L’IMPASSE HOLLANDE
02 avril 2013
Depuis presqu’un an maintenant, la France s’est engagée dans une impasse. L’intervention du président l’a mis involontairement en lumière sans son intervention jeudi dernier.
Quand un gouvernement manque d’axe clair, les événements décident pour lui. Il est impuissant à court terme pour inverser la tendance, et d’ici la fin de son mandat, s’il garde la même ligne politique, le pays continuera de s’enfoncer. Parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. La période que nous traversons, que l’on appelle « crise », mais qui est en fait une mutation mondiale profonde avec de nouveaux équilibres entre les continents, devrait nous obliger à adapter notre modèle économique et social.
Les recettes du siècle passé.
Ce n’est pas en appliquant les recettes du siècle passé de la gestion administrative de l’économie par l’Etat qui nous permettra de faire face. On constate que la recette keynésienne de relance de l’économie par la consommation en injectant de l’argent public ne fonctionne pas. Pour deux raisons : d’abord, nous sommes obligés d’augmenter les prélèvements et d’emprunter pour le faire et donc nous aggravons notre endettement en diminuant notre compétitivité, et ensuite nous ne produisons plus en grande partie ce que nous consommons ce qui conduit à aggraver notre balance commerciale, autre source d’appauvrissement. Quoi qu’on en dise, même avec un ministre du Budget encensé pour son réalisme économique, Jérôme Cahuzac, le « démissionnaire » n’a pas réussi à éviter une nouvelle dérive du déficit et à engager de réelles économies structurelles.
J’avais annoncé, comme d’autres, qu’avec les décisions prises en juillet 2012, complétées par le vote du budget 2013, en faisant peser l’effort d’ajustement du déficit essentiellement sur l’impôt alors qu’il aurait fallu privilégier les économies sur les dépenses, on planterait l’économie. C’est ce que constate aujourd’hui l’OCDE : nous sommes entrés en récession au 4ème trimestre 2012 avec – 1,2% de recul du PIB, et un – 0,6% au 1er trimestre 2013. Les impôts ont fait chuter le pouvoir d’achat et la chasse aux riches a découragé l’investissement et provoqué un choc de thésaurisation. Quand on fait tout à l’envers, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Surtout quand on s’accroche aux mêmes vessies pour en faire des lanternes : ainsi de la taxe à 75% qui est destinée maintenant aux entreprises qui n’en demandaient pas tant. On affirme vouloir les soutenir en paroles, mais les actes font le contraire.
La boite à outils, c’est du bricolage.
Vouloir susciter l’espoir avec la « boite à outils » pour enrayer le chômage, relève de la même imposture. Celle-ci ne contient en effet que des recettes éculées qui créeront de l’emploi artificiel soutenu par la dépense publique, et en quantité forcément limitée face à un océan de suppressions d’emplois. Comment les Français pourraient-ils croire de telles fariboles ? Car c’est bien du bricolage qu’on leur propose.
Mais l’hôte de l’Elysée peut-il changer de logique économique ? Prisonnier de sa majorité, Le « grand méchant flou » n’a guère de marge de manœuvre. Sur sa gauche les communistes et Mélenchon parient sur son échec, faisant le boulot pour Marine Le Pen. Le PS est en plein désarroi, que les atermoiements sur l’application de la taxe à 75% (au foot, pas au foot) ne rassure pas, d’autant plus que le désaveu des Français se creuse sondage après sondage. La grande peur de perdre ses places fortes au moment des municipales commence à faire des ravages dans les rangs des hiérarques du parti. Il ne comprend pas non plus la montée de l’exaspération qui se cristallise dans la foule des manifestants contre le mariage pour tous. Le PS est d’autant plus déboussolé qu’il doit faire face à un choc de réalités pour lequel il n’est pas préparé comme en témoigne le débat sur l’âge de la retraite et la durée des cotisations, un tabou qu’il a du mal à faire tomber. C’est une double décennie de déni qui s’écroule. Dur, dur d’être aux affaires !
Il faudrait renoncer pour de bon au socialisme.
Et pourtant il faudrait d’urgence changer de politique économique. Pour sortir du chômage et relancer l’économie, on n’a pas essayé depuis plus de 30 ans la seule chose qui le permettrait : sortir du socialisme, affirmé quand la gauche est au pouvoir, larvé quand c’est la droite. La preuve : les prélèvements obligatoires et les réglementations n’ont jamais cessé de croître. Le vrai choc serait d’alléger les cotisations sociales de plusieurs dizaines de milliards en finançant cela par la baisse des dépenses publiques. Il faudrait faire le choix de favoriser l’emploi hautement qualifié pour relancer notre industrie. Et dans un premier temps débloquer les embauches là où les besoins existent, sans mobiliser d’argent public. Le plan d’aide au logement va dans cette direction mais il est marqué par l’idéologie et est trop restreint pour avoir un effet salutaire. De nombreux secteurs pourraient être sollicités pour peu qu’on modifie l’environnement réglementaire qui agit comme un frein.
Mais c’est à une nouvelle vague de prélèvements qu’il faut s’attendre, la cible étant les « allocations familiales ». C’est tout ce que le gouvernement a trouvé pour baisser la dépense publique. En fait il s’agit de financer les mesures sociales en faveur des plus démunis…
Le cercle vicieux mis en place va donc continuer d’aggraver la situation. Et notre population active qui va continuer d’augmenter de 0,52%/an jusqu’à 2030 !!!
Nous sommes dans une impasse et les gens qui pilotent n’ont pas de marche arrière.
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