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POUR UNE EUROPE « REMPART »

Europe324

 

L’Union Européenne va jouer sa survie à la  prochaine échéance électorale. Il faut s’attendre à une nouvelle poussée populiste qui risque de paralyser l’Union au moment critique où elle doit faire face à  l’offensive économique américaine, à l’agressivité de la Russie, au dumping des produits chinois en mal de reconquête et à la nécessité de resserrer les rangs face à la vague  migratoire.

La  survie passe par une Union plus étroite.

Dès lors que les états européens ne sont plus de taille à répondre isolément aux menaces des empires autoritaires et même aux enjeux globaux du XXIème siècle tels que pandémies, guerre de haute intensité, dérèglement climatique, migrations, le  défi consiste à réinventer l’Union autour de la sécurité et de la souveraineté partagée. La  guerre d’Ukraine constitue un moment de vérité : jusqu’à maintenant L’UE a choisi tant bien que mal la liberté plutôt que  la servitude, en faisant bloc pour aider à repousser l’agresseur russe. Sur le  plan militaire elle aurait tout à perdre en permettant à Putin de l’emporter, et  en même temps elle doit livrer une guerre hybride à Moscou qui tente de déstabiliser nos démocraties. La  conséquence, c’est le  constat que le commerce n’achète pas la paix et que le grand marché doit dès maintenant intégrer l’impératif de sécurité ainsi que les formes d’économie de guerre aux nombreuses implications telles que le contrôle des investissements étrangers ou la prévention des opérations de désinformation.

La concurrence américaine.

La  politique menée par Biden est redoutable d’efficacité avec l’IRA qui permet à son économie une croissance record alors que celle de l’Europe est anémique. L’écart se creuse  inexorablement. Les  vingt-sept ont compris qu’ils avaient du mal à faire face et identifié l’une de leurs faiblesses  pour attirer les investissements du monde entier : la fragmentation de leur marché. L’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta, a été chargé d’une mission pour tenter de rendre plus simple  un système qui comprend  vingt-sept dispositifs normatifs nationaux. Mais comment réaliser un aplatissement des frontières au moment où les opinons publiques demandent l’inverse ?  

Le réarmement face à  la Russie.

L’attaque de l’Ukraine par la Russie a mis fin à trente années  de « dividendes de la paix ». Le réveil est plutôt brutal, et la menace du retour de Trump à la Maison blanche n’arrange rien, lui qui menaçait déjà : « Si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons pas vous aider et vous soutenir ». L’Union doit d’urgence rattraper trois décennies de sous-investissement dans la défense par un effort commun pour assurer l’interopérabilité des forces armées des vingt-sept.  Déjà elle cofinance les projets  communs portés par les industriels d’au moins quatre pays. Elle a déjà accéléré  pour assurer la production de 1 million de munitions par an, engagement qui sera atteint cette année. Mais ce n’est pas suffisant. Thierry Breton, le  Commissaire européen en charge du développement industriel préconise que tous les états atteignent le seuil de 2% du PIB (exigé par l’OTAN) de leurs enveloppes consacrées à la  défense ce qui  permettrait d’ajouter 143 milliards d’euros aux 200 milliards actuels. Pour accélérer le mouvement, il avance l’idée d’un nouveau fonds de 100 milliards d’euros pour la défense commune. En attendant le sommet des chefs d’Etat a validé début février un plan d’aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros. Dans le même temps, l’Allemagne prévoit le même montant de 100 milliards d’euros pour moderniser sa propre armée. Le problème, c’est que les  poches de l’UE sont vides et  que les états membres sont réticents à trouver de l’argent frais. L’effort de réarmement européen doit être coordonné et la mutualisation des capacités militaires accélérée, y compris avec le Royaume-Uni qui reste un partenaire  majeur pour la sécurité du continent.

Les populistes n’ont pas les solutions.

