HISTOIRE
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LA REFORME EN BREF

Retraites 3

 

La loi réformant le financement des retraites a été promulguée. Les critiques ont fusé depuis  et certains pensent déjà à l’abroger. Les contestations se poursuivent mais elle va entrer en application.
Même si elle a été allégée du fait des concessions du gouvernement ou des censures du Conseil constitutionnel, elle aura un impact immédiat.

Elle vous concerne si vous êtes nés à partir du 1er septembre 1961. La mesure principale et la plus discutée : le report de l'âge de départ de 62 ans à 64 ans. Mais en 2030 seulement. D'ici là, le report se fera par trois mois par année de naissance. La durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein va passer à 43 ans, contre 42 ans actuellement, soit 172 trimestres, d'ici à 2035. Mais personne ne devra travailler plus de 44 ans. Et l'âge de la fin des décotes reste 67 ans. Les fonctionnaires sont concernés aussi. Les régimes spéciaux sont maintenus mais le décalage de deux ans leur sera appliqué aussi. Et, heureusement, ils disparaissent pour les personnes qui vont être embauchées dès le mois de septembre.

Le volet social prévoit la revalorisation du minimum de retraite à 85% du SMIC net pour les personnes ayant tous leurs trimestres. Pour ceux qui ont cotisé au moins 120 trimestres, la revalorisation ira jusqu'à 100 euros. Ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans pourront partir à 63 ans. Les femmes ayant au moins un trimestre de majoration pour la maternité ou l'éducation et ayant cotisé les trimestres nécessaires pourront bénéficier d'une surcote allant jusqu'à 5%. Ce volet social de la réforme des retraites vient atténuer largement l'impact de la réforme. Et les droits des professions qui s'exercent dans des conditions pénibles seront renforcés.

On n’a pas  résolu tous les problèmes de retraites avec cette réforme mais elle va dans le bon sens. Elle nous ramène dans le peloton, en fin de peloton certes mais dans le peloton tout de même, des autres pays développés. Mais compte tenu de l'évolution de la démographie et du déséquilibre grandissant entre les actifs et les inactifs, d'autres réformes seront nécessaires à l'avenir. Un des  sujets qui restent en suspens est l'emploi des seniors. Pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein, il faudra travailler plus longtemps. Le problème  devrait être traité dans la future  loi travail.

Il faudra trouver le moyen de financer les retraites autrement que par la répartition compte tenu de l’évolution de notre  pyramide des âges. La solution (complémentaire) c’est la retraite par capitalisation. Elle existe déjà, et on la pratique sans le savoir : quand vous souscrivez à un contrat d'assurance vie, quand vous achetez votre résidence principale, quand vous souscrivez, et, à partir de 40 ans vous devez le faire, à un PER… La vraie réforme des retraites, c’est à chacun de se la faire en épargnant un peu chaque mois !

Comme  on le voit, pas de quoi en faire tout un pataquès, sauf à avoir d’autres visées ou  être de  mauvaise foi. La  violence qui s’est installée et qui sème les déprédations aux frais du contribuable doit cesser. 

 


COLERE CHEMINOTE : IL Y A DE QUOI !

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La CGT des cheminots nous promet un jeudi noir à la SNCF pour exprimer la colère de ses employés face à  la réforme du financement des retraites. Il y a en effet de quoi être en colère, mais ce sont  des usagers dont je parle.

Quel enfer !

En 2019, les grèves à la SNCF ont coûté 850 millions ce qui représente une perte pour l’économie du pays de 300 millions. Les agents de la SNCF sont, en moyenne, plus augmentés que  l’inflation. En 2022, ils ont bénéficié d’une hausse de 5,8% contre une inflation de 5,2%. Il bénéficie d’un régime spécial de retraite. Ces agents qui   manifestent ne partiront jamais à la retraite à 64 ans, mais bien entre 54 et 59 ans, puisque dans leur entreprise, seuls les nouveaux recrutés seront concernés par le recul de l’âge légal de départ. C’est ce qu’on appelle « la  clause du grand-père ». Les régimes spéciaux ne disparaîtront qu’à partir de 2066.

