LE PS : UN PARTI LARGUE
22 avril 2013
Moins d’un an après, le constat est consternant. Le Président est au fond du trou après une chute vertigineuse (74% de mécontents) et les débats qui agitent le Parti Socialiste sont à l’image de la majorité de gauche : complètement à côté de la plaque.
Certains réclament la fin de l’austérité alors qu’elle n’a pas encore commencé sérieusement, les Mélenchonistes jouent la fracture avec en arrière-pensée de passer devant le PS aux européennes, les Verts réclament eux aussi de la relance… Les prélèvements continuent d’augmenter et la dette avec. Bref, on est en plein déni de réalité et les Français mesurent le décalage en le faisant payer plein pot : le Président perd 40 points dans l’électorat populaire.
Quand j’entends Jacques Julliard, interrogé l’autre soir sur les difficultés de l’exécutif et la virulence de l’opposition de droite, se réfugier dans l’argument du procès en légitimité, il fait fausse route. Dans aucune des manifestations contre le mariage pour tous on n’aura entendu de slogans remettant en cause l’élection présidentielle pas plus que le gouvernement. Faire croire que la droite conteste la légitimité du pouvoir de la gauche parce qu’elle a perdu est une vision de bobo soixante-huitard. Ce qui est vrai, par contre, c’est le procès en incompétence, mais là elle est dans son rôle.
Ce qui est dramatique, ce sont les discours de tous ces dirigeants, et particulièrement ceux du PS, qui dénotent d’une grille de lecture du monde et des événements complètement erronée.
La grille de lecture du monde vu par la gauche.
L’exécutif gouverne comme si la France était un pays « hors sol ». A cause de son idéologie, cas unique en Europe, la gauche française se comporte comme si le monde était tel qu’elle voudrait qu’il soit. L’affaire Cahuzac l’a rappelée brutalement à la réalité : la planète est un village et les outils modernes de communication en gomment les frontières. Et comme les règles qui régissent les marchés ne sont pas celles de l’idéologie socialiste, le hiatus est inévitable. On en voit les résultats désastreux dans le plongeon de notre économie et le chiffre du chômage. Il nous aurait fallu privilégier l’entreprise et la compétitivité, nous avons eu la folie fiscale et la préservation des fonctionnaires…
La grille de lecture de la société vue par le PS.
L’erreur est flagrante quand on entend les commentaires de Mrs Désir et Assouline. Pour eux les manifestations contre le mariage homosexuel sont motivées par l’homophobie, ce qui n’est pas vrai. Ils y voient une coalition de toutes les droites : encore faux. Il suffirait qu’ils viennent se mélanger au cortège pour constater qu’on y rencontre des gens de tous horizons et de toutes confessions, croyants et non croyants. Réduire les cortèges au peuple de droite relève d’une erreur fondamentale. Ce qui fédère ces personnes, c’est l’attachement à des repères communs que sont la conception de la famille et tout ce qui touche à la filiation, ayant pris conscience qu’on touchait là à un socle de notre vivre ensemble qu’ils n’ont pas envie d’abandonner.
Pire, ils utilisent l’argument de la sédition, comme si les défilés pacifiques de la « manif’ pour tous » menaçaient la République et le chef de l’Etat. Stupide ! A aucun moment il n’a été question de « marcher sur l’Elysée ». Les personnalités qui y participent ne sont pas des factieux en mal de coup d’état. Vouloir le faire croire, c’est faire preuve d’une grande fébrilité. Les arguments manquent, alors on accuse de la rage !
Il est difficile de gouverner en temps de crise. Mais le PS est-il un parti de gouvernement ? Traversé par ses multiples courants, il a bien du mal à s’adapter à l’exercice du pouvoir. Surtout quand celui-ci est confronté à la dure réalité de la solidarité européenne. C’est tellement plus facile de s’opposer. Au moins pourrait-il profiter de l’occasion pour faire son aggiornamento idéologique en se mettant au diapason de la rumeur du monde telle qu’elle lui parvient.
Apparemment, ce n’est pas le cas. Je plains le Président de la République et le gouvernement. Avec une telle majorité, ils ne sont pas au bout de leurs peines.
Cela n’est pas rassurant non plus pour la France et le sort des Français.
Commentaires