UNE GALERE SANS RAMES
19 janvier 2009
Le navire « Education » me fait penser à une
galère sans rames. A tous points de vue.
Personne ne conteste que le métier d’enseignant est devenu
éprouvant pour beaucoup de personnels. Notamment par la perte des repères d’éducation
d’un grand nombre d’élèves qui ont perdu à la fois le respect des personnes et
des choses, et le goût de l’effort. Enseigner aujourd’hui, c’est souvent la « galère ».
Le conservatisme des syndicats de rameurs en est une des
raisons. Le Ministère se trouve confronté à un blocage idéologique. Les solutions
pédagogiques établies jusqu’à maintenant étaient bâties sur le toujours plus :
plus de moyens, plus de personnels, plus de matériel… Les résultats ont-ils
justifié cette stratégie ? Visiblement non. Depuis 20 ans, on ne voit pas
l’amélioration du nombre des élèves qui sortent du système sans rien, ne
serait-ce que par une diminution de leur nombre. Ce serait plutôt le contraire.
C’est un indicateur. Il y en a d’autres. On note la frilosité des proviseurs
pour faciliter l’accès aux classes préparatoires aux jeunes issus de milieux
défavorisés. Je me garderai d’évoquer le refus d’appliquer la réforme par
certains enseignants au nom de je ne sais quelle vérité pédagogique immuable. Le
refus de la prise en compte du soutien « individuel » est idéologique.
La « galère » n’avance guère et semble impossible à réformer.
L’évolution du budget en est une autre. Certes, le budget de
l’éducation est toujours le premier par son importance (22% du budget de l’état)
avec 60 milliards d’Euros, en augmentation pour 2009 de 2,06%. Mais cela ne
facilite pas pour autant la tâche du Ministre pour qui la gestion de ce
ministère est une vraie galère. Les 1,2 milliards d’euros supplémentaires dégagés
par l’augmentation sont largement absorbés par le surplus de financement des
pensions dont l’augmentation pour 2009 doit tourner autour de 1,7 milliards au
titre des fonctionnaires de l’éducation, en raison de l’augmentation du nombre
des départs en retraite. Et ce facteur ne va faire que s’aggraver jusqu’en
2015. On comprend alors qu’il faille profiter de la diminution du nombre des
élèves (22 000 dans le secondaire) pour économiser sur les postes et que
le ministère cherche à rationaliser les moyens : un soutien plus efficace
et moins coûteux, un système de remplacement des absences moins gaspilleur de
moyens humains*. Désormais, quand on augmente le budget de l’éducation, on
investit surtout dans les pensions assez généreuses (restons pudiques) des
enseignants**. La croissance de la charge financière, salaires et pensions,
contribuent à en faire une galère sans
rames.
*13 500 postes de moins en 2009 (sur un effectif de plus de
1 million) c’est :
1 800
postes en moins pour tenir compte de la démographie
3 000 postes
prélevés sur le système de remplacement
4 500 postes
de stagiaires supprimés
Le reste
concerne les services autres (administration centrale, etc…)
** en 2009, les pensions civiles versées par l’état s’élèvent à 35 milliards d’euros. Comme le Ministère de l’éducation représente la moitié de la fonction publique…Elles sont estimées à 47 milliards en 2015. Cela représente une augmentation de 40% de la charge au budget de l’état entre 2008 et 2011… par ricochet la moitié est à la charge du budget de l’éducation. M. Aschieri le sait très bien.
Commentaires