Et c’est qui qui paie ?

Le  contribuable français a donc encore de longues années devant lui à compenser le déficit de ce régime très avantageux : tous les ans, la subvention d’équilibre du régime de la SNCF et de 3,3 milliards d’euros, soit 13 675 € par retraité. Autrement dit, c’est nous qui payons.  Et les pensions sont loin d’être minables. En 2021, le montant mensuel moyen d’une pension était de 2 442 €, avec un taux de remplacement de 73%.

On espère tout de  même que leur jour de grève sera décompté de leur salaire…

En résumé, moi j’appelle ça du « foutage de gueule » !

(Merci à Agnès Verdier-Molinié pour les  données chiffrées.)

 


POUR RAISON GARDER…

Qu'est-ce qu'on dit

 

Eric Ciotti a raison d’appeler toutes les forces  politiques à respecter la loi dès lors qu’elle a été validée par le Conseil constitutionnel. Par cet appel, il redore le blason quelque  peu terni par la division du groupe parlementaire qui a obligé à appliquer l’article 49-3.  Les  magistrats ont censuré six dispositions dont « l’index seniors », mais il a validé l’essentiel, soit le prolongement des carrières à 64 ans, applicable en septembre prochain. Et il sera facile de réintroduire dans la prochaine loi sur le travail les articles  censurés. Mais que de mensonges ont été proférés par les opposants à la loi sur  la réforme du financement des retraites autant par le RN que par les composantes de  la NUPES.

Inutile et injuste, ont-ils repris en chœur.

Rien de plus faux. La loi permet de garantir les pensions et de combler le déficit annoncé et creusé par la  pyramide des âges. C’est une loi comptable disent-ils avec mépris, mais dans un  pays surendetté la « comptabilité » ça « compte » justement. Quant au caractère injuste, c’est refuser  de voir   toutes les  avancées qu’elle contient notamment en faveur des  femmes et des petites  pensions.

La borne d’âge à 64 ans est inutile et va aggraver le  chômage des séniors. 

Encore faux, doublement faux. C’est le recul de l’âge de départ qui assure l’essentiel du gain financier pour équilibrer  les régimes. Et la borne d’âge, loin de fragiliser les séniors, les conforte dans l’emploi.  Toutes les statistiques montrent la  progression du taux d’emploi des 55-59 ans (75%) au fur et à mesure que l’âge de départ recule.

A 64 ans, les travailleurs sont cassés.

Pauvres  petits Français fragiles. Regardons autour de nous :  pratiquement tous nos voisins ont mis en place des âges de départ compris entre 65 et 69 ans. Evidemment, cela n’empêche pas de réfléchir aux reconversions nécessaires en fin de carrière pour certains métiers. N’oublions pas que de nombreuses dispositions sont applicables aux carrières longues et aux métiers à la pénibilité reconnue.

La  contestation est portée par plus des 2/3 des Français.

C’est répété à l’envi par  tous les gauchos de service et  les représentants du RN. Mais cette affirmation repose sur la base de sondages contestables par  la question posée. La preuve  en est : jamais le pays n’a été bloqué par le nombre des grévistes resté très bas sinon par des  blocages ciblés provoqués par des commandos  cégétistes ou autres. Et aujourd’hui, 62% des 200 000 votants du sondage du Figaro approuvent la validation de la loi… Comme quoi il faut se méfier des sondages. En dehors des manifestants interrogés, qui crient une colère surfaite, on sent davantage de résignation dans le pays que de révolte.

La loi n’a pas été votée.

