HISTOIRE

SI TOI TU RAMES, PAS LUI !

                                                      
 

On apprend par un article paru dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace » (en fait, c’était début mai) que Lilian THURAM, sollicité par Adrien ZELLER pour venir témoigner devant des lycéens en clôture du « Mois de l’Autre », a répondu avec un tarif de … 20 000 € pour une intervention d’une heure et demie ! La Région a fait une nouvelle tentative en expliquant le sens de la démarche qu’elle mène auprès des jeunes, avec le Rectorat, pour développer l’esprit de tolérance… Bref, elle ne pouvait lui proposer que 1 500 € tous frais payés. Ce qui n’est déjà pas si mal ! Rien à faire, la tentative s’est heurtée à un nouveau refus.

Lilian THURAM, 142 sélections en équipe de France, membre du Haut-Conseil à l’intégration, connu pour ses déclarations contre le racisme, fait donc partie de ces gens qui donnent des leçons de moralité à la télé, mais n’hésitent pas à s’en mettre plein les poches. Adrien ZELLER a eu raison de ne pas céder aux exigences disproportionnées de ce digne représentant de la gent footbalistique.

« On ne vit hélas pas dans le même monde », lui a alors écrit le Président de la Région Alsace en faisant référence à celui du foot pourri par l’argent. Ce n’est pas l’actualité de ces jours derniers qui le démentira.

                                                                  


CES PARENTS QUI FUIENT LE MAMMOUTH


  Sorbonne                                                             

 

L’autre jour, je passais la soirée chez des amis. Parmi les invités un jeune couple, parents de trois enfants. La conversation, comme souvent, en est venue à aborder les problèmes d’éducation. Récemment, ils ont pris la décision de les inscrire dans une école privée. J’ai voulu connaître leurs raisons : ils en ont donné deux essentiellement. La première, c’est le ras le bol des jours de grève et des billets revendicatifs à signer, glissés dans les cahiers de leurs enfants. La seconde, c’est qu’ils avaient le sentiment que ceux-ci ne travaillaient pas beaucoup. Pourtant, ils n’étaient pas dans un lieu où un taux d’élèves d’origine étrangère aurait pu ralentir le rythme des apprentissages ou perturber la classe. Depuis qu’ils ont changé d’école, ils ont le trouvent que leurs enfants ont plus de travail, apprennent plus de choses, sont plus encadrés et plus suivis… Sans parler de la violence, inconnue dans leur nouvel établissement. Une école religieuse (ou privée) sous contrat d’association. 

Amer constat ! Pour moi, qui ai fait une carrière dans l’Education Nationale, c’est désolant. Car rien n’aurait dû pousser ces jeunes à quitter l’enseignement public dans lequel ils ont fait toutes leurs études. D’ailleurs, ils le disent eux-mêmes, ce sont des raisons pratiques qui les ont décidés. Pas la compétence des enseignants, même si leur comportement militant les avait agacés plus d’une fois. Désormais, plus de jours de grèves à galérer pour faire garder les gosses. Ils se sentent plus à l’aise avec les enseignants de l’école privée pour l’accueil et les contacts. Ce qui est grave, c’est qu’ils ne sont pas les seuls à faire la même démarche. La queue et le délai d’attente s’allongent pour entrer dans leur école. Et beaucoup d’écoles privées connaissent la même situation. 

C’est donc que l’école de la République n’est plus l’école de la République. Elle fait fuir une partie des parents. Probablement, ceux qui ne votent pas à gauche, et encore, ce n’est pas si sûr que ça. Les comportements excessifs y sont de plus en plus fréquents : on trouve prosélytisme, manque de retenue sur les opinions, refus d’appliquer les directives, là où on devrait avoir tolérance, prudence et implication. Dès lors qu’une partie de la population ne se reconnaît plus dans cette école, c’est qu’elle faillit à sa mission première qui est celle d’être accueillante pour tous, quelles que soient les opinions et les croyances.

