LA FRANCE DANS LA PEAU !
21 juillet 2019
Nicolas Sarkozy vient de publier « Passions », un ouvrage dans lequel il a rassemblé ses souvenirs d’une vie politique bien remplie. C’est à la fois une chronique, des mémoires, une introspection, des portraits. C’est toujours une rencontre avec l’Histoire vécue. On est frappé d’abord par l’aspect fouillis d’un recueil qu’on sent écrit d’un seul jet, sautant d’un sujet à l’autre sans fil conducteur apparent. On ne tarde pas à se rendre compte qu’il y en a un : l’engagement politique au service d’une « certaine idée de la France », avec une évidence que le récit foisonnant met en scène : une énergie jamais démentie. Sarkozy se raconte, il empile les souvenirs depuis ses débuts en politique jusqu’à son élection en 2007, vécue un peu comme un aboutissement, ce qui n’empêche pas quelques flashes sur son quinquennat. Au fil des pages, c’est le portrait d’un homme qui se dessine comme une incarnation de la France. Nicolas Sarkozy se livre, et tous ceux qui le connaissent le reconnaissent, tant son ouvrage transpire de sincérité et d’authenticité et se veut le reflet honnête d’une vie consacrée à l’amour du pays, placé au-dessus de tout.
Sincère.
C’est la première impression qui ressort de la lecture des premières pages : voilà un homme qui aborde les sujets et les anecdotes qui lui reviennent sans aucun artifice. Et quand il affirme « moi, on ne m’a rien donné, j’ai dû prendre, me servir moi-même » on le croit d’autant plus que nous sommes nombreux à pouvoir témoigner des obstacles que ses amis ou adversaires n’ont jamais cessé de dresser devant lui pour l’empêcher d’avancer. A chaque page, on reconnait celui qu’on a rencontré, côtoyé, tel qu’en lui-même. Jamais l’image qu’on en a gardé n’est déformée par le récit qu’il nous propose.
Authentique.
Ce qui intéressera le lecteur, me semble-t-il c’est le feuilleton complexe de ses relations avec Jacques Chirac. Qu’il se soit appuyé sur lui, comme le jour où il lui permet de prendre la parole dans un meeting, ou qu’il se soit imposé à lui en se rendant incontournable, ce sont des rapports qui peuvent passer du glacial au plus chaleureux. Cela tient certainement aux deux tempéraments, mais aussi et surtout au talent d’organisateur, à la force de conviction, au dévouement jamais démenti, à l’enthousiasme communicatif de Nicolas Sarkozy. Avec un moteur, toujours le même : la soif d’avancer, la volonté de brûler les étapes pour atteindre ce qu’il désire. Ainsi il devient maire, député, ministre, … et président. Sa recette : l’énergie, les convictions et l’amour de la France et des Français. Un leitmotiv : rassembler !
Honnête.
Mais Nicolas Sarkozy fait aussi preuve d’une grande honnêteté. Il sait reconnaître ses failles et ses erreurs. Lui qui aime tout faire sait aussi faire confiance et parfois mal la placer, à ses dépens, et le reconnaitre ensuite. On surprend dans le récit alors une grande humilité. Ainsi ses déboires avec Patrick Buisson… Certes, il n’est pas tendre avec François Bayrou, et on comprend pourquoi, mais l’ouvrage est aussi l’occasion de quelques jugements bien sentis et pas volés. Il décrit avec beaucoup de pudeur ses relations avec François Fillon, complexes et quelques peu décevantes, un peu comme le jeune cerf qui ferait profil bas devant le « dominant ». Pourtant, quel que soit la personne visée, ça n’est jamais gratuit ni méchant, on reste dans le factuel, ce qui explique « qu’il n’en veut à personne » et on a envie de le croire. On partage même souvent ses constats. Je n’ai qu’une petite réserve, c’est son jugement sur Roselyne Bachelot. Il parle peu d’elle et l’expédie en disant qu’elle est méchante. J’ai pourtant connu une Roselyne très sarkozyste avant 2007, ne tarissant pas d’éloges sur le patron de l’UMP qu’il était devenu. Il est vrai qu’elle n’a pas apprécié ce qu’on a appelé alors la « droitisation » sous l’influence de Patrick Buisson. Et comme elle a son franc parlé…
Nicolas Sarkozy n’en a probablement pas fini avec la France et les Français.
Et on se prend à pester contre toutes ses affaires montées contre lui. Il n’est vraiment pas tendre avec Hollande et les flèches qu’il lui décoche sont acérées. L’affaire Bettencourt s’est terminée par un non-lieu. Il avait déjà eu à faire face à l’affaire Clearstream dont on comprend qu’elle avait pour but de l’éliminer au profit de Villepin. Le complot fomenté par la gauche aidée par une justice de connivence est d’une toute autre ampleur. Le non-lieu de Tapie, le dossier du financement libyen qui s’avère complètement vide, autant d’accusations qui tombent mais qu’on a ressorties à bon escient pour nuire à ses candidatures. Quel homme politique aura été autant accusé, villipendé, haï ! Et pourtant, sa sérénité étonne. Elle est celle de celui qui se sait innocent et qui a la certitude que justice lui sera rendue. En attendant, quel dommage pour la France et les Français. Imaginons seulement qu’il ait battu Hollande : la France n’en serait pas là où elle est aujourd’hui. Comme disent les parlementaires qui l’ont rencontré récemment au Sénat : « Quel dommage de se priver d’un tel talent ! ».
Il est bon de penser qu’il est toujours disponible. Sait-on jamais !
Nicolas Sarkozy, PASSIONS, Editions de l'Observatoire.
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