Encore un gros mensonge. La procédure du 49-3, avec le gouvernement qui engage sa responsabilité, est  un vote. Le  constat est qu’il y a eu une majorité pour repousser la motion de censure qui aurait invalidée la loi. La loi est donc approuvée par une procédure démocratique. Et le recours à l’avis du Conseil constitutionnel en garantit toute la légitimité. Peut-on en vouloir au gouvernement d’avoir eu recours à des procédures peu usitées mais conformes, quant on a constaté le comportement anarchique et antidémocratique de la NUPES et des Insoumis en particulier, pour empêcher tout débat au fond sur la loi, lors de sa discussion à l’Assemblée nationale ?  De plus, c’est oublier le rôle du Sénat, où elle a fait l’objet d’un examen approfondi et plus approprié et où elle a été votée largement ! Je conseille  donc à tous ces  gamins imberbes qui crient au déni de démocratie dans la rue  en allumant des « feux de joie »  et en brisant des vitrines, de retourner à leurs études afin d’acquérir un  peu plus de discernement civique.

Les syndicats ne peuvent plus croire que la réforme va disparaître subitement.

Sur ce plan, ils sont en échec. Ils devront l’accompagner et s’ils préfèrent accroître la mobilisation et continuer à mettre le pouvoir au défi, ils finiront par perdre une partie du soutien de la population. En s’entêtant dans le refus de discuter de la clause de report de l’âge, ils ont perdu la légitimité qu’ils avaient acquise en construisant leur cause. Il  faudra bien qu’ils reviennent au dialogue avec le  pouvoir qui ne compte pas s’arrêter dans ses réformes.

 


IL EXISTE UN CHEMIN POUR EN SORTIR

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Vous l’avez compris, depuis  la défection de la petite vingtaine de députés LR sur le vote de la réforme des retraites, je ne crois  plus guère à la capacité du parti à se maintenir et à se redresser  sans changer les paradigmes du débat politique actuel.  Nous voyons bien que nous allons tout droit vers l’intronisation de Marine Le Pen, tant le message des Républicains est inaudible et brouillé. Comme pour beaucoup de nos amis, le malaise me conduit à ne plus croire en rien. Et ça, ce n’est pas possible. Le malaise, tout le monde le ressent confusément, tient dans la situation politique perçue  comme trop instable dans une époque où justement, à cause de la dégradation à l’extérieur comme à l’intérieur, il faudrait un gouvernement en capacité d’agir avec des lignes claires dans la durée et non au coup  par coup. Le teasing sur la décision du Conseil constitutionnel ne change rien. Dès le 15 avril,  quelle que soit la décision prise, la vie politique devra suivre son cours.  Autrement dit,  cette situation  d’instabilité digne de la IVème, aggravée  par le comportement de saboteurs des députés  LFI,  ne va pas pouvoir perdurer jusqu’à la fin du quinquennat. Il faut un électrochoc. Il faut en sortir.

Le rassemblement.

N’en doutons pas, la situation institutionnelle et politique est grave. Car il n’y a guère d’alternative : la dissolution, il ne vaut mieux pas y penser ; le referendum, pas mieux ;  un changement de gouvernement : en gardant les conditions actuelles, ce sera un cautère sur une jambe de bois. La  navigation à vue a ses limites. On ne va pas recommencer à chercher une majorité temporaire de projet de loi en projet de loi, se  contenter de mesures techniques qui ne fâchent pas trop. A  ce  compte-là, c’est ouvrir les portes de l’Elysée au RN, faute d’avoir pu apporter des réponses crédibles aux sujets importants. C’est Emmanuel Macron, Président de la République qui est le premier responsable  de cette situation.  Et lui seul détient la clé qui débloquerait la situation. Mais il doit délaisser ses réflexes partisans au vestiaire et jouer pleinement son rôle de garant des institutions. En s’élevant au-dessus des partis, en rassemblant au-delà de son camp, il  montrerait qu’il  est capable d’agir en prenant en considération l’intérêt supérieur du pays avant tout. Alors, il peut demander à chacun de prendre ses responsabilités et les républicains (au sens premier) de tous bords devront prendre conscience de leur responsabilité historique pour enfin s’unir. Le sursaut  passe  par le rassemblement, mot cher aux gaullistes.  Une majorité politique  est possible,  elle doit d’abord passer par un accord de gouvernement avec la droite LR. C’est réalisable s’il ne s’agit pas de se rallier, mais de rassembler, s’il ne s’agit pas de se soumettre mais de négocier, s’il ne s’agit  pas de débauchage,  mais de projet.