Mais le spectacle que nous offrent les dernières convulsions des grèves dans les universités est encore bien pire. Comme nous le crie Françoise THOM, universitaire, maitre de conférence en histoire contemporaine à la Sorbonne, « il était du devoir des enseignants d’aider les étudiants à se construire intellectuellement et moralement, afin de les équiper pour les épreuves futures. Au lieu de cela, nous les voyons en grand nombre donner l’exemple de la dérive idéologique la plus extrême, nous les voyons persuader les étudiants de sacrifier un semestre d’études, de dissiper leur temps dans des AG volubiles et stériles…Des groupes de gardes rouges ne se gênent pas pour apostropher les professeurs, pour fouiller leurs cartables… La violence est sanctifiée par la mythologie de gauche ». Et après 8 semaines de blocage, la prestigieuse faculté se retrouve au bord de la faillite. Une université américaine a déjà réclamé le remboursement des frais consentis pour ce semestre. S’y ajoutera le remboursement des frais de scolarité d’une grande partie des 24 000 étudiants qui vont faire valoir leurs droits. Et on s’attend à une baisse de 25%  des demandes d’inscriptions pour la rentrée 2009. Un vrai désastre ! Beau résultat en vérité.

Mais pouvait-on attendre autre chose d’une trentaine d’irréductibles qui n’avaient rien d’autre à proposer que le « naufrage pour tous » ?

Les facs et les établissements d’enseignement supérieurs privés ont de beaux jours devant eux. Il sera toujours facile de dire que c’est ce que le gouvernement cherchait. Un peu trop facile ! Et que dire des diplômes qui seront délivrés cette année ? Quelle valeur auront-ils ?

La crise que traverse le système éducatif est, bien plus qu’une crise de système, une crise idéologique et catégorielle. Une crise du personnel enseignant, majoritairement aveuglé par une idéologie vaguement rousseauiste, alors que le monde a bien changé, et qui s’accroche à ses avantages acquis comme une tique au mollet d’un marcheur. Ils se sont coupés de la réalité et n’acceptent pas qu’on s’introduise dans leur territoire. Alors vous parlez, si un gouvernement,  de droite de surcroît, prétend changer les choses … Et pourtant, il faudra bien un jour, non seulement « dégraisser le mammouth », mais aussi le faire muer. Le gouvernement a raison de ne pas céder sur l’essentiel. Et puis, le mandat des électeurs est plus légitime que…- vous connaissez la suite.

 

 

                                                           


DIPLOMES EN BOIS


Sorbonne

                                                                    

 

Une année pour rien ! C’st le cri de désespoir de nombreux étudiants étrangers venus étudier chez nous dans le cadre d’Erasmus. « On ne nous y reprendra pas ! », « Nous ne conseillerons pas de venir en France ! »…. On les comprend. Certaines Facs sont bloquées par quelques irréductibles depuis plusieurs mois. Même en rattrapant le maximum de cours, il sera difficile de boucler les programmes, et organiser les examens relève du casse-tête chinois. Autant dire que le cru 2009 sera particulièrement dévalorisé et difficile à « vendre » sur le marché de l’emploi. D’ailleurs, pour arranger les choses, la « coordination » ne demande rien moins que des diplômes « à blanc », sans épreuves. 

La crise des universités débouche sur un affaiblissement dont elles auront du mal à se relever. Et au bout du compte, on peut se demander quelle réforme en sortira. Même si on peut avoir diverses opinions sur la qualité des mesures préconisées par le gouvernement, le résultat obtenu par les étudiants contestataires, largement minoritaires avec leurs revendications plus obsessionnelles que réalistes, aura été de ruiner leur outil d’apprentissage. 

Et pourtant, personne ne niera la nécessité de réformer la « vieille dame ». Ce sur quoi tout le monde s’accorde. Mais entre le renforcement étatique souhaité par les contestataires, étudiants comme professeurs, et la volonté de rendre autonome les établissements, comme cela se fait partout dans le monde avec succès, il y a un précipice infranchissable. Dès lors, toute réforme est impossible dans le consensus. C’est bien cela le fond du problème.  Le mal qui ronge notre université, c’est l’idéologisme dans laquelle elle baigne. 