Le scrutin de juin prochain sera influencé  par la double protestation contre l’absence de régulation de l’immigration et contre l’excès de dirigisme en matière d’écologie. Les  correctifs récents apportés  par la commission sur les deux sujets ne seront pas  suffisants  pour calmer le mécontentement. Pourtant l’expérience Méloni en Italie montre clairement qu’au-delà des discours, les populistes  aux affaires ne sont pas  capables  de faire mieux et de  satisfaire leurs promesses. Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. Pourtant, en France, le Rassemblement national fait la course en tête, en Italie Fratelli d’Italia  devance largement le Parti démocrate, en Autriche, le FPO dépasse largement les  autres partis, aux Pays-bas, le PVV de Geert Wilders  devrait faire bien mieux que lors des élections générales de 2023, et en Belgique, le Vlaams belang est donné en tête en Flandre, la région la plus peuplée du pays. Ailleurs, les droites conservatrices et nationalistes arrivent à la deuxième ou à la troisième place. Sur fond d’inquiétudes multiples - immigration en hausse, coût de la vie exorbitant, règles environnementales écrasantes, instabilité géopolitique croissante -, la poussée pourrait être cette fois suffisamment forte pour que l’équilibre des pouvoirs s’en trouve modifié à Strasbourg, où les chrétiens-démocrates du PPE, les sociaux-démocrates et les centristes et libéraux de Renew formaient depuis 2019 une coalition suffisamment solide pour être en mesure de faire passer la quasi-totalité des textes. La donne pourrait donc changer. C’est pourquoi les manœuvres ont déjà commencé à l’extrême-droite et dans les rangs des Conservateurs et réformistes européens, où l’on assume vouloir devenir la troisième force du Parlement de Strasbourg. Ce qui est loin d’être fait compte-tenu du panier de crabes que constituent les multiples groupes répartis à travers les 27. Néanmoins, si on a près de 200 élus à l’extrême droite, on arrivera rapidement à des situations de blocage parce qu’on a toujours des groupes qui votent contre et des voix qui se perdent, jeu dans  lequel ils excellent. Or, l’Union ne peut pas se permettre la paralysie au moment où va  se  jouer la guerre en Ukraine.

En France, les macronistes et la droite en première ligne.

Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. La campagne à venir pourrait permettre de contenir la lame de fond. Les macronistes ne croient pas que les partis conservateurs soient en mesure de les submerger. Et François-Xavier Bellamy, à la tête de la liste LR, malgré un travail  exceptionnel  réalisé  pendant son  mandat, peine à se faire entendre bien qu’il  propose un solide programme à la fois responsable et cohérent. Seront-ils capables d’endiguer la convergence des colères ? Loin de refluer, sécurité, immigration, excès de réglementation, écologisme autoritaire, sont devenus des questions non négociables pour les citoyens. On risque d’assister  à une surmobilisation des campagnes. La faiblesse de  la gauche  modérée est un facteur supplémentaire de faiblesse pour le camp des démocrates : le refus de prendre en charge des thématiques dites de droite la conduit systématiquement à la défaite. Or son apport est indispensable au Parlement européen pour maintenir l’équilibre au centre.

Une chose est sûre, les performances économiques du populisme au pouvoir ne sont pas bonnes. Ce n’est pas étonnant, ces partis ne sont pas principalement reconnus pour leurs solutions économiques. Le désir de sanctionner les sortants, les partis traditionnels, les instances nationales et européennes, les élites intellectuelles, peut se satisfaire d’une victoire tout en acceptant de faire le deuil de grands espoirs pour la suite. Néanmoins, il est très risqué de penser que le déclin des populistes pourrait se faire au bénéfice des partis modérés. La dislocation du système partisan, voire de l’organisation politique sur le plan national comme sur le plan européen rend difficile toute reconstruction. Il ne faut pourtant pas désespérer : la coalition des « raisonnables »  comme l’appelle de ses vœux Claude Malhuret, si elle se réalisait  pour les Européennes, ce qui est bien improbable, en réunissant les  modérés du centre gauche de Manuel Valls à la droite républicaine d’Eric Ciotti,  en passant par Renaissance et Horizons, obtiendrait probablement une majorité bienvenue.  Mais je rêve. L’Europe en aurait pourtant bien besoin.

 

Commentaires

Georges

L'Europe actuelle n'est pas fiable, car j'ai du mal à comprendre qui décide quand les vrais responsables tournent tous les six mois que les affaires sont entre les mains de fonctionnaires désignés.

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