Elargir la Majorité de la droite à la gauche réformiste.

La tribune de Manuel Valls  d’il y a quelques jours ouvre des perspectives en montrant qu’il est possible d’associer une partie de la gauche politique à ce rassemblement,  car  il existe  encore des réformistes qui ont refusé de se fourvoyer dans l’aventure gauchiste de la NUPES. La Constitution offre le cadre adequat. Il  s’agit de sauver la République afin qu’elle ne tombe pas  dans des mains qui  la saborderaient. Il  ne sera pas difficile de trouver quelques-uns de ces républicains  de gauche, dont Manuel  Valls, pour participer à cette entreprise de redressement. Et manuel Valls fait la même analyse, le point de départ ne peut-être que la nomination d’un Premier Ministre issu des Républicains, seul moyen d’arriver de façon organisée à une majorité absolue de députés.

L’union nationale de  salut public.

C’est pourquoi l’appel des parlementaires LR publiés dans Le Figaro, me semble frappé au coin du bon sens. De quoi s’agit-il ? Pour faire court : un contrat de législature et un premier Ministre LR.  Ce serait le moyen de sortir l’action politique du discrédit dont elle souffre aujourd’hui et de rejeter dans leurs cordes  RN et NUPES en les réduisant véritablement à l’impuissance. Les  sujets pour redresser le pays ne manquent pas : rétablissement des comptes publics, défi climatique, transition et indépendance énergétique, immigration irrégulière, santé, école, sécurité … Le  bénéfice à en tirer  viendra du constat des Français du retour au fonctionnement normal de la démocratie. Alors, le  Président ne pouvant se représenter, Les Républicains retrouveront  une chance de garder le pouvoir, car  la première condition pour qu’un Républicain soit élu, c’est d’abord de restaurer la République. Le retour de  la prospérité qu’on peut espérer fera alors le reste, avec  le rétablissement de la confiance liée à la sortie de l’impasse politique.

Non, il n’y a pas besoin de big bang pour répondre aux inquiétudes légitimes des Français. Juste un  peu de volonté et de discernement. Encore faut-il qu’ils soient partagés…

 


RECHERCHE HOMME (OU FEMME) PROVIDENTIEL(LE) DESESPEREMENT !

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Triste France.

C’est la 11ème journée de mobilisation contre la  loi réformant  le  financement des retraites. Les  consultations entreprises par la Première  Ministre  n’ont évidemment rien donné de tangible hier. Aujourd’hui, Le  nombre des grévistes s’étiole un  peu plus et le nombre des  manifestants dans la rue continue de s’affaisser.  Reste la  capacité de nuisance des  plus durs, comme la  CGT et les gauchistes avec blocages  ponctuels ici et là, de quoi juste emmerder la vie quotidienne de ceux qui bossent. Espérons que nous n’aurons pas une fois de plus le spectacle  affligeant de la violence ultra-gauchiste qui défigure notre démocratie et obligent les forces de l’ordre à répliquer. Les contestataires ne  mollissent pas en verbe, mais ils sont dans une seringue. Que feront-ils  quand le Conseil Constitutionnel aura validé  la loi ?  Car il va bien falloir en sortir. Une certitude :  face à l’obstination des opposants, le pouvoir exécutif ne peut reculer. Et si je donne raison à Macron plutôt qu’à Berger, c’est  parce que des deux, celui qui se préoccupe le plus de l’avenir de la France, c’est le Président de la République.