Pourtant l’état n’a pas l’intention de faire financer l’enseignement par les entreprises du jour au lendemain. Il prévoit une concurrence entre les établissements qui en fait hurler beaucoup. Mais en accordant aux universités une autonomie progressive, on voit se développer la créativité et la qualité de l’enseignement parallèlement. Les conseils d’administration seront responsables à 100% de leur budget, ce qui signifie qu’elles devront afficher leurs résultats. C’est une méthode qui crée des risques et des incertitudes, d’autant plus que les financements privés sont proportionnels au penchant qu’ont les entreprises pour la formation. C’est tout dire. Comme les enseignants et certains étudiants haïssent ce système, on n’est pas rendu au bout du chemin. Qui plus est, la loi de 2007 transfère aux présidents d’universités la gestion des carrières des personnels, ce qui entraîne l’épineuse question de l’évaluation de chaque enseignant. Des compromis ont été trouvés et partiellement acceptés.

Mais, tant qu’on n’a pas éprouvé le système, on ne peut pas dire qu’il est bon ou pas bon. Ce qui gêne dans la contestation, c’est qu’elle exprime une opposition par principe, à tout changement, sauf celui qu’elle souhaite : augmenter les effectifs et ne rien changer au fonctionnement. Le gouvernement a fait de nombreuses concessions dont va pâtir en profondeur la réforme, sans pour autant faire taire les manifestants. La porte de sortie est étroite et la montagne risque d’accoucher d’une souris, uniquement parce qu’un carré d’irréductibles a décidé de faire « plier SARKOZY » à tout prix. Pari perdu d’avance. Perdu aussi pour l’Université française et perdu pour les étudiants.

Puisse la volonté affichée des pouvoirs publics, même si la réforme n’a pas toute la force souhaitée, servir de leçon aux entêtés de la contestation. Les derniers sondages concernant le score du président, si l’élection avait lieu maintenant devraient les faire réfléchir.


                                                                                                     




A MOA, CONTE, DEUX MAUX !


                                                                                      

 

Drôle de transcription d'un fameux vers du Cid, pensez-vous. Mais est-elle si loin de ce que nos chères têtes blondes (ou brunes) seraient capables d'écrire. “L'orthographe se meurt, l'orthographe est morte !” C'est vrai qu'avec les “texto”, elle en prend un sérieux coup ! On ne s'étonnera pas de constater qu'elle est devenue la bête noire de nos élèves.

De fait, depuis 1985, le niveau baisse. Plusieurs études l'affirment, avec un effondrement de 1985 à 2005. C'est grave, car une majorité d'élèves perd la maîtrise minimale de l'orthographe. Le Français va-t-il devenir une discipline réservée à une élite ? Ce serait catastrophique pour notre langue.

Comment en est-on arrivé là ? Comme toujours, il y a plusieurs causes. La plus évidente est tout simplement qu'on consacre moins de temps à son apprentissage. Qu'attendre d'ailleurs de prof' de lettres qui ne la maîtrisent pas totalement eux-mêmes ! Mais il faut compter aussi avec l'évolution de notre société dont les usages et les codes privilégient davantage l'oral que l'écrit, ce qui rend la compétence orthographique moins prégnante pour le sens. Enfin, l'irruption de la communication “fast-food” et simplifiée rendue obligatoire par le système des SMS semble lui donner le coup de grâce.

On ne peut pas s'en réjouir. Derrière la complexité orthographique de notre langue, il y a une histoire et beaucoup de finesse d'expression : qualité du vocabulaire, accords grammaticaux et syntaxe élaborée sont les ingrédients qui ont fait du Français, autrefois, la langue diplomatique de l'Europe par la précision d'expression de la pensée qu'elle permettait. Pour autant, notre langue, qui est déjà corsée en raison de la trentaine de sons qu'elle utilise sans avoir toutes les lettres pour les transcrire, sans parler des règles dont aucune ne s'applique sans avoir son ou ses exceptions, doit pouvoir évoluer sur ce plan là aussi.

Que faire ? L'orthographe n'est pas sacrée. On peut la simplifier. Plusieurs tentatives ont déjà été tentées, mais ont eu peu d'effets en raison de “l'orthographisme” des instituteurs très attachés à cette discipline (Qui a entendu parler des “tolérances” de 1901 ? et de la réforme de 1990 ?). Depuis une vingtaine d'années, l'effort s'est relâché et le moment est peut-être venu de faire une remise à plat intelligente, sans rencontrer les résistances de naguère. Et puis, tout simplement, qu'on y consacre un peu de temps d'apprentissage. C'est apparemment au collège que se situe le “maillon faible”. Qu'on y fasse un peu plus d'orthographe et de conjugaison systématiques et un peu moins de littérature, souvent enseignée trop précocément, et tout rentrera dans l'ordre.

