HISTOIRE

NOUVEAUTE !

Pour faciliter la consultation de mes articles sur le climat et le réchauffement climatique, souvent il s'agit de compte-rendu de  lectures de livres, je les ai regroupés dans la colonne de gauche ci-contre dans "MES DOSSIERS". 

Il suffit de cliquer sur le titre qui vous intéresse pour ouvrir la page. 


CAPTEUR DE COLERES, MAIS APRES ?

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Le  discours de Marseille.

Le lancement de la campagne du RN  a  eu lieu à Marseille, l’occasion pour Jordan Bardella de faire un discours fleuve de trois quart d’heures.  Au moins, penserait-on, aura-t-il décliné  un projet dense et construit. Nenni : trois quarts d’heure de slogans creux de dénonciation de Macron, de l’Europe, de Bruxelles, mais aucune réelle proposition. Celui qu’on désigne déjà comme la droite  ultrabrite (autrefois on aurait dit « dents blanches ») et roi du selfie remplit parfaitement son rôle de « dédiabolisateur », mais sa réthorique reste creuse.

L’Europe de tous nos maux.

Une vieille rengaine consiste à dénoncer les travers technocratiques d’une institution dont les Français connaissent mal le fonctionnement.  C’est vrai qu’à 27, le fonctionnement est forcément complexe, et que la répartition des pouvoirs entre le  législatif, le Parlement, et les exécutifs qui comprennent le Conseil européen des chefs d’Etats et son bras armé la « commission européenne », ne sont pas complètement aboutis. De  fait, les  projets y avancent lentement, il faut du temps pour parvenir à l’unanimité indispensable à toute décision, mais l’Union a joué un rôle utile pour tous les  pays plus souvent qu’on ne veut bien le reconnaître, pendant la crise du Covid  et face à la guerre en Ukraine, par exemple. Mais le public est tellement peu informé sur ces réalités qu’il n’en perçoit pas souvent l’intérêt.  Il faut dire que nos médias ne font guère d’efforts  pour donner l’importance qu’elle  mérite à la politique de l’Union européenne.  Dans ces conditions, il  est très facile de mettre sur le dos de l’Europe bien des maux qui sont pourtant bien hexagonaux, la France étant la reine de la « surtransposition » des directives. L’Europe bouc-émissaire est un sport facile à pratiquer et le RN y excelle.

Le RN, quelle  Europe ?

Il  y a encore peu, le RN envisageait logiquement de quitter l’Union : le Frexit. Mais vu le désastre que cela a été pour l’Angleterre et cette perspective n’étant absolument pas  populaire, le parti a  modifié son discours. Il prône  une « alliance européenne des nations libres et souveraines » sans qu’on sache le contenu réel de ce concept qui est à l’opposé du principe de l’Union depuis 70 ans, qui repose sur des souverainetés partagées  dont l’euro est le  parfait exemple. L’Europe dont parle le RN est impossible à envisager puisqu’il faudrait l’accord  des partenaires de la France pour défaire les traités en vigueur. Elle se limiterait à des « coopérations » à la carte et renoncerait à ce qui est le cœur de l’Union, à savoir le grand marché et l’absence de frontières intérieures. Quant à imaginer que la victoire de Marine Le Pen suffirait à fléchir  les autres dirigeants, c’est pure fiction. La réalité c’est que la France se retrouverait isolée, condamnée à se plier, comme Méloni, ou à sortir.

L’immigration, cheval de bataille.

Voilà un sujet sur lequel le RN se vante de « victoires idéologiques ». On ne peut pas lui donner tort. La majorité actuelle et  la droite a repris en partie son programme : expulsion des clandestins, mise sous conditions des aides sociales, … Mais on voit bien aussi les limites concrètes de l’application de ces mesures. Nos juridictions de recours, tribunaux et Conseil d’Etat,  participent d’ailleurs à compliquer  la tâches.   Il y a en Europe une aspiration des  peuples  à  un contrôle plus strict des immigrations  et c’est au niveau de l’Union que le principal doit se jouer, sinon, nous nous perdrons dans des  procédures constamment remises en cause ou inapplicables.  Déjà les 27 ont avancé sur le sujet en durcissant les conditions d’entrée dans « Schengen » et en renforçant « Frontex ». Décisions que les élus RN n’ont pas votées. Encore faudrait-il que le vieillissement des populations ne constitue pas  un « appel d’air » pour de la main d’oeuvre immigrée indispensable pour faire tourner nos économies. Là encore, les slogans sont plus faciles que  la mise en place de politiques efficaces. Les électeurs qui croiraient aux mirages du RN seraient condamnés à une déconvenue, comme ceux de Méloni en Italie.

Economie, rien ne va plus.

En ce qui concerne l’économie, le RN reste sur une ligne démagogique  irréaliste : revenir sur la réforme des retraites, baisse de la TVA, hausse des salaires de 10%, tout en appelant (récemment) à des économies. Verbalement ça tient, mais en cohérence, c’est impossible à mettre en œuvre. On ne fait pas d’économies en dépensant plus. Aussi,  les propositions restent-elles  souvent au niveau de l’affichage comme « assurer notre indépendance énergétique », ou « garantir aux agriculteurs des prix respectueux », sans expliquer comment on s’y prendra. Il manque au parti un appareil technique qui lui fait défaut depuis toujours. Marine Le Pen est seule et Jordan Bardella appartient au sérail. Le RN n’a aucun outil  intellectuel qui lui permette d’atteindre la crédibilité. Il se contente de sa politique de communication pour sortir des vieilles lunes fachos du père, ce qui a permis de séduire les médias et une partie des Français, donc de monter dans les sondages et de gagner des élus, sans parvenir à s’implanter complètement. De fait, il attrape toutes les colères,  mais l’assemblage des colères ne donne pas  une direction. On le voit bien avec la guerre en Ukraine. D’avoir parié sur la Russie de Poutine s’avère aujourd’hui être un boulet que Marine Le Pen n’arrive pas à porter. La  position qu’elle a développée dans son discours à l’Assemblée nationale est une pantalonnade.

Il faut  à Bruxelles des élus qui comptent.

Le danger de l’avantage électoral cache un inconvénient  majeur qui risque d’enfoncer la  France dans une crise profonde : c’est l’incohérence idéologique alimentée par un jeu trouble jusqu’aux franges du socialisme avec un programme économique qui est un copié-collé de celui de Mélenchon, et qui enferme le RN dans une spirale du vide. Alors, à quoi bon envoyer des députés RN au Parlement européen où leur présence n’a aucun impact, et d’autant plus que les projections montrent que malgré la poussée des extrêmes-droites, les groupes PPE et Socialistes resteront largement dominants. Tout au plus ils auraient une minorité de  blocage : la belle affaire !  Avec seulement 8 élus, Les Républicains ont compté beaucoup plus grâce à leur influence au sein du groupe PPE.

Est-ce bien le  moment de paralyser l’Europe  dans un monde où les empires voudraient imposer la  loi du plus fort comme droit international.

 


UNE TERRE DE VIEUX !

Retraites 3

 

Le déclin démographique.

L’autre jour, on s’émouvait en France, d’être  passé en-dessous des 800 000 naissances par an. Avec au passage, un autre chiffre qui interpelle : plus de 230 000 avortements. Double constat d’une société qui va mal. Mais le  phénomène hexagonal n’est pas le pire. Deux records spectaculaires viennent illustrer ce qui est un phénomène mondial : au Japon avec la baisse en 2023 de la population de 800 000 personnes, solde entre les naissances et les décès, et en Chine, le chiffre a dépassé les 2 millions, une baisse qui va s’accélérer. La Corée du Sud détient le record du monde du taux de fécondité le plus bas, avec 0,72 enfant par femme en âge de procréer. En Corée du Nord, Kim  Il Sung, a versé une larme en appelant les femmes à faire des enfants… D’autres pays suivent cette tendance. L’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne bien sûr. L’accélération de la baisse du taux de fécondité et du nombre de naissances est tout simplement hallucinante. On fait de moins en moins d’enfants. Pour mémoire, rappelons qu’il faut un chiffre supérieur à 2 pour avoir un simple renouvellement de la population.

Le retour des politiques natalistes.

Dans beaucoup de pays, on revient à des mesures pour favoriser  les  naissances en proposant de  multiples avantages matériels et financiers. Elles n’ont aucun impact. Et on connait les raisons : inquiétudes sur les perspectives économiques à moyen terme, inquiétudes sur l’avenir de la planète, explosion du modèle familial traditionnel, et la liste des raisons est encore longue. De plus en plus de médias évoquent régulièrement le « coût » annuel d’un enfant, surtout dans les  pays développés. De nombreux jeunes vivent avec le syndrome de la planète invivable, tant on rend notre futur anxiogène avec le « réchauffement climatique ». Il faudrait aussi évoquer l’allongement des études, les difficultés d’insertion, de logement … En 2050, il y aura plus d’une dizaine de pays où le nombre de plus de 65 ans va dépasser les 40%. Même la France qui a un taux de fécondité supérieur, à environ 1,70, a un taux inférieur au taux de renouvellement,  et ce taux est en chute libre. Elle comptera plus de 35% de plus de 65 ans en 2050.

L’évolution de l’économie mondiale.

La démographie est un des facteurs principaux de l’évolution de l’économie mondiale. C’est même une révolution qu’il va falloir prendre en compte sérieusement. Cette chute de la population dans les grandes économies mondiales et le vieillissement accéléré présentent déjà de multiples conséquences : le ralentissement de la croissance, la déflation, l’impossibilité de financer les retraites de 40% de la population qui va avoir une espérance de vie de 25 à 30 ans à la retraite, des tensions sur le monde du travail, mais qui seront compensées par l’utilisation accélérée de l’IA. Sans oublier  les phénomènes migratoires qui peuvent servir de variable d’ajustement, mais avec une résultante politique très sensible. Il s’agit de l’immigration en provenance de pays à taux de fécondité encore élevés, mais en baisse aussi. Il faut savoir que  le taux de fécondité en Inde, devenu le pays le plus peuplé de la  planète devant la Chine, n’est plus que de 2. Le gouvernement nippon ne cache pas ses craintes : le Premier ministre Fumio Kishida estime que l’archipel est « à la limite de l’incapacité de pouvoir continuer à fonctionner en tant que société ». En effet, d’ici 2070, la population japonaise pourrait diminuer de 30 %. Si cette projection venait à se concrétiser, le Pays du Soleil Levant enregistrerait une chute démographie vertigineuse, passant de 126 millions à 87 millions d’habitants en moins de 50 ans.

Une autre planète.

La planète des années 2050 va devenir une planète vide, vieille, où il y aura plus de chiens et de chats que d’enfants.  C’est déjà le cas en France. Au Japon, on  a créé un ministère de la  solitude. L’industrie des maisons de retraite a de beaux jours devant elle. Bientôt, on entendra, avec une audition qui va baisser, plus d’aboiements de chiens que de cris de bébés. Triste époque. Quelle vieillesse se prépare ces jeunes sans enfants ? Ils ne connaîtront pas les joies d’avoir des petits enfants, cette cure de jouvence indispensable  pour éclairer les vieux  jours ; ils  ne connaîtront pas les sacrifices que réclament les études  et les parcours de formation avec la satisfaction de voir réussir sa progéniture ;  ils ne pourront  jamais se retrouver dans des sourires, des clignements d’yeux, ces manières d’être que font les hasards de l’hérédité… Et  dans ces non-naissances, ces IVG, combien de Mozart qui ne verront jamais le jour !

