LES FRANÇAIS RECOLTENT CE QU’ILS SEMENT !
19 novembre 2022
Trop peu de travail.
C’est un constat, globalement, les Français travaillent trop peu. Les chiffres sont accablants : la France est le pays où l’on travaille le moins. Ceux donnés par l’OCDE ne sont pas susceptibles d’être discutés : le nombre d’heures travaillées était de 41 milliards en 2019, soit 610 heures par habitant, ce qui était déjà beaucoup plus faible que chez tous nos voisins (entre 700 et 900 heures). Et depuis la crise sanitaire, la tendance est chez nous à la baisse alors que c’est l’inverse autour de nous. Les heures travaillées par habitant donnent d’autres éléments d’analyse : elles ont une répercussion sur le PIB qui est le résultat du nombre d’heurs travaillées et de la productivité. Comment produire plus de richesse quand les deux déclinent en même temps : moins d’heures elles-mêmes moins productives. La productivité diminue du fait, notamment de la baisse des compétences elle-même résultat de la crise de notre système éducatif. On oublie tout bêtement que les heures travaillées, au-delà du PIB, sont surtout à l’origine des milles biens et services que tous consomment et apprécient. Bref, si nous continuons à faire le choix collectif de continuer à moins travailler, il ne faut pas espérer conserver tous les avantages que l’on retire du travail des autres. Vu sous cet angle, on comprend bien pourquoi ils sont maintenus grâce à un endettement massif.
Les salaires insuffisants.
Les salaires sont figés en France depuis trop longtemps et ont fini par paraître insuffisants au point d’en être démotivants. C’est la résultante de plusieurs causes qui fonctionnent en cercle vicieux : depuis les 35 heures, le pays s’est mis à moins travailler et donc à créer moins de richesse, la croissance du PIB sur le temps long est tombée à 1% en moyenne par an, entraînant une baisse de la richesse par habitant qui classe notre pays dans les derniers de l’Europe ; la dégradation de notre système éducatif malgré les moyens qui lui sont consacrés a fini par entraîner une baisse des compétences et une inadéquation grandissante au marché du travail bousculé par la digitalisation et la crise sanitaire ; l’Etat a dû compenser par un assistanat toujours plus présent et pesant à la fois sur son budget et sur la compétitivité des entreprises en rognant leurs marges de manœuvres… Le résultat est catastrophique : un Français sur deux n’arrive pas à sortir d’un bas salaire, soit en-dessous de 1 310€ nets mensuels. Le redémarrage de l’inflation contribue à tendre la situation et à nuire à l’activité, de quoi rebuter certains à reprendre un emploi.
La flemme plutôt que l’effort.
Comment demander aux Français d’être optimistes quand les épreuves pour le pays s’enchaînent. La France est traumatisée par le terrorisme, le choc du covid qui l’a mise à l’arrêt ; elle a été marquée par la révolte des « gilets jaunes », le tout sur fond de dérèglement climatique et d’innovations mondialisées dont elle tire peu de bénéfices ; le pays du « meilleur système de santé au monde » voit son hôpital s’effondrer, le pays du nucléaire risque les coupures d’électricité, le pays de l’éducation gratuite et obligatoire découvre qu’elle ne tient plus sa promesse d’émancipation républicaine et de transmission du savoir… On peut trouver logique que le peuple français soit moralement épuisé et fatigué. Les années covid, dont nous ne sommes pas complètement sortis, laissent une trace bien plus profonde qu’on ne pouvait l’imaginer. Elles ne font qu’accélérer des mutations à l’œuvre dans la société française. Ainsi 45% des Français disent être touchés par des épisodes de « flemme » les dissuadant de sortir de chez eux, et on peut faire un parallèle avec une relation plus distendue avec le travail. En 1990, 60% estimaient que leur travail était « très important » dans leur vie, la proportion est passée à 24% ! Aucune autre valeur n’a chuté autant.
En même temps, le rôle des loisirs a grimpé en flèche. On voit le mal que les RTT et le « ministère du temps libre », relayés aujourd’hui par le « droit à la paresse » de Sandrine Rousseau, ont fait à la « valeur travail ». Désormais, le travail doit trouver, pour beaucoup, sa place dans les interstices de la vie personnelle. Plus grave, il ne fait plus consensus : c’est une valeur de droite puisque 4 sympathisants LFI et verts sur 10 se définissent comme « peu ou pas travailleurs ». On a envie de crier « Travailleuses, travailleurs, Arlette, reviens ! ». Le « Droit au travail » de Fabien Roussel se heurte au « droit à la paresse », encouragé, il est vrai par des prestation sociales généreuses. Et, ce qui n’a pas arrangé les choses, l’inactivité forcée des confinements a donné le goût du canapé à ceux qui ne l’avaient pas découvert.
Le progrès est pourtant là.
Condorcet imaginait le progrès comme une mécanique où le progrès scientifique entraînait le progrès économique qui entraînait le progrès social puis le progrès moral. Et ça a marché pendant près de deux siècles et demi. Aujourd’hui, la technologie permet d’imaginer bien des solutions à nos problèmes comme un avion sans carbone ou un médicament contre le cancer. Mais pour s’en apercevoir, il faut que nous commencions par défaire le bandeau qui nous rend aveugles : celui de l’égalitarisme qui conduit au nivellement par le bas. Le bon chemin c’est celui de la justice. Cela nous évitera de penser de travers en croyant, par exemple, qu’il faut taxer les superprofits au lieu de réfléchir sur la nécessité pour nos entreprises d’entreprendre des investissements coûteux dans le numérique ou sur le moyen de renforcer l’actionnariat salarié pour que les Français perçoivent davantage de dividendes. Ce qui serait un bon moyen de répondre à la demande « de sens ou de vision », réclamée par toute une classe d’âge pour s’investir dans le travail. Mais la réflexion économique est plus difficile à conduire que la morale égalitariste à proclamer. Et il faut aussi faire face aux discours dangereux des écologistes politiques : la nature nous sauverait contre la technologie. C’est terriblement contre-productif. C’est l’inverse qui est vrai. Ainsi, la solution, ce n’est pas abandonner l’usage de l’avion, c’est décarboner son usage. Ce qui est déjà en train de se faire !
Nous avons les moyens de faire face aux défis de notre temps. Pour cela il faut renouer avec la foi dans le progrès, comme nous devons continuer de manifester notre attachement au principe « d’universalité » qui reste indépassable pour assurer le « vivre ensemble » !
Il est temps de retrouver les bonnes semences !
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