Un vrai cauchemar.

La réforme du financement des retraites et l’agitation qu’elle génère nous cache une réalité bien triste. L’état du pays c’est quoi ? Une désindustrialisation massive qui, depuis le début  de ce siècle a diminué de  près de moitié notre potentiel et nous a laissé distancés par l’Allemagne, une dette  publique de 3 000 milliards d’euros, véritable  poudrière qui nous met à la merci de la hausse des  taux d’intérêt, le  sabotage de notre nucléaire civil dont le rapport qui vient d’être rendu souligne les incohérences des politiques menées, l’aggravation de la pauvreté qui touche 9 à 10 millions d’individus selon l’Insee, la perte du contrôle de  l’immigration si tant est qu’il ait jamais eu lieu, l’effondrement scolaire qui nous  met  à l’arrière-garde de l’Europe, la crise hospitalière,… L’Etat-nounou, pour amortir les chocs avec l’augmentation de 50% de la prime d’activité en réponse à  la crise des « gilets jaunes », le  « quoi qu’il  en coûte » qui n’est autre que  la  prise en charge des conséquences du Covid, les  boucliers tarifaires pour compenser la hausse du prix de l’énergie,  n’ont eu d’autre effet que de creuser le déficit de l’Etat porté à plus de 120 milliards d’euros en 2022.  Dans un monde où le socialisme a disparu,  sinon sous la  forme de la dictature et de la guerre, la France le pratique à crédit sans le dire,  camouflé derrière l’individualisme ravageur et irresponsable que « l’argent magique » encourage. Cette litanie  n’est en fait que  le constat de notre déclin, gros mot qu’il est interdit de prononcer, pour éviter de le  combattre.

On n’a que ce qu’on mérite.

Le populisme, large produit des réseaux sociaux, a permis à la démagogie la plus vulgaire de s’emparer des esprits du plus grand nombre. Les partis politiques dits de gouvernement ont été dépassés : la sociale-démocratie s’est effondrée, débordée  par l’obscurantisme vert et la véhémence institutionnelle des Insoumis, la droite et le centre pris au piège de leur manque de résultats sur la plupart des dossiers,  ont été débordé par l’OPA macroniste du « en même temps » et le « dégagisme ». L’absence de majorité absolue lors de la dernière élection législative a fini d’affaiblir l’exécutif et re-parlementarisé la France. Le retour des démons aurait dit le Grand Charles. Et le résultat dépasse les espérances : L’Assemblée nationale transformée en champ de foire  quand ce n’est pas en cour de récré, où le débraillé du langage le dispute à celui du vêtement, soigneusement mis en scène par les Insoumises et Insoumis : les gueux sont là, mais est-on sauvé pour autant ?  Et voilà l’impuissance érigée en norme constitutionnelle, le Président de la République transformé en « dictateur » et comparé à « Caligula » par l’inénarrable  Mathilde Panot (ne tombez pas dedans) ; les  socialistes sous la houlette du piètre Faure,  se révèlent incapables de se dissocier de cette bouffonnerie, tandis que Les Républicains, au lieu de faire la démonstration de leur capacité à gouverner par leur cohésion, étalent le spectacle indigne de leurs divisions et de leurs  ambitions  personnelles ; manque au tableau les « marinistes »  qui font profil bas, soigneusement cravatés et clean sur eux comme dans leur comportement, embusqués comme le matou prêt à bondir sur sa proie. Et pour couronner le tout, la France humiliée, obligeant le Président de la République à devoir annuler la visite officielle du roi d’Angleterre,  Charles III.  Comme remède à la  crise, voilà qu’on nous propose  de changer nos institutions,  pour plus de démocratie !  Merci, on est  en train de donner. Surtout ne touchons pas  à la Constitution qui permet encore au pays de tenir debout et nous met à l’abri des derniers malheurs. 

Reconstruire l’alternance.

