MENTIR POUR TENIR
29 avril 2013
Ressort cassé.
Un vrai temps de pingouin. Pas seulement côté climat-climat, frais voire glacial, mais surtout côté climat politique. Et il est servi : il doit affronter la détermination des opposants qui manifestent dans la rue, la désaffection de l’opinion et, cerise sur le gâteau, la division de sa majorité jusque dans les rangs de son propre parti. Dans ce cas-là, le manchot empereur se serre contre ses congénères pour affronter le blizzard ; le pingouin, lui, fait le gros dos en même temps qu’il parie sur une amélioration providentielle de climat politique aussi bien que de la conjoncture économique. Il a le droit de rêver car tout laisse penser que le ressort est cassé, et par sa faute ! Comme en plus on s’est aperçu qu’il n’avait pas de baguette magique …
Un grossier mensonge d’état.
La vie économique, la vraie, n’a rien à voir avec celle décrite dans le programme électoral. Arrivé plein de certitudes, il est bien obligé de découvrir une réalité qu’il a longtemps niée. Il serait temps qu’il fasse son deuil de ses intenables promesses pour préparer l’avenir. Ce n’est pourtant pas le chemin qui est pris. La France du Pingouin marche sur la tête car au moment même où il exige la « transparence » des comptes de ses ministres, son gouvernement se livre à une opération mensonge sur les comptes publics. C’est ainsi que les experts de Bercy ont produit un programme de prévisions budgétaires pour Bruxelles qui est un petit chef d’œuvre de désinformation : croissance de 0,1% en 2013, 1,2% en 2014 et des rythmes annuels de 2% ensuite. Ce n’est pas avec ces chiffres farfelus que la Commission européenne pourra veiller à ce que notre pays respecte la trajectoire lui permettant de renouer avec les équilibres essentiels de ses comptes publics. Personne ne peut accréditer ce scénario, ni le FMI, ni l’OCDE, pas même notre Haut conseil pour les finances publiques. Autant dire que dans six mois ces certitudes clamées haut et fort par notre Grand Argentier fauché seront balayées par la réalité.
La défiance des Français s’accroît.
Les Français ne sont pas dupes. Ils sont les premiers à se rendre compte de ces mensonges : ils constatent la baisse de leur pouvoir d’achat pour la première fois depuis 30 ans, il subissent une pression fiscale insupportable qui ne touche pas seulement les riches et les classes moyennes, ils voient avec effroi l’inéluctable montée du chômage qui bat maintenant les records. La France se déshonore en livrant des estimations que tout le monde sait irréalistes, noyées dans un discours mathématique abscons. Elle adresse par la même occasion à nos voisins et partenaires européens le signal détestable que nous sommes capables de mentir délibérément sur les chiffres pour des raisons politiques. Ce mensonge sur nos comptes publics et sur les prévisions contribuent à augmenter le sentiment de défiance qui accable à la fois notre pays et ses habitants. Défiance des entrepreneurs qui vont investir ailleurs, défiance des investisseurs qui se détournent maintenant de nos activités nationales, défiance des citoyens qui préfèrent épargner que consommer.
Une crise de plus.
Au mensonge sur les finances vient maintenant s’en ajouter un autre. Les promesses de croissance et de réduction des déficits fondées sur des réformes et des économies qui ne voient jamais le jour ne peuvent déboucher que sur de nouvelles désillusions. Pour y parer, la stratégie du bouc émissaire est la plus facile. Jusqu’à maintenant, tous nos déboires tenaient dans l’état de la France dont le gouvernement socialiste avait hérité : la faute à Sarkozy. Un an après, le discours est archi usé. Alors, « c’est la faute à Rousseau, c’est la faute à Voltaire… », c’est au tour de l’égoïste Allemagne de porter le fardeau. Faire la leçon aux Allemands pour éviter de regarder nos propres turpitudes en laissant prospérer un débat fumeux sur l’austérité, ce n’est pas sérieux, c’est même irresponsable. L’idée que l’Allemagne serait, en partie ou totalement, responsable de notre déconfiture économique est fausse. Le texte calamiteux que le PS s’apprêtait à diffuser, résulte de l’impuissance du gouvernement face aux dégâts causés par la crise, qui donne lieu à des hypothèses de travail qui s’inspirent du laxisme pur et simple. « Si nous allons mal, c’est la faute des Allemands » n’est pas seulement une pensée réductrice, démagogique, totalement à côté de la plaque, c’est une manière de laisser croire qu’il existe des remèdes à la crise qui seraient moins douloureux que le désendettement, la hausse des impôts et la baisse des prestations sociales.
Mais non, les Allemands n’ont qu’à payer !
Mentir pour tenir, une fois de plus.
Jusqu’à ce que la réalité se rappelle à son souvenir.