Une planète sans enfants, c’est comme une cour d’école vide : c’est bien triste !

 


PAS DE DEMOCRATIE SANS VOTE

La liberté guidant le  peuple bis

 

Le droit de voter : combien de morts ?

Notre système démocratique, si confortable et si rassurant en apparence, est mis en danger par la paresse des citoyens. Il a pourtant été conquis de haute lutte. Il en a fallu des combats et des révolutions pour parvenir à le mettre en place et le stabiliser. Mais voilà, voter suppose un effort intellectuel, choisir, et pour choisir il faut faire le tri entre les faits et les croyances et parce que nous sommes des millions, nous pensons que notre vote individuel ne sera pas décisif. Grave erreur. Le mal vient très  probablement d’une perception de la réalité faussée par de nombreux facteurs qui n’existaient pas autrefois, quand  s’instruire et s’informer était relativement simple. Aujourd’hui l’état  d’ignorance de  l’opinion publique sur de nombreux sujets indispensables à l’édification d’une conscience citoyenne apte à faire des choix, tels  que  l’état de l’économie ou la vérité scientifique, creuse un fossé entre les croyances et le savoir  établi. Il  peut en résulter une démotivation  ou une  polarisation partisane aveugle. Dans les deux cas, la stabilité démocratique est menacée.  Lorsque les conditions l’exigent, et ce sera bientôt le cas, il serait préférable que nous exercions notre devoir citoyen avec le plus grand sérieux.

Perceptions et réalités.

Prenons l’exemple de la Russie. Le peuple russe est appelé à voter la semaine prochaine pour élire le président de la fédération. On pourrait croire qu’il s’agit d’une démocratie. Sauf que toutes les conditions ne sont pas réunies pour que s’exerce un vrai choix : les médias sont astreints  à une propagande éhontée en guise d’information, les opposants dignes de ce nom sont en prison ou éliminés physiquement comme Navalny, le scrutin n’est pas sincère. Le candidat officiel est assuré d’un score que l’on aurait qualifié autrefois de « soviétique ». Il s’agit d’un simulacre pour masquer l’un des pires régimes dictatoriaux de la planète et lui donner une  apparence de légitimité populaire. La réalité, c’est que les vraies démocraties sont de moins en moins nombreuses dans le  monde. Et il  n’y a guère qu’en Europe où elle est établie, bien que là aussi elle soit menacée.  

L’élection présidentielle aux Etats-Unis nous offre un autre exemple. Pour comprendre l’avantage de Trump, il faut considérer la perception qu’ont les Américains de la  santé économique  du pays, car  ils accordent davantage d’importance à l’économie qu’aux questions sociétales. Et ce qui est surprenant c’est qu’un grand nombre jugent les conditions économiques très  mauvaises alors que tous  les indicateurs sont au vert et que  le bilan de Biden est  jugé très bon par les experts. Mais ils préfèrent croire les discours simplistes de Trump qui ment comme il respire et suivre un candidat cerné par une multitude de procédures. La  croyance dans la théorie du complot y a de nombreux adeptes, celle de « l’Etat profond » qui veut faire la peau à Trump, l’influence obscurantiste des évangélistes qui voient en Trump un « sauveur », la polarisation des  médias avec les chaines en continu très regardées qui penchent pour les extrêmes et le mépris pour la vérité  par certains  politiciens  forment un cocktail destructeur pour renforcer les inclinations individuelles des citoyens.

La manipulation de l’information.

L’information joue un rôle capital. Nous avons la chance de vivre dans un pays où elle est plurielle, qu’elle soit écrite ou télévisuelle. Nous ne sommes pourtant pas à l’abri : les chaines publiques en France ont une orientation très marquée définie par Mme  Ernotte :  « Nous présentons le monde tel que nous voudrions qu’il soit ! », ce qui est loin de garantir une certaine objectivité. Et la guerre faite à Cnews en dit long sur la tentation « monothéologique ». Mais la situation est encore plus compliquée quand on sait que nombreux sont ceux, surtout les  jeunes, à ne s’informer que sur les  « réseaux sociaux », ce qui est  le pire moyen tellement le faux y côtoie  le vrai. Et puis il y a tous ceux que cette  multiplicité des sources décourage. Le fossé qui se creuse entre les croyances et les faits par la polarisation partisane conduit à une faiblesse structurelle des régimes démocratiques. Ainsi, on a vu récemment en Slovaquie, comment une campagne de « trolls » en provenance des « fermes »  moscovites a inondé la campagne présidentielle et a réussi à faire élire Robert Fisco, le candidat favorable à Poutine. Récemment, j'ai été surpris par la manière dont la plupart des médias ont repris en la déformant ou en la sortant de son contexte la phrase de Macron sur la "possibilité d'envoyer des troupes sur le terrain en Ukraine". Je ne défends pas le Président, j'observe simplement qu'entre ce que j'ai compris quand il l'a dite, et je ne crois pas être idiot, et ce qui a été repris, analysé et décortiqué, il y avait une volonté d'orienter  la réflexion des Français, et plutôt dans le sens du narratif de M. Bompard (LFI).   

Montée des obscurantismes et des idéologies totalitaires.

Les dangers qu’elle doit affronter sur notre continent sont nombreux. Notre liberté est aussi notre faiblesse. Chez nous les idéologies totalitaires ont encore pignon sur rue, très voyante à l’extrême-gauche avec Mélenchon, admirateur des dictatures sud-américaines,  plus camouflée à l’extrême-droite mais pourtant bien présente dans les fondamentaux du RN. L’islamisme radical est un autre mal qui gangrène la démocratie quand il proclame la supériorité de la loi religieuse sur la  loi républicaine.  Et comment faire contre le pouvoir des  paraboles branchées sur les pays d’origine dont les télévisions crachent à longueur de journée sur la France. Même l’institution scolaire est  menacée, où, sous la  pression, de nombreux enseignants s’autocensurent sur les sujets qui « déplaisent ». Dès lors, la stabilité démocratique repose sur un pari : que lorsque les conditions l’exigent, nous exercions  notre devoir citoyen avec le plus grand sérieux. Ce sera le cas, pour nous, en juin prochain avec l’élection des députés au parlement européen.  Nous allons jouer à « Europe, stop ou encore ? ». Dans le contexte actuel, ce serait une folie d’envoyer à Strasbourg des eurosceptiques  d’extrême gauche ou d’extrême droite qui ne rêvent que de défaire ce que nous avons mis des décennies  à construire laborieusement.  On aura l’occasion d’y revenir.

 


QUAND LA COLERE REMPLACE LE BON SENS…

Colere

 

Qui n’est pas en colère, en France ?

Avant-hier c’était les agriculteurs, hier les infirmiers, aujourd’hui les chauffeurs de taxi, et demain… les professionnels du bâtiment et les artistes subventionnés. On n’en finirait pas de faire la liste des mécontentements qui s’expriment désormais en dehors de tous les cadres que la  a mis en place pour les canaliser. Le même refrain est scandé  jusqu’à plus soif : « on ne veut pas nous  entendre ! ». On, il s’agit évidemment des « élites » responsables de tous nos maux. Un  peu facile.  En fait, la colère n’est que le versant opposé de l’assistanat  quand celui-ci ne donne plus satisfaction dans un pays où l’on a habitué le bon peuple à vivre aux crochets d’un Etat-nounou  qui  doit se faire parcimonieux en raison de la dette qu’il a accumulée mais dont la plupart des citoyens ne veulent pas entendre parler.

La colère, banalisation de la violence.

Pas un jour où une profession, un groupe social, une communauté ou une catégorie,  parfois des  individus, ne fassent connaître leur colère.  « J’ai pété un cable », entend-on à la suite  d’un coup  de couteau porté au hasard dans la rue ou pour justifier un féminicide ;  on justifie à peu  près de la même façon le saccage d’une bibliothèque ou une école brûlée ; l’inauguration du salon de l’agriculture a servi de prétexte à une poignée d’agriculteurs pour des violences inacceptables au moment où le Président de la République s’est présenté. Dorénavant, « la  colère » est le moyen légitime, un droit fondamental pour exprimer  une  doléance, ou faire connaître  une revendication. Je n’oublie pas les quartiers communautarisés où la colère est alimentée par un communautarisme obscurantiste et gangrénés par les trafics en tous genres avec leur cortège de violences.

Les Français sont par nature des rouspéteurs, mais  ce  tempérament est aujourd’hui exacerbé par un contexte, qui n’est pas  propre qu’à notre pays.  Le monde entier est entré dans une  ère où la violence devient la règle au mépris du droit et des lois. En même temps, la démocratie décline. Comme  si les deux phénomènes allaient de paire. La pandémie colérique s’appuie aussi sur internet et les réseaux sociaux, qui sont déjà en soi, des vecteurs de banalisation de la violence, et alimentent le populisme. Et il faut compter aussi avec les « fakes » produites par les fermes à troll de puissances bien intentionnées pour aggraver les crises quand elles se produisent. On a ainsi vu des messages détournés et multipliés  des milliers de fois, en provenance de sites russes pendant les  manifestations des agriculteurs. Toutes  les manipulations deviennent possibles.

Colère légitime ?

Le  pire, c’est que l’opinion publique  manifeste son empathie  vis-à-vis du moindre colérique  en action : « il a raison ! ».  Les revendications collectives échappent désormais à ceux qui sont patentés pour les présenter et l’on a vu les contrôleurs SNCF « en colère » organiser leur grève à partir d’une plate-forme sur « facebook » au mépris de  leurs syndicats et des usagers, mais avec la « compréhension » de ces derniers  (pour ceux qui n’avaient pas à voyager ce jour-là). Voilà donc le peuple souverain en capacité de faire entendre sa voix haut et fort, avec les réseaux sociaux qui servent de porte-voix. Le juron et l’insulte,  qui constituent le langage immédiat de la colère, ne sont-ils pas  monnaie courante sur les réseaux sociaux.

Mais qui ne voit que ce que l’on considère comme légitime  n’est qu’un moyen de facilité qui met en péril  notre démocratie et ses institutions  faites justement pour apporter à la colère l’apaisement de la raison.  Les  partis populistes sont les champions  de la colère et les rentiers du ressentiment, mais  pour les raisons exposées ci-dessus, ne comptez pas sur eux pour apporter des réponses et des solutions.  

La colère est mauvaise conseillère.