Comme le dit Claude GRUAZ, directeur de l'observatoire francophone : “rationaliser l'orthographe française, c'est libérer l'écrit et le mettre à la portée de tout citoyen”. A condition qu'on ne labellise pas les texto comme langue officielle. Je suis pas contre ce mode d'expression qui doit rester au langage ce qu'est la petite annonce dans les journaux : un mode opératoire ciblé adapté à un support, dont on garde la clé de traduction en langage correct. Les niveaux de langages ont toujours existé. Il reste fondamental, de mon point de vue qu'on apprenne aux élèves à passer de l'un à l'autre en étant capable de les maîtriser tous ! Qui peut le plus, peut toujours le moins.... l'inverse n'est jamais vrai.

 

                                                                                 


 



EDUCATION : POUR CONTINUER….


  Collège                                         

 

 

Si la réforme de la formation professionnelle des enseignants s’impose, les IUFM étant toujours restés plus universitaires que « formateurs », pour rester poli, ce que propose le Ministre de l’Education comme nouveau dispositif me laisse perplexe pour le moins. Je dirais même qu’il me déroute. J’ai vraiment le sentiment, qu’une fois de plus, on va taper à côté du clou.

 

J’ai fait toute ma carrière de prof’ de collège avec l’équivalent d’un ex Deug (CELG) en poche, même moins puisque « propé » se faisait en une année. Je n’ai jamais eu le sentiment de manquer de connaissances pour enseigner, ni de culture pour dominer mon enseignement, de la 6ème à la 3ème. Et puis, comme il se dit familièrement dans le métier, de toute façon, « au bout de 7 ans, tu as oublié tout ce que tu as appris et il ne te reste que le niveau que tu enseignes ». Derrière cette boutade, il y a plus qu’une réalité.

 

Aussi quelle idée de pousser jusqu’à bac+5, niveau master si j’ai bien compris, pour le socle des connaissances. Prof des écoles en maternelles avec un master, ça va coûter bien cher au citoyen contribuable en acquisitions de connaissances dont les ¾ seront inutilisées. Je veux bien imaginer qu’un tel prof des écoles aspirera à enseigner jusqu’au CM2 : on est encore loin du compte. Et en même temps, on supprime l’année de stages qui permet d’apprendre un peu du métier dans sa réalité en étant en situation sur le terrain.

 

On aurait pu imaginer un dispositif beaucoup plus réaliste, en créant un institut professionnel qui regrouperait les formations pédagogiques adaptées aux différents niveaux d’enseignement : école, collège-lycée, BTS et classes post bac (en laissant l’enseignement supérieur long à part). Pour chacun de ces trois niveaux on recruterait sur concours parmi les titulaires des BTS pour enseigner en maternelle et primaire, parmi les titulaires des licences pour enseigner en collège-lycée, et parmi les titulaires des masters pour enseigner aux classes post bac (supérieur court). Evidemment, il faudrait concevoir parallèlement, un dispositif de formation continue qui permette aux professeurs des niveaux inférieurs de passer les diplômes universitaires qui ouvrent l’accès à l’étage du dessus par la promotion interne. Cela aurait le mérite de limiter le coût de la formation théorique, qu’elle soit initiale ou continue, en la faisant coïncider avec le besoin réel. L’année en institut de formation serait consacrée, en alternance, aux connaissances des théories pédagogiques, de la psychologie des enfants et des adolescents (selon les classes) et à la découverte du contenu des programmes qu’ils auront à enseigner, d’une part, et de stages pratiques en classes d’application, d’autre part (au moins trois mois).

 

Quant à la rémunération, continuer de l’associer à un niveau de diplôme, reste une vision technocratique du métier d’enseignement. Je ne serais pas gêner qu’une grille unique de la maternelle au BTS soit mise en place. Avec la possibilité d’une prime au mérite, évidemment, car à tous les niveaux, il y a ceux qui se défoncent parce qu’ils sont passionnés et ceux qui enseignent en … attendant les vacances (Allez, on va dire qu’ils ne sont pas les plus nombreux). Il y a ceux qui rayonnent dans leur établissement et ceux qui sont coutumiers des retards et des absences… Bref, la vie quoi. Faut bien faire la différence !