Nous ne verrons le bout du tunnel que si nous sommes capables de reconstruire les conditions d’un débat démocratique entre une gauche sociale-démocrate et la droite républicaine libérale et sociale. Cette gauche existe et peut se reconstituer autour de personnes comme  Bernard Cazeneuve, Carole Delga et Manuel Valls : qu’attendent-elles pour passer à l’action et  lancer leur « manifeste pour une vraie gauche démocratique ». A droite, il faut faire converger tous les groupuscules éparpillés occupés à faire leur petite cuisine dans leur coin : qu’attend-on pour provoquer la « convention nationale de la refondation » du Modem à LR, en passant par Horizon, nouvelle énergie, et autres comités Théodule, avec autour de la table Edouard Philippe, Laurent Waucquiez, Bruno Retailleau, David Lisnard, Eric Ciotti. Mettre fin à la « balkanisation » des partis de la  gauche et de la droite modérées est une priorité.  Ensuite, reste à espérer qu’une « pointure » émergera dans un camp ou l’autre.  Prendre le risque d’exister, c’est tout ! Car la tâche peut paraître immense, mais elle n’est pas insurmontable si on sait utiliser les institutions et les outils dont elles disposent sans chercher l’illusionnisme, et si on sait jouer collectif. Notre pays  a  besoin d’un nouveau contrat social et économique.  Social par l’élaboration d’une nouvelle philosophie du travail pour faire droit aux aspirations nouvelles liées à notre époque ; économique, par un vrai plan de réindustrialisation auquel François Bayrou ne s’est pas vraiment attelé et qui est la pierre d’achoppement de tout redressement économique, seul moyen de relever nos défis financiers.

Maintenant qu’on touche le fond, quel héraut osera relever le défi.  La France l’attend, au fond d’elle-même avec impatience. Le temps presse !

 


ET SI L’INDEPENDANCE ETAIT UNE IMPASSE ?

Gaulois 2ème tour

Un parti de gouvernement, vraiment ?

Les Républicains défendent une ligne d’indépendance et entendent cultiver leur opposition au macronisme. On  peut comprendre le raisonnement : c’est vrai, la soixantaine d’élus qu’ils ont réussi à conserver l’ont été sur un discours et un projet d’opposition à Macron. Vouloir honorer ce contrat est tout à leur honneur.  Mais à l’usage et à bien y regarder,  cette  ligne d’opposition ressemble  de plus en plus à un oxymore. Le  contexte  du moment, les projets  qui arrivent à  l’examen de l’Assemblée nationale,  conduisent de plus  en plus à mettre leurs pas dans ceux de la majorité. Vouloir  le  faire sans se renier  est  compliqué à  expliquer  au plus grand nombre et devient même illisible. Le risque est grand de voir le  RN récupérer les dividendes de cette rigueur qui consiste à respecter ses convictions en soutenant les  projets gouvernementaux qui les recoupent. Encore faudrait-il que cette cohérence soit accompagnée de la cohésion  du groupe parlementaire et la dissidence de 19 députés au moment de voter la censure a créé une confusion regrettable et donné l’image du désordre plus que de la respectabilité sur un  projet aussi emblématique que celui de  la réforme du financement des retraites. Ce qui aurait dû être une démonstration de puissance s’est perdu dans  les méandres de petits calculs politiciens. Dans ces conditions, la volonté d’incarner un parti de gouvernement est partie en fumée.

L’indépendance, planche de salut.