L’adage est toujours d’actualité. Le  contrôle de soi est passé de mode et c’est bien dommage. Les colères individuelles ou collectives qui s’expriment sans ambages renouent avec « l’anarchisme spontané » du siècle dernier qui prônait la révolution violente.  Mais la lutte des ego a remplacé la lutte des classes, avec les mêmes dégâts en perspective. Or, il n’y a pas de société sans sociabilité ni des formes d’encadrement par les corps intermédiaires. Les émotions doivent laisser la place  à la raison, l’ignorance de laquelle se nourrit la colère être remplacée par  l’information et la connaissance, et les docteurs populistes  et leurs solutions simplistes renvoyés à leurs études.  C’est au citoyen de se réveiller et de se prendre en main. Notre paysage politique présente encore à leur choix  des candidats sensés. Ecouter et comparer, ça n’est pas si difficile. Il  ne faut  pas céder à la théorie du complot. Il suffit d’un peu de discernement  pour sortir de la pente fatale.

Il est encore temps. 

 

 


LE PIRE N’EST JAMAIS CERTAIN

Donald TrumpPoutineMarine-Le-Pen présidentielle

Je ne résiste pas à la tentation de partager cet article d’Eric Le Boucher, paru dans Les Echos, tant il recoupe ce que j’avais envie d’écrire.  Sauf à céder à  la théorie du complot, en effet,  le pire n’est jamais écrit d’avance. Difficile aussi de ne pas mettre en parallèle les trois mauvais scénari  de cette année 2024 : les élections américaines, les élections européennes et la  guerre de  Poutine. Dans  les   trois cas, il n’est pas  difficile de discerner les inquiétudes, pour ne pas dire les dégâts, que constitueraient une victoire de Trump, de Poutine ou de Marine Le Pen. Surtout quand on y ajoute le contexte  global : le durcissement totalitaire de la Chine de Xi Jinping, la  marche vers le nucléaire de  l’Iran des mollahs, et  la  régression  démocratique globale qui parcourt le monde,  à laquelle fait écho Eric  Le Boucher. Contre la progression de l’obscurantisme nous avons  à notre disposition une arme redoutable : la  raison fondée sur une information sérieuse. C’est le seul  effort que nous ayons à faire. Les gens raisonnables sont les plus  nombreux, il  suffit  qu’ils se réveillent !

Voici l’article d’Eric Le  boucher. Bonne lecture. Pour moi, tout est dit.

« NI POUTINE, NI TRUMP, NI LE PEN N'ONT GAGNE.

Apocalyptique février 2024. Le dictateur Poutine a pris l'Europe et la démocratie dans ses mâchoires et on sait maintenant qu'il ne lâchera pas. Il avait piteusement perdu la première bataille il y a deux ans, mais il a refait ses forces, tué tous ses opposants et retrempé son ambition de Grande Russie. En face, l'héroïsme faiblit en Ukraine et les alliés démocrates à Washington comme à Bruxelles ergotent leur soutien.

Outre-Atlantique, Donald Trump a remporté haut la main les primaires républicaines et il devance Joe Biden dans les sondages. Fantasque président de 2016 à 2020, Trump arrive, méchant, sur une ligne protectionniste et isolationniste dont la première victime sera l'Europe.

En France, Marine Le Pen est pour la première fois en tête dans les sondages pour les élections européennes comme pour le scrutin de 2027. Sa victoire est pour beaucoup d'observateurs très possible sinon très probable.

Ces trois scénarios conjugués font trembler de terreur les esprits paisibles et raisonnables. Ajoutons une Chine de Xi à la lutte contre l'Occident, un Sud Global qui s'en détache par gros morceaux, le recul de l'Etat de droit dans 85 pays sur 173 dans le monde (institut International Idea) et voilà un février 2024 de brumes et de glaces.

L'histoire n'est pas écrite, sauf à croire qu'elle l'est et accepter le joug. Nous y sommes. Regardons Poutine. L'économie russe ne pèse pas celle réunie des Pays-Bas et de la Belgique. L'effort de guerre fait tourner les usines mais tout le reste, faute d'investissement et de technologie, s'enfonce dans l'archaïsme.

La réalité de Poutine ? Tintin chez les Soviets !

« Tintin chez les Soviets » est la réalité de Poutine. Le pétrole se vend encore, des circuits sud ont été ouverts qui conduisent - honte ! - parfois jusque chez nous. L'état financier du Kremlin apparaît sauvegardé, les sanctions ne mordent pas en apparence, Poutine peut se croire sauf. En vérité, l'économie russe détruit son avenir à court terme. L'état de l'opinion est sûrement semblable.

Penser le moujik irrémédiablement soumis au tsar depuis la nuit des temps, acceptant la guerre parce qu'il se croit « sauvé par ce vengeur qui chasse l'étranger » (Hugo), est faire un pari bien périlleux. La population russe s'appauvrit dans son silence forcé.

Croire alors que le dictateur est assez fort pour repartir encore, pendant des années, à l'assaut de l'Ukraine, jusqu'à Kiev cette fois-ci, est aussi illusoire que ça l'était il y a deux ans. Croire qu'il peut envahir un pays balte, encore plus. Il a la foudre atomique, c'est tout le problème. Mais Poutine restera en échec sur son projet impérial.

Trump ? Un baratin simpliste

Donald Trump doit son succès à un paradoxe curieusement inverse. L'économie américaine va, elle, beaucoup mieux, l'Amérique augmente les salaires et recrée des emplois ouvriers. Mais l'opinion refuse de s'en apercevoir. L'inflation rogne le pouvoir d'achat et rend sensible aux discours simplistes. Le recul actuel des indices de prix va-t-il finir par ouvrir les yeux des électeurs ? Il est beaucoup d'autres raisons qui motivent les partisans Maga (Make America Great Again) à commencer par la crainte des écologistes et des wokistes accusés de vouloir la disparition du mode de vie américain (voitures et famille).

Les  questions sur l’âge de  Biden ou bien encore ses positions sur Gaza comptent aussi. Mais la politique qu'il mène répond exactement et sérieusement à l'angoisse de la classe moyenne. Pourquoi le peuple choisirait-il la fausse solution plutôt que la bonne ? Pourquoi opterait-il pour le baratin simpliste ?

Marine Le Pen ? Une solution à rien !

La réponse est essentielle en France. Marine   Le Pen n'a solution à rien. Tout ce qu'elle propose est, sur l'économie, un copié-collé du programme de Jean-Luc Mélenchon et, sur l'immigration, un grand départ impossible à mettre en oeuvre. Sur tous les autres sujets comme l'école, la santé, le numérique : le vide.

On l'a vu au Salon de l'agriculture, Jordan Bardella ne sait faire que des selfies. Il n'y a que les médias pour croire que le RN a des choses à dire. L'électeur, lui, le voit-il ? Sans doute, mais le motif du vote Le Pen n'est pas de trouver une solution, il est d'exprimer de la colère. D'où son choix pour le propos faux mais agréable à son oreille. Cela fait-il un socle solide pour gagner une élection présidentielle ? Non. L'expression de la colère ne sauvera pas la France, pas plus que la guerre ne rétablira la grandeur russe.

D'où le nécessaire réveil des raisonnables dont les ennemis ne sont forts que de leur faiblesse. Guerre et colère, la raison n'a pas perdu. Frottez vos yeux, la sortie des ténèbres ne dépend que d'un peu de foi et d'audace. »

                                                                                                                             Eric Le Boucher


BARDELLA LES APPARENCES …

Salon-de-l-agriculture-2024

 

Un personnage lisse et bien élevé.

La colère orchestrée par la « coordination rurale » et les erreurs de Macron lui ont ouvert un boulevard. Un dimanche de selfies : en contraste du président de la République, Jordan Bardella réplique aux attaques de Macron à coups de selfies, de sourires et de répliques  polies et dilatoires.  Il a martelé au long de sa visite au Salon de l’agriculture la vision du Rassemblement national au sujet des règles européennes et des accords de libre-échange, qu’il accuse de tuer les agriculteurs. Il est   venu pour les caresser dans le sens du poil, et pas que le bétail ! Le  physique est là, mêlant prestance  et séduction.  Mais, comme à son  habitude, on reste  sur sa faim quant aux propositions. Le patron du RN se contente de surfer sur les questions en répondant par des lieux  communs qui peuvent passer pour du bon sens. Plaire d’abord. Un peu court, jeune homme…

Des propositions simplistes

Dans sa récente lettre ouverte aux agriculteurs de France, Jordan Bardella pousse la logique en demandant une loi « mangeons français ! ». Si le RN séduit cet électorat, c'est avec un discours qui vante les mérites des « circuits courts » et du « localisme ». Le concept se veut habile. Il prétend concilier écologie et préférence nationale et procurer à celle-ci légitimité politique et force morale puisqu'il s'agit de sauver la planète…Le marché mondial est oublié, le RN ne jure plus que par le « local ». Mais le fait est qu'il séduit en dépit de ses faiblesses évidentes. Pourtant, on n'a jamais vu nulle part que favoriser un nombre limité de producteurs nationaux les rendait plus productifs, plus efficaces et moins chers. C'est même tout le contraire et l'histoire de la deuxième moitié du XXe siècle montre que les pays qui se sont essayés à cette forme d'autarcie se sont effondrés économiquement. Bardella, c'est « Martine à la ferme » ! Pour un pays qui compte 145.000 entreprises exportatrices, a vendu plus de 84 milliards d'euros de produits agroalimentaires à l'étranger l'an dernier et affiche dans ce domaine un rare excédent, le localisme est une impasse. De plus, alors que l'inflation alimentaire a atteint 20 % sur les deux dernières années, le RN n'explique pas comment acheter local améliorerait le pouvoir d'achat dont il se veut le défenseur. Voilà un parti qui a plutôt choisi de repousser le moment de tester la validité de ses propositions. Il est plus facile de flatter que de convaincre.

Un projet mortifère pour l’agriculture française.

Jordan Bardella a martelé au long de sa visite au Salon de l’agriculture la vision du Rassemblement national au sujet des règles européennes et des accords de libre-échange, qu’il accuse de tuer les agriculteurs. « Moi je milite pour le patriotisme économique et pour sortir des accords de libre-échange », a déclaré le président du Rassemblement national. Car si en théorie « des accords commerciaux peuvent être bénéfiques à l'agriculture française »« à chaque fois (...) c'est à notre désavantage », a ajouté le député européen. Il a tout faux !

Localisme et protectionnisme sont les  pires remèdes pour notre agriculture. La crise agricole est d'abord le résultat de la fin d'un modèle, celui de l'exploitation familiale de petite taille. Si notre souveraineté alimentaire est en danger, c'est en grande partie parce que le modèle hexagonal de l'exploitation familiale a fait son temps. Un changement de paradigmes s'impose, certes. Pour que nos agriculteurs puissent vivre décemment du travail de la terre, d'abord. Mais aussi, maintenant que le mirage du tout-bio s'est dissipé, pour rendre possible le virage de la transition écologique. Et ce n'est pas la fermeture des frontières dont il rêve qui sera la solution. Elle provoquerait une inflation des prix alimentaires que personne ne souhaite sans apporter de solution  à l’exploitant  dont l’outil trop  petit ne permet pas un revenu suffisant.