                                                                                                                         

     

 

 

 


AU DELA DES MOTS …. DES REALITES (2)


                     
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Dans les années 80, avec les Zones d’Education Prioritaire (ZEP), des politiques territoriales collectives on été mises en place pour aider les élèves en difficulté. Mais en les concentrant, on a rajouté à la difficulté. Sans parler de la lourdeur du dispositif en réseau nécessitant concertation et coordination (en principe).  C’est pour contourner cette complication que l’aide personnalisée a été mise en place : une réponse adaptée à chaque situation comme peut en juger l’enseignant lui-même et les deux heures libérées du samedi peuvent être réinvesties au profit des élèves qu’il a repérés. Il leur évite ainsi de rater certains cours pour en rattraper d’autres (dispositif « Rased »). A la rentrée prochaine, 3000 maîtres spécialisés sur les 11000 exerçant au sein des « Rased » seront sédentarisés : la moitié sera affectée à une classe comme titulaire à plein temps, l’autre moitié sera affectée en maîtres surnuméraires à plein temps dans une école pour traiter les difficultés scolaires au plus près des élèves.

 

De plus, des stages gratuits, donc accessibles à tous, de remise à niveau en français et en mathématiques sont organisés pendant les vacances scolaires pour les élèves de CM1 et CM2. Ils sont assurés par des enseignants volontaires, rémunérés en heures supplémentaires.  

 

Comme on le voit, dans le nouveau dispositif, les élèves en difficulté sont mieux pris en compte que par le passé. On peut convenir au moins qu’on à rien à perdre à essayer de le faire fonctionner. Et peut-être tout à y gagner pour les élèves concernés.

 

Le système d’évaluation mis en place pour les élèves de CE1 et de CM2, pour le français et les mathématiques, dans le cadre de la réforme, est un outil visant à faire progresser les élèves et aider à la communication avec les parents. Ce type d’évaluation a déjà cours au collège depuis longtemps. Il n’a jamais servi à classer les établissements, ça se saurait. La campagne menée par certaines organisations visant à faire croire qu’il s’agit d’organiser la concurrence entre les écoles relève du fantasme et est un pur mensonge.

 

Rappelons que l’on peut mettre à l’actif de la réforme « l’accompagnement éducatif dans tous les collèges » qui permet aux collégiens de bénéficier d’un soutien scolaire, d’activités culturelles et sportives 4 soirs par semaine.

 

De même un dispositif de « réussite scolaire » dans 200 lycées donne la possibilité aux lycéens qui le souhaitent de participer à des stages de remise à niveau et à des cours d’anglais pendant les vacances.

 

« Parler de casse du service public » dans ces conditions est pour le moins un abus de langage, me semble-t-il.

 

Pour compléter le tableau des réalités, il est peut-être utile de rappeler que 500 classes supplémentaires seront créées dans le premier degré pour accompagner les besoins liés à la démographie. Les lycées réputés « difficiles » bénéficieront de la création de 600 postes dans le cadre du plan « espoir banlieue ».Ils serviront à enrichir l’offre éducative « sur projet » de ces établissements qui bénéficient déjà d’un taux d’encadrement de 20% supérieur à la moyenne. Enfin, 5000 postes de médiateurs de la réussite scolaire seront recrutés dans le cadre de la création de 100 000 emplois aidés dans le cadre du plan de relance ; ils auront pour mission d’être en relation constante avec les familles afin de remédier à l’absentéisme ou au « décrochage »…

 

Aussi, l’opposition de plus en plus stérile sur laquelle campe une partie des personnels, avec des attitudes comme le refus d’appliquer, qui choquent ma conception du service public, me paraît motivée par autre chose que le souci pédagogique. Sur tous ces sujets, il peut y avoir débat. On en débat depuis 1968. Mais l’intérêt des élèves mérite mieux que ces positions jusqu’au boutistes à fort relent politique.



                                                                                                               

 


UNE GALERE SANS RAMES

                                                                 

 

Le navire « Education » me fait penser à une galère sans rames. A tous points de vue.

