RETRAITES : ON N’A PAS LE CHOIX !
23 novembre 2022
D’abord mettre fin à la dérive dépensière.
Le gouvernement peine toujours à mettre un terme au « quoi qu'il en coûte ». Difficile de sortir de cette accoutumance dans un contexte inflationniste et avec une majorité relative à l'Assemblée. Le projet de loi de finances toujours en débat au Parlement entérine le maintien de dépenses élevées : malgré la hausse des tarifs de 15 %, le bouclier sur l'électricité et le gaz va coûter encore plus cher à l'Etat l'an prochain. Il prévoit aussi des crédits en nette augmentation pour les missions régaliennes, l'éducation ou la santé. En conséquence, la France commence à être dans le viseur des instances internationales : le FMI a lancé un premier avertissement en demandant la fin du « quoi qu’il en coûte » en 2023, hier la Commission européenne a épinglé les déséquilibres français qui restent préoccupants.
La France se retrouve prise en étau entre Le FMI qui recommande de resserrer les aides anti-inflation et de freiner la hausse des dépenses, consigne que Paris applique sur la ristourne à la pompe, mais, à l'instar de Berlin, entend rester généreux sur les soutiens au gaz et à l'électricité, que ce soit pour les ménages ou pour les entreprises. Mais d’un autre côté, la concurrence allemande et surtout américaine oblige de fait à maintenir une forme de « quoi qu'il en coûte » énergétique pour l'industrie, faute de réponse européenne efficace sur les prix de marché. En plus, Emmanuel Macron n'entend pas non plus serrer la vis sur les services publics, qu'il a promis de réarmer. Dans ce contexte, la réforme des retraites apparaît, au même titre que la réforme de l’assurance chômage, comme le moyen de faire des économies conséquentes tout en poursuivant l’objectif d’accroissement du taux d’activité.
La réforme des retraites, urgente et nécessaire.
Urgente parce qu'il est temps de faire preuve de transparence sur les déficits cachés de notre système de retraite : il s'agit principalement des déficits des régimes de retraite de la fonction publique qui représentent 30 milliards d’euros de déficit annuel, soit près de 10 % des retraites totales. Urgente aussi pour le régime général qui se trouve temporairement à l'équilibre, mais au prix d’une baisse marquée du taux de remplacement pour les futures générations : 52 % en 2020, 43 % en 2040, 36 % en 2060. Cette baisse relative du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs est une réforme silencieuse qui ne dit pas son nom.
Et nécessaire pour améliorer le potentiel économique du pays en augmentant sa population active. La France ne peut se satisfaire d'un taux d'emploi des 60-64 ans de 35 %, en retard de 7 points par rapport à la moyenne européenne. La période est particulièrement propice car les difficultés de recrutement poussent à faire travailler les actifs plus longtemps, et dans la fonction publique, la montée des recrutements de contractuels remet sur la table la question de l’alignement des régimes public-privé.
Le report de l’âge de départ.
À terme, c’est 20 milliards d’euros d’économies pour un report de l'âge légal de 62 à 65 ans en 2031, contre 10 milliards en accélérant l'allongement de la durée de cotisation (43 ans prévus en 2035 au rythme d'un trimestre tous les 3 ans). C’est insuffisant alors que les derniers chiffres du Cor (Conseil d’Orientation des Retraites) prévoient un déficit de 10 milliards en 2027 et qui pourrait atteindre jusqu'à 20 milliards d’euros dans 10 ans. Il faut y ajouter la convergence des régimes public-privé qui permettra de rendre le système plus transparent et plus équitable. Et pour bien faire, la réforme des retraites doit remettre à plat les régimes de la fonction publique : architecture, taux de cotisation et subvention d'équilibre, harmonisation des modes de calcul avec le privé, suppression des catégories actives, alignement des dispositifs de solidarité. Enfin, il serait bienvenu de généraliser la retraite additionnelle obligatoire par capitalisation pour tous.
Les perspectives économiques assombries redonnent tout son sens à une réforme indispensable au redressement de nos comptes publics. La remontée des taux d’intérêts sur une dette de 3 000 milliards d’euros fait déjà sentir ses effets sur le budget de l’Etat. Attendre ne fera qu’aggraver la situation. Le gouvernement ne pourra pas pour autant continuer de faire l'impasse sur le chantier du meilleur usage de l'argent public, s'il veut sortir du piège du quoi qu'il en coûte. D'autant qu'à compter de 2024, l'évolution des dépenses devrait devenir le critère clé des règles budgétaires européennes.
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