Pour impulser un changement salvateur, il va falloir en réalité faire sauter plusieurs verrous. Celui de la surréglementation, que plus personne n'ignore, évidemment. Celui de la répartition de la marge dans la chaîne agroalimentaire, ensuite( pas nouveau). L'inscription de clauses miroirs, imposant une réciprocité des obligations environnementales notamment, dans les accords de libre-échange négociés par l'Europe, enfin (et obtenues par les élus LR). Dommage que sur tous ces sujets, les  élus du  RN aient été  totalement absents au Parlement européen.

Mais il faudra aussi, et peut-être surtout, s'attaquer à la question de la taille moyenne de nos exploitations, devenue insuffisante pour survivre dans un marché agricole largement mondialisé. Et ce n’est pas avec la vision passéiste qu’ils  proposent pour plaire que l’on pourra avancer. Nous devons nous débarrasser des représentations romantiques qui figent le monde paysan dans un passé largement fantasmé. Une nostalgie qui freine la constitution de grandes exploitations. L'Etat a évidemment un rôle clé à jouer dans cette recomposition de la carte agricole. Il dispose déjà des outils pour le faire, à travers notamment les Safer qui maillent le territoire. Ne manque plus qu'une volonté politique pour créer les conditions de l'émergence d'une nouvelle génération d'agriculteurs à la tête d'exploitations à la taille critique, d'autant que la démographie agricole nous y aidera. Dans les dix ans, plus de 40 % des exploitants vont partir à la retraite. Des repreneurs qu'il faudra accompagner pour leur permettre de produire aux meilleurs standards environnementaux, des investissements pour l'avenir et non plus des subventions à fonds perdu dans des entreprises condamnées.

Allié objectif de Poutine.

La  position des élus du RN sur le  soutien à l’Ukraine est inquiétante. La réticence affichée, s’appuyant sur les problèmes de concurrence  agricole, cache en réalité et malgré le discours officiel, un penchant pour le narratif poutinien sur l’évolution du conflit. Il est bien évident que l’Ukraine entrera un jour dans l’Union européenne,  mais cela se fera  une  fois toutes les étapes franchies de  mise à  jour aux normes de l’Union.  Les problèmes actuels  comme sur  les « poulets », sont conjoncturels et circonstanciels.  Il est inutile de s’alarmer à l’avance. D’ici là, tout le monde aura eu le temps de s’adapter, comme  il  en a été  pour l’arrivée de l’Espagne ou de la Grèce… N’oublions pas toutefois le tropisme de Marine  Le Pen  en faveur du maître du Kremlin. D'ailleurs Jordan Bardella n'a pas voter les sanctions contre la Russie  au Parlement européen. Et ce  n’est  pas un hasard si les réseaux d’influence pro-russes s’appuient sur  les partis d’extrême-droite en Europe pour tenter de déstabiliser l’Union.  Leur victoire  à l’élection européenne, serait une victoire pour Poutine.

 


CES « NEWS » QUI GÊNENT !

Cnews-partage

Haro sur CNEWS.

La chaîne privée est désormais la cible : il faut l’abattre. En cause : une ligne éditoriale qui ne respecterait  pas le pluralisme des opinions.  Curieux procès fait à une chaîne  privée, alors que le PAF ne manque pas d’émetteurs divers et pour beaucoup bien monocolores. Il est surprenant que le Conseil d’Etat fasse peser les contraintes du pluralisme justement sur un opérateur privé, alors  que cette exigence devrait exclusivement concerner le service  public financé  par  nos impôts.

C’est l’association « Reporters sans frontières » qui est  à l’origine de l’arrêt du Conseil d’Etat. Ayant demandé à l’autorité de Régulation de la Communication audiovisuelle (Arcom) de mettre en demeure  Cnews de « respecter le pluralisme et l’indépendance de l’information » parce qu’elle jugeait insuffisante la diversité des points de vue exprimés à l’antenne, celle-ci a estimé qu’elle ne devait comptabiliser que les temps de parole des personnalités politiques.  Mécontente de cette décision, l’associations RSF a saisi le Conseil d’Etat qui a rendu son arrêt le 13 février dernier. Celui-ci juge que l’Arcom ne doit pas se limiter au décompte du temps de parole des politiques, et demande  que soit  tenu compte des interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés… L’autorité de contrôle est sommée de rééxaminer dans les six mois la plainte de l’association requérante.  On croit rêver.

Arrêt inepte.

L’arrêt du Conseil d’Etat est inapplicable. Il contrevient à la loi de 1986 qui distingue pluralisme interne et pluralisme externe. S’agissant des chaînes  privées, la  loi considère que le pluralisme de l’information s’apprécie globalement et doit être assuré par l’offre audiovisuelle dans son ensemble de manière que les auditeurs et téléspectateurs disposent d’un choix suffisant et libre. C’est le pluralisme externe et la situation actuelle y souscrit. Quant aux obligations des opérateurs en matière de pluralisme interne, elles sont circonscrites à l’honnêteté de l’information et à l’équilibre des temps de parole entre personnalités politiques. Mais chaque antenne privée est libre d’avoir sa ligne éditoriale et il n’a jamais été question d’exiger que les animateurs, journalistes, chroniqueurs et invités divers représentent eux-mêmes la diversité des points de vue politique. Ce pluralisme interne-là concerne essentiellement, en termes d’obligations, le service public. Si les  décisions du Conseil d’Etat étaient appliquées par l’Arcom, elles entraveraient la liberté d’expression et la liberté d’entreprise dans le domaine audiovisuel. Elles compromettent la diversité de l’information audiovisuelle et nuisent au pluralisme. Voilà un paradoxe bien curieux pour un arrêt rendu au nom du  pluralisme.

Mission impossible.

Surtout, on ne voit pas comment l’Arcom va s’y prendre pour établir le « catalogue » des « étiquettes » de chaque intervenant. Le Conseil d’Etat impose à cette autorité administrative indépendante une forme de contrôle qui, non seulement contredit sa pratique éprouvée, mais encore dépasse ses ressources humaines et ses moyens techniques. Une chose est en effet de comptabiliser les temps de parole des personnalités politiques ; autre chose serait de mesurer l’équilibre des sensibilités entre toutes les personnes participant aux émissions des chaînes d’information. Ce serait infiniment plus lourd et plus coûteux, pour ne pas dire hors d’atteinte. Comment, en effet, apprécier la sensibilité de chacun ? Par ses attaches politiques, associatives et philosophiques ? Par ses déclarations ? Par ses fréquentations ? C’est à une véritable inquisition que l’Arcom devrait ainsi se livrer, à un fichage impraticable tant pratiquement que moralement. Et aussi, on ne voit pas pourquoi il n’y aurait que Cnews de concerné. Il est également curieux que le Conseil d’État fasse peser les contraintes du pluralisme interne sur un opérateur privé, alors que cette exigence doit exclusivement être la règle pour le service public de l’audiovisuel, financé par nos impôts. Or, celui-ci mériterait bien d’être interpelé sur les « biais » affectant ses antennes, et pourtant, il n’a jamais été juridiquement inquiété. On comprend bien pourquoi Reporters sans frontières  n’a pas engagé le même recours contre France info ou autres… Ce qui a mis  en colère Robert Ménard, créateur de l’association, qui a réglé son compte au dénommé Christophe Deloire, en constatant : « Aujourd’hui, Reporters sans frontières est contre le pluralisme ! »

La liberté en cause.

Il n’est pas  acceptable que se trouve ainsi placé sur la sellette et potentiellement menacé d’un retrait de fréquence un opérateur fédérant une audience substantielle et croissante, mais regardé par certains comme politiquement incorrect. Alors, à quand le tour d’Europe 1, qui partage avec CNews heures d’antenne et animateurs ? Faudra-t-il bâillonner la voix différente, et parfois dissonante, que le groupe Bolloré a permis de faire entendre ? Qu’y gagnerait la diversité des courants de pensée et d’opinion ? On est en droit de s’interroger sur les motivations du Conseil d’Etat voire  sur l’idéologie sous-jacente qui animent ses juges. Non, ils n’auront pas notre liberté de penser.

C’est en faisant monter l’audience de Cnews que nous devons nous manifester !

 


POUR UNE EUROPE « REMPART »

Europe324

 

L’Union Européenne va jouer sa survie à la  prochaine échéance électorale. Il faut s’attendre à une nouvelle poussée populiste qui risque de paralyser l’Union au moment critique où elle doit faire face à  l’offensive économique américaine, à l’agressivité de la Russie, au dumping des produits chinois en mal de reconquête et à la nécessité de resserrer les rangs face à la vague  migratoire.

La  survie passe par une Union plus étroite.

Dès lors que les états européens ne sont plus de taille à répondre isolément aux menaces des empires autoritaires et même aux enjeux globaux du XXIème siècle tels que pandémies, guerre de haute intensité, dérèglement climatique, migrations, le  défi consiste à réinventer l’Union autour de la sécurité et de la souveraineté partagée. La  guerre d’Ukraine constitue un moment de vérité : jusqu’à maintenant L’UE a choisi tant bien que mal la liberté plutôt que  la servitude, en faisant bloc pour aider à repousser l’agresseur russe. Sur le  plan militaire elle aurait tout à perdre en permettant à Putin de l’emporter, et  en même temps elle doit livrer une guerre hybride à Moscou qui tente de déstabiliser nos démocraties. La  conséquence, c’est le  constat que le commerce n’achète pas la paix et que le grand marché doit dès maintenant intégrer l’impératif de sécurité ainsi que les formes d’économie de guerre aux nombreuses implications telles que le contrôle des investissements étrangers ou la prévention des opérations de désinformation.

La concurrence américaine.

La  politique menée par Biden est redoutable d’efficacité avec l’IRA qui permet à son économie une croissance record alors que celle de l’Europe est anémique. L’écart se creuse  inexorablement. Les  vingt-sept ont compris qu’ils avaient du mal à faire face et identifié l’une de leurs faiblesses  pour attirer les investissements du monde entier : la fragmentation de leur marché. L’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta, a été chargé d’une mission pour tenter de rendre plus simple  un système qui comprend  vingt-sept dispositifs normatifs nationaux. Mais comment réaliser un aplatissement des frontières au moment où les opinons publiques demandent l’inverse ?  

Le réarmement face à  la Russie.

L’attaque de l’Ukraine par la Russie a mis fin à trente années  de « dividendes de la paix ». Le réveil est plutôt brutal, et la menace du retour de Trump à la Maison blanche n’arrange rien, lui qui menaçait déjà : « Si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons pas vous aider et vous soutenir ». L’Union doit d’urgence rattraper trois décennies de sous-investissement dans la défense par un effort commun pour assurer l’interopérabilité des forces armées des vingt-sept.  Déjà elle cofinance les projets  communs portés par les industriels d’au moins quatre pays. Elle a déjà accéléré  pour assurer la production de 1 million de munitions par an, engagement qui sera atteint cette année. Mais ce n’est pas suffisant. Thierry Breton, le  Commissaire européen en charge du développement industriel préconise que tous les états atteignent le seuil de 2% du PIB (exigé par l’OTAN) de leurs enveloppes consacrées à la  défense ce qui  permettrait d’ajouter 143 milliards d’euros aux 200 milliards actuels. Pour accélérer le mouvement, il avance l’idée d’un nouveau fonds de 100 milliards d’euros pour la défense commune. En attendant le sommet des chefs d’Etat a validé début février un plan d’aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros. Dans le même temps, l’Allemagne prévoit le même montant de 100 milliards d’euros pour moderniser sa propre armée. Le problème, c’est que les  poches de l’UE sont vides et  que les états membres sont réticents à trouver de l’argent frais. L’effort de réarmement européen doit être coordonné et la mutualisation des capacités militaires accélérée, y compris avec le Royaume-Uni qui reste un partenaire  majeur pour la sécurité du continent.