Le parti et ses principaux responsables, Gérard Larcher en tête,  défendent le maintien de leur autonomie comme garantie d’un espace politique qu’ils refusent de voir réduit à une dualité mortifère entre les partis radicaux Nupes et RN. Le  fait qu’il existe de profondes divergences avec le  Président de la République est réel  et pousse à camper sur la ligne de l’indépendance, tout en négociant des accords texte par texte quand il s’agit de l’intérêt général du pays selon la  vision qu’ils en ont. Ils ne voient pas non plus comment dans la crise actuelle, ils pourraient s’associer  à un pouvoir qu’ils jugent responsable des désordres  dans toutes leurs dimensions, politique, économique et sociale ; et ils  pensent  que les partis associés  au pouvoir paieront la facture à la fin du quinquennat, Edouard Philippe en tête. Aussi Bruno Retailleau martèle-t-il qu’il n’est pas macroniste, Olivier Marleix reste persuadé que le chef de l’Etat cherche plus les débauchages individuels qu’une véritable alliance qui l’obligerait à gouverner avec la droite, et Eric Ciotti fort  d’avoir fait trancher la  question par les instances du parti à plusieurs reprises continue d’estimer que rien ne peut modifier l’équation d’une droite qui s’est définie et qui a résisté au séisme des législatives en cultivant sa spécificité. Mais la solidité de cette ligne n’est-elle pas qu’une apparence ?  Car, avec les frondeurs du 49-3, les partisans certes minoritaires d’un contrat de gouvernement, le  parti donne l’image d’une machine fragile avançant sur une ligne de crête d’autant plus étroite  que la société est en ébullition. Le risque grandit chaque jour que la planche de salut ne devienne un radeau de la méduse.

La  coalition peut être une bonne solution.

Le sentiment général est que le pays ne pourra pas tenir comme ça jusqu’à la fin du quinquennat. Le  gouvernement est constamment fragilisé par  les troubles,  les actions violentes de groupes organisés, les discours incendiaires des Insoumis, les divisions perceptibles à l’intérieur d’une majorité paralysée par ses divergences. Une clarification est nécessaire. Face au spectre d’une explosion sociale qui enfoncerait le pays un peu plus dans la crise, le scénario de la dissolution s’impose chaque jour un  peu  plus. Je ne donne pas cher, alors, de la peau de nos candidats républicains si cela arrivait. Nul doute  que le RN se taillerait la part du lion dans des législatives sur fond de guerre civile. Je suis persuadé que le peuple de droite, au sens large du terme, aspire à un gouvernement stable.  Je ne suis toujours pas devenu macroniste, loin de là, mais force est de constater que cela ne pourrait advenir qu’avec le renfort des députés du groupe LR à l’Assemblée nationale. Au nom  du salut public et de l’intérêt national. C’est ce que défendent déjà Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, Jean-François Copé et à l’intérieur du parti Alexandre Vincendet. Ils soutiennent l’idée qu’un accord politique avec la  majorité serait le meilleur moyen de redresser le pays. Comme le pratique Nicolas Forissier, député de l’Indre, qui se rallie à la collaboration républicaine chaque fois qu’il considère que l’intérêt supérieur de la France l’exige, il ne s’agit pas, évidemment, d’effacer la singularité LR. Mais pour cela, il faudrait une véritable négociation au fond,  avec des garanties et des contre-parties concrètes  sur le programme et  la composition du gouvernement.

Les Républicains auraient tout à y gagner : appliquer une partie de leurs projets qui leur tient le plus à cœur, apparaître comme les sauveurs de la démocratie par le retour à un fonctionnement normal de l’Assemblée nationale, participer au redressement de la France qui ne manquerait pas de se produire, renouer avec la partie des électeurs qui les ont déjà quittés. Avec, en plus, pour les nombreux talents qu’il recèle,  l’opportunité d’accroître leur audience et faire valoir leur efficacité. Car  les  places sont  à prendre et les prétendants sont presque tous dans leurs rangs.  Et je suis certain que notre électorat  du centre et de la droite  modérée, leur manifesterait sa gratitude dans les urnes, le moment venu.

Encore faudrait-il que Macron joue le jeu. La  consigne confiée à la Première Ministre "d'élargir la majorité" n'est pas suffisante. Pour l’instant, des deux côtés,  c’est  « je t’aime, moi non  plus »  et ce n’est pas raisonnable.