et pèserait sur la croissance mondiale. Ce ne serait pas une bonne nouvelle. Voilà pourquoi il faut espérer que XI Jimping assouplisse les  confinements, ce que les révoltes semblent  obtenir. 

Il faut aussi compter avec Biden.

Le Président américain a lui aussi rappelé à ceux qui l'ont enterré trop vite qu'il a toujours la main.
Les États-Unis ont encore une fois montré les muscles et fait rentrer un « partenaire » dans le rang.
Vous vous rappelez de la dernière réunion de l'OPEP ? L'Arabie Saoudite décide de n'en faire qu'à sa tête, et, juste avant les élections américaines, croyant peut-être à un raz-de-marée républicain, annonce que l'OPEP va réduire sa production alors que Biden avait demandé de l'augmenter. Depuis les États-Unis ont expliqué à l'Arabie Saoudite toutes les misères qu'ils étaient prêts à lui faire, Biden avait même comparé cette décision à une quasi-déclaration de guerre... Et voilà que l'Arabie Saoudite serait en train de convaincre l'OPEP ...d'accroître sa production. Pour faire plaisir à Biden.
Le prix du pétrole a d'ailleurs glissé suite à cette rumeur publiée par le Wall Street Journal. Ceux qui rêvent du déclin de l'empire américain vont devoir encore patienter un peu. Macron y compris.

En résumé :

2023, année blanche donc ou presque.
2024, retour à un « new normal », avec des taux de croissance qui rebondissent et des taux d'inflation en forte baisse par rapport aux niveaux actuels, mais qui resteront durablement un peu plus élevés que les taux que nous avons connus avant la crise du Covid. Le  passage par la case année blanche, voire légère récession, est une bonne nouvelle car il va permettre d'alléger les tensions inflationnistes et de permettre de faire disparaître les pénuries et les déséquilibres provoqués par l'après-Covid. Un scénario plutôt favorable aux taux d'intérêt et donc aux marchés financiers.

Deux éléments pourraient contrarier ce scénario :
- une inflation qui recule moins que prévu et qui se maintient plus longtemps à des niveaux plus élevés,
- un ralentissement de la croissance plus élevé qu’envisagé, lié, par exemple, à une détérioration plus marquée de la situation des entreprises ou une nouvelle fermeture de la Chine du fait du rebond du Covid.

La reprise de la croissance chinoise, à l'heure où les croissances américaine et européenne marquent le pas, est essentielle au maintien de la croissance mondiale. Elle sera même déterminante !