Les populistes n’ont pas les solutions.

Le scrutin de juin prochain sera influencé  par la double protestation contre l’absence de régulation de l’immigration et contre l’excès de dirigisme en matière d’écologie. Les  correctifs récents apportés  par la commission sur les deux sujets ne seront pas  suffisants  pour calmer le mécontentement. Pourtant l’expérience Méloni en Italie montre clairement qu’au-delà des discours, les populistes  aux affaires ne sont pas  capables  de faire mieux et de  satisfaire leurs promesses. Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. Pourtant, en France, le Rassemblement national fait la course en tête, en Italie Fratelli d’Italia  devance largement le Parti démocrate, en Autriche, le FPO dépasse largement les  autres partis, aux Pays-bas, le PVV de Geert Wilders  devrait faire bien mieux que lors des élections générales de 2023, et en Belgique, le Vlaams belang est donné en tête en Flandre, la région la plus peuplée du pays. Ailleurs, les droites conservatrices et nationalistes arrivent à la deuxième ou à la troisième place. Sur fond d’inquiétudes multiples - immigration en hausse, coût de la vie exorbitant, règles environnementales écrasantes, instabilité géopolitique croissante -, la poussée pourrait être cette fois suffisamment forte pour que l’équilibre des pouvoirs s’en trouve modifié à Strasbourg, où les chrétiens-démocrates du PPE, les sociaux-démocrates et les centristes et libéraux de Renew formaient depuis 2019 une coalition suffisamment solide pour être en mesure de faire passer la quasi-totalité des textes. La donne pourrait donc changer. C’est pourquoi les manœuvres ont déjà commencé à l’extrême-droite et dans les rangs des Conservateurs et réformistes européens, où l’on assume vouloir devenir la troisième force du Parlement de Strasbourg. Ce qui est loin d’être fait compte-tenu du panier de crabes que constituent les multiples groupes répartis à travers les 27. Néanmoins, si on a près de 200 élus à l’extrême droite, on arrivera rapidement à des situations de blocage parce qu’on a toujours des groupes qui votent contre et des voix qui se perdent, jeu dans  lequel ils excellent. Or, l’Union ne peut pas se permettre la paralysie au moment où va  se  jouer la guerre en Ukraine.

En France, les macronistes et la droite en première ligne.

Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. La campagne à venir pourrait permettre de contenir la lame de fond. Les macronistes ne croient pas que les partis conservateurs soient en mesure de les submerger. Et François-Xavier Bellamy, à la tête de la liste LR, malgré un travail  exceptionnel  réalisé  pendant son  mandat, peine à se faire entendre bien qu’il  propose un solide programme à la fois responsable et cohérent. Seront-ils capables d’endiguer la convergence des colères ? Loin de refluer, sécurité, immigration, excès de réglementation, écologisme autoritaire, sont devenus des questions non négociables pour les citoyens. On risque d’assister  à une surmobilisation des campagnes. La faiblesse de  la gauche  modérée est un facteur supplémentaire de faiblesse pour le camp des démocrates : le refus de prendre en charge des thématiques dites de droite la conduit systématiquement à la défaite. Or son apport est indispensable au Parlement européen pour maintenir l’équilibre au centre.

Une chose est sûre, les performances économiques du populisme au pouvoir ne sont pas bonnes. Ce n’est pas étonnant, ces partis ne sont pas principalement reconnus pour leurs solutions économiques. Le désir de sanctionner les sortants, les partis traditionnels, les instances nationales et européennes, les élites intellectuelles, peut se satisfaire d’une victoire tout en acceptant de faire le deuil de grands espoirs pour la suite. Néanmoins, il est très risqué de penser que le déclin des populistes pourrait se faire au bénéfice des partis modérés. La dislocation du système partisan, voire de l’organisation politique sur le plan national comme sur le plan européen rend difficile toute reconstruction. Il ne faut pourtant pas désespérer : la coalition des « raisonnables »  comme l’appelle de ses vœux Claude Malhuret, si elle se réalisait  pour les Européennes, ce qui est bien improbable, en réunissant les  modérés du centre gauche de Manuel Valls à la droite républicaine d’Eric Ciotti,  en passant par Renaissance et Horizons, obtiendrait probablement une majorité bienvenue.  Mais je rêve. L’Europe en aurait pourtant bien besoin.

 


LA FRANCE A LA GODILLE

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Des nominations qui inquiètent.

Le gouvernement est enfin au complet.  L’accouchement aura été laborieux. Le pays est-il dans de  bonnes mains ? : j’en doute. Je me contenterai d’évoquer le  psychodrame de l’attribution du ministère de l’Education.  Après le feuilleton improbable Oudéa-Castera  le voilà confié à une gaucho sur le retour d’âge,  Nicole Belloubet, dont la sympathie pour les  thèses  « pédagogistes » sont bien connues. La ligne Attal risque bien de connaître un  mauvais  sort.  Déjà que malgré ce nouveau cap, le système éducatif avait peu de chances de se relever, compte tenu de la mauvaise volonté manifestée par les syndicats professionnels, avec ce nouveau coup de barre en sens inverse, l’effondrement va  continuer.  Autrement dit, c’est une nomination à but thérapeutique. Macron cherche avant tout à calmer la grogne chez les  enseignants.

Le  procès des groupes de niveaux.

On aura eu droit, au passage, à la litanie des leaders syndicaux contre la  mise en place des  groupes de niveaux. Toujours le même discours depuis 50 ans.  Ils ont  beau camper  sur un tas de  ruines, il ne faut rien changer. Péremptoires, ils affirment que c’est une procédure pédagogique qui ne marche pas et qui ne peut  qu’accroître les inégalités entre les élèves. L’égalitarisme a ses exigences, non mais ! D’abord,  ils ont tort, ça marche. Ensuite,  pour les inégalités, tout dépend du point de vue selon lequel on se place.

Les groupes de niveaux, je  les ai expérimentés dans les  années  1975-80 au Collège Jean Vilar à Angers. L’établissement  bénéficiait d’un statut  particulier qui permettait de mettre en place  un fonctionnement  atypique.  Les classes étaient réparties par niveau en « groupes d’ancrage » et à certaines  heures, les alignements de l’emploi  du temps  permettaient de modifier la répartition des   élèves entre les  profs d’une même discipline. Nous pouvions donc mettre en place des groupes de niveaux matière, comme en Français. L’équipe avait dans son emploi du temps, une heure de concertation par semaine, absolument indispensable pour répartir les tâches, fixer les objectifs communs et procéder au tri des élèves. Le principe : fournir à chaque élève un  contenu accessible susceptible de le faire progresser. Il fallait donc définir les contenus par niveau, évaluer  les compétences des élèves pour les répartir correctement, se mettre d’accord sur les  objectifs à atteindre et les contrôles de connaissances en fin de séquence. Pas de groupes  de niveaux sans travail d’équipe et concertation. A  ces conditions, les  groupes  de niveaux produisent de bons résultats. Mais voilà,  les  bons sont toujours  meilleurs et les  plus modestes progressent, mais à leur rythme plus modeste. Conclusion : les écarts s’accroissaient, ce qui était insupportable à nos égalitaristes. Il a fallu abandonner sous la pression des syndicats. Il faut reconnaître que ça demandait  un énorme travail de préparation à toute l’équipe. Le prétexte a donc été : il faut  plus d’heures de concertation dans le temps de travail (les 18 heures de cours) ce que l’établissement était bien incapable de fournir. Attal s’est donc avancé un  peu vite  en lançant l’idée des groupes de niveaux. Je vois deux obstacles  à leur mise en place : la  mauvaise volonté  des enseignants qui sont idéologiquement contre, le manque de moyens en personnels. J’ajouterai en outre qu’il faudrait leur dispenser auparavant une formation pédagogique appropriée.

Le  Français menacé.

Autre problème que l’actualité met sous les projecteurs et qui a lui aussi, son importance : la primauté du Français  en France. « Comment peut-on vouloir être un grand pays exportateursi on n'est même pas capable de vendre notre propre langue, une grande langue internationale ? » s’émeut l'Association Francophonie Avenir (Afrav). « Choose France » , « French Tech », « Next 40 » : les mots anglais « choose », « french » et « next » étant parfaitement traduisibles en français, « ces marques » contreviennent à la loi linguistique de notre pays, dite loi Toubon. Les défenseurs de la langue française ont donc poursuivi le gouvernement. Si l’Afrav vient de perdre, en appel, trois procès qui l’opposaient à l'État au sujet de ces marques en anglais dont il est le créateur et le propriétaire, un comble, elle ne baisse pas les bras : l’association a décidé de faire un recours devant le Conseil d'État, et son avocat travaille à une QPC (question prioritaire de constitutionnalité). Car, apparemment, les juges se sont contentés de chercher parmi les 9 000 termes présents dans le registre terminologique de la « Commission d'enrichissement de la langue française », souligne Régis Ravat, président de l’Afrav. « Choose », « french » et « next » n'ayant pas d'équivalents en français dans ce registre, ils en ont conclu qu’ils ne contrevenaient pas à la loi Toubon. La langue de la République est le Français (article 2 de la Constitution) et l’article 14 de la loi Toubon est très clair, qui dispose que « l'emploi d'une marque de fabrique, de commerce ou de service constituée d'une expression ou d'un terme étrangers est interdit aux personnes morales de droit public dès lors qu'il existe une expression ou un terme français de même sens approuvés dans les conditions prévues par les dispositions réglementaires relatives à l'enrichissement de la langue française ». Les  juges n’ont pas fait correctement leur travail.  Il leur appartenait de prendre   en compte la mission de la Commission qui est, comme son nom l'indique, d'enrichir la langue française en créant des mots pour nommer de nouveaux concepts, qui ne sont pas encore désignés en français. Cela a été le cas, par exemple, pour le mot « e-mail » :lorsqu'il est apparu en France, la Commission a proposé« courriel » comme équivalent.

C’est pour que l’esprit de la loi Toubon soit respecté que les associations sont prêtes à aller  jusqu’au bout. Organisme fédérant 120 associations francophones dans le monde, l'AFAL va dans le même sens : « Pourquoi l'État n'utilise-t-il pas des expressions françaises ?, s'offusque son président, l'ancien ministre Jacques Godfrain. Quitte à les traduire quand on s'adresse à un public étranger ! Cette décision de la cour d’Appel révèle clairement les lacunes de la loi sur l'emploi de la langue française, trente ans après son adoption. Et montre bien la nécessité de revoir cette législation. Nous allons d'ailleurs rendre prochainement un rapport sur le sujet aux pouvoirs publics, pour les inciter à une réforme d'ensemble rapide. »

On a fait une loi  pour protéger la langue française, ce serait bien que l'Etat donne l'exemple  en la respectant scrupuleusement. Il est temps que Macron arrête de se complaire dans  le "globish" pour  illustrer son concept  avorté de "Start-up Nation". Sa navigation à la godille et l'anglomanie ne font pas illusion.  En matière de  modernité, l'habit ne fait  pas le moine. 

