LES ERREMENTS DE CHRISTOPHE BECHU
30 juillet 2017
Une courte pause de dix jours : voilà tout ce que m’aura laissé l’actualité politique. Je me dois de reprendre la plume, ou plutôt le clavier, pour commenter la décision d’Emmanuel Capus de prendre la tête d’une liste LREM pour les sénatoriales du 24 septembre prochain. J’avais évidemment suivi l’événement, de Hongrie où je m’étais rendu, étant en permanence connecté, cela va de soi. Je suis resté sur ma première réaction : scandalisé ! Par la forme et sur le fond !
Un procédé inacceptable.
J’ai rencontré Emmanuel Capus à la soirée d’Angers pour vous, juste avant de partir. Je venais d’apprendre son investiture par LR comme n°2 de la liste de Catherine Deroche et je l’en félicitais. Il m’avait fait part alors de sa satisfaction. Choisi par le Sénateur-Maire pour le remplacer au Sénat, il avait toute légitimité à figurer en bonne position sur la liste menée par la Sénatrice LR sortante. C’était dans l’ordre des choses. Et c’est bien Béchu qui l’a imposé ! Alors, pourquoi cette désertion quelques jours après. Une seule explication : le Maire d’Angers a cédé aux pressions d’Edouard Philippe et de son homme de main, Jean-Paul Delevoye, pour essayer d’empêcher Catherine Deroche, Vice-présidente du groupe LR au Sénat d’être réélue. C’est une manœuvre hautement politique pour éliminer les « gêneurs ». Car, évidemment, Emmanuel Capus aurait été engagé par son investiture LR. Le but : assurer à Macron une majorité « docile » au Sénat, quitte à tirer sur les amis !
Une trahison en bonne et due forme.
L’argumentation est pitoyable et étonnante de la part du Maire d’Angers qui nous avait habitués à des analyses de haut vol. Comment peut-il se fourvoyer à ce point et tourner le dos à ses convictions politiques. Car, Emmanuel Capus, dans l’affaire n’est qu’un pantin qui va là où on lui dit d’aller. « Il n’a jamais appartenu à la droite dure » plaide-t-il. Moi non plus et Catherine Deroche pas davantage, ou alors il faut qu’il m’explique ce que la formule veut dire. Ce faisant, il stigmatise une grande partie de son électorat qui pourrait bien s’en souvenir. Il n’y a pas de courant « macroniste » au sein des Républicains. Inutile de se cacher derrière le mythe entretenu par une poignée de parlementaires (13 députés sur 120) qui ont choisi de faire un groupe avec l’UDI. Ils se disent « constructifs », mais ils ont en fait bénéficié de « facilités » pour être élus. N’ayant rien apporté de nos idées à la majorité actuelle, ce sont donc de simples « collabos ». Cela n’a rien à voir avec une « cohabitation » dans laquelle la majorité parlementaire impose son projet. Donc, « Béchu alias Capus » va soutenir : l’augmentation de la CSG sans contrepartie pour les retraités, la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, la PMA généralisée, le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, la généralisation du tiers payant, les baisses de dotation pour les collectivités locales, la réforme de l’ISF qui consiste à créer un impôt sur la fortune immobilière, nouvelle aberration … J’arrête là l’énumération. Cela s’appelle une « trahison » ! Car, n’ayons pas peur des mots : c’est une trahison en bonne et due forme.
Béchu prend des risques énormes.
Le Maire d’Angers n’a probablement pas renoncé à décrocher un strapontin dans le gouvernement. Peut-être le prix du revirement imposé à Capus. Le Premier Ministre qui peine à remplir la fonction a, en effet, bien besoin de renfort. Mais les vents de septembre pourraient bien n’être pas aussi favorables que ceux de mai pour la majorité en place. Pour de multiples raisons, à commencer par le spectacle de pagaille « bobo-populiste » qu’elle donne à l’Assemblée nationale qui n’est pas de nature à convaincre les grands électeurs de la rejoindre. Début septembre on va entrer dans le dur et « l’effet présidentielle » aura disparu. La confiance a déjà commencé à s’effriter malgré les coups de com’ à répétition d’un Président omniprésent et omniscient. S’il ne faut pas « infantiliser » les grands électeurs, comme dit Béchu, ceux-ci ont probablement plus de conscience politique que le citoyen lambda. « Il faut que Macron réussisse ! » est son leit-motiv, « pour éviter Le Pen la prochaine fois ». Devant de tels errements, il vaudrait mieux que le Sénat reste une assemblée « garde-fou ». Et puis la noblesse de la politique, ce n’est pas de jouer au « bonneteau » ! Plutôt que de s’en remettre à la providence d’un mage, il ferait mieux de se demander pourquoi un tiers de l’électorat a apporté ses suffrages à l’extrême-droite : il y a le chômage, mais il n’explique pas tout. La question identitaire taraude la majorité des Français et Macron n’est pas parti pour y répondre. La déréliction du FN va favoriser l’émergence d’une force politique républicaine à droite à vocation majoritaire. « Les Républicains » sont les mieux placés pour occuper cet espace politique. Quant à Béchu, il ne mesure pas les dégâts que sa trahison cause dans son socle électoral. Et je ne parle pas que des militants. Il y a de quoi être écoeuré, en effet !
Moi, si j’avais à voter, ce serait sans hésiter pour la liste de mes amis Catherine Deroche et Stéphane Piednoir. Bah oui, la fidélité fait partie de mes valeurs !