 

Personne ne conteste que le métier d’enseignant est devenu éprouvant pour beaucoup de personnels. Notamment par la perte des repères d’éducation d’un grand nombre d’élèves qui ont perdu à la fois le respect des personnes et des choses, et le goût de l’effort. Enseigner aujourd’hui, c’est souvent la « galère ».

 

Le conservatisme des syndicats de rameurs en est une des raisons. Le Ministère se trouve confronté à un blocage idéologique. Les solutions pédagogiques établies jusqu’à maintenant étaient bâties sur le toujours plus : plus de moyens, plus de personnels, plus de matériel… Les résultats ont-ils justifié cette stratégie ? Visiblement non. Depuis 20 ans, on ne voit pas l’amélioration du nombre des élèves qui sortent du système sans rien, ne serait-ce que par une diminution de leur nombre. Ce serait plutôt le contraire. C’est un indicateur. Il y en a d’autres. On note la frilosité des proviseurs pour faciliter l’accès aux classes préparatoires aux jeunes issus de milieux défavorisés. Je me garderai d’évoquer le refus d’appliquer la réforme par certains enseignants au nom de je ne sais quelle vérité pédagogique immuable. Le refus de la prise en compte du soutien « individuel » est idéologique. La « galère » n’avance guère et semble impossible à réformer.

 

L’évolution du budget en est une autre. Certes, le budget de l’éducation est toujours le premier par son importance (22% du budget de l’état) avec 60 milliards d’Euros, en augmentation pour 2009 de 2,06%. Mais cela ne facilite pas pour autant la tâche du Ministre pour qui la gestion de ce ministère est une vraie galère. Les 1,2 milliards d’euros supplémentaires dégagés par l’augmentation sont largement absorbés par le surplus de financement des pensions dont l’augmentation pour 2009 doit tourner autour de 1,7 milliards au titre des fonctionnaires de l’éducation, en raison de l’augmentation du nombre des départs en retraite. Et ce facteur ne va faire que s’aggraver jusqu’en 2015. On comprend alors qu’il faille profiter de la diminution du nombre des élèves (22 000 dans le secondaire) pour économiser sur les postes et que le ministère cherche à rationaliser les moyens : un soutien plus efficace et moins coûteux, un système de remplacement des absences moins gaspilleur de moyens humains*. Désormais, quand on augmente le budget de l’éducation, on investit surtout dans les pensions assez généreuses (restons pudiques) des enseignants**. La croissance de la charge financière, salaires et pensions, contribuent à en faire une galère  sans rames.

 

 

*13 500 postes de moins en 2009 (sur un effectif de plus de 1 million) c’est :

            1 800 postes en moins pour tenir compte de la démographie

            3 000 postes prélevés sur le système de remplacement

            4 500 postes de stagiaires supprimés

            Le reste concerne les services autres (administration centrale, etc…)

 

** en 2009, les pensions civiles versées par l’état s’élèvent à 35 milliards d’euros. Comme le Ministère de l’éducation représente la moitié de la fonction publique…Elles sont estimées à 47 milliards en 2015. Cela représente une augmentation de 40% de la charge au budget de l’état entre 2008 et 2011… par ricochet la moitié est à la charge du budget de l’éducation. M. Aschieri le sait très bien.



                                                                                                                    


 

 


Education : Sarko reprend la main


                                                                                                                  

 P1020005


L’Education, ce haut-lieu de concentration de sympathisants de la gauche, entend tenir la dragée haute au chef de l’Etat sur la réforme et sur la guéguerre des postes non remplacés.

Les manifestations vont donc continuer. D’ailleurs c’est ce qu’ils savent faire le mieux. Même si parfois le spectacle offert n’est pas très en rapport avec la dignité que le métier de pédagogue devrait inspirer. Peut-être que je suis d’une autre époque. Je ne peux quand même m’empêcher de me poser la question de savoir quel crédit peuvent avoir auprès des élèves, une fois revenus en classe, ceux qui se donnent en spectacle dans la rue…Après tout, c’est leur affaire.