 

 


REARMEMENT DEMOGRAPHIQUE

Nouveau-ne

 

Cri d’alarme.

Dans sa dernière prestation, le Président de la République  s’est ému de la  chute de la natalité en France. 2023 a, en effet, marqué un tournant. Avec 678 000 naissances, le chiffre le plus bas depuis 1946, elle a baissé de 6,6% en un an et de 20% par rapport à 2010. Plus grave, l’indicateur de fécondité chute à 1,68 enfant par femme, qui s’éloigne du seuil de remplacement des  générations, au-dessus de 2. Le mal ne concerne pas que la France.  Il est même bien pire en Italie, en Espagne et au Japon. Normalement chez les mammifères, l’instinct de préservation de l’espèce pousse à activer la reproduction quand elle se sent menacée. D’où, des rebonds  démographiques souvent inexpliqués. Alors comment en est-on arrivé là ? La question se pose d’autant plus que la chute démographique ne concerne pas tous les peuples sur la Terre. Loin de là. Et ses conséquences en seront dramatiques pour notre  pays si cette pente se poursuit, tant au point de vue socio-économique que sur le devenir même de la nation.

Un domaine très prévisible.

S’il existe en politique trop de sujets dont élus et responsables ne maîtrisent pas les données et les perspectives,  les obligeant à naviguer à vue, ce n’est pas le cas de la démographie. C’est un domaine dont les indicateurs sont sûrs et les projections bien établies. Et surtout dont les implications avec l’avenir sont déterminantes, car nul observateur ne peut en ignorer l’impact sur les comptes publics, l’avenir des retraites, le vieillissement de la population et les déséquilibres sociétaux qui vont avec. On sait que la proportion croissante de personnes âgées engendre une société qui voit régresser la prise de risque et les cotisations sociales quand les  dépenses liées à la vieillesse et à la dépendance sont à la hausse.

Natalité et politique familiale.

La  mise à mal par François Hollande et poursuivie sous Macron de la politique de la famille et de la natalité qui faisait  la singularité de la France, porte une responsabilité tragique. La cellule  familiale a été sévèrement mise en cause par le démembrement du code civil napoléonien et  par toute une série de réformes qui ont attaqué les fondements  de la  politique familiale telle qu’elle a été instituée après la dernière guerre : altération du principe d’universalité des allocations familiales au détriment de plusieurs millions de familles, baisse du quotient familial décidé en 2013 au détriment de 800 000 foyers de la  classe moyenne, réforme pénalisante du congé  parental. Il faudrait y ajouter un facteur idéologique véhiculé par les écolos et plus généralement par une certaine intelligentsia de gauche qui considère l’accroissement de la population comme un danger pour la  planète faisant de l’enfant une menace et non  plus une chance pour  l’avenir. Perspective millénariste teintée d’obscurantisme. La résonance de ce discours sur les jeunes par les déclinistes de tout poil qui croient sauver la planète en la vidant, n’est hélas pas négligeable.

Pour un vrai réarmement  démographique.

Emmanuel Macron a raison de s’émouvoir. Il propose  un plan de lutte contre l’infertilité et un futur congé de naissance plus  court et  mieux indemnisé. Ce sera  loin d’être suffisant. Ces annonces posent la question de l’alchimie délicate qui permet la  réalisation du désir d’enfant :  modes de garde, situation économique des familles, évolution des moeurs… En fait, les leviers de la natalité sont multiples. Déjà, on sait que c’est l’offre d’accueil des enfants de 0 à 3 ans qui a le plus d’impact sur  la  fécondité. Il  faut donc renouer avec une vraie politique de la famille et commencer par réparer ce qui a été détruit et qui ne marchait pas  si  mal. Il faut néanmoins  aller plus loin et  adapter le  dispositif à notre époque.  Car le combat est loin d’être perdu : si l’on en croit l’Unaf, le désir d’enfant reste fort, évalué à 2,39 enfants en  moyenne par  couple. L’enjeu mérite une  volonté  politique forte à la hauteur du besoin.  Commençons par quatre mesures fortes qui rétablissent intégralement le quotient familial,  les  allocations familiales  découplées  de toutes conditions de ressources et considérées  comme une politique volontariste de la natalité, un effort concentré sur le  2ème et le 3ème  enfant, une lutte impitoyable contre la décohabitation dans le logement social. Il faudra adjoindre une panoplie de mesures visant à concilier vie professionnelle et vie familiale,  à commencer par la  prise en compte du sous-équipement en maternités de proximité,  du manque criant  de solutions de garde du jeune enfant, en crèches et à domicile, estimé à 200 000, et qui pèse lourdement sur les choix entre carrière et rôle parental.

Un devoir politique.

Promouvoir une renaissance démographique constitue un investissement dans l’avenir du pays qui devra être  prioritaire. Une politique ambitieuse de  la  famille, telle que décrite ci-dessus, réclame des  moyens et doit s’appuyer sur un volontarisme sans faille dans la durée. Ce n’est  pas  avec du « en même temps » qu’on y arrivera.  Car il  ne s’agit pas que d’une affaire de dispositifs, il y faut aussi la volonté de promouvoir un monde capable  d’accueil et d’espérance. Le plus difficile sera d’agir sur les  mentalités, de braver les  vitupérations des néo-féministes et de leurs suppôts wokistes, avec leur litanie de droits individuels tournés sur eux-mêmes, de passer outre les  invectives alarmantes des écolos déclinistes qui annoncent la fin du  monde à chaque tournant… La garantie pour les femmes que devenir mère ne les empêchera  pas de travailler est une des clés  de la fécondité. Oui, il faut démontrer qu’il vaut  mieux avoir un enfant qu’un chien, et non l’inverse comme le  proclament les  Espagnols. Les défis sont multiples  tels  que  l’allongement des études, l’émergence (et c’est heureux) des femmes cadres, la répartition des tâches dans  le couple qui doit encore  progresser, la montée en puissance du célibat et le zapping des partenaires… Aucun n’est insurmontable.  Le fait que 60% des enfants naissent hors-mariage et que les décohabitations se fassent généralement au détriment des femmes en les plongeant souvent dans la pauvreté et la précarité, doit être combattu vigoureusement, quitte  à faire hurler les adeptes du mouvement Ginks et des écolos féministes qui refusent que « leurs utérus ne soient une affaire d’Etat ».

Ben si ! Désolé !

 


FABIUS CONTRE LES FRANÇAIS

Conseil_constitutionnel

Le naufrage de la plus haute juridiction.

Le Conseil constitutionnel a rendu son verdict : il a sanctionné plus du tiers des articles de la loi immigration. Il s’est bien gardé de trancher sur le fond ; pour la plupart des articles censurés, il a invoqué le motif du « cavalier législatif ». Le  plus grave dans l’affaire, c’est qu’il s’agit des articles apportés  par la droite, le Sénat en particulier, et contestés par la gauche. La ficelle politique  saute alors aux yeux et le procès en partialité devient inévitable.

Une censure massive.

Alors que la France n’a jamais accueilli autant d’immigrés qu’en 2023 avec plus de 320 000 titres de séjour, le Conseil constitutionnel saisi par les parlementaires de gauche et « en blanc » par le Président de la République  sur le projet de loi « immigration »  a supprimé les mesures de fermeté ajoutées par Les Républicains. Pas moins d’un tiers des dispositions disparaissent ainsi totalement ou partiellement du texte, dont les plus emblématiques pour l’opinion publique : restriction du regroupement familial, modalités d’accès aux prestations familiales, réforme de la nationalité, quotas migratoires  … Dans ces conditions, seule  une révision constitutionnelle permettrait de passer outre  les  injonctions des Sages.

Une censure très discutable.

La loi, adoptée  à une large majorité par le Parlement, est remise en cause avec une grande rigueur au motif de l’utilisation de « cavaliers  législatifs ». Pourtant, la  révision constitutionnelle de 2008 stipule que « tout amendement est recevable en première lecture dès lors qu’il présente un lien, même indirect avec le texte déposé ».  Or, des sujets comme le regroupement familial, la condition de durée de séjour régulier pour obtenir une prestation sociale, les règles d’acquisition ou de déchéance de la nationalité ne sont pas dépourvus de tout lien avec les dispositions d’un projet consacré à l’immigration, à l’asile et à l’intégration. Il se trouve que pour la plupart, les dispositions issues d’amendements du Sénat ont été censurées avec une vision draconienne de ce qu’est un « cavalier législatif », faisant passer les sénateurs  pour des « amateurs » en droit, ce qui est un comble.

Un jeu de dupes.

Que l’opposition saisisse la  haute juridiction sur certains articles de la loi, elle est dans son rôle.  Ce qui est  troublant dans cette affaire,  c’est la démarche d’Emmanuel Macron qui a accepté de co-construire la loi avec Les  Républicains en acceptant le  durcissement que ceux-ci réclamaient, pour finalement déférer le texte entier au Conseil constitutionnel. Comme par hasard, Monsieur Fabius censure tous les articles  qui gênaient le Président, ramenant le texte quasiment à sa version initiale. Il est permis de penser qu’un accord tacite, sinon une requête téléphonique, ont permis d’aboutir à ce qu’il souhaitait. Des langues bien pendues avaient prévenu que nombre d’articles étaient « inconstitutionnels »… Retour au « en même temps », donc. Une hypocrisie que les parlementaires LR seront tentés de faire payer à la première occasion.

Un affaiblissement démocratique.

Cet épisode ne va pas renforcer la confiance des Français dans leurs dirigeants et dans leurs institutions. Cette censure procédurale d’une rare ampleur apparaît comme trop opportune, va à l’encontre des souhaits d’une large majorité du peuple et jette le doute sur l’impartialité de la  plus haute juridiction tout en faisant passer  le Sénat pour une assemblée incompétente. Elle aboutit à un affaiblissement des pouvoirs publics et alimente le  populisme comme jamais. Surtout, elle conduit à poser une question plus générale sur le rôle du Parlement et la séparation des pouvoirs : « Que peut décider encore le législateur, dans ces conditions ? » se demande jean-Eric Shoettl, ancien Secrétaire général du Conseil constitutionnel. Bien entendu, la loi a été aussitôt  promulguée. Une loi faussement ferme qui fera que la politique migratoire de la France ne bougera  pas d’un iota et que nos frontières resteront des passoires.

En attendant, j’en connais une qui se frotte les mains. Marine Le Pen n’a pas  besoin de faire campagne, Fabius et Macron s’en chargent pour elle.


TOUCHE PAS A MON TESSON !

Sylvain tesson

 

Triste époque, décidément !

Sylvain Tesson nous gratifie d’un nouvel ouvrage : « Avec les fées » dans lequel il nous conte son « Odyssée » celtique de  l’Espagne à l’Ecosse, à la poursuite du merveilleux. J’ai hâte de le lire. Cet homme étonnant m’a fait rêver avec son voyage méditerranéen dans les pas d’Ulysse, en refaisant le parcours du héros grec.  Il est  cet aventurier en quête d’absolu qui passe  un hiver  au bord du lac Baïkal en Sibérie, il est l’auteur de la « Panthère des neiges », Prix Renaudot 2019, il est celui  qui traverse la France  en diagonale, sur « les chemins noirs » … Voilà un écrivain  qui sort du lot, par la qualité de son écriture, son style lumineux, son regard émerveillé sur le monde. Rien d’étonnant à ce qu’il ait conquis un large public.  Il écrit en bon français et chacun de ses romans connait un large succès : deux défauts  qui le condamnent et le rendent suspect. Suprême  horreur : il croit encore en certaines valeurs. Et voilà qu’une clique de soi-disant intellectuels qui ne les partagent pas dénonce sa désignation pour parrainer le « Printemps des Poètes » 2024. Son crime : il serait « réactionnaire », proche de l’extrême-droite. La pétition, nous vient évidemment de cette  gauche woko-marxiste qui renoue pour le coup avec le stalinisme. Il est interdit d’être différent et de sortir du  moule intellectuel des « bien-pensants » ! 

Le Printemps des  poètes.

« Le Printemps des poètes » est une belle manifestation littéraire, festive et ouverte. Depuis 1999, elle met à la portée du plus grand nombre de beaux textes de notre littérature, partout en France. Chaque année, une marraine ou un parrain s’en fait le porte-drapeau. Sophie Nauleau, la directrice artistique, a désigné Sylvain Tesson pour les 25 ans du Printemps, qui se tiendra du 9 au 25 mars prochains. L’idée va de soi quand on connaît l’œuvre de cet «arpenteur d’altitude, de steppes, d’à-pics et de poésie», tel que le qualifie Sophie Nauleau, qui explique son choix : « Les poètes escortent Sylvain Tesson dans toutes ses aventures. Pas un périple qui ne se réfère à eux. Pas un récit qui ne les convoque. Souvent ce baroudeur esquisse même des haïkus sur sa route, voire d’autres pensées sauvages. » Tesson a écrit Un été avec Homère et Un été avec Rimbaud. Rien de choquant donc dans sa désignation comme parrain, bien au contraire !

Une cabale sordide.

Visiblement, l’idée n’allait pas de soi pour tout le monde. Sur le site de Libération, le jeudi 18 janvier  dernier, est diffusée une tribune titrée: « Nous refusons que Sylvain Tesson parraine le Printemps des poètes « , par un collectif dont Baptiste Beaulieu, Chloé Delaume, Jean D’Amérique… Dès les premières lignes, le texte prend une tournure politique : il y est question du second mandat d’Emmanuel Macron, de son « projet politique plus que jamais proche de l’extrême droite », -risible-, de Marine Le Pen, et de la nouvelle loi sur l’immigration. Si vous voyez le rapport avec Tesson, prévenez-moi. Ainsi, notre  belle  plume serait une « icône » réactionnaire. De quoi tomber dans le  Panot !  dirait Mathilde. Le texte est d’une indigence sans nom, émaillé d’interprétations erronées et qui plus est écrit en français « inclusif ».  Beurk ! Bref, il  suinte l’idéologie d’extrême-gauche. Ils seraient 1200 à avoir signé cette tribune sur le numérique, mais pas seulement des poètes : il y a des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, des enseignants et des acteurs de « la scène culturelle française ». Voilà un bel  exemple  de ce qu’internet  peut générer, un agrégat de bêtise et de sottise. Le fait que ce soit le site du journal Libération qui accueille une telle horreur n’est pas anodin. Pour le coup, il porte bien mal son nom. « Aliénation » conviendrait mieux !

Incroyable renversement de la liberté d’expression.

Ce qui est étrange, dans cette condamnation, c’est qu’elle va à l’encontre d’une notion jusqu’ici sacrée dans le monde de la culture, de l’art et donc de la poésie : la liberté. Celle-ci est même à l’origine de toute création. Il y a un demi-siècle, Sartre n’avait que prises de position véhémentes, invectives contre la Ve République, et mettait en avant sa défense de l’URSS ou la Chine. N’était-ce pas Libération qu’il avait créé ? Tiens, ce journal même qui a publié la pétition demandant la proscription de Tesson. Interrogé sur le sort à réserver au trublion Sartre, le général de Gaulle avait tranché : « On n’emprisonne pas Voltaire. » En 2024, on n’emprisonnera ni Voltaire ni Tesson. La poésie fleurit partout. Et c’est le moment que choisit une « gent culturelle », un « collectif »  pour inquiéter  les écrivains. Aujourd’hui Tesson, demain qui ? « Poète… vos papiers ! » lançait naguère Léo Ferré. C’était, pour le vieil anarchiste, provocation et ironie, et voilà que c’est devenu une réalité : il est demandé à Tesson ses papiers. Lui que « ses semelles de vent » ont mené partout dans le monde, en Sibérie, en Amérique centrale, un visa d’entrée dans la culture, la poésie, lui est refusé par des douaniers staliniens autoproclamés. Ce serait risible et insignifiant s’il n’y avait plus grave dans cette affaire, qui montre qu’un vent mauvais souffle sur la liberté d’expression. Car les auteurs de ce lynchage médiatique ont perdu le sens de la mesure, projetant leur vanité, leur bêtise dans une condamnation aussi rigoureuse que celle qui  brûlait, jadis, les sorcières.

La démission de Sophie Nauleau.

En fait, Sylvain Tesson n’est qu’une victime expiatoire. Le journal Libération qui s'était fait le réceptacle de la pétition contre lui a dévoilé le pot-aux-roses dans un nouvel article : « La question n'est pas Sylvain Tesson, c'est : qui l'a nommé parrain ? » La véritable cible était Sophie Nauleau, la directrice artistique du Printemps des poètes et, à travers elle toute la manifestation qui fête ses 25 années d’existence. Elle est très vite attaquée jusque dans sa vie personnelle, chargée elle aussi de tous les maux, y compris de ne pas faire de la place à la poésie issue de TikTok, « Le Printemps des poètes » étant jugé classique, voire «poussiéreux», Si ça ne pue pas le wokisme… Toutes ces considérations étant franchement injuste pour les acteurs et le public des milliers de spectacles que la manifestation génère. Au fil des années, elle est devenue un grand rendez-vous qui diffuse la poésie partout, dans les écoles, les salles de spectacles, des lieux inattendus, et même dans le métro. C'est l'institution même qui était visée, l'attaque prenant d'autres formes que le choix du parrain ou l'aspect artistique. Evidemment Le Monde s’est  senti obligé de venir à la rescousse : « huit anciens salariés évoquent un management traumatisant », de la part de la direction. « Ils dénoncent ce qu'ils considèrent comme l'entre-soi étouffant d'une institution vieillissante, et le management douloureux dont ils auraient été victimes ces dernières années », est-il écrit. Ce même article souligne néanmoins qu'il n'y a eu aucune plainte en justice ni de saisie des prud'hommes. Quand on veut tuer son chien … Sophie Nauleau a choisi le silence, et elle a bien raison.  Pourquoi s’abaisserait-elle devant tant de médiocrité. Il faut le dire, de l'avis de beaucoup, la manifestation, qui se tiendra du 9 au 25 mars, partout en France, est un moment festif où, justement, se rassemblent toutes les poésies, y compris les plus contemporaines.

Quel est mon crime ? Qui sont mes juges ? lance l’auteur.  Alors, avec le poète, je proclame : « Sur un cahier d’écolier, sur un pupitre et sur les arbres, sur les livres de Tesson, sur l’affiche du Printemps des poètes, j’écris ton nom, liberté. »


WOKISME ET DECIVILISATION

Décivilisation

Le tocsin.

La démission de la présidente de Harvard sonne comme un tocsin pour mobiliser tous ces universitaires, féministes et autres personnes de différentes conditions qui n’en peuvent plus du délire woke. Ils dénoncent, entre autre, la régression des droits féminins qui conduit à avoir des « femmes  à pénis »  dans les prisons pour femmes et les compétions  sportives, la  condescendance du néo-antiracisme à l’égard des Noirs, le refus de la réalité biologique des transsexuels  quand ceux-ci la revendiquent. La  prise de conscience  a  touché des personnalités  de plus en plus  nombreuses, de Barak  Obama à Rishi Sunak, mais le combat ne fait que commencer.

Mondialisation de la bêtise.

Aux Etats-unis, on éduque à l'« antiracisme » et à la théorie du genre dès la naissance, grâce à des albums adaptés (Antiracist Baby, d’Ibram X. Kendi), et, à l’école maternelle, on apprend à parler de « personnes à vulve » et de « personnes à pénis » pour éviter les termes offensants « femme » et « homme ».  Et la France n’échappe pas au phénomène. Notre Planning familial n’a pas voulu être en reste : « Au Planning, on sait que les hommes aussi peuvent être enceints » ! L’autoaffirmation de genre réclamée par les militants est consacrée par la loi du 16 novembre 2018 (autorisant à changer de sexe à l’état civil sur simple déclaration), et l’incitation à la transition sociale dès l’enfance, au mépris du principe de précaution le plus élémentaire, avalisée par la circulaire Blanquer de novembre 2021. Par un renversement ironique, les lois interdisant les thérapies de conversion adoptées sous l’influence des militants (telle celle du 31 janvier 2022 en France) prévoient de sanctionner les psychologues qui prennent en charge le mal-être des adolescents au lieu de les diriger d’emblée vers un traitement hormonal, puis chirurgical ; elles permettent de porter plainte contre les associations, telle la Petite Sirène, qui offrent une information objective aux familles. Devant ces délires, on a envie de crier « aux fous ! ».

Obscurantisme.

On frémit devant le sectarisme de ce mouvement. Le recours à l’intimidation et au harcèlement est proportionnel à l’absurdité des propositions auxquelles il s’agit de convertir les récalcitrants ; ainsi, plusieurs personnes ont subi la mort sociale pour avoir dit que les femmes existaient… Les victimes de cette idéologie sont légion, qui ont perdu leur emploi pour avoir prononcé un mot interdit, avoir vanté la méritocratie à l’école ou la compétence dans l’entreprise, ou, pire encore, avoir osé douter de l’utilité des séminaires de rééducation « diversité et inclusion » - y compris des femmes, des Noirs, des homo et des transsexuels, populations prétendument défendues par cette idéologie. La cabale contre Sylvain Tesson fait partie de cette police de la pensée.

En fait de progressisme, nous sommes face à  un nouvel obscurantisme, à caractère totalitaire qui plus est.  Rien d’étonnant, il obéit en cela  à un tropisme fréquent de la pensée de gauche. Mais le  plus grave est qu’il  contribue au mouvement de « décivilisation » que notre siècle connaît. L’individualisme postmoderne qu’il professe répand l’idée que chacun ne peut être représenté que par lui-même, nous interdisant désormais de dire avec Montaigne : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Le postmodernisme wokiste est résolument un antihumanisme.