Comme je suis d’une autre époque, j’ai encore envie de dire que je suis choqué de voir des enseignants refuser d’appliquer la réforme, notamment celle du soutien, au nom de je ne sais quelle vérité révélée. C’est limite scandaleux.  Je n’étais pas très convaincu par les « parcours de découvertes » de Jack Lang. Néanmoins, je les ai appliqués en aménageant tant bien que mal l’usine à gaz qu’il fallait mettre en place pour mener à bien ce qu’il proposait. Pour constater que mes élèves avaient perdu leur temps… mais c’est une autre histoire. Je suis choqué aussi qu’on ne réponde pas à l’invitation du Président de la République. Personne n’oblige personne. Nous sommes un pays de liberté. Mais il y a des traditions qui se perdent et c’est bien regrettable. On a le droit d’être en désaccord, cela n’empêche pas que le Président est le patron de tous les fonctionnaires et que la courtoisie républicaine habituelle veut que l’on honore sa visite en étant présent. Mais le procès en légitimité n’est jamais loin….

Cela n’a pas empêché Nicolas Sarkozy d’annoncer lundi à Saint-Lô le lancement d'une mission sur le lycée, afin de mener à bien la réforme reportée à la rentrée 2010, et la nomination du "père" du RSA, Martin Hirsch, comme haut-commissaire à la Jeunesse.

Photographe : Pascal Pavani AFP/Archives :: Richard Descoings, directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, le 26 mai 2005 à l'entrée de l'établissement

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Photographe : Pascal Pavani AFP/Archives :: Richard Descoings, directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, le 26 mai 2005 à l'entrée de l'établissement

photo : Pascal Pavani , AFP

Photographe : Mehdi Fedouach AFP/Archives :: Martin Hirsch (d) et Christine Lagarde, le 11 décembre 2008 à Paris

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Photographe : Mehdi Fedouach AFP/Archives :: Martin Hirsch (d) et Christine Lagarde, le 11 décembre 2008 à Paris

photo : Mehdi Fedouach , AFP

Photographe : Kenzo Tribouillard AFP :: Une manifestante contre la politique de l'Education Nationale, le 12 janvier 2009 à Saint-Lô

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Photographe : Kenzo Tribouillard AFP :: Une manifestante contre la politique de l'Education Nationale, le 12 janvier 2009 à Saint-Lô

photo : Kenzo Tribouillard , AFP

En présentant ses vœux, malgré tout, aux enseignants, le chef de l'Etat a estimé que "les inquiétudes qui se sont exprimées" ces derniers mois sont "bien compréhensibles: jamais peut-être on n'avait demandé, en si peu de temps, autant d'efforts à tous les personnels de l'Education nationale". La réforme du lycée, en particulier, a cristallisé ces inquiétudes mais il a redit qu'elle était "nécessaire" et, pour la mener à bien, a annoncé le lancement d'une "mission" dirigée par Richard Descoings, le directeur de Sciences Po-Paris. Cette mission devra faire des "propositions", "associer tous les lycéens de France" et "élargir la concertation". Il s'est aussi engagé à faire la réforme du lycée "sans enlever un centime et sans supprimer un poste au niveau du lycée". Ce qui n’empêche pas le non remplacement de 13 500 postes en 2009 dans l’Education.

 

On sait que M. Descoings est connu pour mener une politique d'élargissement de l'accès à Sciences Po à des lycéens issus de Zep (zones d'éducation prioritaire), ce qui devrait plaire aux représentants des enseignants et des lycéens.

Pour répondre à "la crise de l'avenir" ressentie par les jeunes, le chef de l'Etat a nommé Martin Hirsch haut-commissaire à la Jeunesse. Celui-ci, actuel haut-commissaire aux Solidarités actives, conserve ses fonctions mais se voit confier en plus la responsabilité "de porter une politique de la jeunesse"."La première demande des jeunes, c'est celle d'un droit à l'autonomie. Et toute la politique de la jeunesse du gouvernement doit être tournée autour de cette idée de renforcer l'autonomie des jeunes", a affirmé Nicolas Sarkozy.

Le Président a donc décidé de faire preuve de pédagogie et de patience. La réforme était mal engagée, c’est certain. Que l’on ne puisse la mener sans un minimum de consensus des enseignants est aussi une évidence. Mais, s’il y met les formes, il ne faut pas se tromper sur sa détermination. La balle est dans le camp des syndicats. Puisse la lucidité reprendre ses droits !