Décivilisation.

Le signe le plus tangible en est la « non-fête de Noël ».  Le cru 2023 marque un tournant : Noël a beau frôler les 2000 ans d’existence, il a été subrepticement débaptisé - désormais, on l’appellera simplement « fête », comme le souligne Laurence de Charette dans Le Figaro. Le petit guide de la phraséologie de la RATP, diffusé aux agents avant les « fêtes »  en atteste : une nouvelle forme de bienséance - et dans le cas de la RATP, le règlement - interdit de souhaiter un « joyeux Noël », et sont évidemment proscrites toutes allusions à l’Avent, à la crèche, ou, cela tombe sous le sens, à une quelconque naissance.  Merci M. Castex !  On récidive avec l’épiphanie : on se gave de galette « des Rois », parfois « républicaines » (le ridicule ne tue pas), mais il serait malvenu au nom de la pseudo-laïcité, d’évoquer une histoire de rois-mages guidés par une étoile auprès d’un nourrisson qu’ils désirent ardemment glorifier. On touche là à la définition qu’en donnait récemment Philippe de Villiers, à juste titre : le symbole de la crèche consacre la naissance d’une civilisation, la civilisation chrétienne à laquelle nous devons l’universalisme  auquel nos « lumières » se réfèrent. Il faut vraiment beaucoup d’efforts pour ne pas voir combien la tradition nous parle, depuis l’Avent jusqu’à maintenant, d’enfantement, de fécondité, de source de vie…

L’effondrement de notre démographie en témoigne. Non-fête de Noël et non-désir d’enfant nous disent ensemble quelque chose de ce bouleversement anthropologique à l’œuvre. Que l’on soit croyant, agnostique ou athée, ne change rien à l’affaire : en même temps que le déclin de la célébration ancestrale de la Nativité s’opère une rupture civilisationnelle, une sortie de la façon d’être au monde et du mode de relation issus de la chrétienté. Génie du christianisme qui place la venue au monde d’un bébé au cœur de l’espérance et du salut, et fait de chaque naissance une renaissance universelle, une victoire du possible sur l’impossible, de la lumière sur les ténèbres !...

Cette décivilisation ne se traduit pas que par le retour à la barbarie de plus en plus fréquent dans notre société, elle détruit la modernité qui avait tiré son succès de ce que chacun travaillait pour un avenir meilleur, celui de ses enfants. La grave crise qui la traverse tient dans l’effondrement de cette perspective : toute génération puise - quoi qu’en disent les mouvements childfree - sa vitalité dans la suivante ! Ainsi le désenchantement d’un monde qui n’espère plus ses enfants est-il source d’effacements en cascade : effondrement économique et démographique, mais aussi  désaffection pour le travail, rejet des aînés et des aïeux… « Le fil vibrant qui nous relie du passé à l’avenir se perd », tandis que nous marchons vers le néant.

Tout n’est pas  perdu.

Le gérant du fonds d’investissement Pershing Square Capital Management, Bill Ackman, éminent mécène de Harvard, dont il est diplômé, estime que la gestion d’une université de cette envergure - le fonds de dotation de Harvard avoisine les 50 milliards de dollars - devrait revenir à un leader doté de solides compétences managériales plutôt qu’à un membre de la faculté. À ce titre, Ackman suggère que l’université supprime le DEI (département diversité, équité, inclusion) et se dote d’une nouvelle constitution, à l’image de celle proposée par des professeurs de Penn et signée par plus de 1 200 universitaires. Cette initiative propose de renouer avec les valeurs défendues par Benjamin Franklin, fondateur de l’université de Pennsylvanie.

Au militantisme politique et social qui gangrène les institutions d’enseignement, ce projet de constitution universitaire oppose les valeurs des Lumières. Ainsi, il condamne toute nomination, tout avancement ou toute reconduction des personnels académiques et administratifs sur la base de critères tels que le genre, la race, la nationalité, les opinions politiques, l’orientation sexuelle ou les affiliations religieuses, et applique les mêmes principes à l’admission des étudiants. À contre-courant des pratiques dogmatiques du DEI et de son discours qui divise la communauté universitaire entre oppresseurs et opprimés, cette constitution prône l’ouverture d’esprit, la diversité intellectuelle, le respect, la tolérance ainsi que la neutralité institutionnelle et politique. La réforme des campus américains s’annonce ardue, mais les professeurs de Penn à l’initiative du projet de constitution universitaire semblent prêts à ouvrir la voie. Désormais à la croisée des chemins, Harvard ferait bien de s’inspirer de ce projet qui redonne à l’équité et à la diversité leurs lettres de noblesse.

On en finira alors avec cette réécriture partisane des concepts « d’injustice »  et de « discrimination » désignant l’homme blanc hétérosexuel comme un coupable  universel et la « déconstruction » de notre culture, donc de notre civilisation. Car wokisme et décivilisation vont de paire.

 


L’ACME DE LA DEBILITE DEMOCRATIQUE

Comment on demande

 

La  démocratie participative, initiée par Ségolène, la grande prêtresse du « boboland », est dans  l’air  du temps afin, paraît-il, de reconnecter le « citoyen » aux élus. Elle a désormais son « totem » avec  la municipalité de Saint-Barthélemy d’Anjou, qui peut prétendre à la médaille d’or en la matière. Sa pratique locale a pour nom « Convention Territoriale  Globale », et s’appuie sur  le « rucher », nom noble du comité consultatif de quartier,  pour  activer la participation citoyenne. Elle  utilise principalement un outil : le pipeau,  et un  langage : le « rablabla ».  J’ai eu beau lire attentivement  le dernier bulletin  municipal qui lui est consacré, je ne sais toujours  pas où est le supplément d’efficacité que cet empilement d’usines à parlottes  peut procurer. Je dois avoir  le cerveau qui ramollit, à moins qu’il ne soit  hermétique à la  langue de  bois administrativo-politicarde de la gauche bobo.

Ainsi, on ne répond plus à des besoins, mais on « structure des relations ». Ainsi on va amplifier les actions d’ « aller-vers » en direction des jeunes et des familles. Ainsi, par ses missions d’accompagnement(…) les enjeux de la « CTG » sont particulièrement importants pour le VPR ! Ah oui, je traduis : VPR = Village Pierre Rahbi, bizarre de qualifier de village un bâtiment administratif, autrefois centre social (trop banal)…  « Suivi stratégique, comité technique pour le pilotage, évaluation avec point d’étapes pour un partage du bilan avec les partenaires » : on n’en finit plus d’ajouter des circuits et des protagonistes. Bref, en langage courant, on appelle ça une usine à gaz. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Et si on revenait à  notre bonne vieille démocratie représentative, avec des  élus  en charge d’un projet validé par le suffrage universel, qu’ils mènent à  bien au grand jour. Point n’est besoin de toutes ces structures parallèles. Les commissions municipales sont faites pour traiter les dossiers et les approfondir, avant de les soumettre à la délibération du Conseil. Mais pour cela, il faut des élus bosseurs, compétents, et qui assument  pleinement leurs responsabilités devant les électeurs. Et au bout du mandat on rend compte de ce qui a été mis en place. Au moins quand le besoin n’est pas traité de manière satisfaisante, on sait qui « engueuler ».

Mais justement, c’est ce que nos adeptes  de la  « participation » veulent éviter.

 


D’UN MONDE A L’AUTRE

Macron conf de presse

le dessin de Kak résume bien le sujet.

 

Une conférence de presse fleuve  pour nous montrer qu’il sait tout sur tout. Au moins, le 1er Ministre a de la matière dans laquelle il pourra puiser pour son discours de politique générale devant la représentation nationale. Il en ressort que le Président roule un peu moins au milieu de la route et qu’il tient mieux sa droite. Mais  pourquoi ceux qui ont la patience de l’écouter en ressortent avec une impression d’illusoire et de virtuel ? Probablement parce qu’au-delà des mots, l’action ne suit pas.  Macron a  inventé la démocratie  péremptoire : c’est dit, donc c’est fait ! Bah non, ça ne marche pas. Au point qu’on se demande si le Macron  qui pérorait devant  le parterre des journalistes n’était pas un de ces « mêmes » fabriqués par l’IA.

Le monde réel oublié.

Mais  surtout, il n’a pas parlé de toute ce monde réel qui mériterait qu’il  emprunte la bande d’arrêt d’urgence. Le gouvernement Attal va être confronté à une situation qui n'était pas arrivée depuis longtemps : il ne va plus pouvoir distribuer de l'argent magique car il n'y a plus d'argent dans les caisses et on ne peut pas en emprunter plus. Aîe ! La France habituée à dépenser sans compter, s'était précipitée sur cette manne sans attendre avec une inefficacité redoutable : plans de relance, plans de soutien, on a même inventé les plans de résilience. En clair des chèques pour tout et pour n’importe quoi. Sauf qu’il n'y a plus de Covid, il y a toujours la guerre en Ukraine mais l'économie s'est ajustée. Et donc il n'y a plus d'excuses pour dépenser toujours plus.  Ce nouveau gouvernement n'a plus droit à un découvert illimité. Notre principal « garant » pour toutes nos dettes, c’est l'Allemagne, et celle-ci a sifflé la fin de partie : elle n'a même pas pu augmenter sa propre dette de 60 milliards d'euros du fait de ses règles d'endettement, c’est pourquoi  elle ne va pas accepter que nous continuions à rouler gratis.

La cigale se trouva fort dépourvue...

La réalité que Macron n’évoque pas c’est la situation préoccupante dans laquelle se trouve le pays : déficit budgétaire record, dette record, et même déficit commercial record. Et maintenant, en plus, notre dette record nous coûte de l'argent. Certes, les taux longs ont un peu baissé mais ils ne sont plus à zéro ou négatifs, emprunter ne rapporte plus d'argent mais en a coûté et en coûte de plus en plus. Or nous empruntons aussi de plus en plus. Heureusement qu'il y a l'euro ! Heureusement qu'il y a la signature de l'Allemagne ! Sans cela, nous en serions à notre énième dévaluation avec des taux supérieurs à 10%. On comprend pourquoi même Marine Le Pen ne parle  plus d’en sortir. Ce gouvernement va donc être confronté à une situation nouvelle : l'impossibilité de dépenser sans compter. Il n’y a aucune chance que la cigale ne devienne une fourmi, mais il va être intéressant de voir comment la cigale va continuer à danser alors que la bise est venue. Voilà une expérience inédite.

Cerise (amère) sur le gâteau : comme en écho au discours présidentiel, les derniers chiffres sur la natalité française montrent une réalité très sombre. La politique familiale nataliste démantelée sous Hollande montre toute sa terrible conséquence avec l’effondrement du nombre des naissances :  - 700 000. Ce n’est pas la  seule cause, mais c’est la principale. Voilà une génération qui ne pourra pas  compter sur la « répartition » le  moment de la retraite venu. Elle sera la  première à s’en plaindre évidemment !